L’Esserothieen aux yeux de rubis provoqua le guerrier Chook, qui, emporté par la colère et l’orgueil, se déchira lui-même la gorge contre la lame de celui qui le tenait en respect. Rosie ne pouvait qu’admettre qu’elle doutait alors qu’un jour cet homme aurait plié les genoux devant eux. Trop de sang avait été versé, il y avait trop de haine dans son esprit pour réfléchir correctement. Elle aurait dû se sentir bouleversée par cet acte, mais après les évènements de cette nuit, il semblait avoir eu la mort la plus propre et honorable jusqu’alors. C’est son assassin qui prit sa place sans toutefois conserver la fureur et le sang bouillant de son prédécesseur.

(Il parle de façon étrange…)

Rosie fut particulièrement intriguée par le comportement d’Azra auprès du mort. Il priait pour Chook. Elle suivit ses gestes des yeux et resta attentive à ses paroles. Elle ne se souvenait pas avoir déjà prié. Elle ignorait même si elle avait déjà adoré un dieu en particulier. Peut-être dans cette autre vie oubliée, mais rien sur elle ne lui en donnait signe. Elle avait du mal à le comprendre, se demandant si toutes les prières étaient vraiment écoutées ou s’il fallait être quelqu’un d’important pour avoir l’attention des Dieux. C’était peut-être pour cela qu’elle n’y avait jamais vraiment porté intérêt, elle ne se sentait pas à la hauteur pour être leur serviteur. La jeune femme se dit qu’elle n’y comprenait peut être juste rien et qu’elle avait tout faux. Elle ne put pousser plus loin ses pensées, Azra s’adressa au groupe. Il défendait la parole de Karin et demandait qu’on lui accorde un chance de discuter. Il s’adressa à Egregor le blâmant pour son arrogance.

La jeune fille de rouge ne savait pas vraiment quoi en penser. Elle trouvait que l’homme au teint sombre avait raison sur certains points. Lorsque Mathis en rajouta, la jeune femme le perçut comme un appui aux blâmes d’Azra. Même si ses paroles qui suivirent étaient pleines de bon sens et faisaient preuve de grand cœur et d’espoir, Rosie jugea qu’il était temps qu’elle s’en mêle un peu.

«Même si ses solutions sont extrêmes, Egregor n’a pas complètement tort. Bien sûr, je ne veux plus voir davantage de sang ce soir. Cependant, on ne peut pas aveuglément faire confiance à ces hommes alors que l’un des nôtre vient d’anéantir leurs frères… surtout d’une telle façon. »

Une expression à mi-chemin entre le dégout et la peur traversa son visage alors qu’elle disait ses derniers mots. Elle n’avait pas plus apprécié les démonstrations de puissance de l’Esserothiéen que quiconque ici, mais il leur avait tout de même sauvé la vie ainsi que la réussite de la mission. Se défendre et mourir sous le nombre, ou les laisser faire et ne plus avoir de quoi survivre le reste du voyage, mettant en péril leur quête. Chassant de son esprit les images du sang de la soirée, elle eu un regard pour Karin. Elle ne voulait pas lui en vouloir. Elle aurait voulu être cette personne naïve qui allait lui ouvrir les bras, mais elle avait déjà vécu trop de mauvaises expériences qui ne lui permettaient plus de faire l’erreur d’accorder sa confiance à qui le demande. L’humanité la décevait toujours un peu plus à chaque fois.

« De plus, un traitre vis-à-vis l’un des siens reste un traitre même pour nous. Le faire une fois n’empêche pas de le refaire à nouveau. Pourquoi tuer l’un des siens pour nous.»

Elle détestait avoir l’impression de se ranger, ne serait-ce qu’un peu, du côté d’Egregor. C’était un homme froid, sans-cœur et abject, toutefois, il soulevait des points forts intriguants. De plus, la jeune femme n’avait pas particulièrement apprécié la façon dont le dénommé Karin avait laissé glisser sa lame contre la gorge de Chook et comment il était demeuré placide.

« D’ailleurs, j’aimerais bien entendre vraiment qu’est ce qui fait de ses hommes des traitres en premier temps et à quel serment vous faites allusion sir Egregor. S’il faut accorder notre confiance, il serait bien de tout savoir. Je n’ai pas envie de condamner injustement, mais je ne voudrais pas plus engager aveuglément.»

(Des réponses comme : vous allez voir par vous-même, ne me suffise plus malheureusement.)

D’un geste bref, la semi-elfe resserra solidement sa cape autour d’elle, la situation semblant un brin moins tendue, elle reprenait conscience du froid des alentours et réalisait à quel point le feu de camp était si loin derrière.

Tous étaient rassemblés et réveillés dans le campement, tous étaient visibles et la prêtresse en profita pour ajuster sa visée sur sa cible...Seulement, quelque chose la dérangeait. Plusieurs personnes dont la tenue vestimentaire ne ressemblait pas à ce qu'elle avait vu de ce monde ou de ceux déjà présents venant de Yuimen. Elle ne savait pas qui était le traitre venant de Yuimen et le cadavre sur le sol devant eux la laissait supposer qu'ils venaient d'être attaque. Elle grogna intérieurement, elle allait devoir changer de stratégie.

Elle recula lentement comme elle était venu, allongé dans la neige, prenant garde à ne pas alerter quiconque dans un premier temps. Ils auraient bien l'occasion de la voir arriver avec l'équidé. Elle ne voulait pas qu'ils croient qu'une autre menace était cachée non loin d'eux et attaque sa position à l'aveugle. Arrivé à mi-chemin elle se releva et parcouru le reste du chemin vers son cheval à pied, se débarrassant de la neige qui était collé sur son piwafwi et sa robe.

