L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2010 11:12 
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À mon grand soulagement la poignée s’abaissa lentement sous la pression que j’exerçais dessus. Ce monstre était donc dans sa chambre. J’eus un léger sursaut lorsque qu’en ouvrant la porte, cette dernière se mit à grincer. Je stoppais net, attendant une éventuelle réaction de la part de l’homme, mais rien ne se présenta.

Je pénétrais entièrement dans la chambre et le spectacle que je vis, m’arracha un gémissement d’horreur. Immédiatement après avoir vu cette scène, je refermai la porte derrière moi dans un claquement fort. L’homme que je cherchais était bien là, il était bien couché. Et je compris pourquoi il n’avait pas réagi lorsque j’étais rentrée.

Allongé sur le dos, une plaie béante saillait sa gorge. Ses yeux ouverts et vitreux me regardaient et d’une main je les baissais rapidement.

"C’est insupportable !"

Il avait été assassiné récemment, le sang encore frais trempait les draps et continuait de coulait de la plaie. Je m’assis sur la chaise pour réfléchir un instant. Zarnam m’avait dit que cet homme détenait des informations qu’il me fallait récolter, comment les récolter à présent. C’était mort, vouloir faire de mauvais jeux de mots.

Je constatais également que la petite elfe de Lùinwë n’était pas là. Peut être avait-elle été épargnée. Mais qui pouvait être responsable de ce crime ? Qui avait intérêt à voir cet homme mort ? Qui voulait à tout prix m’empêcher de découvrir la vérité ? Je fumais de rage car à ce moment, une seule personne s’imposait à mon esprit : ma mère.

Je me refusais toujours à croire qu’elle était impliquée dans ces horreurs mais je ne pourrais nier l’évidence bien longtemps.

"Que faire maintenant ?"

Cette question était bien sûr essentielle. Maintenant que je pouvais rien tirer de cet homme. Et ce que je devais faire s’imposa à moi. Je devais prévenir Zarnam, ce complot touchait toute la guilde, en tant que membre, je me devais de l’avertir. Je me relevais et me penchais au-dessus du corps inerte de l’usurpateur.

"Vous n’avez eu que ce que vous méritiez !"

Après avoir dit ça je ressortis de la chambre en lançant une phrase au vide morbide de la pièce pour sauvegarder les apparences. Puis je descendis les escaliers et quittai cette auberge de débauches et de meurtres.


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Dernière édition par Salymïa le Mer 6 Avr 2011 15:32, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Lun 11 Oct 2010 17:47 
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Le soir venu, j’enfilais ma sombre cape et me dirigeais vers l’établissement de Grigwig. Dehors la nuit était fraîche, mais pas désagréable et je présumais le ciel parsemé d’étoiles lumineuses, qui malheureusement, devaient se cacher derrière de lourds nuages gris. Je marchais d’un pas rapide et essayais de ne pas attirer l’attention des autres rares passants vers moi. J’arrivais devant la bâtisse en pierre grise qu’était L’auberge de Grigwig. Le bruit qui en émanait était peu rassurant quant à l’état des gens qui se trouvaient à l’intérieur. Mon cœur resserra ses battements, une sorte d’inquiétude s’installa dans mon être. De l’autre côté de la porte en bois massif, était un endroit qui juste de l’extérieur me paraissais hostile. Je me plaquai dos au mur de pierre et prenais une grande respiration. Je farfouillai dans ma poche pour m’assurer que mon colis était bel et bien là. Je l’extirpais du fond de ma poche, le savoir toujours en ma possession était rassurant. À l’observer plus attentivement, je m’aperçus qu’il s’agissait du même que celui que nous avions dérobé avec une feuille en plus. J’aurais bien voulu l’ouvrir pour en découvrir son contenue, mais je ne pouvais faire cela sans éprouver de remords.

Je poussai la lourde porte et entrai dans l’auberge. La première chose qui me frappa fut le bruit. La cacophonie qui y régnait était audible même de l’extérieur. La deuxième chose fut la forte odeur d’alcool et de sueur présente. Un mélange assez nauséabond, sans pour autant être insupportable. La troisième fut de voir à quel point il y avait du monde juste à cet étage. Toutes les tables étaient occupées soit par deux, trois, quatre ou plusieurs autres personnes. Les gens parlaient fort, buvaient beaucoup et parfois on pouvait voir deux ou plusieurs hommes se chercher des coups. Mes premières impressions de l’extérieur s’avérèrent juste quant à l’hostilité des lieux. Pendant que je cherchais des yeux l’homme à qui je devais délivrer le message, je dus me pencher la tête assez rapidement pour éviter une chope vide en pleine envolé. (Mais ce sont des malades! Inflige-t-ils ça à tous ceux qui entre ici pour tester leurs réflexes?) Elle éclata sur le sol un peu plus loin, j’en restais ahurie et m’écartai de la trajectoire d’un possible autre projectile.

Je l’aperçus finalement. Accoudé au bar, l’homme habillé d’un manteau rouge surmonté d’un col en fourrure blanche, buvais une bière à grandes gorgées. Je me dirigeai vers le bar près de l’homme, mais ne m’assis point. Je devais seulement lui remettre le message, pas m’attarder dans cet endroit puéril.

« Excusé moi messire! »

J’avais parlé le plus fort possible de ma petite voix pour qu’il m’entende dans tout ce bruit. Il se retourna vers moi visiblement agacé que je le dérange dans sa beuverie. Il avait les cheveux blancs, bien qu’il ne soit guère plus jeune qu’Isaak et des yeux bleus pâles comparables à de la glace.

« Quesque c’est qui demande Svein? » Me demanda-t-il sans manière.

« Un message pour vous. »

Je lui tendis le parchemin et il le ramassa brusquement, me l’arrachant presque des mains. Il le lut devant moi, d’abord avec un air sérieux et ensuite, en souriant et en riant brièvement de façon rêche. Ce que contenait le message était-il drôle à ce point?

« Holà! Attend gamine! » Me dit-il alors que je m’apprêtais à partir, ma mission accomplie. Je me stoppai net, son interpellation m’avais pris de court, me pensait-il si jeune que ça ou c’était simplement ça façon de parler? Svein me regardait maintenant comme s’il était intrigué par ma personne.

« Tu connais celui qui m’envoie ce message? » Demanda-t-il en arquant un sourcil.

Le ton de sa voix me fit hésiter sur la réponse que je devais lui donner, mais je finis par indiquer que oui d’un signe de la tête. Il parut désespéré, il me faisait me sentir mal-à-l’aise. C’était embarrassant pour moi, car je ne savais, ni ce qu’il savait exactement, ni ce qu’il pensait d’Isaak, ni la relation qu’il entretenait avec lui.

« Tss… Pauvre petite… » Marmonna-t-il. « Viens-là, viens t’assoir ici. »

Je me hissai sur le haut tabouret qu’il m’avais désigné et il héla le tavernier.

« Hé ho! Quelque chose pour la petite, j’vous prie! »

Je m’étonnais presque de ses manières peu civilisées. Cependant j’en eus vite la raison, son haleine empestait l’alcool. Je me doutais qu’il n’en était pas à ça première chope. Il était tout de même encore lucide, mais on voyait à sa façon d’articuler, les effets que la bière avait sur lui. L’aubergiste arriva avec une chope comme celle de l’homme en manteau rouge. Je la regardais arriver en me demandant si j’allais vraiment boire tout ça et si dans le cas contraire j’allais l’offenser si je ne la finissais pas. Mais encore plus je me demandais si j’allais tenir à autant d’alcool. Si à lui, il lui en avait fallu plus d’une pour être chaud, à moi il en faudrait combien de gorgé? Mon organisme en tolérerait moins que le sien vu notre différence de taille. Je lui bafouillais quand même un petit merci pour la chope.

« Tu le connais personnellement? Depuis combien de temps? Pourquoi t’a-t-il prit avec lui ?»

Toutes ces questions étaient étourdissantes, connaissait-il déjà les réponses que j’allais lui donner ou ces question servaient seulement à savoir si j’étais au courant de ma situation, car lui, je le présumais en savait plus que moi. Je pris une petite gorgée du liquide jaune qui laissait s’échapper de petites bulles et j’essayai de répondre du mieux que je le pouvais.

« Personnellement, pas très bien. Le temps, je dirais plus de quelques semaines et pourquoi, je crois qu’il voit en moi un certain potentiel à développer. »

« Ah! Un potentiel à développer ou plutôt à exploiter! » Il reprit son sérieux. « Crois-moi j’le connais bien moi cet Isaak là et je peux te dire qu’il ne fait jamais rien sans qu’il y ait une bonne raison. Et quand tu vas t’en apercevoir, il sera trop tard… oui, trop tard.»

Il but une grosse gorgée de sa bière, la vidant quasiment. Ce qu’il venait de me dire était saisissant, on aurait dit qu’il parlait par expérience et était mélancolique. J’abaissai les yeux, cette perspective m’étais jamais venue à l’esprit. Était-il possible qu’il se serve de moi, sans que je détecte la moindre de ses intentions? Non, je ne voulais pas le croire, je ne voulais pas croire ce qu’il venait de me dire. Toujours les yeux posés dans le vide et le bruit ambiant de plus en plus fort, je ne savais pas comment réagir.

« T’en fait pas. » Me dit-il en passant son bras autour de mes autour de mes épaules. « C’n’est pas la fin du monde! » Il retira son bras afin de boire encore. Après qu’il eut vidé sa choppe il reprit : « Et puis, je suis sûr qu’il a de bonne raison. Dans sa lettre il a été très explicite là-dessus. » Puis réalisant qu’il en disait un peu trop. « Mais je ne peux pas t’en dire plus. »

Il commanda une autre pinte. Ça ne faisait pas quinze minutes que j’étais là et il avait déjà beaucoup consommé. Combien de temps cela prendrait-il avant qu’il soit complètement hors d’usage?

« Pourquoi donc? » Lui demandai-je, tout en sachant très bien qu’il n’en dirait pas plus.

