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 Sujet du message: La rue des plaisirs
MessagePosté: Dim 18 Jan 2015 15:01 
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Rue des plaisirs


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Titre original : "medieval town" par Joakim Olofsson


La rue des plaisirs, de son nom officiel "rue de l'étalon", tire son nom des nombreuses maisons de passe qui ont élu domicile dans les vieilles bâtisses. La rue des plaisirs donne directement sur les docks et n'est empruntée quasiment que par les marins lors de leurs haltes de quelques jours, par les femmes de plaisirs, par les bandits en tout genre cherchant des bourses de yus à voler et par les hommes qui contrôlent cette zone et qui embauchent les jeunes femmes. Officiellement, il s'agit de tavernes et d'auberges, ce qui explique le débit de boissons parfois fortement alcoolisées et les nombreuses chambres de ces maisons. Mais en réalité personne, pas même la milice, ne se fait d'illusion sur les trafics effectués par là, que ça soit en matière de femmes ou de drogues d'ailleurs.

[:attention:] Rappel GM : les rps pornographiques ne sont pas acceptés sur Yuimen.

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
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 Sujet du message: Re: Rue des plaisirs
MessagePosté: Dim 8 Mar 2015 22:12 
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Remonter ces rues est comme retourner dans mon enfance. Je connais chaque allée, chaque recoin, chaque caniveau. Je me revois encore jouer dans les saletés, maigre et couvert de bleus. Des enfants des rues il y en a un tas, jetés dehors comme tant de choses inutiles. Certains sont si jeunes qu'ils titubent en marchant. Je me souviens de certains se laissant mourir dans un coin, refusant de manger, ce que d'autres se sacrifiant parvenaient à trouver. Sans parler des accidents avec des charrettes ou les mauvaises rencontres. Non vraiment grandir dans les bas fond de Bouhen est une gageure, je suis un miraculé. Pourtant la vie est toujours là, s'organisant. Les plus grands protégeant les plus petits, leur apprenant les astuces pour trouver à manger et se protéger des éléments. Une organisation secrète s'est lentement installée, composé uniquement d'enfant qui se sont regroupé pour mieux survivre. Oui j'ai fait une peu parti de cette organisation avant que je sois vendu aux marins. Je n'ai pas eu le temps de vraiment connaître les autres, tout ce groupe de gamins des rues chapardeurs et extrêmement solidaires. J'espère qu'ils sont toujours là à aider les autres.

Accoutré de neuf comme je suis, je dois passer pour un jeune venant voir ces dames. Car oui, je ne suis pas dupe, je connais le quartier et sa réputation sulfureuse. Mais je ne suis pas là pour ça, je viens voir mon ancienne famille. Ma mère est morte sans que je ne la connaisse, je n'avais que quelques mois à ce qu'on dit. Personne ne m'a expliqué comment c'est arrivé, mais je ne veux pas savoir, c'est ainsi, c'est tout. Mon père ? Un parmi tant d'autres, je ne le connaîtrait jamais, sans doute un client de la maison... Mais j'ai pleins d'autres mères, toutes celles qui se sont occupé de moi avec une humanité et une douceur incomparable. Ces femmes que l'on traite de tous les noms, sont de merveilleuses personnes. Oh ce n'était pas rose tous les jours car la violence et l'alcool ne font pas de belles choses. Mais je me sentais en sécurité, protégé par ces putains, comme une mère protège son enfant, du moins je le crois. D'autres gamins erraient dans les couloirs de la maison de Kiem, fils ou fille d'une des habitantes. Kiem Gunoi est le « protecteur » de ses dames. C'est le propriétaire de la maison et de tout ce qui est dedans, nous compris. Je l'ai bien compris quand il m'a vendu comme un vulgaire objet, sale enfoiré !

