Ainsi sur son petit nuage, Marla pensait réussir avec brio son bluff d'un coup de main de maitre, jamais il ne pourrait démêler le vrai du faux, surtout, quand celui-ci est si bien imbriqué dans l'autre. Créer un mensonge à partir d'actes vécus pour les rendre encore plus vivant est une ruse des plus élémentaires. Les détails, c'est ce qui donne son importance à celui-ci...Détails balayés en un rien de temps par une phrase prononcé par un capitaine sans astuce. Cette phrase ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd et le nécromant en profitant pour mettre son doigt ganté sur son nez.

Xuat xta'rl ussa, dalharuk del natha elg'caress!
(Ne me touche pas, fils de chienne!)

D'un geste, elle dégagea le bras de celui-ci, n'écoutant pas ce que celui-ci racontait. Elle n'avait qu'une envie, c'est de le voir mort, sacrifié sur un autel, le cœur entre les mains. Tout doucement caché dans les plis de son piwafwi, la main droite de Marla rencontra la petite sacoche contenant les carreaux d'arbalète. Arbalète que le nécromant tenait maintenant dans ses mains. Elle allait devoir agir avant que celui-ci n'expédie un trait entre ses côtes ou ailleurs. Marla l'écouta divulguer son association avec l'Omyrien qui était déjà derrière les barreaux de Fan-Ming. C'est alors que celui-ci appuya sur la gâchette.

Le trait vola dans les airs pour venir se planter entre les pieds de la shaakt qui eut un réflexe de recul. Le regard mauvais, elle fixa avec attention les actions du nécromant, mais celui reprit son monologue. Il avait soit disant tué des sbires d'Oaxaca, d'après lui ils faisaient partis du commandement de la reine noire. Mais la shaakt était habitué à ce genre de stratagème utilisé par Valshabarath pour attirer des éléments dans leurs rangs et ainsi décimer les faibles. Oaxaca utilisait à priori les mêmes subterfuges que son père.

Puis l'humain se mit à déballer des demi-vérités au sujet de son peuple, cependant, il ne connaissait pas les tenants et les aboutissants des shaakt. Marla se détendit se mettant à ricaner.

Hihihihahaha! Etant un disciple des arcanes noirs, je vous pensais plus érudit que cela, mais je me rends compte que vous n'êtes qu'un enfant avec des pouvoirs qui vous dépassent. Il se trouve qu'il y a une scission au sein des miens et je suis une fervente partisane des la reine araignée...Mais vous dans votre langue vous l'appelez le sombre père, le dieu noir ou encore le destructeur.

Le sourire aux lèvres, Marla appréciait le manque d'expérience du nécromant avant de renchérir.

En outre, je dis que vous êtes un traitre Omyrien et vous venez de me donner raison! Vous venez d'Omyre et vous avez trahi plus qu'une personne je pense, même votre soit disant parole...A jouer au jeu des masques, à force d'en porter un, il se peut qu'on arrache une partie de soit en voulant l'enlever Omyrien.

La shaakt semblait furieuse. Elle ricana, atteignant un tel niveau d'hystérie qu'Azra commençait à se demander quand est-ce qu'elle allait se mettre à baver. Elle assurait maintenant qu'il y avait une scission chez les shaakt et que certains préféraient à Oaxaca une certaine déesse araignée.

« Mais vous dans votre langue vous l'appelez le sombre père, le dieu noir ou encore le destructeur. »

Azra fronça les sourcils. Le sombre...

(Thimoros...) gronda Chandakar.

