L’explication de Lothindil avait le mérite d’être claire et de répondre parfaitement aux schémas de pensée du liykor noir. Cependant, ce que cela pouvait impliquer le plaça dans l’état de tension et d’attention qui caractérise les instants se déroulant avant un combat ou la mise à mort d’un gibier particulièrement coriace.

(Un seul territoire de chasse pour deux meutes ?... Je ne sais pas comment fonctionnent ses humains et ces elfes, mais pour les Enfants du Père et de la Mère ça ne signifie qu’une chose : il va y avoir du sang… On se bat pour son territoire de chasse, sauf s’il est assez grand… Mais les humains ne vivent pas en meute, ils ont des cités, comme les garzoks… Enfin… Attendons… Les humains parlent beaucoup, et l’elfe, apparemment, sait leur répondre…)

Ainsi Therion patienta tandis que Lothindil répondait à la femme en armure rouge, mais il lâcha la bride de son cheval pour poser tranquillement les pattes sur le manche de ses armes ; la Lame Sombre n’avait pas été grippée dans son fourreau, il s’en assura en contrôlant le jeu d’un léger mouvement de poignet, et il pourrait tirer de sa ceinture la hache sans que celle-ci ne se coince. Une fois le discours fini, il demanda aussitôt :

« Va-t-on devoir se battre pour le territoire de chasse ? Est-ce qu’il faudra affronter leur chef de meute ? »

Fan-Ming – Salle du Portail.

Immobile, imperturbable, la jeune femme avait subi l’agression verbale de la sindel sans ciller. Le geste de Therion, lui, n’était pas passé inaperçu : sitôt qu’il eut posé ses pattes sur le manche de ses armes, tous les samouraïs alentours en avaient fait de même. Sans dégainer, sans paraître plus agressifs ou sortir de leur poste… Juste pour manifester qu’ils étaient prêts, eux aussi…

Katsuya prit un regard plus sombre encore pour répondre à l’elfe grise.

« C’est du temps, que vous avez peur de perdre ? Si je vous laisse passer pour aller « à la rencontre du Conseiller », c’est bien du temps que nous perdrons tous, puisque vous ne saurez pas où le chercher. Mais si vous le voulez, sortez. Aucun de nous, ici, n’en a cure. »

Elle libéra le passage vers la porte, d’un mouvement sec de recul… Sans tourner le dos à Lothindil.

« Vous n’êtes pas un soldat, ce que nous sommes. Il vous manque autant de discernement que de discipline. Je ne puis pas vous interdire d’aller aveuglément au-devant d’un danger méconnu, mais n’attendez pas à ce qu’on vous suive. Nous avons ici un but précis, qui prime sur tout. »

[Lothindil : XP : 0,5 (post)
Therion : XP : 0,5 (post)]

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Le capitaine était catégorique. Il avait parlé franchement et avec autorité. Sa proposition était honnête. Azuha avait envie de s'en méfier, mais qui était-elle pour douter de la Milice de la ville ? Ces gens l'envoyaient combattre Oaxaca, pourquoi seraient-ils de mauvaises gens ?

Azuha répondit donc après un cours moment de réflexion :
- Yuuyuko du clan Kizuki, vendeuse de papier à lettres dans le quartier du port.

Elle s'inclina en signe de respect et de remerciements, puis s'en avança vers la sphère. Si le capitaine avait parlé pendant son court trajet, elle ne l'entendit pas. Elle marchait, tremblante, se concentrant sur son but.

(Vaincre Oaxaca. Vaincre le mal. Sauver Yuimen. Aidez moi, Père, Mère, à trouver la foi et la force pour défendre notre Terre.)

Azuha prit une profonde inspiration, tendit le bras, hésita un instant... puis toucha la sphère de fluide dont les volutes intérieures commençaient à hypnotiser Azuha, représentant tantôt le visage de son frère, tantôt la silhouette de Brònn, tantôt le sourire narquois de Grikk. Azuha aurait frissonné à ces visions, mais ...