J'arrive aux abords de la maison de mon enfance, un sordide endroit, dans le quartier chaud de Bouhen, où marins de passage et soldats de la garnison viennent prendre du bon temps. Il ne fait jamais très lumineux même en pleine journée dans cette ruelle, alors que le soleil s'apprête à se coucher, les dernières lumières naturelles s'estompent. C'est le moment où les torches s'allument sur les devantures de maisons et que les clients affluent vers les dépôts d'alcool au rez-de-chaussée et de femmes à l'étages. Je remarque une petite fille assise contre un mur un peu à l'écart, entrain de pleurer, ne restant pas insensible je vais la voir.

"Qu'est-ce qui ne va pas petite ?" Je lui demande d'une voix rassurante.

"Oh rien monsieur, ne vous en faite pas." Dit-elle en chouinant.

Mais je vois ce qui ne va pas, tout son visage gauche est tuméfié, elle a été battu.

"Qui t'as fait ça ? Je peux t'aider ?"

"Non ça va aller, je vais retrouver mon groupe. Ne vous en mêlez pas."

"Tu as un groupe ? Un groupe d'enfant ? Je les connais peux-être ?"

"Mais non t'es bête, t'es trop grand, tu peux pas les connaître ?"

"Tu sais j'ai vécu ici il y a cinq ans, comme toi j'étais un gamin de ce quartier, de cette maison même."

"Tu étais chez monsieur Gunoi ?"

"Oui,je suis Dems, j'ai passé toute mon enfance ici, il y a cinq ans, ce vieux con de Kiem m'a vendu aux marins."

"Dems ? Oh Dems t'es revenu ? Tu me reconnais pas ? Non bien sûr, j'étais trop petite. Je suis Lluvia la fille de Nieve."

"La petite Lluvia, toujours à pleurnicher, oh Nieve, comme je lui dois beaucoup, j'espère qu'elle va bien."

"Oui, ça peut aller, mais le gros lard devient de plus en plus enragé, il frappe les filles si elles n'ont pas assez travaillé, il en a même viré d'autres car elles étaient malades."

"Ce vieux salopard ! Et toi ça va, qui t'as fait ça, c'est pas Kiem quand même ?"

"Il veux me vendre à un obscur notable de la ville, pour faire le service qu'il dit. Je lui ai dit que je ne voulais pas être une esclave et il m'a tabassée."

"Quel ignoble con, mais de quel droit ?"

"Il a déjà vendu plus de la moitié des gosses de la maison, mais certains ont fuit avec le Groupe. J'attends le bon moment, mais je veux pas quitter ma mère."

"Ça va aller Lluvia, ne t'en fait pas, je vais le calmer le vieux, j'en ai plus peur, c’est fini maintenant !"

"Ne vas pas te faire mal, reste en dehors de ça, je me débrouillerai seule."

"Non j'ai un compte personnel à régler, pour toutes ces années perdues !"

Lluvia ne pourra pas m'arrêter, j'ai trop de haine enfouie en moi, de privations, de brimades, de coups. Je me remémore tout d'un coup et j'en ai la nausée. Tout ce qu'un enfant peut encaisser sans comprendre, croyant que c'est normal. Mais non, ce n'est pas normal et ça doit cesser pour les suivants. Il est temps de lui faire comprendre que la violence et la domination ne peuvent pas régner en ces lieux. Comment peut-on battre des enfants juste pour le plaisir ? Qu'avons-nous fait pour mériter ça ? On est né au mauvais endroit au mauvais moment ! Mais cela ne doit pas conditionner le reste de notre vie, il faut sortir de cet endroit et fuir, fuir loin la misère et l'humiliation. J'en ai les larmes aux yeux, pourquoi avoir frappé la petite Lluvia. Gamin je m'occupait d'elle quand sa mère était de service, je suis comme son grand frère même si on n'est pas du même sang. Nieve est comme une mère, parmi toute la plus importante à mes yeux. On dit d'elle qu'elle vient des environs de Tulorim, avec son teint halé été comme hiver, ses beaux cheveux noir et son accent chantant.

