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Auparavant~
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Par chance, personne n'est blessé, mais aux dires de Dame Lothindil, jamais la magie n'aurait du réagir de la sorte. J'en plisse les yeux mais ne fais aucun commentaire, attendant que ma passagère réponde à son tour. Elle déclare un début de migraine, mais en digne ynorienne, fait rapidement sentir que cela passerait. Les montures reprennent le chemin indiqué dans un court silence. En effet, l'elfe aux cheveux végétaux finit par reprendre la parole. Ignorant sans doute que j'étais aussi peu informé qu'elle, elle demande des précisions sur la tâche fournie par celui que je suppose être le Conseiller Tsukiko. L'appeler nobliau est tout de même loin d'être courtois, mais cela devient une habitude que de ne pas attendre de politesse de sa part. Je ne m'en vexe pas vraiment. Je connais mal cet humain, et n'ai pas à le respecter comme un gradé.
L'émissaire Kizuki explicite notre tâche : que je l'accompagne jusqu'à la cité principale des Hommes Pâles, où se trouve leur Reine, et la convaincre de joindre ses forces aux nôtres. Dame Lothindil et le liykor sombre devaient apparemment rallier les elfes à l'Est du lac Andel. Je comprends aisément le but. Je me rappelle parfaitement que le Capitaine Atsuhiko m'a confirmé que nos forces, tout du moins miliciennes, n'étaient pas mobilisées ici. Il nous faut donc trouver des bras armés sur place pour défaire ce qui semble être une menace conséquente.
Dans mon dos, la voix de la jeune humaine s'élève une nouvelle fois, m'apprenant que le Conseiller veut regrouper ces forces sous notre bannière. À mon grand étonnement, elle dit désapprouver cette idée. Je n'écoute qu'à peine ses paroles louant nos terres lorsqu'elle avoue ne pas se battre pour la République. Elle semble vouloir simplement que tous les alliés agissent de concert contre les forces sombres. Son patriotisme a donc des limites.
Malgré ma conscience me disant de garder mon avis pour moi, je finis par répondre.
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Nécessité fait loi."
Je projette mon regard violet vers l'avant, apercevant la chute de flocons.
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Peu importe le nombre d'épées que compte votre groupe, si ses membres ne savent pas manier leur arme sans tenir compte de leur voisin, les chances de réussites sont minces. La désorganisation est l'un des plus sournois adversaires."
Je marque une courte pause, cherchant à choisir mes mots pour exprimer mes doutes .
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Face à une armée organisée, ménager les sensibilités passe au second plan. Une querelle de têtes ne peut que nuire."
Je plisse les yeux, songeant aux difficultés que je viens de soulever. Je ne connais vraiment rien à Aliaénon. Les peuples que nous cherchons à unir ont peut-être des démêlés anciens. J'imagine sans peine que si des visiteurs d'autres mondes venaient sur Yuimen pour unir républicains et garzoks contre un ennemi commun, la tâche serait toute aussi ardue.
Je prie en silence le quatuor de divinités que je respecte profondément. Pourvu que nous soyons à la hauteur de cette mission.