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Dernier jour de voyageLe fanatique dut se résoudre à se chercher un endroit pour reposer ses jambes fatiguées de ce voyage. Il contourna les portes de la ville, et s'éloignant un peu plus au nord, il put apercevoir une lueur bleue briller au loin. Sous la lueur naissante de la lune, le soleil ayant déjà tiré sa révérence, le fanatique foulait de ses bottes usées le terrain ocre et aride qui s'étendait devant lui, en direction de cette curieuse lumière.
Au plus il s'approchait, au plus la lueur bleuâtre, tendant parfois vers le rouge, s'agitait. Et pourtant, dès qu'il fut assez près pour discerner ce dont il pourrait s'agit, la flamme s'atténua jusqu'à disparaître complètement.
Devant lui se dressait une minuscule bâtisse aux pierres sableuses. Une ruine, sans toit, et à la plupart des briques tombées ou détruites. Cette épave délabrée n'inspirait pas confiance, mais la curiosité du fanatique était piquée à vif, il y pénétra sans hésitation.
Une enclume imposante, à moitié recouverte de sable, trônait au milieu de la pièce. L'ancien four était en partie détruit, tout comme la grande majorité des outils rouillés qui trainaient. Il n'y avait aucun doute possible, il s'agissait d'une ancienne forge. Mais si elle était à l'abandon, d'où provenait la lueur grise que le fanatique avait aperçu?
Trop fatigué pour s'interroger davantage, Winsor posa sa cape au sol dans un coin de la pièce, et s'en servit pour l'isoler du sol bouillant. A peine fut-il couché que le sommeil l'emporta dans une nuit sans rêves.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, déjà abattu par la chaleur, deux grandes pupilles se dessinèrent devant lui. Surpris il recula et, se cognant le dos contre le mur, sortit sa baguette et la tendit vers la créature. Un chat. Maigre mais royal, noir aux énormes iris turquoises. Sur son front était incrustée une pierre mauve, la même que sur son collier doré, et sur le bracelet qui agrippait sa queue.
Qu'est ce qu'un chat, ainsi paré, pouvait donc bien faire ici ?
-BonjourWinsor fixa les bête, effaré et les yeux écarquillés. La chaleur devait lui donner des hallucinations ! Un chat qui porte des bijoux et qui parle, dans une forge désaffectée, au beau milieu du désert. N'importe quoi! Comme pour stupéfaire encore davantage le fanatique, le chat ajouta d'une voix fluette:
-Je suis Kati, une aniathy.-Une...-Une aniathy, une peluche animée par la magie des elfes gris. Récitât alors machinalement l'animal.
Etait-il en train de perdre la tête ? Que fallait-il faire ? Dire ? L'ignorer ? Totalement désemparé, le fanatique ne put que bafouiller quelques mots :
-Et... Que puis-je pour toi dans ce cas ?-Je dois aller à Exech pour retrouver ma maitresse, mais je n'ose pas y aller seule. C'est trop dangereux pour une petite chatte seule comme moi.-Et qu'ai-je à y gagner ?-Ma maitresse doit-être folle d'inquiétude à l'heure qu'il est, elle saura se montrer reconnaissante.-Bon... et bien... Pourquoi pas...La petite chatte remua lentement la queue d'un air satisfait, et lorsque le fanatique se leva, et se frotta contre ses jambes en ronronnant. Peu habitué à un tel type d'affection, venant non seulement d'un animal, mais en plus qui parle, Winsor était plutôt mal à l'aise. Il ignora ce comportement et prit sa cape, épousseta le sable qui s'y était déposé, et se mit en route vers la sombre cité d'Exech, traversant ce pan désertique qui le séparait des portes de la ville. Kati la petite aniathy suivait le fanatique de sa démarche féline et gracieuse.
> Les rues d'Exech