Elle continua ensuite à répéter qu'il était un traître d'Omyre. Décidément, c'était une idée fixe !
Et le pire c'est qu'elle semblait considérer que pour cette raison, il ne connaissait rien à la magie ! Que d'incohérences !
Il soupira d'un air las :

« Je ne présagerais pas de vos connaissances en magie... mais j'y ai quelques compétences sans jamais avoir vu d’intérêt à comprendre quoi que ce soit aux elfes noirs... »

Puis, avec un plus grand sourire :

« Donc vous ne servez pas Oaxaca, mais son père ? Je me demande ce qui vaut le mieux... Quant à mon allégeance, je le répète, vous n'avez aucune preuve. Pour ma part, je vous demanderais d'interroger Karin. »

Il se tourna vers l'homme en noir :

« N'est-il pas vrai que ma libération s'est admirablement déroulé ? Si j'avais été au service d'Oaxaca, j'aurais cherché à détruire ce groupe. J'aurais pu me joindre à Chook. J'aurais pu profiter de l'avantage que me procure Rendrak, qui est insensible aux pouvoirs d'Egregor, pour assassiner l'esserotien, et ainsi me réjouir de la vue du groupe massacré par les brigands... »

Il se tourna avec une petite inclinaison de tête vers le capitaine :

« Mais à la place, je suis revenu vers vous pour convaincre les bandits de renoncer, et même de se joindre à nous ! Au final, nous en ressortons plus fort ! Je n'aurais pas la prétention de dire que c'est grâce à moi, mais je pense y avoir joué un rôle dont aucun agent d'Omyre n'aurait voulu. »

Il était plutôt fier de son argumentaire. Mais doutait aussi de plus en plus que la shaakt soit accessible à la raison. Qu'importe au fond. S'il convainquait les autres, il pourrait s'en débarrasser sans faire de remous.

Le crépitement du feu et les éclats de voix, ajoutés au bruit de la nuit se mélangèrent dans mon esprit pour former dans mon rêve une étrange, mais enjouée mélodie.






Étendu sur un douillet matelas de plumes d’oie, j’observais le toit du chapiteau, lorsque soudainement le solide lit de merisier se mit à tournoyer. Un, deux, puis trois et enfin quatre tours avant que je puisse constater que je me trouvais en plein centre d’une piste circulaire de plus de dix mètres de diamètre. Doté d’un mouvement qui lui était propre et hors de ma volonté, mon lit sur roulettes se mit à faire un tour de piste avant de s’immobiliser dans un coin.

Alité, tout réjoui et hors d’haleine, j’attendis avec impatience l’entrée du premier artiste invité qui ne tarda pas à arriver. Chaussé de sabots de plus de deux pieds de haut, voilà qu’un petit homme haut comme trois pommes se présenta sur la scène. L’air sévère, ses yeux bruns lançant des éclairs, il fut suivi de près par la tête du sergent Genkishi qui flottait dans les airs se dodelinant sous le rythme de la musique de cirque. Une fois placé bien au centre de la piste, le maître dompteur fit une révérence tout juste avant de faire vibrer sa chambrière. Au son du long fouet, la tête du soldat se dédoubla maintes et maintes fois jusqu’à en obtenir une ribambelle tournoyant autour de son maître hobbit. Un coup de perpignan suivi d’un petit geste de la main suffirent pour que les bouches identiques, toutes surmontées d’une fine moustache trop longue, s’ouvrirent pour chantonner en chœur ce petit refrain répétitif :

« Les sangs magies sont les plus puissants puisque trancher les têtes ne les gênent pas, tra la la !»

Bien que les gradins étaient vides, j’entendis sans peine applaudir ce public invisible. La chanson terminée, le petit sinari sourit enfin, brandissant un long sabre d’argent sur lequel vinrent s’empaler une à une les têtes du militaire décédé. Alors que les premiers banquistes disparaissaient derrière la gardine, mon attention fut portée vers le groupe de musiciens qui venaient tout juste de prendre place sur le balcon enchâssé tout juste au-dessus du rideau de velours rouge qui séparait la piste des coulisses. Le nécromant me tournant le dos dirigeait sans peine, à force de gestuelles amples et désordonnées, son unique et squelettique musicien. Les membres séparés et de tous côtés, le liykor gardait tant bien que mal le rythme imposé. Sa tête reposant sur une pierre tombale, ouvrait et fermait rapidement sa mâchoire, le choc de l’émail produisant un agréable bruit de castagnettes. Les deux fémurs s’entrechoquaient et battaient la mesure. Les tibias et les péronés frappaient tour à tour sur une tombe fermée préalablement vidée. Les phalanges, phalangines et phalangettes écrasaient sans scrupule le nez fin de la beauté à la peau noire obligeant ainsi sa bouche pulpeuse à s’ouvrir et à offrir au public gourmand des sons nasillards presqu’aussi harmonieux que ceux produits par un gazoo artisanal. Puis un fort vent fit tomber le lutrin du chef d’orchestre, la partition s’envola et la musique s’arrêta. Je ramassai ce précieux papier au vol et rangeai ainsi les informations du monde d’Aliéanon dans mon balluchon.

