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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Ven 24 Juin 2011 02:57 
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Les options qu’il restait au garçon n’étaient pas bien nombreuses. Dimitri et Emira étaient sûrement déjà partis et il aurait probablement plus de chances de les retrouver à Exech que dans l’immensité des plaines du continent d’Imiftil. La nuit était tombée depuis quelques heures déjà, et l’enfant était bien trop fatigué pour marcher. Il s’endormit là, à quelques pas à l’ouest de la forêt, sur l’herbe qui grouillait d’insectes, à seulement quelques kilomètres d’une des routes les plus dangereuses de la région, fatigué, seul, triste, perdu au milieu du continent avec, comme unique référence, sa petite boussole qu’il rangeait toujours dans sa poche intérieure gauche, en se demandant à chaque fois pourquoi celle-ci, parmi toutes les autres qu’il avait. Hélas, apparemment, ce n’était malheureusement pas encore le moment de dormir.

« Hé, petit ! Petit ? »

Plongé dans le sommeil, Nayem remarquait à peine la voix rauque qui lui chuchotait à l’oreille, perturbant le calme de la nuit.

« Réveille-toi ! Tu fais quoi tout seul ici ? C’est dangereux ! »

Le garçon ouvrit alors les yeux et aperçut cette image floue de l’homme qui lui parlait, obscurcie par la nuit d’Imiftil. Alors que sa vue gagnait en netteté, Nayem n’avait pas su pour autant identifier le vieux barbu qui semblait être descendu de sa charrette exprès pour lui parler.

« Je dormais. »

La réponse du garçon fit pousser un petit sourire de côté chez l’homme, qui tendit la main au garçon.

« Allez, dis-moi où tu vas. Peut-être que je peux te ramener. »
« Je dois aller à Exech. »
« À Exech ? Mais qu’est-ce qu’un enfant comme toi irait faire dans une ville pareille ? Tout seul, qui plus est ! »
« Je me suis perdu de mon oncle. Je devais m’y rendre avec lui. »


Inutile de faire constater que « l’oncle » dont le barbu ne connaissait que par cette désignation-là, ne lui avait de loin pas fait bonne impression. Il avait presque peur de ramener le gamin à Exech, surtout s’il devrait finir par le laisser entre les mains d’un homme capable de perdre son neveu dans une route aussi dangereuse. Certes, ils avaient contourné la route pavée, mais celle-ci ne se trouvait pas bien loin. D’ailleurs, le barbu était étonné de constater que le petit ne s’était pas fait voler sa bourse, pourtant si visible. En effet, c’était un grand coup de chance que la première personne à l’avoir aperçu n’ait pas été quelqu’un aux mauvaises intentions. Finalement, l’homme décida d’offrir son aide à Nayem.

« Bon, viens. Monte dans ma charrette et je te ramène à Exech. »

Le petit, en général très méfiant, ne s’était même pas posé de questions avant de monter. Il était bien trop fatigué pour réfléchir. En fait, il n’était même pas sûr de ne pas être entrain de rêver. En effet, le voyage accumulé au combat contre le Sylphe avaient été un programme bien trop chargé pour un enfant de son âge. Et puis de toute façon, sa situation ne pouvait que très difficilement empirer. Le galop du grand cheval noir qui tirait la charrette berçait Nayem, alors que l’homme posait des questions dans le vide, jusqu’à ce qu’il constate que le garçon dormait déjà profondément. Après de nombreuses heures de sommeil pendant la nuit qui avait pourtant semblé courte, le petit commençait enfin à donner à nouveau quelques signes de vie.

« Ah, tu t’es enfin réveillé ! Je commençais à me dire que tu resterais endormi pendant toute la journée ! »

Le soleil s’était déjà levé. Il devait être midi environ au moment où l’homme, dont le petit ne savait toujours pas l’identité, avait constaté les petits yeux du garçon qui s’ouvraient lentement, éblouis par la lumière du jour.

« Il est peut-être temps que je me présente, non ? Je m’appelle Guillaume. »

Guillaume était un grand homme âgé d’une quarantaine d’années dont la barbe blanche que Nayem avait déjà remarqué la veille allait jusqu’au haut du torse. Sa carrure imposante impressionnait le garçon, tout comme le magnifique paysage qu’étaient les plaines d’Imiftil. Un paysage gâché par une tâche grise loin à l’ouest. En effet, Exech était en vue, mais c’était loin d’être une bonne surprise pour le petit, qui s’attendait à découvrir une ville aussi belle que Tulorim.

« On y sera dans moins d’une heure, petit. »
« Je m’appelle Nayem ! »
« Oh, pardon. Dis, Nayem, tu dois avoir faim, non ? »
« Euh… oui, un peu. »


Un peu ? Tu parles ! Le garçon n’avait pas mangé depuis presque deux jours. Les plats des restaurants d’Exech ne devaient pas être très appétissants, mais la faim était suffisante pour compenser le désagrément !

« On y est. Cherchons un endroit où on pourrait déjeuner. »

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Mer 14 Sep 2011 17:17 
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Le bois de la chariote dans laquelle je me trouve est des moins confortables, et mon fessier est mis à rude épreuve. Ils étaient effectivement venu me chercher à l'auberge. En me comptant moi et mon commanditaire, vingts hommes s'étaient élancés sur les routes. Sept d'entre eux sont à cheval dont O'nean qui lui se trouve à la tête du convoi tandis que les autres se trouvent aux flancs des trois véhicules. Je suis moi même situé sur le dernier.

O'nean était effectivement venue me chercher à l'aube à la taverne, et nous avions rejoint sa troupe juste aux portes de la villes. Nombre de ces hommes ont le même air que O'nean. Ce sont des hommes qui ont connu le combat, ainsi que le décrit leur corps, et franchement, pas du genre paladin en armure ! Enfin je dis ça, à part ma chemise blanche à peine sali, puisque presque neuve, je n'ai pas non plus l'air d'un étincelant serviteur du bien suprême ou une bêtise dans le genre.

Le matin est passé tranquillement dans un état de demi sommeil de ma part, car ces derniers jours ont été des plus éprouvants pour moi, et j'espère que ce voyage sera paisible, quoi que Talic m'ait affirmé le contraire. Espérons que le fait que nous soyons vingt empêchera une quelconque attaque !

A midi nous nous arrêtons pour manger sur un signe de O'nean.

« Allez les gars sortez la bouffe, on peut encore trainer aujourd'hui, mais les autres jours seront sans doutes moins cléments ! »

Les cinq autres passager de mon chariot sortent de manière parfaitement synchrone avec les six autres de celui de devant, tandis que celui qui doit servir de cuistot se met à distribuer des rations.

(Ainsi donc le troisième véhicule est là pour entreposer la nourriture ! Que peut on bien manger aujourd'hui ?)

Les rations prennent la forme d'une patate et d'une tranche de jambon, rapide à avaler, facile à cuisiner, et totalement infect à gouter, le parfait repas du voyageur pressé donc.

(De toute façons je n'avais pas très faim, je n'ai jamais été un gros mangeur, et les repas des jours précédents ont été trop pour moi.)

Je mange donc ma tranche de viande, et glisse la pomme de terre, encore enveloppée dans sa peau, à l'intérieur de ma poche, au cas où.

Sans un mot, le cortège repart, et je m'enferme de nouveau dans la solitude bien que cinq hommes m'entourent et que ceux-ci discutent à vive voix de nombreux sujets, racontent des anecdotes, se lancent des blagues salaces provoquant de beaux rires bien gras, même si je dois avouer qu'une ou deux m'arrachent un léger sourire malgré le fait que je m'efforce de ne pas me concentrer sur ces hommes car je ne veux pas les déranger. Ils ont l'air de se connaître depuis longtemps et je n'ai pas envie de m'immiscer.

Au bout d'un moment je finis par oublier jusqu'à leur existence qui ne vient se rappeler à moi que par quelques sonorités. Mon regard se perd dans la verdure bordant la route et de nombreuses pensées sans lien les unes avec les autres viennent s'engouffrer dans mon esprit, jusqu'à ce qu'une tape sur mon épaule viennent dissiper cet état.

« Hé petit ! »

Je me retourne vivement. Celui qui a émis ces paroles est un homme blond d'une vingtaine d'années, plus jeunes que les autres, moins marqués par les combats, son regard est pourtant empli du même sentiment que chez ses compagnons.

« Oui ? »

« C'est vrai que t'as explosé Aldred ? »

« Oui ! »

En mon esprit se forme la question de savoir comment connaissait-il lui aussi ce nom, mais je n'osais la poser.

« T'es un mage aussi ? Quel élément tu maîtrise ? »

Je ne daigne même pas répondre et lève mon gantelet au niveau de mon visage. Les vents qui s'en dégagent viennent troubler les coiffures. Un imprudent pose alors la question que je ne souhaitais entendre.

« Comment le vent peut-il battre le feu ? Il ne peut que l'attiser ! »

Mon ton devient tranchant et mauvais.

« Il sait aussi l'orienter ! Comme ceci ! »

Mes doigts se contractent, et l'impudent se met a entrer en lévitation. Au bout de quelques secondes je le relâche, et essayant d'enfouir ma colère sous d'autres émotions, je me met à penser à ma solitude et aux remords que je devrais éprouver.

Le rustre pense un moment à me chercher querelle, mais le jeune l'apaise et lui chuchote à l'oreille quelque chose que je n'ai pas pu saisir.

(Pourquoi pense t-il tout cela ? Ainsi donc pour eux un mage est forcement pyromancien ou rhyomancien ? Un truc impressionnant, fait pour tuer, tel la magie des ténèbres ! N'ont-ils donc jamais entendu parler des tempêtes, des ouragans, des tornades ? Qu'un combat se présente, et que deux ou trois mages y participent, que je leur montre ce que vaut l'air ! Une chute depuis une certaine hauteur tue à coup sur. Bien sur le vent, généralement, ne tue pas directement, mais c'est ce qui fait sa force, il peut se servir de son environnement bien plus que les autres. Sa polyvalence est sa toute puissance !)

Un silence gêné s'éternisa durant toute l'après-midi. Il est étrange comme le silence peut parfois être bien plus dérangeant que le bruit, et je fus soulagé quand j'entendis signaler l'arrêt pour la nuit. Je suis le premier à descendre, et ils attendent tous que je me sois éloigné de quelques pas avant d'en sortir à leur tour. J'émets un « tsss » sonore en réponse à leurs agissements.

Un feu est dressé, la nourriture est vite avalée, et dans un coin je suis oublié, comme d'habitude. Je regarde un moment le cercle formé autour du foyer puis tourne mon regard vers la lune se levant devant moi. Je n'ai pas de tour de garde pour cette nuit paisible, mais je m'endors tard.

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Dernière édition par Tal'Aer le Dim 9 Oct 2011 18:15, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Ven 16 Sep 2011 16:39 
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Je me réveille un peu avant l'aube. Je me frotte les yeux tout en me mettant en tailleur. Je sens que je n'ai pas assez dormi, mais je sais que je n'arriverais pas à me rendormir et que de toute façon il faudra bientôt partir. Une voix qui se veut forte tout en étant chuchotée me hèle. Il s'agit de l'homme blond d'hier, celui qui me demanda si il était vrai que j'étais sorti vainqueur de mon duel avec Aldred. Je me rapproche de celui-ci. Un sabre fin repose sur ses genoux, et un arc long se trouve dans son dos. Ce doit être son tour de garde.

« Excuse le comportement de Lark hier. Il aime pas trop les mages, il en a même peur, l'un d'entre eux l'ayant rendu bot, mais c'est un bon gars dans le fond. »

« Si tu le dis ... »

« Sinon c'est quoi ton nom ? Le mien c'est Ilryen ! »

« Et le mien Talaer. »

Devant mon manque d'effort des plus évidents pour relancer la conversation, un long silence se forme.

Les hommes se réveillent un à un et viennent prennent leur petit-déjeuner. Ceux qui ne sont pas levé se le reçoivent en intégralité dans la figure afin de les aider à se mettre debout. Le cuisinier à l'air d'être en expert en lancer de pomme !

