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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 8 Aoû 2013 22:34 
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Pépin n’avait jamais vu d’autre porte que celle par laquelle la drôle de chevelure d’argent de Flore s’était évanouie quelques instants auparavant. Pourtant, les deux petits gobelins si mignons disparurent dans une autre pièce. Aussi Pépin ne put-il pas résister à l’envie de tendre le cou vers ce qui devait être leur chambre, comme le curieux qu’il était. Il se demanda aussitôt comment pouvait être la chambre à coucher d’un gobelin… Pleine de têtes de mort, à coup sûr ! Et de masses à pointes, eurk ! Et de chaînes tintinnabulantes et tout ça, avec des menottes horribles et pleines de sang et des groins de sangliers avec leurs défenses, bien sûr (parce que ça avait évidemment beaucoup de rapport) !

A cette pensée, Pépin fit une grimace insensée et se ravisa tout de suite en se disant qu’il allait faire peur à Flore avec tout ça. Il eut quelques réponses à ses questions, mais rien de bien concluant et du coup il se promit d’aller les chercher lui-même ! Il fit donc comme si de rien n’était, laissant sa belle hôtesse le cocooner et le rassurer au sujet de sa sûreté. Lunette dormirait là, selon toute vraisemblance, du haut de son étagère perchée… il lui faudrait ainsi être des plus prudents dans ses recherches.

Se tortillant comme un petit vers jusqu’à s’enguirlander de sa couverture rouge toute douillette, il remua et se dandina pour trouver la position la plus confortable pour s’endormir tranquillement – en apparence. Quatre fers en l’air, fesses en haut, genoux sous le nez, tout y passa, tant et si bien que bientôt il eut l’air d’un pantin désarticulé. C’était histoire d’attendre que Flore passât de l’autre côté et que Lunette tournât un peu le dos, qu’il mît son plan à exécution ! Il faisait tellement semblant de fermer les yeux qu’ils se retrouvaient tous les deux tout plissés, pour laisser juste de quoi entr’apercevoir les alentours…

Le livre était si proche !


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 18 Aoû 2013 22:23 
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Le moment attendu par Pépin arriva enfin. Flore décida de dormir exceptionnellement dans la même chambre que les gobelins pour cette nuit là. Se ramassant une couverture, elle échangea quelques mots à Lunette, lui demanda de veiller à ta sécurité, puisque la chouette toute la nuit allait demeurer éveillée.

Flore franchit enfin la porte et la pièce fut déserte, enfin presque, puisque Lunette absorbée par la lecture de son livre, était toujours là !

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 19 Aoû 2013 23:15 
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(Fais bien attention, hein !)
(Oh, pas d'inquiétude à avoir ! Après tout, tu es mon cerveau super-génial : ça ne peut que le faire !)

Un instant, Pépin eut la drôle d'impression que son cerveau de petit génie rigolait dans son coin. Mais il écarta bien vite cette idée : ç'aurait été vraiment trop bizarre ! Quand même, mine de rien, il essaya d'obéir à la voix dans sa tête, et se désenguirlanda consciencieusement de sa couverture rouge toute douce - qu'il n'avait décidément pas envie de quitter, ça c'était certain. Ca y était : Flore s'en retournait avec les deux choupis gobelins, et Lunette s'absorbait toute entière dans la lecture de son livre (bizarre, quand même...) en ne le surveillant pas-du-tout. Et alors ce fut toute une escrime pour se sortir de là. Une patte par-dessus, l'autre par-dessous, les bras décroisés, le nez rabaissé, les fesses relevées, il ne fallut pas moins de cinq minutes au lutin pour retrouver le chemin qu'il avait emprunter pour se tortiller de la sorte.

- Gnuu, laissa-t-il échapper bien à regrets, se plaquant aussitôt les deux mains sur sa petite bouche toute pincée de peur d'en entendre sortir d'autres sons incongrus (mais franchement, c'était vraiment archi-compliqué, comme épreuve !).

Vachement content de lui lorsqu'il finit par sortir de son propre piège, Pépin se glissa telle la plume de grue oranienne qu'il était, furetant, aux aguets, espérant que Lunette ne levât pas ses beaux yeux cerclés de duvet pour le voir dans la posture du Singe-Voleur-à-l'Affût. Pas qu'il aurait honte mais... quand même. Coulant comme la morve au nez de Galipette (la petite sœur trop chouette de ce géant de Gaudriole) il disparut dans les plis et replis et les coins et recoins du sac en jute qui traînait toujours là, telle l'ombre qu'il était tout à coup devenu, et, tout à coup, bim ! le livre était face à lui.

(Et bim ! fermé.)
(Humpf. Du calme, le cerveau, c'est moi les muscles !)
(Hihihi ! Hahahaha !)
(Tu vas voir !)
(Tu as intérêt à remonter tes manches.)
(Toi t'as pas de manches, d'abord, alors j'ai dit : du calme !)

Alors le lutillon très, pour sûr, très héroïque se concentra violemment. Tellement violemment que sa langue toute rose sortait du coin de sa bouche. Voilà qui était drôle à voir, et surtout pour une petite faera taquine qui observait tout ça depuis un perchoir invisible qui supportait à merveilles le poids nul de sa petite personne invisible. Elle regarda tout sourire son trop mignon chevalier de protégé bander tous ses muscles, les bras tendus à toutes forces pour relever la couverture d’un livre qui faisait bien trente fois son poids. Ce fut bien entendu essoufflé qu’il demanda en pensée :

(… fff-fff… il faut aller… fff… à la page… combien déjà ?)
(Quatre-vingt-quatre.)
(…fff… ça fait beau… fff-fff… beaucoup, ça ?)
(Oh, oui… Et tu n’es pas au bout de tes peines. Après c’est cent-soixante-huit.)
(…fff-fff-fff…)


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 20 Aoû 2013 22:11 
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Jet de dés : Ouverture du livre : Échec (un 8… au dé 100.. désolée ! )
La couverture du livre étant probablement trop pesante pour le petit lutin, il l’échappa et elle se referma… sur sa main. Aucun dommage notoire, sinon à l’orgueil.
Alertée Lunette leva un bref instant les yeux de son livre, mais les rabaissa aussitôt, n’ayant rien vu de ce qui se tramait sur la table.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 21 Aoû 2013 19:26 
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(Gloups.)

D'une simple déglutition très, très appuyée, et avec certes de grosses larmes qui pointaient le bout de leur nez au coin de ses yeux, Pépin réussit l'exploit super-héroïque de retenir un cri de douleur strident. Et pour cause ! Tout son essoufflement n'avait servi à rien et tout musclé qu'il était, il n'était au final pas parvenu à soulever la couverture - qui était à sa décharge, on peut retenir ça quand même, vachement lourde. Et maintenant, voilà qu'il était prisonnier de la grosse bouche pleine de pages de ce gros volume de géant, sacrée grosse bête s'il en était ! Et ça faisait mal, drôlement mal, de se faire mâchouiller la main par d'énormes lettres même pas belles.

Pépin, du coup, ne se laissa le temps que de reprendre un peu son souffle et retendit en une seconde tout son petit corps pour sortir sa main de l'infortune. Tout cela, malheureusement, ne suffit qu'à le faire allonger le bras un peu plus avant dans cette grosse mâchoire méchante, et bientôt (puisqu'il était très malin, c'est un fait reconnu) il s'y engouffra jusqu'à l'épaule.

- Uh ? pépia-t-il en écarquillant les yeux devant cette bêtise monumentale.

Mais ce ne fut pas pour autant qu'il décida de relâcher la tension de ses jambes ou celle de son bras, oh non, c'eût été trop facile. Tant et si bien que son épaule agrandit la béance obscure et goulue qui le retenait prisonnier, qu'elle s'y fourra à son tour, et puis avec elle, tant qu'à faire, ses côtes ! Ainsi pourrait-on voir bientôt un lutin dans une position fort incongrue, un peu comme s'il était aux toilettes, pour tout dire : les fesses faisant un mets de choix pour la bête pagineuse, ne restait de lui à l'air libre que ses jambes balançant tranquillement et sa drôle de tête comme sortie de nulle part.

(Si seulement je pouvais prendre une photo, là...)
(Une quoi ?!)
(Laisse tomber. Pousse.)

Alors Pépin poussa - du dos, car il semble qu'il faille préciser - dans l'espoir que la cuirasse de l'animal sautât en arrière.

- Ho, hisse !


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Dernière édition par Pépin le Mar 27 Aoû 2013 22:54, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 21 Aoû 2013 21:40 
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Jet de dés : Ouverture du livre: Réussite !

Cette fois les efforts du lutin furent récompensés. La couverture s'ouvrit.

Le livre était là, à sa portée et grand ouvert.

Lunette, bizarrement, ne réagit point au bruit que provoqua la couverture sur la table.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 27 Aoû 2013 22:52 
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Pépin n'en crut pas ses oreilles : il aurait réussi ? Pour de vrai ? Tout éberlué, il se tourna pour voir s'il ne se faisait pas des idées. Ca lui arrivait souvent, en fait, tout le monde le disait, alors autant vérifier ! Il resta donc bouche bée si longtemps qu'une mouche aurait eu le temps de se faire un petit lit tout douillet.

