Au début, l'homme ne répondit pas. Ils s'occupèrent ensemble des cadavres, tâche fastidieuse s'il en est, et suffisamment peu ragoutante pour être épargnée. Azra dédia une dernière prière à ces âmes perdues avant de revenir vers le camp.
Karin déclara, impassible :

« L’Etranger ne devrait pas menacer l’homme. L’homme restera avec les siens. »

Azra lui adressa un faible sourire :

« Désolé d'avoir pu paraître menaçant. Je tenais surtout à t'avertir de la dangerosité de notre mission. La bataille sera rude pour les deux camps, et à la fin, l'un sera éliminé et l'autre triomphera... Le tout c'est... de bien choisir. »

Mais quel était son camp à lui ? Pourquoi, alors qu'il commençait à se faire connaître de la ville noire, cherchait-il à tout gâcher ? Il n'avait jamais été maître de son destin, mais cette vérité lui semblait plus absolue que jamais...
Tandis que la torche de Karin consumait le sinistre monticule, Azra, perdu dans ses sombres pensées, retournait vers la chaleur plus agréable des tentes.
En chemin, il trouva Rendrak qui abordait Sirop le sinari, affirmant qu'il avait réfléchi à des propos que lui avait tenus le petit homme et qu'Azra n'avait pas entendu.

« Au moins, je suis content que tu acceptes de me voir comme un compagnon. Ma condition n'a rien enlevée à mon esprit, ni à ma conscience... Et d'ailleurs, ne fais pas trop attention aux paroles acerbes d'Azra. Il aboie beaucoup, mais s'il voulait vraiment te mordre, il l'aurait déjà fait... »

Le jeune homme l'aurait bien rabroué, peut-être même pour lui expliquer à quel point il se fourvoyait à propos de la fourberie de son instinct de survie.
Mais il était trop fatigué. Il alla s'asseoir à côté de la tente, lançant des regards à la limite de la supplique à ses compagnons pour pouvoir aller se coucher.
Cependant, il était hors de question d'aller s'endormir comme ça. Surtout qu'il aimerait bien savoir ce que la shaakt faisait là. Il resta donc assis prêt du feu à attendre.

Le petit Hobbit de Shory, toujours les poings sur les hanches, contemplait le cadavre à ses pieds, ne sachant pas vraiment que faire. Déjà tant de morts alors que le voyage ne faisait que commencer... D'ailleurs c'était la première fois que Sirop voyait quelqu'un mourir d'autre chose que de vieillesse et c'était la première fois qu'il en voyait autant aussi. Il sortit de ses pensées lorsque Rosie vint vers lui et lui dit d'un ton doux et désolé :

« Sirop, je ne voulais pas que tu perçois ainsi ce que je t’ai dit. J’étais apeurée par l’apparition de Rendrak et troublée, je n’ai pas compris correctement ce que tu voulais dire je suppose...»

Puis avec un petit sourire, ce qui eu pour effet de faire disparaître dans le cœur de Sirop tous sentiment négatifs envers elle, elle ajouta :

« … Je t’apprécie bien, j’avais peur de te voir succomber aux tentations de tels pouvoirs. »

Le Sinari ne quitta pas la dépouille des yeux mais observait consciencieusement la jeune femme vêtue de rouge du coin de l’œil. Il aurait bien voulu lui sortir une phrase cinglante du genre : "Je n'ai pas besoin qu'on s’occupe de moi et encore moins qu'on me dise ce que je dois faire." Mais cette fille était décidément vraiment gentille, douce et attentionnée et il doutait d'avoir un jour le cœur à lui faire ne serait-ce qu'un tout petit peu de tort.

Au lieu de sa phrase cinglante, donc, il sourit et leva les yeux vers elle, tout de même décidé à sortir une réplique qui prouverait sa bravoure et son indépendance, le tout dans un ton grave et confiant.

Mais, si sa bouche s'ouvrit en grand, aucun son n'en sortit durant quelques instants tandis que ses yeux, écarquillés au maximum.

"Des fées ? Vous avez des fées ? OUAW !" hurla-t-il en pointant du doigt les petites créatures luminescentes présentes dans la lanterne de la jeune femme."Où est-ce que vous les avez trou..."