La première partie du spectacle venait de se terminer, je profitai donc de l’entracte pour me ravitailler.

Lorsqu'il était exténué, comme là, les yeux de Sirop avait tendance à gonfler et à prendre une couleur rose foncé, comme quelqu'un qui souffre d'une allergie au pollen où aux poils de chat, le froid glacial n'arrangeant pas son affaire.
Étant un Hobbit il avait besoin de plus de sommeil que les grandes races et le cumul des émotions fortes de la journée ajouté au fait qu'il n'avait même pas accompli ce qu'on appelait par chez lui, le "moment du silence" faisait qu'il était maintenant complètement somnolant et qu'il avait du mal à garder les yeux ouverts maintenant que la situation reprenait un cours plus normale, moins dangereux.

Contemplant et écoutant distraitement les discussions du nécromant et de la Shaakt, il ne comprenait d'ailleurs même pas de quoi ils parlaient et encore moins quel était le problème, lâcha un long bâillement, ne remarquant même pas le carreau de l'arbalète de la Shaakt se planter dans le sol aux pieds de cette dernière.

Il traversa ensuite l'endroit où se tenait le feu de camp, passant entre les deux qui se disputait et marcha en direction de la yourte qu'on leur avait attribué en prévenant Rosie d'une voix ensommeillée quand il passa près d'elle :

"Je vais poser tout ça, je reviens."

Une fois dans la yourte, il marmonna pour lui-même, complètement inconscient des deux individus qui dormaient déjà de part la pénombre qui régnait dans l'abri et la brume qui enveloppait son esprit :

"Bon faut que je me choisisse un lit, moi."

Alors qu'il tournait la tête à droite et à gauche, il eut alors une rapide pensée émue pour sa mère, qui, chaque matin depuis leur naissance, lui avait fait son lit, à lui et à son frère jumeau.
Son frère.
Les yeux dans le vague, une vague de culpabilité l'envahit.
Son frère qu'il avait horriblement abandonné dans une forêt...

Sirop s'ébroua brutalement pour se ressaisir. Il l'avait fait pour avoir une chance de réaliser son rêve ! Avec son nigaud de frère, jamais l'aventure ne lui aurait tendu les bras !
Reprenant le contrôle, il se dirigea vers un coin de l'abri où il estimait la présence d'une couche et dans un soupir, lâcha toutes les gourdes qu'il tenait dans ses bras :

"Je te choisis !" dit-t-il d'un ton ridiculement théâtral en parlant à la couchette.

Couchette sur laquelle se reposait Egregor.

Alors que la tension était à son comble, Azra osa jouer les futés et prit en main une arbalète. La semi-elfe réagit un tiers de seconde trop tard et comme elle se levait pour empêcher quoi qui se doit d’être empêché, le carrot fila droit vers la Shaak et vint se planter dans le sol au pied de cette dernière. Presque en sueur, Rosie voulut intervenir :


« Pourrait-on éviter de faire ça? »


Mais sa phrase s’évanouie dans sa gorge. La situation se passait désormais entre ces deux-là. Désormais, elle n’était là qu’en cas de dégénération. Il fallait aussi quelqu’un pour surveiller les alentours alors que tous les autres étaient trop occupés.

