L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 554 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 32, 33, 34, 35, 36, 37  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Mar 19 Déc 2017 12:58 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 23 Nov 2017 23:31
Messages: 13
Localisation: Tulorim
Chapitre 3 : Le colis Escherichia


Une fois passée la porte de l’auberge, je levai les yeux pour constater qu’une fine pluie tombait, et ce depuis quelques heures au vu de l’aspect boueux des pavés qui jonchaient le sol. Je grommelai en rabattant la capuche de mon manteau. Nous allions bientôt entrer en hiver, et si pour certains cette saison rappelait de bons souvenirs de batailles endiablées dans la neige, les joues rougies par le froid mais le sourire aux lèvres, je subissais chaque année le vent coupant et le manque de soleil en attendant avec impatience le retour des beaux jours.

Escherichia m’emboitait le pas silencieusement. Je remarquai qu’elle n’avait pas l’air à l’aise alors que nous traversions la ville pour nous rendre au port de Tulorim. Elle avait l’air de vérifier chaque coin de mur ou ruelle étroite, comme si un danger s’y cachait. Je me posais de plus en plus de questions sur cette petite et me demandai ce qu’elle avait bien pu vivre pour en arriver là. En laissant libre cours à mes pensées, je frissonnai sans savoir si cela était dû à mon imagination ou au fin filet d’eau glacée qui coulait le long de mon visage et passait sous ma tunique.

« -Tu m’as l’air bien agitée, lâchai-je finalement. Crains-tu quelque chose ?

-Non, me répondit-elle. Je suis simplement prudente. Lorsque l’on voit venir les choses à l’avance, il est plus facile de s’arranger pour qu’elles tournent en notre faveur.

- Ma foi c’est une philosophie qui tient la route. Cependant je peux t’assurer qu’avec moi à tes côtés, il ne risque pas de t’arriver grand-chose. Pourquoi ne pourrions-nous pas voyager tranquillement sans se soucier de dangers fantasmés ?

-Vous ne pouvez pas comprendre. Rétorqua-t-elle sèchement.

-D’accord…Dans ce cas j’imagine que même un vin chaud ne pourrait pas te rendre le sourire ?» Dis-je en apercevant une échoppe non loin.

Elle eut un rire bref. C’était déjà ça.

« -Je ne suis pas sûre que ce genre de boisson m’aide à être plus prudente. Je ne serais en revanche pas contre une infusion en effet.

-A la bonne heure ! Nous ne sommes pas si pressés. »

Je me dirigeai alors vers le petit chariot ambulant que j’avais vu à quelques mètres de nous, à l’abri de la pluie sous les poutres apparentes d’une maison en assez mauvais état mais qui avait l’air habitée au vu des lumières qui s’échappaient des trous des volets abimés par le temps.

Une femme entre deux âges servait une galette à un gros type encapuchonné. Cela me rappelait que je n’avais pas eu le temps de déjeuner ce matin.

« -Bonjour Madame, fis-je, le temps nous a donné envie de nous réchauffer avec l’une de vos spécialités.

-Ah ça ! J’dis bien qu’c’est une saison de misère pour sûr. V’nez donc vous remplir la panse pour oublier ça», répondit-elle d’une voix de crécelle doublée d’un accent presque incompréhensible. Une native des faubourgs de Tulorim sans doute.

Je lui commandai une pinte de vin chaud et un thé avec un petit pain qu’Escherichia refusa de partager avec moi.

« Ça fait du bien par où ça passe ! », m’exclamai-je. Le bateau part dans deux heures mais j’avoue que plus j’évite le porc salé, mieux je me porte.

Le vin était bon quoiqu’un peu âcre. Je distinguais de l’orange et des clous de girofle, mais lui trouvai un goût différent de ce que j’avais l’habitude de boire à Kendra Kâr. Un cépage local ou un élevage en bois de chêne étaient sans doute responsables de cette légère amertume.

En tous cas, la chauffe n’avait visiblement pas fait partir tout l’alcool vu qu’arrivé à la moitié de mon gobelet, je sentais déjà une légère somnolence m’envahir.

« Dites donc, qu’est-ce que vous mettez là-dedans, du pavot ? », plaisantai-je en m’adressant à la tenancière.

Je n’eus que le temps que de la voir sourire avant qu’un voile noir ne me tombe sur les yeux. Je sentis mes jambes se dérober tandis que je sombrai dans l’inconscience.

****

Je repris mes esprits péniblement. J’avais l’impression que des heures venaient de s’écouler alors que des formes étranges se dessinaient dans mon esprit. Des tâches de couleurs s’étiraient et passaient du rouge au vert, puis au bleu, avant de disparaître en laissant derrière elles une légère rémanence violette. J’avais certainement été drogué par ce vin chaud. Mais pourquoi ça ? Était-ce-ce à cause de la petite ? Et si j’avais sous-estimé le danger que je pouvais courir en l’accompagnant à Yarthis ?

Il faisait noir, mais je sentais le contact d’un tissu sur mes joues. Mes poignets et mes chevilles étaient attachés. Je fus pris d’un bref moment de panique. La drogue faisait encore effet et je me voyais déjà subir les pires sévices de la part de mes ravisseurs. C’était sans doute des tortionnaires sans foi ni loi, capables de tout pour étancher leur soif de sang et de souffrance. Des monstres immoraux amateurs d’arrachage d’ongles ou de toute autre partie de mon corps qui pourrait leur tomber sous la main !

Je pensais soudain à Escherichia. Je n’avais pas l’impression qu’elle fut avec moi. En fait, il me semblait bien que j’étais seul dans ce que je m’imaginais être une petite pièce ou un sous-sol.
Soudain, un cri déchirant me vrilla les tympans. Un cri de petite fille qui me fit l’effet d’une douche froide.

(La gamine ! Pensai-je)

Elle était toute proche, j’entendis alors une voix s’éxclamer :
« Ben dis donc, c’est qu’pour une p’tiote t’es une sacrée tête de mûle. J’te conseille de cracher le morceau. Pour la dernière fois, où se cache-t-il ? »

Je reconnus immédiatement la tenancière qui m’avait vendu le vin. J’avais été assez bête pour me moquer des craintes d’Escherichia et par ma faute elle se retrouvait sans défense face à cette sorcière. Visiblement elle disposait d’informations qui intéressaient la dame pour qui le métier de vendeuse ambulante n’était certainement qu’une couverture. Une voix d’homme s’éleva à son tour.

« Petite…ça fait des semaines que ton père nous donne du fil à retordre. Qu’est-ce que tu peux bien gagner à le protéger ? Ta famille est foutue. Alors maintenant dis-nous tout. Où est-il ? Est-il retourné à Caix Imoros ? Se cache-t-il quelque part sur Nirtim ou sur un autre continent ? Parle ! »

J’entendis un bruit sourd et un glapissement de douleur

La colère m’envahit. Je ne comprenais pas grand-chose à leur histoire mais il n’était pas question que je laisse Escherichia se faire violenter. Ça n’était pas une question de mission mais de morale. Il fallait que je me bouge.

La première chose que je devais faire était de me sortir de ces liens. Mes pieds avaient l’air de reposer sur des dalles grossières. Je pouvais en faire sortir un pic de pierre pour couper les cordes mais cela me paraissait compliqué à réaliser à l’aveuglette. Je risquais de me faire mal et de m’épuiser pour rien, ce qui aurait été contre-productif… En revanche la chaise sur laquelle j’étais assis n’avait pas l’air très solide…Elle craquait bruyamment dès que je bougeais. Avec un peu de chance, un choc pouvait la briser. Il suffisait que j’arrivasse à me balancer suffisamment pour tomber contre le sol dur.

Je me mis alors à remuer d’avant en arrière et de gauche à droite, en utilisant mon torse comme balancier. La chaise faisait beaucoup de bruit et je craignais d’avertir nos ravisseurs. Je décidai d’en finir vite en essayant tant bien que mal de sautiller. Un pied se rompit brusquement, me faisant perdre l’équilibre. Je tombai brutalement sur le côté et je sentis la chaise s’affaisser sous mon poids. Je ne pus retenir une grimace. J’étais tombé sur la hanche contre la pierre et de la paille dure avait pénétré mon pantalon, m’entaillant la peau. Je me rendis compte que ma main gauche était libre. Je fouillai ma poche, espérant que mon couteau de poche s’y trouvât toujours. Par chance, c’était le cas. Il y avait même ma bourse, prouvant que les gredins ne voulaient qu’enlever Escherichia sans même avoir pris la peine de me fouiller. Quelle erreur. Ils avaient sans doute improvisé le rapt dans l’urgence.

Alors que j'enlevais mon bandeau après m'être libéré de mes attaches, la porte du petit cagibi où je me trouvais s’ouvrit brusquement. Au vu du barouf que j’avais fait pour me libérer, nos ravisseurs s’étaient douté de quelque chose. Je reconnus le client obèse qui était avec nous dans l’échoppe de la fausse marchande de vin.

« Eh, toi ! », cria-t-il

C’était la voix que j’avais entendu plus tôt. Ils ne devaient pas être plus de deux. J’avais peut-être une chance.

L’homme courut vers moi et essaya de m’attraper par l'épaule. L’adrénaline m’ayant rendu tous mes esprits, je fus assez vif pour l’éviter. Ayant gardé de la corde dans mes mains, je passai derrière lui et m’en servit comme collet pour tenter de l’étrangler. L’homme gargouilla des mots incompréhensibles, mais j’avais du mal à l’empoigner en raison de sa masse. Il profita de ma maladresse pour m’assener un coup de coude dans le foie. J’eu le souffle coupé. Il m’attrapa alors le bras et me balança au fond de la pièce, en plein sur les débris de la chaise. De petites échardes s’enfoncèrent dans mes paumes alors que je tentai de contrôler ma chute. Sans réfléchir, j’agrippai le pied du meuble qui s’était cassé lors de ma tentative d’évasion et le cachai derrière mon dos alors que le type se ruait vers moi, le poing prêt à frapper et les yeux injectés de sang. J’étais sur le point de recevoir une belle correction. Stoïque, je le laissai approcher en attendant une ouverture, mettant à profit ce que j’avais appris lors de nos leçons de combat à mains nus de l’armée. Il est plus facile d’esquiver et de riposter que de porter le premier coup, sauf si on est suffisamment rapide pour prendre l'ennemi par surprise.

Mon adversaire ne l’était pas. Alors qu’il s’apprêtait à m’assener un violent crochet, je passai sous son bras et le frappait en pleine poitrine avec mon pieu improvisé. L’homme glapit de douleur avant de s’effondrer. Il était visiblement neutralisé.

Sans même me retourner je me précipitai en dehors de la pièce pour me retrouver dans un petit couloir. Par la fenêtre je vis la rue dans laquelle nous nous étions arrêtés pour nous restaurer. Nous étions dans la maison abandonnée que j’avais aperçut en venant. Heureusement nous n’avions pas été emmenés trop loin du port et nous pourrions rejoindre rapidement le port au besoin car je soupçonnais nos deux ravisseurs de faire partie d’une bande plus importante qui pourrait potentiellement nous tomber dessus pour peu qu’ils aient été prévenus.

« Alfred ? C’est toi ? Qu’est-ce que l’type avait ? », Entendis-je

La voix venait d’une pièce fermée par une vieille porte un peu plus loin. La gredine pensait sans doute que son compagnon s’était débarrassé de moi et je pouvais peut-être la prendre par surprise. J’aperçus ma baguette posée sur une petite table à côté d’un pot de fleurs fanées. Pris par le temps, je me dis que je pouvais la mettre hors d’état de nuire en rentrant brusquement, prêt à envoyer un pic de pierre. Mais pour cela, il fallait vite que je prépare mon sort.

Posant ma main sur le linteau de la porte, je fis courir mon fluide le long des murs et du sol afin de repérer la matière pierreuse.

« Alfred ? », répéta la dame depuis l’intérieur de la pièce

J’ouvris la porte, ce qui me permit de repérer Escherichia pieds et poings liés et la tenancière armée d’un petit gourdin.

« Mais qu’est-ce que ? », balbutia cette dernière.

Plaquant ma main contre le mur, je laissai libre cours à ma magie. Un pic jaillit et je le dirigeai vers le ventre de mon ennemie. La rage ayant affuté mes sens, je réussi à la traverser de part en part. Un filet de sang jaillit de sa bouche et elle s’affaissa, les yeux encore grands ouverts de surprise.

« -Silmarion !, cria Escherichia

-Me voilà petite ! Ça va, il ne t’ont pas fait de mal ?

-Juste quelques bleus. Je crois qu’ils voulaient surtout me faire parler, me répondit-elle alors que je coupais ses liens.

-Ne t’inquiète pas, je suis là. Excuse-moi de ne pas t’avoir pris au sérieux. Tu as l’air d’être dans de sales draps mais je remplirai ma mission.

-Je comprends…Mais je crois que je vous dois des explications

- Pas maintenant, la coupai-je, d’abord nous devons rejoindre le bateau au plus vite et retrouver ta tante. Suis-moi et pressons-nous.

-D’accord…Je suppose que vous avez raison. »

Je la pris par la main et nous nous dirigeâmes vers le port à grand pas en espérant ne pas rencontrer d’autre péril.

_________________


Dernière édition par Krema le Ven 22 Déc 2017 09:41, édité 5 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Ven 22 Déc 2017 07:46 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 25 Aoû 2012 03:24
Messages: 709
Localisation: Tulorim
<<< Précédemment.


74. Têtes blondes.


Contre toute attente, ce fut très facile pour Sump de passer les portes de Tulorim. Pas moins surveillées que celles de Yarthiss, elles laissaient néanmoins entrer un filet de gens continus en cette fin de journée et le gobelin put s'y mêler pour se faufiler dans la cité sans qu'on fasse vraiment attention à lui, ce qui était encore inédit. Les rares gardes présents, Sump les avait aperçus en train de jouer aux dés à leur poste de garde ou en tout cas à faire autre chose que de garder un œil sur ce qui entrait et sortait. Bien sûr on lui avait tout de même jetés quelques regards assassins, méfiants, suspicieux ou même étonnés mais il ne pouvait pas vraiment espérer mieux. Méritait-il mieux d'ailleurs ? Avec un peu d'introspection, Sump savait pertinemment qu'il n'était pas le sekteg qui aller arranger l'opinion négative que le monde avait de sa race.