« Toi le petit ! Là-bas ! Ça te fait rire ? »

J'attrape la pomme au vol, ou plutôt je la fais rebondir sur le sol après avoir raté ma tentative et la récupère une fois celle-ci à terre. Je croque à pleine dent ce fruit, encore frais semble t-il, et d'un goût plutôt agréable. Une fois finie, je jette le trognon et reprends la place qui m'a été attribué dans le chariot.

En mangeant cette pomme, j'ai aussi penser à la pomme de terre oublié dans ma poche et le fait que celle-ci contient autre chose qu'un féculent sans doute immangeable maintenant. Je sors la fiole cristalline de ma poche et l'observe alors que la discussion semble avoir repris entre les hommes. Je l'observe longuement, trouvant l'agitation du fluide à l'intérieur beau au regard, et surtout ne sachant pas vraiment comment absorber le pouvoir qu'il contient.

(Faut-il que j'avale le contenu de cette fiole ? Que j'exécute un rituel particulier ? Y a t-il un moment spécial, telle le lever du jour, auquel il ne faut pas déroger ? Rien ne m'a été expliqué dans le livre à la bibliothèque. Peut être à ses yeux cela était évident ? Cela m'a tout de même couté une grande partie de mes économies. Je ne peux pas en disposer aussi simplement !)

Mais je ne peux rester éternellement coincé devant ce bout de verre que remplit un échelon de mon pouvoir. Mon gantelet se referme sur la fiole qui se brise. Lorsque j'ouvre mes doigts une mince lame de vent s'en échappe, se sépare en une multitude d'autres qui commencent à s'éloigner mais reviennent vite me frapper à la poitrine. Elles pénètrent en moi, et une vague de chaleur bienfaisante se met à m'envahir au passage du fluide, mais lorsque mon gantelet se met à rougeoyer, les vent se mettent à me quitter pour revenir en moi par la pierre qui orne le métal recouvrant ma main.

Un cri de surprise retentit derrière moi. J'ai momentanément oublié que je n'étais pas seul. Aucun homme ne me pose directement de question alors je m'abstiens de leur signaler que je connais leur présence et retourne rêver debout, ou plutôt accroupi.
Et ainsi passe la journée. Mes compagnons sont aussi bon que moi pour ignorer autrui, et comme si un monde entier nous séparaient, je reste un total inconnu pour eux. Seul le jeune blond, Ilryen, si mes souvenirs sont exacts, connait au moins de moi mon prénom.

Lorsque l'on signale le deuxième arrêt pour la nuit de ce voyage, je prends ma portion et me met encore à l'écart des autres.

« Salut ! »

(Il est vraiment collant ce type.)

« Bonsoir Ilryen. »


« Tu faisais quoi tout à l'heure ? Tu t'amusais avec ta magie ? »

« Non j'absorbais un fluide. Les mages ont besoin d'une ressource suffisante de magie pour servir à quelque chose. »

« Je sais ce qu'est un fluide. On est pas si ignare que tu le crois. On en connais deux ou trois des mages, hein. Actuellement t'es le seul du voyage, mais à l'aller on en avait deux autres avec nous, malheureusement ... »

« Le voyage est donc si peu sûr que cela ? »

« Ben là actuellement on est encore assez proche de Tulorim donc y a pas trop de problème, enfin par rapport à ce que l'on croisera quand on arrivera du Côté d'Exech. Surtout qu'O'nean est pas très apprécié dans la région. »

« Comment ça ? »

« Ben c'est à dire qu'on arrive pas à le tuer, et y en a que ça agace de payer cher des assassins que l'on retrouve mort au petit matin. »

« Et pourquoi veut-on tant sa tête ? »

« Devait y avoir une raison au début, mais maintenant plus personne ne sait. On sait juste qu'on ne veut le voir que sous forme de petits paquets de deux grammes soigneusement emballés. »

« Ça fait combien de temps que tu le connait ? »

« Trois ans que je voyage avec lui. Ou plutôt que je survis avec lui, il y en a qui ont pas ma chance, il y a moins risqué comme boulot, mais comme la plupart de ceux qui sont ici, je m'imagine pas ailleurs. »

« Si un jour je pouvais éviter le danger. »

« Comment ça ? Je préfère trois ans d'une vie sur le fil du rasoir, palpitante et éblouissante que de passer quarante ans derrière la vitrine d'une échoppe. »

« A peine suis-je parti de chez moi que j'ai failli me faire avaler par une harpie, que l'on a tenter de me dérober puis de me bruler, et enfin je me retrouve sur une des routes que l'on me décrit comme la plus dangereuse du monde. »

« Dangereuse cette route ? O'nean est déjà allé trainer du côté de Nosveris ! Non disons plutôt qu'elle ne fait pas de cadeau ! D'ailleurs à partir de demain, elle devrait commencer les hostilités, vu que l'on n'est plus dans la juridiction de quelqu'un. Tu ferais bien de dormir ce soir. Surtout que t'as toujours pas de tour de garde ! »

Il se lève, me tape sur l'épaule et va rejoindre le reste de ses camarades. Tandis que moi je m'endors presque paisiblement, après tout Ilryen ne semble pas avoir peur de ce qui nous attends, alors pourquoi je tremblerais ?

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Ven 23 Sep 2011 18:01 
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Une choc sur la tempe me réveille. Fini la gloire et la toute puissance dans les rêves et bienvenue dans la réalité, ou l'on se fait envoyer des fruits à la figure.

« Vous avez assez dormi, tas de larve purulente ! Bougez un peu vos miches, on a pas toute la journée, mes mignonnes ! »

(Quel agréable harangue, ça donnerait presque envie de se donner en martyr !)

Toujours est-il qu'il n'est pas temps de rêvasser, je ramasse la pomme qui m'est destiné et me relève un peu précipitamment. En observant le sol, l'on peut voir dans l'herbe la marque de ma silhouette, laissé ici par un sommeil de plomb. Le fruit que l'on m'a donné est moins bon que le précèdent la faute à pas-de-chance. Ce deuxième lever auquel j'assiste est bien plus organisé que celui du jour d'avant et tout le monde semble en alerte. Serait-ce parce qu'a partir d'aujourd'hui le danger est trop grand pour qu'on puisse l'ignorer comme me l'a raconté Ilryen ?

Je cherche d'ailleurs celui-ci du regard, mais ne l'aperçoit pas avant qu'il ne se mette à rejoindre sa place habituelle pour le trajet. Je viens chercher sa compagnie, car non seulement il me faut repartir, mais aussi parce que j'ai épuisé bon nombre de sujets de réflexions solitaires, et qu'un peu de parlotes me changera les idées. Mais il est avec les autres et ma timidité reprends vite le dessus sur mon envie de parler, et je m'installe une fois de plus à l'écart des autres.

Je sens le regard d'Ilryen se poser, désolé, une ou deux fois sur moi, comme si il voulait m'ajouter à la conversation mais ne savait comment s'y prendre. Il est vrai qu'actuellement mon attention est focalisée sur la discussion en cours. Actuellement on traite des armes. Un débat sur l'estoc et la taille.

« Les armes d'estoc ont clairement un avantage offensif, elles sont plus dur à parer, peuvent se glisser plus facilement dans le défaut d'une armure, seulement les blessures qu'elles laissent peuvent ne pas être aussi importante que celle donné par un coup de taille, malgré que celui-ci soit généralement bien plus dur à placer. »

Je suis aussi stupéfié que les autres en réaction à ces paroles que j'ai prononcé sans réfléchir, ce qui ne me ressemble que peu, un seul affiche un sourire,et il s'empresse de relancer la discussion tout en sortant de sa ceinture le sabre qu'il possède. Il le présente ensuite à nous avec ses paumes de mains.

« Tu mens pas, mais justement, un seul coup décisif est nécessaire. Et contrairement aux armes d'estocs, elle peuvent passer outre les armures, sans être obliger d'exploiter les faiblesses de celles-ci. »

Et cela continue, pour dériver ensuite vers d'autres sujets, sur lesquelles j'interviens ponctuellement. Je semble m'être intégré, comme quoi il n'y a pas de grande difficulté, bien qu'en moi je me dise qu'il ne saurait en exister de plus grande, et cela me fait sourire, car si j'ai assez de courage pour affronter des monstres et des voleurs, je n'ai pas celui nécessaire pour aller à la rencontre de quelqu'un.

Je m'assois avec eux pour déjeuner, je ne vais plus de mon côté, l'on s'échange des blagues quand soudain à l'avant du convoi une bagarre éclate entre O'nean et un de ses mercenaires. La visage de mes voisins s'assombrit immédiatement. Je regarde cela un court instant puis me tourne vers mes camarades.

« Cela arrive t-il souvent ? »

« T'es nouveau c'est vrai ! »

Ilryen se met à chuchoter sans même se détourner, sur un rythme de conversations :

« Oui ils se battent souvent, parce qu'ils s'apprécient beaucoup, mais toujours à main armée, de plus c'est O'nean qui à provoqué le combat cette fois, il s'agit d'un code : Nous sommes ou avons été observés. Il faut se tenir sur ses gardes. Si il s'agit d'un homme seul, ou d'un petit groupe de bandits c'est pas grave, mais si il s'agit d'éclaireurs aux ordres d'une plus grosses troupe, aujourd'hui ou demain nous aurons à nous battre. »

(Un combat hein. Je devrais être effrayé, mais je suis en fait même plutôt excité. Je n'ai pas de bon souvenir de mes affrontements précédents, mais c'étaient plus des tentatives de meurtres à mon encontre que des véritables batailles. Quoi que vu la taille de notre groupe il va plutôt s'agir d'une escarmouche.)

Lorsque nous rejoignons de nouveaux nos places c'est bien évidemment de ça dont on parle. Les spéculations vont bon train, et je peux en distinguer un bon nombre qui comme moi ont presque hâte d'avoir un ennemi un face d'eux. D'autres sont plus modérés, mais aucun ne semble effrayé. Quoi que je sois stupide de penser que l'un d'entre eux ait pu l'été alors qu'il s'agit de leur métier de se battre.

« J'espère qu'ils auront pas des mages qui balancent des éclairs comme la dernière qu'on s'est fait attaqué. Des vrais saletés ces gars, tout ce que tu peux faire c'est te jeter à terre en attendant que quelqu'un le fasse taire. Surtout qu'on a plus que toi Ilryen, et O'nean qui sache vraiment bien viser, on a toujours l'arbalète de Kai, mais bon on va pas dire que c'est un tireur d'élite. »

« Je peux toujours m'en charger moi. »

« Désolé petit je t'avais oublié. Comme t'es nouveau, et que nos derniers frères capable de manier les fluides sont morts à l'aller ... »

Il se tait ensuite comme si il avait dit une bêtise ou révélé un honteux secret, mais je ne pouvais rien voir de suspect dans sa phrase. Comme moi personne ne semble avoir rien remarqué et cela n'eut pas de conséquence à part que celui ayant dit cela se mis à se concentrer bien plus sur l'aiguisage de son arme.

Le soir venu aucun événement notable ne s'était encore déroulé. Tout se passera donc demain, si jamais quelque chose doit se passer. Pour la première fois l'on vient me confier un tour de garde, le premier. Rien n'arrive alors que mon esprit s'évade dans les souvenirs de cette journée.

(Une seule chose me perturbe, il semble me connaître mieux qu'il ne devrait. Je n'ai toujours pas réussi à savoir d'où il tenait l'information quand au fait que je me sois battu avec Aldred. Et il ne m'as pas semblé que ce fait ait été même vaguement diffusé, même au sein de l'auberge du pied levé, il faudra que je vois ça demain.)

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Mar 27 Sep 2011 18:55 
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L'envie de découvrir demain m'empêcha d'avoir une nuit convenable, et c'est avec un grognement matinal des plus étrange que je réceptionne le projectile qui m'est destiné.

