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 Sujet du message: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Jeu 30 Oct 2008 21:02 
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L'auberge du Neligo Solitaire


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Dans la région la plus à l'est de la ville se tient l'auberge du Néligo Solitaire. Son nom vient du propriétaire de l'auberge, un ancien coureur de plaine qui a adopté l'un de ces loups géants qui errent dans la montagne et la forêt proche. Cet animal vivait seul, loin de son peuple.

Le néligo solitaire devint solidaire de l'elfe, et solitaire par rapport à son peuple. Si vous faites d'ailleurs attention, derrière le comptoir, vous verrez 2 oreilles qui dépassent, c'est le néligo.

Sinon Ildaryn Aëron, le propriétaire, est un Elfe âgé de deux ou trois siècles. Les voyageurs étant rares, il leur offre la chambre, mais non le couvert. Une petite dizaine de chambres sont disponibles aux errants. Toutes sont faites pour deux à trois personnes.

La salle de séjour se trouve au rez-de-chaussée, vous y trouverez un bar ainsi qu'un restaurant.

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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Sam 4 Aoû 2012 02:21 
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Warren avait déposé le montant sur le comptoir et c'est ainsi qu'il put finir d'acquérir ses petits 'outils'. Il quitta donc la boutique et se dirigea vers les rues de nouveau en rangeant soigneusement le tout dans son sac. Mieux valait qu'il soit rempli avec des papiers qu'avec des pierres comme le rune ... Mais il restait encore de vieilles bottes dont il ne se souvenait même plus comment elles avaient atterries ici. De toutes façons à Hidirain il n'y avait aucune échoppe permettant de les vendre il allait donc devoir les garder encore un moment. Il faisait encore jour et il ne savait pas quoi faire pour attendre le soir car comme l'avait dit Festenhärt il fallait que tout le groupe se rejoins à l'auberge de la ville. Mais que faire en attendant ? Rien, absolument rien ... Le jeune mage pensa bien à lire ses parchemins mais quand on apprenait un sortilège, surtout de la foudre, il fallait en général un terrain pour pouvoir exercer, ou du moins ne pas être entouré ... Mais là en pleine ville, de jour où les rues sont assez fréquentées ... Non, ce n'était pas une bonne affaire. Attendre était alors la meilleure solution et c'est ce qu'il fit. C'est alors qu'il songea à se rendre directement à l'auberge, s'il devait les attendre pourquoi ne pas se rendre avant tout le monde là-bas, ça économiserai beaucoup de temps. Arrivé devant l'auberge il poussa la porte et entra dedans. Un lieu assez 'calme' pour une auberge ça changeait des bonnes vieilles tavernes sentant le rhum et la sueur. Le jeune homme se rendit au bar de l'établissement et commanda justement un rhum pour se remettre les idées en place.

Warren n'était pas très loquace et le fait qu'il était seul au comptoir à cette heure-ci pouvait paraître un peu étrange. Le groupe était arrivé en début d'après-midi dans la ville, après que Festenhärt ai conduit le groupe jusqu'à centre de la cité, le mage était parti faire ses affaires. On était donc presque à la tombée du soir et après environ une heure d'attente les autres mercenaires arrivèrent l'un après l'autre. Ils étaient contents de se retrouver et se demandèrent où était leur chef. C'était lui qui avait donné ce rendez-vous et voilà qu'il était le premier absent. Le temps de s'installer à leur tour dans le bar en rejoignant Warren, ils semblaient assez confiant malgré le fait que le chef n'était pas là. Se disant qu'il devait encore être dans une sombre affaire, les guerriers ne songèrent pas longtemps à cela. Au fur et à mesure que le bar se remplissait de gens l'ambiance autour de la table des mercenaires devenait de plus en plus conviviale. Il fallait dire que le fulguromancien n'avait pas beaucoup papoté avec eux, mais il décida de rattraper ce détail maintenant. La discussion se porta alors sur ce qu'ils comptaient tous faire après avoir quitté la ville, les intentions du groupe et de Festenhärt. C'était d'ailleurs sur ce dernier que Warren voulu en savoir plus, posant plusieurs questions à propos de lui à ses camarades.

-"Mais … Je suis censé l'avoir connu comment ? Je me souviens vaguement de lui, je sais que c'était un 'proche' mais je ne me rappel pas vraiment de qui est-il ni dans quelles circonstances on s'est connu."-

Sur ce un des hommes éclata de rire puis pencha sa tête en avant. Le gaillard expliqua au mage que le chef et lui était de très bons amis avant "l'accident". Selon ce dont il se souvenait les deux hommes avaient dû oeuvrer ensemble pour tuer le rival du mercenaire, mais leur "rencontre" s'était déroulé avant. En réalité, Warren avait connu Festenhärt au départ par le fait qu'il avait "embauché" les mercenaires et le chef pour une mission précise, qui toujours selon le grand bonhomme s'annonçait longue et fatigante. Mais tout ceci n'éclairait guère la question et ce fût à ce moment qu'il révéla plusieurs éléments au mage de foudre. Cette mission était d'un ordre "capital", c'était la raison pour laquelle Warren avait dû demander de l'aide. Mais il n'avait informé que le dirigeant du groupe du but de tout ceci, et durant la première partie de la mission ils avaient tissés des liens d'amitiés. Jusqu'au jour où le mage s'était séparé du groupe et depuis plus aucun signe de vie. La seule fois où ils l'ont revu c'était il y a quelques jours à Exech. Ni Festenhärt ni Warren ne savaient ce qui s'était produit, et le seul moyen était que le jeune homme retrouve sa mémoire.

La discussion continuait au moment où le chef débarqua enfin mais de manière très surprenante. Il ne laissa pas le temps à ses hommes de placer un mot. Parlant vite d'un ton à la fois pressé et menaçant il ordonna à tous de partir immédiatement ... De prendre leurs jambes à leur cou car la situation allait rapidement dégénérer s'ils restaient ici. Dans la confusion ils obéirent mais à peine sorti de l'auberge un petit groupe d'elfes déboulant du détour de la ruelle pointa leurs regards vers eux et même pas quelques instants après se mirent à les pourchasser. Une véritable course dans les ruelles de la ville commença, la nuit était tombée, peu de gens étaient présents dans les rues. En s'efforçant de se repérer tout en sprintant, il décida de refaire séparer le groupe.

-"Je vous expliquerai tout une fois qu'on aura quitté la ville, en attendant dispersez-vous ! Quittez la ville le plus rapidement que possible !"-

Au moment où le jeune mage voulu prendre son propre chemin le mercenaire en armure le retenu et lui dit de le suivre. Il connaissait la ville plus ou moins ça serait plus pratique forcément, le duo s'engouffra alors dans d'indénombrables ruelles et passages en essayant de semer les elfes qui les poursuivaient. Pourquoi ? Qui étaient-ils et que voulaient t'ils ? Sur l'instant il fallait fuir. Heureusement que le groupe des traqueurs s'était aussi divisé pour poursuivre les autres. Après quelques minutes de courses acharnées le binôme arriva finalement dans une impasse, les bandits les avaient devancés. Car dans la ruelle où ils avaient finit leur course que ce soit en avant ou en arrière ils étaient cernés par leur traqueur. Deux groupes de deux elfes faisaient face à Warren et Festenhärt qui ces derniers se faisaient dos. Les deux paires d'elfes se rapprochèrent d'eux lentement en dégainant leurs armes, épées et dagues, pendant que le grand homme en armure chuchota au mage ce qu'ils allaient devoir faire ... C'était plutôt "simple" d'ailleurs.

-"Ils sont quatre nous sommes deux … Mais on est plus aguerri que ces tafioles. On va devoir s'en prendre deux pour chacun tu entends ? J'espère que tu sais te battre car eux ils ne rigolent pas … Je t'expliquerai tout ça plus tard. Un conseil : Vise les jambes ils ne sont pas très bien protégés à cet endroit."-

Le fulguromancien ne comprit pas ce qui se passait la rapidité des évènements le dépassait. Mais il n'eut pas le temps de penser à tout cela que son camarade fonça vers le premier groupe et que le deuxième chargea littéralement sur lui. Se jetant au dernier instant sur le côté il était collé de dos contre le une poutre d'une rambarde bois qui était en fait la "clôture" qui séparait la rue du mur de pierre arqué. Donc en voulant se relever il colla son dos et sa tête percuta la poutre le sonnant légèrement au passage.