Mais c'est ainsi un peu plus serein qu'il fit ses premiers pas dans la ville qu'on appelait Tulorim. Il s'agissait de la troisième ville qu'il visitait. Il possédait donc maintenant de bons éléments de comparaison. Dès l'entrée et sur sa droite, de beaux et spacieux bâtiments s'offrirent à lui. Ils étaient munis de complexes barrières en métaux reluisants ainsi que de beaux jardins remplis de plantes grasses et estivales de différentes tailles, dont certaines étaient couvertes d'épines et arboraient des fleurs aux couleurs incroyables. Mais il ne put s'attarder sur ce quartier chic. En effet l'endroit semblait être le nid de nombreux miliciens ce qui porta à nouveau son taux de nervosité à son maximum. Il abaissa alors son long nez pointu vers ses bottes et quitta au plus vite ce cossu quartier qui était sans nul doute réservé aux puissants de la cité. Là où il n'avait absolument rien à faire en somme.

Sous un soleil perdant de plus en plus son éclat à mesure qu'il abordait sa descente vers l'horizon, Sump suivit la route pavée menant au cœur de la ville. Percevant le bruit des vagues heurter la côte par delà les rangées de maison plus ou moins entretenues, il se figea devant un grand espace qui était, malgré l'heure, encore remplis de gens, d'étals, d'odeurs étranges et de bruits assourdissants. Des sons de cloches, des aboiements, des cris, des exclamations, des bruits de sabot il y'en avait pour tout les goûts. Sauf pour le goût de Sump qui sentit sa volonté faiblir devant tout cela. Comment allait-il trouver celui qu'il cherchait là-dedans ? Dans laquelle de toutes ses maudites maisons qui encerclaient cette Grand-Place se trouvait le confrère de Nimbé ? Demander de l'aide à quelqu'un était pour Sump l'équivalent d'un suicide. Surtout auprès de la milice. Il savait que cette dernière avait reçu des informations de celle de Dehant à son sujet depuis ses aventures dans les marais du nord. La moindre rencontre avec un milicien pouvait donc se terminer en eau de boudin pour lui. Il fallait qu'il trouve un endroit isolé pour réfléchir, et un lieu où dormir et de quoi manger...

Au moment où il avait toutes ces angoissantes pensées en tête, il croisa parmi la foule le regard d'un adolescent à l'aspect crasseux dont les cheveux aussi orange qu'une flamme étaient cachés sous une espèce de casquette grise. Il avait la main plongée dans un bac remplis de pommes pendant que le propriétaire était occupé à chasser un autre gredin. Le gobelin ne soutint pas son regard longtemps et détourna les yeux au moment où le rouquin croquait dans un fruit en souriant. Sump reprit son errance incertaine tout en gardant un œil sur ce gus. Il semblait accompagné de plusieurs autres gamins ce qui ne lui disait rien qui vaille. Mais il le perdit de vue après s'être fait bousculé par quelqu'un qui s'écartait du passage d'une charrette tirée par des bœufs. En ayant déjà plein le dos, Sump chercha à se diriger vers une ruelle pour être tranquille lorsque soudain :

"Eh attends !"

Sump se crispa instantanément. C'était là le doux bruit des problèmes qui arrivaient. Il accéléra le pas en se faufilant dans la foule. Il était quasiment certain que c'était le voleur de pomme qui venait de le héler. Et en moins de deux celui-ci se retrouva à marcher à côté de lui, à l'aise dans la foule comme un cochon dans sa vase là où Sump commençait à avoir des difficultés à garder son calme.

"Je ne te veux aucun mal, petit gobelin, commença le garçon alors qu'un homme tirant un chariot d'agrumes passaient entre eux, je veux juste t'aider, t'as l'air paumé..."

Il évita avec une justesse contrôlée un couple de bourgeois se déplaçant avec leur escorte et croqua une fois de plus dans sa pomme bien rouge :

"Sans mauvais jeu de mot bien sûr..." ajouta-t-il en mettant le fruit en évidence.

Il se retrouva juste à côté du sekteg qui continuait de l'ignorer mais qui fut forcé de s'arrêter. Il avait manqué de foncer dans une barrière qui encerclait une vaste zone couverte de végétation.

"Ch'est le parc." Commenta le garçon la bouche pleine avant de balancer son trognon de l'autre côté de la barrière.

Sump lui jeta un regard noir. Il poussa un léger grondement en dévoilant ses dents sales et pointues dans l'espoir de le faire dégager mais le jeune individus ne sembla pas le remarquer le moins du monde :

"J'ai une amie qui s'entraîne à l'arc tous les jours là-dedans, dit-il nonchalamment avant de se tourner vers Sump. Il lui sourit de toutes ses dents, qui n'étaient d'ailleurs pas très propres non plus, et ajouta : Je connais cette ville comme ma poche, je peux te servir de guide si tu veux. Il se trouve que c'est justement mon métier."

Devant le silence méfiant du gobelin, il continua sans se laisser démonter :

"Oui, j'aide les touristes à découvrir cette magnifique cité, tu vois ? Je leur montre où est-ce qu'ils peuvent dormir en sécurité, où est-ce qu'ils peuvent manger chaud et correctement et..."

Avec un grognement d'agacement, Sump se détourna et voulut reprendre sa route. Il ne pouvait mordre ce pot de colle sous peine d'attirer l'attention sur lui mais il doutait de pouvoir conserver le contrôle de ses nerfs bien longtemps. L'adolescent des rues, sans bouger, continua un peu plus fort :

"...les aider à trouver ce qu'ils cherchent tout ça..."

Sump s'arrêta. Il fit demi-tour et avant même de se demander ce qu'il lui prenait, revint près du rouquin, les yeux levés vers lui :

"Je cherche !"

Le garçon, qui contemplait ses ongles crasseux eut un petit air surpris :

"Oh vraiment ? Alors je suis Nuyan pour te servir. Que cherches-tu ?"

Sump farfouilla dans son baluchon, faisant teinter les nombreuses pièces d'or qu'il contenait, et en sortit une missive humide qu'il montra à sa nouvelle connaissance. Celle-ci ne chercha pas à s'en emparer et se contenta de lire le nom du destinataire ce qui lui fit hausser les sourcils :

"Le vieux Schlaïd ? Facile ! Tout le monde sait où il habite ! Suis moi."

Et le roux se mit à marcher, Sump sur ses talons, incrédule. Pour une fois, pas de problèmes ? Cela serait trop beau si tout se passait simplement et sans soucis. Le voici donc à suivre Nuyan à travers la ville. Ils s'éloignèrent pour son plus grand bonheur du parc et du marché bondé pour se diriger vers les habitations. Ils empruntèrent plusieurs ruelles inquiétantes et bientôt les maisons se transformèrent en taudis de bois pourris ou fracassés. Le sol n'était plus pavé depuis longtemps et quantité de détritus le jonchaient. Ils passèrent devant plusieurs sans abris somnolant avant de finalement s'arrêter devant une grande maison délabrée coincée entre plusieurs autres. Elle n'avait même plus de porte d'entrée mais un drap délavé pour la remplacer et toutes les fenêtres étaient brisées. Dans le silence de ce coin isolé, on entendit un ivrogne pousser un cri de joie au loin.

"C'est ici." Dit simplement Nuyan en se plaçant à la gauche de Sump.

Ce dernier ne trouva pas ce déplacement très naturel mais il oublia bien vite ce détail. Il reporta son attention sur le lieu où allait être régler tout ses problèmes et qui clorait enfin cette médiocre partie de sa vie où sa main pourrissait. Sump allait tourner la tête vers son guide pour s'enquérir de la suite mais alors, avec une rapidité impressionnante, celui-ci se pencha vers lui et tel un courant d'air, sa main s'élança vers son flanc. Sans laisser le temps à sa victime d'esquisser le moindre geste, Nuyan s'était déjà éloigné. Il tendait Grifoniss la précieuse dague dorée qu'il venait de subtiliser au gobelin, tendue devant lui. Et avant que Sump n'ait pu laisser éclater sa colère ou toutes autres réactions, le garçon rouquin cria un nom. Aussitôt un mouvement au-dessus de Sump lui fit lever la tête. Une jeune fille à la crinière noire venait d'apparaître à une des fenêtres brisées du premier étage, un arc dans les mains, flèche bandée. Aussitôt Sump renonça à reprendre sa précieuse relique et fonça droit dans le drap qui servait de porte à la maison pour se mettre à l'abri du projectile... Mais une fois dans le vestibule détruit du taudis, il tomba nez à nez avec une dizaine d'enfant qui, sur le qui-vive le fixaient néanmoins avec des yeux ronds, comme tous prêts à la bagarre mais étonnés de devoir réellement passer à l'action.

Profitant de cet instant de surprise Sump fonça vers l'escalier à demi-effondré et entreprit de le gravir aussi vite qu'il le put. Un garçonnet armé d'un bout de planche de bois essaya bien de lui barrer la route mais le gobelin le fit reculer en claquant des mâchoires et en poussant un grognement sonore. Sump n'était pas de ceux qui hésitaient à violenter des enfants. Surtout qu'ils étaient tous au moins aussi grands que lui.

N'ayant aucune envie de tomber sur la jeune archère du premier, il grimpa jusqu'au dernier étage qui offrait de part sa hauteur une vue imprenable sur une partie de la ville et puisqu'il ne trouva pas d'accès au toit ou au grenier, il ne s'arrêta pas. Il courut vers une fenêtre dont les antiques rideaux déchirés étaient battus par le vent et, ignorant le couple de clochards qui somnolait sur un vieux sommier, commença à grimper sur le rebord pour se retrouver face au vide. Comme il se savait poursuivis aux cris et bruits de pas que faisaient ses jeunes tourmenteurs, le gobelin avait dans l'idée de sauter pour atteindre la maison voisine. Il s'agissait d'un saut facile mais impressionnant qui, espérait-il, ralentirait ses poursuivants. Au moment où la bande d'enfant arriva à l'étage où il se trouvait, Sump prit une courte inspiration et maudissant la situation merdique dans laquelle il était encore fourré, bondit. L'autre maison était plus basse que celle dans laquelle il se trouvait mais tout en aussi piteux état. Le gobelin atterrit donc comme prévu sur le toit mais comme il ne l'avait pas prévu par contre, le traversa comme un caillou dans de l'eau. Il tomba avec un tas de poussière et de débris de bois sur une des poutres soutenant la toiture juste en-dessous. Les jambes dans le vide et ses bras squelettiques accroché au bois, il entendit un "bang" au-dessus de lui et eut la stupeur de découvrir, en levant les yeux vers le trou qu'il avait fait, qu'un des enfants l'avait imité mais sans passer au travers du bois.

Le garçon, aux folles mèches bistres, lui lança un regard et avec son poinçon maintes fois rafistolé, essaya de l'atteindre au niveau des bras. Pour ne pas se faire trouer, le gobelin se laissa tomber pour ne se soutenir qu'avec la force de ses mains mais la peau à la base des doigts de celle qui était pourrie sembla se déchirer sous le poids de son corps. Le sekteg poussa un grognement de douleur et lâcha prise. Sa chute fut cependant étonnamment courte puisqu'il se réceptionna de justesse sur le restant d'une gigantesque armoire tenant encore debout qui chuta à son tour à cause de ce soudain fardeau. Sump sauta prestement au sol avant que le meuble ne touche le sol et reprit sa course. Il eut bien raison car des gamins semblaient débouler de partout autour de lui tandis que derrière, le garçon au poinçon était en train de se faufiler par le trou dans le toit pour être prêt à aider ses camarades.

Ne voulant surtout pas leur laisser une chance de l'encercler, Sump se rua vers une fenêtre qu'il traversa comme une flèche en passant in extremis entre les restants de verre et se retrouva dans une étroite ruelle. Il voulut se servir de son élan pour escalader la façade de la maison en face de lui mais il manqua de se faire culbuter par un garçon très rond et sûrement bien plus âgé que les autres qui déboulait de la gauche. Sump ne réussit à l'éviter qu'en utilisant ses réflexes aiguisés. Il se baissa pour effectuer une roulade de biais qui lui fit toutefois perdre sa lancée et comme d'autres gamins arrivaient par la droite, il choisit de reprendre sa fuite dans la direction par laquelle était arrivé la boule de gras.

Il s'enfonça dans la ruelle en courant à perdre haleine, sautant par-dessus tout obstacles qui encombraient la venelle et en cherchant un moyen de prendre de la hauteur le plus rapidement possible et se sortir de ce couloir sombre et mortel. Mais un grand jeune homme taillée à la serpe et au crâne rasé lui barra soudain la route, un sourire mauvais sur les lèvres :

"Tu vas t'arrêter oui ou m..."

Mais Sump, qui se demandait combien il allait encore croiser d'ennemis, n'avait aucunement l'intention de s'arrêter. Surpris de voir ce rachitique gobelin foncer vers lui, le type essaya de le saisir par son débardeur noir et de lui porter un coup dévastateur avec le coup-de-poing de métal qu'il avait glissé entre ses doigts mais Sump était une véritable savonnette. Il se contorsionna vers la droite et contourna l'obstacle humain avant de continuer sa course en haletant. Cependant Sump doutait de pouvoir continuer comme ça encore longtemps même s'il avait l'espoir de les avoir semé. Il allait prendre le virage serré sur la gauche mais fut forcé de continuer tout droit puisque le bouboule de tout à l'heure lui bloquait déjà la route. Hélas, tout droit menait à une impasse. Effrayé, Sump regarda de tous les côtés pour trouver un moyen de se sortir de là mais une voix retentit dans son dos. Une voix remplie d'arrogance et de cruauté :

"Alors comment tu vas faire maintenant ?"

Sump se retourna. C'était le grand type au crane rasé. Juste derrière lui se trouvaient les deux bibendums, car ils étaient bien deux et d'ailleurs identiques. Et encore derrière eux se trouvait la bande de petites têtes blondes crasseuses qui, restant à l'écart, cherchait à regarder la scène avec un intérêt curieux. Ils devaient se dévisser le cou pour voir à cause de la présence des trois aînés qui bouchaient entièrement la ruelle.