« Alors t'as passé une bonne nuit ? »

Le ton est clairement identifiable, il est en train de se payer ma tête, mais dans mon état de semi réveil fatigué, ma seule réplique possible est de lui envoyer sans grande conviction la première chose qui me tombe sous la main. Le contact de l'herbe fraiche, dans cette matinée qui n'est pas des plus chaudes, a le mérite de m'aider à me réveiller. Je me sens un peu patraque et mes yeux me piquent, mais cela se dissipe petit à petit. Des mots autres que « il faut se lever » se mettent à tourbillonner dans mon esprit, y recréant son chaos habituel, répétitifs, et sans aucun liens autres que la syntaxe. La faim qui me dévore ne se satisfait pas du modeste fruit qui lui est offert, mais il lui faut s'en contenter.

« Sinon Ilryen, à part te moquer, qu'est-ce que tu sais faire ? »

« Mettre des coups de pieds dans le derrière des trainards ! »

Malgré moi, un demi-sourire nait sur mon visage dans un souffle exaspéré mais amusé. Suite à cette remarque je m'empresse de plier mon bagage, et après avoir rangé dans ma chemise le médaillon que je possède, vient prendre place aux côtés d'Ilryen dans le chariot. L'ambiance n'est pas aussi rieuse que les jours précédents, et nombres d'armes sont hors de leurs fourreaux. Seul semble décontracté un des hommes, un dénommé Kirl, celui qui la veille, s'était enfermé dans le silence après qu'il ait prononcé une certaine phrase dont je ne me souviens même plus. C'est que cela devait être de peu d'importance !

Un long silence s'étire, uniquement dérangé par des raclements d'armes occasionnels. D'après mon estomac il doit être près de midi, et cette matinée me semble être la plus ennuyeuse de ma vie. Mon regard passe de compagnon en compagnon, tous sont tendus tel des ressorts, prêt à bondir au moindre bruit. Ils sont expérimenté, prêt à réagir quand il le faudra, et armés jusqu'au dents. Je me sens en confiance avec eux, le prochain combat ne peut être perdu. Mon ventre se met à me déranger de plus en plus, et je sais que l'on décale l'heure du repas, mais vient le moment où l'on en peut plus attendre.

« Bon les gars, je crois qu'il va falloir s'arrêter. »

Le convoi s'arrête et un bruit sourd indique que les cavaliers mettent pied à terre. Un cri de douleur s'ensuit.

« Oh les fumiers ! EMBUSCADE ! »

La pointe d'une flèche perdu vient s'encastrer dans le bois du véhicule. Je lâche un petit cri de surprise, que ne partagent pas les autres. Leurs regards sont fermés à toutes émotions. Sans empressement ni lenteur il sorte un par un et se dirigent vers le combat. Enfin avant qu'ils ne soient sortis, après leurs hurlements témoignent de leur rage, et de leur charge avide.

Alors que je m'extirpe moi aussi de cette carcasse de bois, la vision du champ de bataille s'offre à moi. Une plaine jaunâtres, un corps debout, cloué par des traits sur son cheval qui s'enfuit, un O'nean à la jambe percé qui aligne les assaillants de son arc, un hameau abandonné d'où sortent ceux qui nous attaquent, voilà ce qui compose le tableau de cette escarmouche. Au loin une lueur agresse mon œil, et lorsque mon regard se reporte sur une des maisons qui m'avait marqué, une évidence s'impose à moi.

(Ils utilisent un système de miroir. Il se sont établis sur plusieurs maisons et attendaient sans doute que l'on s'arrête, afin de se débarrasser aisément des cavaliers à distance. C'est trop bien préparé pour avoir été fait en un jour ou même deux-trois. Ces éclaireurs n'était là que pour confirmer notre position. Quelqu'un nous attendaient sans doute même avant qu'O'nean n'ait quitté Tulorim. Mais le plus grave c'est que ça implique que ce groupe recevra des renforts, et à cheval il y en a pas pour plus d'une dizaine de minutes depuis les dernières habitations qu'on a croisé. Bon c'est pas sur ça qu'il me faut me concentrer.)

A ma gauche un claquement de corde m'indique qu'Ilryen est à mes côté avec son arc. On ne peut plus tirer sur les hommes qui sont déjà au corps à corps, et je suppose qu'il faut donc faire tomber les archers. Alors que je lève les yeux sur les habitations, un arbalétrier apparaît sur une fenêtre. Je ne peux que me couvrir la tête de mes mains. Le carreau ripe sur mon gantelet et vient m'entailler le crane sur le côté gauche. La douleur est des plus mineures, à peine ai-je senti son passage. Le corps de mon ami pivote presque instantanément et la flèche qu'il décoche vient mettre un terme à la vie de celui qui m'a attaqué.

« Je pourrai pas garder tes arrière tout le temps. Alors remues toi un peu. »

« Celui là est pour moi. »

Un homme vient de prendre place à la fenêtre adjacente à celle qui vient de voir un échange de tir. Mon esprit se concentre sur l'effet d'un puissant vent arrière, tandis que mon poing s'élance dans la direction visé. L'homme dont il est question décolle jambes en avant et viens heurter avec sa tête le haut de l'ouverture.

« Pas mal celle-là ! Par contre t'es bien trop gentil. Juste lui faire ça alors qu'il aurait été simple de le tuer en faisant voler une des nombreuses armes éparpillés, ou des flèches pas trop abimés. Lui n'aura pas cette pitié. »

Et c'est inexpressif qu'il achève l'homme à terre. Un léger sentiment de répulsion se met à m'habiter, mais la logique à tôt fait de le réduire à néant. On est sur un champ de bataille, tuer ou être tuer est ce qui s'applique ici.

« Fais pas cette tête Tal'Aer. C'est mon métier. »

« Oui petit, c'est notre métier de tuer ! »

Je n'avais pas aperçu Kirl avant, d'ailleurs il est vrai qu'il est sorti après nous du véhicule, mais pourquoi n'est-il pas en train de se battre ? Il tient pourtant à la main une dague de bonne facture. Sa tête me fait peur. Lui d'habitude quelque peu renfermé, et avec un visage plutôt tendu, semble au comble d'une joie sadique. Sa main se met à bouger et je ne peux réaliser ce qui se passe. Lorsque celle-ci se met à rougeoyer, un souffle comme interrompu sort de la bouche d'Ilryen, que la dague vient de percer.

« Fraternité hein ? Ta phrase aurait du nous mettre la puce à l'oreille, et je suppose qu'à l'aller, les deux autres était avec toi ? Heureusement qu'ils se sont fait buter ces fils de ... »

« Tais toi et crève vite ! »

Je ne comprends rien, je suis comme paralysé, comment cela peut-il arriver ? Pourquoi Kirl, notre camarade vient de tuer Ilryen ? Il retire son arme de son corps, mais uniquement pour l'y enfoncer de nouveau, cette fois au travers de sa gorge. Sa tête se décale alors qu'il tombe, et il m'adresse le dernier de ses sourires.

Lorsqu'il touche terre, mon cerveau se remet à marcher, et il associe deux mots, qui prédominent dans tout mon être, avant de les fusionner : Kirl et traitre sont une seule et même chose. Je lâche un cri de rage et fonce tête baissée vers le meurtrier. Le seul désir qui m'habite est de faire couler son sang, et ce de mes propres mains. Il me réceptionne aisément de sa main gauche et m'envoie rouler par terre.

« Comment peux tu penser me vaincre mon petit mage, moi, un membre de la Faternité, une des plus grandes associations criminelles d'Exech ? Faible voilà ce que tu es, et en plus je l'ai vu, tu es incapable de tuer. Quel piètre adversaire pour un homme tel que moi. Comment as-tu pu bien avoir ce cher Aldred, l'un des nôtres ? »

(Ainsi donc il est lié à Aldred ! C'est sans doute lui qui en a parlé à O'nean, qui m'a fait recruter afin de mieux se débarrasser de moi, et a organiser ce guet-apens. Mais quelle est cette Fraternité dont a parlé Ilryen avant de mourir ? Ilryen pourquoi es-tu mort ? Je commençais à peine à t'apprécier que déjà tu m'es enlevé ! Où est passé ton sourire ? Et tes blagues pendables, où sont-elles ?)

Une larme se met à couler sur ma joue, tandis qu'un trou noir semble se former au niveau de mon cœur, tentant d'aspirer ma poitrine. Mais à la tristesse s'ajoute vite la colère, et la volonté de se venger, née de cela, se met à grandir en moi à une vitesse hallucinante. Personne ne fait attention à nous, la défaite du premier groupe, suivi de l'amertume de la découverte du second contribue beaucoup à cela. Et tandis que je rampe sur le dos, mes forces s'amassent.

« Je suis peut être faible, mais qu'es tu, homme, face à la colère destructrice de l'air ! »

Ses jambes se retrouvent chassé en arrière, comme si un pied éthérée venait de les balayer, et alors que je me relève, je vient frapper l'arrière de son crâne de mes deux poings joints, tandis qu'à l'atterrissage il s'agit de mon genou qui vient à sa rencontre. Un craquement horrible retentit, dû a un nez qui vient de se briser. Le sang qui s'en échappe vient couvrir ma jambe, et une vague froide m'envahit à cet endroit. Le contact de ma peau sur le vêtement souillé est des plus désagréable, mais je passe outre tandis que je vient frapper le bas ventre de cette pourriture qui me tient lieu d'ennemi. Alors que je fais cela, une immense onde ce choc vient réveiller la souffrance dans toute ma jambe. Mes yeux se baissent et observent une lame qui me transperce. Le froid de l'acier, pénétrant mon mollet de l'intérieur, m'est insoutenable. Je perds mon équilibre alors que tout ce qui se situe sous mon genou gauche semble ne plus vouloir répondre à mes injonctions désespérées.

Au début, aucun son ne sort de la bouche de Kirl alors que celui-ci se remet sur pied et avance vers moi, mais son regard mauvais et son pas lent sont plus intimidant que n'importe quelles menaces. Je ne peux bouger, la douleur, d'une part, rempli son office, et m'arrache des cris perçants, tandis que la peur de la mort, chose des plus stupides en soi, m'empêche justement de lui échapper.

« Tu n'avais aucune intention de me tuer, comme je l'ai déjà dit, tu es faible ! »

Une voix déformée d'Ilryen, venu tout droit de mon esprit me rapporte ses propos quand à l'utilisation de mes sorts. Mon regard se porte alors sur un sabre, gisant à terre, à côté du cadavre de son ancien propriétaire, un jeune homme que j'appréciais beaucoup, et qui me servira à faire taire son assassin. Alors que mon bras se détend avec toute la haine que je peux exprimer, dans la mémoire du couteau que j'ai fait s'envoler pour couper la corde d'un chien dont j'ai tué la maitresse, le vent se lève non pas seulement là où je le désire, mais sur tout ce qui m'entoure. Un vent fort, coupant, presque autant que la lame qui s'est levé pour empaler un lâche. Celle-ci s'enfonce au niveau du nombril avec tant de force, que le couard est soulevé de terre et vient s'accrocher au bois du véhicule dans lequel j'ai appris à connaître ceux qui sont en train de mourir aujourd'hui.

Le visage du détritus se tenant en face de moi est déchiré entre la colère et la douleur, il ne peut parler, et n'en a plus pour longtemps, mais je refuse qu'il meurt maintenant. Il n'as pas encore payée toute sa dette. Je me débarrasse du couteau qui encombre inutilement mon membre inférieur, me rue sur lui et arrache le sabre que je jette au loin, il n'y a pas besoin de souiller encore plus un souvenir d'Ilryen. Mes coups se mettent à pleuvoir sur lui sans s'arrêter, chacun provoquant en moi une vague de souffrance, amère et plaisante à la fois, mais je continue, même lorsqu'un bras vient m'entourer la poitrine et tente de m'arracher à lui alors que je hurle à la face du monde ce qu'il est vraiment, et lorsqu'enfin on réussit le soustraire à ma revanche, je continue de me débattre.