La parade continua donc, chacun jouant les plus malins, se répondant tour à tour, la langue fourchue, les manières arrogantes et les sourires tout sauf sincères et amicales. Rapidement, la semi-elfe réalisa que les deux parlait pour parler, qu’aucun n’apportaient les réponse qui aurait pu clore cette discussion. Peu à peu, elle se détendit trouvant le jeu de plus en plus lourd.

(Si la drow pouvait poser de vrais questions et si le nécromancien pouvait répondre avec de réelles preuves tangibles et non pas des ouïs dire, on pourrait en finir…)

Bien que la situation l’ennuyait profondément, elle jugea plus sécuritaire de rester, car quelqu’un devait le faire. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas foi en les capacités du capitaine, mais elle voulait éviter un affrontement trop serré s’il fallait se lever contre l’un ou l’autre.

C’est alors qu’Azra émit un argument qui vint déranger les pensées de la jeune femme qui c’était alors croisée les bras. Elle fronça les sourcils, agacée. Elle n’avait pas encore put connaitre assez le nécromencien pour lui accorder sa confiance et son arrivé dans le groupe lui avait tant semblé suspect que malgré son dégout de Marla, elle ne pouvait que croire à la possibilité d’un traitre.

« Sauf que tu as tout de même disparu juste avant l’attaque. Et ne pas nous tuer maintenant n’est pas une preuve que tu ne dois pas le faire plus tard pour autant. »

Rosie regretta un peu son intervention. Elle ne voulait pas réellement participer, mais son désir de faire avancer les choses avait été plus fort que son obstination à ne pas s’en mêler.

Hélas, Karin était déjà parti. Pire encore, Rosie mettait elle aussi en doute sa crédibilité, estimant qu'il allait peut-être les tuer plus tard ! Mais qu'est-ce qui lui avait pris de vouloir jouer des sauveurs pour des gens qui le détestaient ?

(C'est ce que je me tue à te dire depuis le début ! Me tue... que je suis drôle !) gronda Chandakar

Azra hocha sombrement la tête. Arek émit une petite vague de réconfort qui ne lui fut guère utile. Complètement abattu, il se tourna vers la rôdeuse à la capuche rouge :

« Et pourquoi ne pas vous tuer maintenant ? Ce genre d'occasion, je n'en aurais pas trouvé d'autres. Mais je vois que de toute façon, je parle dans le vide. Quoi que je dise, personne ne m'écoutera. »

Il se leva et tourna le dos au groupe pour donner un coup de pied dans un monticule de neige. Rendrak s'était approché, mais il ne semblait pas savoir quoi dire.

(Tout est clair, ne trouves-tu pas ? Tu dois les quitter. Oaxaca ne doit pas s'emparer du pouvoir de cette planète, où plus personne ne pourra l'arrêter. Mais pour cela, tu ne pourras pas compter sur ces gens...)

Sas doute avait-il raison. S'il n'avait pas été aussi fatigué, Azra aurait hurlé sa colère. Mais il n'en avait pas la force.
C'est alors que, faisant un effort d'impartialité hors du commun, le capitaine proclama qu'il n'y avait aucune preuve mais que la shaakt le surveillerait l'accompagnerait à Jesuir.

« Parce que vous croyez que je vais passer la nuit ? » marmonna le jeune homme.

Il jeta un regard mauvais à son nouveau garde-chiourme.

« Elle me plantera un couteau dans la gorge cette nuit même. »

Rendrak émit un grondement menaçant :

« Alors je ne ferais pas le guet pour le camp. C'est sur toi que je veillerais. »

Azra sourit. C'était rassurant d'avoir un ami au milieu de tous ces êtres hostiles.

À peine Sirop eut-il lâcher ses gourdes sur la couchette qu'une solide poigne s'empara brutalement de son col tandis qu'une voix dur s'élevait, tranchante comme une lame de rasoir :

« Que faites-vous là ? »

Sursautant comme jamais il n'avait sursauté, le petit Sinari beugla ensuite comme un âne, se débattant de toutes ses forces, totalement apeuré :

"AH ! À MOI ! ON M'ATTAQUE ! AAAH !"

