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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Dim 25 Déc 2011 22:38 
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Salymïa m’écouta attentivement lorsque je parlai d’une possible tactique pour entrer dans la demeure de Grantier. Demeure, château, propriété, qu’en savais-je pour le moment ? Il faudra attendre que le groupe se reforme et parte bivouaquer pour en apprendre un peu plus. Elle proposa que Cromax entre sous l’apparence de Sidë, j’en avais presque oublié qu’il avait un pouvoir de métamorphe.

Montant ma main droite au niveau de mon menton en signe de réflexion, je continuai de l’écouter. Elle exposa l’idée de parler à tout le groupe de la présence de nos faera afin d’avoir un avantage.

- « Ici nous avons deux écoles qui se présente à nous. Soit Cromax arrive sous sa forme habituelle, comme j’ai pu le suggérer précédemment, mais il sera forcément désarmé. C’est un risque à prendre si on continue dans cette voie. Soit Cromax prend la forme de l’elfe Sidë, lui permettant d’être armé à sa guise. »

Voilà deux possibilités qui semblait tenir la route, mais pour le reste de sa proposition j’étais plutôt sceptique.

- « Salymïa, révéler la présence de nos faera aux autres membres du groupe serait une terrible erreur. Car imagine qu’Oryash ou Mathis soit capturé et torturé. Qui sait ce qu’on peut dire sous la torture, j’en sais quelque chose ! S’il révèle la présence de nos faera nous avons peut être des chances de les perdre, je ne veux pas prendre ce risque. »

(Tu ne pourras pas me perdre de cette manière.)
(Je ne veux pas courir au drame, tu m’es devenue trop précieuse pour que je te perde Crystallia.)
(Ta sollicitude me touche, Aenaria. Tu ne me perdras jamais.)

Quoi qu’il en soit, tant que nous n’étions pas proche de notre campement et que nous n’avions pas fait une bonne reconnaissance du terrain, nous ne pourrions envisager pleinement notre plan d’attaque.

- « Evitons pour le moment de tirer des conclusions trop hâtives tant que nous n’aurons pas repéré les lieux. Nous pourrons peut être tirer un avantage du terrain, qui peut le savoir ? Il n’y que Cromax qui puisse nous en apprendre un peu plus et je pense que la discussion autour du feu ce soir sera fort intéressante. »

Ah oui, comme j’aimais ces discussions la nuit avant la bataille, elle permettait d’éprouver les nerfs des troupes. Je ne savais que trop bien que les idées les plus farfelues pouvaient être les plus prometteuses lorsque la situation semblait sans espoir.

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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Dim 25 Déc 2011 23:20 
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Aenaria complète mon idée en exposant deux possibilités que je ne peux qu’approuver. Si Cromax rentre sous son apparence délicieuse d’elfe gâté par la nature niveau beauté, il sera désarmé et donc en état de faiblesse. Hors, même si ma vengeance prime par-dessus tout pour moi, je suis avant tout ici pour protéger l’elfe gris. Et je ne peux imaginer un monde où il ne serait plus.

Cela me ramène à ma mort, à ce que je viens de traverser. Je tente à nouveau de me mettre à la place de mes compagnons, d’essayer de comprendre ce qu’ils ont pu ressentir, mais je suis trop bloquée sur mon propre sort pour y parvenir. Je pousse un soupir dans l’air chaud du couchant.

Pour la sindel, révéler la présence de nos faera au groupe entier serait une terrible erreur. Personnellement je ne le pense pas. La raison que m’invoque Aenaria me semble peu justifié, mais je dois reconnaître avoir complètement oublié le nouveau, dont je ne me souviens absolument pas. Lui pourrait nous trahir.

"Tu n’as pas tout à fait tort… Mais il faudra en parler entre nous avec Cromax. Même si le secret ne doit pas être dévoilé, nous devons en discuter avec lui."

Là-dessus, je suis catégorique. Nous devons nous mettre au point entre nous trois. Mais comme le rappel Aenaria, il est inutile de faire des plans sur la comète avant d’être arrivé sur place, d’avoir évalué la situation et surtout d’en avoir discuté tous ensemble.

(Qu’en penses-tu Laïdè ? Suis-je trop stupide ?)
(Non, tu proposes c’est tout. L’important est de montrer ta motivation et non le fait d’avoir raison.)
(Oui, merci Laïdè.)

Une vague de confiance m’envahit. Mon amie de toujours me gratifie de ses bonnes ondes et cela me fait un bien fou. Elle devra sans doute l’utiliser en abondance lors de l’assaut final et surtout lors du moment le plus dur à traverser pour moi : l’assassinat de ma mère.

"Oui, attendons que Cromax nous réunisse et que nous puissions en discuter. Cependant, je maintiens une discussion avec notre chef. Toi, lui et moi, les trois possesseurs de faera."

Je regarde Aenaria avec un sourire calme et serein. Elle peut voir que toutes angoisses ont déserté mon esprit. Grâce à Laïdè certes, mais au moins je suis prête, détendue et confiante en l’avenir qui s’offre à moi et à Amhalak et en mon amitié avec Aenaria.

"Nous sortirons victorieuse Aenaria, j’en ai la certitude !"

Je lui donne un nouveau sourire tout en regardant le soleil et en attendant l’appel de notre chef.

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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Lun 26 Déc 2011 12:54 
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Mathis me fait part d’une subite illumination concernant le symbole du médaillon de Grantier, qu’il relie directement au nom de notre groupe. Cette épée hérissée de piques ne me dit pourtant rien qui vaille, hélas. Car si je suis doté de pouvoirs surnaturels que me confère mon statut au sein de la guilde, je sais qu’il en est de même pour notre ennemi, et je crains de lire quelque indice dans ce symbole hautement imagé. Je reste silencieux un moment, pensif, imaginant sans réellement le voir quel pourrait être ce pouvoir.

Puis, je me rends compte qu’il est sans doute temps de repartir pour notre destination finale, le Château de Grantier. À l’horizon, le soleil n’est plus présent que sous la forme d’une lueur orangée semblant embraser le ciel d’une ligne de feu. Mon regard perçant peut même apercevoir, dans la brume lointaine, très lointaine, l’ombre floue de la capitale de ce pays, perdue derrière collines et plaines.

Doucement, je me lève et englobe les amants du regard, avant de déclarer, afin que tous m’entendent :

« Il est temps de partir. Nous terminerons notre voyage tant qu’il nous reste un peu de la lueur du crépuscule. Les ombres de la nuit ne sauront que rendre notre arrivée près du castel de Grantier plus discrète. »

Et sans plus tarder, je m’approche de Lune pour grimper sur son dos, pieds dans les étriers. Je lui flatte l’encolure, en observant mes suivants se préparer à la fin de notre voyage. Et lorsque tout le monde est juché sur sa monture, je lance la mienne au galop à travers les plaines. Une dernière course avant d’atteindre le but final de notre voyage. Le but final de notre quête.

Et l’air du début de soirée est frais, sur mes pommettes. Il glisse dans ma nuque et coule dans mes cheveux comme une ondée invisible et immatérielle. Comme la caresse d’un pays qui m’accueille à nouveau en son sein. Sombre présage ou heureux signe du destin, je n’en ai cure. Je me sens vivant, et c’est là tout ce qui compte.

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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Lun 26 Déc 2011 13:28 
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Alors que mes pensées s’égarent loin de ce qui nous attend, je suis ramenée à la réalité par la voix de notre chef qui nous dit qu’il est temps de partir. Pour lui, la nuit sera un avantage pour nous lorsque nous arriverons à proximité du domaine de Grantier. Je ne peux qu’approuver, mais sans que je puisse le contrôler, mon cœur se met à battre très fort.

C’est la dernière ligne droite. Le dernier voyage qui me sépare de ma vengeance que j’attends depuis ce jour fatidique au Temple des Plaisirs où Dame Pulinn m’avait appris la vérité. Il ne m’avait pas alors fallut une seconde pour comprendre que ma mère, celle qui m’avait élevé, était mouillée jusqu’au cou dans cette histoire et que pour que mon père trouve la paix, je devais la tuer de mes mains.

Sans attendre je me dirige vers Ranyà, m’empare des rennes et monte sur elle. La fin du voyage est proche et au bout, la bataille finale, la délivrance, enfin.

…après se sera toi et moi…

Oui ! Dans quelques jours je vais retrouver Amhalak et nous pourrons enfin être réunis et nous unir comme nous le voulons. Je regarde mon amie retrouvée et lui lance un sourire déterminé. Vivement la fin de tout cela. Cromax part au galop et je ne tarde pas à le suivre, mais avant.

"On est presque au bout Aenaria, ensuite on s’occupera de ton soucis !"