« Calme toi petit, on sait ce qu'il a fait, j'y ai assisté, de même que beaucoup d'autres. On pouvait juste pas t'aider parce qu'on était un peu occupé ! »

Après avoir dit ces mots, O'nean crache sur le cadavre de Kirl et lui fourre un coup de pied dans les côtes. « Au cas où » susurre t-il tout bas. Cela à l'effet de me calmer, et le cuisinier qui me tenait relâche enfin son étreinte. Je me tourne vers ce qui reste de la troupe. Nous étions partis vingts, et maintenant seul douze homme se tiennent encore devant moi, ce qui fait nous sommes encore treize. Sept pertes ou plutôt six, l'un étant à compter au nombre des ennemis, peuvent sembler peu, surtout lorsque ceux en face étaient au moins trente, bien que répartis en deux groupes, mais nous savons tous au fond de nous qu'un aurait été déjà beaucoup trop. De plus O'nean boite, un homme s'est vu coupé un doigt, au niveau de la première phalange, et deux autres ont des épaules démises. Ils ne sont pas beau à voir, et à cette réflexion je m'observe plus attentivement. Ma manche gauche est déchirée, ma chemise est couleur de boue, et je ne parle pas du sang désormais coagulé, qui me recouvre en plusieurs endroit, et qui, en majorité, n'est pas le mien

« Les gars ce soir on dormira pas tranquille, faudra faire gaffe aux charognards, mais je ne vous ferais pas reprendre la route maintenant. Reposez autant que vous le pouvez cette après midi et cette nuit. Ceux qui se sentent de le faire, disposez de nos morts, et maudissez leurs assassins ! »

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Dim 9 Oct 2011 18:12 
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Ma nuit ne fut pas des plus paisible. Toute l'après midi du jour précédant j'ai cherché le sommeil après le combat, regardant mes camarades travailler, tandis que je me recroquevillais dans ma couverture. Tout ceux qui ont baissé le regard jusqu'à moi avaient une lueur compatissante dans leur yeux, ils me prenaient en pitié, et donnaient l'air de comprendre. Après tout, le jour précédent, n'avais-je pas tué pour la première fois de ma vie un homme. Un homme qui, qui plus est, avait partagé ma compagnie pendant trois jours. Chaque fois que le sommeil daignait venir me chercher, la même vision m'accueillait, celle du traitre, accomplissant son œuvre morbide, la naissance de la haine en moi, et sa mise à mort. Ce souvenir je savait qu'il serait à toujours gravé dans ma mémoire. Surtout le dernier instant, le premier coup de poing à être fatal, se dirigeant vers l'œil le plus suppliant qu'il m'ait été donné de voir. Ce sentiment qui s'en dégageait, aurait empêché des armées entière de l'achever, mais il ne m'avait pas arrêté moi, je n'y ai même pas prêté attention avant, mais le fait est là, j'ai tué quelqu'un alors qu'il réclamait pitié, un être humain comme moi ! J'essaye de me détester, mais je n'y arrive pas, car à chaque fois que le repentir se présente à découvert, la vengeance viens le raisonner, avec la deuxième image qu'a jamais je retiendrais de cette journée, Ilryen, une dague dans la gorge, dague qui se tient au bout du bras de quelqu'un que l'on croyait être notre compagnon, mieux, notre ami ! Je passe du « je devrais être heureux de cet acte » au « je devrais me jeter d'un pont pour cet acte » en un instant. Mon cœur est déchiré entre la peine que j'ai pour Ilryen, et le poids de ma conscience quand à la mort de son assassin.

( Je suis faible et stupide ! Je ne peux donc savoir ce que je veux ? Pourquoi mais pourquoi, devrais-je être attristé par ce que j'ai fait ? Ce que j'ai fait est juste ! Pourquoi ma conscience me torture t-elle ? L'humain est faible, bien trop faible ! Mais qu'est-ce que cette pensée ? Est-ce que je serais en train de devenir fou pour que de telle chose apparaissent dans ma tête ! Ça doit être ça ! Saleté de sentiments ambivalents. Je dois reprendre contrôle de moi ! )

Je prends cette résolution, et finalement me lève, sors de cette couche dans laquelle je me suis réfugié et me prépare à un départ qui sera tôt, car il faut rattraper le chemin qui n'a pas été fait dans l'après midi d'hier. Alors que mon esprit été enflammé il y a quelques secondes, il est reparti dans sa morosité, l'auto persuasion ne marchera pas. J'ai l'impression étrange que mon cerveau est divisé, une partie est complètement gouverné par l'émotion, tandis que l'autre réfléchit de la manière la plus logique et dépourvu de sentiment possible, et cela se fait en parallèle. Une telle situation ne m'apporte rien, si ce n'est un mal de tête assez horrible, deux réflexions simultané sont trop pour moi, surtout quand elles sont aussi éloigné l'une de l'autre. Alors que je me met à marcher, la partie logique en moi s'écrie « il pleut ». Je ne l'avais même pas remarqué auparavant, et pourtant elle tombe depuis un petit moment pour être de cette intensité, non pas qu'elle soit forte, mais ce n'est clairement pas un début de pluie. J'ouvre la paume de mes mains vers le ciel. Les gouttes de pluie tombant sur ma main gauche, celle qui est nue, y ravive pour un court instant la douleur, mais je l'accepte, et la reçoit même avec grâce, comme si cela faisait partie d'un rituel destiné à mettre fin à mes regrets. Et de plus je n'ai pas vraiment l'impression que cet douleur est néfaste, c'est comme si elle était lavé, désincrusté de son pêché à la force de l'eau. Cette petite morsure glacé qui frappe mon visage à intervalles irréguliers, est le signe que je souffre, et si je souffre c'est que je vis.

Je monte dans le chariot du cuisinier, vu que l'on n'en possède plus que deux, le troisième ayant été rendu inutilisable par ma faute. Il me faut me secouer, je repense donc aux jours précédent, je refais mentalement mon voyage depuis chez moi jusqu'ici histoire de me dire que j'ai vu pire. Malheureusement une fois le train de mes pensées mis en marche, il ne s'arrête pas au premier ordre, et je finis immanquablement par arriver aux souvenirs d'Ilryen. Une perle salée se met à s'échapper de mon œil tandis que mon menton se serre, et que mon nez se bouche. Son tempérament rieur me manquera à jamais. Beaucoup se sentiraient mal à l'aise après une ou deux tentatives avortés pour me faire sortir de ma bulle de solitude, et s'en iraient ensuite, mais lui, il a continué, jusqu'à m'arracher un rire alors que je ne voulais même pas sourire. D'ailleurs même mort, il continue, et mon pleur s'entrecoupe de simulacre de sourire à la pensée de certaines de ces farces, avant de s'accentuer quand je me rends compte que je ne le verrais plus faire cela en personne. J'arrive à cesser ces larmes quand elles se remettent à couler, mais de rage, cette fois, envers ma propre stupidité. Je venais de penser au deux derniers jours. J'étais excité à l'idée du combat, alors que deux fois dans ma vie je n'y avais trouvé que la souffrance, j'avais cru que la troisième fois serait une aventure épique digne de celle dans les contes où au final les méchants seraient châtiés, et les gentils repartiraient tous en un seul morceau ou presque. Que je suis bête ! Je n'ai pas subi autre chose que des pertes, je n'ai jamais vu d'espoir dans les combats, de grande cause autrement perdue, seulement la mort !

La martèlement incessant de la pluie sur la charpente en bois du véhicule rythme notre avancé. Je n'ai mangé ni hier, ni ce matin et ne mange pas plus ce midi. Mon ventre est tellement torturé par le fait que mon cœur semble vouloir l'engloutir afin de grossir pour accueillir tout ce malheur, qu'il n'y a plus de place cette souffrance qu'est la faim. Alors que je suis occupé à ruminer ces pensées, je sens soudain une main calleuse sur mon épaule.

« Ce n'est pas exactement ici et ainsi que souhaitait mourir Ilryen, mais ce qu'il voulait c'était mourir au combat, aux côtés du plus grand nombre possible d'entre nous. C'était un gamin rêveur, il souhaitait que nous puissions observer ses derniers instants héroïques, et alors que nous aurions pleuré sur son cadavre presque refroidi, il nous aurai dit qu'il en était ainsi, que ce n'était pas grave, et que l'on devrait continuer pour lui, car son esprit nous accompagnerais. »

O'nean marque une petite pause.

« Oui maintenant que j'y pense ça sonne exactement comme lui. Ne pense pas : il est mort à cause de l'attaque sournoise d'un traitre, car lui penserait, je suis mort en démasquant le traitre qui risquait de tous nous conduire à notre perte. Tu as vu sa mort de plus près qu'aucun d'entre nous, tu es sans doute le seul à avoir vu toute la scène, car nous avions à combattre nos propres adversaires, et nous le faisions avec rage car nous voulions comme toi en finir avec Kirl. C'était ce qu'il voulait, mourir en étendard. D'ailleurs il souriait quand on l'a trouvé, mais je pense qu'il a souri dès qu'il a vu qu'on le voyait, toi y compris, et qu'il savait sa mort ne serait pas solitaire et qu'elle augmenterais notre ardeur au combat. C'est exactement ainsi qu'il était, et nous voir pleurer plus de quelques secondes sur son sort lui aurait été insupportable. Nous n'avons pu nous en empêcher de le faire quelques instant, mais vois tu certain ici qui continue ? Et pourtant on est nombreux à l'avoir connu pour trois longues années, et six autres hommes sont mort, que nous connaissions tout aussi bien. Nous avons mis fin à notre tristesse, il le faut, pour ces hommes qui sont mort pour nous ! »

Il se lève en prenant appui sur sa main qui se situe toujours sur mon épaule, remonte à cheval, et ordonne de repartir.

« Tiens, c'est ta part. Il n'y a aucun mot à ajouter à ce qu'a dis le chef, mais tu ferais bien de te remettre en condition, parce que Exech n'est pas aussi calme que la route que nous avons prise. »

Ce brin de réprimande, après le discours de O'nean était exactement ce qu'il me fallait pour me remettre sur pied émotionnellement. La partie logique de mon cerveau a noyé l'autre partie sous un fort torrent, et alors qu'un tourbillon spirituel se dépêche de disperser et de mêler eau et débris, mon esprit se remet à fonctionner comme avant, c'est a dire mal et de façon chaotique dispensant des pensées sans intérêts à la chaine. J'engloutis avec joie ce que me tend le cuisinier, oublie jusqu'au fait que je devrais éprouver des regrets d'avoir tué un homme, car après tout c'est ce qu'Ilryen voulait, et je me met à bruler d'impatience de rencontrer Exech. Je comprends alors cette excitation du combat, car elle est revenue. Ce goût de l'aventure ne nous quittera jamais alors même que l'on sait qu'il ne va rien nous apporter de bien et que vivre une vie paisible aurait été cent fois mieux, mais une fois qu'on y a gouter, on ne peut qu'y céder.

Vers le milieu de l'après midi, Exech est en vu, et les hommes sont nerveux, mais on y est arrivé, et alors que j'avais presque oublié ce pour quoi j'avais accepté de venir ici, je me souviens que cela signifie que je vais pouvoir aller jusqu'en Oranan. J'avais oublié tout lien avec Rana au cours de ce voyage après le troisième jour, car j'étais distrait par une amitié naissante. Je souhaite être souvent distrait de cela, mais après tout cette rencontre, et le peu de temps qu'il m'a été accordé en compagnie d'un tel homme était déjà un merveilleux présent du destin. Beaucoup diront que si je suis ici c'est parce que Kirl voulait m'éliminer, mais le fait est que je l'ai tué, et ce faisant, on m'a offert un passage vers la cité de Rana, les vents sont en ma faveur maintenant que la pluie s'est dissipée.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Sam 24 Déc 2011 17:50 
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> Carnet de route

Premier jour de voyage.


Tandis que le soleil se levait tranquillement, teintant la triste ville de Tulorim d'un éclat clair, Winsor marchait vers son futur. Toujours vétu de sa cape sombre, qui le recouvrait de la tête jusqu'aux chevilles, laissant deviner sa carrure mince, il s'éloignait de cette ville dans laquelle il était né. Dans laquelle il avait vécu, séduit des femmes, été prit pour un fou. Dans cette ville trop étroite pour assouvir ses désirs de cruauté. Et l'aventure ne serait pas simple, il le savait.