-(De l'action, enfin !)-

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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Mer 7 Aoû 2013 11:54 
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Le jeune semi-elfe flâna encore un moment dans les rues de la ville avant de décider qu'il était l'heure d'aller à son rendez-vous avec Miradlis au Neligo Solitaire. Lorsqu'il repensait à leur rencontre, il se sentait irrité. En fait, il trouvait que l'elfe avait fait preuve d'arrogance et de condescendance. De quel droit s'était-elle permise de juger de ses capacités de rodeur ? Elle ne le connaissait même pas !! Alors d'accord, il s'était trompé de cascade, mais à sa décharge il n'était plus venu dans cette partie de la forêt depuis plus de deux ans. Ensuite, rien ne prouvait qu'il serait réellement tombé dans la crevasse. Le jeune semi-elfe avait confiance en ses sens qui l'avaient, de par le passé, sauvé à maintes reprises de ce genre de piège.

(c'est décidé, quand je me retrouverai à nouveau en face d'elle, je ne me laisserai plus marcher sur les pieds.)

C'est dans cet état d'esprit qu'il poussa la porte de l'auberge.

"Bien le bonjour cher monsieur, bienvenue à l'auberge du Neligo solitaire, le meilleur établissement d'Hidirain. Ici les lits sont confortables et la bière toujours fraîche. Laissez-moi deviner, il vous faut une chambre et un bon repas chaud ? je vous offre le tout pour 8 Yus seulement !"

Sildarim se tourna vers le comptoir pour y voir un personnage d'environ 1m80, svelte, au physique plutôt engageant. Pourtant ce qui marquait le plus dans la physionomie du personnage, c'était l'énergie qu'il semblait déployer dans chacune de ses actions. Tout en parlant, l'habile tavernier était occupé à essuyer des verres, mais la vaisselle passait si vite entre ses mains, qu'on avait presque l'impression qu'il jonglait.

"Salutations aubergiste, ton offre est tentante. Aurais-tu une table un peu à l'écart ? J'attends quelqu'un et je ne veux pas être dérangé."

Une fois l'arrangement payé, le jeune semi-elfe entra dans la grande salle de l'auberge et s'assit à une table isolée à quelques pas de la cheminée. On lui amena rapidement une belle pièce de gibier et une pinte de bière. La pièce était relativement peu remplie mais la soirée ne faisait que commencer. Tout en mangeant, Sild réfléchissait à son emploi du temps du lendemain. Il avait plusieurs choses à se procurer: une carte de la région et des rations de voyage, car la chasse est un art aléatoire, qui peut vous laisser le ventre vide sur le bord du sentier, spécialement lorsque l'on voyage dans une région inconnue. Il se remémora également un conseil donné par Jonweld: "Pense toujours à te munir d'une solide corde et de matériel d'escalade quand tu voyages." Durant un instant il sourit car cela lui avait rappelé une situation vécue deux ans auparavant.


Par un bel après-midi d'été, maître et apprenti parcouraient la montagne près de leur village à la poursuite d'un ours tueur qui sévissait dans toute la région. La chasse avait duré plusieurs heures et touchait à sa fin. Après avoir débusqué et abattu la bête. Son mentor qui était un alchimiste confirmé et un bon commerçant, avait estimé la valeur marchande de la carcasse à plus de 1000 yus. cependant, ils devaient encore la ramener au village.

La difficulté, c'était la falaise de cent mètres qu'ils allaient devoir descendre avec leur prise. Sild avait suggéré qu'ils créent un traineau et qu'ils la contournent. Après tout, cela ne représentait qu'un détour de quelques kilomètres, mais son mentor avait décidé qu'il valait mieux descendre leur prise attachée à une corde pour gagner du temps. Les deux rodeurs s'étaient donc mis à l'ouvrage, taillant des rondins pour en faire une palette. Ils l'avaient ensuite chargée de la carcasse et de leurs sacs à dos. Puis, grâce à un ingénieux système de poulies à blocage fixées sur plusieurs gros arbres proches, ils avaient pu réguler la vitesse de descente de la palette, attachée aux 4 coins par la corde du rodeur expérimenté.

Tout c'était bien passé les dix premiers mètres, mais soudain un claquement sec avait retentit. En une seconde, Sild vit passer le morceau de corde rompu devant ses yeux. Quand les deux rodeurs se penchèrent du haut de la falaise, ils virent que la carcasse s'était écrasée sur les rochers en contrebas. Ils avaient ensuite descendu la falaise en rappel avec la corde de Sild, et constaté le désastre: Toutes les dents de la bête, un article de premier choix pour les alchimistes étaient brisées, les peaux de l'ours avaient été déchiquetées par la tension lors de l'impact, quant aux viscères, elles avaient tout simplement explosé. En résumé: leur prise était totalement inutilisable. Le pire, c'est que leurs sacs semblaient avoir été emportés par la rivière qui passait juste à côté. Depuis ce jour, Jon n'avait plus jamais réprimandé Sildarim sur la manière dont il entretenait son équipement.

C'est alors qu'un jeune elfe vert s'approcha de lui, le tirant de sa rêverie.


"C'est toi Sildarim ?"

Le rodeur lança un regard en coin au nouvel arrivant, sans daigner se tourner. Il était petit, élancé, et dans ses yeux scintillait une lueur maligne.

"Il parait oui… Qu'est-ce que tu veux ?"

"J'ai un message pour toi, de la part d'une elfe. Elle m'a promis que tu me donnerais 20 Yus si je te l'amenais…"

Le semi-elfe se tourna lentement vers la voix, but une gorgée de bière, puis répondit d'un ton neutre.

"Elle a dit ca ? Bon… Et bien donne le message"

À la surprise de Sild, l'enfant lui tendit un papier qui disait ceci: Retrouve-moi à minuit vers la cascade ou nous nous sommes rencontré, j'ai des révélations à te faire concernant mon oncle.

Le message n'était pas signé, mais il n'y avait aucun doute sur l'identité de son auteur. Sild resta silencieux un instant, pensif. Décidément l'attitude de cette Miradlis l'étonnait.

"Alors tu me les donnes mes 20 Yus ? hein?"

Cette fois, le rodeur sourit à son impertinent interlocuteur.

"Comment t'appelles-tu, messager ?"

"Mon nom est Yochkan"

"Et bien, Yochkan, laisse-moi t'apprendre une chose capitale: Quand tu veux extorquer de l'argent à quelqu'un, mieux vaut éviter de lui donner ce qu'il désire avant qu'il n'ait payé."

"Quoi ????? ça veut dire que tu ne vas rien me donner ??? maudit humain puant. Vous êtes tous pareils, vous n'avez aucune parole."

"Je suis pas humain et je t'ai rien promis. Maintenant dégage avant que je m'énerve."

Voyant qu'il n'obtiendrait rien du semi-elfe, Yochkan tourna les talons non sans proférer quelques jurons. Sild termina son dîner et sortit de l'auberge.

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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Mer 3 Juin 2015 19:34 
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Il nous faut un bon moment pour atteindre l'auberge indiquée. Non qu'elle soit éloignée, mais la beauté de la ville est telle que nous nous arrêtons tous les trois pas pour admirer l'une ou l'autre bâtisse. Une imperceptible nostalgie me vient, j'ai quitté depuis si longtemps le "monde elfique" que mes souvenirs s'étaient ternis, mais la vision féerique de ce haut lieu de l'art des Hinïons les ravive subitement.

(Ô Hidirain, blanche perle des monts, comment pourrais-je ne pas te comparer à la perle grise du Naora qui m'a vu naître, alors même que mes origines viennent de m'être dévoilées? Et toi, Jaëlle, du haut des nuées opalescentes, te souviens-tu de moi, de nous, de nos rêves? Vois-tu ce rappel de la beauté Elfique, vois-tu comme il reflète nos aspirations? Ou n'es-tu plus que cette odieuse créature qui me traque, privée de repos, vouée à engendre la souffrance alors que tu n'offrais autrefois que du bonheur? Devrai-je plonger mes lames dans ton corps profané? En aurais-je seulement le courage? Oui...je le trouverai...et je trouverai le responsable de cette atrocité...pour l'amour de toi, en l'honneur de nos rêves qui me semblent si purs aujourd'hui...je ne t'ai pas oublié, Jaëlle, chaque pas me rapproche un peu plus de toi. Mais avant, je vais vivre, et devenir celui que je peux être!)