Je pars à mon tour. Le vent est plus frais que précédemment et je ne sais si cela est un bon signe ou pas. Alors que nous galopons, je ne ressens plus la fatigue que je ressentais la veille. Le fait d’avoir retrouvé tous mes amis y est sans doute pour quelque chose. Tout en avançant, il me vient alors une idée. Je me dois d’informer Cromax pour la faera d’Aenaria.

(Laïdè.)
(Présente !)
(Va dire à la faera de Cromax qu’une faera est entrée en contact avec Aenaria, nous sommes donc trois à en posséder une et cela pourra être un gros avantage lors de la mise en place de notre plan pour la bataille finale. Demande lui poliment de lui répéter ceci mot pour mot.)
(J’y vais.)

Sans plus de blabla, elle sort de ma boucle d’oreille et s’envole en direction du chef qui est largement en tête de notre expédition. Je me concentre alors sur moi-même, mes sentiments à la veille de l’assaut. Je suis pressée, avide d’en finir une bonne fois pour toute, mais je dois aussi calmer mes ardeurs pour ne pas me faire avoir.

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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Lun 26 Déc 2011 14:55 
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Je réussis à ramener Salymïa à la raison concernant nos faera. Personne en dehors de leurs possesseurs ne devait les connaître. Nous devions attendre le signal de Cromax pour le départ et le campement du soir afin de savoir ce qu’il en pensait. Ce fut avec un sourire et une certaine détermination dans la voix qu’elle me gratifia d’une phrase de victoire prochaine.

Je m’apprêtai à répondre à mon amie lorsque j’entendis résonner la voix de Cromax dans mes oreilles, il était temps pour nous de reprendre la route. La nuit tombante serait notre alliée afin de faire une arrivée discrète. Je ne pouvais qu’approuver sa décision d’attendre le soleil couchant pour envisager un mouvement. Nous étions nombreux à participer à cette mission, la nuit était notre meilleure amie. Je le vis grimper sur sa monture et attendre que nous fassions de même.

Je pus sentir l’impatience dans les derniers mots que Salymïa m’adressa. Elle avait hâte de se rendre dans la place forte de Grantier, et je n’étais pas mécontente non plus d’arriver enfin au but de notre mission. Sifflant en mettant deux doigts de main droite dans ma bouche, je vis Célestion approcher au trot. Mettant pied à l’étrier, j’enfourchai mon cheval pour partir à la suite de Cromax et Salymïa, les autres nous suivant non loin derrière.

(C’est maintenant ou jamais.)
(Tout va bien se passer Aenaria.)
(C’est toujours quand on dit ça que ça se passe mal, tu viens de nous porter la poisse Crystallia !)
(C’est de la superstition de vieilles femmes tout ça.)
(En attendant, j’y crois alors chut ! D’ailleurs est-ce que tu pourrais aller à Kendra Kâr pour voir…)
(…si l’autre dinde est avec lui et s’il est toujours envoûté ? J’y vole de ce pas.)

De nouveau seule, je n’avais plus qu’à me concentrer sur la route.

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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Jeu 29 Déc 2011 16:01 
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Notre pause apparemment terminée, Cromax se leva, ce qui m’incita à faire de même. Tout en regardant l’ensemble de ses amants, notre chef d’expédition nous annonça qu’il était grandement le temps de repartir. Notre chevauchée se prolongerait tant que les rayons du soleil nous procureraient un peu de lumière.

Ma conversation avec l’elfe gris s’était déroulée au-delà de mes attentes. Non seulement j’avais réussi à prolonger mon séjour auprès d'eux, mais je nourrissais à présent l’espoir qu’un jour je pourrais moi aussi faire partie de cette troupe qu’ils nommaient les amants de la rose sombre. Certes, ce nom étant assez singulier, ma curiosité piquée, je le questionnerai davantage à ce propos en temps opportun. Pour le moment, je devais faire mes preuves et user de mon intelligence afin de les aider à accomplir leur mission tout en me salissant les mains le moins possible.

Une fois son plan de la journée annoncé, Cromax monta sa jument, imité par tous les membres de son clan. Je fis de même et attendis patiemment le signal pour partir à leur suite au galop.

Je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais et surtout contre qui l'on se mesurait, mais je fonçais tête baissée. Je me doutais bien que cette mission ne serait pas des plus faciles, mais c’était le prix à payer si je voulais faire partie des leurs et jouir ainsi d’une présence continuelle à mes côtés. J’avais eu la chance de croiser des gens avec lesquels je me plaisais et avec qui je comptais pouvoir passer du bon temps et oublier la femme qui m’avait délaissé pour un homme terne, sans vie, mais fidèle.

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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Lun 9 Jan 2012 00:03 
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Le retour à l’extérieur avec l’éclat du soleil était violent et je dus cacher mes yeux un bon moment avant de m’habituer à la lumière ambiante. Le soleil était à son zénith et il illuminait une mer dorée d’herbes folles qui étaient secouées par vague par une bise sifflante.

(Les plaines d’Ynorie sont toujours aussi belles.)

Désormais sur un terrain dégagé, nous allions pouvoir lancer nos chevaux à vive allure et fendre les prairies d’une colonne serpentine. Assez vite, je reconnus les falaises sur notre droite et compris avec étonnement que nous n’étions pas si loin de chez moi. Cela me semblait être une éternité que j’avais descendu de ses montagnes pour traverser les champs vers la grande route menant à Kendra-Kar.

(Si j’avais su qu’un raccourci m’économisait un bout du voyage…)

A l’époque, j’avais suivi un sentier rural pour rejoindre des terres plus civilisées et j’avais rencontré une aéromancienne avec qui j’avais par la suite partagé mes premières aventures. Nostalgique, je dirigeai mes pensées pendant un moment sur cette rencontre, première d’une longue série qui m’avait amené jusqu’ici. Plus que par vingt ans enfermé dans un chalet, ces deux années m’avait forgé et chaque compagnon, ami, ou plus encore, avait fait un peu de moi ce que je suis aujourd’hui. Même mes ennemis ont laissés sur mon corps et mon esprit leur marque… Caacrinolas, Phaitos, Cheylas…

Je fus coupé dans mes pensées par un cri de Cromax qui mit tous mes sens en alerte. Je n’avais pas encore bien réalisé ce qu’il se passait, mais l’inquiétude née dans l’embuscade de la veille revint à la charge, mobilisant toute mon attention sur ce qui pouvait être une nouvelle menace. Mais je compris au ton de la voix de mon amant que ce n’était en rien une alerte. Les mots par contre me laissaient présager que le long moment d’obscurité suivi d’un ciel radieux avait eu raison de son esprit par une violente insolation.

(Salymia ? Elle ne peut pas être là, elle est morte… De l’autre coté de la montagne, égorgée…)

Interloqué, je suivis néanmoins Cromax en poussant Pynoa à accélérer pour ne pas me faire semer. Effectivement, un cavalier n’était pas loin, une femme. En approchant, je pu mieux distinguer l’étrangère. Elle portait une robe blanche et sa peau laiteuse ainsi que ses cheveux blonds réverbéraient la lumière divine que Gaia nous prodiguait par le soleil. C’était bien Salymia. Une Salymia qui resplendissait tellement qu’on aurait dit qu’elle était la fille de Gaia. J’avais déjà entendu parler de magiciens mourants tragiquement pour revenir plus purs et lumineux que jamais, mais j’avais toujours cru à des légendes pour remonter le moral après la perte d’un être cher.

(Je n’y crois pas ! Comment peut-elle être là ?)

Cromax fondit sur elle pour la prendre dans ses bras et le reste du groupe mêlait joie, incrédulité et scepticisme. Aenaria émit rapidement des doutes et confirma l’histoire de la veille, révélant même quelques détails sur sa crémation, chose que j’aurais préféré ignorer tant je trouve cette méthode barbare, mais des réponses de Salymia la convainquirent sans tarder. Plus en retrait, Oryash supposait implicitement que ce n’était pas la vraie Salymia, mais une imposture, un maléfice. Je ne savais que penser face à tout ça et même si je restai sur mes gardes comme elle, je ne pu m’empêcher de me plier à l’avis général. Ceux qui connaissaient le mieux l’elfe la reconnurent autant physiquement que mentalement. C’était bien une alliée qui revenait parmi nous. De loin certes, mais ce n’était pas si invraisemblable que ça.

(On a bien fait un tour en enfer avant d’être renvoyer sur Yuimen par Phaitos car on avait vaincu ses champions dans une arène. Plus rien ne devrait m’étonner…)

Néanmoins, je restai en retrait, n’allant pas trop vers ma collègue cryomancienne pour le moment, la laissant discuter avec Aenaria comme de vieilles copines. La raison de cette distance n’était pas tant une méfiance exacerbée, mais plus une retenue, une vexation suite à l’accueil que lui avait réservée Cromax.