(Youpiiiiii !)

A peine s'il réussit à contenir son exclamation, tant la joie de voir la couverture du livre de l'autre côté le rendait euphorique. Tout de suite, il sauta sur ses petits pieds en bas de son piédestal, trophée fantastique de la créature de papier qu'il avait fini par vaincre. Il trifouilla un moment la première page, allant de gauche, allant de droite, essayant de s'assurer une prise pour la faire valser de l'autre côté. Pour l'attraper, déjà, ce fut toute une équipée ! Il lécha consciencieusement ses petits doigts pour la décoller de la suivante. Et puis ses petites paumes, parce que ses doigts ce n'était pas assez. Tant et si bien, au final, que le coin en haut finit par baigner dans une mare de salive lutine bien appétissante ! Mais l'important, c'est qu'il l'avait saisie, la coquine !

Tout en lançant régulièrement un coup d'œil à Lunette, de peur qu'elle levât la tête et le surprît en plein sur le fait, il tenta une bonne dizaine de fois d'envoyer la page au loin - en vain. Il finit par en attraper le coin, songeant un moment à ce que sa maman Fibule s'échinait à lui faire faire à la maison : son lit. En fait, un livre de géant, c'était juste un empilement conséquent de duvets et d'édredons. Agrippant fermement le coin sans chiffre de la page une, il courut à perdre haleine de l'autre côté de la reliure, loin, loin ! Et pouf ! elle se posa délicatement sur la couverture avec un murmure étouffé. Un peu comme une plume moelleuse.

Pépin se gratta la tête en se disant, tout à coup, qu'une page après l'autre ce serait peut-être un peu long jusqu'à quatre-vingt-quatre. Peut-être que, par tranches de dix ? N'empêche qu'il se remit à la tâche, comme le brave petit soldat qu'il était.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 30 Aoû 2013 04:26 
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Après de longs efforts, Pépin réussit à se rendre à la page quatre-vingt quatre.

Sur cette page, se trouvait un petit parchemin qui avait été collé sur la page du livre.
Flore avait écrit en haut de la page : Pour calmer les esprits trop échauffés. (Parfait pour retenir Mium, quant il ne peut plus se retenir ! )

Et sur le petit parchemin, on pouvait y lire ces paroles:

Une chanson douce
Que me chantait ma maman,
En suçant mon pouce
J'écoutais en m'endormant.
Cette chanson douce,
Je veux la chanter pour toi
Car ta peau est douce
Comme la mousse des bois.


Et tout en bas, on pouvait lire les consignes. Est plus efficace si chanté par une femme, mais fonctionne bien par un jeune homme dont la voix n'est pas trop grave. Chanter doucement, presqu'en murmurant, le plus près possible de la personne menaçante.

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 Sujet du message: Azuha - Livre Premier - Chapitre premier
MessagePosté: Mar 3 Déc 2013 19:53 
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Elles marchèrent plusieurs minutes avant d'arriver devant leur maison familiale. C'était une villa modeste, sans aucune prétention, qui est certes assez grande pour accueillir tout le monde, mais juste assez petite pour ne pas encombrer le quartier.

Plus Azuha se rapprochait de la maison, plus la nostalgie la prenait. Elle pleurait encore de joie à l'idée que tout soit terminé. Finies les souffrances, finies les famines, finies les ordres. Enfin. Elle était chez elle.

Quand elle vit le portail du domaine, elle lâcha tout. Une seconde fois.


- Tu nous as manqué à nous aussi, Azuha dit Akiko en souriant.

Elles entrèrent dans le domaine, traversèrent le jardin qui n'avait aucunement changé et faisait remonter à Azuha tant de souvenirs heureux. Sa vie d'avant lui revenait peu à peu. Elles ouvrirent le panneau d'entrée, et s'engagèrent dans le bâtiment.

Le vestibule n'était plus le même. C'était à prévoir. Une maison ne reste pas inchangée pendant neuf ans. L'architecture était la même, pour sûr, mais la décoration... Azuha avait du mal à se sentir chez elle, tout d'un coup. Tout avait changé. L'emplacement des meubles, leur facture, les panneaux muraux...


- Je suis rentrée ! annonça Akiko, et après quelques secondes, Devinez qui est revenue !

À la première annonce, on n'entendit rien dans la maison. Dès qu'elle eut dit la deuxième, des pas précipités se firent entendre partout. Il était deux-heures après la mi-journée, un jour de repos apparemment vu le monde qui a réagi.

Azuha vit quelques enfants qu'elles ne connaissait pas arriver en premiers, venant accueillir Akiko, et posant des questions quant à l'identité d'Azuha, qui bien évidemment faisait peur à voir.

Puis vinrent sa mère, Yuuyuko, son oncle et père d'Akiko, Juuhiro, et d'autres adultes dont deux qu'elles connaissait, puis d'autres enfants et adolescents et jeunes adultes dont son cousin Ryouhan. Tous ceux qui la reconnurent vinrent l'étreindre, en pleurs.

Azuha était heureuse. Mais elle constata bien vite que ni son père ni son frère n'étaient là, et que sa mère avait des cheveux plus courts que de coutume.

Les questions fusèrent. Que lui était-il arrivé ? Où était-elle tout ce temps ? La raison de son état ; l’œil et le doigt manquant. Tout le monde voulait connaître son histoire.

Aussi, elle décida de raconter l'histoire, à tout le monde y compris les enfants. Mais elle demanda bain, nourriture, coiffure et tenue avant cela.

Et elle put se laver, à l'eau fraîche comme elle demanda, lui rappelant le lavage à la neige dans les montagnes.
Et elle put se coiffer, avec l'aide d'Akiko comme au bon vieux temps, neuf ans auparavant.
Et elle put s'habiller, d'une jolie tunique blanche qui appartenait à Akiko quand elle avait son âge, lui allant tout juste, mettant sa poitrine et sa fine taille en valeur.
Et elle put s'enjailler à manger à sa faim, ce qu'elle ne fit pas car elle savait qu'il était dangereux de remplir à raz-bord un ventre vide. Elle mangea juste assez pour se nourrir, et s'en contenta.

Suite à cela, une réunion familiale se tint dans le salon, où Azuha s'assit devant l'âtre éteint, lavée, coiffée, rassasiée, habillée, et les autres en public devant.

Elle raconta comment Grikk, le vendeur d'esclave, l'avait manipulée pour pouvoir l'enlever, et s'excusa platement auprès de sa mère pour l'inquiétude qu'elle lui laissa, et pour avoir désobéi et menti. Elle raconta comment l'homme l'avait traitée en esclave, sans être trop explicite sur les détails que les enfants ne devaient pas connaître. Elle raconta comment elle a perdu son œil et son doigt. Elle raconta comment elle s'était échappée à Omyre, et pourquoi elle a fui vers les montagnes. Elle raconta comment Brònn l'avait sauvée et comment les Purs l'avaient élevée. Elle raconta comment elle passa son âge adulte, et comment Brònn lui donna son pendentif.

L'histoire fut longue à conter, et Azuha, bien que ce soit pour certains des souvenirs douloureux, parvenait à se contrôler pour ne pas exploser de colère ou de douleur. Elle était assez humble pour reconnaître qu'elle était la seule fautive à ce qui lui était arrivée, et s'interdit de pleurer encore à cause de souvenirs qu'elle avait initié.

L'histoire terminée, il était tard dans la deuxième mi-journée, et les enfants allèrent jouer dans le jardin ou dans leur chambre, la session devoirs commençant dans deux heures, juste avant le souper. Les autres restèrent avec Azuha pour lui poser des questions.

On lui demanda si Grikk l'avait violée, et elle répondit que non. On lui demanda si Grikk l'avait frappée, et elle répondit que oui. On lui demanda si son œil lui faisait mal, et elle répondit que non. On lui demanda si son doigt l'handicapait, et elle répondit que non.
On lui demanda si elle avait déjà lancé son premier sort, et elle répondit que ...


(...Quoi ?)

Juuhiro sourit. Il avait posé cette question.

- Mon oncle. Vos enseignements furent bénéfiques, contrairement à ce que vous pourriez avoir pensé. J'étais simplement trop jeune pour mon premier sort. Quant à la réponse à votre question, oui, je l'ai lancé. J'ai créé un mur de glace pour combattre le vent, pendant le Rite des Enfants Purs.

Juuhiro hocha la tête.

- Tu viendras me voir ce soir après le souper, dans le dojo. J'ai à te donner une chose.

Azuha acquiesça.
- Entendu, mon oncle.