Il s'interrompit, comme surpris, avant de s'éclaircir la gorge et d'ajouter, beaucoup plus calmement en détournant les yeux de son interlocutrice :

"Pas si difficile à trouver que cela, n'est-ce pas ? Hum..."

Tout en regardant l'ours reniflé le corps à ses pieds avec sa grosse truffe, il répondit en se grattant la tête :

"Oh oui, j'ai bien peur de ne pas avoir la force nécessaire pour les porter...C'est que, nous les Hobbits, sommes plutôt fait pour les tâches qui demandent plus de discrétion...M'voyez ?"

Alors qu'il y avait quelques secondes, il venait de hurler son étonnement devant des fées...

***

"Ouf, ça aura au moins eut le mérite de nous réchauffer un peu !" souffla Sirop en remettant ses poings sur ses hanches en contemplant le grand bûcher.

Il avait, en effet, essayer, sans grand succès, de porter quelques corps. Conscient que dès qu'ils s'éloigneraient du grand bûcher où brulaient ces derniers, le froid recommencerait à mordre, le Hobbit s'approcha du tas d'objet laissés par leur propriétaires décédés.

Tapotant ses mains l'une contre l'autre, il regarda autour de lui, gêné.

Ça n'était pas très correct de prendre les possessions de défunts mais après tout, ces derniers avaient essayés de les tuer tout de même ! Et puis Mathis n'avait-il pas proposé à Rosie de voler un manteau ? Ainsi, le Hobbit s'empara d'une cape de fourrure, d'une paire de gants en cuir.

Il allait s'éloigner vers les gourdes lorsque son regard s'arrêta sur le sabre d'argent de Genkishi. Pas à un seul moment Sirop ne songea à s'en emparer. Cette arme appartenait à un ancien fier soldat qui était mort en se battant. Il était hors de question de voler une telle arme. C'était une question de respect.

Comme prévu, Sirop, la cape sur l'épaule et enfilant les gants, s'approcha des gourdes, pressé de goûter les alcools locaux. Car il était très conscient qu'il n'y avait pas que de l'eau dans ses dernières.
Alors qu'il s'accroupissait pour en ramasser une au hasard, Rendrak s'approcha pour revenir sur ce qu'il lui avait dit tout l'heure.

"Je ne vois pas pourquoi on te traiterais différemment." répondit un peu froidement Sirop qui avait été un peu gêné du tutoiement en mettant son nez au-dessus du goulot de la gourde. Puis il ajouta, un grand sourire aux lèvres en se redressant, ignorant délibérément le sujet "Azra". "Mais as-tu encore le plaisir de boire, Rendrak ? Le vin présent dans cette gourde n'est pas le meilleur que j'ai pu goûter mais il suffira à nous réchauffer...le corps comme le cœur."

Sur ses mots, il leva la gourde et parla à l'adresse de tout ceux qui était restés à proximité du bûcher :

"Une petite gorgée pour souhaiter un bon voyage aux défunts où qu'ils aillent et avant d'aller se coucher ?"

Il serait bien aller proposer aux personnes installés autour du feu de camp de se joindre à eux mais la méchante Marla et le mal-embouché Azra faisait partie de ses personnes.

Aussi, il s'abstint.

(((Ramassage d'une pair de gants de cuir, d'une cape de fourrure et d'une gourde remplie de vin.)))

Dans ces plaines froides d'un autre monde, le sang chaud et vif de Marla ne fit qu'un tour dans ses veines noires. Les derniers mots du capitaine heurtèrent et mirent à mal le peu de patiences qu'avait la shaakt. Elle se voyait déjà entrain de massacrer chaque personne dans ce camp pour satisfaire sa frustration et sa colère, son animadversion. D'un geste, elle envoya un coup de crosse en direction de la tête du capitaine, virevolta sur elle-même et le tint en joue. D'une voix froide et sourde de rage à peine réprimée, la sombre cracha son venin.