S'il avait toujours su s'en sortir, en se dissimulant dans l'ombre et en se faisant oublier, devant lui s'ouvrait un vaste monde plus cruel encore que tout ce qu'il avait connu jusqu'à présent, et la méfiance était de rigueur. Tout en marchant d'un pas décidé, sur ce chemin de terre, il caressait la tranche du carnet volé. Celui qui le mènerait à un objet de grande valeur, et lui permettrait ainsi d'accroitre son pouvoir, pour tuer, et tuer toujours. Il avait emprunté ce chemin étroit pour éviter les routes marchandes, trop peuplées à son goût.

D'après quelques rapides calculs, le voyage à pied durerait l'équivalent de cinq jours, repos compris. Contrairement à Tulorim, humide et tempérée, Exech était beaucoup plus aride, et Winsor savait des livres qu'il avait parcourus que cette ville suintait la chaos, la chaleur, et que la plupart des gens s'y rendant se sentaient étouffés.

La première matinée de marche se déroula sans encombres. Les pieds de Winsor lui étaient un peu douloureux en raison de la faible épaisseur de ses semelles. Lorsque le soleil était à son zénith, il s'arrete sur le bas-coté une petite heure, et se délecta de quelques mets emportés pour l'occasion. Une courte sieste dans l'herbe lui permit de reprendre des forces pour se remettre en route d'un pas un peu plus rapide. L'après-midi se déroula à son tour, sans grande action. Le fanatique plaçait un pied devant l'autre sans vraiment prendre garde, plutôt perdu dans le dédale de son inconscient. Il ne croisa personne si ce n'est un ou deux aventuriers qu'il ne gratifia même pas d'un regard.

A la tombée du soir, il s'arrêta à quelques mètres du chemin, protégé par quelques buissons. Mieux valait encore s'arrêter en pleine nature que dans ces sinistres cabanes qu'il avait aperçu de loin tout au long de la route. De sa poche il sortit le carnet, ainsi qu'une plume et un minuscule encrier, et son écriture élégante mais tremblante, il ajouta :

Premier jour de marche vers Exech sans encombres. Je me rapproche doucement de l'armure de la Maléfique Noire.

Une fois ces mots inscrits, il s'enroula dans sa cape, bien qu'il ne fasse pas particulièrement froid, et sombra dans un monde onirique marqué d'ombres et de noirceur.


> Malaise

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Dernière édition par Winsor le Dim 25 Déc 2011 10:40, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Dim 25 Déc 2011 10:38 
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> Premier jour sans encombres

Deuxième jour de voyage.

La nuit était agitée. Lorsqu'il se réveilla, Winsor fut pris de vertiges si bien qu'il dut rester allongé encore un moment. Il finit par se relever doucement, mais sa tête l'élançait et il était difficile de tenir debout. Son cou et son dos étaient trempés de sueur, et le faisaient frissonner de froid. Il tituba jusqu'à une flaque d'eau, dans laquelle il vit son visage. Plus pâle encore que d'ordinaire. Ses cheveux courts et sombres étaient en bataille, collés par la sueur. Ses yeux livides, presque transparents, étaient encadrés par deux énormes cernes mauves. Avec précautions, il s'aspergea le visage d'eau.

Il resta quelques temps ainsi, à quatre-pattes devant cette flaque boueuse, avant de rejeter son contenu stomacal. Le liquide pâteux verdâtre qui s'échappait de sa bouche lui brûlait la gorge. Il attendit quelques temps, se rinça la bouche à l'eau, et se leva doucement. A peine eut-il aligné quelques pas sur le chemin qu'il tomba évanoui au sol.

Ombre



Ombre



Ombre



Le fanatique releva brusquement la tête en suffoquant. Il ouvrit les yeux, mais fut forcé de les refermer immédiatement, aveuglé par un flash. Il respirait à gorge déployée, essoufflé. Quelque chose se posa sur son buste, et l'apaisa très légèrement. Une voix très lointaine lui parvenait, floue, irréelle.

Seul toi peut te soigner.

Prends lui sa vie.

Concentre toi.


Une douleur dans sa pointrine naquit, et se fit plus intense au cours des secondes. Essayant d'écouter la voix, il chercha mentalement refuge autour de lui. Inconsciemment, il put sentir deux vies près de lui, l'une assez grande et l'autre plus petite. Une troisième se trouvait au loin, floue.

Il n'en a que faire, sauve ta vie.

Prends ses fluides vitaux.

Vite.


Écoutant toujours aveuglément la voix en lui, Winsor se concentra sur le petite tache de vie. La douleur en lui se décupla alors, lui arrachant des gémissements de douleur. Encore et encore, il essayait de s'approprier cette vie. Finalement, la tache diminuait lentement, et la souffrance brûlante qui se répandait dans son corps s'atténua, jusqu'à disparaitre totalement. Tous ses muscles se détendirent alors, et il souffla de soulagement. Il ne lui fallu pas moins de dix minutes pour se sentir vraiment mieux, bien que toujours faible. Doucement, il ouvrit les yeux, et fit face à une petite fille aux transperçants yeux mauves. Croyant à une hallucination, le fanatique referma les paupières, et reposa sa tête au sol.

Sol qui semblait mouvant, s'agitant le légers mouvements de balancier. D'une voix rauque et cassée, Winsor implora :

J'ai soif...

Quelque chose de froid se posa alors sur ses lèvres, et de l'eau fut déversée dans sa bouche. Assoiffé, la gorge sèche comme des écailles de reptile, le fanatique but avidement tout le liquide qui lui était gracieusement offert. Son corps ne devait pas être encore prêt à recevoir cette denrée, car tout ce qu'il venait d'avaler fut vomi, et se déversa le long de ses joues. Quelqu'un lui ôta ce liquide acide du visage. Finalement, il s'endormit à nouveau d'un sommeil agité.

Quand il reprit connaissance quelques temps plus tard, le fanatique se sentait mieux. Il regarda autour de lui et eut enfin la présence d'esprit de se demander où il se trouvait. Une pièce exigüe, aux murs de toile, remplie de grosses caisses en bois. Le sol ne bougeait plus, mais aucun doute n'était possible, il s'agissait d'une caravane de marchands. Face à lui était posée une cage, renfermant un cadavre frais de chat.

Le fanatique poussa un des rideaux, et sortit à l'air libres. Ses jambes tremblaient, ses yeux le brulaient, aveuglés par la lumière du jour, mais au moins il était vivant! Que s'était-il passé? Sans aucun doute avait-il été empoisonné.

Il est réveillé!

La petite fille qu'il avait vu était accroupie au sol, face à un feu de camp. A coté d'elle, une femme aux traits similaires et aux mêmes pupilles mauves fixait l'homme qui venait de sortir de sa caravane. Il leur adressa un hochement de tête.

Image


Asseyez-vous, l'invita la jeune femme.

Assez mal à l'aise, Winsor accepta et s'exécuta. Il était déplaisant pour lui d'être ainsi en présence d'inconnus, de devoir partager un repas qui plus est, mais par dessus tout de devoir leur être reconnaissant. C'était simple, sans la petite, il n'aurait su puiser de l'énergie vitale dans ce chat, qu'il avait d'ailleurs tué, et il serait mort à l'heure qu'il est.

Pourquoi m'avoir aidé?

La jeune femme haussa les épaules tandis que l'enfant restait silencieuse. Elles étaient sublimes. L'adulte avait une peau pâle, des joues et des lèvres roses, et un petit grain de beauté au coin de la joue, qui embellissait encore la couleur de ses iris. Ses longs cheveux châtain ondulés étaient de la même teinte que ceux coupés au carré de sa fille.

Où allez-vous ?
A Exech.
Comment saviez-vous que c'était aussi ma destination?

La jeune femme tendit alors le carnet au fanatique, qui se crispa de colère. Elle avait lu, la garce! Le fanatique lui reprit le carnet des mains agressivement, et le fourra précieusement sous sa cape.

Vous êtes blessé, il faut vous soigner.

Du menton, elle désigna le crâne de Winsor. Il passa sa main dans ses cheveux, et constata que du sang avait coagulé au dessus de son oreille. C'était encore humide et poisseux. Résigné, il accepta qu'on soigne sa plaie. La petite se leva alors, une gourde à la main, et s'approcha du fanatique, sans aucune retenue.

Elle va me soigner ?
Évidemment.
Mais c'est une enfant!
Vous préférez peut-être vous recoudre vous-même ?

Le fanatique se laissa alors docilement faire, quand la petite déversa de l'eau sur sa plaie pour ôter le sang séché, et ne bougea pas lorsqu'elle recousu habilement le coté se son crâne.

Elle n'est pas farouche.
Elle sait se défendre.

Winsor ne pouvait le nier, il aimait les femmes. Mais il aimait encore plus celles qui ne se laissaient pas faire, et la froideur de celle-ci l'excitait au plus haut point. La petite eut finit, et affirma fièrement :

Cela fera une jolie cicatrice! Tu as du te blesser en tombant.

La petite courut jusqu'à sa mère assise au sol, et cette dernière déposa un léger baiser sur son front. La belle tendit alors des fruits au fanatique, l'invitant à se servir.

A vrai dire, je préfère la viande...
Nous n'en avons pas...
Il me semble que...


C'est ainsi que le fanatique était assis dans l'herbe, aux cotés d'une belle femme et de sa fille, se régalant d'une cuisse crue de chat, devant les yeux exorbités de ces dernières. Il ne savait pas vraiment si ce qui les dégoutait était le fait de manger un chat domestique, où si c'était le fait de le faire cru. Quoi qu'il en soit c'était un délice!

Ils reprirent finalement la route, Winsor et la belle aux commandes du cheval de trait qui les tirait, la petite qui s'amusait avec sa magie à l'arrière. Tous trois parlèrent très peu, presque pas pour ainsi dire. Lorsque le soir tomba, ils s'arrêtèrent pour dormir. La nuit fut courte, mais calme. C'était une nuit sans nuage et sans rêves.

>Attaque de serpent

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Dernière édition par Winsor le Jeu 29 Déc 2011 16:03, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Jeu 29 Déc 2011 16:02 
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> Malaise

Troisième jour de voyage.


Quand le fanatique se réveilla, la caravane était déjà en route, et remuait au grès des imperfections du chemin. Méfiant, il passa sa tête par le rideau de toile qui conduisait au siège du meneur. La femme était assise, droite comme un pic, tenant les rênes avec rigueur, tandis que l'enfant regardait le paysage, et s'amusait avec un papillon.

Il s'assit à leurs cotés, mais ne décrocha mot. La belle ne cilla même pas, elle continua de fixer la route sur laquelle la conduisait son cheval.

Pourquoi t'es tout blanc? T'es malade? Demanda l'enfant, naïvement.

Certes, son récent empoisonnement lui laissait encore des séquelles, pâleur et cernes en particulier, mais sa peau avait toujours été blanche, c'était ainsi.

Parce que je suis un mort.

Devant la mine éberluée de l'enfant, Winsor étouffa un rire moqueur. La mère ne sembla pas apprécier, car elle lança un regard sombre au fanatique. Il cessa alors de rire, mieux fallait ne pas faire détester et renvoyer, en effet, voyager en caravane était bien plus reposant qu'à pieds.

Cette dernière réplique provoqua un long silence. La petite décida alors de marcher à coté de la caravane pour se dégourdir les jambes, et le fanatique se posa tranquillement sous la toile, dans le chariot. Dans le carnet, il ajouta en dessous de ses derniers mots :

Troisième jour de voyage vers Exech, j'ai été empoisonné. Cela a-t-il un rapport avec mes recherches?

Winsor se laissa tranquillement aller à des songes divers, concernant son arrivée à Exech et ce qu'il pourrait y trouver. L'air était plus chaud déjà qu'à son départ, et le climat de la ville était semi-désertique. Dans cette caravane au toit de toile, le soleil commençait même à se faire fortement ressentir, si bien que le fanatique ôta , chose exceptionnelle, sa cape. Ses bras pâles et maigres étaient à découvert, mais il se sentait plus à l'aise vêtu d'une légère chemise sombre que de cette lourde cape. Où pourrait donc bien le mener sa quête ?