Elle retrouva sans peine l'étalon noir qui était resté accroché à l'arbre. Celui-ci se cabra à son approche comme surpris par l'arrivé soudaine d'une ombre. La sombre dut le calmer en prononçant un "Ho!", célèbre dans le milieu de l'équitation. Elle détacha les rênes de l'arbre, caressa la croupe du cheval et se remit en selle en direction du campement. Elle parcouru la distance bien plus rapidement qu'en étant allongé dans l'herbe.

Marla savait qui rencontrer dans un premier temps, la princesse serait trop encline à protéger le traitre en le laissant prisonnier, elle irait donc voir le sergent, il avait l'air plus enclin à la violence que la princesse et un homme n'a pas de pitié quand sa maison est menacée par quelqu'un. Elle arriva sur le campement à la vue de tous. La shaakt sourit en voyant le sinari, elle allait pouvoir jouer avec lui comme un prédateur avec sa proie, le lyikor n'était pas la pour le protéger après tout.

Vendui', comment allez-vous? Pas fort n'est-ce pas!

Faisant bien sur référence à l'attaque,signe qu'elle avait vu lors de son observation juste avant, Marla descendit de cheval et prononça haut et fort:

Où se trouve le sergent? j'ai des nouvelles venant de la capitale d'une importance...capitale...

Sirop pâlit et recula un peu lorsque le dénommé Chook mourut sur la lame que Karin, un homme dont le visage était caché par des tissus sombres qui ne dévoilaient que ses yeux jaunes et perçants ainsi qu'un pan de peau pâle et couverte de fines cicatrices, avait posée sur sa gorge.

Egregor, comme à son habitude, s'était montré froid et provocateur et le gros chauve ne l'avait pas apprécié, s'égorgeant tout seul. En voilà une mort peu glorieuse...

S'il mourrait un jour, le petit Hobbit de Shory voulait une mort digne de ce nom. une mort qui marquerait les esprits. Par exemple, mourir en sautant entre une flèche et une jolie Sinarie, ça c'était ce qu'on pouvait appeler une belle mort...

Karin ne sembla pas le moins du monde attristé de la mort de son compagnon et leur dit d'une drôle de façon qu'il rejoignait leur groupe, lui et ses amis encore vivants qui avaient réussi à échapper à l'infâme Egregor.

Ce dernier ne voulait pas que cela se passe comme ça. Il n'acceptait apparemment pas l'idée que cette bande de malfrats se rallient à eux et cela pouvait se comprendre.

Quelques instants plutôt, ils voulaient tous les tuer ! Sirop n'était pas non plus de l'avis de les accepter mais encore une fois avait-il vraiment son mot à dire alors qu'il s'était planqué dans la neige comme un pleutre au lieu de fièrement se tenir prêt à combattre comme l'avait fait Chihiro ?

Perdu dans ses pensées, Sirop regarda sans le voir Azra se recueillir sur le cadavre de Chook. Le jeune homme se tourna ensuite vers eux pour leur dire que ce Karin était possiblement digne de confiance avant de s'adresser d'une voix froide à Egregor pour lui dire qu'il n'était pas invincible et que ces "tours de passe-passe" seraient insuffisants contre les troupes d'Omyre.

Le Hobbit fit une moue peu convaincue. Ses soi-disant tours de passe-passe avaient quand même ôtés la vie d'une vingtaine de personnes en très peu de temps...

Pendant que Mathis et Rosie prenaient à leur tour la parole, cette première partageant ses doutes quant au bienfaits de cet union, Sirop vit arriver un cavalier.

Il pâlit à nouveau lorsqu'il découvrit l'identité de ce dit-cavalier : La Shaakt. Il ignorait son nom mais elle n'avait pas hésité à le rabaisser devant tout le monde à Fan-Ming, cet endroit qui paraissait si loin à présent. Elle avait même fait pire que le rabaisser, elle avait révélée la vérité.
Oui dans le grand château de Fan-Ming déjà, il crevait de trouille, oui, il n'avait rien à faire ici, au milieu de tout ces fiers aventuriers, oui, il comptait sur des personnes bien attentionnées pour le maintenir en vie...

Son cœur se mit à battre la chamade quand il découvrit qu'elle le regardait avec un sourire diabolique sur son hideuse bouche noire.

Vendui', comment allez-vous? Pas fort n'est-ce pas!

Le Hobbit, confus à cause de la signification du premier mot qui lui était inconnue, espérait qu'elle ne lui parlait pas à lui sans trop vraiment y croire. Il regarda derrière lui, sans se douter un seul instant qu'elle avait assisté au pire acte de couardise qui lui ait était donné de faire de toute sa vie...

"Heu...c'est à moi que..." commença-t-il à demander mais la Shaakt ne s'occupait déjà plus de lui et demanda où se trouvait le Sergent, prétendant avoir des informations importantes à lui confier.

(J'ai vraiment de la chance aujourd'hui) soupira Sirop en se passant une main sur le visage.

La première personne à accueillir Marla dans le campement fut le sinari. Croyant que celle-ci s'adressait à lui, il tenta de bredouiller quelques mots, mais ne reçut que pour réponse un simple regard. Puis la princesse prit la parole pour répondre à sa question. Le sergent était mort, mais la shaakt le vit à ses côtés la seconde d'après. La barrière de la langue, Marla s'était fourvoyé entre les grades militaires de la langue des hommes. Elle pointa du doigt Hirotoshi et prit la parole:

C'est vous que je veux voir et seulement vous. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous princesse...mais vous me semblez exténuée et abattue sur ce qu'il vient de se passer ici. Et votre ton vis-à-vis des..Hommes pâles... Reposez-vous, ménagez vos forces. Laissez votre sergent/capitaine et votre inquisitrice prendre soin de vous, princesse.

Elle lui adressa un sourire mielleux tout en sortant la missive qui se trouvait à l'intérieur de sa cape, dévoilant le sceau posé par le conseiller Tsukiko

Je vous suis jusque dans la tente, pour nous la nuit sera longue.