Ainsi, le temps passa, et elle retrouva la vie qu'on lui avait enlevé. À quinze ans, bien entendu, elle devrait avoir une éducation bien supérieure en terme d'histoire, de langage, d'écrit, et surtout de ménage. Les femmes en Ynorie sont préparées à former le meilleur mariage possible. Elle, on l'avait préparée à affronter le froid. Grande utilité, ici bas. Elle devrait rattraper tout ce temps perdu aussi.

Mais le voulait-elle ?

La grande majorité d'Azuha est heureuse que sa vie soit revenue à la normale. Une petite partie de son être trouve dommage de s'être arrêté ici : l'aventure, c'était bien, aussi.

Elle passa le reste de la soirée à discuter avec la famille. On l'informa des récentes arrivées dans le clan. Et on l'informa des départs.

Son père, Ryuuhaku, n'avait pas pu tenir sa huitième année sans sa fille. Il s'était tué dignement. Le plus triste était qu'il l'avait fait à peine deux mois plus tôt.
Quant à Koosuke, il n'était jamais revenu d'une bataille il y a quelques temps. Un officier de la milice était venu le mois dernier pour annoncer sa mort. Koosuke avait vu de nombreuses batailles, et il n'avait fait que progresser dans les grades depuis.

Les deux hommes qui comptaient le plus pour Azuha s'en étaient allés. Partis. À jamais.
Étrangement, Azuha ne fut pas grandement peinée. Certes, leur mort l'attristait. Mais là où elle aurait dû pleurer toutes les larmes de son corps et perdre espoir, elle était juste ... peinée. Elle fut séparé d'eux pendant neuf ans, et s'était préparée à ne jamais les revoir. Quand elle fut revenue et qu'ils n'étaient pas là, elle n'était pas tant surprise.

Le souper se passa sans accroc ni souci, et dans la bonne humeur, malgré les récentes nouvelles. Aux yeux de Yuuyuko, perdre un fils au combat et un mari lâche et déshonoré était un bon prix à payer pour récupérer une fille qui pourrait être un mariage fabuleux. Azuha, avec tout ce qu'elle a vécu, pourrait être considérée comme une guerrière. Il est possible qu'elle ait vécu pire que certains des guerriers de la milice affublés de médailles. Survivre neuf ans, avec neuf doigts et un œil, beaucoup là-bas, ne le pourraient pas. C'était du moins ce qu'elle ressentait quand son fils lui racontait ce qu'il s'y passait parfois.
L'humeur était donc à la joie et aux rires.

Après le souper, Azuha alla rejoindre son vieil oncle dans le dojo au fond du jardin. La salle était petite, mais pour méditer, c'était l'idéal. Son oncle était assis près du mur du fond, à côté des râteliers sur lesquels étaient accrochés des armes, lames, et armures en tous genres. Azuha s'assit en face de lui, à deux mètres.


- Il est fort heureux de te revoir parmi nous, Azuha. dit-il.

- Merci bien, mon oncle. Je suis heureuse d'avoir pu rentrer.

- Comment appréhendes-tu ta vie à présent ? Tu as vécu beaucoup de choses pour une si jeune femme. Des choses que jamais tu n'aurais dû expérimenter. La vie ici pour une femme est beaucoup plus paisible. Le choc pourrait être difficile.

- Mon oncle. Du repos est exactement ce dont j'ai besoin après tout ça. Mon corps est reposé, nourri, lavé. Mais mon esprit est encore tourmenté.

- Je comprends. Si jamais tu veux parler, te confier, n'hésite pas à le faire. Tout le clan sera là pour toi.

- Merci, mon oncle.

Juuhiro tendit le bras et prit une des armes enroulées dans du tissu sur un râtelier derrière lui. Il la tendit à Azuha.

- Prends-le. dit-il simplement. Il appartenait au dernier maître des Glaces du clan.

Azuha le prit délicatement. L'objet n'était pas très lourd, mais il était surtout très long.

C'était un bâton de bois brun, gravé de magnifiques motifs représentant un souffle de flocons de neige s'enlaçant autour du bois. À son extrémité est encastré un support en acier enchâssant un cristal opaque aux reflets bleutés.


- Le cristal est de Hélcéa, et le bâton lui-même du bois de Cheveux de Gaïa. dit son oncle pendant qu'Azuha s'émerveillait.

- Merci infiniment, mon oncle.
Azuha s'inclina très bas.

- Inutile de s'incliner devant moi, la rassura-t-il, avec un petit rire. Je ne suis qu'un vieil homme qui fait cadeau à sa nièce qui mérite bien mille fois plus.

Azuha se releva.
- Mon oncle, pouvez-vous me parler de ce dernier maître des glaces ? Quelle est l'histoire de ce bâton ? A-t-il un nom ?

Juuhiro pouffa.
- En voilà une fille curieuse. Tu n'étais pas à ce point enthousiaste quand je te faisais leçon, me semble-t-il.

Juuhiro raconta l'histoire de ce bâton et de son dernier porteur, Rintarou Kizuki, troisième de son nom.

C'était il y a plus de cent années avant celle-ci, pendant la Grande Guerre contre les Garzoks. Rintarou était un jeune mage d'une vingtaine d'année, tout juste engagé dans l'armée. Il combattit avec une baguette bon marché quelques temps, et il arrivait à non seulement survivre, mais se démarquer, en bataille. Ses sorts de glace permettaient de ralentir les ennemis considérablement. Sa carrière militaire était loin d'être déplaisante. Mais il se rendit compte au bout d'un temps que sa vie manquait d'inconnu et d'aventure. Certes, il était dans l'armée, donc l'action ne manquait pas, mais la vie était toujours la même, et lors des combats la stratégie la plus efficace restait souvent la même. Aussi décida-t-il de partir à l'aventure, braver l'inconnu. Il partit, à pied, explorer le monde, à l'âge de trente ans. Il revint un jour, trente ans plus tard.

Les aventures que Rintarou avaient vécus étaient trop nombreuses pour être narrées en une nuit. Lui-même n'a jamais terminé ses mémoires, qu'il a passé la fin de sa vie ici à écrire. Mais l'une d'elle fut sauvegardée, et c'est comment il obtint ce bâton.

Juuhiro sortit quelques pages de manuscrits anciens d'un tiroir et les lut à Azuha.

Ce bâton était avant d'être un bâton magique, une simple branche, que Rintarou utilisait pendant ses voyages en guise de canne. Vingt ans, elle resta une canne. Mais c'est alors que le mage rencontra des Fujoniens en haut des Montagnes de Nirtim qu'il redécouvrit complètement la magie de la glace. Pour lui, jusque là, la Glace n'était qu'un moyen d'arriver à ses fins. Trop chaud ? Fraîcheur magique ! Un feu ? Bouclier glacial ! Des ennemis ? Refroidis ! Mais chez les Purs, manipuler la Glace était un art. C'était l'expression artistique d'un froid constant, d'une gelée éternelle. La Glace était plus que le froid, la neige, et la glace. C'était la Montagne elle-même, c'était le froid mordant, la neige éclatante, la glace bleutée. C'était à la fois dur et fragile, c'était à la fois brûlant et doux, c'était à la fois inerte et véloce. C'était beau.

Rintarou reconsidéra sa vision de la manipulation de la Glace, et adopta cette version artistique de la magie. Il redécouvrit le monde sous des yeux nouveaux. Et il décida que son bâton, qui était dur mais périssable, qui était rugueux mais offrait un doux appui, qui était incassable mais voyageait avec lui, devait représenter cette beauté. Il en ferait un bâton des Glaces.

Mais, comment rendre une simple branche magique ? L'enchanter ne suffirait pas, le bois pourrirait bien trop vite. Rintarou erra dans le froid et la neige en quête d'une réponse à cette question. Il devait bien y avoir quelque chose de magiquement glacial dans ces montagnes. Son œil fut attiré par un reflet d'argent, qui provenait d'un rocher apparent. Le rocher abritait un gisement d'acier. Une idée lui vint : si le bois était trop éphémère, le métal le serait-il ?

Il retourna auprès des Fujoniens pour leur expliquer sa théorie et leur poser des questions. Beaucoup ne surent quoi répondre, mais un des anciens lui parla du Hélcéa, le métal de la Glace. Lui-même n'en avait entendu parler qu'en légende pendant quinze ans, âge auquel un ermite Fujonien, chose rare dans ces montagnes, vagabond, était venu le voir pendant son rite, et lui avait laissé une pierre bleue étrange, plus froide que la glace. Il la montra à Rintarou, qui, émerveillait, décida d'avoir la même chose au bout de son bâton. Le vieux Fujonien lui expliqua qu'il n'était pas possible de créer ce métal, seul les dieux en étaient capables.

Un jeune, qui écoutait la conversation, les interrompit pour leur parler d'une rumeur qui disait qu'un Ancien Fujonien d'une autre communauté possédait le don de modifier la matière et de changer un métal en un autre. Le vieux estima que c'était inutile de le chercher, qu'il fallait mieux chercher le métal lui-même dans les montagnes. Mais Rintarou, avide d'inconnu, de risque et d'aventure, décida de chercher cet ancien. Avant de ce faire, il emprunta une pioche, alla chercher du minerai d'acier là où il l'avait repéré, et partit à la recherche de l'Ancien.