Elle n'avait plus de corps. Elle n'était que conscience, elle existait simplement, quelque part entre deux mondes, sans aucune tangence physique. Elle regretta de s'être hâtée. Brònn lui avait pourtant bien appris à toujours réfléchir avant d'agir et de penser à tout ! Pourquoi n'avait-elle pas pensé à sa mère ? Elle n'avait pensé qu'à elle et sa famille pendant neuf ans, pourquoi n'a-t-elle eu aucune pensée pour eux ce jour-là ?

Azuha sentit qu'elle avait trahi sa famille. Elle avait disparu à nouveau, après être revenue pour une nuit. Juste une nuit. Si Azuha avait des yeux, elle pleurerait.

Vint le temps de l'arrivée. Le retour de l'air dans les poumons, du sol sous les pieds, du poids, de la température, de l'image, du son. Tout revenait en même temps, d'un coup, sans prévenir, après un temps indéterminé en phase d'existence purement idéale. Douloureux. Très agressivement douloureux. Comme une seconde naissance, mais consciente. Les sensations reviennent, on ne tient pas debout, on ferme les yeux, on respire trop vite, on entend tout sans distinction. Trop d'informations.

Azuha lâcha un cri de douleur et tomba à terre dès qu'elle fut arrivée sur ce monde étranger.

Mais tout s'estompa après quelques secondes. En un très court instant, son corps et son esprit se firent à la situation et se réhabituèrent à ressentir et supporter ces forces et informations. Azuha put donc se relever, comme après un grand coup de patte dans la tête, toujours un peu désorientée.

Lorsqu'elle leva les yeux, elle vit des gardes. Beaucoup de gardes. La main sur la poignée de leur épée, prêts à dégainer. Ils formaient un cercle autour d'elle. Enfin, pas juste elle : apparemment, les autres étaient là aussi, et le Noir aussi avait la main quasiment armée.

(Embuscade ?)

Azuha réalisa alors qu'elle n'avait pas son bâton dans la main. Elle eut peur que le transfert se soit fait sans lui. Elle commença à le chercher des yeux par terre. Elle le trouva assez vite, à quelques mètres d'elle, aux pieds du Noir.

Elle marcha jusqu'à lui et s'accroupit pour le ramasser, le prit, se releva, et apprécia la fraîcheur du bois dans sa paume, puis recula pour s'éloigner du Noir. Après avoir soupesé l'arme elle posa son extrémité libre au sol et le tint verticalement à son côté, prête à prendre la pose si jamais un combat doit avoir lieu.

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Je me retourne pour répondre au liykor, constatant l'arrivée d'une de nos comparse d'Oranan avec un temps de retard.

"Se battre contre eux ? Non. Nous allons les défendre, puisqu'ils sont trop faibles pour cela !" craché-je quasiment.

Et blabla, et blabla. A défaut, il ne nous retienne pas, mais refusent de bouger de leur prétendu poste, comme si les soucis pouvaient venir de Yuimen.

(En même temps, vu la facilité avec laquelle ils ont laissé passer Thérion.)

Puis elle enchaîne en sous-entendant des dangers inconnus, ce à quoi je lui réponds avec un sourire tendu :
"Contrairement à vous, manifestement, le danger d'Oaxaca m'est connu. Et je ne vois pas ce qu'il pourrait y avoir d'autre comme danger."

(Oh, y a un tas de dangers dont tu n'as pas idées.)
(Genre ?) demandé-je contrariée.
(Chaque monde a ses dangers. La guerre n'est pas le seul risque tu sais.)
(Non, je sais pas.)
(Air non-respirable, magie faussée, fluide élémentaire inexistant, chaleur insupportable, maladies, ki qui se dissipe, gestion des masses fausses,...)
(Et ici ?)
(Aucune idée, je ne suis jamais venue avant.)

Là, d'un coup, j'ai l'impression d'avoir passée pour une conne et n'apprécie que d'autant mieux que mes compagnons n'y connaissent rien en monde extérieur et n'aient pas de faeras. Je reste coi, ne sachant pas quoi faire pour me rattraper. Anouar me souffle alors une piste intéressante :

"Mais tous ici ne les connaissent pas. Donc soit on l'attend, soit l'un de vous nous y conduit. Plus vite nous l'aurons rencontré, plus vite nous pourrons lutter."