"Je sais même pas pourquoi on te pourchasse bordel, s'esclaffa le type au coup-de-poing, merde les mecs, c'est un gobelin quoi ! " Ajouta-t-il à l'adresse de tout les autres.

Le garçon aux cheveux bistre qui avait manqué de poinçonner Sump alors qu'il était suspendu à la poutre intervint timidement :

"Nuyan a dit que son sac est rempli de pièces. Il dit qu'il est plein aux as.

- C'est vrai qu'il en a tout l'air, ironisa le chef. Nuyan... ajouta-t-il en secouant la tête, il commence à me pomper l'air celui-là...je ne l'ai même pas vu courir..."

Il s'interrompit. Sump venait de s'emparer de son baluchon et l'avait secoué, faisant tinter bruyamment son précieux contenant. Au fil de ses récentes péripéties, il avait réussi à réunir un bon petit pactole. Pactole qu'il était aujourd'hui prêt à sacrifier si cela pouvait lui sauver la vie. Il posa le sac par terre et donna un coup de pieds dedans pour l'envoyer près de son ennemi.

"Pas me tuer." Grogna-t-il.

Avec un hideux sourire échangé avec les deux gros qui l'entourait, le chef de la bande de gosse marcha doucement vers le sac en cuir de lapin tout dépenaillé et se baissa pour le saisir. Il le secoua ensuite à son tour, exagérant l'extase que lui prodiguait le tintement des pièces avant de demander abruptement :

"Combien y'a ? "

Sump haussa les épaules :

"Mille." Grogna-t-il au hasard.

"Oh quand même ! Bon, ça ne va pas te sauver de la mort mais ça mérite bien un petit sursis. Je te laisse dix secondes pour t'enfuir."

Sump serra les mâchoires mais se mit en action sans discuter. Il se raprocha avec méfiance de ses extorqueurs pour débuter son escalade en grimpant sur une vielle charrette sans roues qui gisait là pendant que le patron des voleurs faisait narquoisement le décompte des secondes. Alors qu'il glissait ses doigts pourris dans une faille du bois et qu'il s'aidait des lierres poussant sur la façade de la maison, le gobelin bouillait de l'intérieur. Allait-il vraiment laissé tout ses biens à ces brigands de pacotille ? Tout ce qu'il avait amassé ces derniers jours au péril de sa vie allait-il réellement finir entre les pattes de cette bande de mioches ? Alors qu'il se hissait à la force des bras sur le toit d'une des maisons encadrant la ruelle, il en arriva à la conclusion qu'effectivement c'est ce qui allait se passer.

"Dix."

Sump lança à la bande de voleur un dernier regard venimeux avant de tourner les talons. Ses yeux se posèrent alors sur la jeune archère aux cheveux noirs. Elle se trouvait sur le même toit à dix mètres de lui et le tenait en joue avec son engin de mort.

"Y'aurait-il un problème là-haut ?" Ricana le chef des voleurs avant d'éclater d'un rire gras avec ses deux lieutenants jumeaux.

Le fantasme d'éviter la flèche effleura l'esprit de Sump mais il était plus probable qu'il se la prenne en pleine poitrine. Cela devint une certitude lorsque la jeune fille fit deux pas en avant, le forçant à reculer et à se retrouver au bord du vide encore une fois. Il jeta un coup d'œil fébrile par-dessus son épaule. S'il sautait, les gamins devraient faire le tour pour passer le cul-de-sac ou alors l'escalader comme il venait de le faire ce qui lui ferait gagner du temps mais c'était assez haut. Sans doute pas assez pour le tuer mais suffisamment pour le blesser et alors ses jeunes ennemis, qui connaissaient ces ruelles comme leurs poches, le rattraperait sans difficultés et le tuerait. Sans parler de l'archère qui pourrait toujours le cribler de flèches du haut de son perchoir... Néanmoins cela lui laissait une petite chance. Ce qui était infiniment mieux que d'attendre bêtement qu'on lui perce les poumons.

En un petit bond vers l'arrière, il sauta dans le vide. La dernière image qu'il emporta de l'archère fut son expression de légère surprise. Ce n'était même pas une consolation puisqu'il était foutu.

Suite.

_________________
Sump


Dernière édition par BreadOOney le Mer 3 Jan 2018 16:29, édité 8 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Ven 22 Déc 2017 12:26 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 25 Aoû 2012 03:24
Messages: 709
Localisation: Tulorim
<<< Précédemment.


75. Courte traque.


Même ses tempes semblaient battre à l'unisson avec son cœur qui tambourinait sa poitrine osseuse. Sump était en pleine crise de rage. Il faisait des ronds dans une des nombreuses petites ruelle de la ville, se roulant même par terre comme un demeuré, étant indifférent à tout autour de lui, ce qui n'arrivait jamais. Sump n'était pourtant pas un grand démonstratif, surtout en matière d'émotions, mais à cet instant, n'importe quel idiot aurait remarquer que l'état dans lequel il se trouvait tenait plus du maladif que de l'émotionnel. Desserrant et resserrant les doigts de ses deux mains, il respirait fort et de la salive jaillissait entre ses dents fermement serrées. On lui avait volé tout ce qu'il avait, tout ce qu'il avait réussi à réunir au péril de sa vie. Il devrait cependant s'estimer heureux d'être encore en vie justement. Il avait eu de la chance que ses bottes réitèrent leur fameux pouvoir magique qui stoppait les chutes autrement il serait sûrement troué de part en part par les flèches de cette maudite archère de cette maudite bande de gamins de cette maudite ville ! À bout, Sump releva la tête et regarda le ciel orangé en prenant une grande inspiration puis donna un coup de pieds dans le mur en face de lui. C'était la première fois que ce qu'il ressentait avait besoin d'exploser ainsi. Sain et sauf ? Et alors ? L'idée de se contenter de cela ne l'effleurait même pas ! De plus, ce fameux "Schlaïd" demanderait sûrement quelques pécules pour son travail sur sa main et comment faire si tout ses yus se trouvaient maintenant dans les mains de ces mioches ? Et sans soin, il allait mourir. Il était également désarmé maintenant, dans une ville humaine à priori infesté de prédateurs. Il n'allait donc pas rester vivant très longtemps. C'était les raisons qu'il se trouvait pour justifier le fait qu'il devait partir à la recherche de ceux qui l'avait volé, même si cela le mettait plus que jamais en danger de mort. Il n'était pas le chasseur ici, il était une proie. Tant pis, il n'avait pas encore peur, la rage balayant tout. La seule pensée que Grifoniss soit utilisé par un autre le rendait fou...

Il sortit de la ruelle à pas vifs et se dirigea vers le marché et le parc. Il ne savait pas encore comment il allait faire mais il trouverait un moyen. Même si cela devait prendre des jours, il surveillerait ce foutu marché sans relâche jusqu'à voir apparaître la tronche d'un de ses ravisseurs. Lorsqu'il en aurait repéré un...Il ne savait pas encore ce qu'il allait faire mais ils allaient voir, il trouverait sur le tas ! Cependant il trouva ce qu'il cherchait beaucoup plus vite qu'escompté. En effet parmi la foule encore compacte, ses yeux trouvèrent les vêtements d'un blanc éclatant que portait un des petits garçons qui accompagnait le fameux rouquin. Il se passa la langue sur les lèvres alors que son cœur bondissait de joie.


⌂⌂⌂


Il suivit discrètement le petit garçon. Il était accompagné d'une jeune femme qui devait être sa mère ou qu'importe. Ne les lâchant pas des yeux, Sump progressait quelques mètres derrière eux. Ils achetèrent quelques légumes et entrèrent dans une maison toute proche du lieu de commerce. À proximité de la petite maison joliment entretenue, un étal de fruit se trouvait là. Sump se détourna rapidement en grimaçant lorsqu'il aperçut les deux miliciens qui montaient la garde en plus du vendeur.

"Mandarines, citrons, raisins de la maison Rickmark ! Les meilleurs de tout le comté ! Beuglait ce dernier, tout frais et toujours frais les fruits des Rickmark !"

Sump alla se cacher entre deux maisons voisines puis presque tout de suite, eut l'idée de se rapprocher de la maison de sa proie en faisant le tour. Mais il devait rester le plus discret possible. Ça n'allait pas être très dur, le soleil se couchant de plus en plus, teintant le ciel de couleurs inquiétantes et multipliant les zones d'ombres. Comme il avait soif, il ne se gêna pas pour se désaltérer rapidement dans l'imposante bassine d'eau qui se trouvait là. Il prit ensuite position derrière d'antiques vieux pots de terre brisés et laissés là, en attendant de trouver un plan, une faille dans laquelle il pourrait se glisser pour soutirer des informations sur la bande de ce sale morveux vêtu de blanc. Mais les minutes s'étendirent et le ciel s'obscurcissait de plus en plus, prenant une couleur de sang. Sump alla soupirer lorsqu'il entendit :

"D'accord mais juste cinq minutes, il fait bientôt nuit."

Les oreilles dressées, Sump regarda le petit garçon sortir dans la ruelle et passer devant lui sans le voir, les bras chargé par quelque chose d'imposant. Il souriait de toutes ses dents. Il posa son fardeau dans la grosse bassine d'eau. Souriant à son tour devant cette occasion inespérée, Sump sortit de l'ombre et se rapprocha du petit garçon non sans jeter un coup d'œil derrière lui. Le gamin l'aperçut et sursauta.

"Tes amis. Grogna agressivement le gobelin avant que le garçonnet n'ait pu dire quoi que ce soit. Où ?"

Aussitôt la lèvre inférieure du petit se mit à trembloter :

"Que... quoi ?" Bredouilla-t-il.

Poussant un grondement, Sump s'approcha, toujours plus menaçant, faisant reculer sa jeune victime qui se cogna à sa bassine.

"Arrêtez !" Geignit le petit garçon terrorisé.

"Chht ! Cracha le gobelin avant de regarder par-dessus son épaule, où sont les autres ?"

Il attrapa l'enfant par le col de son polo blanc et brandit sa main bandée, qu'il serra comme il put malgré l'engourdissement dû à la maladie. Il remarqua à quel point le gamin sentait le citron. Au bord des larmes, celui-ci parvint à soutenir le regard noir charbon de son agresseur.

"Je dirai pas." Bredouilla-t-il d'une voix tremblante.

Problématique. Il fallait que Sump trouve le moyen d'obtenir ce qu'il voulait sans devoir faire quelque chose qui ferait crier sa victime. Le frapper, le mordre ou lui faire mal en général était donc exclu. Alors qu'il gardait son regard plongé dans les yeux noisettes de l'enfant, il perçut derrière ce dernier la superbe maquette d'une caravelle flottant dans l'eau de la bassine. Le gobelin lâcha sa victime et la poussa abruptement sur le côté. Il fallait qu'il s'en prenne à ses biens, tout simplement. Rien ne comptait plus que les possessions, en tout cas pour Sump. N'était-ce pas pour récupérer ce qui lui appartenait qu'il était là et faisait tout ça ? Il saisit donc le bateau par le mât central et le souleva hors de l'eau. Aussitôt le petit garçon gémit :

"Non, arrêtez ! Vous allez le casser ! Ma mère à mis des mois pour me l'acheter ! Et c'est mon seul jouet..." Sa voix se cassa avant la fin de sa phrase alors que les sanglots arrivaient.

"Où ?" répéta le gobelin, sans pitié aucune. Manquerait plus que ça.

Le garçonnet n'hésita plus :

"Je ne suis pas souvent avec eux ! Je sais juste qu'ils vont souvent dans une grande maison aux rideaux violets parce que mon meilleur copain Po me l'a dit c'est tout ! C'est entre l'arène et l'arbre des duels ! Ne cassez pas mon voilier je vous en supplie !" Il joignit ses doigts sous son menton alors que des larmes glissaient sur ses joues.

Alors le nid de pie du bateau se détacha et le navire retomba dans l'eau, s'immergeant. Le gamin s'approcha de la bassine avec une exclamation pendant que Sump jetait rageusement le bout qui lui était resté dans ma main avant de s'éloigner à grands pas. Une maison aux rideaux violets entre l'arène et l'arbre des trucs... c'était assez maigre et ça ne lui disait pas grand-chose mais il ne pouvait pas prendre le risque de s'attarder davantage. Derrière lui il entendait sa victime renifler :

"Je vais le dire à ma maman." Pleurnicha-t-il d'un ton triste et furieux.

Sump l'ignora et continua de marcher vers la suite du programme. Mais alors qu'il s'apprêtait à sortir de la ruelle, il ralentit et s'arrêta. Il devait régler quelque chose avant.

Suite.

_________________
Sump


Dernière édition par BreadOOney le Mar 26 Déc 2017 18:23, édité 6 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Sam 23 Déc 2017 17:44 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 25 Aoû 2012 03:24
Messages: 709
Localisation: Tulorim
<<< Précédemment.

[:attention:] Ce rp contient des scènes choquantes/violentes pouvant heurter les plus sensibles.


80. Crépuscule.


Sump ne se rappelait pas s'être évanouis mais c'est pourtant dans un lit totalement inconnu qu'il s'éveilla. Et Sump ne dormait jamais dans un lit, encore moins inconnu. Prit d'une peur panique, il se redressa, le rythme de sa respiration et celui des battements de son cœur accéléra et il se mit à regarder partout autour de lui. Les présences de Grifoniss contre ses hanches et celle de son baluchon au pieds du lit suffirent cependant à le calmer et à lui faire recouvrir la mémoire. Il sortit son bras gauche de sous le drap. Plus de main, juste un bandage immaculé. Le sekteg contempla son moignon un instant. Au réveil, cela ne l'avait pas choqué, on aurait dit qu'il avait toujours ses doigts. Il pouvait presque les sentir. Il tourna la tête. La fenêtre au-dessus de lui était fermée mais les volets étaient ouverts, permettant d’apercevoir un pan de ciel à nouveau orangé.

De puissants coups contre une porte les firent sursauter, lui et le vieux Schlaïd qui s'était endormi dans un coin de la pièce qui lui servait d'habitat.

"C'est ce qu'on appelle un réveil en douceur, s'amusa le vieux druide en se relevant avec difficulté. Entrez c'est ouvert !"