Nous finissons par parvenir à l'établissement recommandé, et y entrons sans plus tarder, fatigués par la longue route que nous avons parcourue aujourd'hui. L'auberge est à l'image de la ville, paisible et splendide, quelques elfes y sont installés, sirotant leurs breuvages tranquillement. L'aubergiste nous accueille avec un grand sourire avenant en s'exclamant:

"Bienvenue, voyageurs! Installez-vous donc confortablement, et dites-moi ce que je puis vous servir!"

Nous obtempérons et prenons place à une table libre après lui avoir rendu son salut, puis je lui demande de nous apporter un repas consistant et de quoi nous désaltérer pour commencer. Deux chopes d'hydromel sont rapidement posées devant nous, je lève la mienne à la santé de Sha'ale et en déguste quelques longues gorgées avec bonheur avant de reprendre la parole, pensif:

"Voilà une ville peu ordinaire, je n'ai jamais ressenti nulle part une telle paix. J'aurais besoin, demain, de faire quelques achats. Nous trouverons sans doute quelques boutiques en visitant cette cité. Ensuite, j'ai bien envie d'aller voir la cité des Thorkins, il parait que c'est une merveille également, mais souterraine, et je n'ai jamais eu l'occasion de voir une ville de ce peuple, je suis curieux. Qu'en dis-tu?"


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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Lun 8 Juin 2015 23:53 
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L'auberge d'Hidirain

L’aubergiste nous salue et nous propose de nous installer afin qu’il puisse nous servir quelque chose et Tanaëth lui demande de nous apporter un bon repas chaud. Au vu du creux qui agite mon ventre et de mon poil humide, il semblerait que ce repas devienne nécessaire. Ne pas nourrir un chat peut s’avérer regrettable pour son humeur, comme avait pris l’habitude de me faire remarquer Vomen lorsque je devenais morose et que je m’assombrissais dans la caverne des contrebandiers. Ces deux lascars me manquent, mine de rien. J’espère pouvoir les revoir un jour.

Deux chopes d’hydromel nous sont servies et nous trinquons, ravis d’être arrivés à destination, sans un lieu aussi magnifique. Je trouve cela étrange de trinquer ainsi avec une personne que je ne connais que depuis quelques heures, mais après tout, on ne vous sauve pas la vie tous les jours.

Tanaëth finit par déclarer qu’il nécessiterait de faire quelques achats et que nous trouverons sans doute des boutiques en visitant la cité. De plus, il serait curieux de visiter la cité thorkine qui, dit-on, est de grande beauté. J’acquiesce avec ce qui passe pour un grand sourire sur mon faciès félin, dénudant mes crocs.

- Ce sera volontiers ! J’ai gagné le premier argent de ma vie dans la caverne des contrebandiers, autant apprendre à le dépenser. Ce sera le tout premier achat que j’effectuerai qui ne soit pas pour de la boisson… Quant aux Thorkins, et bien, puisque nous sommes ici, autant en profiter, n’est-ce pas ? J’ignore ce que je pourrais bien trouver, mais j’aviserai sur place.

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Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Mar 9 Juin 2015 20:18 
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Je déguste l'hydromel avec un véritable plaisir, il me semble que cela fait une éternité que je n'avais pas bu une goutte d'alcool, et celui-ci est excellent! Sha'ale m'explique avec une certaine fierté qu'il a gagné son premier argent chez les contrebandiers, et parait se réjouir de le dépenser! Cela me fait rire, sans la moindre moquerie. Je peux plus ou moins imaginer ce que cet acte signifie pour quelqu'un qui a été esclave toute son existence, et je suis heureux pour lui que ce sombre passé soit derrière, même si s'en extirper a été douloureux d'après ce qu'il m'a conté. Cela me fait soudain repenser à une chose dont nous avons parlé, je détache la dague accrochée à ma ceinture, et la lui tends garde en avant, toujours dans son fourreau:

"Tiens, prends ceci. Tu m'as dit ne pas savoir te servir d'une épée, mais ceci tu devrais être en mesure de l'utiliser. Ce n'est pas une excellente dague, mais elle parera tout de même mieux une arme que tes griffes."

L'idée d'aller visiter la cité Thorkine ne le dérange pas visiblement, même s'il ignore ce qu'il pourrait bien y trouver. Question à laquelle je ne puis apporter la moindre réponse, n'ayant jamais visité une ville de ce peuple. J'ai entendu quelques récits sur ce lieu durant mes errances, certains sans doute très exagérés, mais tous se recoupaient sur quelques points que je partage avec lui:

"Il parait que c'est un véritable dédale dont nul ne connait l'étendue exacte. Il y a des mines, et les Thorkins sont savants en matière de gemmes et de métaux, qu'ils travaillent fort habilement d'après ce qu'on m'a dit. J'ai entendu conter qu'une grande partie du peuple qui l'habitait jadis a émigré à Mertar, ce qui a causé l'abandon d'une bonne partie de la ville et des mines. D'après un voyageur, les souterrains n'auraient pas tous été creusés par les Thorkins, certains seraient naturels, et d'autres auraient été excavés par des peuples différents, dont je ne sais rien. Les trésors de la montagne auraient causé une guerre entre les Hinïons du lieu où nous nous trouvons et les Nains, il y a longtemps, mais là encore je ne sais rien de plus."

L'aubergiste interrompt mon laïus en apportant les premiers plats, beaucoup de légumes, de fruits, de la viande, du pain, du fromage, tout ce qu'il faut pour un festin! Ayant entendu la fin de notre conversation, l'Hinïon déclare sur le ton de la confidence:

"Les souterrains de Rock Armath sont immenses, mais dangereux. Beaucoup sont en partie effondrés, ou sur le point de s'écrouler, et il y rôde des créatures qu'il ne fait pas bon croiser. Ceci dit, il y a effectivement beaucoup d'histoires parlant de trésors enfouis, dissimulés ou perdus, dont certains objets de même nature que cet arc légendaire que vous portez, Sindel. Je suis d'ailleurs très surpris, je n'aurais jamais pensé qu'il réapparaitrait, et encore moins entre les mains d'un Elfe Gris. Mais je ne veux pas vous ennuyer alors que le repas vous attend, je vous dirais encore simplement que j'ai accueilli ici-même plusieurs aventuriers audacieux qui se sont lancés à la recherche de ces richesses, mais malheureusement, fort peu sont revenus de leur périple. Enfin, je vous souhaite un excellent appétit!"

Je l'arrête d'un geste alors qu'il s'apprête à retourner à son travail, intrigué par ses paroles:

"Cet arc...qu'en savez-vous au juste, l'ami?"

Il sourit, avec une lueur pensive dans le regard, et me répond:

"Il fait partie de nos légendes, celles qui datent du conflit entre les Thorkins et mon peuple. Une Hinïone, Galael, archère légendaire et fille du roi de l'époque, accomplit avec lui un exploit remarquable, en tuant d'une seule flèche un élémentaire de feu qui menaçait les siens. Elle périt peu de temps après, sous les coups d'un puissant guerrier Thorkin muni d'une lame ardente, dont la légende dit qu'elle fut embrasée par Meno lui-même. Mais il ne profita pas de son triomphe, une tornade surnaturelle vengea la mort de Galael en le précipitant dans une faille souterraine, et emporta la princesse ainsi que son arc vers le lieu de son dernier repos, que nul ne parvint jamais à trouver."

Il observe l'arc avec admiration un instant, rajoutant à mi-voix:

"Enfin, il semblerait que sa tombe ait été découverte, finalement...oserais-je vous demander si...je veux dire...est-ce vous qui l'avez découverte cette tombe? Cet arc...était-il...dedans?"

J'accroche son regard pour lui répondre avec douceur:

"J'ai découvert la tombe de votre princesse, oui. Elle était protégée par un élémentaire d'air. Mais je n'ai pas profané ce lieu sacré, le sylphe m'a offert cet arc après m'avoir éprouvé. Votre aïeule repose dans un sarcophage de glace, elle semble dormir d'un sommeil éternel, en paix. Et j'espère bien qu'il en sera toujours ainsi."

Je marque une pause, puis porté par mon insatiable curiosité, je lui demande encore:

"Cette lame ardente, que portait le Thorkin, est-elle toujours perdue dans les souterrains, ou quelqu'un l'a-t'il trouvée?"

"Je ne sais, ce que je peux vous dire c'est que je n'ai jamais entendu dire qu'elle ait réapparu."

"Intéressant...merci!"