Il fut tiré de ses pensées par un cri aigu et paniqué en provenance de l'extérieur. Par réflexe, il sortit de la caravane d'un bond, et fut effaré par ce qu'il vit. La petite faisait face à un énorme boa des bois, et criait de peur devant ce mastodonte ondulant à la langue fourchue, prêt à se jeter sur elle. Poussé par l'adrénaline, et bien que mauvais au corps à corps, le fanatique ordonna à l'enfant et à la femme de se mette à l'abri dans la charrette. Le cheval de trait, apeuré par ce prédateur, hennissait et se cabrait, tentant de fuir, mais ne pouvant point car attaché à son chargement.

Le reptile et l'humain, séparés d'à peine quelques mètre, se fixaient désormais en chiens de faïence. Ce serait à celui qui attaquerait le premier... Saisissant maladroitement sa baguette, le fanatique bredouilla :
Souffle de Thimoros...

Un petit éclair bleu fila jusqu'à la bête, mais ne sembla avoir aucun effet, si ce n'est peut-être de l'énerver encore davantage. Le serpent lança sa tête en direction de l'humain, crocs à découvert. Par chance, Winsor évita de justesse, mais fut déséquilibré et tomba au sol en arrière. Nouvelle attaque du serpent, nouvelle esquive de justesse.

Le fanatique profita alors de cette fraction de seconde ou le serpent avait la tête retournée, et lui sauta dessus, agrippant son cou avec les mains, et enroulant ses jambes autour du corps de l'énorme boa. La bête se débattit violemment et fit preuve de beaucoup plus de force que ce à quoi s'attendait l'humain. Il le secoua dans un les airs un moment, avant que Winsor ne lâche finalement prise et, après un vol plané, alla s'écraser contre un tronc. Une douleur lancinante naquit à la naissance de colonne vertébrale, mais l'adrénaline qui se rependait dans tout son corps atténuait cette sensation, et le forçait à se concentrer sur sa proie, ou plutôt son prédateur.

Le serpent s'approcha alors lentement du fanatique, mouvant son corps cylindrique avec aisance, et s'il avait été humain, on aurait pu lire du sadisme dans ses yeux. Un rapide coup d'œil en direction de la caravane apprit au fanatique que la mère et la fille s'étaient cachés, il était donc bel et bien seul face à ce reptile surpuissant...

L'humain sauta sur ses pieds, et jambes fléchies se prépara à esquiver l'attaque du boa. Une fois encore, cela marcha, la chance semblait être de son coté. Le serpent s'était coincé les crocs dans l'écorce humide, et de débattait pour se libérer. Winsor saisit cette occasion et sauta sur son adversaire, s'apprêtant à enfoncer sa baguette dans le cou de ce dernier. Malheureusement, à ce moment précis, le serpent parvint à se libérer et tourna sa tête, bouche toujours ouverte, en direction du fanatique. Il était trop tard pour éviter cette fois-ci; les crocs acérés et venimeux se plantèrent dans le mollet de l'humain. A cause de la brûlure acide, il fut forcé de s'étaler au sol de tout son long, tenant sa jambes de toutes ses force, trituré par la douleur.

Le boa s'avança doucement vers le fanatique, il tendit sa tête aplatie, prêt à croquer sa nuque. Winsor observait son tueur de deux yeux paniqué, sentant la mort le frôler. C'était donc déjà la fin? Comme en réponse à son interrogation, le serpent fut secoué de spasmes, son corps et ses yeux rayonnaient d'éclair lumineux. Un petit nuage de fumée noirâtre s'échappa alors de sa bouche, et il tomba au sol comme une feuille morte de 50kg.

Incrédule, le fanatique releva la tête. Comment avait-il pu faire ça? C'était sur, le don de Thimoros était en lui, et lui offrait sa magie... Il était surpuissant! Capable d'apprendre n'importe qu'elle magie instantanément! Le pouvoir lui appartiendrait et...

La réalité fut dure à avaler, ce fut nullement Thimoros qui l'avait sauvé des crocs du boa, mais la jeune femme, debout à coté de lui, une boule d'électricité dans la main. La déception passé, plein de colère, Winsor s'énerva :

Pourquoi n'avez vous pas agit avant ? J'ai été mordu !
Je n'étais pas censée savoir que vous ne saviez pas vous battre, avec les air de mage que vous vous donnez...

Le fanatique vira au rouge, et si son mollet n'était pas si douloureux, il aurait sauté au cou de cette garce pour lui arracher les yeux, même si, il fallait l'avouer, elle n'avait pas tout à fait tord.

Pom'line, viens soigner ce guerrier, veux-tu ?

Le petite s’exécuta immédiatement, et vint s'accroupir à cotés du fanatique. Elle posa ses paumes autour de la blessure, et un fluide jaunâtre mêlé à du sang sortit des plaies. Elle resta encore ainsi quelques secondes, et deux petites cicatrices en forme de point se formèrent.

Encore une cicatrice ! Annonça la petite, amusée.

Précautionneusement, elle récupéra l'acide ensanglanté qui était sorti du mollet du fanatique, et le fit couler dans une toute petite fiole, quelques mL tout au plus. Elle la tendit à Winsor, un grand sourire sur le visage.

Tiens, c'est un poison. Les effets dépendent du type de serpent, je connais pas les effets de celui-ci, mais cela peut toujours être utile.

Il n'aimait pas cela, mais ne pouvait le nier : il leur était reconnaissant pour ce qu'elles avaient fait pour lui. Froidement, il répondit alors :

Merci.

Il tenta de se relever doucement, mais c'était inutile : il ne ressentait plus aucune douleur, comme si la blessure était inexistante ou très ancienne. Ils reprirent finalement la route, désireux de ne pas perdre encore davantage de temps. Winsor passa tout le reste de la journée à dormir dans la caravane, épuisé par la présence de poison qui avait eu lieu dans son corps. Ce voyage n'avait pas l'air d'être porteur de bonne santé, c'était plutôt de mauvaise augure...


> Journée calme

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Dernière édition par Winsor le Jeu 29 Déc 2011 23:43, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Jeu 29 Déc 2011 23:42 
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> Attaque de serpent

Quatrième jour de voyage.

Winsor se réveilla très tôt, alors que la caravane était encore arrêtée et que la mère et la fille se reposaient. Un mal de tête s'était abattu sur lui, résultat d'un trop plein de sommeil. Il surveilla sa blessure au mollet, par précaution, et fut satisfait de constater qu'elle ne portait pas de signes particuliers, si ce n'est qu'elle avait légèrement viré au bleuâtre. Il reput son estomac affamé, et s'installa tranquillement contre un tronc, un peu à l'écart de la charrette et ses occupantes endormies.

A la lueur du jour naissant, il ajouta dans le carnet :

Peut-être n'est-ce qu'une impression mais j'ai le sentiment que ce voyage est maudit. J'ai été empoisonné dans mon sommeil, attaqué et mordu par un boa, et je ne suis même pas encore arrivé. Que vais-je trouver à Exech ?


Un joli visage sortit lentement de la caravane, la bouille encore toute endormie. La belle laissa échapper un long bâillement élégant, et secoua sa chevelure emmêlée. Le fanatique leva les yeux, et lui sourit malgré lui, comment résister à un tel naturel, une telle beauté ?

Il fait déjà chaud...
Nous approchons d'Exech.



Le trio reprit la route peu après le lever du soleil, et la matinée de voyage se passa sans problème majeur, excepté une roue en bois fêlée qu'il fallut changer. En raison des évènements étranges des jours précédents, le fanatique resta sur ses gardes, mais tout semblait curieusement normal. Trop normal pour être vrai, presque. Le midi, ils s'octroyèrent un repas léger et une sieste, fatigués par la chaleur qui s'était levée et ne les quittait plus. L'après-midi se passa également sans rien à signaler.
Le soir venu, le fanatique eut énormément de mal à trouver le sommeil, se tournant encore et encore sur sa maigre couchette. La chaleur se faisait lourde, presque étouffante, il suait à grosses goutes. Il trouva finalement le sommeil, mais ce fut une nuit agitée et inconfortable.

> Dernier jour de voyage

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Dernière édition par Winsor le Sam 31 Déc 2011 11:44, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Sam 31 Déc 2011 11:43 
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> Journée calme

Cinquième jour de voyage.

Ce matin-là semblait déjà routinier. Le trio partageait un maigre déjeuner, et reprenait la route, tiré par le courageux cheval de trait. Winsor n'avait pas particulièrement bien dormi, mais se sentait en forme car proche de sa destination, Exech. Les routes alentour, tantôt herbeuses, avaient peu à peu laissé place à un terrain sablonneux et sec. La chaleur était déjà étouffante, dès le matin, surement ressentie davantage car Winsor n'était pas habitué.

La roulotte continuait tranquillement sa route au rythme des sabots du cheval de trait. Arrivés à une intersection, la belle stoppa l'équidé.

Nous sommes perdus?
Non, c'est ici que nos routes se séparent. Nous prenons maintenant la route vers Hidirain.
Pourquoi un tel détour?
Cette route-ci est bien moins dangereuse que celle qui mène directement à Hidirain à partir de Tulorim.
Bon, dans ce cas je vous remercie pour ce bout de route partagé.

Le fanatique attrapa sa cape qui pendait sur un accoudoir, et sauta de la caravane à pieds joints. Ne s'attardant pas davantage, il salua d'une révérence la mère et la fille. La belle répondit par un hochement de tête, tandis que l'enfant le saluait de grands gestes de la main. Winsor tourna les talons, et poursuivit sa route seul, tandis que dans son dos résonnait le bruit de sabots sur le chemin, de plus en plus éloigné. S'il maintenait un bon pas, il serait aisé de parvenir à Exech avant la nuit. Et mieux valait, à l'ouïe de la réputation de la ville...

L'air était chaud, et sec. Winsor marchait depuis à peine deux heures, mais déjà il était lassé. Il était bien plus épuisant de voyager guidé par ses pas que tiré par un cheval au pas, même si la vitesse était sensiblement la même, par cette chaleur de plomb qui plus est. La chaleur était infernale, si bien qu'il eut la sensation de s'approcher des Enfers.

Il ne prit même pas le temps de s'arrêter pour prendre un repas lors du zénith, tant la chaleur lui nouait l'estomac. Il n'était pas habitué à marcher sur de longues distances, et ses pieds le faisaient affreusement souffrir. Il n'aspirait qu'à une chose : le repos dans une agréable fraicheur. Mais qui sait ce qu'il trouverait à Exech, la ville n'avait pas la meilleure des réputations.

Finalement, peu avant la tombée de la nuit, le chemin s'ouvrait vers une immense porte aux allures de château. Les deux grands pans de bois étaient clos, et toisaient sarcastiquement le fanatique, minuscule à leurs cotés. Épuisé, Winsor frappa fébrilement sur l'une des portes. Pas de réponse. Une seconde fois, plus fort. Toujours pas de réponse. C'était simple, il serait condamné à passer la nuit aux alentours de la ville.

Quelle poisse...!

> La forge abandonnée

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 Sujet du message: Re: Une surprise.
MessagePosté: Sam 27 Aoû 2016 18:31 
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Localisation: Dans les marais entre Exech et Tulorim
C'est la première fois que je sors d'Exech par la sortie en direction de Tulorim dans mes cent et deux ans d'existence. La dernière fois que j'étais sorti, cela devait être pour accompagner mon premier maître, qui avait un rendez-vous avec un contact dans le désert, il y a de cela quarante-neuf ans. Je n'ai plus quitté la ville depuis. Les voyageurs racontent souvent à quel point l'odeur de moisissure de ces marais, et l'état déplorable des routes pour les traverser rendent le trajet vers et hors d'Exech des plus désagréables. Je ne partage pas leur avis, il y a très peu de flore à apprécier en ville, alors qu'ici elle foisonne. J'envie parfois ces arbres, immobiles, que personne ne peut réduire en esclaves, qui n'ont pas à se battre dans des arènes.