(Il faut croire que je suis vraiment jaloux…)

Depuis le début de l’expédition, nos nerfs ont été mis à rude épreuve et j’avais l’impression que notre union charnelle au temple était à des siècles de maintenant. Nous n’avions pas pu vraiment profiter de nos retrouvailles et l’expédition ne nous permettait pas vraiment de libertés. Nous étions côte à côte, mais une distance semblait s’installer. Tout ce que je souhaitais, c’était que Grantier soit rayé de la carte pour que nous puissions tourner la page et être tranquille. Mais en attendant, je le voyais avec Salymia, leur accolade intimiste, et j’avais un pincement dans mes entrailles en y repensant.

Je profitais de la pause pour grignoter un peu, mais surtout pour revêtirent mon armure. Nous nous approchions de la demeure de notre ennemi et l’attaque segtek avait bien montré que notre garde ne devait plus être baissée. Je remis en place tous les éléments de mon armure de cristal, allégeant la sacoche de Pynoa. Ainsi paré, j’étais bien mieux adapté à ce qui se profilait devant nous.

Nous reprîmes la route sans trop tarder, traversant les champs au galop. A la tombée de la nuit, une silhouette de citadelle se dessinait au loin. Le ciel s’empourprait par le coucher de l’astre solaire et les murs sombres se détachaient de la toile enflammée en un roc angoissant.

> Suite

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* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Dim 12 Fév 2012 20:32 
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Marcher au milieu des champs est une pratique qu'un explorateur expérimenté pourrait très facilement qualifier d'extrèmement pénible, les sillons ayant tendance à accumuler diverses crasses s'ajoutant sans peine à la terre incrustée sous vos semelles, et cet étrange torchis a bien souvent la mauvaise réputation d'alourdir vos pas, de quoi facilement faire rater une course poursuite champêtre ou encore allonger votre temps de trajet de plusieurs journées.
Mais si marcher au milieu des champs est fatiguant, marcher au milieu des champs avec un matériel complet sur le dos est quelque chose que l'on peut facilement qualifier de lourd, pénible, fatiguant, et tout autre structure grammaticale visant à alourdir le bilan.
Maintenant, marcher dans les champs avec un attirail complet, lorsqu'on est un orque avoisinant la centaine de kilos de muscles, que le sol est assez humide et que l'on ne voit pas plus loin que son est relève d'un concert d'une demi-journée de barde des bas quartiers de Kendra Kâr utilisant des instruments de musique traditionnels thorkins, de quoi pousser les plus faibles au suicide, somme toute.

Après un voyage éprouvant, et malgré quelques temps de repos que Rägrok s'était accordé, il venait un moment où ses pieds seuls ne pouvaient plus vraiment le porter, et un remontant s'avérait parfois nécessaire, la sobriété n'étant pas du genre à faire marcher longtemps nos jambes sans qu'elles ne se plaignent, surtout chez un orque "affaibli" physiquement par les combats, mais aussi génétiquement par des années de transport à dos de bêtes diverses, n'ayant ainsi pas vraiment usé ses semelles au fur et à mesure des voyages effectués.
Hélas, il n'avait pas ce genre de remontant sur lui et cela faisait déjà quelques temps qu'il n'avait pas croisé de passants, suivant la route du mieux qu'il pouvait alors que ses mollets hurlaient à la mort et qu'il devait serrer les dents à chaque pas, espérant en vain qu'un marchand passe et daigne le prendre à son bord.
Ce fut, un matin finalement, une silhouette fine, au loin, qui attira son attention, lui permettant de distinguer la traînée de fumée s'échappant d'un petit amas de maisons formant sans doute l'un des petits villages de fermiers qui fleurissaient sur le sud de la banlieue Ynorienne, dont il avait d'ailleurs entendu parler à l'auberge de Kendra Kâr par le cousin de la soeur du fils du grand père par alliance avec le neveu de la mère de l'oncle du demi-frère du beau-fils de l'un des paysans du coin, dont l'alcool avait délié la langue un peu trop au goût du garzok qui avait passé plus de temps à retenir les relations familiales du poivrot avec les habitants plutôt que d'écouter son histoire.

Après un bon quart d'heure de marche rapide, qui n'améliora pas le bilan de santé de Rägrok, les premières bâtissent commencèrent enfin à remplir le champs de vision du guerrier Mâchefer, et les habitants méfiants se passaient déjà le mot quand à l'arrivée d'un nouveau venu, probablement un pillard isolé qu'ils pourraient facilement tuer, mais vu son état il ne semblait pas nécessaire de s'en donner la peine.
Une rapide inspection de la "place principale" permit au garzok de distinguer les relants de chaleur de la forge, brouillant la vision alentour en liquéfiant la vue dès que le regard s'en approchait, et en quelque pas à peine, la chaleur rassurante des fourneaux envahissait son corps meurtri et un petit homme à longue barbe cessait immédiatement de battre le fer pour observer la silhouette massive qui l'empêchait de voir dehors, observant avec un certain mépris l'orque s'avançant vers lui, son protège mâchoire en main ainsi que son hachoir, déposant les deux objets sur un établi proche en attendant que le "Batteur de Fer" ne s'approche :


- "Vieux fils d'homme, j'ai des sous et besoin de toi."

Le vieil homme resta parfaitement neutre dans son regard et se dirigea machinalement vers les deux objets qui attendaient une petite retouche, réfléchissant un moment avec de se lisser la barbe :

- "L'or. D'abord l'or."

Lassé de devoir patienter pour une tâche si simple, Rägrok vida sa bourse sur le même établi, laissant tinter les pièces d'or dûrement acquises sous le regard satisfait et rassuré du Batteur de Fer, qui s'empara alors de la protection de l'orque pour l'amener à la chaleur des fourneaux, rougissant le fer, rectifiant les cabossures, les plis, les diverses avaries qu'il a pu connaître, faisant parfois fondre quelque billes de fer dessus pour boucher les trous handicapant, avant de finalement élargir le tout à grand coup de marteau, ce dernier ayant prit du poids et de la constitution se devait forcément d'être plus large pour pouvoir de nouveau être porté.

Lâchant le morceau de fer amélioré dans une bassine froide, ce fut au tour du hachoir long de passer entre les mains expertes du petit homme âgé, et finalement à la meule, qui, après de longues minutes, laissa finalement la possibilité à l'orque d'entrevoir le fruit du travail expert du forgeron barbu, un sourire carnassier s'étirant sur son visage.
Son office terminée, ce fut avec un certain plaisir que le vieillard s'empara de sa récompense, croquant quelques pièces pour en vérifier l'authenticité avant de saluer d'une légère révérence le peau-verte d'un air faussement amical, espérant qu'il repasse vite, probablement.

Assez rapidement, ce qui pouvait servir d'auberge dans le secteur fit vite les frais de la venue de l'orque, la paisible grange que les propriétaires louaient aux voyageurs se transformant rapidement en un bordel infâme où résonnait les ronflements du guerrier épuisé, privant les bêtes d'un sommeil dont Rägrok s'était passé trop longtemps, et effrayant la plupart des passants, certains se demandant même si l'une des bêtes n'était pas par hasard mourantes, les quatres jambes cassés, la tête en bas, accrochée par les pieds à la rembarde en bois qui ornait l'étage, mais malgré cela, personne ne vint déranger le Mâchefer, et ce dernier passa une nuit des plus agréables depuis un bon moment, tranquillement allongé dans sa paillasse, une peau de mouton lui servant de couverture.

Ce ne fut que le lendemain que l'orque s'apprêta à repartir, tôt le matin, dérangeant à grands renforts de coups de poings la porte de son hôte, réglant sa dette envers lui avant de lui acheter quelques boissons très alcoolisés pour le voyage, que l'homme fatigué ne se fit pas prier à lui fournir, trop fatigué pour songer à l'envoyer balader, et probablement assez pour rester excessivement poli avec la masse de muscle verte en face de lui.
Plein d'amour et d'espoir, ce fut au tour de l'apothicaire du coin d'endosser la visite matinale, forcé tôt dans la journée de se concentrer pour soigner rapidement les blessures de Rägrok, qui bien qu'impressionantes n'étaient tout de même pas profondes, et les hémorragies nombreuses n'avaient pas fait couler assez de sang pour qu'elles soient dangereuses.
A grand renfort de baumes et de points de suture, le guerrier garzok espérait pouvoir repartir enfin sur la route de la Rivale de la Ville Blanche, mais un évènement imprévu l'empêcha hélas de poursuivre ainsi :


- "MES POULETS ! LE PEAU-VERTE ! IL A DEVORE MES POULETS !"