Marla passa un regard sur chaque personne, elle n'arrivait toujours pas à savoir qui était le traitre venant de Yuimen, elle allait devoir les convoquer un à un dans la tente de commandement et trouver un subterfuge à inventer jusqu'à ce que la bonne personne se dévoile.

Tout le monde parlait en même temps et Azra se sentait à bout. Mathis avait l'air d'accord avec lui, tandis que Rosie, qui ne gâchait visiblement pas sa salive en paroles inutiles appela à plus de sagesse, rappelant qu'Egregor avait eu de bonnes raisons d'agir.
Comme si la soirée n'avait pas déjà été assez chargée, une shaakt débarqua dans le campement avec ses commentaires narquois. Quelque peu hébété, le garçon se demanda vaguement s'il s'agissait bien d'une shaakt, ou si c'était un autre des habitants de ce monde.
Dépassé, le jeune homme marmonna :

« Il y a tout de même de la vérité dans vos mots... J'ai aussi envie de savoir pourquoi tu as été si prompte à m'aider... à nous aider, Karin. Tu disais ne pas être mon ennemi, et tu n'as pas fait d'effort pour me retenir... »

Mais il fut interrompu par l'esserothien, visiblement énervé par ses propos et rappelant que son pouvoir pourrait encore les sauver.

« Votre conseil est-il de mourir sans se défendre ? Est-ce ainsi que vous gagnez vos guerres ? »

Azra secoua la tête :

« Au contraire, j'essaie de vous expliquer que quelques conseils ne suffiront pas à vous permettre de repousser l'envahisseur. Si vous voulez vous défendre, vous aurez besoin d'aide. »

Et, oubliant toute prudence, il ajouta vivement :

« Vos pouvoirs pourraient nous sauver encore plusieurs fois, je n'en doute pas. Mais puisque vous tenez à savoir ce que vous devrez affronter, je vais vous montrer. »

Il se tourna vers les ténèbres enneigées :

« Rendrak ! »

« Ce n'est pas une bonne idée... »

« J'm'en fiche ! Ils me tapent sur les nerfs ! » répondit-il, retombant involontairement dans son vieux langage de paysan Kendran.

Le parlé ampoulé de Chandakar était en principe devenue inné, mais pour une fois, il s'en écarta, et cela lui fit du bien.
Alors, le liykor sortit des ténèbres et ses os noirs cliquetèrent contre sa cuirasse d'argent tandis qu'il effectuait une révérence grossière, son sinistre crochet dessinant des arabesques dans la neige.

« Salut tout le monde... et ne me regardez pas comme ça. J'ai déjà souvent été victime de racisme à l'époque ou j'étais un simple liykor, ça semble encore pire depuis que je suis mort-vivant... »

Souriant, Azra vint se mettre à côté de lui :

« Voici Rendrak. Il m'a sauvé plus d'une fois et, que vous le vouliez ou non, il fait partie du groupe ! Quels que soient les problèmes de la magie ici, je n'ai eu aucun mal à l'invoquer. Ce qui signifie la même chose pour les nécromanciens d'Oaxaca. Que feriez-vous, Egregor ? Lorsque vous massacrerez les garzok, qu'ils reflueront... et que les nécromanciens lanceront leurs familiers contre vous, tout en se tenant bien loin, hors de votre portée ? Nous avons besoin de vous... mais vous ne mesurez pas encore à quel point vous avez besoin de nous... et de tous les sans-magies qui pourraient se battre contre de telles créatures. »

Azra cligna des yeux. Il avait besoin de sommeil. Le froid l'anesthésiait à moitié, pourtant il allait avoir besoin de toutes ses capacités pour faire face à la déferlante de critiques et de fureur qui allait sans nul d'outre s'abattre sur lui très bientôt.

Observatrice et silencieuse depuis un petit moment, Rosie ouvrit la bouche pour exprimer son opinion qui était plutôt nuancé contrairement au mien ou à celui de Egregor. Elle donna raison en partie à celui-ci expliquant que l'on ne pouvait faire entièrement confiance à des hommes qui avaient tuer les nôtres quelques minutes plus tôt. Elle faisait sans doute référence entre autres à Chook qui avait tranché la tête du capitaine de l'armée de Fan ming. Elle fit aussi allusion à Karin qui avait agi en traître en tuant l'un des siens et qu'il pourrait réitérer son geste de traîtrise une fois dans notre clan.

Rosie n'avait pas tort, on ne pouvait faire confiance aveuglément à ces bandits de grands chemins. Egregor était également dans le vrai, ces hommes avaient reniés leur peuple et ils pouvaient nous renier également. La princesse avait d'ailleurs mentionné le nom d'une drogue qui leur faisait perdre la raison. Mais je ne revins pas sur ma parole. Egregor m'était réellement antipathique, sa condescendante et sa tendance à tuer sans raison m'exaspérait. Aussi, il n'était pas question que je lui avoue qu'il pouvait détenir une parcelle de vérité. J'avais mon orgueil et je n'allais pas le laisser m'humilier une fois de plus. Je pris donc la décision de me taire. Malgré cela, je pensais tout de même qu'il fallait tenter le coup et regrouper le plus d'habitants possibles, je croyais plus que tout à la maxime: l'union fait la force.

Puis arriva la skaaht, celle-là même qui se trouvait à la salle d'entraînement et qui pronait
la violence. Elle souhaita voir le sergent, expliquant qu'elle arrivait de Fan ming porteuse d'une nouvelle capitale. La délicieuse princesse lui répliqua que le sergent n'était plus et qu'elle pouvait s'exprimer librement. Mais l'elfe noire précisa qu'elle ne voulait parler qu'au capitaine, que la princesse n'aurait pas sa place dans la discussion. Je considérais cette remarque déplacée, mais je me contentai de lever un sourcil, sans plus.