Il sourit largement, visiblement heureux de ma réponse à propos de la tombe de leur princesse, puis retourne à ses occupations tandis que je murmure pensivement à Sha'ale:

"Une épée ardente perdue...voilà qui ferait mon affaire, il est temps que je me procure des armes adaptées à l'évolution de mon art du combat..."

(Excellente idée! Et puis ce serait une jolie histoire, les armes de glace et de feu qui s'opposèrent jadis enfin réunies pour servir une noble cause!)

(Oui, mais bon, entre avoir envie de la trouver et l'avoir en main, il y a...une faille. Au fait, il n'est pas accompagné d'une Faëra, Sha'ale?)

(Non, je te l'aurais dit, évidemment!)

Évidemment. Je ris doucement pour moi-même, puis je désigne les plats à mon compagnon:

"Bon! On attaque ce festin?! Tous ces bavardages m'ont donné faim!"


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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Ven 12 Juin 2015 13:38 
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Le récit de la découverte d'un arc

Tanaëth me tend une dague en m’expliquant qu’elle n’est peut-être pas excellente, mais qu’elle sera plus utile que mes griffes pour parer une arme adverse. Je la regarde, incertain, puis je tends la patte pour m’en saisir. Elle semble étrangement petite dedans. Je racle ma griffe dessus pour en tester le tranchant, il n’est pas dépourvu de défauts et d’aspérités, mais je ne doute pas qu’elle sait faire sa besogne. Je lève les yeux sur l’elfe.

- Merci.

C’est un beau cadeau qu’il m’offre pour moi qui n’ai jamais rien possédé m’appartenant réellement, jusqu’à cette période si récente. Je tourne et retourne la dague entre mes pattes, cherchant à m’habituer à son poids, à sa balance. Pendant ce temps, il m’explique le peu qu’il sait au sujet des mines thorkines. Personne n’en connaîtrait l’étendue exacte, mais elle est ou fut gorgée de gemmes et de métaux qu’ils travaillaient avec un grand savoir et certaines cavités seraient des formations naturelles plutôt que thorkines. Une partie de leur peuple aurait émigré à Mertar, une ville que je suppose située sur l’autre continent.

L’aubergiste, entendant les propos de Tanaëth, s’approche de nous en nous apportant des mets divers que je regarde avec appétit. Il y a là des denrées de plusieurs sortes, des fruits et des légumes dont je ne connais pas la moitié, ainsi que de la viande, du pain et du fromage. Un véritable festin que je regarde en ne sachant pas par où commencer.

L’aubergiste rebondit sur les paroles du Sindel en expliquant que les souterrains des nains sont aussi gigantesques que dangereux, aussi bien en raison des effondrements que des créatures qui les peuplent. Il commente alors l’arc que possède Tanaëth, qui, semble-t-il, est particulier. Il est vrai qu’il est particulièrement beau, pour une arme, mais j’ignorais tout de son origine. Beaucoup sont morts en le recherchant, aux dires de notre logeur et je regarde Tanaëth avec un intérêt redoublé, serait-il un aventurier particulièrement talentueux ? Il semblerait qu’il l’ait retrouvé dans les entrailles de la terre où son précédant possesseur, une elfe, serait morte. Il aurait découvert sa tombe, protégée par un élémentaire de l’air qui, après l’avoir mis à l’épreuve, lui aurait permit de la retrouver. J’écoute leur discussion sans intervenir, les oreilles dirigées vers eux, ne ratant pas une parole de ce qu’ils disent. C’est comme dans les récits d’aventure que je chipais aux shaakts…

Tanaëth s’intéresse alors à une lame, une épée ardente qu’a mentionnée l’aubergiste dans son récit, prévoyant visiblement de se mettre à sa recherche. L’air soudain guilleret, il propose d’attaquer notre repas, et je ne me fais pas prier deux fois.

Je pose la dague à côté de moi sur la table, n’étant pas encore complètement à l’aise avec elle, et commence à manger ce qui s’étale devant moi. Si les fruits et légumes sont particulièrement gouteux, je dois le reconnaître, c’est la viande qui attire le plus mon attention et je la mange avec faim, enfournant les gros morceaux entre mes crocs, les moustaches frétillantes de satisfaction.

Je ne parle guère durant le repas, préférant en profiter, mais lorsqu’il s’achève, je n’en deviens pas plus loquace pour autant. La journée que nous venons de traverser m’a laissé fourbu et, si mes poils ont eu le temps de sécher depuis notre arrivée en ville, je sens que le sommeil commence à réclamer son dû. Aussi, prenant la dague que j’accroche à ma ceinture, je me lève.

- Je te souhaite une bonne nuit, Tanaëth, et je te remercie encore pour la dague, même si j'espère ne jamais avoir à tuer avec - bien que j'en doute. Demain, nous découvrirons ce que recèle Rock Armath.

Sur ces paroles, je me dirige vers ma chambre.

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Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
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MessagePosté: Sam 13 Juin 2015 16:49 
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Sha'ale n'est guère volubile, il me remercie d'un simple mot pour la dague, semblant quelque peu emprunté avec cette arme inhabituelle pour lui, comme toutes autres d'après ce qu'il m'a raconté de son passé. Je lui souris en faisant un geste de la main qui signifie que c'est là un bien modeste présent, j'aurais aimé lui donner une meilleure arme mais je n'en ai pas, hormis mes deux rapières évidemment. Le Woran écoute ensuite avec une grande attention la discussion avec l'aubergiste, une forte étincelle de curiosité dans les prunelles. Il m'observe avec, me semble-t'il, un intérêt redoublé, réalisant peut-être que la liberté qui a toujours été la mienne m'a permis de vivre des aventures interdites aux esclaves. Liberté qui dorénavant s'ouvre à lui, mais j'imagine à quel point cela peut être troublant d'avoir devant soi une infinité de possibilités, comment choisir?

Nous mangeons en silence, tous deux plongés dans nos pensées, le véritable festin qui nous a été servi. Notre appétit fait visiblement plaisir à l'aubergiste, qui ne manque pas de remplir les plats que nous avons particulièrement appréciés, et vidés. Une fois que nous sommes repus, Sha'ale se lève d'un air fourbu, m'annonçant qu'il va se coucher et me remerciant encore pour la dague, disant espérer ne jamais avoir à tuer avec. Visiter Rock Armath l'intéresse visiblement, puisqu'il me dit être prêt à s'y rendre le lendemain, ce qui me réjouit car si peu que je le connaisse, j'en suis venu à apprécier sa compagnie. Je lui réponds simplement:

"Un de mes ancêtres disait des armes: "Ce ne sont que des lames. C'est par la seule volonté de celui qui les porte qu'elles offrent la mort, ou la vie." Je te souhaite une bonne nuit, à demain pour de nouvelles aventures, mon ami!"

Resté seul, je commande une nouvelle chope d'hydromel, que je déguste lentement en laissant mes pensées vagabonder librement. Mon corps est fatigué, mais je sais que je ne trouverai pas le sommeil dans l'immédiat, les fraîches révélations de ma Faera dansent une sarabande effrénée dans mon crâne, à laquelle se mêle ce que j'ai appris de mon nouveau compagnon de voyage. Je n'avais jamais réfléchi sérieusement à l'esclavage, je savais bien entendu que cela existait, mais c'est la première fois que je discute avec quelqu'un l'ayant vécu et cela me pousse à revoir en profondeur ma vision de la vie. D'une certaine manière, nous sommes tous esclaves de quelque chose, que ce soit de nos désirs, de nos ambitions, d'un carcan social, peu importe, toujours nous portons des chaines plus ou moins visibles et conscientes. La liberté absolue est une forme d'utopie inaccessible, au fond. Malgré tout, je suis convaincu que nous pouvons décider de notre chemin de vie, ou de mort, choisir consciemment les contraintes auxquelles nous sommes prêts à nous plier, et celles que nous devons refuser, même au prix de notre existence si elles nous semblent en valoir la peine. Dès lors, les contraintes cessent d'en être et deviennent des choix que nous pouvons assumer avec fierté, ce qui constitue à mon sens le plus important "enseignement" dans ce que Syndalywë m'a révélé aujourd'hui.