Crevant la dalle la veille, il n'avait pas eu d'autres choix pour se nourrir, et ces bestioles avaient de toute façon l'air fort appétissantes, placées juste sous son nez à la manière d'un banquet. Pour s'amuser, il avait cassé les pattes de quelques uns, égorgé deux trois autres, mais au final le sommeil avait mis fin à sa petite distraction, et les éleveurs n'avaient pas forcément aimé, brandissant fourches et torches en toutes directions à la recherche de l'intrus tueur de poulets qui fut ainsi forcé de fuir à travers champs, la rosée du matin ayant ramolli la terre sans pour autant en faire de la boue, mais l'humidifiant assez pour rejoindre les critères donnés au début de cette mésaventure, et plusieurs heures plus tard, la soif vint rendre l'escapade un peu plus ardue, une sensation de pâte dans la bouche ne tardant pas à envahir le peau-verte assoiffé, qui, par réflexe, s'enfila la quasi-totalité des bouteilles emportées, sa soif absolument comblée mais ne comprenant pas vraiment pourquoi les champs se mettaient subitement à tourner, et, au rythme des chutes, le guerrier Mâchefer commençait petit à petit à se paumer, s'éloignant de la ville pourtant proche, mais qu'il prenait pour une hallucination dûe à l'alcool...

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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Ven 5 Oct 2012 14:20 
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~4~



Foulée après foulée, nous avançons vers le lac de Nostyla, mais dans une ambiance peu agréable. A ma gauche, Hidate regarde au loin, encore plus silencieux qu'à l'ordinaire. A ma droite, dame Legaeli détourne la tête, visiblement courroucée. Le voyage avait pourtant démarré dans les meilleures conditions. Tanigura Hidate avait emprunté, à sa charge, du matériel de couchage pour deux personnes. Chose logique étant donné qu'il nous faut certainement passer une nuit à l'extérieur. De mon côté, un rapide détour par la boutique m'a permis de réunir quelques vivres, mais aussi une poignée de plantes à infuser. C'est la jeune fille qui se charge de porter le matériel du camp.

J'imagine que pendant qu'ils m'attendaient aux portes, Hidate et la jeune personne ont eu un différent. A mon retour, aucun des deux n'a daigné m'expliquer ce qu'il s'était passé. Résultat, cela fait bien une demie-heure que nous avançons, dans un silence presque complet. Je suis tracassé par cette atmosphère, et par le fait que je serve de mur entre les deux individus. Je profite toutefois de ce calme pour faire un point sur ce que je sais.

Dame Legaeli ne semble pas d'origine ynorienne, et ses paroles au sujet de son père ont l'air de le confirmer. Un instant, je trouve étrange qu'elle ait précisé que son parent l'ait élevé. Après tout, cela semble couler de source, sauf si cette personne n'est pas réellement son géniteur, mais qu'elle le considère comme tel. J'aurais sans doute dit la même chose si je recherchais mon oncle. Mes yeux se referment légèrement tandis que je réfléchis. D'après ses dires, ils sont sans cesse pourchassés, et ce, depuis une dizaine d'années. Cela m'intrigue. Quel genre de brigands ou de pillards serait prêt à passer une décennie à poursuivre un guérisseur ? Seules deux raisons me viennent. Soit Dwao Daelith a œuvré contre les intérêts des groupes, soit il a des connaissances pouvant leur faire du tort. A moins qu'il ait dérobé un quelconque objet auquel le chef des bandits tenait particulièrement.

Je jette un coup d'oeil à ma voisine, apercevant ses armes. J'ignore qui peut en vouloir à son parent, mais il semble évident qu'elle est prête à en découdre. Quoi qu'il en soit, je suis persuadé que secourir le guérisseur ne va pas être simple. D'ailleurs, comment notre jeune amie peut-elle savoir où se terrent les auteurs de l'enlèvement ? Aurait-elle d'autres informations qu'elle n'aurait pas révélé ?

( Déformation professionnelle ? Voilà que je me mets à douter de l'intégrité d'une nouvelle connaissance. D'un autre côté, si j'ai raison, autant rester sur mes gardes. )

Un autre long moment se passe, quand la jeune Dwao ralentit l'allure, sa main gauche agrippant la manche de mon yukata. Tandis que le milicien poursuit son avancée jusqu'à un rocher où il s’assoit, je stoppe la mienne. Sans que j'ai le temps de lui poser la moindre question, son ton légèrement agressif m'est adressé.

"Dites. Quel est le problème de votre collègue, au juste ?"

"Je vous demande pardon ?"

"Son problème. Avec moi. Depuis notre rencontre, il n'arrête pas de me scruter avec insistance, et quand je le regarde, il souffle et détourne les yeux. "

De concert, nous regardons en direction de Hidate aux yeux sombres braqués dans notre direction. Il s'attarde un peu sur le visage de Legaeli, puis sur le mien. A cette distance, et son casque masquant une bonne partie de son visage, il m'est difficile d'imaginer ses pensées. Cependant, il finit par reporter son attention sur le sol.

"Vous voyez ? S'il me toise parce que je suis une femme, je..."

Je me permets de l'interrompre.

"Ne tirez pas de conclusions hâtives. Il est vrai que nous ne n'avons pas travaillé longuement ensemble, mais le milicien Tanigura Hidate est quelqu'un de bien. Lors de notre dernière mission il était, tout comme le reste de notre groupe, aux ordres d'une femme. "

L'expression colérique de la jeune femme s'apaise, puis se change en confusion.

"Mais dans ce cas... Pourquoi une telle attitude ?"

Adoptant une expression positive, je souris à la jeune dame, l'invitant d'un signe de tête à se remettre en route.

"Je pense qu'il a simplement du mal avec les mots. Nous ne sommes pas connus pour notre exubérance, nous ynoriens, mais j'admets que mon camarade l'incarne un peu trop parfaitement. Mon seul conseil est que vous devriez prendre le temps de lui parler. Vous verrez qu'il est plus expressif qu'il n'y parait. "

Dame Legaeli se contente d'acquiescer, sans avoir l'air convaincu. Si elle l'a pensé, elle ne fait aucune remarque sur mon appartenance au peuple de la République. Capacité d'adaptation et ouverture d'esprit, sans doute.
Bientôt, nous parvenons à la hauteur du milicien, qui se détache de son rocher. Levant le nez, je vois bien qu'il nous regarde intensément. Choisissant de ne rien dire, je fais un petit signe de tête à ma voisine. Cette dernière s'avance, venant se planter devant lui, à l'instar de ses yeux vifs dans le regard du grand humain. Quelques longues secondes s'écoulent avant qu'elle ne daigne prendre la parole.

"Je vous prie de m'excuser. Je n'aurais pas du m'emporter."

Hidate demeure immobile et silencieux. Je songe soudain m'être fourvoyé, mais c'est à cet instant que l'ynorien soulève son casque du pouce, dégageant ses yeux. Ses traits n'ont que légèrement bougé, mais toute son expression semble prouver qu'il est soulagé et content de la tournure des événements. D'ailleurs, j'ai la sensation de voir le reflet de ceci sur le visage féminin.

Avant même d'en prendre conscience, les deux humains reprennent la route, me devançant de plusieurs pas. Je ne parviens pas à retenir un souffle amusé, étant témoin d'échanges de regards entre eux. Je ne suis pas certain de ce qu'ils peuvent se "dire" ainsi, mais cette petite clarification semble avoir au moins eu le mérite de détendre l'atmosphère. Vivement, je leur emboîte le pas, allongeant les foulées pour les rattraper.

J'ai l'impression qu'entre ces deux humains de belle taille, il va falloir que je me manifeste un peu plus pour ne pas être oublié.



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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Ven 5 Oct 2012 20:08 
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La journée avance, tout comme notre trio sur le chemin. Parfois, nous croisons d'autres piétons, tirant charrettes ou peinant sous de lourdes sacoches. Quelques-uns nous adressent un regard curieux, mais la plupart nous ignore superbement, surtout après avoir lorgné sur la silhouette du milicien. Je ne m'en plains pas, ni ne m'en amuse. Au moins, cela a l'avantage de nous laisser la voie libre pour progresser rapidement. Le rythme de marche est si rapide que je peux sentir mes muscles protester. Toutefois, je garde le silence, prenant sur moi. C'est une chance que le ciel soit légèrement nuageux. En plein soleil, j'ai des doutes quant à ma capacité à endurer la marche.

Au fil de ces heures, je remarque que l'air décidé de dame Legaeli se change peu à peu en anxiété. Elle se mordille la lèvre inférieure et augmente encore la taille de ses foulées. A la voir faire, je suis persuadé qu'elle se mettrait à courir si elle ne transportait pas ce bagage supplémentaire. Ma poitrine se resserre un peu. En tant que guérisseur, je m'inquiète pour sa santé. J'adresse mes prières aux divinités, songeant d'un coup qu'il me tarde que le soir tombe. Maintenant que je l'observe, Hidate semble aussi un peu concerné, cherchant régulièrement la demoiselle du regard.

A l'approche du couchant, Legaeli ne semble guère décidée à s'arrêter. Suite à un échange de regard avec mon camarade, nous prenons la décision de quitter le chemin, et de chercher un lieu abrité. Quand la jeune femme s'aperçoit que nous ne suivons plus, elle fait demi-tour. Elle affiche sans retenue un air entre colère et incompréhension.

