Comme mon l’instinct me l’avait dicté, je suivis les traces des caravanes de marchands qui venaient de la forêt. Le chef de ma tribu m’avait dit que le clan bratien se cachait dans les plus hauts arbres de la forêt avoisinante de la Cité d’Hidirain. J’avais envie de voir leur habitat et surtout de revoir un ami, Shakly. Bratien de naissance, il voyagea durant une bonne partie de sa jeunesse et s’arrêta pendant quelques semaines dans notre tribu. Je m’étais lié d’amitié avec lui car il m’apprit beaucoup de choses sur notre monde, en particulier sur les différentes races qui cohabitaient plus ou moins paisiblement.
Je venais maintenant de pénétrer dans la forêt qui lui servait de demeure. Elle semblait venir d’un autre monde tellement les arbres étaient noueux et abîmés. Je pouvais sentir la sève qui circulait dans les racines, le moindre bruissement des feuilles. Je levai les yeux pour trouver une tache de ciel mais la cime des arbres empêchaient la lumière de pénétrer ces bois. Cette ambiance était quelque peu suffocante, j’avais terriblement chaud.
- « Mais comment font-ils pour vivre avec une telle chaleur ? »
- « On s’y habitue mon ami. »
Il venait de me faire sursauter. J’avais oublié sa légendaire discrétion. Me retournant, j’eus l’occasion d’admirer mon grand ami Shakly. Il n’avait pas changé d’un iota depuis notre dernière rencontre, toujours aussi alerte et sourieur.
- « Shakly, tu m’as fait une de ces peurs. Ne recommence jamais ça ! »
Nous sommes partis dans un fou rire qui ne voulait pas s’arrêter. Il se baissa pour me donner une accolade chaleureuse. Il m’avait manqué plus que je ne l’aurais cru.
- « Que fais-tu aussi loin des tiens Kalispero ? »
- « J’avais envie de voir le monde et d’en apprendre plus sur le maniement de la glace. J’avais aussi envie de te revoir avant d’entamer mon périple. Est-ce mal ? »
J’avais l’impression de ressembler à un élève devant son professeur. Il m’intimidait toujours autant. Même si maintenant j’étais devenu un adulte, il était quand même plus vieux que moi de quinze ans, ce qui n’était pas rien.
- « Tu as bien fait de passer me voir. Si j’avais appris que tu étais passé par Hidirain sans venir me voir, je t’aurais retrouvé pour te botter les fesses ! Ou te diriges-tu ? »
- « Je dois aller sur Nirtim. Ta route te mènerait-elle par là ? »
- « Il se trouve que je dois aller consulter un ami à propos d’un sujet personnel, il se trouve non loin de Mertar. Je serais ravi de t’accompagner dans ton voyage, cela me fera de la compagnie. »
- « Je suis heureux de te l’entendre dire. J’imagine que tu as besoin d’aller chez toi récupérer tes affaires ? »
- « Pour tout te dire, j’étais sur le départ. Toutes mes affaires sont dans mon sac. Nous pouvons donc prendre la route pour Tulorim. »
Le silence se fit entre nous et nous prîmes la route pour Tulorim. Le voyage s’annonçait long mais maintenant que je savais que j’avais un ami avec moi pour passer le temps, cela ne serait que plus plaisant.