Alors que je commençais tout juste à faire confiance au dénommé Azra, celui-ci dévoila sa vraie nature. Il avait le pouvoir d'invoquer les morts,ou du moins un liykor squelette qui semblait être son compagnon. Le but de l'apparition de ce fantôme était de montrer à Egregor la complexité de l'armée de nos ennemis, nous expliquant que des nécromantiens tout comme lui feraient partie de la troupe Oaxacienne. Cette soudaine apparition m'avait un peu ébranlé, je demeurai une fois de plus silencieux, digérant toutes ces nouvelles informations.

Ce fut de sa douce voix qu'Honoka nous suggéra de retourner dans nos tentes respectives afin de tenter de nous reposer pour être en forme pour la dure route qui nous attendait le lendemain.

"Vous avez tout à fait raison ! Le repos nous sera indispensable, mais n'avons nous pas à accomplir une petite corvée de nettoyage avant de penser à dormir ? " Ce disant, je pointai la tête du sergent qui séparée de son corps gisait au sol.

"Tout ce SANG, et ces cadavres, ça ne risque pas d'attirer les prédateurs: tigres, serpents et harpies ? À moins que vous vouiiez rapatrier les corps en les cachant dans les tentes avant de les ramener à leur famille, je pense qu'il serait plus sage de les brûler dans le feu. Les soldats du sergent n'étant plus, il serait aussi judicieux de faire des tours de garde. Je vous propose de faire le premier tour. Si un volontaire se proposait de m'aider, on ne serait trop de deux pour disposer de tous ces cadavres.

Mon offre était sincère, mais la vraie raison de celle-ci, c'est que je savais que je ne réussirais pas à trouver le sommeil après l'événement de cette nuit. Et puis, je trouvais qu'il était plus simple de veiller le premier. De plus, il pourrait être agréable d'être en bonne compagnie une partie de la nuit. Qui sait ? Le volontaire sera une de ses sympathique dames.

Sirop trouvait Egregor de plus en plus... cela l'étonnait lui-même mais il le trouvait presque respectable. Malgré qu'il ait tout le monde contre lui, il restait campé sur ses positions et n'était pas intimidé le moins du monde. Il avait ses valeurs et ses opinions et ne les lâchaient pas, et ce en dépit du fait que presque personne n'était d'accord avec lui.

La Shaakt ignora royalement le Hobbit et cela ne le gêna pas outre mesure, le soulageant même. Lorsque cette dernière annonça à la princesse que seul le Capitaine était en réalité convié à la discussion, le petit Hobbit lança un regard vers cette dernière et cela lui rappela aussitôt son acte.

Qu'est-ce qu'il s'en voulait d'avoir sauté dans cette neige ! Cela le travaillait tellement qu'il était incapable de se concentrer sur les différentes discussions qui étaient pourtant capitale pour l'avenir du groupe.

Cependant, Azra l'aida à oublier sa honte. En effet, ce dernier, après s'être un peu prit le nez avec Egregor, leur avoua qui il était vraiment.
Si les Hobbits n'aimaient pas la magie, la magie des morts, tout comme la magie du sang nouvellement découverte, les révulsaient encore davantage. Aussi le Sinari, au courant de la présence d'un nécromancien dans le groupe ne put s'empêcher d'appréhender quelque peu la suite du voyage et de l'aventure : Le groupe était maintenant composé d'une Shaakt qui le considérait sans nul doute comme une sous-larve de moucheron, d'un homme sombre aux yeux rouge qui manipulait du sang, d'une princesse qui le savait lâche et couard, sans parler de sa garde du corps et enfin, d'un gus qui contrôlait les morts ! En n'oubliant pas cette bande de brigands des neiges sur le point de les rejoindre...

Que de formidables compagnons !

Toutefois, quand Sirop aperçut la créature nommée Rendrak, un énorme squelette de Liykor de plus de deux mètres de hauteur aux os aussi noirs que l'ébène effectuer une petite courbette gênée sous le regard de tout le monde qu'Azra le présenta comme son fidèle compagnon, il ne put s'empêcher d'avoir des étoiles dans les yeux, d'ouvrir la bouche en grand et après quelques secondes, de lâcher, oubliant toute prudence quant à sa "réputation" d'aventurier qui avait tout vu et qui n'avait peur de rien :

"Oh oh oh ! Excellent ! Combien de temps faut-il pour apprendre la magie des morts ? Je veux ce genre de compagnon !"

Après quoi, lorsque Mathis parla, le Sinari, qui avait retrouvé la parole, agréa avec le bellâtre :

"En effet, ayons le respect de brûler les corps de ses héros qui ont périt pour sauver nos vies afin qu'ils ne finissent en charogne ! Nous célèbrerons leur mort quand les circonstances le permettront. Quant au tour de garde, je veux bien vous accompagner dans cette tâche, messire Mathis."

Étant du genre suractif et doutant de pouvoir dormir après tout ces évènements, il avait en outre des choses à dire à cet aventurier...

Un visage que Rosie aurait voulu ne plus revoir se détacha des ténèbres aussi sombres que la peau de l’arrivante. La Drow qu’elle s’était fait une joie de laisser derrière elle à Fan-Ming venait de débarquer, confiante et désagréablement souriante. La semi-elfe qui avait jusqu’alors eut la chance de s’épargné une conversation avec cette femme, jugea qu’elle préférait que cela demeure ainsi aussi longtemps que possible. Elle détourna le regard, ne voulant pas là fixer directement. De toute façon la Shaakt n’avait que faire d’elle, trop occupée par sa mission.

(J’espère qu’elle ne va pas rester avec nous par la suite...)

Elle se souvenait très bien des discours brutaux de la femme au teint sombre de Fan-ming et comment elle cherchait à diriger et contrôler la troupe. Rosie se refusait de devoir courber l’échine devant autant d’ego et d’ambitions malsaines.