Iblith, ma patience s'est consumée, races inférieures que vous êtes ne comprendrez jamais qui sont vos supérieurs. Une traitresse? Laissez-moi rire, je suis marqué par ma déesse, je suis son avatar, l'instrument de sa volonté. Vous allez faire exactement ce que je vous ordonne et peut être que je n'utiliserai pas la magie pour réduire ce camp en poussière d'un simple claquement de doigt.

Personne ne savait qu'elle n'était plus dans les faveurs de sa déesse, que ses dons étaient partis depuis quelque temps. Mais Marla comptait sur la méfiance et la peur des habitants de Fan-Ming envers la magie pour intimider le capitaine. Elle fit une pause et une autre idée germa dans l'esprit pervers de la shaakt.

Maintenant s'il vous faut une preuve, je vais faire venir cette larve d'Oaxaca et mener l'interrogatoire, vous allez observer et surtout écouter! Après vous me remercierez d'avoir été magnanime à votre encontre.

La prêtresse arrêta de tenir en joue le capitaine et siffla entre ses dents une dernière volée de menace à l'encontre du capitaine et du campement.

A l'avenir, ne me mettez plus jamais en colère si vous tenez un tant soit peu à voir le futur de votre monde ou votre famille. Sachez qu'un shaakt ne plaisante jamais!

Marla jouait à chat avec des forces qui la dépassait, mais elle savait également qu'elle devait à nouveau rentrer dans les bonnes grâces de son clergé si elle voulait augmenter ses chances de survie. Mais elle avait fait un choix, si elle devait être traitée en traitre dans ces terres étrangères, elle le ferait en ayant commis un soit disant acte de trahison envers ces habitants. Et c'est en tant que paria des deux camps qu'elle tenterait de faire échouer les plans d'Oaxaca.

Ma fouille terminée, je fus un peu déçu puisque je ne pus mettre la main sur aucune pièce de monnaie que ce soit de cuivre, d’argent ou d’or. Désormais bien recouvert d’une élégante, mais surtout chaude cape de fourrure, je me dirigeai vers le tas d’objets amassés pour voir ce qui était passé entre d’autres mains que les miennes. C’est ainsi que j’aperçus une petite sacoche de cuir. Je m’en saisis discrètement, l’ouvris et vis la petite poudre jaune qu’elle contenait.

(Il s’agit probablement de Thyr, cette droque dont m’a parlé Honoka, près du feu)

Je refermai la petite sacoche prenant soin de bien attacher les cordons de cuir afin que son contenu ne puisse s’échapper, puis la rangeai dans mon sac. Mon geste fut vif et furtif, je ne voulais pas qu’un témoin puisse penser que j’avais l’intention de consommer cette drogue qui faisait perdre la raison. J’étais cependant persuadé qu’elle pourrait m’être d’une quelconque utilité lors de cette guerre qui ne venait que de commencer.

Je jetai un dernier coup d’œil sur ce qui restait, mais rien ne me plaisait davantage que mes vêtements de cuir. Et puis, il était hors de question que je vêtisse des vêtements souillés par le sang.

Il était à présent très tard, épuisé, je ne pensai qu’à me reposer. Tout en passant près de mes alliées, je leur signalai :
« Je retourne me reposer, je prendrai le deuxième tour de garde. » Cela dit à Rosie, Sirop et Azra, je pris le chemin de la yourte, y entra et me coucha immédiatement sur le lit que j’avais auparavant choisi

Immobile, les pieds légèrement enfoncés dans la neige, Rosie contemplait les flammes brulantes qui léchaient les corps des défunts. Pressant entre ses mains une des capes de fourrure qu’elle eut récupérée suivant le conseil de Mathis, elle resta silencieuse. Dire que cette aventure ne faisait que commencer. Elle tapota doucement la tête de Mérové qui vint s’asseoir lourdement à ses côtés avant de se revêtir d’un ample geste, la nouvelle cape recouvrant la première.

Alors que le vaillant hobbit leva sa gourde en l’honneur des trépassés, Rosie fit quelques pas vers la pile d’objet pour juger de ce qu’ils avaient tous récolté. Quand même fière de leur travail, malgré sa nature glauque, la jeune femme entreprit d’ouvrir les gourdes une à une afin d’en renifler le contenu. Elle en choisit une et l’attacha à sa ceinture.