« Parce que si tu ne le sais pas maintenant, tu ne le saura probablement jamais. » Il prit une légère pause. « Et puis, quand Isaak à quelque chose en tête c’est dur de le lui enlever. Il veut cependant que je te donne ceci. »

Il me tendit un anneau et je pus remarquer qu’il portait le même à l’annulaire, mais en plus large. À bien y réfléchir, j’avais déjà vu cet anneau de métal noir poli et sertie de treize petites pierre rouges au doigt d’Isaak et de Luen, mais je n’y avais pas vraiment porté attention. Je la passai à mon index gauche, cette bague de cartel était tout simplement magnifique à mes yeux. Je le remerciai timidement pur ce présent.

« T’as pas à me remercier, c’n’est pas moi qui l’ait désiré. J’ai seulement la bague sur moi. »

J’acquiesçai d’un signe de tête et observai son bras. Il avait un bandage serré et du sang traversait le tissu blanc. Je me demandais ce qu’il lui était arrivé, un coup d’épée ou la morsure d’un animal sauvage? Il dut s’apercevoir que je le dévisageais, car il me dit de ne pas me préoccuper de sa blessure. Je restais donc assise et sirotais ma boisson.

L'aubèrge de Grigwig le beau

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Lun 11 Oct 2010 23:35 
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Au bout d’un moment, j’avais vidé mon vers de moitié et lui en avait bu un autre. Je ne cessais de m’étonner de la vitesse avec laquelle le liquide se vidait de son verre. Bientôt Svein ne pourrait même plus coordonner ses phrases, il faisait tout de même preuve d’une grande tolérance envers l’alcool, car moi je sentais déjà mes sens s’affaiblir. Le silence entre nous contrastait avec le tapage ambiant, mais j’y mis fin.

« Que faite vous dans la vie Svein? »

Comme je le craignais, son aptitude à enligner des mots s’était détérioré et ce qui sortit de sa bouche n’avait presque pas de sens, mais restait encore compréhensible.

« Moi, je fais un peu de tout! » Il agita ses bras dans les airs, pour bien démontrer le tout et sa choppe lui glissa des mains. « Oups pardon! » S’écria-t-il au gars qu’il l’avait reçu en plein milieu du dos.

L’homme agressé se leva en tapant sur la table, qui trembla sous le coup et se retourna vers celui qui l’avait malmené. Il avança vers nous, l’air contrarié. Misère, ça ne présageait rien de bon, déjà que l’ambiance de l’auberge était tendu pour je ne sais qu’elle raison. Bien fort il s’écria que Svein était un imbécile et qu’il lui arrangerait bien le portrait, tout ça dans des mots moins bien choisis que les miens. Je sautai en bas duc tabouret en même temps que Svein. Il réagissait aux moqueries de l’autre soulard, mais lui-même n’était pas en état d’en découdre.

« Quoi, qu’es qu’il cherche l’avorton, la bagarre!? Parfait j’l’attend!»

Je lui lançai un regard désapprobateur, mais il se fichait totalement de mon avertissement silencieux. L’homme maintenant en face de lui, se tenait les poings fermés et avait deux fois le poids de Svein sur le ventre, qui lui était plutôt svelte, musculeux et grand comparé à moi. Sa vitesse l’emporterait sur la lenteur de son adversaire, mais avec les sens engourdis comme les siens, j’en doutais. Je m’accrochai à son bras, tirant dessus pour avoir son attention, comme un enfant le ferait.

« Pas la peine d’en venir aux mains, vous n’êtres même pas en état de marcher droit et vous êtes blesser! » Insistai-je, sans réussir à lui décrocher plus qu’un regard d’agacement.

« Lâche-moi gamine, je vais lui montrer ce qu’il mérite. »

Il essaya de me repousser, mais je tenais bien ma prise. Il s’avança gauchement avec mon qui le tenais et tenta de donner un coup de poing sur la mâchoire de l’autre soulon. Sans succès, son adversaire recula sans gouger les jambes et évita le coup, qui se termina sur l’épaule d’un autre. Celui-ci se leva et comme le premier, se leva en tapant sur la table et dans un geste de vengeance en frappa un autre. Ce petit incident fut la mèche d’une réaction en chaine et bientôt toute être présent dans l’auberge se mit à taper sur tout ce qui pouvait être la cause du poing qu’il avait lui-même reçu.

Cependant le premier homme à avoir été dérangé par une choppe volante, ne quittait pas sa cible de ses yeux rougis. À son tour il élança son poing en direction de Svein. Je tirai son bras pour qu’il l’évite, le déséquilibrant. Le coup atteint le vide et Svein menaçait de s’écraser à terre. Je le retins du mieux que je pouvais et finis par le redresser. L’homme en face de nous avait le rouge aux joues, aux nez et aux oreilles. Il n’appréciait pas que j’aide son adversaire à esquiver ses coups.

Je l’entendis me crier quelque chose de sordide, mais je ne m’en préoccupais pas. Je mettais tous mes efforts à essayer de raisonner Svein. Dans l’auberge de Grigwig un spectacle assez grotesque se déroulait. Les hommes réglaient leurs différents à coups de poings et les plus ingénieux à coups de chaise et d’objets diverses. Les quelques femmes présente se cachaient sous les table, pour ne pas être la cible de l’un de ces projectiles improvisés. Le propriétaire des lieux essayait de remettre de l’ordre dans son établissement Sans vraiment y parvenir il distribuait lui-même quelques coups pour instaurer le calme.

Je tirai plus fort sur le bras de Svein le dirigeant en direction de la sortie.

« Aller venez, il est temps de s’éclipser de cet endroit! » J’essayais de me faire autoritaire, mais un homme ivre n’écoute que rarement l’autorité. Je tirai de plus belle, quand soudain devant moi je vis apparaître une botte. Je me penchai vivement, évitant ce projectile de peu de recevoir la semelle en pleine figure.

« Mais non, toi va-t’en, moi je reste! »

Ses mots déformés par l’ampleur que l’alcool avait sur lui n’étaient presque que plus compréhensible et ses geste de plus en plus gauche. En plus d’être directe, il n’avait aucune tact. Je voulais bien croire que c’était de la faute à l’eau-de-vie, mais je n’appréciais pas de me faire parler ainsi.

« Ça suffit, vous agissez en gamin! Vous voyez bien que vous n’êtes pas en état de vous battre et en plus vous êtes blessé! Alors suivez-moi, nous sortons! »

J’avais les nerfs à vif, l’ambiance de l’endroit ne me plaisais pas et je ne supportais pas qu’il me traite comme ça peu importe son importance. Les lèvres pincées et les sourcils froncés, je le regardais en lui exprimant tout mon mécontentement. Il dut se sentir mal car il finit par se résigner à me suivre, même si je le trainais toujours par le bras, le forçant à aller plus vite. C’est dans un concert d’éclats de vaisselle brisée que nous franchissions la porte.

Les ruelles

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Dernière édition par Miha le Mer 20 Oct 2010 04:29, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Sam 16 Oct 2010 15:16 
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Ils l'avaient contacté par l'intermédiaire de Traditor, ce qui indiquait combien ces beaux messieurs aux manteaux de velours épais et cher orné de broches et de boutons en argent, étaient sans expérience. Quoi! Par Traditor! Personne ne l'avait plus convoqué avec ce nom comme mot de passe depuis des mois, car cela signifiait qu'ils avaient tous deux traîné le cuir de leurs précieuses chausses dans la boue des pires quartiers de la ville, sur un renseignement probablement douteux et cher payé, pour trouver cet homme-chimère. Cet aiguilleur mal léché prélevait sa grasse et fortement alcoolique subsistance un peu partout, ponctionnant à loisir les petits larrons qui dépendaient de lui et dont il connaissait, et le nom, et la planque, sans préavis et sans pitié pour ceux qui refusaient de le payer pour des services non encore rendus. Ces deux hommes se tenaient là, trop droits sur leurs tabourets mangés par les mites pour faire croire à quiconque qu'ils avaient l'habitude de ces endroits grouillant de toutes les professions les moins tendres et les plus illégales. Comme dans chaque couple de manants qui en venaient à solliciter les services des clients réguliers de Grigwig, ceux-là avaient la grâce d'être complémentaires, un petit, un grand, très grand, le premier blond comme on n'en voit pas à Tulorim, le second brun aux cheveux très courts. Ils étaient arrivés quelques minutes en avance, l'avaient demandé au tenancier qui, après les avoir envoyés successivement aux quatre coins de la salle le temps de quêter l'approbation de Pentavus, les avait orienté vers lui. Ils avaient tenu au ridicule d'une poignée de main, que notre homme ne leur avait cédé qu'avec gêne et angoisse, il avait dû les toucher, tous les deux ; puis ils n'avaient plus dit un mot, lui lançant des regards calmes, voire aimables, se glissant une parole murmurée de temps à autre. Souvent les clients vont droit au but, fiers d'une mission qu'ils ne veulent pas remplir d'eux-mêmes, après quelques instants. Mais eux, non. Cela faisait pourtant plus d'une heure qu'ils étaient là.

« Bon. Qu'est-ce que vous voulez? »

La voix était rauque, comme un peu rouillée. Ces mots dits à voix basse ne provoquèrent qu'une faible réaction chez les deux hommes, qui se regardèrent paisiblement.

« Si vous avez besoin de rien, je m'en vais. »

Ce fut le plus grand qui daigna répondre, et jusqu'à la fin il fut le seul à parler :

« Quelles sont les limites de votre action? Que proposez-vous de faire, au juste? »

(Bon sang, ils s'adressent à moi dans ce genre d'endroit et se demandent ce que je peux bien faire? Qu'est-ce que c'est que ces gus, Traditor en entendra parler... )

« Je fais n'importe quoi qui soit payé. »

Les yeux des acolytes brillèrent du même éclat presque surnaturel, une légère décharge de plaisir malsain et de satisfaction anticipée.

« Vrrraiment tout? »

Un court silence s'instaura, ils étaient réellement effrayants. Pentavus avait côtoyé des assassins, des psychopathes en tout genre, à Exech mais pas seulement, il y avait de ces créatures-là partout, et lui-même se vantait d'en faire un peu partie. Mais de ces gens-là se dégageait une aura alarmante, de longues canines semblaient émerger de leurs lèvres fines tant ils étaient contents. Férocément content. Pourquoi des commissionnaires mandatés, qui n'étaient très probablement ni le premier bénéficiaire du travail à venir, ni leur exécuteurs, avaient-ils une expression si... inquiétante? Pentavus se méfiait, mais il en aurait fallu davantage pour lui faire peur. Il finit par maugréer de cette même voix basse et de mauvaise volonté qu'il avait en toutes circonstances :

« Je ne me mutile pas, je ne couche avec personne et je ne vole pas d'êtres vivants. »

Le même éclair passa dans les regards.