"Qu'est-ce que vous faites ? Nous avons encore du chemin devant nous ! Il fait suffisamment clair pour avancer !"

Tandis que le milicien s'attèle à nettoyer et préparer la place du feu de camp, je me défais de ce que je porte. Je choisis mes mots mentalement avant de me tourner vers elle. Je n'ai aucune intention de la contrarier, mais la laisser sans explications de notre part n'est pas une solution.

"Je sais que vous êtes impatiente, dame Legaeli, mais nous avons effectué un bon trajet aujourd'hui. Pousser plus avant ne ferait que rendre plus difficile la montée du campement."

Je devine son regard braqué sur nos silhouettes, et ses poings se serrer. Apparemment, elle cherche quelque chose à répondre, mais elle s'en abstient et nous rejoint. Tandis que j'aide Hidate à dresser le paravent couvert nous servant d'abri, l'enfant du guérisseur Dwao allume le feu. Je n'objecte pas quand elle s'empare du sac de provisions que j'ai amené.

Les préparatifs du soir achevés, j'accueille avec un soulagement masqué cet arrêt. Tout en massant mon mollet droit, à l'emplacement de la cicatrice, je tente de sonder l'atmosphère. Tension et anxiété. Mon camarade de milice semble vouloir égayer un peu la demoiselle, mais il ne parvient pas à s'y contraindre, ajoutant une pointe de frustration dans l'air. De son côté, l'humaine regarde avec perplexité sa ration de poisson séché, n'y touchant que du bout des lèvres. Cette ambiance m'incite à sortir les plantes que j'ai ramené de la boutique, faisant ensuite chauffer de l'eau. Je ne masque aucun de mes gestes, ni ce que je manipule.

En me voyant m'affairer ainsi, c'est Hidate qui parvient enfin à briser le silence.

"Qu'est-ce que c'est ?"

Je m'apprête à répondre quand la voix féminine me devance.

"Une infusion. Une tisane aux effets calmants. Si vous voulez bien m'en préparer un peu, je vais en avoir besoin pour trouver le repos."

"J'en avais l'intention."

Le simple parfum de l'infusion m'aide déjà retrouver un peu de calme. C'est dans les sons nocturnes que notre trio partage cette infusion. La tension semble momentanément retombée, fait marqué par le retrait du casque du milicien. Suite à notre repas, nous nous accordons pour veiller chacun quelques heures. Quoi qu'il soit arrivé de négatif auparavant pendant la surveillance du milicien, rien ne se produit de particulier. Durant la mienne, seul le passage d'un cavalier pressé est à noter, mais c'est bien là le seul événement marquant de la nuit.


Nous avons à peine levé le camp que le rythme de la veille reprend. Legaeli Dwao semble plus déterminée encore que la veille, comme si tout doute ou frein avait disparu pendant la nuit. Bientôt, nous arrivons en vue du lac, et chose étrange, nos foulées ralentissent. Il est vrai que nous n'avons aucune stratégie ni aucune information concernant le lieu ou les personnes retenant le guérisseur. Je n'aime pas avancer à l'aveuglette, quand bien même Hidate est présent en cas de coup dur. Si la demoiselle a un plan, j'apprécierai qu'elle daigne nous en faire part sous peu.

Tout du moins, si elle-même a une idée de ce qui nous attend.



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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Ven 5 Oct 2012 22:57 
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Legaeli délaissa sa colère pour un ton plus grave. Vous pouvez sentir que les mots qu'elle va prononcer vont être importants.

-A présent que nous ne sommes qu'à quelques kilomètres du lieu en question, je vais vous donner plus de précisions. Il existe une ferme abandonnée en direction du sud du lac, elle est partiellement cachée par la flore environnante. Ce n'est qu'un amas de ruines inutilisables mais je suis certaine que nos ennemis s'y cachent. Avant de revenir chercher l'aide de la milice, j'ai observé un temps les activités qui se tramaient dans les parages. Des hommes armés vont et viennent dans cette ferme, des hommes peu avenants... J'ai trouvé l'endroit peu propice pour séquestrer quelqu'un, j'ai tenté de m'infiltrer...

Elle semblait culpabiliser.

-J'ai fait une erreur, reprit-elle. J'ai quand même réussi à m'enfuir et j'ai appris deux choses: les hommes appartiennent aux tueurs qui veulent notre peau, j'ai reconnu plusieurs sbires qui nous ont toujours traqués... mais il existe un réseau souterrain. Mon père doit être retenu sous cette ferme, s'il n'est pas mort. Je veux en avoir le coeur net.
Je suis revenue le lendemain de mon infiltration ratée, ils ont adopté un système de garde. Voilà pourquoi j'ai fait appel à la milice... croyez-moi, je m'en serait bien chargé toute seule sinon.


Elle se remit en marche.

-Approchons-nous, je vous en dirai plus une fois là-bas.

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-Les gens ont tendance à tenir pour vrai ce qu'ils
souhaitent être la vérité ou ce qu'ils redoutent être la vérité.


SOS GM? C'est là
Une question? C'est ici
Une intervention? Par là


Gm nocturne


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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Lun 22 Oct 2012 19:06 
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Notre petit quatuor progresse sans forcer tandis que nous nous dirigeons hors de la forêt. Autant maître Dealith et Legaeli semblent presque détendus, autant Hidate et moi restons vigilants. Je suis conscient qu'il est toujours possible que le bandit félin cherche à se faire justice, quand bien même les traces sanglantes près des ruines le situent à l'opposé de notre direction. Je ne suis toutefois soulagé que lorsque nous sortons du couvert végétal. La lumière qui nous y accueille est agréable, mais quelques rafales de vent rendent l'air un peu frais.

A l'avant, Hidate jette un bref coup d'oeil par-dessus son épaule, et ralentit l'allure. Lames au fourreau, il n'affiche aucune émotion en particulier. Silencieux, il écoute ce que la jeune femme raconte à son paternel. Elle laisse des détails de côté, mais précise certains de nos actes groupés. Son point de vue me permet de comprendre pourquoi la toile est inutilisable, mais que les pieux ont aussi subi un mauvais traitement. Parfois, son père la rectifie sur un terme anatomique. Je ne sais pas vraiment comment réagir à cela. Suis-je censé sourire au commentaire ou avoir pitié du bandit qui en a fait les frais ? Ce qui est fait est fait, et je réalise qu'être dans la milice ne va pas arranger les choses.

La seule chose à laquelle je peux penser pour soulager cette peine, c'est de me rappeler que je fais cela pour protéger ma patrie. Pour oncle Masaya. Pour qu'à son retour, Père soit fier de moi. Et parce que je suis ynorien.

Après quelques heures de marche, nous marquons un arrêt pour nous restaurer un peu. J'en profite pour aller vérifier l'état du milicien. Docile, ce dernier me laisse examiner son bras. La fracture s'est réduite au point d'être imperceptible. Par contre, ses muscles sont encore sensibles, et un hématome de grande taille apparait sur sa peau. Je m'en veux. Si ma magie était un peu plus puissante, je suis certain que traiter une fracture et ses traces serait plus simple. Presque timidement, sa main gantée vient se poser sur mon épaule. Une expression où un soupçon de gratitude se trouve marque ses traits. Inspirant lentement, je lui réponds par un mince sourire.

Nous reprenons la route une poignée de minutes plus tard. Tandis que Legaeli répond à certaines questions de son parent, ce dernier reste majoritairement muet sur ce qu'il a vu ou enduré. Je doute qu'il pardonne aussi facilement. Sans doute son silence sert-il à apaiser l'esprit de la jeune femme.

(Maintenant que le pire est derrière nous, je me sens un peu las.)

Un regard sur les Dwao, et je secoue négativement la tête.

(Allons, ne fais pas le bébé, milicien. Ils doivent être bien plus éreintés que toi.)

C'est sur un rythme relativement lent, presque comme si nous étions en voyage d'agrément, que nous marchons jusqu'à la tombée de la nuit. La fatigue et la faim se manifestent, nous faisant rapidement monter un petit campement à l'abri d'une dune de faible gabarit. D'un commun accord, le milicien et moi restons éveillés pour le premier tour de garde. En parlant de Hidate, le meilleur moyen qu'il ait trouvé pour s'occuper efficacement, et rester éveillé, est de manier mon Fang Bian Chan. En contrepartie, il me laisse examiner l'un de ses katanas. J'ignore si c'est vrai, mais oncle Masaya m'a affirmé une fois qu'un guerrier ne laisse jamais ses armes entre les mains d'un autre. Sauf s'il lui fait confiance.