J'aperçois la lune qui se lève par l'une des fenêtres de l'auberge, mince croissant encore, mais qui pourtant ramène sur le devant de mes pensées ma récente rencontre "onirique" avec Sithi, dont je vois le visage en esprit aussi clairement que si elle se trouvait devant moi à l'instant présent. Je sens une légère démangeaison provenant de mon discret tatouage, ce signe auquel j'ai si rarement songé au cours de mon existence, et qui prend dorénavant un sens profond en me reliant à mes origines les plus lointaines, et à Sithi surtout. J'ai l'étrange sentiment d'avoir été "marqué" par notre créatrice, de faire partie intégrante de ses plans et d'y avoir un rôle précis à jouer. Ce qui, loin de me déranger, me procure une espèce d'exaltation émerveillée, en même temps qu'une sérénité profonde qui me permet de réfléchir clairement, posément, et de prendre conscience que je suis arrivé à un carrefour important de ma vie. Tout comme Sha'ale, j'ai maintenant le choix de ma destinée, mais par Zewen, dans quel sens l'orienter pour se montrer digne de nos convictions?

Je me lève impulsivement, envahi par le besoin irrépressible de marcher un peu sous la douce clarté de notre bienfaitrice, dans cette cité incroyablement belle et paisible. J'informe l'aubergiste de mon intention, puis je sors à l'air libre avec l'impression étrange d'être chez moi en ces lieux, sentiment que je n'ai pas ressenti depuis plus de nombreuses décennies.


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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Ven 19 Juin 2015 12:18 
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Chapitre II - La dague de Rana

L'histoire de Lalyë Teraliel et de Riklau Vryhel

Mes yeux s’ouvrent sur des lattes de bois formant un plafond, celui de l'auberde d'Hidirain dans laquelle j'ai dormi. J’ai les muscles des épaules et du dos endoloris, aussi je me hisse hors du lit. Je prends un bref instant pour me rendre compte que c’est là la première fois que je dors dans un vrai bâtiment fait de bois et que je dors dans un vrai lit – trop – moelleux. Lorsque j’étais esclave chez les Shaakts, nous étions parqués dans des abris ouverts sur l’extérieur, seulement protégés du gros des intempéries et nous dormions sur des lattes à même le sol ou sur des hamacs pour les plus chanceux. Après le massacre engendré par notre évasion, lorsque je fus recueilli dans la Caverne des Contrebandiers, c’est dans un lit de fortune, rembourré à la paille et dans une grotte humide que je dormis. Et maintenant, je me retrouve un lit de plume dans une auberge d’Hidirain, une cité mythique que je n’aurais jamais cru visiter un jour. Ma situation s’est considérablement améliorée, c’est indéniable. Mais le poids des remords reste toujours aussi lourd sur mes épaules.

Je me rembrunis à cette pensée, ressassant encore et toujours les derniers jours funestes de la vie de ma chère et malicieuse Chilali, ces jours durant lesquels nous avons fomenté notre évasion jusqu’à la mettre à exécution pour ne retrouver acculés dans un piège. Je ne m’en suis sorti que de justesse, grâce au sacrifice de Chilali, et plein d’autres l’ont rejoint dans la mort. Au final ce n’est qu’une poignée d’entre nous qui est ressortie des murs de l’avilissante Khonfas et je m’en sens responsable, car j’ai mené les miens vers la mort aussi sûrement que si j’avais tenu l’épée shaakt qui les a transpercés.

Un bref regard à l’horizon m’apprend que l’aube n’a pas encore point, mais je ne me sens pas capable de me rendormir, aussi je me lève. Je m’habille rapidement pour descendre dans la salle commune de l’auberge. Je m’attends à la voir vide, mais Ildaryn Aëron s’y trouve. Je crois que je ne me ferais jamais aux noms elfes. Entre le sien et celui de Tanaëth Ithil, le sindel qui m’a sauvé d’une bien mauvaise situation face à des esclavagistes et avec lequel je devrais visiter la ville, je ne m’en sors guère. Enfin, je suppose que Sha’ale Wakhan doit paraître inhabituel pour qui n’est pas woran…

L’aubergiste et moi nous saluons, avec cette voix murmurée, légèrement rauque dédiée à l’aurore, comme si nous avions peur de l’indisposer en parlant plus fort. Je m’accoude au comptoir et commande du pain et de quoi manger un copieux petit déjeuner. Ildaryn s’exécute avec une bonne volonté manifeste, il semble ravi d’avoir des clients voyageurs, si rares dans la Perle qu’est Hidirain.

- Vous connaissez des légendes sur la cité et ses alentours ? lui demandé-je, curieux.

Cela fait longtemps que je n’ai pas eu le moindre livre dans les mains, n’en ayant pas trouvé chez les contrebandiers qui ne contienne pas d’obscures comptes ou relevés de commerces et de fournitures, et j’aimerais beaucoup entendre une histoire.

Ildaryn m’adresse un sourire chaleureux, comme si la demande l’enchante. Je ne connais pas grand-chose des elfes, mais celui-ci a l’air plus expressif que nombre de ses frères. Ce n’est pas pour me déplaire.

- J’en connais de nombreuses, mais il est regrettable que nous n’ayons pas de barde ces jours-ci à l’auberge, sinon vous vous régaleriez. Voyons voir, quelle légende souhaitez-vous entendre ? Celle contant l’avènement du Dragon Noir ? L’obélisque de la discorde ? L’histoire de Lalyë Teraliel et de Riklau Vryhel ou comment la dague de Rana fut perdue ?

Je n’ai guère envie d’entendre parler d’un quelconque dragon noir ou de choses affreuses et lointaines.

- De quoi parle la légende de l’obélisque de la discorde ?

- D’une obélisque qui attirait la foudre et que l’on attribuerait à Valyus.

Je hausse les épaules, elle ne me botte pas plus que ça.

- L’histoire de la dague, alors.

L’aubergiste acquiesce avec un grand sourire.

- Bien, parfait, celle ci m’a été contée il y a quelques années par une hinïonne barde qui venait de Cuilnen.

***


Ildaryn se lançe alors dans la narration de l’histoire des deux êtres. L’histoire s’était déroulée en des temps très lointains, et avait prit pour théâtre les montagnes d’Hidirain. Lalyë Teraliel était une hinïonne de la Perle Blanche comme il y en a tant, vivant convaincue qu’il n’y aurait jamais que paix dans son monde, ne voyant les récits des guerres et des autres villes que comme des histoires lointaines qui jamais ne la toucheraient. Lalyë avait un visage commun pour les siens, n’étant pas particulièrement remarquable pour son minois, mais on disait d’elle qu’elle se déplaçait de façon si aérienne et discrète qu’on l’aurait dite fille de Rana, si bien qu'on lui offrit une dague qui fut forgée dans les plus hauts monts d'Hidirains, dont on disait qu'elle fut autrefois brandie par la déesse.

Un jour qu’elle se baladait dans la forêt, elle se fit capturer par un groupe de shaakts qui avait outrepassé les frontières d’Hidirain et faisait une excursion dans ses montagnes. Elle se fit ligoter et enfermer dans un campement qu’ils avaient dressé non loin de la frontière, dans un défilé.

Ils tentèrent, des semaines durant, de lui arracher par mille tourments l’emplacement de la cité Blanche. Elle qui avait toujours vécu dans la paix, ignorante les souffrances physiques, devint fine connaisseuse des douleurs que pouvait supporter un corps, car les shaakts étaient passés maîtres dans l’art de la torture. Jamais son souffle ne trahit les siens et elle endura, hurlante, les sévices qu’ils lui imposèrent. Cependant un shaakt avait durant tout ce temps observé l’hinïonne et appris à apprécier son courage et son dévouement pour les siens. Petit à petit, il se rendit compte que sa souffrance lui faisait mal à lui et qu’à chacun de ses cris son cœur se serrait plus fort et plus d’une fois il se retrouva assis, adossé à la cabane d’où elle était retenue prisonnière et torturée, la tête dans les mains en espérant que tout s’arrête.

Alors, lentement, il entreprit de s’approcher de l’hinïonne entre deux séances, alors qu’elle reposait, brisée, dans sa cellule. Il ne pouvait rien faire pour la faire sortir, mais il lui apportait de l’eau lorsque personne ne pouvait le voir, des rations supplémentaires qu’il puisait dans ses biens et tâchait de soulager sa peine comme il le pouvait. Au début, Lalyë se montra méfiante car elle craignait une nouvelle ruse des shaakts pour achever de la briser, mais, petit à petit, elle en vint à songer qu’elle pouvait tout aussi bien profiter des bienfaits de ce shaakt qui se nommait Riklau Vryhel. Elle en vint à espérer ses venues car il représentait la seule once d’apaisement que ses jours lui apportaient et ils discutaient dans le silence de la nuit, s’échangeant des murmures à travers les barreaux.