« Vous n'êtes pas capable de faire ces choses-là? »

« Pour laquelle des trois vous êtes venu? Je ne fais pas là-dedans, allez vous-en. Ou alors tournez les talons, dans cette salle tout le monde est capable de ce pour quoi vous payez, quoi que ce soit. »

N'étant pas introduits dans les règles du métier, les étrangers signeraient leur contrat de mort s'ils agissaient ainsi, exposant l'argent qu'ils proposaient à la foule de malfrats qui buvaient sombrement dans le restaurant de l'auberge. Ils n'en firent rien, malgré leur flagrante inexpérience, et continuèrent de le fixer de leurs yeux démoniaques. Ils ne prirent pas la peine de se consulter, même d'un coup d'oeil ou d'un signe de tête, comme si l'on parlait pour les deux, en une seule voix pour la parole de deux individus.

« Vos exigences nous conviennent. Vous adopterez les méthodes que vous préférez, nous ne voulons pas le savoir. Tout ce qui nous intéresse, c'est que vous nous rapportiez l'objet que nous désirons. Vous pouvez faire dans cette entreprise autant de morts qu'il vous plaira, seulement ne secouez pas le matériel, c'est fragile, vous le mettrez immédiatement après en avoir pris possession dans ce sac que vous fermerez sans délai. Nous vous attendrons ici dans deux jours, même heure, avec notre objet. Alors, vous serez payé. Cela vous convient-il? »

(Me prennent pour un imbécile.)

« Il manque des données. Combien vous offrez? Et qu'est-ce que vous voulez, où je le trouverai? Vous devez le savoir, plus vous me donnerez d'informations et plus vite vous l'aurez, votre souffle de vent. »

Un rictus apparut sur les lèvres des interlocuteurs de Pentavus, comme s'ils pensaient tous deux quelque chose comme « Tu ne crois pas si bien dire, vulgaire voleur. » Le même homme, au visage luisant et aplati d'un gentilhomme hypocrite, lui répondit à nouveau sous le regard et comme sous le contrôle muer et omniscient de son collègue.

« Vous recevrez cent soixante-quinze pièces si vous respectez les délais et que vous vous gardez de cogner, secouer, et tenter d'ouvrir l'objet que nous vous demandons. Est-ce que la somme vous convient ? »

Pentavus grimaça. C'était beaucoup, cela lui permettrait d'acquérir ce qu'il convoitait depuis un moment et de vivre un peu plus librement. Pourtant, il apparaissait dans cette affaire une possibilité que la cible soit d'envergure, la marchandise convoitée d'un très grand prix, ce qui rendait la prime très médiocre pour compenser les éventuels frais, l'énergie investie et les risques encourus. Mais la bourse était vide, l'homme acculé comme il l'avait été chaque jour de sa vie depuis son départ, et l'aubergiste ne garderait pas longtemps ses secrets s'il n'était pas payé dans la semaine. Les hôtes des repères de voleurs acceptent de faire crédit à leurs clients qui peuvent s'enrichir soudainement, mais un client peu productif sera jeté à la porte, son nom et toutes les informations récoltées lors de son séjour dévoilée au grand public. Il ne s'agissait donc pas de choisir le travail, déjà assez rare. D'un signe de tête, il donna son accord sur le prix.

« Mais j'ai besoin d'une avance sur ce prix-là. Disons... vingt-cinq yus maintenant, cent-cinquante après-demain. J'accepte, dites-moi tout ce que je dois savoir. »

L'homme lui répondit immédiatement sans prendre le temps de consulter son collègue, ce qui signifiait d'une part qu'il accordait l'avance et son montant, d'autre part que l'argent ne leur faisait pas défaut et que vingt-cinq yus était une somme à ce point indifférente pour eux, qu'il dérogeait à leur règle de ne se prononcer sur rien tant qu'il n'avait pas quêté l'approbation de l'autre.

« L'objet que vous nous ramènerez, en voilà un croquis. C'est une sorte de coffret de cette forme, tout en métal. Vous le trouverez dans la maison d'un receleur qui vit au nord de la ville, l'adresse est au dos du papier. Nous supposons que le coffret a été placé dans l'arrière-boutique, à vous de mettre la main dessus. Sur ce, dit-il tandis qu'ils se levaient tous deux de concert, adieu. Nous serons là dans deux jours, au coucher du soleil, ne manquez pas l'heure et ne venez pas les mains vides. »

Ces derniers mots étaient dits avec une telle férocité dans le regard, le message ne pouvait être plus clair. Les gentlemen partirent dignement sous les regards haineux des représentants de toutes les espèces de voleurs, chasseurs de primes, assassin, escrocs. Ils avaient laissé sur la table vingt-cinq pièces neuves, un morceau de parchemin plié et un sac de toile épaisse taillé dans un matériau étrange, inconnu de Pentavus. Ce dernier rangea rapidement le tout, tournant entre ses mains le sachet dont la solidité semblait à toute épreuve. Une caisse en métal, pourquoi la mettre précisément dans ce sac-là? (Elle ne risque pourtant pas de s'envoler !) songea-t-il en ricanant.

Il n'attendit pas qu'un de ses voisins vînt s'enquérir de l'argent qu'il avait reçu, et quitta immédiatement la salle de l'auberge dans laquelle l'odeur d'un alcool indigeste montait, de plus en plus forte à mesure que la soirée avançait. Gravissant les escaliers qui menaient aux chambres, il ne sortit la clef de la sienne que lorsqu'il fut devant la porte, qu'il verrouilla derrière lui. Il avait, le jour où il était arrivé, posé un locquet supplémentaire qui lui avait coûté la moitié de ce qu'il avait. On n'est jamais trop prudent, et vingt-cinq yus sont vingt-quatre et demie de plus qu'il n'en faut pour motiver un lent égorgement.
La nuit se passa sans incident, du moins pas chez notre homme, qui parvint à dormir quelques heures. En bas, une bagarre éclata entre deux ivrognes, ce qui était rare dans cet endroit où trop d'agitation pouvait étendre un homme à jamais, mais ivrognes-là étaient la garde rapprochée de chefs de clans, et en ce cas personne n'est assez fou pour s'interposer. Mais Pentavus ne le sut pas, enveloppé dans un sommeil difficile. Le délai qui lui était accordé était court, peut-être même trop, tout dépendrait des gens qui vivaient à l'adresse écrite sur le parchemin. Une fois réveillé, il observa le croquis, c'était effectivement un caisson en métal noir enserré d'étaux d'argent, si l'on en croyait les traits moins épais que la plume avait tracés sur ces cercles qui semblaient faire office de fermoir. Le tout avait une forme oblongue, sur une base ronde et plate. Le coffret s'élevait sur quelques dizaines de centimètres, du moins si le dessin était à la bonne échelle, et se terminait en pointe arrondie, comme une très épaisse chandelle. (Mouais... Je préfèrerais peut-être acheter une chandelle de cette taille, juste pour mettre un peu de lumière et de chaleur dans cet endroit glacial... Allons, pour cent-cinquante yus.) Ses petits yeux sombres, craintifs et de toute éternité inquiets, se fermèrent sur l'obscurité pour quelques heures de somnolence.


Ce fut l'aube qui le réveilla. Non pas, poétiquement, les premiers rayons du soleil, dorés et doux, qui ouvrirent ses yeux en accueillant son regard, non, mais bien les annonciateurs de l'aurore, les premiers commis boulangers, bergers et lads qui sortaient, les uns le blé moulu, les autres les troupeaux de vaches et de moutons, d'autres encore le foin pour les chevaux, tout cela dans un concours de qui ferait le plus de bruit. Ce matin-là la palme fut sans conteste attribuée aux bergers, qui prenant le même chemin pour aller faire paître l'un au nord de la ville, l'autre au sud, emmêlèrent leurs troupeaux et se disputèrent longtemps avant que chacun reparte avec son cheptel, deux ou trois moutons échangés par mégarde.


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Mar 12 Avr 2011 22:42 
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précédemment : Chasse ou chasse pas?


Tulorim était une ville plutôt grande et bien qu'elle chercha une taverne ou se repaitre aucune de celles qu'elle entrevit ne lui plu. Mais voici qu'on détour d'une sombre ruelle son regard s'attarda sur une enseigne 'auberge du Grigwig le beau" et machinalement cela lui fit repenser à l'assassin qu'elle avait rencontré un peu plus tôt. C'était ici qu'il avait effectué son contrat pour le compte de Grantier et à l'idée de pouvoir en apprendre un peu plus sur cet évènement ne fit qu'attiser sa curiosité.

Aussi décida-t-elle que ce serait-là qu'elle prendrait son repas. Après tout l'endroit ne serait sans doute pas plus accueillant que ses montagnes natales et c'est précisément ce qu'elle recherchait, le danger.
A peine passé la porte elle sut à quoi s'en tenir. L'endroit empestait l'alcool et le bruit était assourdissant. De plus la moitié des roulures de Tulorim devaient travailler ici.
Marquant le pas sur le seuil quelques minutes, la peau blanche attira les regards et certains clients haussèrent les sourcils ou crachèrent par terre en l'apercevant.Crainte, curiosité ou encore indifférence toutes les émotions semblaient ressenties.
Oryash finit pas se frayer un passage en direction du comptoir auquel elle prit place avant de héler le tavernier.

"Aubergiste à boire! Et par la même occasion filez-moi une assiette de pitance! Et vite j'ai les crocs!"

Ce fut à ce moment que la peau blanche s'aperçut que le tavernier était un troll qui mesurait bien dans les deux mettre à vu de nez. Elle le toisa sans pour autant paraitre surprise de voir un tel individu en ville.Soudain un homme l'apostropha, il était déjà ivre et semblait de toute évidence chercher une fille pour finir la journée.

"Alors ma poulette ça sera quoi? Bière, alcool fort, ou du lait?"Plaisanta un importun en faisant allusion à la couleur de peau de Oryash.