Entendant bouger derrière moi, je constate que la jeune femme a récupéré son arme magique, je me tourne vers eux et résume, dans les deux langues, la situation. D'abord à la jeune femme :
"On attend le conseiller de cette ville. Ne sers pas autant ton bâton, il faut de la souplesse et en serrant trop, tu la perdras. Il nous expliquera le maximum sur ce monde."

, puis au Liykor :
"Calme, ce sont des alliés. On attend leur chef de meute. Nous devons en apprendre plus sur les différents gibiers et terrains des environs avant d'agir."

Therion tourna la tête vers l’humaine qui s’était approchée de lui pour ramasser son bâton, et qui avait eu le bon sens de reculer ensuite, et lui adressa un long grognement de gorge mauvais, pour lui signifier qu’à l’avenir, elle avait intérêt à tenir ses distances. Puis il prêta l’oreille aux explications de Lothindil.


« J’attendrai. »

Mais après une seconde d’hésitation, il crut bon de grogner son opinion sur la question.

« Mais parce que je suis coincé dans cette salle… On ne demande pas à un chasseur inconnu ce qu’il sait du territoire et des gibiers… Comment savoir si c’est un bon chasseur ? S’il a vu les bonnes choses ?... Ma mère racontait cette histoire… Un Liykor un peu idiot qui avait proposé à un lapin de le servir : « tu es petit, tu es rapide » lui disait-il « tu traverses les buissons sans souffrir de leurs épines. Va observer pour moi ce qu’il y a sur le chemin, et je ne te mangerai pas, et je ne mangerai pas ta famille. » Alors le lapin le guide, le lapin lui montre les chemins. Un jour, il lui annonce qu’un troupeau de cerfs se trouve de l’autre côté d’une crevasse, mais qu’il y a un arbre mort couché en travers, qu’il pourra passer sans peine ; « tu es certain petit lapin ? » demanda le Liykor, et le lapin affirma que le chemin était sûr, que l’on pouvait passer sans crainte. Comme tout bon Liykor s’en doute, l’arbre s’est brisé sous le poids du chasseur… On ne se fie pas aux indications d’un chasseur qu’on ne connaît pas, car c’est peut-être un lapin. »

Therion, dans sa langue rugueuse, met en doute l'intérêt des informations du conseiller, avant même qu'il se soit présenté à nous, me citant une fable de son pays. Si l'histoire me prête à sourire, Astinor elle est attentive. Elle a manifestement beaucoup plus d'accroches avec la manière de pensée de l'homme-loup que moi.

(Être un guerrier, c'est chasser. Toi tu penses, nous nous chassons.)

Un mode de pensée qui en vaut un autre, et qui devient très utile mis en action avec le mien, se complétant finalement à merveille.

Le conseiller annoncé arrive enfin, un humain, Ynorien typique, vêtu d'une tenue noire brodée d'or. Il commence à nous expliquer la situation, qui semble être un capharnaüm bien pire qu'une simple guerre. Il nous parle de personnes, de lieux qui lui semblent être capitaux, et dont le nom ne m'évoque absolument rien, à l'exception d'un que je reconnais immédiatement, Ezak. Non, ça ne peut pas être une coïncidence. Son Ezak à lui est un traître, à la solde d'Oaxaca et celui de mon cauchemar l'était tout autant, surtout pour la deuxième partie. Dans mon esprit reviennent les images choquantes du massacre des enfants, le visage de cet humain assoiffé de pouvoir à n'importe quel prix. Si c'est lui, c'est l'occasion de savoir si ce n'était qu'un rêve.

(Ne fais pas la conne. Tu ne parles d'Ezak que en présence du conseiller seul ! On te prendrais pour une traître !)

Pendant que je suis perdue dans mes réflexions, le conseiller nous demande de mettre à jour ce complot et de protéger la cité. Je me retiens d'exploser de rire. J'ignore tout de l'humaine mage, mais une chose est certaine, ce n'est pas Thérion qui jouera le diplomate, pas plus que moi d'ailleurs. Quant à protéger la cité, j'ai des limites à mes pouvoirs et lutter seule contre une armée renforcée par des mages puissants, ça en fait partie.