Il le trouva après avoir vu de nombreuses communautés, et quelques autres créatures hostiles. Il lui expliqua son projet, et l'Ancien, qui aimait les défis, accepta de l'aider. Ainsi, ils s'attelèrent à deux à créer un cristal d'acier à partir de ce minerai brut - créer une forge improvisée dans les montagnes n'était pas facile, mais la magie de la Glace aida à empêcher le froid d'accéder certains endroits, et la chaleur put fondre le métal. Puis ils parvinrent à changer ce cristal d'acier en cristal de Hélcéa, grâce à la puissante magie de Terre de l'Ancien, et la magie de Glace de Rintarou. Ce dernier profita de la forge pour créer un support pour le cristal, adapté au bâton, et grava le bâton de motifs adéquat en usant de sa magie pour lier le cristal au bois par le métal. Le bois ne pourrirait plus, car son cycle de vie était interrompu indéfiniment par la magie du cristal.

Rintarou, à cinquante ans, avait créé son bâton des Glaces. Il continua ses aventures avec, le chérissant comme la Glace elle-même.

Juuhiro remit le manuscrit dans le tiroir. Azuha était sans voix. Elle avait dans ses mains un bâton créé là d'où elle revenait. Elle porta sa main à la dent d'ours qu'elle portait autour du cou, et repensa à Brònn, au temps qu'elle a passé avec lui à apprendre l'Art de la Glace, l'Art de la Voix ..... le Troisième Art. Elle se promit de retourner le voir bientôt. Il n'était pas loin, à peine trois jours à cheval jusqu'à la Porte, et deux jours de plus à pied depuis le village.


- Merci, mon oncle. J'en prendrai grand soin, mon oncle.

Azuha s'inclina encore une fois. Juuhiro pouffa lui aussi une autre fois.

- Il t'appartient à présent. Quant au nom, s'il en a eu un un jour, il n'est pas noté là, et on ne me l'a jamais dit.

Azuha baissa la tête en guise de remerciement. Son oncle, s'il n'avait pas été utile avant son départ, avait rattrapé beaucoup de lacunes en moins de deux heures.

Azuha se demanda si lui trouver un nom tout de suite était une bonne idée, et décida que ce serait lui manquer de respect. Si un nom il aura, honnête celui-ci sera et il devra se faire au cours du temps, Elle ne pouvait pas décider sur le tas de l'appeler Brònn ou même Rintarou.

Azuha allait se lever quand son oncle la rappela.

- Je te déconseille d'essayer d'utiliser ce bâton avant d'avoir la puissance nécessaire. Rappelle-toi. C'est la création d'un maître aguéri pour sa propre utilisation. Sois sûre d'entraîner ta magie avant d'en user.

Azuha comprit et acquiesça. Elle n'était qu'une novice de quinze ans, malgré tout. Elle avait ce bâton en sa possession, mais l'utiliser serait hors de question tant qu'elle n'aura pas un niveau suffisant en magie.

L'heure se faisant tardive, les deux Kizuki se levèrent, et allèrent se coucher. Le jour suivant, Azuha irait visiter la ville, et surtout en profiter pour aller à la milice pour voir si un ancien coéquipier de son frère existait qui pourrait lui dire ce qui lui est réellement arrivé, et si possible aller voir le champ de bataille où il est tombé. Après quoi elle irait honorer son père et son frère au bochi.


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 7 Fév 2014 01:38 
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Le gravier de l'arrière-cour toute entière est recouvert de feuilles mortes, détrempées par la pluie, qui forme un tapis épais où mes pieds s'enfoncent en faisant un bruit spongieux. Il n'y a ni outils ni matériels qui traînent et même le puits est scellé par une pierre large comme ma main mais là-bas se trouve la clé de la porte, cachée dans la manivelle.
La porte glisse sans bruit sur le long couloir qui traverse l'annexe droite de la maisonnée. La plus petite, où se trouve les cuisines, les bains et où logent deux de ses domestiques. Le chef cuisinier, sans doute aussi vieux que Keyoke et qui ne vit sur place que depuis quelques années en raison d'une patte folle, un grand homme chauve et bedonnant avec toujours un sourire guilleret aux lèvres quand il travaille, mais dont la voix porte jusqu'au bout de la rue quand il crie. Ainsi que son secrétaire, fils du prédécesseur, un petit homme au visage carré et crispé, vêtu de rouge en toute circonstance qui ne se sépare de ses petites lunettes rondes de vue ou de son registre que pour dormir. D'un caractère hautain et une attitude fière ; trop disent certains ; il est très estimé par Keyoke qui lui a confié la gestion de ses affaires.
Ces deux hommes sont d'ordinaires très matinaux et je m'étonne en pénétrant les lieux de ne voir aucune lumière.


Ce n'est qu'après avoir franchi le seuil de la grande cuisine que je comprends la raison du lourd silence qui pèse dans la maison, du manque d'activité et de l'odeur trop présente de poussière.
La maison est vide … et malgré tous mes efforts pour ne pas me laisser submerger par mes sentiments, mon cœur me fait l'effet d'une masse qui s'effondre sur mon estomac. Pendant une seconde, ma vie bascule à l'idée qu'il soit mort puis mon cerveau divague vers des pensées aussi cyniques que réalistes. S'il l'était, sa maison serait tout sauf vide, elle serait envahie d'héritiers et de vautours près à picorer la moindre miette de ses richesses et de sa position sociale sur la ville.

Je me fais l'effet d'une étrangère en arpentant le corridor qui borde le jardin central et les pièces plongées dans la quasi-pénombre. Tous les meubles sont recouverts de linges et de draps pour les protéger de la poussière … comme à chaque fois qu'il part pendant des semaines, voir des mois entiers. Je me sens presque comme un fantôme et dans les jeux d'ombres et de lumière de ce jour placé sous le signe de la pluie, je vois deux époques se superposer. Celle dans laquelle une adolescente partage et participe à la vie commune des lieux et celle dans laquelle une jeune femme déambule parmi le ralenti de ses souvenirs.


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 26 Fév 2014 14:26 
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[Précédent : Un contrat étrange]

[Villa délabrée de Kiritsugu]


Beaucoup de voleurs préfèrent infiltrer les maisons la nuit. Non pas parce que leurs habitants dorment (Dans le quartier Nord, c'est même le contraire), mais parce qu'il est plus facile de se fondre dans les ombres, et disparaitre. Malheureusement, Shaoran regrettait amèrement son choix, dès la porte d'entrée refermée. Aucune lumière ne filtrait à l’intérieur. Pas de fenêtre, ni d'ouverture. Et la nuit sans lune au dehors ne faisait aucun effort pour entrer. Le noir était complet, et même après une longue minute, les yeux ne captaient aucune lueur. Le jeune adolescent du donc avancer en aveugle, par tâtonnement, dans la crainte de cogner un meuble, ou renverser un bibelot qui aurait trahit sa présence.

D'après le plan, un long couloir partait sur sa droite, longeant le mur extérieur. Il desservait plusieurs pièces, et avait tout au bout, un escalier. Après une longue bataille avec les ombres, Shaoran y parvint enfin, et grimpa au premier étage. Les marches, en bois vieillit et rongé, grinçaient à chaque pas. Et malgré toutes les précautions du monde, rien ne pouvait empêcher les marches de protester.

Une fois à l'étage, il du traverser toute la maison dans l'autre sens, sur toute sa longueur. Maugréant contre l'architecture de la bâtisse. Pour traverser les trois pièces reliées les une aux autre par des porte heureusement ouvertes, il mis une grosse demi-heure. L'idée de passer dans une pièce jouxtant l'extérieur, et avec une fenêtre, lui avait traversée l'esprit. Mais c'était un petit détour, qui ne lui rajouterais qu'une chambre éclairée, sans plus.

L'escalier en colimaçon, menant au second étage, était, lui, en pierre. Il devait certainement faire parti d'une autre maison, à l'origine. Au moins, Shaoran ne risquait pas de faire craquer les marches. Il se dépêcha donc d'avancer, oubliant qu'il affrontait un noir complet. Il n'avait pas prévu la porte en fer, et s'éclata le nez dessus. Il ne pu réprimer un grognement de douleur, et quelques larmes lui montèrent au yeux. Cette maison de malheur lui portait un peu trop sur les nerfs, subitement.

Deux salles et un couloir plus tard, il arriva enfin devant la porte du bureau. Une main sur son nez sanguinolent, il l'ouvra. Et se retrouva ébloui. Au plafond, une petite lucarne laissait filtrer un peu de la lumière des étoiles. Mais, ayant passé une petite heure sans aucune lueur, le faible éclats des astres lui blessa les yeux. A moitié aveuglé, il ne pris même pas le temps d'observer les alentours, et se dirigea droit vers le tiroir indiqué sur le plan. Il l'ouvrit, et le trouva complétement vide.

Hein ?!