La vieille porte pivota sèchement pour révéler un véritable géant pouvant à peine tenir dans l'encadrement de l'entrée. Les yeux de Sump manquèrent jaillir de leur orbite. Affolé, il s'extirpa du draps dont il était recouvert, attrapa son sac et entreprit d'ouvrir la fenêtre au-dessus du lit. Pas facile lorsque l'on est manchot depuis cinq minutes à peine.
Les lourds bruit de pas se rapprochant n'aidèrent pas le gobelin dans sa tâche mais avec chance il parvint à ouvrir la fenêtre et à se glisser dehors. Il tomba comme une loque sur de la terre battue. Il n'eut pas le temps de se lever qu'une poigne le saisit par sa tunique sans manche et le souleva de terre. En se débattant comme une anguille, Sump parvint à s'extraire du vêtement et prit ses jambes à son coup. Ou ce qui s'en rapprochait le plus dans son état. Il avait des vertiges et une nausée sournoise. Sans parler de la douleur fusant de son bras et de sa bouche. Mais il était exclu qu'il s'arrête ne serait-ce que pour quelques secondes au vu de ce qu'il avait aux fesses. Ce fameux milicien dont Sump avait parlé aux gosses des taudis la veille, cette armoire à glace que rien ne pouvait arrêter et qui lui vouait une haine viscérale après s'être fait trahir deux fois, voilà ce qui lui courait après en ce moment. Comme si l'évoquer de vive voix dans une conversation avait suffit à le matérialiser, à le téléporter dans la ville. Comme si lui, Sump, s'était fait traquer inlassablement, nuit et jour depuis Jarvron. Ah il avait bien fait le fier hier soir à se vanter de lui avoir dérobé la relique, de l'avoir défiguré et de l'avoir assommé avec une dalle en pierre mais qui faisait le malin maintenant ? Tenant à peine sur ses frêles jambes, qui allait se faire réduire en charpie ? Qui s'était évanouis et avait tranquillement attendus la mort dans un lit douillet ? Sump poussa un grognement de frustration envers lui-même en accélérant le pas, puisant dans ses dernières forces. Il s'enfonça dans les étroites ruelles de Tulorim, n'ayant aucune idée de la position de son poursuivant ni de la direction à prendre. Il espérait juste ne pas tomber sur un quelconque danger tel Kotan ou autres...

Il pila de surprise en débouchant sur une place relativement dégagée, derrière les rangées d'habitations, traversée par quelques badauds qui le dévisagèrent l'air curieux . Puis il perçut le bruit des sabots d'un cheval au galop sur les pavés. Juché sur son ténébreux pur-sang, Kronh venait de surgir des ruelles. Il avait quitté sa lourde armure pour une fine tunique de coton pâle adaptée au climat et un pantalon retenue par une ceinture de tissu noir. Il semblait avoir perdu un peu de poids tandis qu'une barbe touffue lui mangeait le visage sauf à l'endroit de la cicatrice. De la commissure des lèvres au lobe de l'oreille, elle avait la même courbe que la lame qui l'avait créée et allongeait le sourire carnassier qu'il avait sur les lèvres.

"Des jours que j'attends ça Grenouille, dit-il, ses yeux bleus brillants d'une sauvagerie proche de l'envie que Sump n'avait vu que chez certains fauves, des jours que j'attends de te mettre la main dessus. Des nuits que je ne dors plus, des semaines que je ne mange plus parce que je n'ai plus qu'une obsession. Te chopper."

Sa voix était sombre mais emplie d'une euphorie étrange agrémentée d'une haine ayant eu le temps de macérer pendant des semaines. Sump se remit à courir, fonçant vers les venelles d'en face. Derrière lui le milicien avait lancé sa monture à ses trousses.

"Je ne laisserais rien ni personne m'empêcher de t'écraser, Grenouille ! Scanda le milicien d'une voix démente qui ressemblait à un coup de tonnerre, Tu m'entends ?! RIEN ! Tu vas payer pour ce que tu as fait, TU VAS PAYER !"

Alors qu'il était sur le point de s'enfoncer à nouveau dans les ruelles, les jambes de Sump ployèrent sous lui et il se rattrapa de justesse à une fenêtre, reversant un pot de fleur.

"Cours plus vite Sump ! On va essayer de le retenir !"

C'était Nuyan du haut d'un toit au-dessus de sa tête. Ils étaient donc là pour lui, pour l'aider... Cela arrangeait fort bien le sekteg à qui cela donna du baume au cœur. Armés de lance-pierre, d'armes de fortune ou de leur propre corps, des enfants apparurent de partout, assaillant Kronh qui leur beugla de dégager pour leur propre sécurité avant de mettre pieds à terre. Sump fut ravi de ce fait et il eut une pensée encore inédite qui pouvait ressembler à un "bien joué les gars"..

"À L'ATTAAAAQUE !" hurla la voix fluette de Po au milieu du raffut.

Pendant ce temps Sump continuait sa course. Nuyan, sautait de toits en toits pour rester à sa hauteur.

"Fonce tout droit jusqu'au port ! Lui beugla Nuyan, si tu l'atteins, tu te fondras dans la foule et tu sera sauvé !"

Sump avait donc un plan, la situation s'arrangeait petit à petit. Mais bien vite un problème survint sous la forme d'une imposante palissade en bois. Heureusement, une planche cassée formait un passage. Sump s'accroupit, fit passer son sac et s'engagea dans le trou. Ce faisant, il percevait les cris des enfants qui était en train de se faire éjecter par Kronh. Sump ne savait pas ce qu'il leur faisait et à vrai dire il s'en fichait. Il devait juste se sortir de là.

Il parvint à se faufiler à travers la faille et se remit à courir, haletant comme un chien assoiffé. D'ailleurs il crevait de soif, sa bouche était sèche comme un désert. Une fournée de craquements sonores retentit derrière lui et le gobelin n'eut pas à se retourner pour savoir de quoi il s'agissait. Kronh venait de défoncer la palissade.

"T'as converti toute une bande hein ? Ricana celui-ci, plus si loin que ça.

Nuyan atterrit soudainement devant Sump qui pila pour ne pas lui rentrer dedans. Décidément il était vraiment dans le brouillard aujourd'hui.

"Aller bouge-toi, tu fais quoi ? Le hâta Nuyan en le poussant vers l'avant, le port est au bout de cette ruelle, fonce !"

Sump fonça.

⌂⌂⌂


Nuyan se tenait fermement campé sur ses pieds, les bras croisés, la mine résolue devant ce colosse qui approchait maintenant d'un pas crispé. Celui-ci avait ses yeux fixés sur un point derrière lui. Sump sans doute. Il finit néanmoins par baisser le regard. Un sourire ressemblant plus à une grimace se peignit sur ses lèvres sèches et gercées à la vue de ce gamin dépenaillé et amaigri qui lui faisait face :

"Laisse-moi passer ou je t'en colle une, dit-il doucement, celui que tu protèges est un criminel. À part la solidarité entre truand, je ne vois pas ce qui te pousse à protéger cette raclure.

-C'est mon pote, Répondit simplement Nuyan en haussant les épaules.

Sur ce, Lena apparut juste au-dessus d'eux, une flèche encochée à son arc qu'elle pointait sur Kronh. Celui-ci lui jeta un regard en biais avant de pousser un petit rire de nez dédaigneux. Il voulut dégager le passage en poussant négligemment le gamin sur le côté comme il l'avait fait avec tous les autres mais pareil à une vipère, le garçon esquiva et de son couteau prestement dégainé, ouvrit une sale plaie dans sa paume calleuse. La douleur prit le colosse au dépourvu tout comme la flèche qui se logea dans son épaule de taureau la seconde d'après, traversant coton et couenne. Bouillant désormais de rage, Kronh délogea le projectile :

"Vous êtes comme des chats vous attaquant à un ours. Foutez le camp du passage ou ça va chier." gronda-t-il en s'approchant l'air plus menaçant que jamais.

Cette voix sourde, grave et rocailleuse semblable aux grondements du ciel les jours d'orage parvint à faire douter Nuyan qui recula d'un pas ou deux. Puis il aperçut, derrière cette montagne humaine, la face tuméfiée de Gil qui avait dû se battre plus que nécessaire pour empêcher ce type d'attraper Sump. Du coin de l'œil il apercevait aussi Lena, celle qui avait renoncé jusqu'à son père pour rester avec eux. Avec lui. Il savait aussi sa petite sœur présente également. Il ne la voyait pas mais il savait qu'elle avait jeté des cailloux sur le milicien. Et si elle avait pu le faire c'était grâce à Sump.

"Il n'est pas question que je bouge." Dit-il d'une voix affirmée.

Kronh vit Sump disparaître dans la foule du port tout au bout de la ruelle. Ne plus avoir sa proie en vue le mit hors de lui, la peur d'échouer une nouvelle fois à l'attraper lui fit perdre tout sens commun :

"DÉGAGE !" Explosa-t-il alors en envoyant un violent revers de patte dans la tête du garçon qui s'envola contre le mur d'une maison.

Il était hors de question que ce gobelin lui échappe encore une fois, pas après tout ce qu'il avait fait. Il s'élança en direction du port, de plus en plus impatient de tordre le frêle cou du seketg entre ses doigts...

"Oh quelle horreur ! Qu'est-ce que vous avez fait ?"

Sans savoir pourquoi, Kronh s'arrêta net, comme soudain réveillé d'une crise de somnambulisme. En fait il savait pourquoi. Bon sang il venait de frapper un gosse ! Et de toutes ses forces en plus ! Il pivota doucement, appréhendant ce qu'il se passait dans son dos. Les gosses étaient presque tous rassemblés autour du corps du rouquin qui ne bougeait plus. La jeune archère venait de descendre de son toit, laissant choir son arme on ne sait où, pour s'accroupir au chevet du garçon qui ne bougeait plus. Le colosse fut comme gelé sur place un court instant.

Qu'est-ce qu'il avait fait ?

Il bouscula les enfants en s'accroupissant à son tour au chevet de sa victime :

"Merde, poussez-vous je..."

Le rouquin n'avait plus d'expression. Aucune flamme ne brillait plus dans son regard alors que quelques instants auparavant, c'est de détermination que ses yeux verts étincelaient. Un filet de sang avait jaillit de ses narines, drôlement rouge à côté de la pâleur de son visage qui était tourné vers une drôle de direction, son cou formant un angle impossible. Bordel ce gosse était mort, il venait de tuer ce gosse.

"Eh qu'est-ce qui se passe ?"

Tous tournèrent la tête. La fillette qui avait poussé cette petite plainte avait des cheveux aussi flamboyants que ceux de son frère. Elle avait encore un caillou dans les mains et s'approchait à petit pas du cauchemar. Déglutissant avec difficulté, Kronh se releva dans le silence et sous les regards embués et choqués des petits. Il passa devant la jeune archère.

"Vous êtes un monstre, geignit-elle, les joues ruisselantes de larmes, vous êtes bien pire que celui que vous pourchassez !"

Il ne la regarda même pas, c'est d'ailleurs à peine s'il l'entendit. Comme égaré, Kronh se mit à marcher. Pas vers le port. Pas même vers son cheval. Il se mit juste à marcher.

Il avait complètement oublié Sump. Il venait de tuer ce gosse.

⌂⌂⌂


Sump fut ballotté dans le tumulte et le tintamarre du grand port de Tulorim. Sans cesse agité, sans cesse en activité, il était facile pour lui de cacher le minuscule gobelin au milieu de ses colosses de marins. De le tuer aussi. Sump ne devait surtout pas flancher maintenant. Tenant fermement son moignon qui le lancinait fortement, il enchaîna un pas après l'autre vers la grand-rue. Là les portes ouest de la cité l'attendaient, bras écartés en signe d'accueil pour la liberté. Il avança face à l'astre orangé et vers sa nouvelle vie sans malédictions, sans gamins pour le détrousser, sans miliciens pour le traquer. En fin de compte il reprenait tout simplement sa vie d'avant. Ennuyeuse et morne certes, mais il ne risquait pas de mourir trois fois par jour avec celle-là. S'en était fini des aventures pour lui.

C'est donc de la même façon qu'il était entré que Sump quitta la cité.

Au crépuscule.




○○○ Épilogue ○○○



Un gros bonhomme richement vêtu et aux cheveux blonds soigneusement peignés frappa à la porte d'une petite maison fort en état comparée aux autres.

"Mademoiselle Finnigan ? S'enquit-il avec douceur, vous êtes là ? Je peux entrer ?

-Oui je suis là." lui répondit au bout d'un moment une petite voix entre deux reniflements.

L'Homme poussa doucement la porte qui pivota sur ses gonds en grinçant bruyamment. La pièce était plongée dans l'obscurité, les fenêtres comme les volets étant fermés. Seules quelques bougies posées çà et là éclairaient la pièce. Au centre de celle-ci une femme aux cheveux plus noirs encore que la pénombre était attablée, avachie devant un bol de soupe encore plein. Elle était en train de s'essuyer le visage à la hâte avec un mouchoir :

"Oh messire Rickmark, je crains de ne pas être en état de vous recevoir aujourd'hui...

-Il n'y a point de raison d'avoir honte des larmes qu'on peut verser dans ce genre de...situation mademoiselle, tenta de l'apaiser le gros, tenez je vous apporte une tarte aux citron, votre friandise préférée... Je sais que c'est bien peu de chose mais..."

Il s'interrompit soudain embarrassé, comme s'il venait de se rendre compte du côté dérisoire de son cadeau. La jeune femme essaya toutefois de sourire. D'un sourire sincère mais tremblant de chagrin...

"Vous n'auriez pas dû, bredouilla-t-elle en se levant et en essuyant ses dernières larmes, je...je vais lui trouver un coin pour la...enfin pour que nous puissions la manger un autre..."

L'instant d'après elle s'effondra dans les bras de l'homme, secouée de profonds sanglots et la tête nichée dans son cou gras et plein de grain de beauté. D'abord surpris et mal à l'aise il essaya de la consoler avec de petits mots et des petites tapes dans le dos pendant qu'elle s'accrochait à lui. Puis emporté par l'émotion qui monta en lui, il oublia retenue et gêne et la serra fort contre lui.

"Asseyons-nous, finit-il par dire, mademoiselle, asseyons-nous je vous en prie.

-Oh je suis désolée, messire, votre tarte...