Si Lalyë était apaisée par la présence de Riklau, le cœur de ce dernier n’était plus qu’un amas de souffrances, car à chacune de leurs séparations, il savait qu’il ne la verrait que dans un état bien pis qu’il l’avait quittée et que chacun de ses cris ne faisait que le mortifier plus encore. Il voyait le cygne qu’elle représentait pour lui revenir les ailes ensanglantées, blottie dans sa douleur. Petit à petit se délitait tout ce qui faisait de lui un shaakt.

Un soir, alors qu’il lui rendit visite, il la trouva incapable de parler, recroquevillée dans un coin et agitée de soubresauts. Il comprit alors qu’une chose horrible lui avait été faite et que les derniers lambeaux de sa dignité lui avaient été arrachés. Elle n’avait plus rien d’aérien, elle n’était plus qu’un aria de souffrances. Il entra alors dans une rage folle car cette vision eut raison de son esprit. Il se saisit de la dague de Rana que possédait autrefois Lalyë et qui reposait sur une table non loin, dans sa vision mais à jamais hors de sa portée pour mieux la narguer. Avec cette arme, Riklau tua nombre de ses frères d’armes dans leur sommeil, un à un, dans une froide et terrible efficacité. Il récupéra sur le cadavre de leur capitaine les clefs de la cellule et délivra l’hinïonne inconsciente, l’emportant dans ses bras loin du campement. Des semaines durant il erra sans but dans les montagnes d’Hidirain, une Lalyë s’affaiblissant de jour en jour sur le dos.

Or, même si Riklau avait renié ses origines, il n’en restait pas moins un shaakt de Khonfas qui sont des êtres n’aimant ni l’air et le ciel et leur préférant l’obscurité des grottes. Aussi, lorsqu’il se trouva démuni, ne sachant plus que faire, il se trouva une grotte profonde et s’enfonça dedans, y emportant Lalyë avec lui. C’est dans l’obscurité de cette grotte, lovée dans les bras d’un shaakt, qu’elle périt. On raconte cependant qu’avant de mourir, elle prononça des mots de bénédiction à Riklau avant de se saisir de la dague de Rana qui recueillit alors son dernier souffle.

Riklau ne fut plus jamais revu foulant l’herbe de Yuimen et l’ont dit qu’il se terre encore, le cœur réduit en poussière et gardant la Dague de Rana comme le dernier souvenir de Lalyë, persuadé que par son souffle, son âme demeure à l’intérieur.

***


J’agrippe le comptoir de ma grosse patte et enserre le bois, mes griffes enfoncées dedans dedans tandis qu’un grondement profond sort de ma gorge. Ildaryn, qui n’avait pas remarqué mon état, relève alors la tête et laisse échapper un hoquet lorsqu’il aperçoit mon visage. Cette histoire éveille bien trop de souvenirs, possède un écho de réalité bien trop tangible pour que je la supporte sans broncher. Car je sais que les tortures qui furent infligée à cette femme sont des sévices qui furent imposés aux miens, à ceux qui restèrent en vie à l’intérieur des murailles de Khonfas lorsque la herse fut rabaissée, les laissant à la merci des shaakts.

J’ai besoin de plusieurs minutes avant de reprendre mon calme et je finis par rentrer mes griffes, laissant dans le bois cinq petits trous. L’aubergiste me regarde sans comprendre ma réaction.

C’est alors que j’aperçois Tanaëth, j’ignore depuis combien de temps il est ici et ce qu’il a entendu de l’histoire. Je hoche sombrement la tête dans sa direction avant de reporter mon attention sur Ildaryn.

- Je crois que j’aimerais retrouver cette dague.

Car c’est une dague qui ne doit demeurer dans les profondeurs de la terre, c’est une dague qui doit retrouver l’air libre et attester des souffrances auxquelles elle a assisté, elle doit renaître, pour que le dernier souffle de Lalyë retrouve les cieux.

- Tu sais, ce n’est qu’une légende, me dit Ildaryn, incertain. Il est probable qu’elle ne se trouve plus sous terre et que Riklau, s’il a jamais existé, soit mort.

- Ce n’est qu’une raison de plus.

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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Ven 19 Juin 2015 19:05 
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La scène que je découvre en entrant dans l'auberge du Neligo solitaire, à mon retour de cette folle nuit dans le domaine de la Magicienne d'eau Mane, me surprend un peu, et m'incite à m'y faufiler discrètement pour m'installer dans un coin. Le tenancier raconte une légende à Sha'ale, qui semble littéralement captivé, ses griffes plantées dans le bois du comptoir. J'ai manqué le début, mais je saisis rapidement que c'est une bien sombre histoire à conter au lever du soleil et j'entrevois vite les raisons de l'humeur de plus en plus morose du Woran. Je me garde bien d'intervenir toutefois, me contentant d'écouter et d'observer avec la plus grande attention. Je vois avec amusement les deux oreilles du Neligo qui bougent au gré des intonations de son maître, ou ami je ne sais, derrière le comptoir dont le bois patiné semble irradier de sa propre lueur dorée alors que le soleil rasant le caresse. Une scène magnifique que j'embrasse du regard, qui inspire une sensation de paix, j'ai presque l'impression de me retrouver dans un lieu sacré immaculé et inviolé, éternel et détaché du monde violent et chaotique qui l'entoure pourtant de toutes parts.

Lorsque Ildaryn achève son récit, plusieurs minutes s'écoulent, d'un silence pur. Sha'ale remarque soudain ma présence et hoche la tête, plongé dans ses pensées morbides. J'incline simplement la tête en lui souriant amicalement, je compatis à sa douleur, mais je ne la porte pas. Il se retourne vers l'aubergiste pour lui dire qu'il aimerait retrouver cette dague de Rana dont parlait la légende, et qui serait possiblement perdue quelque part dans les souterrains. Je me demande, curieux, combien d'incroyables trésors peut receler ce que l'on m'a décrit comme un inextricable dédale en trois dimensions, dont nul ne connaît les limites.

Ildaryn partage son incertitude quant au destin de cette dague et du Shaakt disparu après la mort tragique de sa bien-aimée Hinïone, mais cela ne perturbe visiblement pas mon ami Woran qui déclare y voir une raison de plus de la retrouver. Je souris pour moi-même, cela lui fera un but, le poussera à avancer, j'en suis heureux pour lui. Je salue l'aubergiste, une fois leur échange terminé, inclinant le visage en déclarant:

"C'était une belle histoire, elle m'a fait rêver. Merci."

Puis je lui demande de me servir un déjeuner copieux en interrogeant Sha'ale du regard pour lui demander s'il souhaite aussi manger. Après sa réponse, lorsque Ildaryn part préparer la commande, je dévisage un instant le Woran et lui dis sérieusement:

"Écoute-moi bien, Sha'ale Wakhan. Nous pourrions explorer ensemble les dédales de Rock Armath, pour tenter de trouver ces deux reliques légendaires. Nous aurions plus de chances d'y survivre en étant deux que seuls. De plus je t'apprécie, j'apprécie ton courage, j'admire ce que tu as fait en t'échappant de Khonfas. Mais mon ami, j'ose t'appeler ainsi, je veux qu'une chose soit claire: je suis maître de ma vie et de mes choix. Si je décide d'aller en ta compagnie mener cette aventure, j'en accepte les risques, quels qu'ils soient. Je choisis de les prendre. Comprends-tu?"

Le tenancier apporte les mets demandés, et je n'ai pas trop de toute mon éducation pour ne pas me jeter dessus mais au contraire me servir posément et entreprendre de rassasier ma fringale dévorante. Après avoir croqué dans une poire délicieusement parfumée et fondante, j'ajoute en grimaçant un peu:

"Hum, désolé mais j'ai faim. La nuit a été longue."

Un sourire pensif, je croque une nouvelle bouchée du fruit, l'avale avant d'ajouter sur le ton de la conversation:

"Il y a un magnifique temple de Moura avec de merveilleux bassins, non loin d'ici, j'y ai fait quelques rencontres...étonnantes."


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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Jeu 25 Juin 2015 11:49 
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Tanaëth m’adresse un sourire amical, il semble comprendre l’écho qu’éveille ces paroles en moi et ce sourire m’incite à me forcer à une humeur plus joviale, à laisser derrière moi ces noires pensées. Le sindel s’avance et remercie l’aubergiste, indiquant que c’était une belle histoire, qui fait rêver. J’incline me grosse tête féline en signe d’accord.