Elle se détourna doucement vers l'homme et plantant son regard dans le sien lui rétorquant.

"Du lait non, mais une coupe de sang encore bien frais pourquoi pas."

Son regard descendit à hauteur de la jugulaire de l'ivrogne.

"Il me suffirait de mordre ici pour me désaltérer de ton sang."

Elle montra les dents.L'homme déglutit et fila sans demander son reste. Après tout ce n'était pas les filles qui manquaient dans cette auberge.
Oryash revint à son idée première alors que le troll venait de faire glisser jusqu'à elle une assiette de nourriture à l'aspect douteux. L'odeur était agréable et la peau blanche attrapa son plat avant de chercher une table.
Par chance, une d'entre elle se libéra quand une équipe de truands quitta les lieux et elle en profita pour prendre la place.
Elle s'installa face à la porte et dos au mur de telle sorte qu'elle avait une vue d'ensemble sur la salle toute entière et commença à manger.

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Dernière édition par Oryash le Dim 17 Avr 2011 12:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Sam 16 Avr 2011 19:42 
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Oryash avalait plus qu'elle ne mangeait ce qui se trouvait dans son assiette et aller donc savoir pourquoi elle se remémora un souvenir du passé quand un individu tatoué d'un woger sur le bras passa non loin de sa table.

Cela se passait sur la falaise qui surplombait la plaine à quelque lieux du camp où elle vivait alors. Le woger s'était lancé sur elle toutes griffes dehors et Oryash avait paré le coup de ses griffes d'acier. Son adversaire avait alors fait un bon en arrière feignant de reculer pour mieux l'attaquer de nouveau.

Mais voilà, Oryash savait se battre et bénissait le jour ou on lui avait forcé la main en ce sens. Ils tournaient l'un autour de l'autre savant manifestement très bien manier leurs griffes l'un comme l'autre.
Conscient qu'elle se tenait dos à la falaise Oryash manoeuvra de façon à que ce soit son ennemi qui se trouve dos à la plaine et non elle. De coin de l'oeil, elle aperçut alors ses frères de meute un peu plus loin qui assistaient au combat. Elle pensa aussitôt que cette histoire de faveurs perdues n'était qu'un faux prétexte afin de l'éliminer. Elle devenait gênante pour beaucoup de par sa débrouillardise et du fait que le dominant l'avait à la bonne.

L'animal se précipita sur elle, tentant une nouvelle attaque et Oryash l'esquiva. Son adversaire avait pivoté et Oryash se trouvait dans la position qu'elle avait voulu éviter, le dos à la falaise.
Son ennemi se rapprocha à nouveau, et ses crocs brillèrent dans le crépuscule. Oryash sentit alors le sol céder sous le talon de sa botte gauche. Le bord de la falaise commençait à s'effriter.

Oryash n'avait plus le choix et de toute son énergie elle plongea tête la première sous le corps de son adversaire qui s'apprêtait à frapper. La rage convulsa la gueule de son ennemi quand Oryash réussit à glisser sous les pattes, les évitant de justesse, heurtant le sol d'une épaule roulant sur elle même.

Le woger se retournait vivement près à lancer des éclairs sortant de ses cornes tandis que Oryash se relevait alors. Saisissant l'occasion qui se présentait, elle fonça pointant ses griffes, les plantant sauvagement dans le torax du Woger.
L'autre ne pouvait avoir le temps de parer le coup avec efficacité et Oryash vit l'animal tenter de se rattraper tandis que le sol cédait tout à coup sous ses pattes.
Son adversaire tomba à la renverse dans le néant qui l'attendait. Son cri avait déchiré le silence pendant des secondes qui lui avait paru interminables puis plus rien.

Oryash s'était alors ressaisie et s'était éloignée du bord de la falaise se tournant brusquement vers ceux de sa meute, un peu plus loin. Compagnons qui visiblement furieux de la voir en vie, firent demi tour. Elle n'avait jamais parlé de ce fâcheux épisode au couple dominant, préférant régler ses problèmes avec les siens de vive voix ou à coups de griffes.

Depuis elle s'était jurée de parvenir à faire d'un woger un compagnon de route. Le plus dur serait d'en dénicher un assez jeune afin d'avoir une chance de l'éduquer comme elle l'entendait.

Oryash termina son repas, quitta sa table, jeta quelques pièces sur le comptoir à l'attention du patron et sortit de l'auberge. Il lui fallait trouver un moyen de quitter cette ville afin de gagner Kendar kâr où une autre mission l'attendait.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Mar 21 Oct 2014 14:51 
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Premier chapitre : Tulorim


(Il doit bien avoir du travail ici non ?) se demanda le jeune homme, observant une à une chaque personne de l'auberge.

Les relents de déjections, d'alcool et de sueur ne semblais pas l'incommoder plus que ça. Il avait toujours vécu dans cette ville, avec ces odeurs. En revanche, jamais il ne s'était intéressé à ce type de personne. Le bâtiment était remplis de toute sorte de malfrat, violeur, meurtrier, trafiquant, prostituée. Baratume était le seul qui se démarquait légèrement de cette foule de gens peu recommandable.
Il n'avait aucune idée de la façon dont il pouvait gagner un peu d'argent voir accéder à un travail à plein temps. Maintenant il était grand, il allait falloir faire avec les moyens du bord. Il n'avait pour seuls biens sont épée, son armure de cuir, une petite bourse renfermant un pécule de départ, un sac d'aventurier qui avait déjà fait son temps et ses habits qui étaient eux, en bon état grâce à leur récent achat. Relevant son capuchon pour essayer de ne pas trop se faire remarquer, il était attablé devant un repas dont la puanteur devait faire fuir les gens. En effet, personne d'autre ne s'était installé dans les tables aux alentours. Repoussant légèrement l'assiette puante qu'il avait à peine entamée, il entreprit de rapprocher légèrement la choppe de bière qu'il avait commandée avec son plat de viande.

Sirotant doucement le breuvage ambré, il recommença son inspection des personnes. À une table sur sa gauche, cinq hommes étaient installés, parlant fort et rigolant encore plus fort.

(Ça m'étonnerais que des ivrognes m'aident...)

Les autres personnes qui se trouvaient dans la salle commune ne donnaient pas plus envie. Ils paraissaient tous plus de dangereux les uns que les autres, même si Baratume était armé. Enfin armé ... Il avait juste son épée, attaché dans son dos à l'aide d'un fourreau de cuir.

Soudain, un homme entra dans la taverne. Il semblait sûr de lui. Dégageant une sorte d'aura charismatique, beaucoup de personnes se retournèrent sur son passage. Il devait avoir la vingtaine. Arborant une très légère pilosité et portant une armure complète de cuir, une épée bâtarde lui battait le dos au rythme de ses pas. Il se dirigea vers Baratume, qui avait cessé de boire sa mauvaise bière pour le regarder.
Il s'installa doucement à la table de ce dernier, le regardant pendant un moment sans rien dire.

"Bonsoir." déclara tout doucement Baratume pour briser le silence.

"Bonsoir." répondit l'étranger, souriant très légèrement.

"Vous désirez ?" demanda le jeune homme, arborant un visage totalement neutre et le regardant dans les yeux, soutenant le bleu regard de son interlocuteur.

"Tu sembles perdu. Je présume que tu cherches un boulot ou de quoi te faire un peu d'argent ?" déclara-t-il simplement, semblant peiné.

(Intéressant.)

"En effet. Cela se voit à ce point ?" demanda Baratume

"Oui. J'ai connu ça ... J'ai un moyen pour toi de gagner un peu d'argent. Cela concerne l'arène de la ville. Un homme qui devait combattre dans une heure a été tué cette nuit ... Ils ont donc besoin d'un remplacent. Je suis payé si je ramène un adversaire avant l'heure. J'ai crié dans bon nombre de rues et ruelles, visiblement personne n'a les attributs masculins pour venir combattre." expliqua l'homme, essayant de convaincre son interlocuteur.

"Combien ? Et qu'affronterais-je si j'accepte de venir ?" demanda-t-il, voulant plus d'informations.

"Des orques, des gobelins, un gnoll voire un homme lézard. Pour la paye, nous verrons si tu arrives à tuer quelque chose avant de te faire toi-même terrasser."

"Mmmh. Bien." termina Baratume en se levant doucement, finissant sa bière d'une traite.

Suivant celui qui l'avait recruté, il sortit avec lui de l'auberge, après avoir jeter quelque pièce au gérant.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Mar 2 Juin 2015 00:21 
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Il n'y a pas d'enseigne sur le bâtiment devant lequel je passe, mais la faune peu reluisante qui entre et sort de l'édifice m'apprend ce que j'ai besoin de savoir: c'est une auberge. Du genre bon marché, exactement ce qu'il me faut. Un ivrogne titubant s'extrait avec peine de l'estaminet à l'instant ou je m'apprête à en pousser la porte, et me bouscule. Plus exactement, il se heurte à moi, ce petit freluquet qui ne fait pas la moitié de mon poids. Il écarquille ses yeux injectés de sang pour déterminer la nature de ce qu'il a percuté. La scène pourrait prêter à rire. Mais elle ne m'amuse pas. Les loques ne m'amusent pas. Surtout celles qui me rentrent dedans. Je cogne, dur, du plat de la main en pleine tronche. Un coup légèrement remontant, pour un effet maximal. L'homme est soulevé de terre, propulsé à travers la porte toujours ouverte, il s'écrase lamentablement au sol, pissant de l'hémoglobine des naseaux et des lèvres. Je me baisse pour franchir le linteau de la porte, découvrant une véritable bauge puant la sueur, la fumée et d'autres relents nauséabonds moins alléchants encore. Cela ne me dérange pas. Toute une foule est rassemblée là, la lie de Tulorim, putains passées depuis trop d'années, trafiquants de dope, voleurs, assassins, minables en tous genres. Un spectacle réjouissant, vraiment. Je me redresse, ce qui crée un bref instant de silence. Mon crâne touche presque les poutres qui soutiennent l'étage supérieur, j'aperçois le tenancier qui me fixe avec incrédulité, c'est un géant pour les humains, il ne doit pas avoir l'habitude de croiser plus grand que lui. Je parcours la salle d'un regard circulaire, indifférent, mais attentif malgré les apparences. Les conversations reprennent, les yeux se détournent lorsque ils croisent les miens. Je me penche, saisis l'ivrogne par le collet et l'expulse brutalement dans la rue où il s'aplatit avec un couinement de rat écrasé. Ce qu'il est, d'ailleurs.