Il était persuadé qu'il s'agissait d'un de ses bandits qu'ils avaient accueilli dans leur groupe sans aucune méfiance qui voulait l'égorger. Il ne reconnut même pas Egregor dans la pénombre mais de toute façon, cela n'aurait sans doute pas changé grand chose.
Et une fois n'est pas coutume, il ne pensa pas un seul instant à dégainer son arme...

Il lui semblait inutile de répondre à Azra et de déclencher un nouveau débat. Elle n'avait peut être pas la force de protéger son orgueil, mais elle avait au moins celle de se retenir de le faire. Aussi se contentât-elle de détourner les yeux et de répondre surtout pour elle-même que pour lui :


''Ça ne me fait pas plus plaisir qu'à toi.''


Son plus grand souhait serait bien de pouvoir prouver l'innocence de tous et enfin former un groupe unis et solide. Elle voudrait pouvoir offrir au nécromancien la confiance qu'il souhaite obtenir, mais ça ne s'obtient pas qu'en le demandant, malheureusement. Le jeune homme était visiblement offusqué, mais que pouvait-elle faire. Elle n’allait pas lui courir après pour lui faire comprendre qu’elle avait raison de douter.


Le voyant disparaître dans la tente, Rosie fut tentée de se lever, mais un regard vers le capitaine l’arrêta. Elle trouva le moment plus opportun pour lui remettre le sabre, elle lui tendit.

« J’ai jugé que le sabre du sergent vous revenais. Je ne voulais pas qu’il reste à la traîne parmi tout ce que nous allons laisser derrière. »

Elle sourit, légèrement intimidée.

« Si je puis me permettre… laissez-moi monter la garde pour vous. Apparemment, je supporte assez bien les nuits plus courtes. En plus, Mérové sera avec moi...et... on a trop besoin de vous aussi. »

Autant voulait-elle être bien sûre que le Capitaine Hisotoshi ne se mette pas tout ce travail sur le dos, autant elle le voulait aussi en forme. Son bon sens de l’équité et le pouvoir qu’il exerçait sur le groupe permettait à ce dernier de ne pas céder sous les accusations et les bagarres inutiles. Il était un pilier trop important pour permettre qu’il ne soit pas non plus à son meilleur le lendemain. Rosie était bien plus facilement remplaçable. Il ne manquait certainement pas de guerriers, ni de cerveau dans le groupe.

Des cris venant de la tente fis soudainement sursauter Rosie.

Mérové réagit plus fortement. Reconnaissant la voix du pauvre petit homme à l'odeur de jus de betterave qu'il appréciait bien, il se jeta sans hésitation en direction de la tente. Après une première attaque dans la soirée, les muscles réchauffés, il était plus enclin à s’énerver rapidement et à agir plus spontanément. D’ailleurs, si en plus il pouvait anéantir le danger avant qu’il n’atteigne Rosie cette fois, il en serait rassuré.

Malgré la voix sombre qui trembla dans la tente, le jeune homme ne se réveilla point, se tournant seulement sur le côté, émettant un petit bruit inaudible pour ses voisins de couche, un sourire de contentement dessiné sur son séduisant visage. Le premier rêve venait de se terminer pour laisser commencer un second.

♪Cahin caha, comme ci comme ça,
sur le chemin sceptre à la main, ♫
♫Cahin caha , comme ci comme ça
Reconnaissez-moi bien. ♪

D’un bon rythme, je marchais sur la route, trois pas vers l’avant, un pas en arrière tout en gambadant joyeusement. Mon sourire figé sur mes lèvres pulpeuses, mes yeux rouges dardant les jeunes demoiselles qui comme de petites tourterelles vinrent voleter tout autour de moi. Une princesse, sa garde du corps et une samouraï, toutes les trois m’emboitèrent le pas.

