(Enfin un peu de liberté. Je vais pouvoir allez écouter les vents sur la colline maintenant que les travaux sont finis.)
Je déambule entre quelque maisonnettes. Je viens de sortir de la plus miteuse d'entre elles, possédant le plus petit bout de terrain à cultiver. Ma mère n'était déjà pas riche avant la mort de son mari et de son fils biologique, la tristesse que cela a engendré ne l'a pas aidé et tout se délabre. Enfin je ne connais que sa version des faits, n'ayant été adopté qu'après.
Une légère larme coule sur ma joue du fait de la pensée du désespoir dans lequel était ma mère lorsqu'elle m'a trouvé.
« Regardez le pleurnicheur est là ! »
(Oh, la bande de babouins braillards, mais quelle bonne surprise. Heureusement que les mauvaises herbes qui envahissent la terre de ma mère permettent de soulager la douleur. Si seulement je pouvais faire ravaler les paroles de ces abrutis que je suppose consanguins pour être autant handicapé mentalement. Malheureusement l'altération ne s'est pas faite sur leur muscles !)
J'accélère le pas dans leur direction, sachant que courir vers chez moi est inutile, et que je préfère en finir rapidement.
Arrivé à leur hauteur, je reçois un coup d'épaule de la part de celui ayant parlé, le plus idiot de tous, et donc par conséquent leur chef.
« Alors on essaye de passer en force ? Ce n'est pas très bien de frapper ses petits camarades tu sais ? »
En même temps qu'il dit cela, les quatre autres membres de la bande se placent en cercle autour de moi. Un des habitants regarde le spectacle par la fenêtre et il ne s'en cache pas. Il n'apportera aucune aide à un « bâtard » tel que moi, jugeant qu'il y a une raison au fait que l'on m'ait abandonné.
C'est sans autre sommation que le premier coup part. Je ne fais rien si ce n'est me préparer à recevoir le choc qui me plie en deux.
« C'est mou aujourd'hui, tu ne plies pas tout de suite normalement ! »
Le souffle coupé par un coup porté au plexus solaire je lui réponds
« Va te faire emplumer... chez les elfes ! »
« Que dis-tu ? Je n'ai point entendu ! »
Et un nouveau coup part, je lève mon bras machinalement et saisis la main de ce porc, celui-ci réplique en me tordant le bras.
La douleur me parcourt comme une vague de feu, incendiant mes nerfs à son passage. Elle me fait mettre genoux à terre, mais je retiens mon cri.
« Tu devrais être content de cette fête ! Tu as 15 ans aujourd'hui, tu es un grand maintenant, mon petit ! »
(Il ne sert à rien de lutter. Je ne suis qu'un petit pantin désarticulé dans leurs mains de fers.)
Je ne résiste pas, et au bout d'un moment, alors que ma vue se trouble, les douleurs sont de moins en moins vive. Malgré cela je peux voir que presque l'ensemble du village s'est rassemblé pour voir cette « cérémonie ».
( Aucun d'eux ne me supporte. Et je ne supporte aucun d'entre eux. Je hais tout ce village, une seule chose m'y retient. )
« Tal'Aer ! Non ! »
Ce cri déchire l'espace et le temps et je détourne le visage. Sous mes larmes de rage et de douleurs, je vois ma mère adoptive retenu par un paysan brutal, se tordant elle aussi de rage et de la douleur de ne pouvoir rien faire pour moi.
( Désolé de t'infliger cela, mais je ne peut résister. Je suis un reclus, un étranger. Je ne suis pas le plus fort. )
Je tourne de nouveau le regard vers mon agresseur dont la peau de ses propres poings s'est arraché à force de me frapper. Un nouveau cri de ma mère retentit et un poing se lance dans ma direction.