Il chercha un quelconque double fond, d'autres instructions sur le plan... rien. C'était bien là que devrait ce trouver ce maudit bouquin, avec la lettre scellée... Soudain, il sentit comme une présence. Un instinct qui lui soufflait que quelqu'un était là, à le regarder. Il se retourna vivement, dague au poings, et se retrouva face à un grand Yorien aux cheveux en bataille et l'air sombre.

C'est ça, que tu cherche ?

Il tenait entre ses doigts l'enveloppe, et de l'autre main, une arbalète négligemment pointée vers le sol. Mais chargée.

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Il n'y a que dans la lumière que l'on prend conscience des ombres qui nous enserrent


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 18 Mar 2014 19:05 
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J'arrive à la porte de son bureau privé. Une pièce où peu de personnes, même parmi les domestiques, ont été un jour autorisé à y mettre les pieds. Je fais partie de rares … et je ne sais si cela vient de mon réveil récent ou bien de l'atmosphère étrange qui règne ici, ou le résultat des deux si je devais choisir, mais toujours est-il que je ne m'étonne que maintenant de ce fait. Je ne suis pour ainsi dire personne.

J'entre au ralenti sous l'emprise d'une soudaine nostalgie et referme la porte tout aussi lentement. Adossée à la porte, les yeux fermés, j'inspire profondément en relevant la tête. Je marque une pause sans respirer quelques secondes pour me baigner tout entière dans cette soudaine sensation salvatrice qui m'entoure : je me sens réellement vivante pour la première fois depuis mon réveil. Je distingue l'odeur de l'encre, du papier de parchemin, de l'encens, du vieux bois et du vernis de ces meubles et surtout, je sens et ressens son odeur à lui, identifiable entre toutes mais indescriptible. Même aveugle, je sais que tout ici est comme ça l'a toujours été.
De mémoire, je survole la pièce comme un oiseau curieux. Sur ma droite doit se trouver une petite table ronde avec une mosaïque onirique sur son plateau et au dessus est accroché un grand miroir au cadre sculpté et recouvert d'or. Sur le mur de droite perpendiculaire à moi se trouve l'unique fenêtre vers l'extérieur, très haute et si étroite que je pourrais à peine m'y glisser et encore il ne faudrait pas que je porte de vêtements. La fenêtre donne sur le jardin intérieur et, dit-il, n'est là que pour l'aération. Sous cette dernière il doit y avoir son armoire aux mille tiroirs comme je l'appelle depuis toute petite où sont préservés des fleurs séchées, des racines, des poudres, des sucs d'animaux et que sais-je encore qui puissent servir à concocter toutes sortes de potions et d'onguents, mais je ne l'ai jamais vu y travailler. Mon survol aveugle s'arrête ensuite sur l'immense fresque qui orne le mur face à la porte. Elle s'étend d'un bout à l'autre du mur et du sol au plafond, gigantesque. Une représentation d'une des nombreuses batailles entre clans d'une époque qui a maintenant perdu la plupart de ses témoins. L'œuvre est superbe, même pour une réfractaire à l'art comme moi, mais elle ne prend réellement sens que dans les yeux de Keyoke. Elle représente pour lui et sa famille l'instant où, des générations avant, son ancêtre marqua l'histoire par sa bravoure et son ingéniosité.
Devant la fresque se trouvent son bureau et un pupitre tout contre, toujours rangés quel que soit l'heure ou l'intérêt de l'affaire dont il s'occupait, à l'inverse du plancher autour du bureau très rarement visible. Le long du mur à ma gauche se trouve une grande banquette recouverte de coussins, plus que sa taille pourrait en contenir et plus souvent utilisée que son propre lit.
Puis, avant que mon observation mémorielle ne se termine par les coffres et râteliers d'armes, l'image se défile brusquement et je me vois, dos à la porte. Cette soudaine apparition me surprend et j'ouvre les yeux en sursautant, le cœur battant la chamade et les poings serrés, m'attendant à faire face à quelqu'un, ou quelque chose.
Mais il n'y a personne …
Je souris alors malgré moi devant l'évidence. La solitude me pèse, bien plus que je ne peux l'avouer, d'autant plus ce matin où tous mes efforts pour trouver la paix se heurtent à un édifice forgé de milliers de questions sans réponses et d'une peur sans substance.
J'ai toujours été plutôt hermétique à tout exercice de méditation, je n'ai même jamais vraiment compris le principe de faire le vide en soi et bien que mon ego ne semble pas vouloir l'admettre, force est de constater à cet instant que ces enseignements me seraient bien plus utiles que ma propre technique, qui consiste à me concentrer sur des choses n'ayant aucun lien avec le motif de ma tourmente, ce qui en ces circonstances, est impossible.

Trop fière pour m'abandonner à des regrets ou au désarroi, j'inspire profondément et enferme mes sentiments dans un recoin de mon esprit jusqu'à en oublier un jour l'accès.

Je remonte ma large capuche pour mieux voir la pièce. Tout semble là et à sa place, les meubles, les tapis, les objets qu'il utilise au jour le jour et ceux qu'il expose, sauf sur ma gauche. Les coffres sont ouverts et le présentoir où se trouvaient ses deux plus beaux katana est à terre, et vide.
Keyoke est un collectionneur dans l'âme, d'œuvre d'art ou d'objets magique plus ou moins rares. Il entrepose ici les pièces pour lesquelles il a un attachement particulier, familial ou personnel, et les plus puissantes … ou selon mon humble avis : "trop dangereuses pour exister". Il n'aurait jamais laissé tout ça dans cet état même s'il avait du partir précipitamment. Je suppose d'ailleurs qu'il aurait préféré tout emporter plutôt que de faire le tri à la hâte.

Je me dirige rapidement vers le bureau pour peut-être mettre le doigt sur un indice m'indiquant la raison de son absence, un semblant d'explication qui empêcherait mon esprit confus d'être troublé par des présomptions délirantes. A mon grand regret, il n'y a rien de tangible si ce n'est quelques lettres scellées à la cire laissées pêle-mêle sur le bureau, mais il n'y a aucune note désignant un quelconque destinataire, à part des marques sur certaines ressemblant à des dessins abstrus, guère plus que des gribouillis à mon sens. Je m'abstiens de chercher du côté des tiroirs car en magicien prétentieux qu'il est il n'y a ni serrures, ni poignées. Il avait d'ailleurs toujours un sourire narquois aux lèvres quand je lui en faisais la remarque …
Je me surprends à sourire à cette pensée mais il ne dure pas et laisse la place à un petit écho nostalgique où je me revois à la même place, devant les mêmes tiroirs, avec mon vieux mentor à mes côtés, tentant de m'expliquer le fonctionnement de sa magie. Je le revois nettement me montrer du doigt sa commode aux mille tiroirs et me dire que l'un d'eux m'est réservé … mais qu'il me faudrait le trouver par moi-même, sans hésitation et que ma conviction serait la clé.
La recherche continue mais tout ce que je trouve ne concerne que ses activités courantes et chaque parchemin lu et parcouru même sans minutie me met de plus en plus mal à l'aise. J'ai l'impression, malgré mon inquiétude, de profaner la relation de confiance qui s'est installée entre nous depuis toutes ses années.
Ne pouvant pourtant me résoudre à repartir je m'assois au milieu de la pièce en remontant les jambes contre mon torse, le menton sur mes genoux puis, à défaut de plonger dans un long recueillement méditatif, je reste face à ce fameux meuble énigmatique en tout point afin de me concentrer sur du concret suffisamment éloigné des réflexions de mauvais augure qui rôdent autour de moi. Les compartiments ont des tailles irrégulières et sont pourtant parfaitement emboités les uns dans les autres ; les différents styles d'écriture sur le devant ne sont pas tous de la main de Keyoke, il y en a même dans une langue qui m'est inconnue et d'autres ne sont que des symboles tout aussi incompréhensibles pour quiconque n'est pas dans le secret. Il me faut plusieurs fois remarquer certains d'entre eux pour faire le lien avec certaines des marques sur les lettres scellées … et tandis que je les redessine dans ma tête pour les mémoriser, ils prennent place dans une spirale qui s'intègre dans un tableau plus grand que je suis sûre d'avoir déjà vu quelque part …
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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 1 Mai 2014 02:30 
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Je me réveille en sursaut avec la vague impression de l'avoir été par un bruit, la bouche pâteuse et le visage encore endormi. Je ne sais ni quand ni comment je me suis retrouvée au milieu de tous ces coussins, comme un noble dans son palanquin, mais j'en arrive presque à apprécier la sensation cotonneuse de mon corps reposé et plein d'une énergie qui n'a besoin que de quelques battements de cils pour bondir.

Un bruit éclate à nouveau et résonne comme un son de déjà vu.

Excitée à l'idée de retrouver mon mentor, je m'éjecte littéralement des coussins et me précipite vers la sortie.
J'ouvre la porte à la volée et reste sans voix, stupéfaite au point de ne plus bouger un muscle, mais mon inconscient est déjà en train de mettre en charpie la silhouette à quelques pas devant moi, immobile elle aussi.