Tandis que je cherche un moyen d'expliquer au Liykor ce que le conseiller vient de raconter, Astinor intervient, à sa manière à elle, s'adressant à Therion :

"C'est un lapin. Tu veux bien être notre éclaireur ?"

(Tu fais quoi là ?)
(T'es l'chef de meute, non ? Lui apprendra plus dehors, toi plus des humains. T'as pas besoin de lui dedans. Donc lui peut sortir d'ici.)
(Et elle ?)
(Chais pas, faudrait savoir.)

Je me retourne vers la jeune Ynorienne qui sert toujours son bâton de magie pour lui demander :
"Dis, p'tite, tu sais et aimes faire quoi ?"
"Tu sais lire ? Tu sais te battre ? Relever des pistes ? Comprendre la magie ? Ecrire et porter des messages ? Parler aux gens ? Être une diplomate ?"

Il faut bien un chef de meute, comme Therion me suit déjà, y a plus qu'à me faire suivre de la gamine à la dent. Trois loups, c'est une petite meute, mais c'est déjà un début.

« Il a plus l’air d’un faisan que d’un lapin. Mais c’est pareil. »

Therion était satisfait d’avoir été compris par l’elfe, cela faisait pour lui une personne de sensée dans le groupe. Eclaireur. La notion n’avait guère eu de sens jusque là pour lui, tant il était habitué à chasser seul, mais il comprenait ce qu’entendait son interlocutrice par là. Un chasseur pour trouver les proies, et appeler tous les autres chasseurs de la meute.

« J’irai chercher le gibier pour vous s’il le faut. Mais il n’est jamais bon de se séparer de la meute si on ne peut pas retrouver la meute pour lui indiquer les lieux de chasse. Et si je sors, je ne sais pas si je pourrai vous retrouver. »

Voilà pour ce qui était du bon sens des Liykors. Un autre pan de celui-ci se révéla dans les propos suivants de Therion.

« Et demande au lapin s’il n’y a pas de la viande dans cette cité. J’ai faim. »

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Ce n'était pas une embuscade, finalement. La raison de la tension était inconnue à Azuha, mais la forêt qui parle la rassura en l'informant qu'ils ne faisaient qu'attendre quelqu'un qui apparemment devrait les conseiller.

Elle conseilla également à la mage sur la tenue de son bâton. Apparemment, Azuha n'était pas assez souple et serrait trop son bâton. Azuha avait du mal à imaginer comment on pouvait moins serrer son bâton que ça : si elle desserrait sa prise, le bâton risquait de glisser. Le bois était lisse et doux, et malgré ses gants, il était difficile d'être souple sur la tenue tout en le gardant en main de façon certaine.
Azuha remercia tout de même la créature sylvestre d'un signe de la tête, avec un sourire poli.

Cette dernière créature traduisit ensuite, du moins c'était l'interprétation logique de son discours, pour le Noir, qui répondit avec une tirade qui devait sûrement être très intéressante et pleine de vérités inébranlables. Azuha roula des yeux.

Une autre voix s'éleva dans la salle. Une voix humaine, Ynorienne, féminine. Azuha tourna la tête vers l'origine de la voix. Il s'agissait de la garde Ynorienne postée entre la Forêt et l'unique porte de la salle. Elle précisait à son tour que le fameux conseiller allait arriver. Et il arriva.

Il salua d'abord la compagnie, mais ne tarda pas à passer au sommaire de la situation sur ce monde. Apparemment, ils n'étaient pas les seuls à être venus d'Oranan. Certains aventuriers étaient déjà en train de se battre en bataille dans une autre ville, semblait-il. Il était question d'armées d'Oaxaca. Combien d'unités, exactement, l'armée ? Question incertaine...
Il était aussi question d'un traître. Azuha mit un effort particulier à retenir son nom. Ezak Darkas. Elle se jura de se renseigner au mieux sur ce personnage. Les traîtres doivent tous disparaître ! Et d'ailleurs le Noir de sa bande méritait aussi une surveillance particulière, mais ça c'était déjà au programme.