( Non ! Je refuse tout cela ! Cette souffrance qui m'est infligé à l'ouï de ma mère souffrant de ne pouvoir m'aider. Cela va cesser. Ici et maintenant ! Bandes de singes dégénérés des iles ! Tas de fumier constituant ce village, sachez que celui que vous frappez va se relever. Vous qui n'aimez pas les étrangers a tel point qu'un enfant ayant passé les quinze années de sa vie entre ces murs ne mérite que cela par faute de ses origines obscurs, je vous ferait apercevoir la vérité ! )
Une flamme s'éveille au fond de moi, et le vent se lève brusquement fouettant les visages des personnes ici présentes, mais cela n'a que peu d'importance pour moi.
Je contemple avec haine le poing qui s'avance, et le saisit sans difficulté de la main gauche. Les doigts de ma main droite se contracte avant de s'élancer vers une poitrine sans garde. Le choc est si violent que je le sens dans mes os, et le garçon recule pendant que je me relève.
Je contemple avec toute la colère possible mon adversaire, qui bien que ne s'attendant pas à une tel riposte, demande, d'un signe de tête, à ses amis, de ne pas intervenir. Et il repart à l'assaut, sourire au lèvre.
Les coups qui s'ensuivent sont bien trop violent pour moi. Il ne se sert pas d'attaques précises, juste de coups violents et chacune de mes parades engourdis mes bras endoloris. Un coup de pied dans la jambe vient me mettre à terre.
« Alors on a décidé de se battre aujourd'hui ? Tu aurais mieux fait de t'adresser à quelqu'un de ta taille. »
Et il m'assène un coup de pied dans le ventre histoire de faire bonne mesure, puis il se retourne, bien content de s'être défoulé un peu, et ce sans aucune impunité puisque tout le village, à l'exception d'une personne, accepte silencieusement son acte.
Je rassemble mes forces et laisse s'échapper :
« Tu n'en as pas fini avec moi, petit tas de graisse à patte. »
Ces paroles semblent le toucher au vif, il se dirige vers moi d'un pas rapide, m'aide à me relever et me donne un coup de coude.
(La douleur est insupportable. Je n'en peux plus, et je pense que je paierai cette acte, puis qu'étant un adulte de par leur loi, je vais être renvoyer d'ici dès demain ! Je ne regrettes qu'une seule chose, c'est de laisser le souvenir d'un fils abattu à ma mère.)
Une vive négation s'impose à mon esprit.
(Non je ne peux pas laisser faire cela !)
Les vents se mettent à souffler encore plus fort et je rassemble mes dernières réserves d'énergies dans un poing que je dirige à l'encontre de mon assaillant.
Des lames de vents viennent s'insérer sur mon poing, viennent donner leurs forces à mon coup. Je ne regarde pas mon gantelet et pourtant je sais que ces lames l'enserrent.
Au contact du bas-ventre de mon adversaire, ces lames se détache de mon poing et viennent soulever mon ennemi du moment.
L'incompréhension est générale, et je comprends encore moins mes gestes.
Je tire mon bras vers l'arrière et la colonne de vent en fait autant, interrompant la montée de l'adolescent, puis je fais un tour avant d'abaisser mon bras d'un coup sec. La colonne de vent elle aussi fait un tour dans le vide avant de s'abattre tel un marteau sur le corps du garçon, qui redescend les quelques mètres de hauteur en une poignée de millièmes de seconde. Son corps rebondit tel une poupée sans âme sur le sol, et un léger flot vermeil part de la bouche de celui que j'ai nommé « singe » tandis qu'il laisse s'échapper un râle de douleur.
La peur brille dans les yeux de tout les habitants de ce village, même dans ceux de ma mêre. Personne n'ose intervenir, craignant ma fureur, mais en vérité, je me sens vidé de tout, d'énergie, comme d'émotions. Et je quitte sans un mot le village, en marchant, les yeux remplis de fureur. Une fois seulement hors de vue, je laisse les larmes m'emporter.
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Dernière édition par Tal'Aer le Mer 31 Aoû 2011 10:00, édité 2 fois.
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