Il est habillé d'une combinaison complète de couleur foncée, les mains gantées et une cagoule serrée. Les petits voleurs d'occasion ne portent pas ces habits et ces couleurs, ils n'osent pas ; mais lui, bien que vêtu comme un des membres de la plus experte des guildes, il reste planté là sans faire le moindre geste de fuite ou d'attaque, on le dirait complètement ahuri et prit au dépourvu.

Il bouge soudain la tête vers le couloir où je n'ai aucune visibilité mais tout son corps se détend, comme soulagé et je n'ai pas besoin de la vue pour comprendre que quelqu'un vient … le son grandissant de sa course me ramène à la réalité.

Je plonge d'instinct vers le premier au moment même où il lève la main dans ma direction. Son complice est à l'entrée de la grande porte largement ouverte et lance son kunai un temps trop tard … je l'entends se planter dans la porte que je viens de quitter, mais le suivant passe bien plus près, à peine quelques centimètres au dessus de mon dos alors que je roule au sol et glisse sur le parquet. Le troisième, lui, vole juste au dessus de mon épaule mais ne coupe que des mèches de cheveux à la traine … le quatrième est encore plus précis, il atteint l'épaule de son complice derrière lequel je viens tout juste d'arriver. Ce dernier n'est résolument pas du même acabit que son compère car nous ayant vu arriver sur lui, le kunai et moi, il n'a eu comme réflexe que d'élever la voix comme si cela suffisait pour dévier la pointe d'une arme. Il pousse un cri rageur plus que de douleur, mais malgré sa blessure il tente de se retourner en lançant un coup à l'aveugle. Je le bloque sans difficulté, attrape son bras et me sers de son élan pour le retourner dans son dos avant d'empoigner le kunai planté dans son épaule..

- Attendez, attendez, Aaatendez, supplie soudain celui à ma merci.
- Ferme-la !
Mais il continue en bégayant, m'implorant de l'écouter bien que je doute que lui m'ait entendu. Son complice en a profité pour poser son sac en toile à terre, déjà bien rempli si j'en crois le tintement qu'il produit. Plus grand et plus musclé, il porte le même type de vêtements, mais n'agit pas non plus comme je l'aurais pensé. Je n'ai peut être affaire qu'à des amateurs téméraires ou des audacieux espérant prouver leur mérite à une guilde hors de portée. Mais même le plus abruti des brigands de cette ville sait que même vides d'apparence, toutes les maisons appartenant à des personnes illustres comme Keyoke ne le sont que très rarement. Et l'un d'eux a été littéralement médusé de me voir et le second, bien qu'habile, n'a pas l'air d'avoir sérieusement prévu l'éventualité de tomber par hasard sur quelqu'un car il tâtonne sa ceinture comme s'il comptait ses munitions.

- … c'est pas c'que vous pen-pensez, en-enfin moi … dit-il un ton plus haut, dérivant le fil de mes pensées.
- Ferme-la j'te dis !! Et cette fois pour lui imposer le silence je remue la pointe du kunai dans son épaule.
Il grogne et tente de bouger mais sans ardeur, juste assez pour trouver une position moins douloureuse car une fois à nouveau immobile, il se remet à parler en tentant cette fois de minimiser son implication et ses responsabilités pour les différents vols perpétrés ici. Rien ne le fera taire celui-ci, si ce n'est une gorge tranchée … ce qui aurait pu être son brusque futur si je n'étais pas moi-même un peu plus lente à la détente.
Les secondes passant, la situation devient de plus en plus tendue mais leur comportement n'est pas le seul en cause, le mien l'est tout autant, plus personnel, plus cérébral. En d'autres temps, j'aurais déjà établi un plan, qu'il tende vers la négociation, la manipulation ou la neutralisation. Mon instinct combattif est encore là, quelque part, planqué derrière cet état léthargique constant et cette impression tenace de doute quant à ce que je dois, peux ou suis censée faire.

J'ai plus que besoin d'en finir au plus vite, de libérer mon esprit fatigué de ces divagations incontrôlables et de me dégourdir les jambes car Qui sait combien de temps je suis restée … endormie.
Et je sais comment y arriver sans perdre tout l'avantage que j'ai sur eux.

Je tourne le kunai dans la plaie du premier et comme à chaque fois la douleur lui fait dire des mots que l'autre n'apprécie que moyennement, qui braque sur lui un regard de plus en plus nerveux avant de se détourner vers moi à nouveau, sondant mes intentions … et je le remarque seulement maintenant, ce qui calme et calmait ce type jusqu'à maintenant c'est l'inintérêt porté aux propos de son complice.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 1 Mai 2014 02:36 
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Mais cette fois, je ne suis pas simplement à l'affût, sourde à ce qui se passe, à attendre bêtement qu'il fasse mouvement pour répliquer. Le léger frémissent de ses yeux cernés de noir face à mon regard volontairement railleur me rend presque guillerette car cette fois, on va enfin pouvoir passer aux choses sérieuses.

Comme deux êtres synchronisés nous attrapons notre arme en même temps sans quitter l'autre des yeux, tous deux sachant exactement où placer nos doigts pour trouver nos dus … lui soulève une sangle de sa ceinture où est caché son dernier kunai et j'enfile celui planté dans l'épaule de son complice autour de mon annulaire et ce dernier, nous sentant prêt à en découdre, se tait brusquement après un dernier mot à peine chuchoté à mon intention. "Pitié"
- On verra plus tard, lui réponds-je dans un souffle avant de lui lâcher le bras et de retirer le kunai

A la même seconde mon adversaire lance son dernier projectile et je m'accroupis pour l'esquiver, me tournant sur moi-même pour pouvoir lancer le mien rapidement avec un bon angle de vue. Son complice s'effondre lui aussi, évitant ainsi de justesse et sans le faire exprès la pointe de l'arme, il touche le sol au moment où je lance le kunai.
Je ne me fais guère d'illusion sur la réussite de coup. J'espère qu'il fera assez longtemps diversion pour que je puisse m'approcher car s'il est un talent que je ne maîtrise pas, c'est bien de savoir viser.

Ni l'un ni l'autre ne se passe. L'arme rebondit sur une poutre à plus d'un mètre de ma cible mais celle-ci, au lieu de suivre l'acte s'enfuit par la galerie autour du jardin comme poursuivit par Thimoros en personne. Je m'élance à mon tour, Menimienai déjà en main, et fonce pour le rattraper, le sourire aux lèvres. A l'angle au bout du couloir se trouve un escalier contre le mur intérieur donnant sur l'étage des bains et des commodités, s'il y monte il ne lui sera plus possible de s'enfuir ; et s'il tourne …
Il hésite, reste face l'escalier mais au dernier moment s'en détourne et continue à courir le long du couloir. Je mords la garde de mon arme pour avoir les mains libres mais continue de sourire sous l'excitation de ce qui va suivre.
Cette maison est mon terrain de jeux. Personne, hormis le maître des lieux, n'en connait mieux les coins et recoins, jusqu'à l'emplacement des pierres et éléments du jardin. J'accélère le pas en riant, grimpe sur le parapet du petit escalier menant au jardin, saute par-dessus jusqu'à une grosse pierre puis rebondis sur le haut de la stèle de prière dédiée à Zewen ; lui dédiant ce gain de temps en priant qu'Il n'en prenne pas offense ; et m'envole pour attraper l'une des accroches en métal pour les lanternes.
La trajectoire n'aurait pu être plus parfaite.
Je percute le voleur dans le dos et l'envoie se fracasser dans la porte coulissante, qui se brise et se déchire sous l'impact.
Mais la force aurait pu être mieux évaluée.
Même bien bâti, il n'en reste pas moins un voleur qui ne réalise qu'au tout dernier moment qu'une furie se jette sur lui les pieds en avant. La brutalité de l'impact, aussi profitable soit-elle envers mon adversaire, me fait lâcher prise en plein élan et je retombe lourdement sur le sol alors que mes jambes sont toujours en l'air, plus hautes que le reste de mon corps. L'épaule touche le sol une seconde avant la tête mais mon arme m'échappe et glisse un peu plus loin.

((Chierie !))

Je n'ai pas le temps d'aller la chercher pour le moment, le voleur est en train de se redresser et il n'est de toute manière pas plus armé que moi. De manière presque synchronisée à nouveau, nous nous relevons en même temps, des mouvements différents mais nous finissons dans la même position, face à face prêts à bondir mais nous nous évaluons comme deux bêtes sauvages. Il se dégage de son regard une espèce de gravité, une froideur toute solennelle que je balaye d'un clin d'œil moqueur. Il tique et charge la seconde d'après comme un gueux sur une pièce d'or, irrité par je ne sais quoi … enfin, si, peut être un peu. Je me relève à moitié et plonge en avant pour esquiver son coup et lui faire perdre l'équilibre. Son poing chasse le vide là où je me trouvais tantôt mais il tente de sautiller pour se rattraper et finit par me marcher dessus avant de perdre complètement l'équilibre. Je me relève sans grâce après avoir servi de marchepied mais parviens à porter le premier coup tandis qu'il se tient plié en deux près de la rambarde, les mains sur les côtes. Pas le temps pour une quelconque subtilité … j'attrape ses cheveux, le tire en arrière et lui fracasse le front contre une poutre en bois. Il rebondit, tombe en arrière mais fait une roulade esquivant de justesse mon pied.