La mission était apparemment de mettre au jour un complot entre un homme du nom de Tensor Valkro et une certaine Simaya Sombrerok. Ceux-ci seraient semblait-il à l'origine de l'appel aux aventuriers prévenant de la présence d'Oaxaca sur ce monde, et auraient libéré le Traître de la prison de cette ville, et dont le but seraient d'amener Oaxaca à marcher sur la ville en question pour ensuite marcher sur Oranan... Azuha avait du mal à suivre toute cette histoire.

Là, la Forêt lança une remarque au Noir, avant de s'adresser à Azuha. C'était une question. Elle lui demandait ce qu'elle savait faire, entre lire, écrire, parler aux gens...

Azuha répondit sans hésiter, avec une pointe de reproche dans la voix :
- Je suis Ynorienne, évidemment que je sais lire, et écrire qui plus est ! Quant à parler, cela à fait partie de mes enseignements en tant qu'Enfant Pure du Père et de la Mère. Je ne comprends que la magie de la Glace, donc je ne pense pas être compétente dans le domaine général, et pour ce qui est de relever des pistes, j'ai appris à traquer des animaux et repérer des prédateurs dans les Neiges des Montagnes. Ces informations vous conviennent-elles ?

La voix d'Azuha ne tremblait pas. Son corps, peut-être, à cause de la gravité de la situation, mais sa voix, depuis son éducation avec les Purs, était stable et à toute épreuve.

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Fan-Ming – Salle du Portail.

Le Conseiller parut vexé que personne ne lui réponde directement, et qu’un dialogue grognant naisse entre l’elficus et le noiraud. Il y intervint d’ailleurs à son tour, d’un langage grognant familier à Therion… Il parlait sa langue.

« Vous la préférez saignante, j’imagine, votre viande… Je vous en offre comme collation, tel que je l’ai annoncé à votre amie juste avant. Mais le temps presse, si vous ne voulez pas que le gibier soit inaccessible, terré dans son terrier. »

Il regarda Azuha et reprit un langage plus commun.

« A moi, elles me conviennent. Vous êtes Ynorienne, vous connaissez donc le vrai sens de l’honneur. Vous semblez la plus appropriée pour diriger vos deux compagnons vers les objectifs qu’il vous semble urgent d’accomplir pour la défense de Fan-Ming et de l’Ynorie. Arrêter le traître, trouver des informations sur l’ennemi, son nombre, sa position, ses objectifs… protéger la cité face à celui-ci, trouver des alliés dans les peuples alentours. Il reste tant à faire, et si peu de temps, je le crains. »

Une dernière fois, il se tourna vers Therion, pour préciser, avec un sourire mi-figue mi-raisin :

« Ah oui, dernière chose : persistez à m’insulter, et le lapin pourrait se changer en tigre. »

La samouraï était, quant à elle, retournée à son poste sans rien dire, rigide et silencieuse.

[Lothindil : XP : 0,5 (post)
Therion : XP : 0,5 (post)
Azuha : XP : 0,5 (post)]

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Avant que la créature qui lui avait posé la question puisse réagir à sa réponse, c'est le conseillé qui prit la parole. Il s'adressa d'abord au Noir, crachant des mots dans une langue qui crache déjà. Il n'avait pas l'air content. Azuha était rassurée : quelqu'un était enfin d'accord avec elle pour dire qu'un Noir n'est pas le bienvenu ici !

Puis il lui parla à elle, lui demandant expressément d'être celle qui dirigera les deux autres vers l'accomplissement de la mission qui leur a été donnée, à savoir trouver le Traître et l'arrêter, et d'autres objectifs de reconnaissance évidents.

(Ezak Darkas...)

Azuha grava ce nom dans sa mémoire. Le Traître...

Puis elle réfléchit à la requête du Conseiller. Elle, à peine revenue des montagnes, à la tête d'un petit groupe de gens à l'évidence plus puissants qu'elle, pour déjouer un complot entre des personnes encore plus puissantes. La responsabilité qu'elle aurait ne serait pas celle d'une hôtesse de boutique, ça c'était sûr ! On était à un autre niveau, c'était un autre monde... littéralement !! Si elle échouait, elle avait sur ses épaules l'infiltration d'Oaxaca à Oranan...