Je ne dégaine que légèrement la lame, juste pour en admirer l'éclat. Maintenant que j'y jette un oeil de plus près, un sceau élaboré est gravé sur la garde, juste à l'endroit ou métal et poignée s'unissent. Plus je l'observe, et plus son format me fait penser à des armoiries. Je suis presque certain d'en avoir vu un semblable dans le Bochi, mais mes connaissances des clans reste trop limitée pour pouvoir lui attribuer un nom. Le milicien Tanigura ferait donc partie d'un clan assez important pour avoir son propre symbole ?

Je lève mon regard violin sur sa silhouette en pleine communion avec mon arme. Sa façon de se mouvoir m'impressionne. Dire qu'il y a encore quelques temps, il n'avait jamais touché à ce genre d'objet. Amusé, je rengaine le katana, le reposant aux côtés de son jumeau. Bientôt, le front parsemé de perles de sueur, Hidate vient s'asseoir non loin de moi. Quelque chose m'interpelle, aussi je décide de lui en parler.

"Il me semble que des excuses soient de rigueur."

Devant son regard curieux, je poursuis.

"Par ma faute, le matériel que tu as emprunté est perdu."

Hidate semble soudain réaliser la chose, et un léger froncement de sourcils lui donne un air embêté. Je lui souris puis penche la tête pour l'inciter à me regarder. Je ne sais pas s'il est ennuyé par la responsabilité ou parce qu'il y a un risque que sa solde en pâtisse.

"Pas d'inquiétude. J'expliquerai ce qu'il s'est passé au responsable des équipements. Si cela ne suffit pas, je paierai le matériel de ma poche. "

Le visage de l'homme traduit un sentiment mitigé. D'un côté il a l'air soulagé, de l'autre ennuyé que j'en fasse les frais. Je manque sursauter quand il prend la parole.

"Je te rembourserai. Peut-être pas en yus, mais..."

"C'est une idée. Un repas à l'auberge ou du matériel pour réparer mon yukata, et nous serons quittes. A moins que tu ne préfères une dette à vie ?"

Devant les yeux ronds du milicien, je ne parviens pas à m'empêcher de rire. Quand ce dernier comprend que je plaisantais, il porte sa main à son front et souffle périodiquement par le nez. C'est discret, mais il semble rire à sa façon. A le voir ainsi, je ne regrette que peu lui avoir demandé de m'accompagner. J'imagine mal comment dame Legaeli et moi aurions pu lutter contre autant de bandits sans son aide. S'il me fait confiance, je dois bien reconnaître que la réciproque est vraie.

La seule chose que je trouve dommage, c'est d'en savoir aussi peu sur lui. Je m'abstiens pourtant de l'interroger. S'il souhaite me parler de lui ou de sa famille, je suis certain qu'il le fera de lui-même.

Le reste de la nuit se passe sans incident notable, si ce n'est la visite d'un chien errant avec lequel la jeune femme semble avoir joué quelques heures. A l'aube, le campement levé et le feu éteint, nous nous remettons en route, suivis par l'animal. Je ne peux que sourire discrètement quand les Dwao entrent dans la discussion parent-enfant ayant pour sujet "on peut le garder ?".



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Dernière édition par Kiyoheiki le Lun 22 Oct 2012 20:06, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Lun 22 Oct 2012 20:05 
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Je ne pensais pas que le descriptif de "meilleur ami de l'Homme" pouvait s'appliquer avec autant de vérité. Le canidé, jeune si je me réfère à son petit gabarit, ressemble à un croisement avec un loup. Sa mâchoire semble puissante, sa fourrure est grisée et noire, dessinant des motifs en cercle concentriques sur son dos. Ce qu'il y a de remarquable chez cet animal, c'est son regard. L'un de ses yeux est bleuté, et l'autre tire sur le vert moucheté de marron. Pourtant, en dépit de son lignage, la bête semble très attachée aux humains. Dès que notre chemin croise celui d'autres personnes, le canidé se hâte dans leur direction, en agitant une longue queue touffue. Même l'application d'une racine odorante pour tuer les parasites habitant ses poils ne l'a pas éloigné du groupe.

Sa préférence va tout de même à dame Legaeli, peut-être parce qu'il s'agit d'un individu femelle également. Le guérisseur a beau protester, la jeune femme ne l'écoute pas vraiment. Elle va même jusqu'à utiliser la cordelette d'un sac pour lui fabriquer un collier de fortune. Je conserve le silence, simplement amusé par le côté "divertissement" de notre voyage. Comment penser qu'hier encore nous étions en train de risquer nos vie et de secourir quelqu'un ?

Quelques dizaines de minutes plus tard, nous sommes rattrapés par une charrette tractée par un équidé, teinte boue, de petite taille. Son garrot m'arrive légèrement au-dessus du front, et l'humain qui le guide le fait s'arrêter à notre hauteur. Chapeau conique, tunique rigide et sabots, nul doute qu'il s'agit d'un paysan des environs. Son visage légèrement ridé se tourne vers le guérisseur, puis son expression s'éclaire.

"Guérisseur Dwao !"

L'interpellé le regarde, semblant fouiller dans sa mémoire.

"Oh, vous ne me reconnaissez sans doute pas, mais vous avez soigné ma fille. Vous savez ? Pour ses douleurs de grossesse et son dos bloqué."

Maître Dwao semble soudain se rappeler, et s'enquiert de l'état de son ancienne patiente. Les deux hommes âgés discutent un peu, parlant surtout famille et santé. Dame Legaeli se frotte le front, comme si elle avait déjà vécu une scène similaire. En représailles, elle ramasse un bout de bois, et attire l'attention du canidé dessus. Chacune d'un côté du bâton, elles tirent dessus, grondant joyeusement. Quelque peu perdu à cause de tout ce qui se passe, Hidate me lance un regard interrogateur. Malheureusement, pour toute réponse, je ne fais que lever les mains et hausser les épaules.

L'échange entre les hommes se solde par la proposition du paysan de faire monter le guérisseur dans sa charrette. Vue la taille et le chargement de celle-ci, le milicien, la jeune femme et moi-même continuons de marcher. Lorsque sa camarade quadrupède s'élance un peu au-devant de nous, allant se poster près d'un rocher affleurant, je me permets d'interroger la jeune femme.

"Dites-moi, dame Legaeli. Maintenant que vos troubles vont s'estomper, que comptez-vous faire, vous et votre père ?"

L'humaine lève un instant le nez au ciel et se tapote le menton. Après avoir jeté un bref regard à son parent, elle me répond.

"Je suppose que cela dépend de mon père. Il s'est fait des amis sur Oranan, mais son coeur est resté à Kendra Kâr. Je suppose que nous pouvons aussi bien rester que partir. "

Ayant l'impression qu'elle a éludé une partie de ma question, je prends le risque d'insister un peu.

"Et vous dans tout cela ?"

"Moi ? Je veux rester avec lui. J'ai juste peur qu'après toutes ces années de fuite et de lutte, je finisse par m'ennuyer."

"Si c'est vraiment le cas, je suis certain qu'une personne de votre talent en combat serait un atout pour bien des groupes. Milices, guildes, à moins que vous ne décidiez tout simplement de ranger votre lame."

La jeune femme semble perplexe et tire d'ailleurs son sabre, y scrutant le reflet d'un nuage. Lorsqu'elle le range, c'est pour s'occuper du canidé qui gambade autour d'elle. Visiblement, je n'aurai pas davantage de réponses de sa part. Quel que soit son choix, j'espère qu'elle et son parent pourront vivre plus sereinement.

C'est dans une ambiance calme, presque joviale, que le petit groupe atteint enfin les portes de la ville. Il ne reste plus qu'à poursuivre notre chemin jusqu'à l'office de la milice.



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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Ven 30 Nov 2012 16:18 
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Progresser à la suite de la charrette nous fait parfois croiser d'autres personnes. Elles aussi vont avec des véhicules chargés, sans doute récoltes de riz ou céréales destinées à la vente en ville, voire à l'exportation. J'en suis quelque peu soulagé. Ainsi, le déplacement de notre petit effectif est plus discret, nous faisant ressembler à n'importe quel groupe en voyage. D'ailleurs, mes apprentis ont tous un sac visible sur eux, qu'il s'agisse d'une simple sacoche ou d'un bagage de belle taille. Je n'ai pas eu à leur dire, mais ils ont l'air d'avoir pris l'initiative d'emporter quelques vivres, au cas où le voyage serait plus long que prévu.

En tête, je jette parfois un regard par-dessus mon épaule, écartant ma capuche de la main. L'elfe affiche un air grognon, mais surtout déjà fatigué. Yamanori semble converser tranquillement avec la demoiselle au chapeau, cette dernière ne faisant guère plus qu'acquiescer. Au moins, il ne semble pas y avoir de tension dans l'air. Tant mieux, parce que je suis suffisamment nerveux de mon côté. Mon supérieur m'a parlé d'un groupe de sinaris faisant du trafic. Or, nous n'en avons vus que deux jusqu'à présent. Les autres se trouvent-ils à leur dépôt ou ailleurs dans la cité ? Je n'en sais rien, et cela m'inquiète. Je tremble à l'idée que je mène mes apprentis dans un piège qui m'aurait paru évident en temps normal. S'ils avaient un peu plus d'expérience derrière eux, je serais sans doute moins préoccupé.