« On va pas gâcher tout ça… Mérové? »

L’ours qui n’était pas bien loin de toute façon s’approcha d’elle, les yeux curieux. Rosie saisit la vieille corde qu’elle avait bricolée en genre de harnais et y fixa une gourde près du cou.

« Ça va être ta part. »

Elle aimait savoir que même si elle devait tout perdre, Mérové aurait quelque chose d’essentiel sur lui. L’eau était une ressource importante et même si la neige en était constituée, s’hydrater avec celle-ci à long terme n’était qu’un meilleur moyen de mourir de l’intérieur, gelé. L’ours se montra pas le moins du monde gêné de s’encombré et bougea la tête et les épaules pour faire balloter sa nouvelle acquisition.

Les armures lourdes n’étant pas vraiment son genre, ni vraiment adapté pour elle, la demi-elfe lorgna plutôt sur les armes qui restaient. Elle possédait déjà de quoi suffisamment se défendre, aussi ne s’attarda-t-elle pas un seul instant sur les armes massives qui ne lui serait que superflue. De toute façon, c’était le type d’arme qui cillait mieux aux brutes du genre du loup mort-vivant. Toutefois, il y avait ces sabres qu’elle dévorait déjà des yeux depuis le début de cette mission. Elle ne concevait pas un instant s’emparer de celui de Genkishi, mais ceux des guerrier, elle n’y voyait pas de mal à leur permettre de servir et venger leur ancien maître. Satisfaite, elle attacha l’arme à sa ceinture, s’enquit de cacher une dague contre son mollet dans sa botte, ne sait-on jamais, empila les autres capes de fourrure sur le dos de Mérové qui appréciait le défi de les porter tous, s’acharna à prendre dans ses bras le plus de gourde possible et finalement, prit tant bien que mal en main le sable du sergent vaillamment décédé. Elle avait comme but de ramasser ce qui lui semblait le plus nécessaire en terme de survit pour tous les ramenés au feu de camp principal, auprès des autres.

D’un pas maladroit elle se dirigea vers le feu répondant d’un signe de tête à Mathis qui allait se couché. À la hauteur du capitaine, de Marla et d’Azra qui était plus bien loin de là, distraite elle s’adressa au capitaine.


« Capitaine, Je vous ramène le sabre du Serg… »

Elle leva les yeux sur la scène. Les bras encombrés, elle laissa tomber les gourdes sous la surprise. Elle était à deux doigts de dégainer.

Il n'eut pas longtemps à attendre avant que la shaakt ne se mette à agresser le capitaine Hirotoshi. Elle affirmait vouloir interroger un espion d'Oaxaca. Cela fit sursauter Azra et chassa une bonne partie de la fatigue qui l'habitait. Avait-il été découvert ? Ezak l'avait-il dénoncé ?
Sous leurs yeux, à lui et à Rosie, elle le menaça de son arme en tenant des propos à la limite de la santé mentale.

(J'aime bien cette fille, gloussa Chandakar. Je t'autorise à lui accorder une mort rapide et sans douleur...)

(Et au nom de quoi devrais-je la tuer ?)

(Au nom de ma volonté toute puissante, bien sûr.)

(Vous êtes fait pour vous entendre...)

(Plus sérieusement, elle risque de te dénoncer, c'est le moment ou jamais de l'éliminer ! Après, il sera trop tard...)

(J'ai fait assez de prières à Phaïtos pour aujourd'hui. Je vais d'abord chercher à savoir ce qu'elle veut dire.)

Toujours assis d'un air las, il regarda le capitaine désarmer son adversaire et riposter qu'il n'avait pas à recevoir d'ordre de sa part. Elle pouvait mener son interrogatoire et c'est tout ce qu'elle aurait.
Le nécromancien fit un petit signe à Rendrak qui hocha la tête et entreprit de s'approcher très doucement dans le dos de l'hystérique. Mieux valait une sûreté. Il avait survécu jusqu'ici en faisant preuve d'intelligence, ce n'était pas le moment d'arrêter...
L'air parfaitement calme et pas du tout impressionné par l'éruption de violence actuelle, il demanda :

« Un traître ? Voilà qui ne m'étonne guère. Avec la passoire qui servait à filtrer les mercenaires de Yuimen, je me garderais de parier sur la probabilité que des espions d'Omyre soient passés, ce serait indécent pour votre bourse... »

Il sourit d'un air de gamin candide (il n'avait toujours pas compris que ce n'était plus aussi efficace depuis qu'il portait une robe noire et un casque avec une visière en forme de crâne prête à rabattre).