Mais si elle réussissait, elle porterait la gloire d'avoir empêché la déesse d'entrer sur son monde ! Elle aurait protégé sa cité !

Et plus que ça, qui serait-elle si elle refusait les conseils du conseiller ? Le Conseiller d'Ynorie en Aliaénon lui conseillait de prendre la direction de ce groupe. S'il la croit capable, c'est qu'elle, l'est. En douter serait douter de lui et douter de la Ville. Elle n'avait pas ce droit.

Azuha s'agenouilla devant le conseiller, tentant de reconstruire le puzzle de la situation dans sa tête, se souvenir de chaque nom, de chaque lieu...
- C'est avec honneur que j'accepte cette mission et ce titre. déclara-t-elle. Mon bâton servira à protéger Fan Ming, l'Ynorie, et tout Yuimen. Dussé-je échouer dans cette tâche, vouerai-je ma vie à réparer cette erreur.

Azuha, les yeux fermés, attendait la réponse du conseiller, accordement au code d'honneur de l'Ynorie.

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La jeune Ynorienne me répond et m'annonce des choses intéressantes, elle pourra jouer la diplomate à ma place, ça m'arrange à vrai dire. Therion pour les pistes hors des villes, la jeune femme pour les renseignements dans les villes et moi en garde du corps et spécialiste magie et religions, ainsi qu'en matière de stratégie, ayant quelques idées des volontés d'Oaxaca.

Mais voilà que le conseiller se met à parler le liykor, d'un ton qui indique que trop clairement un mécontentement et vient nous rappeler que le temps presse. Je soupire, comme si je ne le savais pas et que c'était nous qui s'étaient fait attendre. Le reste m'agace un poil, de quoi il se mêle lui à nommer l'Ynorienne comme chef du groupe, et surtout à remettre en cause notre honneur. Diriger des compagnons, alors que tu es incapable de leur parler, de te mettre à leur place et que tu ignores tout des mondes extérieurs ? Voilà qui achève de m'agacer, mais les mots qui se répètent dans mon esprit c'est "vous connaissez donc le vrai sens de l'honneur", comme si, parce que nous étions d'une race autre que la sienne nous ne le connaissions pas. Je pensais que les Sindels étaient les seuls à avoir cette sale manie de penser tous les autres inférieurs...

(Calme-toi, Lothi, ça va mal finir si tu t'emportes...)
(Ouais, bah ça risque d'être dur avec ceux-là.)

Je tente de me calmer et respire une bonne fois avant de répondre au conseiller, le regard dur :
"Oui, vous n'êtes qu'un lapin, comme celui de la fable. Vous apportez un tas d'informations pertinentes pour vous, mais sans le moindre intérêt pour nous. Vous nous assommez de noms de lieux et de personnes sans nous expliquer de quoi il en retourne ou les dangers de cette planète et ses différences par rapport à Yuimen, informations qui seraient intéressantes pour nous autre. Et maintenant voilà que le lapin se prend pour un chef de meute et nomme quelqu'un chef sans rien savoir des autres personnes, ni même de ses relations avec les autres. Genre, vous la nommez pour une mission alors qu'il y a encore une heure de cela elle ignorait qu'il existait des mondes extérieurs; elle doit nous diriger et ne sait pas parler à Therion."

Inconsciemment, je me suis rapprochée de mon interlocuteur. Il est petit, enfin la taille d'un humain normal. Je suis bousculée violemment dans mon esprit que je parviens à peine à apaiser. Je ne sais que trop bien ce qui arrive, mais ne parvient pas à arrêter Astinor qui prend possession de mon corps, celui-ci se transforme, se couvre de poils et surtout le conseiller semble grandir, Astinor est manifestement plus râblée que moi. Avant que j'ai eu le temps de la dissuader de faire l'ânerie qu'elle est entrain de faire, je constate avec effarement les paroles qui sortent de ma gorge et surtout les muscles qui se tendent dans le bras :

"Quant à l'honneur. C'est comme ça qu'on le lave chez moi !"