Soudain, un cri retentit dans le couloir. Reconnaissant l'ahuri dans ce hurlement suraigu, je tourne la tête et lâche malgré moi un hoquet de surprise en plongeant au dessus des débris de la porte pour esquiver ce bœuf qui se sert d'un des tantō de cérémonie de mon maître comme d'une lance de cavalier. Dans ma hâte, j'attrape la première chose qui me tombe sous la main pour me défendre ; une corde, une vacherie de longue corde avec deux espèce de nœuds à frange aux extrémités.

((La poisse !))

Je reste immobile et le laisse venir à moi, d'abord parce que je n'imagine pas passer à l'attaque avec ce truc en main, mais surtout afin de garder un œil sur son complice qui, pour l'instant, éponge du bout du pouce le sang qui coule par dessus son œil, lui cachant le peu de visibilité que leur offre leurs masques ; mais s'il s'échappe à nouveau, je jure d'égorger l'autre et tant pis pour le sang.
Cependant, il ne bouge pas ou presque et a les yeux rivés sur son complice.

La bourrique à l'épaule et au bras amochés se rue en hurlant comme piqué par un insecte de la taille d'un chat. J'esquive son premier mouvement en tournant le torse et pare le second avec la corde tendue entre mes deux mains. Cela me place dangereusement proche de l'arme mais il a la force d'un vieillard et ne sait même pas où se trouve la partie tranchante.
J'enroule la corde autour de la lame pour bloquer ses mouvements avant de frapper son visage de mon coude. Il titube en arrière en se tenant le nez d'une main mais se retient de l'autre à la garde de l'arme. D'un coup sec sur l'extrémité pendante de la corde, je fais sauter l'arme de sa main et l'attrape en vol tandis qu'il vacille, privé de cet équilibre précaire … mais voyant cela, le voleur s'engage soudainement dans le combat.
Je n'ai pas le temps de réfléchir … je fais un saut en avant et frappe du talon le torse de la grosse buse qui tombe lourdement sur le dos pour quelques secondes de répit mais avant d'avoir le temps de me retourner, Menimienai apparait au dessus de moi, éclat noir fendant l'air de haut en bas. Je recule d'instinct en levant mon bras ganté pour me protéger à contre cœur de ma propre lame mais, porté par son élan, son bras continue sur sa lancée, vers son complice encore debout une seconde avant.

((Que ?)) Je me sens tout à coup dépassée, presque hors jeu ; les derniers gestes et actes de chacun repassent devant moi comme les éclairs aveuglants d'un orage d'été.
Je les observe tour à tour sous un nouvel angle. Ils sont blessés tous les deux alors que je n'ai à subir qu'une épaule un peu douloureuse, l'un deux joue double jeu et l'autre est un pleutre … dans ma tête commence à se former un nouveau plan, plus dangereux, plus amusant.

Le voleur se tourne vers moi en m'entendant ricaner.
- Il est à moi, lui dis-je alors en souriant, espérant qu'il pense à sa buse de complice.
Lui aussi le sera dans les prochaines minutes, mais dans l'immédiat c'est vers mon poignard que penche mon intérêt.

Piqué au vif, il fait sauter mon arme dans sa main pour la tenir du bout de la lame tandis que je soulève la manche de ma tunique qui cache le gantelet offert par Pragatt' et lance ma main en avant comme si je poussais une porte … m'abandonnant religieusement à un Dieu anonyme et inconnu, celui de la chance.
Un jour peut être, j'oserais me poser des questions sur le fonctionnement de ces objets qui me font à la fois peur et envie … mais toujours est-il qu'à l'instant où le voleur arme son bras en arrière, un jet d'eau jailli littéralement du tissu émeraude et bondit vers mon adversaire sans lui laisser le temps de dominer sa stupeur.
Il lâche Menimienai qui se retrouve au chaud dans ma paume avant même que l'idée de s'en emparer n'effleure l'esprit de l'autre et commence alors la partie la plus hasardeuse de mon plan, survivre aux deux tout en empêchant l'un de liquider l'autre.

Les deux intrus se relèvent presque en même temps, l'un à ma droite et l'autre à ma gauche.
Le voleur, sans arme et boitant légèrement, avance son pied droit et à la manière dont il le bouge je paris pour un coup de pied retourné auquel je réponds de la même manière. Nos chevilles se croisent à hauteur d'épaules et après un court instant d'immobilité, je le sens faiblir et relâcher. Je contracte les muscles, repousse sa jambe de l'autre côté juste à temps pour contrer l'andouille, soudainement enhardi par je ne sais quelle énergie compte tenu de ses blessures. Je pare son premier coup de poing mais ne fais que l'effleurer en retour, gênée par le fait de manier une arme à chaque main. J'esquive le suivant et vise sa blessure à l'épaule en retenant mon coup, mais ce qui n'est qu'une subtilité pour s'en défendre sans le blesser trop gravement le rend plus entreprenant. Il s'agite sans ordre, donne des coups sans se préparer, se place mal et gêne … mais surtout, ne se rend pas compte que tôt ou tard son imprudence servira le double jeu de son complice. Tout devient rapidement aussi brouillon que des gouttes de pluie dans une marre, leurs bras et leurs poings se croisent et s'entremêlent si bien que je ne sais pas toujours qui je blesse ou qui me touche.


Toute confusion prend subitement fin quand je me retourne après avoir entaillé le bras anonyme venant de mon dos pour m'étrangler. L'andouille se tient le bras et recule avec une expression dans le regard qui me semble familière … mais son complice est déjà derrière lui, une main presque sur sa bouche et l'autre à l'arrière de la tête.
Tentant le tout pour le tout, je lance mon arme sans viser, sans analyse, sans concentration.
Néanmoins, une telle chance n'existe pas. La mauvaise cible est atteinte mais je ne prend pas le temps de vérifier à quel point j'ai salopé mon plan initial. Du voleur en revanche je n'ai rien raté et l'image de cet homme tentant de liquider son ancien complice de cette manière repasse comme un écho derrière mes yeux. C'était dit-on la technique favorite de l'assassin que j'avais fui en quittant la ville il y a de cela plusieurs mois maintenant, rapide, discrète, propre et impitoyable.

La fatigue commençait à se faire sentir des deux cotés mais cumulée avec ses blessures il finit par perdre de plus en plus terrain. C'est moi maintenant qui mène la danse, je le harcèle et joue avec lui, ne lui laissant aucun répit jusqu'à l'empêcher de récupérer l'arme plantée dans le corps inconscient de son ancien complice, malgré sa requête d' un combat à arme égale. Je me contente de ricaner, fermement décidée à lui faire goûter au même châtiment qu'il destinait à l'autre. Par deux fois je m'y essaye sans succès. Mes mains sont trop petites, la poignée de mon arme prend trop de place entre mes doigts fins. A ma troisième tentative il devine mes intentions et tourne en ridicule ma tentative, se permettant d'ajouter un ou deux conseils de "vrais pro", que frêle comme je suis et sans l'effet de surprise je n'arriverais même pas à tordre le cou d'une oie.
Seul le tressaillement de sa voix m'empêche d'en prendre ombrage alors qu'il y a encore quelques mois j'aurais bondi, vexée jusqu'à la pointe des cheveux et probablement perdu le combat.
Aujourd'hui, je reste de glace extérieurement et le toise jusqu'à contrôler parfaitement ma gorge et ma voix.
- Toi ? Fais-moi rire. T'es qu'un vulgaire voleur. T'as rien d'un combattant.
- Et toi avec tes fringues de pute à paysans, t'en es un ? Surprise par ce ton à peine digne du condamné à mort qui se répand vainement en invectives, je soupire et dissimule à peine mon rire derrière un sourire à pleine dent ; ce qui le rend plus hargneux encore. Avant qu'il ne tente quoi que ce soit, je sers ma lame entre mes dents, lève la main et lui fais un signe d'au revoir du bout des doigts tout en me concentrant sur Menimienai et l'aspect un peu spécial de l'arme noire ramenée du fond des océans.