Serrant la sangle de mon arme, je prie la déesse de la Lumière, cherchant à garder mon sang-froid. Si je laisse paraître mon état d'esprit, les recrues risquent d'en faire les frais.

Au bout d'un peu plus d'une heure de marche en direction du sud, les sinaris nous mènent à un village entouré de nombreux champs et rizières. Plusieurs silhouettes s'y affairent, ne nous prêtant aucune attention. Soit ces personnes sont vraiment occupées, soit le passage d'étrangers ne les intéresse guère. Je reporte mes yeux teinte violine sur les bâtiments, entre lesquels le véhicule vient de passer. Le village ne possède aucune barrière ou fortification notable, mais peut-être est-ce lié à la proximité de la ville ou à celle d'une forteresse visible à quelques kilomètres à l'est. Les habitations, à base rectangulaire, sont constituées de matériaux issus des champs qui leur donne un aspect presque doré. Certaines possèdent des parois constituées de terre sèche, épousant le relief d'une trame tressée. D'autres n'en ont pas, leur toit courant jusqu'au sol. Seul le passage un peu voûté menant à la porte tranche avec leur côté rectiligne.

Le plus notable reste la disposition des édifices. Les lieux de vie forment un ovale large au centre duquel une construction d'un style similaire, mais bien plus imposante, domine la place. Quelques anomalies existent, un peu en-dehors du cercle, s'affichant comme des édifices sur pilotis. Il doit sans doute s'agir de réserves, mises à l'abri des rongeurs de cette façon. Le petit nombre de maisons a beau laisser croire que l'endroit est modeste, l'activité qui règne sur la place indique le contraire. Des silhouettes en tunique s'affairent à modeler de l'argile d'un ton clair, sous l'oeil attentif d'autres d'une taille inférieure. Au loin, des bruits de marteau et des éclats de voix accompagnent les déplacements d'ouvriers. Entre deux maisons, je peux apercevoir une habitation en construction. Deux grands piliers de bois sont dressés, au milieu d'un rectangle constitué de poteaux plus petits.

Je me ressaisis soudain.

(Ce n'est pas le moment de te croire en visite. Pense à la mission.)

C'est juste à ce moment-là que je vois mon apprenti descendre de la carriole, suivant le couple. Ils s'avancent vers une habitation un peu plus grande que les autres, mais surtout dotée d'un toit étendu. Des extensions de paroi sont présentes, mais elles sont uniquement composées de pierre. Suivi par mes apprentis, je décide de ne pas m'y rendre directement, mais de faire quelques pas dans le village d'abord. Après quelques minutes, j'y reporte mon attention. Je comprends mieux la raison de cet aménagement en découvrant un large foyer couvert, ainsi que tous les outils nécessaires au bon fonctionnement d'une forge. Un monticule conséquent de charbon est aussi présent. En le découvrant, la demoiselle au chapeau fait une remarque.

"Cela fait une importante réserve de combustible et une grande installation pour un si petit village. Celle du mien devait en faire le tiers."

Un échange de regards me permet de savoir que nos idées vont dans le même sens. Les travaux de forge ne doivent pas être limités à la création et réparation de l'outillage. D'ailleurs, l'extension du toit ne semble pas avoir été comprise dans l'édification de la construction. Les poutres qui la soutiennent percent la pente proche, comme rajoutée tardivement. C'est aussi le cas pour la paroi de pierre, simplement accolée à celle de terre séchée. Même si mes doutes tendent à se confirmer, aucune arme n'est présente sur les râteliers destinés aux produits finis.

Maintenant que j'y fais attention, un trio de silhouettes de petite taille s'active dans la zone, l'une d'entre elles perchée sur un marchepied pour atteindre le foyer. À cette distance, je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse de sinaris, sauf pour celle auprès du feu à cause de son gabarit large. Les deux autres me paraissent trop fluettes et surtout trop grandes pour que ce soit le cas. Je suis inquiet pour l'apprenti Mizutaka, n'ayant aucun moyen de savoir ce qu'il se passe dans le bâtiment. J'aimerais agir, mais le manque d'informations me rend réticent. Je me refuse à le mettre dans une situation dangereuse en agissant sans réfléchir.

D'un coup, la jeune Id'Sharylzakië s'avance, venant se planter devant moi.

"Alors ? Que fait-on ?"

"Tu t'ennuies, grande perche ?"

"Cela suffit. Et pour vous répondre, nous devons confirmer nos soupçons."

"C'est-à-dire ?"

"Vérifier que c'est effectivement à cet endroit que les biens sont produits."

"On n'a qu'à y aller ! Où est le problème ?"

"Mais bien sûr. Vas donc les interroger la bouche en cœur ! Non mais quel idiot... Tu sais réfléchir avec autre chose que ton ka..."

Je lève la main brutalement, mettant fin à ce début d'altercation. Immédiatement, je jette un regard aux alentours. Fort heureusement, les artisans et leurs apprentis semblent suffisamment absorbés par leur labeur pour ne pas faire attention à nous. Après avoir poussé un léger souffle, je fronce les sourcils.

"Ne m'obligez pas à me répéter..."

"Humph."

"Tss... Et donc ? Vous avez une idée ?"

"Euhm..."

Aoyumi Junko semble vouloir s'exprimer, mais elle attend que je lui fasse un léger signe pour le faire.

"Avez-vous toujours votre stylet, apprentie ?"

"Ceci ?"

L'hinïon fouille quelques secondes dans sa sacoche, en sortant la fine lame trouvée dans le fond du tonnelet. Sa camarade acquiesce avant de poursuivre.

"Peut-être qu'il suffit de demander au forgeron s'il reconnait la lame ?"

"S'il est dans le trafic, tu peux être sûre qu'il va mentir."

"On ne le saura pas avant d'avoir essayé. Nous n'avons qu'à lui poser la question indirectement."

"Donne-moi ça, j'y vais."

L'elfe blanche lui adresse un regard entre condescendance et air dubitatif. J'interviens avant qu'un autre échange désagréable n'ait lieu.

"Vous êtes sûr de vous, apprenti Yamanori ?"

"Mais oui ! "

"Je vous rappelle que la dernière fois que vous avez voulu soutirer des informations à quelqu'un, cette personne a failli recevoir un coup de lame."

"Cela n'a rien à voir ! C'est l'autre parodie d'ynorien qui m'a énervé ! Laissez-moi essayer. Vous y perdez quoi ?"

"Notre effet de surprise ? Notre chance ? Oh, et notre piste pour stopper leurs affaires, accessoirement."

"Grrr."

J'hésite. Je redoute une perte de sang-froid de la part de mon apprenti, mais aussi de me montrer trop dirigiste envers lui. Certes il ne m'apprécie pas, et je n'ai que peu d'intérêt pour sa sympathie, mais si je veux en faire un futur milicien digne de ce nom, je dois l'exposer à un possible embarras. Faire face à l'erreur est le chemin le plus court pour s'améliorer. Si cette piste est perdue, nous en trouverons une autre, quitte à confronter les sinaris.

Calmement, je prends le stylet de la paume elfique, le confiant au jeune homme. Celui-ci me lance un regard presque surpris, tendant les doigts pour le recevoir.

"Soyez prudent, gardez votre calme, et surtout évitez d'impliquer d'autres civils."

L'adolescent acquiesce, refermant résolument le poing sur l'arme, puis il se dirige vers la forge. L'apprentie Mégara se penche un peu, me questionnant à voix basse.

"Vous pensez sincèrement qu'il est capable de faire la moindre chose correctement ?"

"Il ne pourra jamais en faire la preuve si vous ne lui accordez pas la moindre chance, n'est-ce pas ?"

Elle pousse un souffle par le nez, suivant l'apprenti du regard. Mon cœur cogne à un rythme plus soutenu. Maintenant, c'est pour deux apprentis que je me fais du souci. Je n'ai plus qu'à prendre sur moi et patienter, en souhaitant qu'aucun des deux ne fasse quelque chose pouvant mettre leur vie en danger.



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 Sujet du message: Re: Les plaines et collines autour d'Oranan
MessagePosté: Dim 2 Déc 2012 02:10 
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Peu après que l'ynorien se soit éloigné, une certaine agitation se met à secouer la place quand trois carrioles y font irruption à vive allure. Le déplacement rapide des équidés est accompagné par quelques voix fortes, ordonnant aux piétons de leur laisser le passage. Par curiosité, j'y dévie mon regard. Les charrettes sont de taille assez importante, sauf la dernière. D'ailleurs, c'est aussi la seule n'ayant pas l'air surchargée de marchandises qui, bien que camouflées en partie par une large toile, semblent avoir un aspect arrondi. Par contre, ses essieux s'enfoncent assez profondément dans le sol, m'indiquant qu'elle n'est certainement pas vide. Bientôt, je m'intéresse aux meneurs de ces véhicules.