Je n'étais venu que pour espérer passer une nuit avant de repartir ailleurs, loin, vers Kendra Kâr par exemple. Et voir mes anciennes mères au passage, leur dire au revoir et exprimer ma gratitude. Mais maintenant je sais que je ne pourrai pas rester, je sais pourquoi je suis venu. Je suis là pour tuer mes peurs et faire justice à toutes ces personnes. J'entre dans la maison sans que Lluvia n'ai pu m'arrêter. Beaucoup de bruit à l'entrée, la taverne fonctionne bien, les gens attablés par petits groupes boivent et rient tout en regardant les filles qui attendent poliment une invitation. Deux bardes sur une scène improvisée, jouent une ballade entraînante. La pièce s'est semble-t-il agrandie depuis mon départ, il y a plus de tables et encore plus de clients. Marins ou soldats toujours en uniformes, sont le gros des fidèles de l'établissement. Je passe entre les tables d'un air décidé, pour aller aux étages où je sais trouver le propriétaire. Personne ne fait attention à moi et je monte le grand escalier de bois vers le premier, puis les autres plus étroits jusqu'au quatrième où je sais que réside Kiem dans un appartement tout confort.

Personne dans les étages, j'arrive sans peine devant la porte richement décorée de chez Kiem, j'ouvre et me trouve dans un endroit riche en décoration, sculptures de marbre et faïences.

"Qu'est-ce que vous faites là ? Vous n'avez pas le droit d'entrer ici, sortez !" Une jeune femme veut m'empêcher de continuer.

"Poussez vous, je veux voir Kiem." Dis-je fermement.

"Je suis là, qui veut me voir ?" Le vieux dégueulasse est torse nu, son énorme panse devant lui luit d'huile. Il n'est vêtu que d'une sorte de serviette qui ne cache pas grand chose de sa difforme anatomie. Son horrible gueule n'a pas changée en cinq ans, toujours ses cheveux éparts et gras tombants n’importe comment sur un visage joufflu et rougeaud. Son imposant pif descend en crochet sur une bouche fine, remplie de dents à moitié gâtée. "Bon alors tu réponds, t'es qui toi, j'ai pas que ça à faire, ma séance de massage n'attends pas !"

Je reste tétanisé face à Kiem Gunoi, patron de cet établissement. Sa masse en impose, surtout que l'homme fait une bonne taille. Malgré l'âge avancé il a toujours une bonne poigne et je me doit de rester prudent. Mais il est difficile de réfléchir face à quelqu'un qui vous a battu enfant et qui a sur vous un ascendant psychologique fort, après tout je n'étais qu'un objet de sa maison. "Bon sang, parles ou je te jette dehors, j'imagine que tu as quelque chose d'important à me dire, t'es un messager d'un noble de la cité ? Tu veux une fille pour ton maître c'est ça ?" Kiem s'énerve vite, et la patience n'est pas son fort.

"Non, je suis Dems et je suis venu pour vous." Dis je timidement.

"Dems ? Le gamin d'Arah ? C'est toi, que fous-tu ici, t'es pas en service chez ce capitaine, chez qui je t'ai vendu ?" Kiem est narquois en disant cela, un vilain sourire naît sur ses lèvres.

"Je crois que j'ai été remercié après tant d'années de bon service." Dis je en retour avec ironie.

"Alors fout moi le camp je t'ai déjà assez supporté." Kiem s'apprête à repartir vers là d'où il vient.

"Non, y en a marre, arrête de tabasser tout le monde. Arrête de t'en prendre aux enfants !" J'ai crié.

"Mon ami, si chacun se tenait à sa place je n'aurai pas à faire ça, mais vous êtes si méprisables que j'y suis obligé. D'ailleurs tu vas en prendre une si belle que personne ne te reconnaîtra jamais ! Qui es-tu pour venir chez moi me dire quoi faire ? QUI ?" Kiem s'énerve et devient tout rouge.

"C'est fini, plus jamais tu me toucheras, plus jamais tu ne toucheras quiconque !" Je me met en position de défense, jetant mon nouveau sac au sol. Ma seule chance sera ma rapidité. Il attaque pour me coller son poing dans ma gueule, mais je l'esquive d'un pas de coté tout en tentant de le déséquilibrer avec un croche-pied. Réussi il tombe dans un vaisselier, détruisant au passage bon nombre d'assiettes et de plats en porcelaine précieuse. Il est touché au visage avec quelques écorchures qui saignent.