Le trajet que nous prendrons n'est pas le chemin le plus direct. Il semblerait que Ronceprison ait une rencontre prévue dans le forêt au sud de Tulorim. Cela prendra une bonne semaine à pieds jusque là.

Les trois premiers jours se passèrent sans trop de difficultés si ce n'est que le maître pressait la marche. Il voulait, je ne sais pour quelle raison, se dépêcher d'atteindre le fleuve séparant les deux villes, quitte à se reposer plus longtemps après. À ce rythme, nous y serions ce soir.

Ces journées avaient toutes la même forme : réveil au matin déjeuner pour tous les êtres de chair du groupe, marche forcée jusque midi où nous faisions une pause d'une heure, pendant laquelle je m'exerçais avec l'un des gardes à manier mon bâton. Puis, c'était une longue marche forcée jusqu'au soir, épuisante, avec un nouveau repas pour tous -excepté moi. Personnellement, je devais me contenter des minéraux que je trouvais dans la boue de l'endroit où l'on s'arrêtait.

Les entraînements ne me servaient qu'à prendre l'habitude de me battre. Il était évident qu'autant mon maître et les gardes ne voulaient pas que je devienne trop fort, trop vite. Les gardes cherchaient à améliorer mes réflexes, et à mieux écouter mon instinct. Jamais deux à la fois, l'un s'occupait de moi pendant que l'autre riait de mes performances parfois médiocres, une pinte à la main. Comme nous n'avions croisé personne depuis la sortie d'Exech, ils s'étaient relâchés et n'hésitaient pas à se saouler soir et matin. Les activités d'entraînement constituaient en des combats amicaux pendant lesquels ils me criaient dessus. Les deux maniant la lance, une arme relativement proche de la mienne, j'appris beaucoup à leurs dépends, en les regardant se déplacer et se positionner. Je me demande juste à quel point ces connaissances me serviront à quelque chose, car rien ne me permet de les comparer à un autre guerrier.

Alors que nous nous approchions du fleuve -un peu plus au sud de l'ancienne route pavée, et que le temps était déjà au crépuscule, un homme vêtu de noir, encapuchonné, se mit en travers de notre chemin. Arrêtant soudain la charrette -ce qui sauva probablement la vie du vieil âne, à peine capable de tenir sur ses pattes-, la voix de Ronceprison retentit :

« Olah ! Qui êtes-vous ? Pourquoi arrêtez vous ce convoi ? »

Pour toute réponse, l'homme sortit une fleur aux pétales sombre de sous son manteau.

« Le lys noir ? Que faites-vous ici ? Je n'ai rien à voir avec votre clan ! »

Il suait. À très grosse goûtes. Dans son regard, je pouvais voir comme s'il savait quelque chose, et que cette chose ne voulait pas dire que les choses allaient bien se passer.

« Nous avons un très vieux contrat à honorer. Tu n'as pas été mis au courant ? Pourtant tu transportes cet Oudio avec toi. »

L'homme parlait calmement. Puis il leva la main, et deux flèches, parties des arbres alentours se plantèrent dans la tête des gardes. Ils tombèrent à la renverse, comme des statues, dans l'eau du marais. Ils furent asséchés en quelques instants par les sangsues qui vivaient là.

L'homme encapuchonné planta une épée dans le cœur de Ronceprison, en murmurant quelque chose que je n'ai pas entendu.

Puis il se tourna vers moi. Un sentiment naquit au creux de mes tripes. Comme une boule se créant au sein de mon estomac. Combattre un gobelin blessé et fou, c'est quelque chose. Combattre un homme entraîné change entièrement la donne. Je savais que j'allais mourir. Si cet homme décidait, maintenant, de me tuer, il le pouvait et rien de ce que je ferais ne me sauverait. Il avait tout pouvoir sur moi, sur mon être.

(C'est donc ça. Je vois maintenant.)

Mais, alors que je venais de comprendre quelque chose, la peur de ne pas pouvoir en profiter, pour cause de mort, vint s'ajouter à ma peur de mourir. Et l'homme s'approchait de moi.

À ma grande surprise, l'homme s'arrêta devant moi et rengaina son arme.

« Comme prévu par le contrat passé il y a maintenant un siècle entre le lys noir et ton premier propriétaire, tu as été libéré. »

Je ne comprenais pas.

« Ce contrat stipulait que la famille de ton maître offrirait tout ses biens en échanges de deux services de notre clan. Le premier a été réalisé voilà 49 ans, et le deuxième, à savoir que tu devais être libéré si jamais tu venais à appartenir à quelqu'un d'autre que les héritiers du signataire du contrat, vient d'être rempli. »

Sur ces mots, l'homme partit, en direction d'Exech. Probablement pour aller récolter son dû auprès de mes anciens maîtres.

Et me voilà, seul, sur le bord d'un fleuve, avec un âne. Ah non, l'âne est mort. La surprise de voir deux hommes armés mourir à ses côtés, avec l'énergie qu'il a dépensée pour le trajet jusqu'ici ont dû être trop lourdes à porter pour son cœur.

(Me voilà libre. Sans maître. Je n'ai jamais connu rien d'autre que la présence d'un maître, et toujours je n'ai été qu'esclave... Que suis-je devenu, maintenant?)

Plusieurs choses traversèrent alors mon esprit, mais celle-ci me resta sur le cœur plus longtemps, plus fort : on ne se libère de ses maîtres qu'à la mort de ceux-ci. Ainsi, le monde fonctionne comme cela, la mort des uns profite aux autres.

« Est-ce que cela voudrait dire qu'être libre implique de tuer ? »


Et c'est avec ces questionnements en tête que je levai mon regard vers le ciel.

(Je verrai bien ce que je ferai demain. En attendant, laissez-moi regarder ce ciel)

Je n'avais jamais remarqué à quel point le ciel étoilé était beau. Probablement parce que j'avais toujours été en cage.

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"La souffrance, la peur, la violence, la colère. Tout vient de cette partie de nous qui sent que nous ne savons pas qui nous sommes vraiment"

-Hasarian-


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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Exech
MessagePosté: Lun 22 Oct 2018 12:39 
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Un noble chevalier suspicieux


Les premiers jours du trajet furent relativement calmes. Comme toujours je faisais mes entraînements matin et soir et occupais mon esprit avec ce que le paysage pouvait m’offrir, c'est-à-dire pas grand-chose. Je ne croisai presque personne sur cette route. Tout au plus un homme s’enfuit lorsqu’il me vit mais je ne cherchai pas à le rattraper. Je fus un peu surprise par sa réaction, d’habitude les gens se méfiaient certes, mais pas au point de fuir en courant. J’oubliai bien vite cet incident lorsque la route devint si mauvaise que marcher devint un parcours du combattant. Parfois la route disparaissait pour réapparaitre quelques centaines de mètres plus loin. Elle aurait bien eu besoin d’un ravalement complet. Près d’une semaine passa ainsi, sous une chaleur qui devenait parfois étouffante lorsque le soleil atteignait son zénith. Des pensées sombres revenaient régulièrement faire surface, comme si être seule et au calme les faisait ressurgir. J’avais hâte d’arriver pour m’occuper l’esprit avec autre chose que l’état de la route, des souvenirs désagréables et le bruit de mes bottes sur les quelques cailloux qui parsemaient un chemin de plus en plus laissé à l’abandon. Le pire était le soir où, allongée sur ma couche à l’écart de la route, je repensai à Vyrl, Fyly et les autres. J’espérai qu’ils allaient bien et que mon séjour à Exech ne serait pas trop long… Deux ans c’est si long et si court à la fois… Que faisait-il en ce moment ? Pensait-il à moi lui aussi ? Après m’avoir dit tout ça il avait intérêt ! Amoureuse hein ? Drôle de sentiment. Je me pelotonnai dans mon couchage en souriant. Ce n’était pas si mal.

Tout se passait donc relativement bien, malgré la solitude, jusqu’à ce que j’atteigne un petit hameau perdue au milieu de nulle part. J’aperçus les maisons seulement quelques minutes avant de les atteindre, comme si elles étaient apparues d’un seul coup. Une fois entrée dans le hameau, je remarquai qu’il était totalement désert. Pas le moindre son, pas de rire, pas de bruit d’animaux, rien. Les maisons, de vieilles cabanes faites de paille, torchis et bois pour certaines, étaient en piteux état et la plupart des portes - lorsqu’il y en avait - étaient sorties de leur gonds ou ouvertes. Je me permis de faire le tour en regardant à l’intérieur des maisons mais rien, pas la moindre trace de vie, comme si la population avait fui ou s’était volatilisée. Les meubles étaient tous intacts et rien ne semblait abîmé par autre chose que le temps. Je me permis de poser mes affaires dans la maison la plus spacieuse et la seule équipée d’une cheminée, contente de profiter d’un toit pour la nuit, même si l’abandon du village m’intrigua. J’en fis le tour rapidement pour être certaine de n’avoir rien laissé de côté mais il n’y avait vraiment rien ici. J’en profitai pour ramasser une bonne quantité de bois et l’installai dans la cheminée. J’avisai un puit et pus en profiter pour me laver après avoir fait chauffer l’eau dans une marmite récupérée dans une autre maison. Je ne trouvai hélas rien à manger sur place et dus me contenter des rations que j’avais, n’ayant pas envie de sortir pour récupérer des fruits ou des plantes. J’installai mon couchage non loin de la cheminée et profitai d’une soirée au chaud en soupirant d’aise et m’endormis rapidement.

Le lendemain un bruit étrange me réveilla, comme une boite de métal que l’on cogne. Je me redressai en baillant et aperçus le soleil percer à travers les lézardes dans les murs de la maison. J’avais dû dormir un long moment mais je m’en fichai pour une fois, bien trop contente d’avoir pu profiter d’un peu de sommeil et d’un toit. Je m’habillai et passai la tête à l’extérieur pour connaître l’origine du boucan métallique qui avait lieu. Je vis un grand homme portant une lourde armure en métal grisâtre marcher dans le village, l’épée dégainée et la visière de son casque rabattue sur son visage. Il avançait prudemment comme s’il craignait d’être attaqué. Son armure n’avait pas l’air de première jeunesse mais sa longue épée semblait bien plus entretenue. Je rentrai doucement dans la maison et rangeai mes affaires en vérifiant n’avoir rien oublié et sortis avec mon sac sur le dos, mettant mon masque sur mon visage. Le guerrier m’aperçut et je le vis arriver vers moi en faisant un bruit de casserole en bougeant les bras de manière ridicule. Je ne savais pas trop si je devais lui parler ou si j’aurais dû déjà fuir. Il s’arrêta à ma hauteur et parla d’une voix grave qui résonna dans son armure.

- Hola voyageur, ne partez point ! Je voudrais m’entretenir avec votre humble personne si vous êtes disposé à écouter ma plaidoirie.

Que… Quoi ? Qu’est-ce qu’il me racontait cet énergumène ? Je cherchai un peu mes mots en lui répondant.

- Euh… Bon… Bonjour messire, en quoi puis-je vous… vous aider ?

- Oh mais vous êtes une gente demoiselle si je me fie à votre timbre de voix enjôleur, pardonnez mon outrecuidance dame, je ne souhaitais pas vous importuner outre mesure, simplement mander quelques informations sur ce hameau.

- Et bien… je l’ai trouvé désert, c’est tout ce que je peux vous dire messire… ?

Pourquoi je lui répondait comme ça moi ? Il posa sa main sur sa poitrine et s’inclina devant moi.

- Léon Harto de Millebois dame. Ce nom vous est probablement inconnu pour l’instant mais je compte bien faire en sorte que tous les ménestrels chantent mes louanges à travers l’Imiftil puis tout Yuimen.

Il me semblait de moins en moins net ce type et je n’avais pas que ça à faire, je devais reprendre la route.

- Je vous souhaite donc bonne chance dans votre… quête messire Léon. Je dois partir, je dois rejoindre Exech au plus vite, si vous voulez bien m’excuser.