Azra, dont l’arrivé de la messagère indisposa peu, commençait à doucement lever le ton, toujours haineux envers Egregor qui continuait à se montrer déplaisant. Rosie ne fut pas vraiment offusquée par la façon dont cette brute d’Esserothien lui renvoya son aide. Elle commençait à y prendre habitude, mais voilà que le sombre garçon qui lui ne s’y faisait pas, commençait à s’énerver. La jeune femme qui déjà ne lui faisait pas totalement confiance, fut prise d’une certaine peur de le voir ainsi se scandaliser et crier soudainement un nom qui était inconnu à tous. Sa frayeur prit de l’ampleur lorsqu’il lui sembla entendre le nom, jeté dans la nuit enneigée, lui répondre.

Un être fait d’os et de bout de fourrure s’approcha d’eux, cliquetant sous sa cuirasse. Étonnement Mérové, ne sembla pas réagir. Pour lui la chose qui était devant lui ne sentait rien d’autre que la dépouille. Voir quelque chose qu’il identifiait comme un cadavre s’animer le gênait apparemment pas du tout. C’est Rosie qui réagit davantage et dû poser sa mains devant sa bouche pour ne pas laisser s’échapper un cris. Elle resta immobile, décortiquant des yeux le nouvel arrivant alors qu’Azra faisait les présentations avec une certaine fierté qui échappait à la jeune fille horrifiée.

(Cette chose ne devrait pas vivre…)

Elle fut de plus déconcertée par la nonchalance de ses pairs face à cette individu sortis des histoires d’horreur de son enfance. Mais il y eut pire que de l’indifférence. La semi-elfe écarquilla les yeux lorsque le petit sinari s’exclama d’admiration pour le magicien noire. Elle n’aurait jamais cru que Sirop puisse apprécier de voir un cadavre ambulant, parler et tenir une arme ainsi. Les dents tout aussi serrés que ses poings, elle dévisagea Azra.

« Tu ne veux pas ça Sirop. N’entre pas dans les tentations de ce genre de pouvoir. Tu ne contrôle pas la mort, tu là sers et elle n’est certainement pas une maîtresse bienveillante. »

Elle fit quelques pas pour s’approcher d’Azra et le regarder dans le blanc des yeux. Les sourcils froncés, mais le regard trahissant de la frayeur, elle prit un temps à essayer de déchiffrer son regard, comme si elle voulait lire dans son esprit.

« Quel genre d’être peut oser défier le repos éternel. Je doute qu’on puisse maitriser cette magie noire et rester sain d’esprit. »

Elle l’avait dit d’une voix faible, légèrement empreint de dégout, toujours concentrée à décrypter les yeux du nécromancien. Serrant les lèvres, elle jeta un regard nerveux vers le fameux compagnon Bratien puis se détourna, pour marcher vers les cadavres qu’elle percevait gisant toujours dans la neige. Elle sentait la colère monter en elle. Ces gens de Fan-ming ont vraiment fait confiance à n’importe qui.

« Mathis à raison, faisons ça que cette journée finisse enfin. Peut-être devrait-on d’ailleurs faire un autre feu plus près d’eux, sinon nous ne pourrons dormir aisément avec l’odeur ... »

Sa phrase se finit avec un frisson de malaise. Elle connaissait cette odeur de chair et de poils qui flambe. Elle ne se sentait jamais bien à chaque fois qu’elle devait accomplir cette tâche attristante.

Sans vraiment en avoir conscience, la semi-elfe n’avait toujours pas rengainé sa hache. Avec ces pillards, ce nécromancien et la Shaakt agressive, elle avait bien du mal à se figurer comment elle allait parvenir à fermer l’œil cette nuit.

« et… Je consens à prendre le deuxième tour de garde. Mérové, vient m’aider.»

L’ours reniflait le Bratien mort-vivant avec intérêt, mais un peu déçu qu’il n’y ait plus un petit bout a mâchouiller. De toute façon, vu l’odeur, il se dit que la chair n’aurait pas été bien bonne De toute façon c’eétaitun loup. S’Il y a bien une chose que Mérové n’aime pas c’est bien les loups alors en manger… bof.

Une fois n'est pas coutume, Egregor sembla légèrement pris par surprise. Il se retira en prévenant Azra du mauvais sort qui l'attendait s'il usait de nécromancie contre lui.
Cependant, dans le reste du camp, les commentaires allaient bon train. Mathis, curieusement, ne sembla pas noter outre mesure la présence du mort-vivant, affirmant qu'il valait mieux brûler les cadavres. Remarque, peut-être s'agissait-il d'un double sens...
Sirop, le sinari, en revanche, s'extasia sur le phénomène, demandant s'il pouvait en avoir un. Rosie de rabroua, l'avertissant du mal qui suintait de telles pratiques.
Azra ajouta d'un air revêche :

« Elle a raison, petit homme. On ne rigole pas avec les pouvoirs de Phaïtos. Rendrak n'est pas un jouet mais un ami dont j'ai involontairement provoqué la damnation et l'esclavage. Si tu es capable de chercher à apprendre la nécromancie parce que tu trouves du plaisir à cela, alors va plutôt voir dans l'autre camp. Mais sache qu'un jour, tu me trouveras sur ta route, et que tu devras alors répondre devant Phaïtos de tes actes... »

Tout le monde se mobilisait pour monter un bucher, plus loin. Sauf Karin. Le capitaine Hirotoshi supervisait la manœuvre, demandant à Azra si Rendrak ne pourrait pas aider. Cela fit à nouveau bouillir le garçon :

« Ce n'est pas parce qu'un être n'a plus autant de chair qu'il devient un vulgaire larbin ! Et dans mon pays, on m'apprend que la politesse consiste à s'adresser directement aux gens pour... »

Rendrak, qui était occupé à esquiver les reniflements de l'ours, le seul être ici qui ne semble pas lui en vouloir plus que ça, le coupa :

« Laisse donc, tu es fatigué. Tu devrais aller te reposer... »

Il se tourna vers le capitaine :

« Je serais ravi de vous aider. »

Puis à Rosie qui parlait de prendre le premier tour de garde :

« Vous avez tous besoin de repos. Pas moi. Je ne dors pas. Je veillerais sur le campement cette nuit. »

Et il partit chercher du bois. Au passage il glissa à Karin :

« Sans rancune, hein ? »

Sans doute à propos de leur rencontre mouvementée. Azra soupira, les yeux baissés.