« Si vous nous disiez simplement qui c'est ? Cela pourrait faciliter la vie à tout le monde... »

La journée fut passablement mouvementée et longue, je n’aspirais qu’à me coucher et dormir. Lorsque j’entrai dans la yourte, j’aperçus Egregor étendu sur son lit, j’évitai de passer près de lui et me rendis sans bruit à ma couche. Une fois là, silencieux, j’ôtai la cape de fourrure qui me recouvrait, déposai mon sac à mes côtés, et me couchai dans les chaudes fourrures. Je ne pris pas la peine de me dévêtir, ni d’enlever mes bottes.
Parmi les gens qui partageaient la même tente que moi, je ne faisais confiance qu’à Rosie. C’est donc pour cette raison que je mis une de mes dagues sous le petit tas de peau qui me servit d’oreiller et la seconde dans ma main droite.

Bien que je sentais la fatigue m’envahir et que je souhaitais dormir, je demeurais tout de même éveillé. Ralentissant ma respiration, je tentai tout de même de relaxer afin de reposer mes muscles fatigués d’une journée de chevauchée. Mais malgré tout, je restais attentif aux moindres bruits suspects.

[ RP pouvant heurter la sensibilité des petits enfants.]

Le manque d'expérience de Marla jouait en sa défaveur, le capitaine para aisément son coup et la désarma. La sombre le foudroya du regard, elle plaça ses bras le long de son corps, le piwafwi faisant obstacle à toute vision sur ce qui se passait en dessous. La main sur son fouet, prête à châtier l'humain qui la traitait en dérision, blasphémant à tout va sur la présence des dieux dans ce monde. La femme à l'ours était là elle aussi, prête à dégainer, ce qui retint le geste de la prêtresse. Vouloir attaquer avec autant de monde autour était trop dangereux.

Mais c'est alors que le traitre s'avança au grand jour, il avait tout entendu de l'entretien entre le capitaine et la shaakt, demandant avec l'ironie de la situation qui cela pouvait être, accusant tour à tour l'incompétence Ynorienne et celle de l'administrateur shaakt. S'il y a bien une chose que la jeune Shaakt savait faire, c'était de mener les gens sur un terrain glissant qui serait à son avantage... Et elle n'hésita pas! Un sourire mesquin à la joute verbale qui allait suivre et Marla faisait preuve d'une grande créativité quand il fallait.

Hors des ombres, l'Omyrien s'avance, car en pleine lumière, nul endroit ou se cacher.

S'avançant pas à pas avec précaution en direction du nécromant, évitant l'arbalète sur le sol, Marla fit doucement le tour de son suspect numéro un, avec un stratagème bien ingénieux.

Que se passe-t-il quand un traitre dénonce un autre traitre? Devient-il pour autant un héros? Après s'être livré de lui-même...Ser d'Arkasse...il me semble que cette raclure Omyrienne portait ce nom...Tomba entre les mains de l'araignée. Si prompte à tisser ma toile, ce sont ces phalanges que je sectionnais...une...à...une... Entre chaque hoquet de douleur et demandant pourquoi à cette putain d'Oaxaca, j'ai pris le temps de lui briser chaque os qui se situe en dessous de la ceinture.

C'est en passant derrière le nécromant qu'elle vit le Liykor qui essayait de se dissimuler dans le noir, elle lui fit un petit signe de la main tout en continuant de raconter la séance, soit disant, factice de torture.

Ensuite, je lui fis une proposition, en échange de tout renseignement ainsi que les noirs secrets que cache Oaxaca, je lui promettais qu'il ne souffrirait plus...C'est d'ailleurs à ce moment-là qu'il t'a donné ainsi qu'un autre de tes comparses Omyrien qui se trouve à Esseroth. Il déballait tous ses petits secrets... Un gradé de l'armée Omyrienne trahissant sa propre cité, un met pour une virtuose comme moi..de la chair fraiche... à s'en lécher les doigts.

