Therion jaugea le paysage qui s’étendait en face de lui. Entre le lac, la cité et la forêt, son âme de chasseur penchait lourdement du côté de la dernière, même s’il savait que ce n’était pas celle qui devait constituer sa dernière destination. La tentation de se lancer dans la chasse, seul, était grande, plus grande encore celle de se tailler un territoire dans ce monde qui, bien qu’en guerre, est peut-être vierge de toute revendication de la part d’autres liykors noirs. Mais l’elfe l’a libéré des griffes des sbires d’Oaxaca, et s’il ne se sent pas lié par une quelconque loyauté, il avait ainsi contracté une dette qui pèse sur sa fierté de prédateur ; sans compter qu’il lui fallait pour vivre mieux, comme un prédateur libre et non comme une proie craintive, meurtrir cet ennemi qui fit tant de mal à son peuple.
Le cerveau et l’œil s’associèrent pour juger des distances, établissant une carte mentale entre la forêt, le lac, la ville. Bien sûr il pouvait longer l’étendue d’eau, mais ce serait trop risqué : à découvert, sans grand abris, peut-être sans nourriture. La décision de Thérion fut vite prise : obliquer vers la forêt, pour ensuite continuer de descendre vers le sud, et retourner vers le lac sitôt la forêt dépassée.
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La faim chasse le loup du bois...
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