-C'était une idée stupide de toute façon, c'est moi qui devrait m'excuser."

Un silence s'ensuivit, perturbé par les reniflements de la jeune femme éplorée. L'homme sentit son cœur se serrer encore davantage. Il lui prit les mains et lui dit d'une voix assurée :

"S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous, si vous avez besoin de quoi que ce soit, sachez que je suis là, mademoiselle Finnigan, comme toujours. Vous entendez ? N'hésitez surtout pas à faire appel à moi, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir et même plus pour apaiser du mieux que je peux votre peine."

Entre deux nouveaux sanglots, la jeune femme serra à son tour les mains de son protecteur :

"Je crains que rien ne puisse apaiser mon malheur, messire Rickmark..."

Son visage exprimait tant de souffrance, une telle détresse que messire Rickmark sentit s'embuer ses propres yeux. La voir souffrir le détruisait de l'intérieur.

"Ne dites pas ça, ne dites pas ça je vous en supplie, dit-il avec force pour se donner une contenance, ne perdez pas espoir...

-Qu'est-ce que je vais faire messire ? se lamenta la jeune femme, sa voix étant à peine inaudible entre les pleurs, comment une mère peut-elle se remettre de cela ? Comment messire Rickmark ?"

Et elle plongea la tête dans ses bras et ne dit plus un mot, se contentant de sangloter doucement, douloureusement.


⌂⌂⌂


"Capitaine ? Quelqu'un veut vous voir euh..."

Le jeune troufion de la milice fut balayé par l'opulente carrure du nouveau venu. Celui-ci se dirigea vers le bureau du capitaine qui, les yeux levés de ses papiers, sembla devenir soucieux lorsqu'il le vit approcher.

"Capitaine Kalbius. Ellan Rickmark, je suis le frère d'Ogban Rickmark qui siège au Conseil des Sept."

Retenant un soupir comme s'il sentait venir les problèmes, le Capitaine s'appuya contre le dossier de son siège :

"Que puis-je faire pour vous messire ?

-L'affaire du petit garçon qui a été assassiné il y'a quelques jours de ça, répondit Ellan de but en blanc, je veux que ce soit votre meilleur homme qui s'en charge."

Le Capitaine s'affala un peu plus dans son siège et passa ses deux grosses mains sur le visage en soupirant :

"Ah le gosse noyé dans sa bassine...Triste affaire que celle-ci ouais. Je comprends. Je vais m'en charger moi-même, je...

-Non, je veux Falgan, Capitaine." Le coupa fermement Ellan Rickmark.

Le Capitaine se redressa sur sa chaise et se gratta l'arrière de la tête avant de caresser sa barbe noire tissée de fils d'or, l'air gêné :

"C'est que... le sergent Falgan est déjà très occupé avec l'affaire du double-meurtre du mois dernier et..."

Il s'interrompit. Ellan Rickmark venait de lancer sur le bureau de bois clair une imposante bourse pleine à craquer de pièce d'or, manquant de renverser le pot d'encre posé à proximité.

"Je pense que cela vous aidera à le convaincre de passer à autre chose."

Coi, le Capitaine tripota le haut du sac avec fébrilité comme pour en vérifier la couleur du contenu puis hocha la tête :

"Je parlerai au sergent Falgan."

Ellan Rickmark posa alors ses deux mains dodues à plat sur le bureau et planta ses yeux noisettes dans ceux bleu électrique du Capitaine :

"Je veux que cette affaire soit résolue Capitaine. Même s'il n'y a que celle-ci qui doit être tirée au clair dans toute la ville, je veux le coupable de cette atrocité. Celui qui a fait ça ne peut rester impuni."

Après s'être assuré d'avoir été bien entendu, Ellan Rickmark tourna les talons pour se diriger de sa démarche pesante vers la sortie du bureau mais il s'arrêta avant de la franchir et jeta un coup d'œil derrière lui :

"Tenez-moi au courant d'accord ? Dit-il, Je veux être présent quand on l'écartèlera."

Et d'un pas lourd, le gros marchand sortit du bureau, laissant là le Capitaine.


Suite

_________________
Sump


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Jeu 1 Fév 2018 18:34 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Mar 31 Mai 2016 14:49
Messages: 44
J'entendis un de nos gardes parler a quelqu'un et il dit a un garzok de descendre, il venait d'être vendu, je pense. On alla dans un autre endroit et deux garzoks descendirent, encore un, encore deux, trois, cinq, un, six, deux... Il ne restai plus que moi et deux autres garzoks, un de nos gardesnous dit Je vais vous vendre a la confrérie d'outremer, vous allez voir, ils sont sympa, hahahaha !

_________________
Lien de ma fiche : garnatosh-voleur-lvl-1-t7458.html#p603503


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Jeu 21 Juin 2018 23:55 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 24 Nov 2015 00:25
Messages: 307
Localisation: Sur la planète Elysian
Epilogue expéditif

La houle venait s’écraser contre les falaises ocres et déchirées de Tulorim ; les vaisseaux mouillaient paisiblement dans les criques, chargés de denrées rares et de marchands peu recommandables ; les ruelles étroites escaladaient le rivage entre les amoncellements de bâtisses anciennes et les hauts murs où se dissimulent de somptueux palais ; les enfants des rues couraient et hurlaient, leurs butins à la main, le délesté à leur suite ; les vieilles femmes voilées assises à l’ombre d’un tamaris échangeaient discrètement ; les roulottes aux fenêtres grillagées passaient, les cohortes se croisaient et se décroisaient ; et Meraxès humait le vent de la mer.

Heureux était le voyageur qui, après un long voyage, retrouvait sa province. Pourtant, il ne connaissait que peu de choses de cette cité. Il n’était pas un gamin des rues, ni un fils de marchand, ni d’artisan ; un simple orphelin élevé dans un monastère de Gaïa. C’était une chance auquel peu d’enfants de cette ville pouvaient prétendre, mais il n’était pas n’importe quel enfant ; car les saisons s’étaient succédées, les moines avaient déclinés, et lui persistait, inchangé, ou presque, enfermé derrière ses murs jusqu’à devenir un jeune elfe. Il avait pu y suivre une bonne éducation et il avait été instruit par les leçons, par la bibliothèque et ses manuscrits ; mais la claustration avait finit par le rendre incertain, et d’étranges confluences s’étaient opérées en lui, jusqu’à une sombre nuit. Plus rien n’eut jamais été pareil.

Fort de son orgueil et convaincu que le monde s’offrait à lui, il était parti à la conquête du monde. Il n’avait pas cherché quelques réputations guerrières, ou la reconnaissance, mais simplement un moyen d’exercer ce qu’il pensait acquis : son pouvoir.
Sans sortir des murs de Tulorim, il avait rejoins un autre monde : Elysian. Là bas, il traversa une chaine de montagne, il y découvrit des palais et des citées à la splendeur insoupçonnée… mais aussi des pouvoirs défiants l’entendement. Il avait compris qu’il n’était rien, car au plus fort du danger il avait faibli, il avait failli…
Ainsi son retour à Tulorim n’était pas un retour aux sources, mais bien un retour à la réalité. Il avait laissé derrière lui ses confiances et ses angoisses et après avoir exploré ses pires profondeurs, il avait enfin l’esprit serein.

Sa contemplation de l’horizon océanique ne dura point. Il fallait se remettre au travail, et il savait par où commencer, car il ne revenait pas bredouille d’Elysian. Il y avait cette imposante bourse d’or qui pendait à sa ceinture, sous sa robe, mais aussi, il y avait cette soudaine maitrise de la magie qui lui avait si longtemps échappé.
Il rassembla ses quelques connaissances du plan de la ville, puis il grimpa la ruelle accrochée à la colline.


- II -

_________________
.
Multi de : Daemon, Erastos
Thème de Meraxès

_________________


Dernière édition par Meraxès le Sam 14 Juil 2018 16:55, édité 4 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Sam 14 Juil 2018 14:10 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 24 Nov 2015 00:25
Messages: 307
Localisation: Sur la planète Elysian
- VI -


Meraxès retrouva les rues bondées de Tulorim. Il traversa la ville l'esprit ailleurs, sans réellement prêter attention à son environnement, sans savoir où il était, ni où il allait, cherchant au hasard un endroit paisible où il pourrait étudier.

Une cours étroite enclavée entre de hauts murs, fermée par des grilles et dominée par un haut sapin, trouva grâce à ses yeux. Il passa la journée le nez dans ses parchemins changeants et mouvants, en commençant par les sortilèges les plus accessibles, pour progressivement aborder les écrits interdits qui lui apprirent plus sur lui même qu'il n'avait pu l'imaginer.

Vers la fin de l'après-midi, il enroula le dernier manuscrit.

Une somme de connaissance stagnait en lui. Il laissa reposer son esprit surchargé et résista à l'envie d'employer la magie par pure curiosité. Ce n'était pas prudent. On le connaissait en ville et il ne tenait pas à ce que sa réputation grandisse encore. A Tulorim les murs ont des oreilles et les rumeurs flottent dans le vent, tandis que les secrets s'échangent et se monnayent pour un rien ; et il allait sans dire que la présence d'un elfe solitaire ne passait jamais réellement inaperçu.

Il réalisa alors qu'on l'observait du haut d'une terrasse supérieure. L'homme le regardait avec une certaine fascination. Il avait les apparats caractéristiques des notables de la cité, avec sa redingote rouge aux manchettes retroussées, ses dentelles blanches, et son tricorne noir brodé du même rouge. Il lui adressa un signe de main avenant, et descendit le rejoindre par un mystérieux passage dissimulé dans la concavité des murs.

" Je vous observe depuis un long moment. On dit que le temps coule sur les elfes sans jamais les traverser, je comprends maintenant pourquoi. Vous n'avez pas bougé de la journée. "

Son sourire était grotesque mais quelque chose dans l'affabilité de cet inconnu retint Meraxès.

" Je manque à mes devoirs, laissez moi me présenter, je suis Don Sanguinella, propriétaire de ces lieux. "

Meraxès se dressa et constata qu'il s'était bien introduit par une grille qui était à présent fermée. Sa bouche s'ouvrit pour des excuses, mais le dignitaire ne lui laissa pas le temps, comprenant sa mégarde.

" Votre présence ici n'est pas un problème. C'est même un honneur d'accueillir un des héros d'Elysian. "

Le regard de Meraxès se voila aussitôt et il dévisagea son interlocuteur. Il ignorait tout de qui il était, si ce n'était son nom, et savoir que ce n'était pas réciproque lui déplaisait fortement. Cette ville était vraiment un repère de voyeurs et de pervers, qui guettaient chaque changement du vent et toute occasion. Il était pourtant évident qu'une aussi curieuse histoire dissimulée au fin fond de la milice avait éveillé l'attention, un monde s'était ouvert au creux de la ville et la haute société avait du se repaître de la moindre nouvelle ou de la moindre rumeur qui filtrait à travers ses murs.

" Vous vous méprenez. Mes actes en Elysian ne furent en rien héroïques. Je n'ai fait qu'explorer et découvrir d'autres horizons lorsque des guerriers d'expérience ont résolu cette affaire. Pour tout vous dire, j'ai même défailli au moment le plus important. Je ne suis personne et je tiens à le rester. "

Sa déclaration parut amuser Sanguinella qui se mit à ricaner, pour le toiser de son regard noir d'une intelligence inquiétante.

" Je regrette mais vous n'êtes pas n'importe qui... Meraxès d'Orzhov. Le rejeton shaakt banni d'Hidirain la cité des nuages, qui fut recueilli dans le tristement célèbre monastère des lilas. Votre histoire ne m'est pas inconnu et la mort qui parsème vos traces atteste de la malédiction qui pèse sur vous. "

Meraxès agrippa son bâton et se dressa subitement.

" JE NE SUIS PAS UN SHAAKT ! "

L'homme parut stupéfait par sa réaction et recula de plusieurs pas. Il restait ébaubi et peinait à reprendre son calme... avant de partir dans un rire inextricable. Alors une ombre apparut derrière lui. Un nouveau venu s'était dissimulé dans son sillage. Il était enroulé dans un large manteau et son visage était dissimulé sous un masque triste de théâtre.

" Alors nous pouvons dire que les apparences sont trompeuses... "

Meraxès dont la rage avait pulsé subitement, était à présent en proie à l'incompréhension. L'hilarité du dignitaire ne pouvait être seulement induite par son ridicule, et l'étrange remarque de son homme de main, dont Sanguinella ne tenait même pas compte de l'apparition, n'expliquait rien de sa réaction.

Il approcha le bâton de son torse en un geste inconscient de défense, et il remarqua alors qu'une lueur rouge s'éteignait à l'une des extrémités. Ce n'était pas la première fois qu'il la voyait. Lorsque ce présent lui fut confié par la reine des banshides, juste après l'assassinat, cette même lueur, ainsi qu'une autre plus claire sur la pointe opposée, était apparu sans jamais se manifester de nouveau. Mais son regard ne s'arrêta pas là dessus, car il découvrit aussi que sa peau avait changé : elle était devenu sombre.

Sanguinella riait toujours et l'homme masqué restait impassible, à une bonne distance, surement prêt à réagir à la moindre hostilité. Un mélange d'incompréhension et d'angoisse envahirent l'elfe, qui doutait de ce qu'il était. Il invoqua son fluide et la température baissa aussitôt. Le dignitaire arrêta de rire et son protecteur changea de posture.

Un chaos vrombit entre ses paumes et il se retourna brutalement pour projeter une émulsion glaciale sur le mur.

Il put alors se contempler dans le miroir de glace.

C'était bien lui, mais aussi un autre. Il reconnaissait ses traits, sans parvenir à comprendre pourquoi il avait pris une couleur de cendre, ni pourquoi son regard était devenu aussi ardent. La noirceur avait jaillit cutanée, comme si son héritage inquiétant endormi depuis des décennies s'était éveillé à la première saute d'humeur...

La relique était évidemment la clef du mystère et Meraxès y apposa sa volonté, cette fois-ci avec une idée précise, et comme il s'y attendait, une lueur claire apparut sur le visage gravé. Sa physionomie changea, son héritage paternel évolua en suivant le mouvement de rotation du bâton, et comme l'astre du jour remplace l'astre de la nuit, sa peau devint claire comme la neige, ses cheveux captèrent l'éclat blond du soleil, tandis que son regard s'éclaircit et vira sur un vert irisé de mauve...