Dans la rythmique de la phrase, qui sonne comme une véritable sentence, le poing humain, mais couvert de poils noirs part droit en direction du nez du conseiller, dans l'objectif clair de le lui éclater.


(((Transformation en Astinor et tentative de coup de poing vers le conseiller, pas pour le tuer, à petite puissance, juste de quoi lui briser le nez)))

La menace n’avait pas échappé à Therion, et l’avait plus marquée que la proposition de toucher à de la viande. A mesure que le temps passait, il commençait à se demander comment les humains avaient pu édifier des cités et prospérer avec un tel comportement. Voilà que l’homme en face de lui se mettait à parler le langage des Enfants du Père et de la Mère, comme le capitaine avant lui. Le voilà qui parlait de gibier, de terrier… Mais le gibier dans son terrier est un gibier inoffensif pour un liykor noir, les lapins ne sont que des amuse-gueule… Les lapins sont bons pour les petits. Comment prouver sa force à chasser des lapins ?

(Et il ne pouvait pas d’emblée s’adresser à moi dans une langue que je serais susceptible de comprendre ? Non… Les humains comme les garzoks ne semblent pas capables de faire les choses simplement, directement… Un tigre ? Un tigre ? Ha ! Qu’il se croie un tigre ! Grand bien lui fasse ! Qu’il menace… Je ne suis pas de ceux à qui les mots suffisent…)

Agacé par la situation, Therion ignorait s’il devait répondre ou pas. Puis une fierté de prédateur l’emporta, et il décida de rester muet face à la proposition de la collation et à la menace. Si un combat devait avoir lieu, il devrait se dérouler entre l’elfe et l’humain : il en allait ainsi des rencontres entre chefs de meutes. Des alliés, disait l’elfe qui chasse bien ?

(On peut chasser avec une autre meute, mais il ne peut y avoir qu’un seul chef pour les deux… Sinon la chasse ne mène à rien…)

Comme un écho aux pensées du Liykor, l’elfe se transforma en la bête qui avait ravagé les rangs des garzoks dans le village. Une patte se serra sur la poignée de la Lame Noire, l’autre prête à tirer la hache de la ceinture, Therion attendait de voir comment les choses allaient tourner, prêt à vendre chèrement sa peau, afin d’être accueilli dignement dans les immenses prairies de chasse du Père.

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Azuha encore une fois s'attendait à recevoir une réponse de son interlocuteur, mais c'est la créature à la chevelure de feuilles qui s'exprima à sa place. Elle ne s'adressait pas à elle, cependant, elle lui répondait à lui, qui en revanche lui s'était adressé au Noir. Un mot résonna dans la tête d'Azuha quand elle se leva. Avait-il vraiment parlé de "ranger un chat" ?

Quand elle fut relevée, Azuha contempla la scène en se faisant la plus discrète possible. La Forêt avait commencé à argumenter la qualité du conseiller en tant que lapin, remettant en question le choix d'Azuha en tant que chef de groupe. Azuha était à présent convaincue qu'il fallait qu'elle se fasse toute petite, et recula doucement vers le cercle de garde, s'éloignant de la scène.

À la fin de son discours violent, la Forêt, qui s'était rapprochée du conseillée, changea d'aspect. Sa peau se recouvrit de poils noirs, son échine se courba, ses muscles s'amplifièrent, ses traits s'arrondirent, et en moins d'une seconde, elle s'était changée en panthère.

Azuha était abasourdie. Jamais elle n'aurait pensé ça possible. Voir une créature humanoïde dont la tête est recouverte de feuille se transformer en créature légèrement moins humanoïde dont la peau est recouverte de poil. Le spectacle était beau à voir. Les poils qui poussent quasiment instantanément, les muscles qui se gonflent, les dents qui poussent, toute la morphologie qui change, le tout de façon lisse et naturelle. C'était un spectacle magnifique.

Qui allait être gâché par la suite.

- Quant à l'honneur, c'est comme ça qu'on le lave chez moi !