« Je vais rester m'occuper des morts. C'est mon boulot après tout... »

Il partit donc aider les autres en faisant signe à Karin de venir.

« Toutes les pairs de mains seront appréciés, je pense. »

Il signifiait par là que l'homme en noir serait plus facilement accepté dans le groupe s'il mettait la main à la pâte. En espérant qu'il comprenne ce double sens. Cependant, après un moment de silence, Karin répondit à la question que lui avait posée le jeune homme précédemment :

« L’homme n’a aucun intérêt à se dresser contre plus fort. Chook le faisait, et il est mort. L’homme vit. »

Azra hocha la tête :

« Ceux que nous allons affronter sont puissant eux aussi. Plus puissants que nous certainement, bien que nous cherchions à inverser la tendance... Si tu veux partir maintenant, je gage que personne ne t'en empêchera. Mais si tu nous trahis sur le champ de bataille... Le sort de Chook sera d'une douceur exquise par rapport au tient ! »

Remarquant la véhémence de ses propos, il sourit pour les adoucir, bien qu'il n'en pense pas moins...

Sa missive à la main, des idées de complots pleins la tête avec un regard inquisiteur et méprisant sur chaque nouveau visage, la sombre cherchait le dernier arrivant de Yuimen dans cette petite troupe. Mais celui-ci se présenta tout seul sous son vrai jour, le nécromancien. Elle esquissa un sourire prédateur, sa proie était maintenant repérée, le seul problème, le liykor qui venait de sortir de l'ombre. Il ne s'agissait pas de Ziresh non, celui-ci était mort et les os mis à nu. Cela ne dégouta pas Marla, loin de là. La vue des organes, de la chair du sang et des os ne l'effrayait pas.

Tout le monde avait une fascination morbide et horrifiée devant le liykor qui se dévoilait sous leurs yeux, si bien que tout le monde changea de sujet rapidement, seul le sinari voulait en apprendre plus sur l'étude des arts sombres. Marla émis un petit rire à l'annonce de celui-ci tout en dévoilant enlevant la capuche de son piwafwi, dévoilant ses cheveux albâtre.

Pour cela, il faut avoir la bénédiction de ma sombre mère et jamais elle ne laisserait une petite chose comme toi rentrer en son sein. Quoi qu'il en soit, s'adressant cette fois-ci à Mathis, Récupérez les potions, armes, armures et tout ce qui pourrait nous être utile, ils sont morts et cela ne leur servira plus à rien, ce monde est en guerre après tout...

Elle esquissa un autre sourire lourd de sous-entendu au nécromancien, celui-ci ne comprendrait surement rien, mais elle jubilait intérieurement que sa proie ne se doute de rien de ce qui allait lui arriver. À cause de cette excitation, elle tenait tellement fort la missive qu'elle faillit la froisser. Elle se maitrisa et écouta d'une oreille le capitaine donner des ordres à toutes les personnes présentes. Elle allait donc prendre le premier tour de garde avec le capitaine. Donc pas de convocation, mais peut être que les personnes déjà présentes l'aideraient à contenir le nécromancien et son compagnon sans vie.

Attendant un peu que tout le monde s'affèrent à la tâche qui leur est assignée et que personne n'écoute les paroles qui allaient suivre, la fanatique tendit son message au capitaine en prononçant à voix basse au capitaine:

Le traitre est le nécromant, il n'était pas avec vous au départ de votre cité, son comparse est dans les geôles de la forteresse et a avoué sa trahison! Un autre est déjà dans les murs d'Esseroth à comploter pour faire tomber la citée, je suppose. Il a semé son gardien assigné par le chef de la milice d'Oranan en se téléportant sans lui. Et c'est pour cette personne que je suis ici.

Elle fit une petite pause laissant le temps au capitaine d'enregistrer ce qu'elle venait de dire et de lire la lettre puis repris, toujours à voix basse:

Concernant la princesse, je ne voulais pas qu'elle se mette en travers de cette route, si elle décide de sauver ce nécromant et de le convertir, ce n'est qu'une perte de temps. Il doit être neutralisé au plus vite par un fluide lumineux ou du poison troublant les facultés magiques. Sa bête disparaitra dans le néant et il sera à notre merci....Il ne faut pas lui donner le temps de s'organiser.

Marla attrapa son arbalète et vérifia que le carreau était encore en place, l'arme dans ses mains avait un effet rassurant, mais elle aurait préféré avoir à ses dons obscurs à disposition avant d'affronter le nécromant.

Alors êtes-vous avec moi rivvil?

La question qui importait le plus était plutôt :"Etes vous contre moi?". La shaakt n'avait pas prévu un refus de l'humain, mais tout était à prévoir sur ce monde ou les mœurs et les coutumes différaient grandement de Yuimen.

Sirop écouta Rosie avec une consternation croissante avant de lâcher :

"Mais enfin, Rosie, un peu de sérieux, vous me voyez vraiment..."

Mais Azra l'interrompit, lui lançant une longue et froide tirade que le Hobbit trouvait très exagérée. En Sinari bien élevé, il écouta jusqu'au bout avant de répliquer, un peu énervé et encore plus étonné de l'effet de sa précédente parole sur le groupe :

"Nom d'une vignasse, je plaisantais, l'ami... Vous croyez qu'un Hobbit tel que moi s’intéresse un tant soit peu à la magie ? Des morts de surcroît ? Je me disais juste que ce genre de compagnon, en plus d'être ma foi très sympathique, pouvait être bien utile dans des tas de situations, voilà tout."