Le reflet de Sanguinella apparut derrière lui.

" Voilà qui est fascinant. Vous dissimulez bien des mystères... "

Meraxès ne répondit pas. Cette découverte venait de le renverser et les paroles du noble résonnaient dans le lointain. Il ne savait pas quoi penser de ce miracle. Son appartenance aux deux races que tout opposait pouvait à être modulée. Il pouvait maintenant inspirer la crainte ou l'admiration, et diviser son identité...

Sanguinella était cependant passé à autre chose. Il ne cessa de flatter Meraxès en lui tournant autour. Il s'était apparemment entiché de ses talents et lui proposait de travailler pour lui, de servir ses intérêts, en quoi il obtiendrait une place et une condition enviable. Il ne passa pas par quatre chemins et évoqua alors une histoire de magie et d'apparitions célestes qui auraient angoissé et émerveillé Yuimen en son absence. Un grand changement était dans l'air et Sanguinella cherchait justement un mage pour l'éclairer sur le sujet. Il prétexta que Meraxès était parfait pour cette mission, car un fin connaisseur des arts ésotériques, mais il était aussi connu de la milice, qui lui avait accordé sa confiance. Il lui demanda donc s'il souhaitait enquêter pour son compte et découvrir un maximum d'éléments sur ces phénomènes, en ajoutant que ses secrets seraient les siens.

Meraxès acquiesça en silence, et l'homme au masque triste vint poser une main sur son épaule.


- VIII -


(((Apprentissage de tous les parchemins de sort restant.)))

_________________
.
Multi de : Daemon, Erastos
Thème de Meraxès

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Ven 21 Sep 2018 19:46 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
Un Nouveau Départ


J’arrivai à Tulorim en début de matinée, j’avais réussi à dormir dans une vieille bicoque abandonnée sur le trajet, sans réussir à vraiment me reposer. La ville grouillait déjà d’activité, entre la milice qui patrouillait, les artisans et marchands qui travaillaient et criaient et les passants qui déambulaient dans les rues. J’avais déjà eu l’occasion de venir ici avec mon père, mais nous n’avions pas été bien loin à l'intérieur. La boule au ventre, je m’aventurai donc dans le dédale des rues. Personne ne faisait vraiment attention à moi et c’était tant mieux. Je gardai ma capuche sur ma tête et avançais en rasant les murs, espérant voir l’enseigne d’une auberge où je pourrais manger. Mon estomac criait famine et j’avais marché trop longtemps, j’avais besoin d’une pause. Avisant un banc non loin, j’en profitai. L’auberge n’allait pas s’envoler et je ne pensais pas qu’il soit possible de trouver quelqu’un dans cette foule, j’étais donc en sécurité pour le moment. Le banc n’était pas vraiment confortable mais après avoir dormi par terre, c’était mieux que rien. Je soupirai.

- Mon lit me manque …

Alors que je réfléchissais à comment faire pour quitter rapidement la ville, un groupe s’arrêta devant moi. Je levai les yeux pour voir ce qu’ils voulaient. C’était un groupe d’enfants et d’adolescents qui vivaient probablement ici. L’un d’eux, vraiment grand et costaud, m’apostropha.

- Hey toi ! Tu sais où tu te tiens ? C’est ma place, alors dégage de là !

Je n’avais pas envie de m’attirer d’ennui et encore moins d’attirer l’attention, je me levai et m’étirai, avant de repartir. Alors que je pensais le problème réglé, une main se posa sur mon épaule.

- Attends un peu, je ne te connais pas, tu sors d’où ?

Je lui répondis sans me retourner.

- Je voyage, je viens d’arriver.

- Ah ouais ? Bah on n’aime pas les étrangers nous, alors t’as intérêt à déguerpir fissa !

- Je ne comptais pas rester.

Mais il se prenait pour qui ce gamin ? Je serrai les poings, me forçant à me calmer. Père disait que même si je suis plus vieille que les enfants humains, j’avais quand même beaucoup de similarité avec eux, ma croissance étant plus lente. Il devait croire que j’avais à peu près son âge, ce qui n’arrangeait pas mes affaires car physiquement il était bien plus fort et si ça dégénérais, je serais dans le pétrin. Alors que je réfléchissais à comment me sortir de là, le patibulaire commença à s’énerver sans que je comprenne pourquoi.

- Tu m’énerves vraiment ! Regarde-moi quand je te parle !

Il tira sur mon épaule pour me tourner vers lui et ma capuche retomba sur mes épaules alors que je lui faisais face. Je vis une certaine stupeur apparaître sur son visage et sur ceux des enfants derrière lui. Ces derniers se mirent à chuchoter entre eux tandis que leur probable chef, me toisait.

- Une Shaakte ? Je déteste les Shaakts ! Mon oncle a été capturé par les gens de ton espèce !

- J’en suis navrée mais ça n’a rien à voir avec moi.

Je voyais bien qu’il était en train de s’énerver, aussi je remis ma capuche sur ma tête et je m’apprêtai à repartir. Mais lui ne l’entendait pas de cette oreille.

- Tu crois aller où comme ça ? Je vais venger mon oncle.

Aïe, ça se gâtait. Je le vis sortir un couteau de sa ceinture. Les autres enfants étaient à la fois terrorisés et excités, j’en voyais même certains avec de grands sourires. La rue était de l’autre côté du groupe, j’allais avoir du mal à les passer sans encombre. J’aurais pu utiliser la magie mais j’allais surtout attirer plus d’attention sur moi. Je devais attendre le bon moment pour m’enfuir, car je ne pensais pas qu’il m’attaquerait de front en pleine rue en plein jour. Grave erreur. Il me chargea en vociférant, le couteau levé. Je vis du coin de l’œil plusieurs passants s’arrêter, stupéfaits. Je l’étais tout autant qu’eux. Il était débile ce gamin ou quoi ? Alors qu’il allait m’atteindre, je vis un bras surgir sur le côté et un poing cueillit ce sauvage au visage, l’envoyant valser et lui faisant lâcher son couteau. Un grand homme en armure ramassa le couteau et soupira avant de crier sur le jeune homme à terre.

- Non mais qu’est-ce que tu fabriques Finlan ? Tu as encore pris ce couteau à ta mère je présume ? Crois-moi cette fois c’est la bonne, tu vas le regretter !

L’intéressé, étendu sur le sol, se releva avec la joue enflée, et tenta de s’expliquer.

- Mais mon oncle, c’est elle qui …

- Silence ! Tu as causé assez d’ennuis comme ça ! Plus un mot !

Le gamin, Finlan donc, se tut et pris un air penaud tout en triturant ses mains, visiblement gêné. Les passants reprirent leurs activité, mais j’en vis quelques uns rigoler ou soupirer. Visiblement c’était une scène régulière. L’homme dispersa les autres enfants puis s’approcha de moi. De près il était encore plus grand, il portait une armure rutilante, avait des cheveux longs attachés, une barbe taillée et un visage carré. Il me fit un sourire rassurant et se baissa pour être à ma taille.

- Désolé pour ça petite, ce sale gosse a mal tourné sans que je ne comprenne pourquoi. Tu n’es pas blessée ?

Je répondis non en hochant de la tête, veillant à bien cacher mon visage. Il m’avait peut-être aidé mais rien ne disait qu’il ne s’énerverait pas à son tour s’il me voyait. Vu le neveu, autant se méfier de l'oncle.

- Tu n’as rien à craindre, personne ne te fera de mal.

Oh mais c’est qu’il y croyait vraiment en plus ! Alors que j’allais lui répondre une excuse ridicule à base de maladie de peau contagieuse, l’autre gamin décida de détruire encore un peu plus ma journée.

- C’est une Shaakte mon oncle ! C’est pour ça qu’elle se cache ! Je voulais lui faire payer pour ton emprisonnement.

L’oncle prit un air surpris, il se tourna vers son neveu qui était toujours au sol, comme s’il essayait de vérifier ses dires simplement en le fixant. Puis il tourna de nouveau la tête vers moi.

- Enlève ton capuchon.

L’hostilité était palpable dans sa voix. Je m’exécutai malgré tout, rabattant ma capuche sur mes épaules et sortant mes cheveux de mon manteau. Je levais les yeux vers le soldat qui me regardait, une expression neutre sur le visage, mais j’avais pu remarquer que ses poings étaient crispés. Il se reprit très vite.

- Une Shaakte effectivement, et très jeune de surcroît. …Mais tu n’es pas de sang pur je me trompe ?

Il était perspicace, ce qui n’arrangeait pas vraiment mes affaires. Autant être honnête, avec un peu de chance il me laisserait tranquille plus vite.

- Pur je ne sais pas, mais mon père est humain et ma mère Shaakte.

- Une semi-elfe … Qu’est-ce que tu fais ici, seule ?

- Je cherchais à … manger.

C'était très résumé et j'omettais quelques points, mais je voulais juste qu'il me laisse tranquille, pas faire la conversation

- Je vois… Petite, je veux que tu me suives au bureau de la milice, j’ai des questions pour toi. Ne fais pas cette tête, tu n’as rien à craindre de moi, et tu pourras manger sur place, j’y veillerais, allez viens là.

Il me prit par le bras d'une poigne forte, m'empêchant de me dégager. J’eus tout juste le temps de remettre mon capuchon, mais le regard des gens ne laissait guère de doute, ils m’avaient bien vus. Le jeune Finlan, prenant un air triomphant, nous emboîta le pas, avant que son oncle ne lui rappelle qu’il allait se prendre un savon, ce qui le calma instantanément. Je suivis donc le milicien qui saluait les gens sur son passage, il était visiblement connu dans le coin. Au bout d’un moment, il m’indiqua un bâtiment qu’il m’expliqua être le bureau de la milice. Nous étions enfin arrivés, bien que j'aurais préféré me trouver ailleurs.


>> Suite

_________________






Dernière édition par Yliria le Mer 31 Oct 2018 14:13, édité 5 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Lun 24 Sep 2018 19:17 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
<< Auparavant

Je me levai avant l’aube et m’habillai rapidement. Je ne tenais pas en place et je faillis percuter Talic alors qu’il montait les escaliers. Je m’excusai et descendis les escaliers en vitesse pour tomber sur Charles à la sortie de l’auberge. Celui-ci avait eu vent de mon départ et voulais me souhaiter bon voyage. Je le remerciais pour tout ce qu’il avait fait et il me dit que je pouvais venir le voir quand je voulais si j’en avais envie. Après une petite accolade, il me regarda partir en souriant. Je me jurai de repasser le voir et de l’inviter à boire la prochaine fois. Je me mis en route vers le point de rendez-vous, me forçant à ne pas courir pour ne pas m’épuiser pour rien. J’arrivai donc à l’endroit indiqué et repérai un groupe près de la porte et je reconnu Fyly lorsqu’elle me fit signe.

- Tu es en avance, on pensait partir à l’aube, pas avant.

- Disons que j’ai préféré arriver en avance pour être sûre. Je ne voulais pas vous faire attendre.

Elle examina mes vêtements puis pris un air satisfait en me disant que j’avais une bonne tenue pour le voyage. Thorgrim me donna une tape dans le dos. Il avait l’air de bonne humeur

- C’est un bon gars ça ! La motivation c’est ce qu’il faut le plus. On attend que Wyrlan, il devait vérifier l’itinéraire une dernière fois pour être sûr… Ah le voilà.

Wyrlan nous rejoignit et me salua. Il appela tout le monde et expliqua la route et la mission pour moi tout en donnant quelques précisions aux autres. Nous partions donc sur la route entre Tulorim et Yarthiss en passant par le nord. Apparemment un caveau inexploré aurait été découvert par des voyageurs peu après les marais, et quelqu’un voulait savoir ce qu’on pouvait en tirer. Notre but était de trouver le caveau, le sonder et ramener quelques échantillons des objets présents sur place. En cas de menace, l’éliminer ou fuir si elle était trop importante, le but étant surtout de déterminer l’intérêt de l’endroit. Le voyage prendrait environ 3 semaines à pied, plus le trajet jusqu’à Yarthiss, là où le commanditaire attendrait notre retour. La récompense dépendrait de ce qu’on dénicherait sur place et une partie de la revente des objets nous reviendrait. Tout le groupe examina la carte et chacun alla de son petit commentaire, mais il n’y eut aucune objection. Chacun pris son paquetage et Wyrlan me donna le mien. Il était lourd mais supportable, rempli de rations et d’outils pour le voyage. Tout le monde vérifia son sac et lorsque le soleil commença à se lever, nous étions prêts à partir.
Notre petit groupe quitta donc les limites de la ville et j’entamai ainsi ma première expédition.

Suite>>

_________________






Dernière édition par Yliria le Mer 31 Oct 2018 15:07, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Dim 21 Oct 2018 13:29 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
<< Auparavant

Une voix dans la nuit


(Réveille-toi !)

Je me réveillai en sursaut. Quelqu’un m’avait parlé ? Je tendis l’oreille mais rien ne vint. Je me levai et m’habillai en vitesse. La maison était plongée dans le sommeil, pourtant j’étais certaine d’avoir entendu quelque chose… Autant partir, j’avais bien assez dormi comme ça. Je laissai quelques Yus sur la table, pour le dérangement, et sortis sans bruit. La lune offrait une clarté lugubre aux rues de Tulorim, qui n’avaient déjà rien de rassurant le jour. Je mis mon masque et avançai rapidement dans les ruelles tortueuses de la ville, cherchant à rejoindre la route menant à Exech. J’évitai au mieux les patrouilles et je m’arrêtai lorsque des bruits de pas se faisaient entendre. J’étais peut-être trop tendue, mais un excès de prudence n’avait jamais fait de mal.

(Sur ta gauche !)

Quoi ? Encore cette voix ? Je regardai sur ma gauche pour apercevoir la faible lueur d’une torche venir dans ma direction. Je pressai le pas et me cachai rapidement. Deux hommes encapuchonnés sortirent de la ruelle, cherchant manifestement quelque chose… ou quelqu’un. Ils allèrent en direction de la sortie de la ville que je souhaitais emprunter. Je n’avais peut-être rien à voir avec leurs recherches mais mieux valait être vigilante. Je décidai de prendre un petit détour, passant dans des ruelles étroites et plus sombres, m’arrêtant à chaque bruit, vérifiant chaque intersection. Cette voix m’intriguait mais je devais me focaliser sur mon objectif : sortir de cette ville.