Comme si nous dansions, nous avançâmes sur la route, quatre pas vers l’avant, un pas en arrière tout en gambadant joyeusement. Une boite, de la grosseur d’un seau, fait d’un matériau inconnu plus mou que le bois, gisait devant nous en plein milieu du chemin. Une émanation jaune s’en échappait. Je tendis ma main de pigmentation foncée vers l’objet convoité et l’ouvris. Aussitôt en sortit, un, deux, trois et puis quatre hommes à la peau pâle et aux yeux jaunes. Sans rechigner, le sourire toujours accroché à mes lèvres, je poursuivis mon chemin accompagné de quatre nouveaux samaritains près à poursuivre mon chemin.

D’un rythme enjoué, nous progressions sur le chemin, cinq pas vers l’avant, un pas en arrière tout en gambadant joyeusement. Devant nous se tenait une jolie petite demoiselle, habillée de rouge accompagné d’un énorme grizzli. Me tenant bien droit, fier de mes jolis vêtements, manteau long de cuir rehaussé de dorure et de mailles, je lui souris aimablement, me présentant Mathis né de Marcus. Interloquée, la jeune dame encapuchonnée sembla hésiter, puis se décida à me présenter un petit miroir et m’incita à m’y mirer. Ce que j’y vis me fit blêmir, cheveux crépus, blancs et courts. De l’élégant et charmant jeune homme, j’étais devenu le maussade citoyen d’Esseroth. Me prenant en pitié, elle décida tout de même de nous accompagner.

D’un rythme enragé, nous achevâmes notre chemin, nous dirigeant vers un campement oubliant de gambader joyeusement. Ma déception toujours présente, le sourire à jamais disparu, aigri et teigneux, de Mathis j’étais devenu Egregor.

♪Cahin caha, comme ci comme ça,
sur le chemin sceptre à la main, ♫
♫Cahin caha , comme ci comme ça
Reconnaissez-moi bien. ♪

C'est dans les plaines Ynoriennes, à la nuit tombée, non sans peine, qu'un groupe d'aventurier tentait de régler un dilemme. Le nécromant tentait tant bien que mal de se dépêtrer d'une accusation dont il était victime, prétendant être resté devant le raid des hommes pales, pour venir en aide au groupe. Mais pour la femme à l'ours, les soupçons pesaient gros, mais pour la sombre qui avait l'éternité devant elle, les arnaques au long cours étaient monnaie courante. Tromper les gens pour tout leur prendre sous le nez cent ans après étaient presque quotidien.

Le capitaine à la langue bien fourchue, su donner à moitié raison à Marla, elle était inquisitrice Ynorienne et avait de nombreux droits sur cet homme qui avait peur de ne pas passer la nuit....Et à juste titre, elle ne voulait pas que cet homme vive. Elle voulait lui mener la vie dure et elle en avait la possibilité.

Vous passerez la nuit avec des fers et sous ma surveillance. L'alurl abbil zhah dosstan , rivvil. Il va sans dire que votre pantin décharné doit disparaitre pour le bien de tous... Son utilité est maintenant terminée et comme cela vous montrez...votre bonne foi.
(Le meilleur ami de confiance est vous même)

D'un geste calme, la sombre ramassa son arbalète, tendit la corde et plaça un carreau en son sein, chargeant l'arme d'un projectile mortel. Elle garda celle-ci dans les mains demandant d'une façon neutre.

Capitaine, mettez cette personne au fer, empêcher le de bouger les mains correctement, attachez les dans son dos, je pense qu'en temps que personne neutre dans cette histoire, vous pouvez l'approchez sans soucis. Mais au moindre geste hostile de ta part Omyrien...

Marla tapota l'arbalète pour lui faire comprendre le message. La sombre gagnait sur beaucoup de plans, elle allait pouvoir diriger ce traitre comme bon lui semblait, sous couvert de bonne volonté, elle le tuerait à la prochaine occasion qui se présentait à elle. Elle allait également l'affaiblir en l'obligeant à garder une posture désagréable, cela lui donnerait surement un avantage par la suite.