Celui de tête est dirigé par une personne d'assez grande taille. Traits fins, peau claire, longue chevelure d'un blond assombri tenue en deux nattes tombant sur sa nuque, et silhouette définitivement féminine, je n'ai aucun doute sur son genre. Par contre, je n'arrive pas à arrêter mes pensées sur ses origines. La seule chose dont je suis certain est qu'elle n'a rien d'ynorien, hormis une tunique de bonne facture et des zoris. Son visage affiche une expression véritablement mécontente, et elle poignarde du regard tous ceux qui croisent son chemin. Mes yeux poursuivent en direction des autres arrivants.

Deux êtres avoisinant la taille de l'hinïon sont assis à l'avant de la deuxième carriole. Leurs oreilles sont légèrement pointues, non masquées par une chevelure coupée très courte. Ils ressemblent beaucoup à la première arrivée, si ce n'est qu'ils ont un physique plus massif, et qu'ils sont visiblement armés. L'un porte un carquois, l'autre un fourreau large à la ceinture. Ils sont vêtus d'une tunique coloris terre, mais sur laquelle des protections sommaires en cuir sont placées. Eux ont des bottes aux pieds, et leur expression est difficile à cerner. J'estime qu'ils n'ont pas de sentiment dominant à l'heure actuelle.

(Et les derniers... Ah ?)

Je suis surpris de voir que le troisième attelage est conduit par un binôme de sinaris. Hormis leur silhouette ronde, ils ne ressemblent pas beaucoup au couple d'Oranan. Leur chevelure est plus sombre, moins bien peignée, et leurs habits n'ont pas du tout le style de la République. L'un des deux mange voracement une sorte de galette, n'ayant même pas l'air de s'apercevoir de l'arrêt du convoi. Mon intérêt envers tout ce regroupement bruyant persiste, et s'accroit même, lorsqu'il met pied à terre devant la forge. La femme à l'avant lance soudain l'ordre de décharger la dernière charrette, celle des êtres de petite taille, puis se dirige vers l'habitation. La personne repère subitement le véhicule de nos trafiquants et aussitôt son expression se durcit. Elle annonce ensuite à qui veut l'entendre qu'elle compte bien exprimer sa façon de penser à "ce couple d'imbéciles".

Demeurant immobile, je reporte mon attention vers Yamanori Daichi. Il est en train de présenter la dague à la personne, dont les bras se lèvent soudain. L'être plus petit que lui bondit de son marchepied, et tout en relevant ses manches, se dirige à son tour dans la demeure. L'apprenti se hâte à nos côtés, une expression de gamin ayant réussi une farce au visage. Sans attendre, il prend la parole.

"Vous ne devinerez jamais. Le forgeron, c'est une thorkine. Et elle n'a pas du tout aimé apprendre que les sinaris récoltent les honneurs de la création d'une telle arme."

"Mais... Pourtant ils n'y sont pour rien dans sa fabrication."

"Eh ! C'est ça l'idée !"

"Pfff ! Bien joué !"

J'ouvre des yeux ronds quand l'elfe blanche approuve l'acte de l'ynorien, surpris, et visiblement pas le seul à l'être. Surgissant d'un coup de l'habitation, mon dernier apprenti court puis stoppe son élan, ne le reprenant que quand il a repéré notre groupe. Je constate avec soulagement qu'il n'a pas l'air blessé, mais avec inquiétude son empressement. Avant que l'un d'entre nous n'ait pu prononcer un mot, le jeune homme désigne le bâtiment.

"La tension monte là-bas. Notre personne a été bassement congédiée comme un être inférieur, et par une femme."

"Comme d'habitude ?"

Mizutaka ne relève même pas la remarque, poursuivant comme si sa vie en dépendait.

"Quand nous partions, elle s'est mise à menacer la thorkine, et a giflé le sinari. Ils parlaient d'arnaque. Il ne faudra pas longtemps avant..."

L'humain blond n'a pas le temps de terminer sa phrase que la thorkine émerge de l'habitation, se ruant à toute vitesse vers ses outils. D'un geste, elle tente de congédier les autres silhouettes, s'emparant de son marteau de forge, sous les regards intrigués des deux sinaris restés dehors. D'un coup, le trio que je qualifiais de semi-elfique fait à son tour irruption dehors. Pendant que la femme hèle la forgeronne, pestant qu'elle n'a pas fini de lui parler, ses camarades masculins avancent, tenant fermement chacun des sinaris par le poignet. Ces derniers se débattent, leurs voix s'élevant dans une cacophonie incompréhensible.

Soudain, alors qu'ils contournent les chariots, le commerçant rondouillard repère notre groupe. Reconnaissant sans doute les recrues Id'Sharylzakië et Mizutaka, il les appelle, les suppliant presque de venir les aider. Mon sang se fige soudainement dans mes veines. Le regard d'un vert émeraude de la femme se rive dans notre direction, scrutant chacun d'entre nous des pieds à la tête. Le soudain éclat de voix ayant attiré l'attention des villageois aux alentours, ces derniers se rapprochent peu à peu avec curiosité. Quand, interrogé par la meneuse, le sinari indique qu'il a rencontré mes recrues à Oranan, je vois le visage féminin s'assombrir.

Plus les secondes s'écoulent, et plus les badauds se rapprochent. Je ne veux pas risquer de les mettre en danger, aussi je fais un pas en avant, sans toutefois ôter ma capuche. Idée stupide ou pas, si je peux éviter que la situation ne dégénère en conflit, autant faire une tentative.

"J'ignore ce que vous ont fait ces sinaris, mais les brutaliser ne vous mènera nulle part."

"Et vous êtes qui, vous tous ?"

Avant que je puisse répondre, c'est l'apprenti Yamanori qui prend la parole.

"De simples clients, c'est tout."

La femme fronce les sourcils et glisse la main dans une sacoche, ceignant sur la gauche de ses hanches.

"Te fous pas de moi, gamin ! C'est pas pour rien qu'on s'acharne à livrer loin d'ici ! Crachez le morceau ! Toi là, le type à capuche ! Fais voir ta trogne !"

Je ne bouge pas, tentant d'évaluer la situation. Le trio tient nos suspects dans ce trafic d'armes, et semble impliqué d'une certaine façon. La thorkine fait de son mieux pour obliger les silhouettes à quitter les lieux, tandis que les deux sinaris libres reculent vers la forge. Des villageois observent à plus ou moins de distance, et devant mon immobilité, le demi-elfe à lame longue tire cette dernière de son fourreau. L'éclat du métal glisse, égratignant la joue potelée du marchand. Mon supérieur ne m'a pas demandé de ramener les responsables du trafic en vie, mais mon honneur de milicien et celui de croyant en Gaïa m'interdisent de les laisser se faire égorger sans réagir.

Levant la main, je prends ma décision. Sous le poids des regards, j'abaisse ma capuche, scrutant mon interlocutrice de mes yeux violets. Dans mon mouvement, le pan masquant le symbole de la milice s'écarte, le laissant apparaitre. La meneuse ouvre des yeux trahissant un mélange de haine et de dégoût. Nous entendons le marchand blessé demander si je suis celui dont les miliciens de l'office lui ont parlé, ce shaakt servant la République. J'acquiesce d'abord, puis après une vive inspiration, je me présente suffisamment fort pour que les civils m'entendent. S'ils ont un peu de jugeote, ils prendront cela comme un signal pour se mettre à l'abri.

"Instructeur d'Esh Elvohk Kiyoheiki, de la milice d'Oranan."

Comme contenue depuis trop longtemps, la colère de l'individu féminin éclate.

"Des miliciens ! Ici ! Le voilà donc ton secret ! Tu voulais arrêter, mais t'étais pas assez courageux pour le faire toi-même ! Du coup tu nous as ramené des miliciens, et tu vas tout nous mettre sur le dos !"

Sa voix augmente encore en volume et en hauteur tandis qu'une lueur marron apparait dans l'une de ses paumes, l'autre serrant un petit objet visiblement en matière translucide.

"T'as bien calculé ton coup, charogne. Mais jamais ! Jamais je ne retournerai aux cachots ! Plutôt périr ou me débarrasser de tout le monde ! Mes frères ! Avec moi !"

Agrippant mon arme, je lance à mon tour des ordres à mes jeunes recrues.

"Apprentis ! Lames au clair ! Ouvrez les yeux et ne restez pas groupés !"

Je voulais éviter l'affrontement, mais la colère que je lis dans l'attitude du trio m'indique que c'est un espoir aussi vain que naïf.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Mar 11 Déc 2012 15:37, édité 3 fois.

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