Je me dirige vers le comptoir, écarte sans douceur une putain hideuse en mal de client qui semblait vouloir me proposer ses services, puis un autre pochtron affalé sur le bar bondé. Et crasseux à souhait. Le tenancier, plus sale que son comptoir, s'approche de moi, les yeux plissés, et s'enquiert:

"Qu'est-c'que j'te sers?"

Je le fixe. Assez longtemps pour qu'il baisse les yeux. Je lui réponds d'un ton rigoureusement neutre:

"Si t'as élevé des cochons, c'est sans moi. Alors tu ne me tutoies pas, je préfère. Je prendrai une eau de vie. Et une chambre pour la nuit."

Ses yeux dérivent soudainement, fixant quelque chose derrière moi, ce qu'il voit lui tire un petit sourire en coin qui ne m'inspire rien qui vaille. Je me tourne à moitié, ma main droite allant naturellement se poser sur la garde de mon poignard. Trois types viennent d'entrer, rien à voir avec les vermines misérables du lieu, ceux-là sont dangereux, je le sens dans toutes les fibres de mon corps. Ils sont tous trois de taille moyenne, trapus, armés correctement et possédant même quelques pièces d'armure pour deux d'entre eux. Ils bougent bien, comme des guerriers, et soutiennent mon regard sans ciller. Ils se dirigent directement vers moi, je ne doute plus de ce qui les amène. Mon pouls accélère un peu, irriguant mon corps en prévision d'une probable confrontation. Je me sens merveilleusement bien, dans mon élément, aucune peur ne me gagne, juste une légère exaltation jouissive. Je ne doute pas un instant de ma capacité à les broyer si nécessaire. Je devrais m'inquiéter, sans doute, ne me souvenant probablement pas du dixième de ce que j'ai appris en termes de combat, mais il semblerait que les vieilles habitudes, même oubliées, aient la vie dure. L'un des sbires, un blond pourvu de moustaches ridiculement relevées en pointe, me dévisage avec effronterie en grondant:

"T'as fait une connerie, gros. T'as buté deux de nos potes."

Je lui adresse un sourire polaire, et lui réponds calmement:

"J'ai tué deux types qui voulaient me braquer, c'est un fait. Mais la connerie, petit, c'est toi et tes deux mignons qui la faites en venant me chercher."

Ses deux acolytes font un pas en avant, vexés par le qualificatif que je viens d'employer, portant la mains à leurs armes, une hache et une saleté de machette vicieusement recourbée. L'aubergiste intervient alors, une lourde masse d'arme entre les mains, d'une voix dure qui dit assez que ce genre de scène lui est familier:

"Pas d'ça ici les gars. L'premier qui sort une lame j'lui explose le crâne. Clair? Si vous voulez régler vos affaires comme des hommes, c't'en bas qu'ça s'passe, comme d'hab'!"

Pas de lame donc. Mon rictus hivernal s'élargit un peu. Je hausse le ton pour être entendu des tablées voisines:

"Trois jeunes puceaux qui me défient à mains nues? Je relève, pour le spectacle! Qui prend les paris?"

Je ricane en les voyant blêmir à vue d'oeil et se concerter avec une anxiété palpable. Eh oui les enfants, vous êtes piégés comme des rats. C'est facile de jouer aux durs quand on est trois, armés jusqu'aux dents, face à un type qui ne possède qu'un poignard. Mais ça l'est un peu moins sans ustensile, surtout quand le type en question est un colosse qui semble capable d'assommer un boeuf d'un coup de poing. Mais il est trop tard pour eux, déjà les tables se vident de leurs occupants qui se précipitent vers l'escalier menant aux caves, à grand renfort de braillées pour être les premiers à parier. Je me tourne vers le tavernier et lui lance une pièce:

"Réserve-moi la chambre. Et sers-moi ce verre pendant que ces trois pucerons se débarrassent de leur quincaillerie..."

Il me remplit un bon verre d'un alcool transparent qui hume bon le frelaté, je le vide d'un trait puis me dirige vers les caves, sous les regards brûlants de rage et de frustration de mes lascars...

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Jeu 4 Juin 2015 02:01 
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Les caves sont immenses, et bondées. Les remugles de sueur, de sang et de bien d'autres affriolantes choses douteuses sont puissants, âcres à en piquer les yeux. Le vacarme ambiant est irrégulièrement pourfendu de cris de douleurs, d'aboiements, de hurlements d'encouragements qui se répercutent contre les voûtes cintrées pour assourdir toute personne normalement constituée. Des torches suspendues à des appliques en fer côtoient des lampes à huile pour éclairer chichement les lieux, concentrées autour de ce qui évoque deux arènes aux gradins surchargés. Dans l'une d'elle, un humain agonise, il est en train de se faire bouffer par deux molosses pour le plus grand plaisir des spectateurs. L'autre accueille un combat entre deux gueux qui s'assènent réciproquement des coups maladroits, la foule hue et injurie, rugit plus fort quand un coup porte et amoche l'un des combattants. Tout un côté de la vaste nef est occupé par un bar où s'activent de nombreux serveurs aux allures de gros-bras, qui s'efforcent d'abreuver les soiffards venus jouir de la souffrance des autres.

J'arrive en bas de l'escalier, et note dans un coin de mon esprit que le sol de dalles usées est humide, glissant. Je distingue ça et là quelques cadavres sur lesquels marchent sans même y prendre garde les fêtards et, dans un angle de la salle, plusieurs cages devant lesquelles se pressent les curieux. La plupart contiennent des chiens, mais deux sont "habitées" par des humains faméliques en haillons crasseux. Des esclaves, sans doute. Je me dirige vers l'arène où les clébards achèvent de déchiqueter leur victime, et repère une espèce de comptoir où sont visiblement pris les paris. Je m'approche des types qui noircissent frénétiquement des registres souillés au rythme des enchères, encaissent et paient les gages. Derrière eux, plusieurs spadassins veillent au grain, armés jusqu'aux dents et l'air mauvais, entourant un gros coffre rempli de yus et de babioles plus ou moins précieuses. Je m'adresse au scribouillard le plus proche d'un ton qui n'admet pas de réplique:

"Libère l'arène, j'ai trois paumés à démolir."

L'homme me jauge d'un regard perçant et blasé, hoche la tête en faisant signe à l'un des gardes de faire évacuer le cercle sanglant. Les molosses sont rapidement enchaînés et tirés hors de la scène de carnage par leurs maîtres, leurs gueules écumantes encore hargneusement serrées sur des morceaux de bidoche. Les restes du perdant sont jetés dans un grand sac et emportés en direction des cages, ici rien ne se perd, visiblement. Mes trois adversaires arrivent à ce moment, entourés de toute une cour de gueux pressés de les voir m'écraser sans doute, même si je doute qu'ils accueillent plus mal la situation inverse. Six gardes s'approchent de nous, accompagnant un humain de petite taille boudiné et suant dans ses vêtements de prix, ils exigent que nous leur remettions nos armes avant d'entrer en piste. Nous nous exécutons puis, sous les clameurs avides de sang des spectateurs, nous prenons place dans l'odieuse et putride arène, que nul ne s'est fatigué à nettoyer depuis plusieurs années probablement.

Mes lascars se déploient aussitôt en arc de cercle, déterminés à me mener la vie dure en me harcelant de tous côtés sans doute. C'est de bonne guerre, mais je n'ai pas l'intention de les laisser m'encercler comme un sanglier traqué par une meute. Le grassouillet personnage agite soudain une petite cloche dont le tintement aigu parvient tout juste à couvrir le tumulte, ce qui doit signaler le début du combat à voir mes trois ennemis se précipitant à l'assaut avec un bel ensemble. Que les festivités commencent!

Je bondis sur l'humain le plus à gauche en hurlant à pleins poumons, prenant le trio par surprise, la plupart des gens reculent lorsqu'ils sont assaillis par plus nombreux qu'eux, mais pas moi. Le malfrat glisse sur le sol traître dans son effort pour m'éviter, une brusque lueur de panique dans les yeux. Mon poing lancé en direction de sa gorge loupe sa cible, mais percute durement l'épaule de l'homme, ce qui le fait si rudement pivoter qu'il achève de perdre l'équilibre et chute au sol. Je lui collerai bien un coup de pied au passage, mais je n'ai que le temps de faire un pas de côté pour éviter son comparse le plus proche qui tente d'atteindre mon genou de sa botte ferrée. Mon déplacement empêche le troisième d'intervenir immédiatement, il lui faut contourner son acolyte qui lui bloque le passage, j'en profite pour asséner un brutal coup de talon dans les côtes du type qui est par terre. Je souris, mauvais, en entendant le craquement des os sous mon pied, celui-là aura du mal à reprendre son souffle pour continuer!

Les deux autres se sont repositionnés pendant ce bref instant, ils se lancent sur moi en même temps et m'abreuvent d'un déluge de coups de poings haineux. J'en évite quelques-uns mais certains franchissent ma garde, sans me faire grand dommage en définitive, bien que ma lèvre inférieure éclate sous l'un des impacts. Le goût ferreux du sang envahit ma bouche, presque aussitôt suivi de la douleur. Je la savoure en ripostant d'un vicieux coup de genou dans la cuisse de mon plus proche assaillant, mais il parvient à esquiver d'un bond en arrière tandis que son compère enchaîne les attaques à hauteur de mon ventre, me forçant à reculer.