Il enleva son casque qu’il tint sous son épaule. C’était un homme d’une trentaine d’année, portant une moustache finement taillée, des cheveux noirs coupés court et des yeux transpirant l’honnêteté. Il posa sa main sur le pommeau de son épée et s’inclina de nouveau.

- Je ne puis décemment pas laisser une dame parcourir seule les vastes étendues sauvages de ces dangereuses contrées emplies de malandrins et autres brigands de grand chemin. Permettez que je vous accompagne et vous escorte jusqu’à Exech où je me rends également.

Ah… la tuile, je n’avais pas du tout envie d’avoir cette boite en ferraille derrière moi en permanence et je serai bien plus discrète seule. Voulant faire bonne figure pour refuser, j’enlevai mon masque et lui offris un sourire qui se voulait amical. J’eus l’effet opposé et il recula en tirant son épée et me menaça avec en vociférant.

- Vous avez tenté de berner l’homme juste que je suis, je vais vous faire payer votre vilénie.

Que… Quoi ? Je ne comprenais décidément rien à ce type. Par contre je compris très vite qu’il en voulait à ma vie et je ne demandai pas mon reste, je m’enfuis, à peu près sûre qu’il aurait du mal à me rattraper avec tout son barda. Je l’entendis me hurler de m’affronter comme un homme ce qui me fit sourire. Il n’avait pas l’air d’être du genre à m’attaquer sans raison pourtant... Je décidai d’essayer de discuter. Je revins le voir alors qu'il rebroussait chemin et je vis dans son regard qu'il ne s’y attendait pas du tout. Je fus brève.

- Je voudrais juste savoir ce que vous me reprochez au point de vouloir m’embrocher. Je n’ai rien fait qui justifierait autant de vio…

- Pas un mot de plus ! Vos belles paroles ne pervertiront pas mon esprit, il est inutile d’essayer de m’amadouer, rendez-vous ou mon courroux s’abattra pour vous châtier.

Je soupirai et, lui faisant un petit signe, je me remis à courir pour fuir et il hurla de nouveau de m’arrêter. Il me faisait rire ce type, j’eus du mal à ne pas éclater de rire en voyant sa façon de courir. Il était vraiment pataud lorsqu’il se déplaçait comme ça. Je m’arrêtai de nouveau et tentai de nouveau de le raisonner.

- Expliquez au moins pourquoi vous m’en voulez !

- Vous meurtrière, bourreau d’enfants et tueuse de femmes, vous ne savez donc pas à quel point vos crimes sont graves ?

J’écarquillai les yeux. Mais de quoi parlait-il ? De meurtres ? Je n’avais rien à voir avec ça moi !

- Attendez mais c’est ridicule je ne suis pas une meurtrière ! Et quels crimes ? Où ? Quand ?

- Il y a eu de nombreux meurtres à Tulorim et tous commis par une Shaakt aux longs cheveux blancs et ils se sont arrêtés récemment, ce qui correspond à la durée de votre trajet puisque vous êtes à pied. Cela ne peut être que vous !


Ah oui effectivement la coïncidence était assez impressionnante, trop même, pour être réaliste. Pas étonnant qu’il pense que je sois la coupable mais j’avais un contre-argument… enfin j’espérai. J’enlevai ma capuche, exposant mes cheveux bicolores.

- Vous voyez, je n’ai pas les cheveux blancs, ce n’est pas moi, je n’ai jamais… je n’ai tué personne à Tulorim et encore moins des femmes et enfants.

Il me regarda d’un air dubitatif mais abaissa son épée.

- Je ne suis pas encore convaincu pas vos histoires. Pourquoi iriez-vous à Exech maintenant dans ce cas ?

- Je suis partie de Yarthiss il y a plus d’un mois pour rejoindre Exech afin de rencontrer une pyromancienne qui pourrait m’instruire dans les arts magiques, c’est tout. J’ai fait un arrêt à Tulorim à peine une journée, rien de plus.

Il rangea son épée et s’approcha de moi jusqu’à ce que je sois obligée de lever la tête, il devait bien faire deux mètres ce grand dadais.

- Je consens à vous laisser libre mais je tiens à vous escorter lors de votre périple, je serai à même de juger si vous êtes celle que vous prétendez être.

Ah mais c’est qu’il ne lâchait pas le morceau celui-là. Je levai les mains en signe de reddition, je ne voulais pas me battre contre lui de toute façon.

- Très bien, faites comme bon vous semble, mais je doute que vous puissiez voyager facilement avec votre armure jusqu’à Exech.

- Un chevalier se doit d’avoir une monture et la mienne est attachée à un arbre non loin, veuillez patienter quelques instant que j’aille chercher mon fier destrier.

Sur ce, il partit et revint avec un cheval qui semblait tout aussi vaillant que son cavalier. Je n’avais jamais eu l’occasion de monter à cheval et cela m’allait très bien, ces bestioles me donnait une mauvaise impression. Il enjamba donc sa monture qui ne broncha pas malgré le poids évident que ce type pesait et je me mis en route, le chevalier me suivant de près. Je l’ignorai et repris mon allure habituelle, m’arrêtant régulièrement pour boire ou remplir ma gourde et faisant halte juste avant la tombée de la nuit. Le premier soir, tandis que je ramassais du bois pour faire un feu, je le vis gesticuler et sortir divers ustensiles de cuisine d’un des sacs que son cheval portait. J’allumai ensuite le feu grâce à ma magie, je commençais à prendre le coup et je n’avais plus vraiment besoin de me concentrer dessus très longtemps à présent, cela venait tout seul. Il me regarda avec attention, comme s’il essayait de discerner le vrai du faux dans mes actions. Je sentis que les prochaines semaines allaient être pénibles. Il me demanda la permission d’utiliser le feu et prépara un potage avec trois fois rien, me tendant un bol lorsque ce fut prêt. Je le regardai avec suspicion mais je n’imaginai pas ce type essayer de m’empoisonner, il était bien trop honnête pour ça, à moins qu’il ne soit trop idéaliste… Quoiqu’il en soit la soupe était divinement bonne. Il était si rare que je profite d’un repas chaud en voyage que ce fut encore meilleur. Je lui proposais un peu de viande séchée pour accompagner, ce qu’il accepta sans hésiter, comme s’il n’avait pas pensé qu’elle aurait pu être empoisonnée… pas idéaliste, naïf donc. Une fois le repas terminé, je fis mes exercices de magie habituels sous l’œil intéressé de Léon puis je m’installai en boule dans le renfoncement d’un arbre en retrait de la route sous le regard, cette fois surpris, du chevalier.

- Quoi ? Vous pensiez que j’allais dormir au milieu de la route ?

- Certes non. Mais pourquoi vous cacher ainsi ? Vous ne risquez rien si je suis à vos côtés.

- Ne le prenez pas mal, mais j’ai ma façon de faire depuis que je voyage seule et avoir un homme dont je ne connais rien près de moi quand je dors n’est pas très rassurant.

Il eut l’air de prendre assez mal mes insinuations, mais j’avais sommeil et pas le moins du monde envie de m’occuper de l’orgueil d’un type qui m’accusait de meurtre. Je me pelotonnai donc dans mon sac de couchage et attendis que le sommeil vienne me trouver.

Au petit matin, je me levai et profitai du sommeil du chevalier pour faire un brin de toilette avec un peu d’eau de ma gourde. L’eau froide me fit du bien et, une fois habillée, je remarquai le teint écarlate du chevalier. Je me gardai bien de demander quoi que ce soit, ne voulant pas vraiment savoir. Je sentis son regard sur moi une bonne partie de la matinée et, n’en pouvant plus, je lui demandais ce qu’il avait à me regarder ainsi. Il bafouilla avant de se reprendre et de poser une question.

- Je suis navrée mais je n’ai pu m’empêcher de me demander quel âge vous aviez. Je sais que les Shaakt vivent longtemps mais vous semblez fort jeune.

- Je ne suis qu’à moitié Shaakt et j’ai l’équivalent de 14 ans pour un humain.

- Il est surprenant que vous voyagiez seule au vu de votre jeunesse. Serait-il inapproprié de ma part de vous demander pourquoi vous voyagez ainsi ?

- Disons que certaines circonstances m’ont mise sur les routes.

Il n’insista pas plus, il avait l’air d’être très observateur et bien plus averti qu’il ne pouvait le laisser croire au premier coup d’œil. Les jours suivant se passèrent tranquillement, il me posa régulièrement des questions auxquelles je répondis sans trop en dire mais il n’insista jamais très longtemps. Les journées furent très calmes et nous ne croisâmes pas le moindre marchand ou voyageur, ce qui me sembla bizarre, personne ne prenait cette route ou quoi ? Léon se révéla être un très bon cuisinier et un homme plein de joie de vivre. J'évitai de trop parler en journée, concentrée sur la "route" mais le soir nous discutions volontiers, surtout de lui, je donnai toujours le moins d'informations possibles sur moi, plus par habitude que par réelle nécessité. Ce fut après deux semaines de route qu’il vint me voir pour s’excuser alors que j'allumai le feu pour le soir. Il s'inclina bien bas sous mon regard médusé, j'avais toujours du mal avec ses manières.

- Je suis terriblement navré de vous avoir accusée à tort, j’ai pu observer que vous n’étiez en rien une meurtrière ou un monstre.

J’en fus ravie mais je me demandai quand même comment il avait pu en arriver à cette conclusion alors que nous n'avions fait que discuter de lui, mais je n'allais pas me plaindre. Il souhaita néanmoins continuer le voyage en ma compagnie et j’acceptai. Je n’avais rien à craindre de lui et il était agréable lorsqu’il ne me soupçonnait pas d’être une meurtrière. Je n’osai pas lui avouer qu’à force de réfléchir, j’en étais venue à me dire que Mère aurait pu être impliquée et que l’arrêt soudain des meurtres aux alentours de mon arrivée et départ n’avaient rien de rassurant pour moi. Mais je doutais tout de même de son implication. Elle était une meurtrière certes mais elle ne tuait que pour servir ses intérêts, en quoi massacrer des femmes et des enfants à Tulorim lui serait bénéfique… non décidément je faisais fausse route… du moins je l’espérais.

Après cela, il fut un agréable compagnon de voyage, racontant ses aventures qui semblaient parfois un peu absurdes mais il certifiait qu’il ne mentait pas. Il voulut m’apprendre à monter à cheval mais je refusai catégoriquement, pas question que je monte sur ce truc, j’étais bien plus à l’aise sur mes jambes. Plus nous approchions d’Exech plus je sentais que le climat devenait lourd et humide, ce qui n’était pas du goût de Léon et de son armure. Il m’apprit qu’il allait à Exech pour tenter de retrouver un ami à lui qui avait disparu dans cette ville après s’être engagé dans la milice. Apparemment Exech était une ville encore plus dangereuse que Tulorim et Yarthiss. Comment je faisais pour toujours visiter des endroits pareils moi ? J’espérai sincèrement qu’il exagérait car lui-même n’y était jamais allé, se fiant à des descriptions de voyageurs qui lui en avaient fait la description. La pègre locale semblait particulièrement violente et active, ce qui me fit soupirer, j'allais devoir faire encore plus attention que d'habitude, la plaie

Nous parvînmes enfin aux abords d’Exech en milieu d’après-midi, après près d’un mois de trajet. Je n’étais pas fâchée d’arriver et Léon non plus.

- Et bien chère Yliria, c’est ici que nos chemins se séparent. Je vous demande une nouvelle fois de me pardonner mon outrecuidance à votre égard lorsque je vous ai accusée à tort.

- C’est totalement pardonné, ne vous en faites pas.

- Vous m’en voyez ravi. J’espère que nos routes se croiseront de nouveau dans des circonstances bienheureuses et vous souhaite bonne chance dans votre apprentissage des arts mystiques.

- Merci Léon. Bonne chance à vous pour retrouver votre ami et pour devenir le plus grand héros de Yuimen.

Il afficha un large sourire que je lui rendis, fit avancer son cheval après avoir remis son casque et galopa en direction des portes de la cité, laissant un nuage de poussière derrière lui. Je pris à mon tour la direction des portes de la cité et mis mon masque lorsque je fus sur le point d’entrer dans la ville.


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