Intervention de Guilde pour Yliria
Le quartier dans lequel Yliria était entrée en approchant du bouge de Grigwig n'avait rien de reluisant. Proche du port et en plein dans l'une des zones les plus miséreuses de la ville, toute une faune y traînait: rudes matelots en goguette, tire-laines de tout poil, filles de joie aux charmes bien souvent passés, on y trouvait même quelques habitants lambda contraints pour une raison ou une autre de sortir ce chez eux. Ces derniers avançaient d'un pas rapide, tête basse, frôlant les murs et évitant de leur mieux ivrognes et marauds en mal d'un mauvais coup. Les rues, ou plus tôt les ruelles car elles ne dépassaient que fort rarement les deux mètres de large et n'étaient pas souvent pavées, étaient souillées d'immondices divers et variés, requérant une attention de tous les instants pour ne pas trébucher. Un lieu des plus enchanteurs, à n'en pas douter, dans lequel la jeune femme s'était enfoncée à ses risques et périls.
Alors qu'elle approchait de sa destination, une grand et morne bâtiment de pierre grise n'arborant aucun signe distinctif hormis les relents d'alcools bas de gamme et d'urine qui s'en dégageaient, elle put sentir sur elle de pesants regards. Devant Yliria, un petit groupe de trois hommes, pauvrement vêtus et arborant des expressions sinistres, palabrait tout près de l'entrée de l'auberge, une discussion que l'approche d'Yliria fit immédiatement cesser. L'un des gaillards, un costaud mal rasé à la longue chevelure crasseuse portant une longue dague au côté, s'esbaudit bruyamment:
"Hé les gars! R'gardez ça! D'la viande fraîche pour le Beau!"Le compère qui se tenait à sa gauche, un grand flandrin moustachu rouquin portant des habits qui avaient dû valoir un certain prix en des temps meilleurs ainsi qu'une longue rapière au côté, renchérit:
"Montre un peu ton minois ma jolie, qu'on voie si tu f'ras l'affaire!"Les trois hommes s'esclaffèrent grassement et entreprirent de s'approcher de la jeune femme en se déployant de façon à ce qu'elle ne puisse accéder à la porte de l'auberge sans devoir se frayer un chemin parmi eux. Si elle jetait à cet instant un coup d'oeil en arrière, seul échappatoire à une situation pouvant très vite tourner au vinaigre, elle verrait qu'un quatrième type s'était négligemment adossé à l'entrée de la ruelle. Entièrement vêtu de noir, son visage était dissimulé par une écharpe, mais les deux poignards attachés à sa ceinture étaient, eux, bien visibles. Faisait-il partie de la bande? N'était-il là que par hasard? La question restait posée.