Je sens, trop tard, la présence au sol du premier humain qui s'est glissé derrière moi alors que mon attention était accaparée par les deux autres, je trébuche sur lui et bascule lourdement en arrière. Une contorsion hâtive et disgracieuse me permet de me recevoir sur une main plutôt que sur le dos, mais les hyènes se précipitent déjà à la curée et ma position est malsaine, je vais avoir du mal à les esquiver! Je roule au sol en protégeant mon visage de mes avants-bras alors que les coups de pieds pleuvent, tentant de m'éloigner d'eux pour avoir le temps de me relever, mais ils me collent aux basques et se démènent pour m'en empêcher. Une brutale douleur irradie de mon dos alors qu'un pied m'atteint, puis c'est mon torse, mes avants-bras qui encaissent les impacts successifs. Je tente un balayage à hauteur de chevilles pour faire chuter le type aux bottes ferrées, ses coups sont rudes et bien plus dangereux que ceux des bottes souples de son comparse, et je grogne de satisfaction lorsque la pointe de mon pied percute sa cible avec violence, tirant un hurlement de douleur au maudit bougre qui parvient tout de même à conserver son équilibre. Il sautille malgré tout en arrière, gênant involontairement le deuxième assaillant et me donnant ainsi une seconde pour me relever. Je n'en demande pas davantage, je bondis sur mes pieds en me propulsant vers celui que je viens d'atteindre pour lui asséner un crochet du gauche appuyé de tout mon poids. Mon poing lui fracasse joliment lèvres et dents et l'envoie s'écraser sur le dos trois mètres plus loin, salement sonné. Le dernier humain debout saisit sa chance, mon mouvement lui a ouvert une belle opportunité qu'il met aussitôt à profit. Ce sont mes côtes inférieures qui subissent cette fois, le choc est rude et me coupe le souffle bien que j'aie eu le temps de contracter mes muscles en voyant le coup venir.

Serrant les dents pour surmonter la souffrance, je pivote pour lui envoyer mon coude dans le visage, mais l'homme pare approximativement de ses deux bras, évitant le pire. Je vois du coin de l'oeil le premier gars jeté à terre qui se relève enfin, pâle de douleur mais décidé à épauler ses acolytes malgré ses côtes sans doute cassées. Le type qui vient de parer mon coup de coude tente à cet instant de me frapper au visage d'un direct vif et sournois, doigts tendus pour essayer d'atteindre mes yeux! Je tourne la tête en essayant de saisir son poignet d'une main, mais les divers coups reçus ont sapé ma vivacité et je ne parviens qu'à dévier partiellement l'attaque, qui m'inflige de belles écorchures sur la joue si j'en crois la brûlure qui en provient. Je gronde de colère, rageur de me faire ainsi malmener par trois pitoyables humains! Ma rogne embrase mon sang dans mes veines, et je sens un étrange phénomène se produire en moi, comme si quelque chose se débloquait dans mon esprit incapable de se souvenir d'un art guerrier que je suis certain maintenant d'avoir appris jadis.

Je plisse les yeux en me concentrant sur cette sensation, et tâche de cerner la nature de cette énergie soudaine qui afflue dans mon corps et dont j'ai l'impression qu'elle ne demande qu'à exploser. En parallèle, mon instinct me souffle que j'ai intérêt à ce que le combat ne s'éternise pas, il faut impérativement que je parvienne à réduire définitivement le nombre de mes adversaires, sans quoi ils finiront par m'avoir à l'usure. Malheureusement pour moi, ces quelques pensées permettent aux humains de se réorganiser, et une sourde inquiétude me gagne en les voyant me faire à nouveau face tous les trois. J'ai un souvenir à fleur de peau, je sais que j'ai su, je sais que je connaissais une méthode réfléchie et redoutable pour tuer un type en quelques coups, mais je ne parviens pas à m'en souvenir consciemment, ce qui me frustre plus que je ne saurais dire!

J'esquive un premier coup de poing, encaisse un deuxième dans le torse, pare le troisième de justesse et prends le quatrième dans l'abdomen, ce dernier me secouant salement. Je vois rouge, saisi d'une véritable haine pour ces humains méprisables qui s'acharnent sur moi, ce qui a pour effet de libérer mon instinct le plus sauvage, qui submerge ma conscience comme un raz de marée irrépressible! L'énergie inconnue accumulée en moi durant ces derniers instants déferle dans mes muscles éprouvés, et je déchaine soudain sur l'homme qui me fait face une véritable déferlante de coups, occultant brièvement jusqu'à l'existence des deux autres.

Sans réfléchir, je cogne, encore et encore, avec la sensation perturbante d'accomplir une enchaînement bien précis que je ne comprends pas vraiment. Un premier coup de poing atteint mon adversaire au plexus, il se fige, souffle coupé. Mon pied lancé à toute volée broie ses parties génitales, il se plie en deux en hurlant d'une voix soudain trop aiguë. L'uppercut gauche remontant qui poursuit le geste le cueille avec une épouvantable brutalité en pleine face, lui explosant les os de la pommette et le redressant comme une poupée de chiffon. Un revers de ma main droite ouverte achève la besogne en lui défonçant atrocement la trachée, l'homme devient livide, titube, s'étouffe et tombe enfin, agonisant.

(Tentative d'apprentissage de la CCSA: Kata du Tigre)

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Jeu 4 Juin 2015 23:10 
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Les spectateurs se lèvent en hurlant, certains laissent éclater leur joie morbide, d'autres leur frustration, selon ce qu'ils ont parié sans doute. Je réalise que j'aime cette ambiance survoltée. J'aime l'odeur de la sueur, du sang, de cette peur aigrelette qui saisit ceux dont la vie va s'éteindre comme une vulgaire chandelle. J'aime cet étrange lien qui se crée entre les combattants et la foule, les ovations et les flots injurieux de ceux qui voient leur pécule s'envoler d'un coup bien placé. Et plus que tout, j'aime me battre, j'aime la souffrance qui irradie de mon corps meurtri, le bruit mat de mes poings qui fracassent les os et tuméfient les chairs, je me sens vivant, formidablement vivant!

Mes deux adversaires restants ont placé quelques coups durant le massacre de leur congénère, mais ce sont des guerriers habitués à manier des armes plutôt qu'à se battre à mains nues. Leurs attaques sont imprécises, ils ne savent pas mettre leur poids dans leurs coups et seule la chance fait que, de temps à autre, ils font vraiment mal. Je relève les lèvres en une mimique carnassière en les voyant hésiter, leurs yeux passant à plusieurs reprises du cadavre de leur comparse à ma personne. Ils sont secoués, moralement et physiquement, ce qui me réjouit et m'ulcère à la fois, ce sont des faibles et ils vont mourir ce soir. J'ai l'impression d'avoir trouvé mon deuxième souffle, ma volonté inflexible soutient mon corps meurtri, le doute, la peur, la douleur, glissent sur moi sans trouver prise. Pour l'instant, car je sais qu'elles viendront tels des envahisseurs que rien ne peut arrêter. Mais plus tard. Lorsque les corps de mes ennemis nourriront les chiens.

Les deux larrons trouvent le courage de se jeter une nouvelle fois sur moi, rendus plus brouillons que précédemment par la crainte qui désormais les étreint comme une amante trop exigeante. Je me décale d'un pas sur la droite, évitant un poing dirigé vers ma mâchoire, je saisis le poignet qui me frôle, et je lui retourne le bras violemment dans le dos, de toute ma force. Un craquement sinistre, un hurlement ô combien satisfaisant, et surtout, une prise qui signe la fin de mon ennemi. Sans lâcher son bras cassé, je le force à pivoter pour l'interposer entre son compagnon et moi, je me penche vivement pour le saisir de l'autre main à l'entrejambe, et je le soulève de terre en ahanant sous l'effort pour l'amener au-dessus de moi. Le dernier malfrat recule, supposant que je vais lui envoyer le corps dessus, mais mon intention est toute autre. Je mets un genou en terre tout en tirant brutalement vers le bas mon fardeau, droit sur mon deuxième genou solidement placé à l'équerre. Le dos du guerrier émet un fracas d'os brisés sinistre en se pliant fort peu naturellement sur ma cuisse, nouveau hurlement, qui s'achève en un pitoyable gémissement alors même qu'une mousse sanglante sourd de ses lèvres. Je le jette négligemment sur le côté en me redressant pour faire face à mon dernier adversaire, aussi pâle qu'un mort.

Il recule, le pleutre! Mais bien trop vite à son goût, le mur de la fosse interrompt son mouvement, qui déclenche un charivari de huées méprisantes des spectateurs. J'avance sur lui, et j'ai soudain l'abjecte surprise de l'entendre me supplier de l'épargner! Misérable ver, n'a-t'il donc aucun honneur?! J'empoigne sa tignasse d'une main, méprisant, et je lui crache en guise d'oraison funèbre:

"T'as fait une connerie, petit, une grosse connerie."

Et j'envoie brutalement sa tête éprouver la solidité du mur. La première fois l'assomme net. La deuxième le tue instantanément, sa cervelle se répand sur la maçonnerie. Finalement, un mur vaut bien des pavés. Sous les ovations des gueux rassemblés sur les gradins, je me dirige vers celui dont j'ai brisé le dos. Il vit encore, si l'on peut appeler vie l'effroyable agonie qu'il traverse. Je ne suis pas totalement dénué de pitié: il m'arrive d'abréger les souffrances d'un animal blessé. Je me penche sur le moribond, et lui enfonce mes pouces dans la gorge. Il se débat un peu, vire au rouge vif, puis au violet, et meurt enfin.

Je me relève lentement, parcourant froidement la foule hystérique des yeux. Je plisse imperceptiblement les paupières en voyant un type s'esquiver vivement, si j'avais un doute, le voilà balayé: cette affaire n'en restera pas là. Mon corps se décide enfin à m'apprendre que devoir livrer un autre combat serait une erreur. Il faut que je me tire de ce guêpier sans tarder, dormir ici serait une folie, je n'ai pas besoin de mes souvenirs pour comprendre qu'on ne retrouverait de moi qu'un corps sans vie demain matin si je m'y risquais. Je me dirige donc prestement vers les cerbères des lieux afin de récupérer mon poignard, entouré de plusieurs misérables qui me saoulent de compliments outranciers et de propositions plus ou moins malhonnêtes, et dès que j'ai repris possession de mon arme, je m'extirpe de ces caves puantes en grimpant l'escalier menant à l'étage supérieur quatre à quatre.

Une fois dans l'auberge proprement dite, je me dirige vers le tenancier et lui envoie quelques pièces en lui affirmant:

"Je reviens, garde-moi cette chambre..."