Il se tourna ensuite vers la créature d'os et leva les yeux vers lui :

"Je m'excuse si je vous ai paru impoli, messire Rendrak, c'est vrai que j'ai été un peu surpris lors de votre apparition mais sachez que, comme tous ici, je vous considère comme un compagnon d'aventure et que, du moment que vous ne me dévorez pas, vous avez tout mon respect."

Après tout, tant que ce loup-squelette ne lui faisait pas de mal, il n'y avait pas de raison de lui en vouloir. Et cela faisait un garde du corps de plus...Une sorte de Ziresh de substitution.

D'ailleurs que devenait ce dernier ? Avait-il réussit à rejoindre la cité d'Esseroth ? Ce grand loup blanc lui manquait un peu. C'était l'aventurier qui avait été le plus proche d'un ami pour lui, ici.

Mais il fut interrompu dans ses pensées par la maudite Shaakt qui ouvrit encore la bouche pour cracher son venin.
L'agacement que ressentait déjà Sirop se transforma immédiatement en colère, ce sentiment ne faisant pourtant pas partie de ceux qu'il éprouvait souvent.

Il allait lui répliquer quelque chose qu'il aurait voulu cinglant mais elle se détourna de lui afin d'essayer de donner des ordres à Mathis.
Sirop serra les poings.
Il allait devoir mettre certaines choses au clair ici, car même si c'était fondé, Sirop avait la désagréable impression d'être considéré comme un enfant par tout le monde.
C'est bouillonnant d'amertume qu'il écouta les ordres du capitaine en silence avant de se mettre à la tâche, commençant à s'approcher des corps étendus.

Il n'allait pas vraiment pouvoir les porter alors il allait se contenter de suivre le conseil de la femme sombre qui était de les fouiller pour essayer de trouver des choses qui leur seraient utiles.
Ne sachant pas par où commencer, le Sinari s'arrêta devant un des cadavres, les poings sur les hanches, une moue déterminée mais un peu indécise sur le visage et lâcha d'un ton sombre :

"Bon, au boulot."

La nuit avançait dangereusement. Rosie qui n’avait pas eu une journée reposante sur son cheval nerveux, ne rêvait maintenant que d’en finir le plus rapidement possible. Lorsque Rendrak suggéra de veiller le camp pour la nuit, elle n’y porta pas plus attention, se disant qu’elle n’arriverait pas à dormir sur ses deux oreilles de toute façon. Le pas rapide, elle continua son chemin dans la neige. Malgré, ses yeux qui c’était un peu habitués à l’obscurité, il était dur pour elle de discerner tous les corps. Elle ignorait même combien il y avait eu de mort et craignait bien d’en oublier quelques-uns. La soirée avait été assez mouvementée, pas question d’attirer des bêtes monstrueuse en plus. Toujours méfiante de certains de ses compagnons, la jeune femme avait gardé son sac avec elle. Délicatement, elle retira sa lanterne qu’elle gardait toujours bien au chaud et bien à l’abri dans un restant de ce qui avait été une couverture.

« Mes demoiselles, j’ai besoin de vous s’il vous plait bien de m’aider. »

Doucement, trois petites choses semblèrent commencer à luire faiblement dans le fond de la lanterne, puis s’élevèrent gracieusement, brillant davantage, juste suffisamment pour l’éclairer un peu.

« Merci »

Rosie ignorait bien combien de temps elle allait pouvoir les garder ainsi vu la température peu favorable, mais jugea que si l’une d’elles devait sembler faiblir, qu’elle les rangerait de nouveau et s’en passerait. Profitant de cette lumière éphémère, la semi-elfe songea qu’il serait plus bénéfique de parcourir les lieux pour repérer l’emplacement de tous les cadavres question de ne pas en oublier un et se faire surprendre par des bêtes affamés. Mérové la suivait mollement, la fatigue commençant à le gagner. De toute façon, elle ne marchait pas bien vite, elle-même épuisée.

Alors qu’elle notait mentalement le nombre de corps qu’elle trouvait, la réplique que Sirop lui avait jetée après qu’elle voulut lui calmer les ardeurs, lui rongeait l’esprit. Elle sentit l’avoir vexé et s’en voulait un peu soudainement, même si elle pensait toujours chacun de ses mots. Azra, pour sa part, n’avait pas beaucoup réagit à ses remarques sur la nécromancie, la supportant même. Il devait effectivement ne pas vraiment être sain d’esprit du tout ou bien avait-il tout simplement ignoré ce point. Marla quant à elle l’ignora complètement, jugeant plus utile de jeter son venin. Rosie qui de toute façon, ne tenait certainement pas à se faire remarquer par la drow et se convainquit de le voir d’un bon œil.

Toutefois, le fait qu’elle dise à Mathis quoi faire déplus la semi-elfe. L’idée en soi n’était pas bête, même excellente, mais formulée ainsi comme un ordre, Rosie avait plus de mal à accueillir positivement cette idée. Qui était-elle pour ordonner quoi que ce soit à un aventurier comme Mathis et sur ce ton en plus. Cependant, encore une fois, Rosie était prête à refouler son orgueil. Elle refusait toujours de laisser sa fierté nuire au bon sens et jugea que provoquer Marla était inutile. Du moins, c’était le cas pour l’instant. Qui sait ce que le futur réserve.

Puis, pensant à Marla et à ses façons que la jeune femme de rouge trouvait toujours aussi désagréable, Sirop lui revint à l’esprit. Elle n’avait pas manqué un seul des mots que la Shaakt avait prononcé à son égard. Mot? Dards empoisonneurs d’estime plutôt. Même si Rosie n’appuyait pas la voie de la maitrise du monde des morts, rabaisser ainsi un hobbit, si sympathique d’ailleurs, pour sa taille, elle avait bien du mal à bien le prendre. Elle-même qui n’était pas solidement battit comme un homme, ni grande et souple comme beaucoup de ses comparses d’aventure, elle était toujours un peu vexée par ceux qui jugeaient un adversaire de par son apparence, parfois et souvent à leur propre perte.