- Merci, Ildaryn, j’ai beaucoup apprécié votre histoire.

Mon compagnon de route commande à manger et se tourne vers moi, me proposant que nous explorions de concert les sombres grottes de Rock Amrath afin de découvrir les deux reliques légendaires dont nous avons entendu parler, nous aurions plus de chances de survie à deux. Il poursuit en indiquant qu’il m’apprécie, ainsi que mon courage et ce que j’ai pu faire pour nous libérer de Khonfas, et à ses paroles mes yeux s’étrécissent, me demandant où il souhaite en venir. Il m’appelle « ami » tout en précisant qu’il reste maître se sa vie et de ses choix, et que c’est de son propre libre-arbitre qu’il décide de se lancer dans cette aventure, en toute connaissance de cause.

J’émets un léger grondement en comprenant ce que sous-entendent ses paroles : s’il devait lui arriver quoi que ce soit, ce serait son choix et sa volonté propre qui l’y auront mené, et je ne devrais pas m’en sentir responsable. Je porte inconsciemment ma main aux trois griffures qui barrent mon œil gauche de trois sillons, encore visibles sous ma fourrure. Kaliska, la sœur de Chilali. C’est elle qui me les a fait dans la caverne des contrebandiers. Elle fait partie de ceux qui ont survécu et c’est sa marque que j’arbore, pour avoir été porteur des nouvelles de la chute de sa sœur, de mon bel oiseau des neiges. Je me rappelle, dans un souvenir indistinct teinté de mes remords, de la rage aveugle qui l’avait animée en l’apprenant, encore sous le choc d’avoir survécu à notre fuite de Khonfas et d’avoir assisté à la mort de tant des nôtres. Elle s’était effondrée à mes pieds et Talasi, son compagnon, l’avait emportée. Il était par la suite revenu me voir afin de m’expliquer que notre rébellion avait été nécessaire, que nous ne pouvions plus rester ainsi avilis à Khonfas. Qu’en menant notre révolte, je nous avais rendu à nous-même, je nous avais rendu notre liberté.

Je n’avais alors pas compris ses propos, et les avait balayé d’un coup de remords. Mais à présent que les mois ont passé, que je me retrouve ici, en Hidirain, et après les discussions que j’ai pu avoir avec Tanaëth, je pense que je les comprends mieux, même si je ne suis pas encore certain de les accepter entièrement. Comme le pense le sindel, il nous faut bien aller de l’avant et les remords ne sont qu’une chose qui ne ronge et nous empêche de profiter de l’instant présent. Alors que c’est ce qu’aurait souhaité ma belle Chilali.

Ma main retombe sur le comptoir et je tourne ma tête vers Tanaëth, posant mon regard jaune aux fentes verticales sur lui.

- Je comprends, Tanaëth. Merci.

J’esquisse alors un demi-sourire chafouin, dénudant un croc.

- Une plongée dans les ténèbres de grottes qui n’ont plus été foulée depuis bien longtemps ? Une recherche de reliques probablement perdues à jamais ? Qu’attendons-nous ?

Ildaryn nous apporte les plats et le guerrier sindel se jette dessus, affamé, expliquant que la nuit a été longue pour lui. Et en effet, au vu de sa mise, je n’en doute guère. Je me demande ce qu’il a bien pu faire durant cette nuit, bien que le sourire qui suit me mette sur la voie. Il la commente d’une petite phrase sibylline sur la beauté du temple de Moura et de ses bassins, ainsi qu’une rencontre étonnante qu’il aurait faite.

- Une rencontre étonnante, hein ? lui réponds-je avec un sourire en coin. Qu’as-tu donc fais mon ami, si je puis te demander ?

Ildaryn, qui était aller chercher un nouveau plateau de fruits en cuisines revient, et je me saisit d’une pomme que je découpe à l’aide de la dague que m’a offert Tanaëth, les crocs des worans étant peu pratiques pour croquer dans une pomme. Ildaryn, cependant, se racle la gorge, légèrement gêné.

- Il semblerait que je vous ai donné des idées avec mes histoires de reliques et… Si je puis vous conseiller, rendez-vous à l’Escarcelle d’Argent, c’est un magasin où vous pourrez vous équiper pour votre échappée. Si vous prenez la prochaine à droite, que vous continuez durant trois rues et prenez à votre gauche, vous devriez tomber dessus.

- Pourquoi pas, réponds-je en lançant un regard interrogateur à Tanaëth. Rien que le nom me rend curieux.

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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Jeu 25 Juin 2015 21:09 
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Mes paroles semblent plonger Sha'ale dans une profonde réflexion, que je me garde soigneusement de distraire. J'espère avoir partagé ma pensée de façon à ce qu'il en comprenne le sens, mais je le connais encore bien peu pour en être certain. Le Woran porte instinctivement la patte à son visage, paraissant palper quelque cicatrice que je ne peux voir à cause de sa fourrure. Au bout d'un temps, sa main vient se reposer sur le comptoir et il me fixe d'un regard résolument félin. Je soutiens son regard, calme et assuré, plus que je ne me souviens l'avoir jamais été, tandis qu'il me livre la conclusion de son introspection. Il me dit qu'il comprend et me remercie, j'incline simplement la tête en un petit geste signifiant qu'il n'y a pas de quoi. C'est un échange, j'ai appris grâce à lui ce qu'était réellement l'esclavage, la privation de liberté, et le vrai courage, celui de briser ses chaines malgré l'écrasante domination de l'adversité. J'ai aussi vu en lui, en ce désespoir poignant mêlé de culpabilité, celui que j'ai été tant et tant d'années, et cela m'a permis de comprendre de nombreuses choses sur moi-même.

Mais Sha'ale interrompt le cours de mes pensées en me demandant avec un humour féroce ce que nous attendons pour nous lancer dans notre quête hasardeuse et périlleuse. Je lui réponds avec un sérieux inébranlable qui n'est trahi que par un éclat taquin dans mon regard:

"On attend que j'aie mangé tout ce qui se trouve sur cette table, affuté mes armes, fait une sieste et pris un bain. Ah non, le bain, c'est déjà fait!"

Je croque goulûment dans mon fruit, avale tranquillement une bouchée avant de hausser les épaules pour répondre à sa question suivante concernant la rencontre que j'ai fait cette nuit, lui contant entre deux bouchées affamées:

"Des rencontres. Après que tu sois parti te coucher, je suis sorti prendre l'air. Il faisait bon, la lune brillait et j'ai eu envie d'aller voir la cascade sous sa lumière. C'était magnifique, et j'ai adressé une prière à Sithi, pour la remercier d'avoir veillé sur moi et de m'avoir guidé jusqu'à cette nuit, et pour lui demander de continuer. Un rayon de lune m'a alors dévoilé un étroit sentier, en partie camouflé par des branchages. Intrigué, et me devant de suivre un signe divin si clair, j'ai marché une heure dans la forêt jusqu'à arriver en vue de ce temple de Moura et de ses bassins."

Une pause, je déguste rêveusement quelques gorgées de jus d'un fruit inconnu à ce souvenir, puis j'attaque de bon coeur le plateau de viandes et celui de légumes, poursuivant mon histoire:

"Dans l'un de ces bassins, nageait une ondine. Du moins l'ai-je cru, jusqu'à réaliser en approchant pour manifester ma présence et la saluer, que c'était en fait une Hinïone originaire de cette ville où nous nous trouvons. Nous avons échangé quelques mots, elle était surprise que je parle leur langue, et..."

J'interromps mon repas, subitement songeur quant au déroulement de cette nuit. Je ne me suis pas posé de questions, ou si peu, à propos d'Ethëll. Comment expliquer la simplicité épurée avec laquelle cette relation surprenante est née à mon ami? Je reprends un fruit assez proche d'un abricot, le faisant tourner entre mes doigts avant de me lancer:

"Une magie s'est tissée entre nous, je ne sais pas comment te l'expliquer, c'était...naturel, simple, fluide. Enfin bref, nous nous sommes assis sur un banc pour discuter et contempler les cieux, et c'est à cet instant qu'une Banshee nous est tombée dessus."