Sans manifester le moindre sentiment, il empoche l'argent en opinant du chef. J'espère bien qu'il ne tiendra pas sa langue si des membres du gang viennent l'interroger, cela me donnera peut-être un peu de temps, s'ils pensent pouvoir me saigner bien tranquillement dans mon lit au plus noir de la nuit. Advienne que pourra, je quitte le bouge d'un pas pressé, le sommeil attendra encore un peu.

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Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: L'auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Lun 5 Nov 2018 13:08 
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Une information capitale


Dès que j’entrai, je sus que je n’allais pas rester longtemps. L'endroit était crasseux, à la limite du supportable. Dans un coin deux ivrognes se battaient pour obtenir les faveurs d’une jeune femme déjà bien dévêtue qui attendait, un sourire aux lèvres. De nombreuses armes tranchantes étaient posées sur les tables occupées, souvent par des gens à l’air louche ou patibulaire, voire les deux. Il y régnait un brouhaha caractéristique des tavernes plus que des auberges et l’ambiance était loin d’être chaleureuse. Quelques têtes se tournèrent vers moi en entrant et il y eut quelques chuchotements et ricanements. Une jeune humaine, la vingtaine environ, blonde et très jolie, s’approcha de moi en roulant des hanches, sa féminité sciemment à découvert. Elle se pencha vers moi avec une expression intéressée.

- Bonjour mon beau, tu veux venir t’amuser ?

Je n’étais pas sûr de vouloir participer au genre d’amusement qu’elle proposait mais si elle me prenait pour un homme, tant mieux. La supercherie ne dura hélas pas longtemps puisqu’elle vit mon visage en se penchant. Elle eut l’air étonnée et regarda derrière elle avant de se concentrer sur moi et de chuchoter.

- Tu devrais partir et vite, ce n’est pas un endroit fait pour les jeunes filles. Mais si tu veux prendre du bon temps, viens me voir, ce sera tarif spécial pour toi ma jolie.

Elle repartit ensuite vers un groupe d’homme qu’elle venait de quitter et s’assit sur les genoux d’un des hommes qui lui tripota alors nonchalamment la poitrine… charmant. Je pus finalement repérer le comptoir et m’approchai pour découvrir… un homme ? Il était massif et particulièrement repoussant, le visage purulent et l’expression peu accueillante. Sacré personnage ! Je m’assis sur un des tabourets libre près du comptoir et attendit qu’il approche. Il prit son temps mais finit par venir me voir.

- Vous voulez quoi ?

- Une boisson fraîche sans alcool et quelques informations

Je déposai quelques pièces sur le comptoir, bien trop pour une boisson, histoire d’attirer son attention.

- Je cherche quelqu’un, deux elfes en fait, un Sindel assez grand avec une oreille coupée et une cicatrice sur l’œil gauche et un Hinion, plus petit, une phalange en moins à la main droite. On m’a dit qu’ils étaient venus chez vous. Ça vous dit quelque chose ? J’étais censée les retrouver en ville mais je n’ai aucune nouvelle.

Le moment de vérité, j’espérai vraiment qu’il me dirait quelque chose d’utile, je n’avais pas envie d’avoir fait tout ça pour rien.


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Dernière édition par Yliria le Mar 6 Nov 2018 17:43, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: L'auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Lun 5 Nov 2018 19:58 
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A la demande de la jeune femme d'une boisson non alcoolisée et fraîche, Grigwig renifla bruyamment en grommelant:

"J'ai une gueule à vendre du lait d'chèvre, moi, gamine?"

Il remplit un gobelet, d'une propreté plus que douteuse, dans un fût situé juste derrière lui et le posa devant Yliria en précisant, sourcils froncés:

"D'la bière, j'ai rien d'moins fort qu'ça, c'pas courant les pucelles dans l'coin."

Lorsque l'enchanteresse lui demanda s'il avait croisé les Elfes qu'elle recherchait, il jeta d'abord un bref regard sur les pièces déposées, le temps d'estimer ce qu'il avait à gagner dans l'histoire sans doute, puis il gratta pensivement l'une de ses pustules pendant quelques secondes avant de répliquer:

"S'peut qu'j'les ai vus, ouais. Y'a deux mois, p't'être trois. S'intéressaient à une grosse bicoque du côté du vieux port d'commerce, j'crois bien, posaient plein d'questions, un peu comme vous."

Il ramassa les yus d'un geste étonnamment vif pour un homme de sa corpulence et haussa ses lourdes épaules en ajoutant:

"J'les ai prév'nus qu'c't'ait pas un coin pour eux et qu'on aimait pas trop les questions par ici, r'marque. Mais z'écoutent jamais rien ces tafioles d'Elfes. Sauf votre respect, m'zelle. Morts et enterrés qui sont à c't'heure, aussi sûr qu'j'm'appelle Grigwig l'Beau."


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 Sujet du message: Re: L'auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Lun 5 Nov 2018 21:25 
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Répondant de mauvaise grâce, le type me servit une bière, disant qu’il n’avait pas la gueule à servir du lait à des jouvencelles… j’aurai essayé, mais pas question que je touche à cette bière, elle ressemblait plus à de l'urine de gnoll qu’autre chose. Après avoir pris les pièces d’un geste vif, il me parla rapidement des deux disparus, disant qu’il les avait vus il y a quelques mois et qu’ils parlaient d’acheter une bâtisse près du vieux port. Il renchérit, disant qu’ils étaient morts et enterrés à l’heure qu’il était malgré ses avertissements. Selon lui les gens du coin n’aimaient pas trop qu’on pose des questions. Dommage… j’en avais encore !

- Vous pouvez me dire où se situe cette fameuse bicoque ?

Il avait dit au vieux port… un peu léger comme indication.

- J'viens d'vous l'dire où c'est qu'elle est c'te baraque: près du vieux port d'commerce. L'a deux tours carrées, p'vez pas la rater.

Vieux port, deux tours carrées… je m’en contenterai, je ne voulais pas qu’il s’énerve. Une dernière pour la route.

- Pourquoi seraient-ils morts ? Elle appartient à quelqu'un de dangereux cette bâtisse ?

Il leva les yeux au ciel, comme si j’avais posé une question idiote, puis répondit:

- Z'avez traversé l'quartier, non? Deux tafioles d'elfes qui crient sur tous les toits qu'z'ont assez d'pognon pour ach'ter une bicoque, leur arrive quoi dans l'coin à votre avis?

J’avais un doute. Si j’arrivais à me débarrasser d’un groupe de malfrats alors que je n’avais que quelques semaines d’entraînement, comment deux guerriers de l’Ordre parfaitement entraînés avaient pu se faire avoir par ce genre de type ? Soit il mentait, soit les elfes étaient tombés sur quelqu’un d’autre que le truand du quartier. Autant aller directement voir au vieux port, j’avais encore quelques heures devant moi et pas le moins du monde envie de traîner plus longtemps dans ce bourbier. Je remerciai donc l’aubergiste qui ne répondit pas et alla faire autre chose en grommelant puis je descendis de mon tabouret et me dirigeai vers la sortie. Je repérai la jeune femme de tout à l’heure qui avait l’air de bien s’amuser. Je rougis sous ma capuche et me hâtai de sortir en recevant une remarque moqueuse d’Alyah qui reprit les mots de l’aubergiste, me traitant de "pucelle coincée" ce à quoi je ne répondis pas, je n’allais pas entrer dans ce genre de conversation avec elle ! Et certainement pas ici !


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 Sujet du message: Re: L'auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Lun 26 Nov 2018 20:00 
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Nid de vipère


Trois jours passèrent avant que Sorinion ne reviennent de la ville pour voir où j’en étais. J’avais passé trois jours entiers à réfléchir pour trouver une vraie solution, un vrai plan, mais sans succès, tout semblait totalement dangereux et inconsidéré comme Alyah ne manquait pas de me le faire remarquer à chaque fois. J’en étais même venue à souhaiter que les types me trouvent pour ne plus avoir à y réfléchir, mais l’idée n’était guère plaisante il fallait l’avouer. La seule idée valable était de rencontrer la Vipère et de trouver un moyen de le faire parle, mais comment ? En parlant avec Sorinion, l’idée de l’attirer quelque part était mauvaise, il serait sur ses gardes après les récents évènements. Selon lui le plus simple serait de donner rendez-vous dans l’auberge même, en privatisant une chambre pour le lieu de rendez-vous. J’aurai approuvé si je n’avais pas tous les pires truands de la ville aux trousses, je ne ferai même pas deux mètres dans ces ruelles obscures avant d’être repérée. Alyah m’assura qu’elle saurait y remédier, du moment que j’y allais en plein jour et je proposai donc d’y aller le lendemain.

Sorinion valida l’idée, mais précisa que nous aurions sans doute à secouer un peu l’homme pour obtenir des informations. Je m’y attendais évidemment, mais cela ne me fit pas plaisir d’entendre ça. Cela dut se voir sur mon visage car Sorinion soupira et passa à autre chose, à savoir le prétexte pour que la Vipère se déplace d’elle-même. L’idée retenue fut celle d’une offre concernant une commande d’esclaves, Sorinion jouant le rôle de l’intermédiaire.

- Tout ça est très bien mais… et moi ? Je ne vais pas rester ici donc il faut une excuse pour que je vous accompagne dans la chambre non ?

Sorinion eut un petit sourire.

- Ne vous inquiétez pas pour ça, j’ai une idée et elle éloignera quelques soupçons.

Son regard légèrement moqueur ne me plut pas mais je n’insistais pas beaucoup plus, j’avais d’autres choses en tête.

Le lendemain, je déambulais donc aux côtés de Sorinion dans les rues de la ville en angoissant à chaque coin de rue. J’avais les mains moites et le cœur qui battait la chamade. Sorinion m’avait débarrassé de mon épée, disant qu’elle était trop voyante et il l’avait rangé dans mon sac qu’il portait. Je me sentais tellement démunie sans elle… Alyah me dit que personne ne parviendrait à m’identifier et à me suivre mais je n’arrivais pas à me relaxer, j’étais en pleine panique intérieur. Je marchai tête baissée, la main de Sorinion sur mon épaule. Tout se passa bien dans les rues principales, mais lorsque nous entrâmes dans les ruelles sombres, je devins encore plus méfiante et ne cessai de jeter des coups d’œil dans tous les sens jusqu’à ce que Sorinion, excédé, ne m’ordonne d’arrêter.