Soudainement honteuse d’avoir elle-même participé à la frustration du sinari, elle jugea que peut être devrait-elle, en quelque sorte, revenir sur ses paroles avec lui. Le voyant devant l’un des cadavres, elle s’approcha de lui.

« Sirop, je ne voulais pas que tu perçois ainsi ce que je t’ai dit. J’étais apeurée par l’apparition de Rendrak et troublée, je n’ai pas compris correctement ce que tu voulais dire je suppose...»

Elle sourit faiblement, un peu désolée.

« … Je t’apprécie bien, j’avais peur de te voir succomber aux tentations de tels pouvoirs. »

Mérové s’approcha pour renifler frénétiquement le cadavre. Tout en le regardant faire, la jeune femme hésita un instant avant de continuer. Elle avait bien peur de le froisser à nouveau. Avec Mathis, c’était le seul autre à qui elle faisait le plus confiance.

« Je propose qu’on laisse aux grosses brutes comme Mérové le travail de rassembler les corps et que nous nous occupions plutôt de fouiller les corps. Je ne crois pas être capable de trainer ses guerriers par moi-même, il y en a tant, je vais avoir les bras morts d’ici peu. »

Elle soupira.

« Quel carnage. »

Puis un regard vers le feu de camps.

(Je me demande bien quel problème elle nous ramène en plus de sa présence celle là.)

Il peut être troublant de constater qu'une même information peut provoquer des réactions totalement différentes. Alors que l'apparition du lyikor sans chair me perturba, je n'en glissai mot. Le petit homme sympathique, mais probablement trop naïf, exprima au contraire son admiration. Rosie, dont les séduisants yeux d'un vert profond reflétait sa désapprobation, sermonna le petit hobbit lui rappelant les méfaits et risque de la magie noire.

Tout comme moi, elle n'en était pas à sa première expérience avec les nécromantiens. Le dernier que j'avais côtoyé et dont le sauvetage échoua était surnommé le marionnettiste. Homme déchu, il s'était repenti et avait retrouvé, nous disait-il le droit chemin. Dans ce même périple, nous n'avions pas affronté un mort-vivant, mais près d'une trentaine. La dame cornue, probablement nécromant elle aussi, en un geste, avait fait apparaitre des formes mouvantes devant nous, à la place de la fumée noire thimorosienne qui nous séparait d'elle. Fumée qui avait vite fait de se matérialiser en une troupe de squelettes autrement plus impressionnants que le compagnon d'Azra: des os noirs, denses et solides, cerclés de fer pour certains, une dentition prohéminente, et des armes argentée impressionnantes : épées, sabres, haches, dagues... En quelques secondes, cette scène angoissante et éprouvante m'était revenu en mémoire. Heureusement, c'était indemne que nous avions quitté cette salle de l'esprit.

La voix du petit hobbit me ramena au présent. C'était avec un enthousiasme non-dissimulé qu'il s'était proposé de m'accompagner dans ce premier tour de garde. J'acceptai de bon coeur sa proposition en lui faisant un petit signe de tête, tout en lui offrant mon charmant sourire. Ce sourire s'élargit encore lorsque je vis la réaction d'Egregor à l'apparition de Rendrak. Malgré la condescendance qui l'habitait, il n'avait pu cacher son trouble. Visiblement mal à l'aise, il quitta le feu pour rejoindre la yourte qui nous était assignée.

En bon soldat, vu l'absence du sergent mort prématurément, le capitaine prit les choses en main. Il fut décidé, tel que je l'avais proposé, de brûler les cadavres. Cependant, un autre feu un peu plus loin serait aménagé afin d'éviter les insupportables odeurs comme l'avait fait remarquer Rosie. Des tâches furent donc assignées à chacun. Les hommes pâles nouvellement recrutés, ainsi que Rendrak s'attelaient à monter un buché en puisant à même les réserves de bois qui ne seraient désormais plus utiles. La princesse accompagnée de sa ravissante garde du corps dut regagner sa tente. Alors que Sirop, Rosie, Azra et moi nous nous chargions de dépouiller et déplacer les cadavres. La nouvelle arrivée, la méprisante skaaht ne prit aucunement part à la tâche commune. Elle semblait se mettre au-dessus de ça, soi disant chargée de transmettre une missive capitale. Elle ajouta à son impudence l'affront de me dicter les actions à poser. Cet avis de fouiller les cadavres était fort judicieux et j'avais d'ailleurs pensé de le faire, mais à ma manière, plus discrètement emplissant mes poches. Cependant, elle n'avait ni le grade, ni la crédibilité pour me commander de la sorte.

"Vous récupérerez vous même ce que bon vous plaira, chère demoiselle, mais pour cela il vous faudra salir vos mains. Je ne suis pas votre valet et je n'ai pas d'ordre à recevoir de vous." Dis-je sans aucune agressivité d'une voix qui se voulait ferme et sans équivoque.
Cela dit, je ne lui laissai point le temps de répondre que je m'éloignai d'elle pour me rapprocher des trois autres. Rosie et Sirop s'occupaient surtout de récupérer ce qui pouvait l'être. Quant à moi, je déplaçai les cadavres par les pieds, les trainant au sol, après m'être rassuré qu'il ne restait plus rien de valable sur eux. Après avoir récupéré un manteau de fourrure en bon état, et tout en jetant un coup d'oeil au capitaine et à la skaaht, je m'approchai de Rosie.

"Pense à te récupérer un chaud manteau, notre randonnée de demain, ne sera que plus agréable" dis-je tendrement à ma bonne amie Rosie.

Ce disant, je me penchai sur un autre cadavre, mes mains habiles fouillant consciencieusement les vêtements.