Évitant de se retrouver dos au Liykor désincarné, Marla prit une position un peu plus défensive au côté du capitaine, un sourire mesquin sur le visage. Elle tissait tout doucement sa toile de mensonge, brodant un à un chaque détail dans le but de confondre le traitre avec sa véritable nature.

C'est alors que j'ai arraché de cette chose ce qui faisait de lui un homme pour en nourrir les bêtes de la forteresse. Et c'est en perdant tout son sang, me demandant pourquoi avec sa voix brisé. Il va bien maintenant, j'ai demandé à ce qu'on le soigne pour qu'il ait de la compagnie...

Son visage changea instantanément passant du mépris caché par un faux sourire bienveillant en un masque de haine, un regard inquisiteur et mauvais montrant une rage jusque-là contenue. Les horreurs qu'elle venait de décrire ne faisaient ni chaud ni froid à Marla, au contraire, ce récit n'était que pure vérité... L'humain était en réalité un espion d'une maison rivale aujourd'hui disparue dans les limbes de la culture shaakt, seul, perdurait les souvenirs de la prêtresse durant ce jour mémorable remplit de plaisirs impies

Je suppose que tu ne voudras pas prendre place sur mon établi rivvil...Mais j'ai l'éternité devant moi, toi il ne te reste que trois voir quatre décennies tout au plus. Je me demande juste une chose, veux-tu passer entre mes mains pour le plaisir ou celui de Valshabarath?

Fidèle à son expérience, le grand Hirotoshi repoussa la menace d’un coup de main vif. Il la sermonna sèchement. Rosie resta quand même surprise. Elle avait le sentiment que si elle s’était trouvé dans la position du capitaine et à son rang, elle n’aurait pas été aussi clémente vis-à-vis une telle agression.

Azra pour sa part se montra d’une désinvolture décourageante, apparemment nullement impressionné. Il en ressorti un brin d’arrogance à l’avis de Rosie. Surtout ce petit sourire. Elle-même qui n’avait pas le tempérament de la Shaakt s’en sentait offusquée. Elle soupira.

(Qu’il n’espère pas de mon aide s’il provoque là provoque ainsi.)

Tendue, Rosie avança d’un pas lent, se voulant prudente alors que la shaakt tournait comme un prédateur autour du nécromancien. Elle alla s’asseoir bien droite plus près du capitaine, puis coucha soigneusement le sabre d’argent sur ses cuisses, jugeant le moment inopportun pour le livrer au capitaine. Toujours avec une lenteur calculée, elle posa aussi ses deux mains sur ses cuisses, suivant la situation avec grande attention, mal à l’aise.

Mérové vint s’assoir derrière Rosie avec une pointe d’agacement, sentant très bien que la femme au teint sombre incommodait la petite rouge. Il pouvait le voir à ses muscles raidit. Il laissa tomber plusieurs brefs soupirs de mécontentement, faisant virevolter la chevelure de Rosie à chaque souffle.

La façon virulente de s’exprimer de Marla faisait frémir la demi-elfe. Plus elle parlait, plus Rosie fronçait les sourcils, sidérée. Détachant à peine les yeux de la drow, elle s’adressa brièvement au Capitaine, la voix légèrement éteinte.

« On ne va quand même pas là laisser faire ce genre de chose… »

Elle n’intervint cependant pas. Si, selon les dire de la Shaakt, il y avait des traitres, Azra pourrait très bien être un. Comme n’importe qui d’autre toutefois. Le nécromancien en avait tellement l’apparence que ce serait presque ridicule qu’il le soit réellement. Si cela ce trouvait, ça pouvait tout aussi bien être Sirop… ou bien cette Drow trop avide de violence pour avoir les mains propres.

Sirop Papum de Shory descendit plusieurs gorgées de vin avant de s'essuyer la bouche d'un revers de manche puis contempla encore un petit peu le bûcher. Déjà tant de mort alors que le voyage ne faisait que commencer !