- Vous allez rendre les gens encore plus suspicieux ! Baissez la tête, avancez et bouclez-là !

Il n’avait pas besoin d’être aussi agressif… Mais il avait raison car personne ne nous arrêta et nous pûmes entrer dans l’auberge. Mes souvenirs de cet endroit n’étaient guère agréables et l’ambiance n’avait pas vraiment changée depuis. Sorinion se dirigea directement vers le comptoir et héla le tavernier qui vint le voir.

- B’jour, qu’est- ce que j’vous sers ?

On avait convenu que Sorinion parlerait, ce serait moins suspicieux. Je m’attendais tout de même à des questions…

- Une chambre et je cherche à joindre quelqu’un. On m’a renseigné hier sur vos affinités avec une certaine « Vipère ». Des marins visiblement bien renseignés mon parler de votre établissement et de ses activités. Je cherche à passer une commande pour un client important et j’aurai besoin de discuter de certains arrangements.

Le tavernier leva un œil suspicieux et le fixa quelques instants avant de remarquer la petite bourse qu’il avait posé négligemment sur le comptoir et qui disparut dans ses grandes mains. Je gardai la tête sous ma capuche mais le senti me scruter après qu’il eut emporté l’argent.

- Et elle ?

Sorinion me tapota négligemment la tête tout en répondant

- Oh et bien je ne m’attends pas à ce qu’il vienne tout de suite, alors j’ai amené une distraction. En plus elle correspond à ce que mon client recherche, elle sera un parfait modèle. Je suis sûr que mon interlocuteur aimerait également s’amuser un peu, elle est divine croyez-moi et elle sait y faire pour faire prendre son pied aux plus froids des hommes.

Il avait dit ça avec une vois mielleuse et j’eus même droit à une claque sur les fesses qui me fit lâcher un petit cri ridicule. Je me retins à grande peine de le gifler et gardai la tête basse. Il ricana et le tavernier fit de même en lui donnant une clé.

- J’vais voir c’que j’peux faire ! Amusez-vous bien avec elle mais évitez de trop la faire crier, vous risqueriez d’ameuter du monde. Sauf si vous voulez partager…

- Oh non, un trésor comme elle, je le garde pour moi et pour quelques privilégiés, il ne faudrait pas l’âbimer.

Nouveau rire de la part des deux et Sorinion monta dans la chambre et je le suivis. Une fois la porte fermée, je retirai ma capuche et lui offrit le regard le plus noir possible.

- Vous vous êtes bien amusé ? Je peux vous demander ce qu’il vous a pris ?! Touchez-moi encore une fois comme ça et je vous jure que vous le regretterez.

Sorinion n’eut pas l’air inquiet, loin de là, il avait un regard amusé et cela me mit encore plus hors de moi.

- Vous n’avez pas soulevez d’interrogations et je devais rester dans mon personnage, vous exagérez. Je ne suis pas intéressé par des gamines qui plus est.

- Mais ce n’est pas le problème ! Vous …

- Je nous ai évité des questions suspicieuses alors calmez-vous. Nous ne savons pas combien de temps cela mettra, mais vous devez rester dans la chambre, alors installez-vous confortablement. Vous savez quoi faire lorsque le rendez-vous arrivera ?

Je soupirai en me promettant de lui faire regretter son geste. Il n’avait pas à faire ça, point !

- Oui je sais, je fais semblant de dormir en me cachant à moitié sous les draps et j’attends que vous fassiez les présentations pour sortir. D’ailleurs quel nom j’aurai ?

Il eut un petit sourire et je levai les bras en signe d’abandon, je n’avais finalement pas envie de savoir ce qu’il avait en tête. J’examinai la chambre et eut une grimace de dégout. Elle comportait un vieux lit, une table et deux chaises ainsi qu’une commode bringuebalante et était loin d’être propre, elle était un peu miteuse et il y avait des tâches au sol… et ce n’était pas que du sang seché. Au moins les draps n’avaient pas l’air sales, c’était déjà ça. Il n’y avait évidemment qu’un seul lit mais Sorinion dit que nous dormirions à tout de rôle, au cas où quelqu’un essaierait d’entrer. Il y avait une fanêtre qui menait sur une ruelle étroite et qui serait ma porte de sortie au cas où les choses tourneraient mal… enfin quand elles tourneraient mal, car ça allait mal tourner, j’en avais la certitude. Et c’est ainsi que nous attendîmes, en espérant que la « Vipère » mordrait à l’hameçon. Sorinion prévoyait de descendre pour manger et me remonterait de quoi faire de même, ajoutant qu’il dirait que j’étais trop fatiguée pour descendre. Le sous-entendu était évident et appuyé mais je me gardai bien du moindre commentaire, me contentant de lui jeter un regard noir qui le fit sourire.

- Vous n’êtes guère à l’aise avec ça n’est-ce pas ? Vous êtes une Shaakte bien singulière.

- Si j’étais vraiment une Shaakte je ne serai pas dans cette auberge miteuse avec vous. Et mon rapport avec… ça ne vous regarde pas. Concentrons-nous plutôt sur la mission.

- Il n’y a plus grand-chose à faire à part attendre, alors si vous me parliez un peu de vous ? Comme vous l’avez si bien souligné vous n’êtes pas vraiment une Shaakte, je suis curieux.

Je le regardai en plissant les yeux. Il s’était installé sur une chaise et se balançait négligemment dessus en me regardant d’un air serein. Il n’avait pas l’air de se moquer de moi mais je n’avais pas la tête à ça.

- Je n’ai rien à vous raconter, je n’ai pas la tête à ça.

A ma grande surprise il n’insista pas et resta assis sur sa chaise.

- Comme vous voulez. J’espère pouvoir entendre tout ça lorsque nous aurons réglé le problème de ces criminels.

Je haussai les épaules comme pour dire que ce n’était pas au programme. Un silence s’installa et perdura un moment jusqu’à ce qu’il descende pour prendre un repas. Je restai seule à attendre… pour combien de temps ?


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Dernière édition par Yliria le Jeu 29 Nov 2018 20:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'auberge de Grigwig le Beau
MessagePosté: Jeu 29 Nov 2018 16:10 
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Intervention de Guilde pour Yliria


L'attente dura de longues heures, jusqu'à ce que, aux alentours de minuit, Sorinion ne repère par la fenêtre une bande d'une demi-douzaine de personnes approchant d'un pas pressé de l'auberge. D'un air sombre mais résolu, il prévint Yliria:

"Prudente la Vipère, la voilà qui débarque avec six sbires..."

Il récupéra rapidement son baudrier d'armes et le boucla autour de sa taille avant d'ajouter:

"Je peux me charger de ces marauds et empêcher que des gêneurs viennent voir ce qui se passe, mais il faudra que tu te débrouilles avec la Vipère. Prête?"

Deux minutes plus tard, des coups secs furent frappés à la porte et, après un dernier sourire d'encouragement à Yliria, Sorinion alla ouvrir. L'homme qui avait frappé, un colosse noiraud au faciès brutal sanglé dans une cotte de mailles et muni d'une lourde hache, scruta l'allié d'Yliria d'un regard perçant, jeta un bref oeil à la jeune femme allongée derrière lui puis demanda d'un ton rogue:

"Paraît que tu veux causer affaires, mon gars?"

Le Danseur d'Opale acquiesça d'un léger signe de tête mais, loin de se laisser impressionner par l'apparence du visiteur, il rétorqua d'une voix tranchante:

"C'est exact, mais c'est à ton maître que je veux parler, pas à l'un de ses sous-fifres."

"Voyez-vous ça", rétorqua son interlocuteur avec un sourire goguenard, "tu lui causeras si je le décide petit, et certainement pas armé comme tu l'es. File-moi tes armes et pousse-toi bien gentiment, que je voie un peu cette donzelle que tu caches dans ton lit."

"Si tu veux mes armes il va falloir venir les prendre, mon gros, et ce n'est pas à ta portée", répliqua Sorinion d'un ton glacial, "mais jette donc un coup d'oeil à ma petite merveille, ça devrait te convaincre qu'il serait sage d’appeler ton maître."

Il s'écarta un peu de l'embrasure, juste assez pour que le colosse puisse observer Yliria mais pas assez pour qu'il puisse la franchir sans devoir lui passer sur le corps. A la vue de la jeune semi-Shaakte, les yeux du sbire s'écarquillèrent légèrement de surprise et c'est d'un ton hargneux qu'il grogna:

"Bordel, mais c'est la petite garce qu'on cherche! Comment tu l'as eue mon salaud?!"

"Ça ce ne sont pas tes affaires, contente-toi de me présenter à ton chef pour qu'on puisse régler notre petite affaire, je n'ai pas toute la nuit."

"Mouais. J'vais faire ça, mais approche seulement un doigt de tes armes et je me fais un hanap de ton crâne, c'est clair?"

Se retournant, il adressa un signe de tête à ceux qui, invisibles depuis l'endroit où Ylira se trouvait, le suivaient, puis il fit signe à Sorinion de s'écarter, ce que le Danseur fit tout en se plaçant de manière à rester entre la jeune femme et les visiteurs. Le colosse entra à son tour dans la pièce sans jamais cesser de surveiller Sorinion d'un air méfiant, suivi de l'un de ses comparses, un chauve trapu tout aussi lourdement équipé, puis d'une autre personne qui, sans doute, ne devait guère ressembler à ce qu'Yliria s'était imaginé.

Image


En la voyant, il n'était guère sorcier de deviner d'où venait son surnom, une vipère de belle taille entourant en effet son bras fin. La femme ne jeta qu'un bref regard indifférent à Sorinion avant de dévisager Yliria avec un sourire faussement aimable et de lâcher à l'attention de ses sbires et du Danseur d'un ton hautain ne souffrant aucune réplique:

"Laissez-nous et attendez-moi en bas. Nous avons deux ou trois petites choses à nous dire, toutes les deux..."

Sorinion adressa un discret regard un peu inquiet à Yliria, mais il ne s'opposa pas à cet ordre et sortit à la suite des gardes du corps de la Vipère. La jeune femme était désormais seule face à son destin.


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