Mais un cri d'alarme résonna dans une des tentes, sans aucune peine elle reconnut celle du sinari. Marla ne bougea pas préférant se concentrer sur le nécromant. Après tout le sinari était surement en train de s'étrangler avec un duvet agressif, accompagné d'un polochon mortel...Aucun intérêt... les faibles partent rapidement...

La shaakt revint à la charge, appelant à l’enchaîner. Le souvenir de la douleur des fers, passés aux rochers en attendant la foudre, nous loin d'Omyre, submergea Azra. Une vague de haine, le désir de tuer.

(Oui ! L'heure est venue ! La seule justice est celle que nous ferons régner par la force !)

(Oui ! Frappe ! Que la justice de Phaïtos s'accomplisse !)

Paradoxalement, ce fut le prosaïsme de Rendrak qui le fit sortir du délire meurtrier qui le saisissait :

« Non mais pour qui elle se prend, la gourdasse ? »

Le jeune nécromancien cligna des yeux et se remit. Il entendit alors le capitaine protester, affirmant qu'il n'y avait aucune preuve et assurant avec autorité qu'aucun des deux ne devait toucher à l'autre. Ce soutien, aussi médiocre soit-il, était suffisant pour le calmer. Il décida donc qu'il était temps d'aller se coucher. Ignorant royalement la shaakt, il entreprit de rentrer dans la tente tandis que Rendrak murmurait à Rosie :

« Désolé de vous laisser faire le guet, mademoiselle, mais je dois veiller sur Azra. Je pourrais peut-être vous relever. »

« Je ne te savais pas capable d'autant de galanterie... » marmonna Azra qui n'aimait pas trop l'hostilité évidente de la fille en rouge.

« Encore un domaine où je pourrais avoir des choses à t'apprendre... »

Le nécromancien rougit légèrement, mais ils furent interrompus par un appel au secours. Sirop ! Azra se précipita...

« Que se passe-t-il ? Il y a du danger ? »

Pour voir le hobbit éméché se faire houspiller par Egregor. Il n'y avait visiblement aucun danger à proximité. Azra soupira :

« Sirop, as-tu déjà vu le danger pour avoir tant de mal à le reconnaître ? Si tu faisais autre chose que te saouler sur des cadavres... »

Il s'allongea sur sa couchette. Seigneur Phaïtos, que ça faisait du bien ! Ses membres noués se détendirent tandis que Rendrak s'asseyait à côté pour veiller sur lui. Après un instant de réflexion, il ajouta :

« Si tu ne te sens pas en sécurité, tu peux venir dormir à côté de moi, Sirop. Rendrak veillera sur nous deux. »

Et accessoirement, la shaakt aurait plus de mal à s'approcher avec un hobbit juste à côté, même s'il allait probablement cuver toute la nuit.

Ouf ! Il ne s'agissait en fait "que" d'Egregor, qui, fidèle à sa nature, n'avait pas réagit d'une manière très douce et très courtoise... Le cœur battant à tout rompre, le Sinari remit son col en place et, soufflant d'agacement et de soulagement, râla :

"Intrusion nocturne ? Je voulais juste me coucher, morbleu !"

Alors, une grosse masse poilue apparut soudainement à l'entrée de la tente, faisant à nouveau brusquement sursauter Sirop qui recula avant de reconnaître Mérové, l'ours de Rosie.
Une main sur le cœur, Sirop gémit d'une voix aiguë, haletant :

"Ménagez moi un peu, par pitié !"

Et comme un malheur n'arrive jamais seul, voilà que cet arrogant Azra venait ajouter son grain de sel. Sans répondre à sa petite pique, Sirop marmonna dans sa barbe en ramassant ses gourdes :

"Peuh, je ne suis même pas saoul d'abord et pourtant par Kubi, que ça me ferait du bien...ça m’aiderait à supporter tout ce que vous me faites subir et grmlrgrmbrgr..."