J’arrivai près d’un grand bâtiment circulaire que je devinai être l’arène de la ville, je n’étais pas loin de la sortie. C’est là que j’entendis un bruit derrière moi. Sans me retourner je dégainai lentement ma dague, veillant à ne pas faire de bruit et je fis comme si je n’entendais rien. Lorsque le bruit fut suffisamment proche, je me retournai, mais ne vis personne. Loin de me rassurer, cela me donna encore plus envie de partir. Je fis donc le tour de l’arène en longeant les murs, croisant les doigts pour ne tomber sur personne. Raté, deux personnes encapuchonnées sortirent d’une ruelle adjacente et vinrent dans ma direction. L’un d’eux fit un signe mais je ne répondis pas. Je ne savais pas ce qu’ils me voulaient, mais dans le doute je préférai ne pas répondre. Les deux ralentirent leur allure et sortirent chacun une arme. Que faire ? Continuez d’avancer et tenter de les semer ? Combattre ? Je n’étais même pas sûre qu’ils m’en veuillent… les chances étaient grandes d’accord mais je n’avais pas de certitude. L’un d’eux parla d’une voix aigüe, féminine et probablement jeune.

- Toi là ! Que fais-tu dehors ?

J’eus envie de lui poser la même question mais je me contentai d’un simple haussement d’épaules ce qui les arrêta tous les deux. J’eus l’impression que la tension venait de s’accentuer, pour une raison que j’ignorais. Je m’empressai donc d’ajouter quelque chose.

- Je quitte la ville donc ne faites pas attention à moi, bonne nuit à vous deux.

Je me hâtai de reprendre ma route, la main sur mon arme mais aucun des deux ne fit mine de me suivre. Quand je tournai enfin la tête pour voir où ils étaient, ils avaient disparus. Je pus souffler, rassurée, ils n’étaient pas là pour moi apparemment. Je traversai la rue et pris une ruelle en face de l’arène pour rejoindre la porte de sortie de la ville. J’aurai pu passer par le cimetière mais y allait en pleine nuit me fichait la trouille. J’avais entendu trop d’histoires horribles sur les créatures qui hantent les cimetières la nuit et je n’avais aucune envie d’en voir une, même de loin.

(Attention ! Baisse-toi !)

J’obéis, sans trop savoir pourquoi, à cette petite voix dans ma tête. Je fis bien car deux silhouettes encapuchonnées passèrent dans l’intersection que j’allais atteindre. Ils ne me virent pas et passèrent leur chemin. Mais pourquoi y avait-il autant de monde dehors avec des capes, d’où venait cette voix dans ma tête et pourquoi ne m’avait-elle pas prévenue pour les deux personnes rencontrées près de l’arène ? Autant de questions qui restèrent sans réponse, la petite voix ne daignant pas me répondre. Pourquoi apparaissait-elle maintenant ? Surtout pour me donner des ordres et ne pas répondre à mes interrogations. Toujours aucune réponse, à croire qu’elle se fichait de moi. Tant pis. Je repris mon chemin, vérifiant que la voie était libre pour finalement déboucher non loin de la route qui menait à l’extérieur de la cité. Personne en vue, ni à gauche, ni à droite, parfait. J’avançai subrepticement en rasant les murs de nouveau, veillant à bien écouter les alentours mais rien ne me parvint.

J’atteignis finalement la sortie de la ville sans encombre et fus sur le point de partir lorsque j’entendis des bruits de course derrière moi. Je me cachai rapidement dans les herbes bordant la route pour voir un petit groupe d’encapuchonnés s’arrêter non loin de ma cachette. Ils avaient l’air d’être tous furieux et l’un d’eux jura.

- La cheffe ne va pas être contente !

- Impossible à attraper cet…

- On y retourne, on a peut-être encore moyen de tomber dessus, allez !

Ils se séparèrent et coururent dans des directions différentes. Je sortis de ma cachette très lentement et empruntai la route qui menait à Exech. J’espérais vraiment que ces types n’en avaient pas après moi, ils avaient l’air nombreux et organisés, ce qui n’était pas à mon avantage s'ils venaient à faire la route jusqu'à Exech.

(Bon voyage Yliria, nous nous verrons bientôt)

Je me retournai, la voix devait bien venir de quelque part. Je n’aperçus personne mais vis quelque chose bouger, quelque chose de rouge et petit, qui disparut immédiatement. Je fus encore plus intriguée mais je surmontai mon envie d’en apprendre plus et entamai la dernière partie du voyage jusqu’à Exech.


_________________






Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Ven 2 Nov 2018 13:31 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
<< Auparavant

Début des recherches


J’entrai dans la ville, capuche relevée, et me dirigeai immédiatement vers le bureau de la milice pour essayer de trouver Charles. Si les deux danseurs étaient vraiment morts, il était probable que les miliciens aient vu les corps et s’ils étaient en vie, Charles aurait peut-être une idée de l’endroit où ils pourraient être. Il fallait juste espérer que l’une de ces deux possibilités se vérifie, sinon j’allais avoir du mal à commencer les recherches. Les rues de Tulorim au petit matin étaient toujours aussi agitées entre les marchands, les voyageurs ou passants matinaux qui commençaient déjà à créer le brouhaha qui ne s’arrêtait jamais vraiment. Et au moins ici, les miliciens faisaient leur travail… ou du moins ils essayaient, pas comme à Exech.

(J’ai quand même repéré plusieurs types à l’air louche, méfie-toi.)

(Marcher rapidement et en plein milieu de la rue les dissuade généralement, trop voyant.)

J’avais l’habitude à présent et j’étais plus sereine, je savais me défendre et j’avais de quoi dissuader les plus téméraires.

(Pourquoi mets-tu ta capuche alors ?)

(Un vieux réflexe je suppose… Et ce n’est pas parce que je sais me défendre que j’ai envie d’attirer l’attention sur moi pour autant. Et je suis censée rester discrète pour cette mission.)

Pour Alyah une capuche attirait plus l’attention qu’autre chose mais elle n’insista pas. Je marchai donc d’un pas rapide en direction du bureau de la milice que je finis par atteindre. Deux miliciens somnolaient devant et me regardèrent d’un air endormi en me voyant arriver. Je les saluai et leur demandai poliment s’il connaissait Charles, en le décrivant brièvement. L’un des deux opina et entra dans le bureau pour aller voir qu’il y était. Il ressortit et dit qu’il était occupé pour le moment mais qu’il viendrait une fois disponible. Je remerciai donc le milicien et, avisant un banc non loin, je me posai dessus et enlevai mon sac de mon dos. Je profitai du temps donné pour réfléchir un peu à l’éventualité où Charles ne pourrait m’aider. Je ne connaissais personne d’autre susceptible de m’aider sur ce point mais il fallait que je trouve un plan de secours. Arpenter la ville au hasard et demander aux passants me sembla la pire idée possible, je risquai d’attirer l’attention et les ennuis avec. Me renseigner à la taverne ou l’auberge n’était pas idiot, j’allais devoir y passer pour dormir de toute façon… quoi d’autre ?

(Je peux les chercher si tu veux ?)

(Je préfère que tu surveilles mes arrières. Je suis prudente mais je suis plus rassurée avec toi à mes côtés. Evidemment si tu les vois dis le moi.)

(Cela va sans dire ! Tiens, ne serait-ce pas ce fameux Charles qui sort ?)

Effectivement, je reconnus Charles qui sortait du bâtiment et le milicien en faction me pointa du doigt. Je lui fis signe, ramassai mon sac et vint à sa rencontre. Il eut l’air perplexe mais afficha un large sourire lorsqu’il me reconnut. Il me salua chaleureusement et je fis de même. Les deux miliciens eurent l’air étonné de me voir parler ainsi avec Charles mais ne firent pas de commentaire. Après les banalités et une invitation à prendre un verre un peu plus tard qu’il accepta, Charles me demanda ce qui m’amenait de nouveau à Tulorim.

- Je cherche quelqu’un… enfin deux personnes pour être exacte et j’espérais que tu pourrais m’aider… Mais je préférerais t’en parler en privé si possible.

J’avais jeté un regard en biais aux deux miliciens en disant ça. Charles opina et m’emmena un peu à l’écart. Nous étions toujours dehors donc pas exactement en privé mais je m’en contentai.

- Raconte-moi.

Je donnai donc quelques détails sur les personnes que je recherchais. Je me contentai de décrire précisément les deux membres de l’Ordre disparus et de donner leur nom, sans mentionner leur appartenance ou la mienne aux Danseurs, disant simplement qu'on m'avait chargé de les retrouver. Je lui montrai discrètement le collier que je portais.

- Je suis sans nouvelles d’eux depuis près de trois mois à présent… Ils portaient ceci autour du cou normalement. Je voudrais juste savoir si tu as entendu quelque chose à leur sujet, n’importe quoi, je veux juste m’assurer qu’ils vont bien. Après ce qu’il s’est passé ici ces derniers mois, je ne suis pas totalement tranquille.

Je n’étais pas honnête mais révéler mon appartenance à l’ordre immédiatement ne me semblait pas être une excellente idée. J’aimai beaucoup Charles, mais je ne faisais pas suffisamment confiance aux miliciens de cette ville et les murs avaient des oreilles, peu importait l’endroit où j’étais. J’attendis la réponse en Charles en croisant les doigts. Faites qu’ils aillent bien…


_________________






Dernière édition par Yliria le Sam 10 Nov 2018 14:47, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Ven 2 Nov 2018 14:30 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
Intervention de Guilde pour Yliria


Le milicien soupira d'un air un peu blasé aux questions d'Yliria:

"Tu connais Tulorim, c'est une grande ville et certains quartiers sont loin d'être sûrs. Chaque jour apporte son lot de morts et de brigandages en tous genres, nous sommes bien trop peu nombreux pour tout contrôler comme il le faudrait."

Il examina brièvement le collier que la jeune femme lui montrait et ajouta:

"Joli bijou, mais ça ne me dit rien. Cela dit, des Hinïons il n'est pas trop rare d'en croiser en ville, mais des Sindeldi c'est une autre affaire, pas tous les jours qu'on en voit ici. Enfin, à part ceux qui font partie de la compagnie Air-Gris évidemment, mais ces bougres-là restent entre eux, ils ne viennent pas traîner dans nos rues. Ce qui est sûr, c'est que s'il y en avait un qui avait été découvert mort par la milice ça aurait fait jaser, mais je n'ai rien entendu de tel ces derniers temps."

Charles sourit d'un air un peu désolé à son interlocutrice, visiblement il aurait bien aimé pouvoir l'aider mais il ne savait rien de ces Elfes qu'elle recherchait. Après un instant d'hésitation, il ajouta sur le ton de la confidence:

"En parlant de ce qui s'est passé ces derniers mois, sois prudente et évite le quartier du port la nuit. Je ne suis pas censé te le dire, mais on a signalé pas mal de disparitions là-bas ces derniers temps. Sans doute des règlements de compte entre bandes de truands, ça arrive de temps à autre, tâche de ne pas t'y retrouver mêlée."


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Ven 2 Nov 2018 17:20 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
<< Auparavant

L’air blasé, Charles ne put hélas pas répondre à mes interrogations. Il n’avait pas vu de bijou comme celui que je lui montrais et la mort d’un Sindel ne lui disait rien, mais ils n’étaient selon lui pas assez nombreux pour tout surveiller, quelqu’un aurait donc pu se débarrasser des corps sans difficulté. Il parla d’une compagnie constituée de Sindeldi, « Air-Gris » et je gardai ça dans un coin de ma tête, au cas où, il serait toujours bon d’aller fouiner là-bas en temps voulu. L’air grave, il me mit en garde, apparemment il y avait eu de nombreuses disparitions sur le port ces derniers temps. Une histoire de règlements de comptes apparemment mais il n’en était visiblement pas sûr et il me conseilla de ne pas y traîner la nuit.

(Je sais déjà que tu vas le faire petite fouineuse.)

(Oui c’est une piste comme une autre !)

(Essayons autre chose avant veux-tu ?)

(Oui, et je viens d’avoir une idée.)

(Je sais, mais tu sais où en trouver ?)

(La dernière fois ils traînaient près de la grande place, avec un peu de chance il y en aurait aussi aujourd’hui.)

Je remerciai donc Charles et lui donnai rendez-vous le soir à l’auberge et il me promit de passer, il voulait entendre ce qu’il m’était arrivé ces derniers mois. Il me promit également d’ouvrir l’œil et de m’informer s’il entendait quoi que ce soit au sujet des deux elfes disparus, mais après autant de temps je doutais qu’il puisse trouver quelque chose de significatif. Je lui souhaitai une bonne journée et filai vers la grande place. Je fouillai les rues des yeux à la recherche de petits groupes qui pourraient m’intéresser et en repérai un après une petite demi-heure, composé d’une douzaine d’enfant d’âges divers. Je m’approchai d’eux d’un pas dansant avec un grand sourire. L’un d’eux me repéra et fit signe au plus vieux, un jeune humain aux yeux et cheveux foncés, qui se tourna vers moi, le regard suspicieux.

- Dégage, on veut pas traîner avec des Shaakts !

Je ne fus pas très surprise par cette réaction mais mon petit sourire ne me quitta pas pour autant. Je sortis une pièce de ma bourse et la lançai au garçon qui l’attrapa au vol. Son regard se fit plus intéressé, comme celui de ses petits camarades. Bien, j’avais leur attention. Je détachai mon collier et leur montrai.

- Je vous propose un jeu. Je cherche des amis à moi qui portent le même genre de collier. Ils ont décidé de se cacher en ville et je dois les retrouver. Je veux juste que vous me disiez si vous voyez quelqu’un qui porte un collier similaire et que vous m’indiquiez où il vit si possible.

- Et pourquoi on ferait ça ? C’est pas nos affaires !

Je désignai la pièce que je lui avais lancée.

-Il y a une bourse pleine pour celui ou celle qui m’aidera à trouver un de mes amis. Mais ils ne doivent pas savoir que vous les cherchez, sinon ils vont se cacher encore mieux. Ça vous intéresse ?