A son regard stupéfait je sais que je suis devenue quasiment invisible à ses yeux. Soudainement nerveux, il bat des bras devant lui, le souffle court, mais je l'esquive sans mal et d'un bond silencieux, je passe dans son dos. Suivant ses précieux conseils et copiant ses mouvements, je place les mains exactement là où il les avait placées. J'agrippe le tissu de son masque, saisi fermement sa mâchoire jusqu'à en sentir l'os sous mes doigts et fait pivoter sa tête d'un coup sec.
Il tombe au sol, immobile …




- Il est mort ? Sa voix rompt brutalement le silence de plomb qui vient de gagner la pièce et me fait sursauter. Je l'avais presque oublié celui là, perdue dans la contemplation du corps inerte de mon adversaire sans finalement éprouver le moindre sentiment palpable, redevenant l'étranger qu'il était et qu'il restera malgré l'étrange intimité de ce combat. Il y a dans sa question une combinaison étonnante de soulagement et d'affolement qui me rend soudainement lasse et je me demande pour ma part si le plus dur n'est pas à venir.
- ((L'est-il ? je n'ai pas vérifié)) J'en sais rien, on s'en fout, dis-je tout haut en m'approchant pour lui ôter son masque.

- Putain j'le crois pas !
Il a un œil bien amoché, le nez tordu et la lèvre inférieure qui a doublé de volume. Mais même dans cet état je le reconnais. Ce visage carré avec ces taches de rousseur, le front haut, le nez court, le menton avancé et ces yeux bleus en amande qui me font presque peur. Il est le mauvais fruit d'un mélange entre un Ynorien et une femme de Tulorim, un mariage arrangé si je me souviens bien, et d'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais pu encaisser cette sale petite fouine, qui se pavanait avec son air hautain et arrogant, se croyant le futur propriétaire des lieux.
- On se connait ? Me demande-t-il après avoir croisé mon air effaré.
Comment ai-je pu ne pas reconnaître sa voix dès le début ?
Folle de rage, je l'attrape par le col et le remets sur ces pieds

- Espèce de …
Il se débat et parvient à m'arracher à lui avant de retomber au sol. Il geint, se plaint et me menace, me questionne aussi je crois mais je reste figée, agacée par sa voix qui me fait grincer des dents et ébranlée par une idée complètement folle qui me trotte dans la tête. N'en pouvant plus, mes mots sortent d'eux-mêmes.
- Ton père sait ?
- Maintenant oui … Mon cœur s'emballe tout à coup et se libère entièrement la seconde d'après. Je me retourne lentement, les muscles raides. Il se tient au dessus du corps du voleur, les doigts sur son cou puis lève son regard vers moi et m'observe longuement derrière ses lunettes.
- Bonjour Madoka, finit-il par dire sans un regard pour son fils.

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Dernière édition par Madoka le Lun 12 Mai 2014 19:53, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 12 Mai 2014 19:53 
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"Bonjour Madoka"
Deux mots.
Deux petits mots, d'ordinaire amicaux, qui me glacent les os.
La voix de cet homme a toujours été d'une régularité sans faille, un contrôle quasi absolu de ses états d'âme qui faut aujourd'hui, à l'orée d'une épreuve qu'il n'aurait jamais voulu partager avec moi, et inversement.

Et soudain, tout mon monde s'effrite. Tout se meurt. Les voleurs que je viens d'arrêter en plein forfait, l'excitation du combat que je viens de mener, la fureur face à l'identité de celui encore en vie … même ce tourment constant d'être revenue d'entre les morts. Tout se fane et s'étiole au son de cette voix qui résonne comme le crissement d'une lame sur la pierre.

Et ses yeux ! Il n'existe pas de mot pour décrire toute l'humiliation, la déception et l'indignation qu'on y lit.
La loque à mes pieds ouvre la bouche, hésite une seconde en nous voyant son père et moi nous toiser en silence, tels deux ennemis de sang devant s'unir malgré eux ; mais il n'est pas homme à comprendre ni même à considérer les sentiments des autres. Ce n'est qu'un égocentrique qui s'accapare l'accalmie pesante qui nous accable comme une ouverture à la discussion.

Le troisième et dernier fils de Chumaka, l'intendant fidèle de mon mentor, supplie son père de l'écouter et de lui pardonner. Je ne doute pas un instant qu'il consentira au premier souhait, quant au second ; Chumaka est un homme d'un autre temps, mais qui sait si c'est l'homme impartial ou le père tourmenté qui consent à écouter.
Je me suis toujours demandé s'il le considérait vraiment comme son fils alors qu'il n'est que le fruit d'un mariage arrangé avec cette grosse vache Tulorienne après la mort de sa première femme. Ils n'ont pas grand chose en commun, même physiquement. L'un a les cheveux ébène, bien que grisonnants et l'autre une espèce de couleur claire que je pensais spécifique aux renards. L'un a un visage fin en triangle et un nez aplati, l'autre un visage carré, un long nez et des saletés de tâches sous les yeux. Le front, la forme de leurs paupières et des yeux se ressemblent beaucoup mais, la couleur bleue du fils m'a toujours dégoûtée.
Mais passons, son rejeton entame son récit et j'avoue prendre beaucoup de plaisir à l'entendre crachouiller à cause de sa lèvre boursouflée et ses dents en moins. Si j'avais su qui était sous la cagoule quand je l'ai frappé, il serait en train de nous la mimer, son histoire.
Tandis qu'il parle, Chumaka m'adresse un discret signe de tête pour m'empêcher de partir. Une petite voix en moi tente de m'en dissuader, mais je suis fatiguée ; lasse et fatiguée. Qu'il la partage avec nous son histoire, peu importe. Je m'affale sur un siège et attrape un broc d'eau pour nettoyer le sang encore tiède sur ma peau.



Il avait pour habitude depuis quelques semaines de jouer dans l'arrière salle d'une taverne de la ville, des jeux d'argent et de hasard … truqués, mais cela il ne le sut que trop tard. Il pariait sur des jeux de dés, des jeux de cartes, des combats de chiens, de poulets et j'en passe ou des courses … d'escargots ? Humf … Qui suis-je pour juger ? Il gagnait beaucoup, au début. Puis la chance a tourné, il a perdu ses gains, puis l'argent qu'il ne possédait pas et a contracté une montagne de dette. Pour la rembourser, il a commencé par piéger d'autres jeunes idiots dans son genre, il les occupait pendant que d'autres chargeaient les boissons et de fil en aiguille on lui fit comprendre qu'il devait leur ouvrir les portes de cette maison pour éponger définitivement sa dette, le menaçant de le tuer lui et sa famille s'il refusait, ou tentait de s'enfuir. Et il s'arrête là, comme si cette simple menace devait expliquer et absoudre la suite.

Le silence s'installe, long et pensant. Chumaka observe son fils avec une sévérité qui augmente au fur et à mesure que le silence stagne, mais il attend des mots qui ne viendront pas. IL est un homme d'un autre temps, tout comme ses premiers enfants, mais pas celui-là. Cette engeance vaniteuse est ce que l'on récolte à laisser une étrangère s'occuper de l'éducation d'un fils !


Je m'éclipse discrètement de la pièce, laissant derrière moi un père et un fils qui ne se comprennent plus depuis des années, en finir avec tout ce qui subsiste d'affection.
Je m'assois sur les marches descendant vers le jardin central, les yeux perdus vers la mousse gorgée d'eau autour de la pierre sacrée des ancêtres de Keyoke. Il y prie régulièrement, toujours seul et exige le silence dans toute la maison pendant ses méditations ; ici ou devant les deux tertres dédiés à Rana et Zewen qui sont eux encerclés par du gravier et du sable fin de couleur claire. La pluie a cessé mais on entend encore ci et là le clapotement régulier des gouttes qui tombent des toits, ou celui saccadé provenant des arbres fouettés par le vent chaud des orages, saturé d'odeur de terre humide.
Leurs cris percent soudain la presque tranquillité de mes pensées et, sans un regard, je m'éloigne vers un banc de bois plus loin, proche d'un carillon sonnant au gré des vents de Rana, accroché à l'une des nombreuses lanternes en pierre du jardin. Ces lanternes ressemblent à de gros champignons, avec leur large couvercle arrondi au-dessus d'une boule. Accroché à l'intérieur de ces fūrin se trouve un morceau de tissu sur lequel une prière à été brodée. Et plus rarement, une illustration comme cette rosace aux couleurs ocre et terre qui s'agite et s'envole. C'est déroutant, me dis-je à cet instant, à quel point l'on peut croiser les mêmes choses cent fois sans y porter la moindre attention, et à la cent unième fois, avoir une bouleversante révélation parce qu'enfin, on les voit vraiment.
La rosace brodée est dans le bureau de mon mentor, sur un petit bout de parchemin accroché à une bourse en cuir, mais pas seulement. C'est quelque part dans ma mémoire car, depuis ce matin et la fouille du bureau, la plupart des symboles me donne une impression de déjà vu … mais où …


Le contact d'une main m'extirpe soudain de mes pensées.
- Mmh ?
- Je te demandais depuis quand tu es revenue ?
- Ce matin, finis-je par répondre en fixant le ruban. Que fait-on ?
- Suis-moi. Nous avons à parler.
Son visage et son regard accusent encore le coup du sort qui l'accable mais il a retrouvé sa voix, impassible et formelle, on la dirait l'héritière de celle du maître, en moins charismatique et plus administrative.


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