« Si tu ne te sens pas en sécurité, tu peux venir dormir à côté de moi, Sirop. Rendrak veillera sur nous deux. »

Le visage du Hobbit s'éclaira soudain et, ses récipients dans les bras, sauta dans la couchette à côté de celle d'Azra :

"Aller, va ! Puisque tu me supplie si gentiment, je veux bien veiller toi pour cette nuit ! Ah, ce qu'on est bien dans ses petits lits douill...RONFL !"

Sirop n'eut aucun mal à s'endormir ce soir-là.

La drow perdait ses esprits cherchant à tout prix à limiter les actions du soupçonné traitre de façon assez drastique et même spectaculaire. Rosie la dévisagea les yeux arrondit. Lorsque cette femme avait une idée dans la tête, elle là menait jusqu'au bout et ne lâchait plus prise. Aussi alors que le capitaine la réprimandait, la jeune femme se dit qu'elle n'avait pas lieu d'un jour provoquer la fureur noire. Ses yeux brûlant de rage, ses muscles frissonnant de violence envers le nécromancien, Rosie craignait de la voir attaquer le capitaine à nouveau malgré les menaces bien claires de ce dernier. En fait peut être plus à cause des menaces de ce dernier.


Azra qui allait le faire de toute façon, consentit à aller se coucher sous les ordres du Capitaine. Son gardien qui s'était proposé comme garde de nuit dû y renoncer pour le protéger de la shaakt et s'en excusa auprès de Rosie qui n'avait pas bougé.

" Merci à toi. "


Elle garda toutefois les yeux baissés, quand même surprise de la courtoisie du mort-vivant à son égard. toutefois, malgré son offre aimable, elle n'aurait jamais laissé la garde seule à un être dont le maître était soupçonné de trahison.



Ils disparurent tout deux. Rosie suivit leur progression des yeux, inquiète de ne plus rien entendre dans la yourte, Mérové ne réapparaissant pas. Elle ne savait pas si elle devait voir cela comme un bon signe ou bien s'en inquiéter.


Cela n'occupa plus bien longtemps ses pensées, le capitaine pouvant se permettre enfin de lui donner son attention. Lorsqu'il la remercia de prendre la garde, elle lui répondit d'un signe de tête de bienvenue, heureuse qu'il accepte du repos. Qui d'autre que lui pourra contenir la fureur noire le lendemain. Mais lorsqu'il lui offrit de garder le sabre, Rosie baissa les yeux vers l'arme sur laquelle on avait refermé ses doigts, gênée. Le capitaine Hirotoshi se leva vers un repos tant attendu. Elle ignorait toujours et malgré le capitaine, si elle devait réellement la garder. Le méritait-elle vraiment? Pourquoi pas les autres? Elle avait toute la nuit devant elle pour y réfléchir.



Mérové entra en trombe dans la tente et ralentit brusquement , ne sentant pas la peur ni l'odeur du danger. Il grogna longuement par précaution. Alors que des paroles incompréhensibles s'échangeaient dans la yourte, il parcourut chacun du bout du museau, reniflant soupçonneusement. En commencent par le petit Sirop, puis l'Esserothien, le sol un peu sous la couchette,puis fini avec Azra à son entré. Sur ce dernier il poussa un léger grognements insatisfait, même un peu déçu. Avant de repartir, grognon, il renifla le visage de Mathis comme s'il voulait s'assurer percevoir son souffle. Une fois sa ronde de sécurité terminé il sortit de la yourte avec des soupirs.

Il rejoint la petite de rouge qui tenait toujours la lame entre ses mains, se coucha à ses côtés et commença à sombrer dans le sommeil, bercé par le craquement du feu. Rosie ne bougeait pas. La brise glacée du froid de la nuit lui caressait l'échine, alors que la chaleur ardente du feu de camp lui brûlait les joues, mais n'y portait guère attention. Seule cette lame argentée occupait son esprit.