Je m'assombris légèrement en abordant cette partie de l'histoire, mais cela ne coupe en rien mon appétit et je poursuis mon repas en narrant:

"Elle me suivait, depuis les environs de Yarthiss où elle m'est tombée dessus voilà quelques mois. J'ai survécu à l'époque pour une raison bien sombre à conter en cette lumineuse matinée, mais puisque déjà quelques légendes tragiques ont été dites...les Banshees sont à l'origine des femmes tout à fait normales, qui sont torturées, avilies, souillées jusqu'à un point inimaginable, pour en faire des tueuses abominablement puissantes et sans le moindre scrupule. Ce sont des créatures maudites dans tous les cas, mais dans ce cas précis...je t'ai parlé de Jaëlle, la Sindel que j'ai aimée lors de ma jeunesse, que j'ai cru d'abord tuée par un dévoreur des sables, puis assassinée...rien de tout cela n'était vrai. Cette Banshee...c'était elle. Envoyée pour me briser, par certains de mon propre peuple qui craignent ce que je puis devenir et représenter."

Je laisse filer un instant de silence pour permettre au Woran d'assimiler mes paroles, puis je continue à lui révéler mon interminable nuit:

"Ethëll, c'est le nom de cette Hinïone que j'ai rencontrée, et moi avons combattu cette créature, mais elle était vraiment puissante et je ne sais pas comment le combat aurait tourné si la Maîtresse du temple, une certaine Mane, Hinïonne elle aussi, n'était venue à notre aide après un moment de rude bataille.. Elle a utilisé le pouvoir de l'eau pour porter un très rude coup à l'atrocité, ce qui m'a permis d'enfin lui porter une attaque fatale."

La suite...il est des instants qui n'appartiennent jamais qu'à nous, sacrés, secrets. J'abrège pour finir ma longue narration:

"J'ai passé le reste de la nuit là-bas, et j'y aurais sans doute passé deux mois à guérir si Mane ne m'avait donné une fiole de soins, à discuter avec elle et Ethëll. Il faut que j'aille rencontrer les parents d'Ethëll, aujourd'hui, en début d'après-midi...après ça nous pourrons partir à Rock Armath. Mais comme nous avons prévu de visiter et de faire quelques achats, cela ne devrait pas trop nous retarder."

L'aubergiste intervient à cet instant pour nous conseiller une boutique, l'escarcelle d'argent, idée à laquelle souscrit mon compagnon. Je hoche la tête en souriant, j'aime bien ce nom également, avant de répondre:

"Merci de ce conseil, Ildaryn, ce sera un excellent point de départ pour nos emplettes. Oh, je voudrais aussi faire identifier des Runes, sauriez-vous à qui je puis m'adresser?"

L'aubergiste sourit en répondant:

"Ah, essayez la boutique de Myrddhan Eordyn, elle se trouve au coin de la ruelle qui passe derrière le temple de Gaïa. Oh, et si vous voulez entrer dans Rock Armath, pensez à prendre un tonnelet de bière offrir aux gardes. Cela vous facilitera le passage."

Je le remercie cordialement avant de repousser les plats, mon repas enfin achevé. J'entreprends aussitôt de nettoyer et d'affuter mes armes, rapidement mais avec le plus grand soin, tout en énumérant un peu ce que je pense utile d'acheter:

"Il nous faudrait de la corde, et des pitons, avec un marteau-pioche. Des provisions. De l'éclairage et des habits chauds pour toi, si tu n'en as pas. Ce sera sans doute humide et froid à certains endroits. Un présent pour les Nains, aussi, autant mettre toutes les chances de notre côté. Et puis nous verrons bien s'il y a d'autres choses intéressantes dans ces boutiques, cela fait une éternité que je n'ai pas pratiqué cette activité dépensière!"

Je rengaine mes lames après en avoir vérifié la propreté et le parfait tranchant, puis je règle l'aubergiste en le remerciant de ses bons services, lui demandant si par hasard il ne peut pas nous fournir ce tonnelet de bière pour les nains et quelques provisions de route. Il nous assure que c'est chose aisée, et nous fournit rapidement le nécessaire, moyennant une poignée de yus supplémentaire. Je le remercie en empaquetant la moitié de la nourriture dans mon sac, puis je me lève et m'étire de tout mon long en m'exclamant:

"En route pour l'aventure? Enfin, vers les boutiques, pour commencer!"


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 Sujet du message: Re: L'auberge du Neligo Solitaire
MessagePosté: Dim 28 Juin 2015 21:29 
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Le récit d'une nuit mouvementée

Tanaëth m’explique qu’après mon départ, il est ressorti afin de profiter de la bise nocturne et que l’envie lui a pris de retourner admirer la cascade sous l’éclat de l’astre lunaire. Il y aurait adressé une prière à Sithi, sa déesse. Je m’étonne toujours de ce besoin de prier un être de la sorte, de lui demander de poursuivre sa bénédiction comme si c’était une chose que l’on devait régulièrement mettre à jour. Je garde toutefois mes pensées pour moi, nous avons suffisamment échangé nos points de vue sur les déités et il s’agit pour moi de quelque chose de personnel qui ne souffre pas de l’avis d’autrui. Peut-être sa déesse l’a-t-elle entendu, car un rayon de lune lui a dévoilé un sentier et il aurait ainsi marché jusqu’au temple de Moura.

Il semble pensif, et de bonne humeur à ce souvenir, car dans l’un des bassins du temple une hinïone y nageait, qu’il avait tout d’abord prise pour une naïade. Il semblerait bien que ce soit sa déesse qui lui ait donné un coup de pouce, car à la mine qu’il fait, je devine que cette ondine s’est avérée devenir quelqu’un de particulier pour lui, ce qui se confirme alors qu’il poursuit en m’expliquant que le lien qui s’est créé entre eux s’est formé de façon naturelle, spontanée. Je souris en l’entendant, ravi qu’il ait vécu la création de ce lien, cet évènement si rare que seules peu de personnes le vivent un jour. Je hoche la tête, lui faisant signe que j’ai compris.

Cependant, son récit s’assombrit car il annonce l’apparition d’une banshee dans cette affaire. J’ignore quel est cet être, mais la suite de ses propos me le révèle. Il s’agirait d’une femme qui a été torturée, qui a subi des sévices inimaginables jusqu’à perdre son esprit et ainsi devenir une créature dépourvue de morale, assoiffée de tueries. Je frémis en imaginant les sentiments que durent être ceux de mon ami à ce moment, car Tanaëth m’explique que cette banshee l’avait suivi depuis Yarthiss et qu’elle n’était autre que son amour de jeunesse qu’il avait cru tuée par les dévoreurs des sables. Elle aurait été envoyée par les siens, craignant la menace que le sindel pouvait représenter pour eux.

Il a combattu cette Banshee en compagnie d’Ethëll, la jeune femme, et de la Maîtresse du Temple qui est venue à leur aide. A trois, ils sont parvenus à bout de la créature. Je regarde l’elfe d’argent, ébahit qu’il ait pu vivre tout ceci alors que j’étais tranquillement endormi dans mon lit. Je refoule un élan de regret de n’avoir pas pu l’aider, comment aurai-je pu deviner ?

La Maîtresse du Temple l’a par la suite soigné et il a passé la nuit à discuter avec elle ainsi qu’avec la jeune femme. Il devrait rencontrer ses parents plus tard dans la journée, puis m’annonce que nous pourrons alors nous rendre vers Rock Amrath.

Tanaëth demande alors à l’aubergiste de lui indiquer un lieu où il pourrait identifier des runes, ce à quoi Ildaryn réplique que la boutique Myrddhan Eordyn est toute présumée pour ce faire. Il nous conseille également de prendre un tonnelet de bière à offrir aux gardes. J’esquisse un sourire chafouin : j’ai compris l’importance de l’alcool dans la caverne des contrebandiers et il semblerait que les nains le porte en plus haut estime encore.

Mon compagnon entreprend d’énumérer tous les éléments qu’il nous faudrait acheter et mon sourire s’accentue, il semble presque avoir hâte de se jeter dans les profondeurs obscures des mines.

"En route pour l'aventure? Enfin, vers les boutiques, pour commencer!" s’exclame-t-il.

Resté jusque-là silencieux, je l’arrête cependant, pour lui prononcer ses mots.

- Tanaëth, si tu souhaites rester ici avec cette jeune hinïone, Ethëll, je le comprendrais parfaitement. T’arracher ainsi à elle alors que tu viens de la rencontrer…

Je songe à Chilali – comment ne pourrais-je pas songer à elle ? – et au fait que j’aurais souhaité passer plus de temps avec elle avant la fin.

Sur ce, nous nous dirigeons vers nos chambres respectives afin d’y récupérer nos affaires et nous nous rendons vers l’Escarcelle d’Argent.

_________________
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Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


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