En quelques heures, il avait déjà plus côtoyer la mort que dans toute sa vie ! Sacré monde de cinglé.
Tenant la gourde à deux mains, le Sinari leva les yeux vers le ciel sombre d'où tombaient toujours de la neige et marmonna :

"Ô, Kubï ? C'est encore moi, Sirop...Dis, s'il te plaît, fais en sorte que je sois encore vivant à l'issue de ce périple d'accord ?"

Et comme pour clôturer sa pitoyable prière, il reprit goulûment une gorgée de liquide rouge avant de se détourner du grand feu. La boisson était actuellement le seul réconfort qu'il pouvait espérer trouver dans ses plaines de neiges qui s'étendaient à perte de vue et avec ce groupe de voyage hostile.

Alors ses yeux s'attardèrent de nouveau sur le tas d'objet et notamment sur les gourdes...
Un des plus gros défauts de ce petit Hobbit était qu'il n'arrivait jamais à s'arrêter...

***

C'est les bras chargés de cinq gourdes pleine d'alcool que Sirop revint vers le feu de camp.

"Regardez les enfants, j'ai..." commença-t-il, un peu pompette mais il s'arrêta net.

Une tension presque palpable régnait actuellement autour du feu. Rosie, tendue, le sabre du sergent Genkishi sur les genoux et son ours derrière elle, ne quittait pas la Shaakt des yeux. Cette dernière fixait le nécromancien tandis que Rendrak se tenait comme près à l'action. Sans parler du capitaine Hirotoshi qui avait le regard extrêmement dur et qui ne quittait pas non plus des yeux la méchante Elfe.
Nul besoin d'être un génie pour savoir que cette mégère n'importunait pas que lui...

"S'passe quoi, là ?" lâcha Sirop, la voix pâteuse et la fatigue de cette folle journée haute en émotions commençant à produire leurs effets.

La shaakt se lança alors dans un long exposé au cours duquel elle affirma... avoir torturé Ezak pour obtenir des informations. Le cœur d'Azra fit un bond. D'un côté, il était soulagé d'être débarrassé de l'agent d'Omyre, qui semble-t-il, croupissait maintenant dans les geôles de Fan'ming, mais d'un autre, il avait peine à croire que cette folle sadique qui se délectait de la description des tourments qu'elle lui avait infligée, puisse être venu à bout du guerrier.
Au plus profond de son âme, les réactions furent bien plus violentes :

(Ok, j'ai rien dit, c'est une pute.) déclara calmement Chandakar.

Mais ce commentaire cynique fut masqué par le froid intense qui émanait d'Arek. Le bracelet de Phaïtos semblait s'être transformé en glace.

(Tue-la.)

(Hé ! Chandy déteint sur toi ?)

La voix de la faera, d'ordinaire indifférente, voire bienveillante, était maintenant si mortelle qu'Azra ne pu réprimer un frisson.

(Cette... créature... est l'incarnation même de tout ce que détestent les lords nécromants. Il est temps de faire ton premier véritable acte de lord. Fini de prier pour les morts. Il est temps d'accorder une fin rapide et sans douleur à cette femme pour éviter qu'elle ne répande davantage de souffrance.)

(Alors c'est ça être un lord ? J'imagine qu'on peut voir ça comme une forme de justice... Mais plus tard. La tuer maintenant serait un aveu de culpabilité.)

Pour terminer, la shaakt, qui tournait autour d'Azra comme un loup autour d'un mouton, lui proposa de lui faire subir le même sort s'il n'avouait pas.

« Je suppose que tu ne voudras pas prendre place sur mon établi rivvil...Mais j'ai l'éternité devant moi, toi il ne te reste que trois voir quatre décennies tout au plus. Je me demande juste une chose, veux-tu passer entre mes mains pour le plaisir ou celui de Valshabarath ? »

Rosie protesta, visiblement écœuré. Sirop, arrivant avec des outres de vin volées sur les cadavres se demandait ce qui se passait. Le capitaine, quant à lui, assurait que ni lui ni les autorités de Fan'ming ne sauraient cautionner de tels actes.
Azra sourit :

« Ah ! L'heure des vérités, hein ? Elle sonne pour tous, tôt ou tard. Et même si cela doit prendre des siècles, vous paraîtrez un jour devant Phaïtos... »

D'un mouvement gracieux, il vint interrompre le cercle de la folle et posa son lourd doigt ganté sur son nez :

« Mais ce jour-là, êtes-vous sûr que vous aurez moins à répondre que moi ? »

Il éclata de rire et s'éloigna de quelques pas pour ramassa l'arbalète de la shaakt qui était tombé par terre. Il se mit à jouer distraitement avec.