La panthère frappa le conseiller droit dans la mâchoire.

Azuha tourna légèrement la tête sans quitter la scène des yeux, et souffla au garde juste à côté d'elle, un peu en retrait :
- Quand je pense que j'hésitais à lui laisser le contrôle des opérations...

Les quatres gardes à l'entrée de la salle, dont la femme qui s'était adressé à eux plus tôt, dégainèrent leur sabres et les flanquèrent contre la gorge de la panthère, l'immobilisant.

Azuha venait de constater, encore une fois, qu'un être non-Ynorien avait trahi l'autorité et l'ordre juste. Cette fois-ci seulement, elle a été arrêtée dans son élan. Azuha aurait aimé que Grikk ait été stoppé dans son élan aussi...

Azuha se souvint alors du jour où ils sont arrivés à Omyre pour la première fois, et où Grikk n'avait pas eu à cacher sa caravane. La ville encourageait son commerce, et il avait d'ailleurs un stand au marché, où il allait trois fois par ans. Chaque année, Azuha a été présentée au marché d'Omyre en tant que marchandise. On lui avait crachée dessus, marché dessus, on l'avait frappée. Jamais on ne l'avait achetée... à la place on l’abîmait ! Mais Grikk prenait soin de ses produits, et punissait ceux qui les détérioraient. Grikk avait soigné Azuha plus d'une fois. Et c'était seulement dans ces moments-là qu'Azuha se disait qu'elle avait peut-être de la chance d'être tombée sur lui. Qui sait où cette relation aurait pu la mener si elle n'avait pas été vendue à Omyre !

Azuha secoua la tête, chassant les images de lavage et décrassage qui revenait devant ses yeux. Les rouvrant pour constater que d'autres gardes arrivaient, en plus des quatres qui immobilisaient déjà la Panthère.

Azuha se claqua les mains sur les joues.
La Panthère était dans cette situation parce qu'elle ne s'était pas contrôlée. Le Noir, lui, était toujours à l'écart, tranquille ; lui s'était contrôlé. Azuha en retint une leçon, qu'elle associa à un des proverbes de la Voix des Purs : Ne te fais pas avoir par la beauté d'une plante, car elle peut contenir le plus dangereux des poisons. C'est à ce moment-là, dans cette salle de la Sphère, qu'Azuha comprit enfin cet adage.

À son tour de montrer qu'elle est belle, et que la Glace n'est pas que froideur et immobilité. Elle se remis en tête toutes les leçons de Voix des Maîtres Purs.

Azuha se ravança vers la scène, et parla, s'adressant à la Panthère :
- Vous parlez d'honneur, mais vous oubliez la dignité. dit-elle sur un ton de sermon. Regardez dans quelle situation vous êtes ! Immobile, encerclée, condamnée à se meurtrir si jamais vous bougez ! Est-ce là l'honneur dont vous parliez ? Est-ce là l'honneur d'un guerrier qui se bat pour sauver son peuple ?

Azuha pointa du doigt le conseiller.
- Est-ce là ce que vous appelez ne pas perdre de temps et prévenir les autorités ?

Azuha se plaça de façon à regarder la créature dans les yeux. Elle y vit un fantôme du passé, une réminiscence de Brònn et de tous les autres, moins l'esprit pacifique semblait-il.

- Certes, je ne vous connais pas. Certes, je ne connais pas le langage de Thérion. Certes je ne suis pas familière avec ce monde, mais je suis familière avec le respect des autres et de soi, je suis familière avec le contrôle de son tempérament, et surtout avec la communication, comme je vous l'ai dit plus tôt. Et si j'ai peu parlé jusqu'ici, c'est justement pour écouter.

Azuha avait du mal à rester calme.
- Et maintenant à ton tour d'écouter, car pendant que tu te défoules à taper sur ceux qui te paient parce qu'ils ne sont pas du même avis que toi, il y en a qui meurent dans un bataille sans nom pour protéger ce à quoi ils tiennent !

Azuha reprit rapidement son souffle et continua plus calmement.
- À quoi tu tiens, Panthère ? Pourquoi tu te bas ?

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