Je vis quelques visages excités par l’idée, notamment les plus jeunes, mais leur chef n’avait pas l’air convaincu.

- Qui nous dit que tu paieras à la fin ?

Il était prudent celui-là ! Je soupirai, mais soit, je sortis ma bourse et lui donnait neuf yus supplémentaire.

- Considérez ça comme un gage de bonne foi.

Il me sourit de toutes ses dents et acquiesça. Je leur donnai rendez-vous tous les matins près du banc devant l’auberge où je les attendrais pour qu’ils me disent s’ils avaient trouvé quelque chose.

- Et si on trouve rien ? Et on a combien de temps ?

- Si vous ne trouvez rien… dites-le-moi quand même que je n’attende pas pendant des heures. Et… considérez que si je ne suis pas là deux matins de suite, c’est que le jeu est fini. Bien sûr vous pourrez garder l’argent. Marché conclu ?

- Marché conclu !

Je serrai la main tendue de leur chef et ils partirent en courant dans diverses directions tandis que je remettais mon collier autour de mon cou avant de le cacher sous mes vêtements. Une bonne chose de faite.

(Tu penses vraiment qu’ils vont trouver quelque chose ?)

(Je n’en sais rien, mais ils connaissent mieux la ville que moi et ils doivent avoir des amis qui participeront aussi. De toute façon ça ne coûte rien d’essayer.)

Alyah opina, nous n’avions pas la moindre piste, tout était bon pour obtenir la moindre information. Après le départ du petit groupe d’enfants, je décidai d’aller rendre visite à Dyvlan et Arianne. Je pris donc le chemin vers leur maison, Alyah me guidant un peu car je ne connaissais pas très bien cette partie de la ville. J’arrivai finalement en fin de matinée et toquai trois fois à la porte. Ce fut leur fille qui vint m’ouvrir et qui me regarda comme si j’étais un fantôme. Je lui souris en la saluant et j’aperçus sa mère derrière qui m’enjoignis d’entrer. Elle me serra brièvement dans ses bras tandis que Dyvlan se levait de sa chaise pour me saluer à son tour. Il n’avait pas particulièrement l’air heureux de me voir mais je ne lui en voulus pas, débarquer à l’improviste après avoir disparu n’était pas très polie, il fallait l’avouer. Je m’excusai donc en ce sens et son visage se détendit tandis qu’Arianne me sermonnait gentiment en réponse. Ils ne m’en voulaient pas vraiment et c’était tant mieux. Ils m’invitèrent à m’asseoir et à leur raconter les derniers mois. Je résumai brièvement les derniers événements, passant sous silence ma blessure dans le désert pour ne pas les inquiéter et l’Ordre devint un rassemblement d’aventuriers dont je faisais partie, rien de plus. Nous discutâmes ainsi un moment avant que je ne commence à poser des questions, montrant le collier au moment opportun.

- Un de mes camarades aventurier cherche un endroit où il pourrait recruter et entraîner les jeunes recrues comme moi. Un genre de bâtiment assez grand et un peu protégé, vous auriez une idée de où je pourrai trouver ça ? Il a envoyé deux autres avant moi, un Hinion et un Sindel mais on n’a aucune nouvelle donc j’ai été chargée de repérer les lieux et de leur tirer les oreilles. Je dois donc les chercher mais ils n’ont pas laissé d’adresse, me forçant à fouiller la ville de fond en comble pour les trouver. Vu que vous allez vendre vos légumes au marché, si vous voyez un Sindel ou un Hinion qui porte ce collier ou une rumeur sur eux, cela vous dérangerait de m’en parler ? Je n’ai aucun problème pour loger à l’auberge pendant un certain temps mais je n’ai pas spécialement envie de courir pendant des mois dans les rues de la ville.

J’avais dit ça sur le ton de la plaisanterie, pour qu’ils ne commencent pas à penser que c’était urgent ou dangereux. Je devais les laisser en dehors de ça, mais si je pouvais en apprendre un peu grâce à eux, c’était toujours ça de pris.

(Tu deviens manipulatrice ma chère, fais attention.)

(C’est pour leur bien, moins ils en savent, moins ils auront l'idée de fouiller là où il ne faut pas. Si je pouvais tout leur dire je le ferais, mais je préfère éviter.)

Je n’aimais pas ce que je faisais, mais c’était toujours mieux que de risquer leurs vies en en disant trop. En plus ils s'inquiéteraient et je n’étais pas venue pour ça. J’étais sincèrement contente de les voir, j’en avais juste profité un peu pour poser les bonnes questions… rien de bien méchant pas vrai ?



_________________






Dernière édition par Yliria le Sam 10 Nov 2018 14:51, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Sam 3 Nov 2018 11:27 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
Intervention de Guilde pour Yliria


Dyvlan réfléchit pendant quelques instants tout en consultant Arianne du regard, avant de répondre à Yliria:

"La plupart des maisons des riches marchands sont grandes et un minimum fortifiées. Mais je ne saurais pas te dire lesquelles sont en vente, on traîne pas trop dans ces quartiers nous autres."

A quoi Arianne ajouta:

"Il y en a aussi deux ou trois près du port, d'anciens entrepôts plus ou moins désaffectés. Et d'autres un peu à l'écart de la ville, comme le vieux manoir des brumes."

"Mais va pas traîner là-bas, c'est pas un endroit pour les honnêtes gens", renchérit Dyvlan d'un air sombre.

Arianne approuva d'un hochement de tête solennel, puis elle reprit pensivement:

"Tu disais que les deux étaient des Elfes? C'est rare d'en voir par ici, surtout des Gris, assez pour qu'ils attirent l'attention. On les aurait remarqués s'ils étaient passés par le marché, mais ils ont bien dû se loger quelque part s'ils avaient prévu de rester un certain temps en ville, peut-être qu'un aubergiste pourrait te renseigner?"


Bien des options s'offraient désormais à la jeune femme. Explorer la ville en quête de bâtisses en vente, attendre le retour des gamins des rues envoyés dans la cité, faire le tour des auberges ou encore aller enquêter sur les mystérieuses disparitions du côté du port, les possibilités ne manquaient pas.


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les ruelles
MessagePosté: Sam 3 Nov 2018 13:27 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Sep 2018 20:42
Messages: 121
Localisation: Tulorim
<< Auparavant

La piste du port


Le couple m’apprit que seuls les riches marchands possédaient des maisons fortifiés mais qu’ils n’avaient aucune idée si l’un d’elle était en vente. Arianne avança l’existence d’entrepôts désaffectés près du port, j’irais donc jeter un œil, et de vieilles bâtisses en dehors de la ville, mais ça ne rentrait pas trop dans les critères, ce serait en dernier recours seulement, surtout vu la tête que tira Dyvlan en mentionnant le Manoir des Brumes… à éviter donc. Arianne répondit ensuite à ma question sur les deux elfes disparus et d’après lui, il était rare de croiser des Sindeldi en ville, il aurait probablement attiré l’attention s’il avait logé un certain temps dans une auberge… j’allais donc devoir visiter chaque auberge de la ville en espérant tomber sur celle où ils avaient séjourné.
Je les remerciai et discutai d’autres choses comme si de rien n’était. Au bout d’un moment je me levai et les quittai, leur promettant de repasser les voir, leur précisant que je logerai à l’auberge du Pied Levé, connaissant un peu l’endroit. Arianne dit qu’elle allait ouvrir grand ses oreilles pour essayer d’en apprendre un peu sur les elfes que je recherchais et Dyvlan acquiesça. Je les remerciai chaleureusement et sortit de chez eux, pas beaucoup plus avancée pour mes deux disparus, mais un peu plus pour la future commanderie de l’Ordre. Une fois de plus, j’avais une piste en direction du port, plus une dans les quartiers plus riches, qui étaient probablement à privilégier, plus tranquille, mais chaque chose en son temps.

Guidée par Alyah qui examinait les rues alentour pendant que je marchais, je visitai plusieurs auberges. Je fis choux blancs dans les deux premières, les aubergistes n’ayant pas vu ou hébergé de Sindel ces derniers mois. Une fois arrivée devant la troisième, je commençai un peu à en avoir plein les pattes et à avoir faim. J’entrai donc dans une auberge tout ce qu’il y avait de plus banale. De grandes tables en bois, une petite cheminée sur le mur du fond, des vitres un peu sales et un comptoir lustré où un tavernier très mince servait des bières à quelques voyageurs ou habitués. Je m’approchai donc du comptoir et m’installai sur un des tabourets en attendant que quelqu’un vienne me voir. L’aubergiste ne traîna pas et se mit face à moi. Regard suspicieux mais néanmoins aimable, c’était toujours ça de pris.

- Bonjour mam’selle ! Vous voulez une chambre ? Un repas ? Les deux ?

-Bonjour, alors oui je vais vous prendre un repas et… quelques informations si vous avez.

Je glissai quelques pièces sur le comptoir, bien trop pour payer un simple repas, en prenant bien soin de montrer que j’en avais d’autres en réserve. L’aubergiste hocha la tête, hurla à quelqu’un derrière lui de préparer un repas et une boisson fraiche et se tourna de nouveau vers moi.

- Qu’est qu’vous voulez savoir ?

- Pas grand-chose, je cherche des amis à moi qui sont en ville et je veux les retrouver. Deux elfes, un Hinion et un Sindel, le deuxième est assez grand avec une cicatrice sur l’œil gauche et une oreille coupée, pas le genre d’individu qui passe inaperçu, les auriez-vous vus par hasard ?

- Ouais, j'les ai vus, z'ont créché ici qu'eques jours. Pis un soir sont pas r'venus, va t'en savoir où c'est y qui z'ont été s'fourrer.

Il avait prononcé les derniers mots en lorgnant sur ma bourse, une lueur cupide dans le regard. Je m’étirai et posai négligemment quelques pièces sur le comptoir, qui disparurent bien vite. Je remarquai le regard que l’aubergiste posa sur moi. Je ne m’étire plus, message reçu, ce genre de regard je préfèrais qu’il ne soit pas tourné vers moi.

- Je suis sûr que vous vous souvenez de quelques détails qui pourraient m’éclairer quant à leur destination. C’est votre auberge, rien ne peut vous échapper…

- Humpf. Ouais, p't'être ben qu'j'me souviens d'un truc ou deux. C'soir-là, d'vaient rencontrer un type chez Grigwig, pour affaires qui disaient. Sont jamais r'venus

Ah, un nom, on progressait, rester à savoir où trouver ce type, ce Grigwig et j’aurai enfin un début de piste, magnifique. Quelques pièces s’échappèrent malencontreusement de ma main pour finir dans celle de l’aubergiste tandis que je posais la question.

- Savez-vous qui est ce Grigwig et où je peux le trouver ? Je vous en serai très reconnaissante.

(Tu joues avec le feu Yliria…)

(C’est la seule piste que j’ai !)

(Evite tout de même de provoquer l’appétit d’un type dans son genre.)

Inconscient de cette petite mise au point de ma chère Faera, l’aubergiste répondit gracieusement à ma question, non sans lorgner de nouveau sur ma bourse… ou sur moi.

(Les deux !)

- Y tient une auberge, Grigwig, pas loin du port. Sale quartier pour une gamine s'tu veux mon avis, y'a pas qu'du beau monde dans l'coin.

Un rassemblement de gens peu recommandables donc, j’avais hâte.

(Les sarcasmes rendent aigris, méfie-toi !)

Je levai les yeux au ciel après avoir donné quelques pièces à l’aubergiste en le remerciant. J’allais m’asseoir et mangeai le repas que l’on m’amena. C’était assez bon et franchement copieux mais j’eus du mal à identifier la boisson qu’on m’apporta.

(Y’a comme un goût de pomme…)

(Y’en a.)

(Tu crois ?)

(Je sais pas.)

Je finis donc mon repas et c’est le ventre plein et le moral au beau fixe que je me dirigeai vers le port. Enfin une piste et pas des moindres ! Je marchai d’un pas rapide dans les rues de la ville, évitant les passants et les marchands qui hurlaient à tout va pour vendre leurs produits. Je veillai à bien rabattre ma capuche pour le moment, discrétion avant tout. Je savais qu’Alyah veillait au grain, mais autant ne pas prendre de risques inutiles. La route vers le port me pris quand même un moment, plus à cause de la foule que de la distance, mais je parvins enfin à l’atteindre.

L’activité y était intense, des centaines de personnes et marchandises circulaient en permanence et je dus me frayer un chemin pour pouvoir avancer, personne ne faisant vraiment attention à moi. Je dus même esquiver un colosse qui eut la bonne idée de déplacer d’énormes caisses sans regarder s’il y avait du monde autour. Un sacré capharnaüm dont j’avais hâte de sortir. Je pus finalement demander mon chemin à une jeune femme légèrement vêtue qui me lança un sourire charmeur en m’indiquant avec précision l’endroit que je cherchais. Moi qui pensais que les jeunes femmes évitaient ce genre d’auberges…

(Que tu es naïve…)

(Quoi ? Mais pourquoi ?)

(Pour rien pour rien…)

Un peu perplexe après les paroles d’Alyah, j’arrivais finalement devant un bâtiment de pierres grises tout à fait banal. Il y avait bien quelques ivrognes non loin mais ça ne changeait guère des autres auberges ou tavernes que j’avais pu visiter. Par contre l’odeur m’indiqua clairement que c’était une auberge plus axée sur la consommation d’alcool que sur la nourriture.

(Ça dépend du genre d’appétit que tu as…)

(Vas-tu me dire ce qu’il y a à la fin ?)

(Je n’ai pas très envie que tu entres là-dedans.)

(Moi non plus, mais c’est ma seule piste. Et je ne suis plus la fillette sans défense d’il y a six mois.)

Alyah n’ajouta rien mais je sentis que cela ne lui plaisait pas, et à moi non plus d’ailleurs. Prenant mon courage à deux mains, je m‘avançai donc vers le bâtiment, évitant soigneusement les flaques et les ivrognes au sol, la main serrée sur la poignée de mon yatagan, au cas où.


_________________






Dernière édition par Yliria le Sam 3 Nov 2018 22:53, édité 1 fois.

Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 554 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 32, 33, 34, 35, 36, 37  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016