« Vos mots sont pleins de haines, et pourtant ils m'apportent une bonne nouvelle : Ezak d'Arkasse serait hors d'état de nuire ! C'est réjouissant. Car oui, je savais qu'il était au service d'Omyre. Je l'ai croisé sur la route et il m'a sauvé la vie. Lorsque j'ai eu la preuve définitive de son allégeance, ce qui n'est arrivé qu'à Fan'ming, ne pas le dénoncé à permis de payer cette dette. Je ne suis guère étonné qu'il ai cherché à m'atteindre, s'il s'était cru pris au piège, car il avait juré de me tuer à notre prochaine rencontre. Il avait fini par comprendre que si je venais d'Omyre comme lui, ma loyauté était bien différente. Et je suis bien placé pour savoir le sort que me réservent les habitants de la ville noire. »

Pour ponctuer ses dires, il appuya sur la gâchette et un carreau alla se planter aux pieds de la shaakt. Mieux valait ne pas laisser son arme chargée à porté de cette hystérique.

« Vos menaces ne me font pas peur. D'autres m'ont infligé des tourments certes plus sommaires mais tout aussi redoutables. Ce casque et ces épaulières, je les ai récupéré sur le cadavre de leur chef. Quant à mon bâton, il vient d'un autre cadavre, celui d'un nécromancien, protégé de Tal'Raban, l'un des plus puissants lieutenants d'Oaxaca. »

Croisant les bras, Azra regarda la shaakt droit dans les yeux :

« Pouvez-vous prétendre avoir fait autant de mal à nos ennemis ? Mais j'y pense... vous êtes vous-même une shaakt. Et tout le monde sait que votre peuple est au service d'Omyre... »

L'hypothèse qui se formait dans son esprit rayonnait. Se pouvait-il qu'elle soit vrai ? Il manquait de preuves, hélas, mais il l'exposa quand même :

« Et si vous étiez tout simplement un assassin envoyé pour me traquer ? Je suis déçu que Tal'Raban sous-estime autant le dernier des vrais lords nécromants au point d'envoyer aussi pitoyable assassin, mais qui sait ? Qui pourra dire que j'ai tort ? Personne. Tout comme pour vous. »

Il léger sourire plana sur ses lèvres :

« Alors, qu'en dites-vous, servante de Valshatruc-muche ? Voulez-vous vraiment continuer au jeu des accusations sans preuves ? »

Bien que quelques minutes s’étaient écoulées depuis mon entrée dans la yourte, aucun autre compagnon ne nous avait rejoints. Demeurer seul en compagnie d’Egregor ne constituait pas l’un de mes désirs les plus chers. Au contraire, j’aurais préféré qu’il partage la tente de quelqu’un d’autre. L’affront qu’il m’avait fait au tout début de notre randonnée demeurait dans ma mémoire et n’était pas près de s’effacer. Et puis, ne l’entendant pas ronfler ou respirer bruyamment, je devinais qu’il ne dormait pas plus que moi. Enfin, c’est l’impression que j’avais. S’il s’était s’agit de la jolie princesse au cheveu d’ébène, je l’aurais questionné sur les effets néfastes de cette petite poudre jaune que j’avais en ma possession. Mais vu l’amabilité de mon colocataire de tente, je préférai m’abstenir de tout commentaire.

Tout en demeurant attentif aux bruits environnants, j’entendis des éclats de voix, rien de distinct, ni de précis, rien qui me fit croire que d’autres attaques avaient sévi. Le sommeil me gagnant enfin, je ne m’occupai plus de rien et je laissai doucement les rêves m’envahir.