"Oh toi, TOI !" Là, je crois que je vais prendre, il a le regard fou de celui qui va tuer. Je le vois lorgner sur un poignard derrière moi. Il ne faut pas qu'il le prenne. Je démarre avant lui, saisissant l'arme. Il me fonce dessus et je parviens encore à l'esquiver en plongeant sur mon coté gauche. Il s'est saisi d'une autre arme, une belle hache gravée. Je n'ai jamais combattu contre un homme armé, et je pense que je vais pas avoir le choix que de tenter de survivre. Je ne sais même pas me servir de mon arme. Je dégaine le poignard de son beau fourreau de cuir, prêt à en découdre. Ma chance c'est que Kiem est un gros lard qui s'essouffle vite, l'homme traîne toutes ses journées dans son appartement et ne visite sa maison qu'une fois par jour. C'est son emprise sur les autres qui lui donne son pouvoir. Désormais c'est fini, il va payer. Il attaque à nouveau, sa hache frappe le mur derrière moi et reste enfoncé. Il la dégage d'un coup sec, la respiration forte et de plus en plus rouge. La femme qui l'accompagne est paniquée et sort pour chercher de l'aide en criant.

Il attaque à nouveau, je m'esquive d'un pas de coté tout en frappant de toute mes forces avec mon poignard. La hache s'enfonce dans le meuble derrière moi en une gerbe d'éclisses. Je sens mon arme entrer dans la chair sur le coté. Kiem a comme un râle et tombe à genou d'un coup. Je retire mon arme d'une plaie ensanglanté. J'ai touché sur son coté droit, il saigne abondamment, il a sûrement son compte. Je dois me barrer au plus vite, je récupérer mon sac, choppe quelques yus qui traînent sur une table, essuie à la va-vite le poignard et le rengaine. Avant que je puisse sortir de l'appartement un groupe de femme s'est encouru.

"Mais qu'est-ce tu as fait ? Tu l'as tué, tu l'as tué ???" Une des femmes est catastrophée.

"Mais tu comprends ce que tu viens de faire, tu comprends que tu nous condamne toutes ?"

Je reste interloqué par la dernière remarque.

"Il est notre protecteur, certainement pas le plus agréable, mais nous arrivons à vivre grâce à lui ! Où vas-t-on aller, que vas-t-on devenir ???" Les femmes se lamentent, je n'aurai jamais pensé ça. Je croyais qu'au contraire ça les libérerai de l'emprise du vieil homme.

Des gamins arrivent et s'interposent face aux femmes, parmi eux Lluvia.

"Tu as bien fait Dems, nous voila vengés ! Gagnons notre liberté, partons !"

Les femmes veulent m'attraper mais les jeunes sortent des armes : petites épées ou poignards. Le plus grand leur déclare. "Vous ne passerez pas, Dems est sous notre responsabilité, écartez-vous."

Nous sommes six gamins en tout, dont la petite Lluvia, nous dévalons les étages alors que des cris d'alarmes se répandent dans la maison. Arrivé au rez de chaussé, il faut encore passer la taverne très peuplée à cette heure-ci. Des gardes sont prévenus et se lèvent arme à la main. Nous nous dispersons en renversant tout sur le passage et passons sous et sur les tables. Notre furtivité est à notre avantage et nous parvenons à sortir de la maison. Dehors le groupe me guide dans les petites rues et ruelles avant d'arriver devant une petite porte dans un mur nu. Nous entrons tous et passons dans un couloir interminable et tortueux avant d'atteindre la pièce de vie. Ici une vingtaine de gamins vaquent à leur tâches.

"Voila où je loge Dems." Me dit Lluvia comme pour me rassurer. "Voici tous ceux du Groupe."

Le plus grand vient me voir, il doit avoir mon âge. "Je suis Lémans, chef du Groupe, tu es bien Dems, le gamin vendu aux marins ? Tu te souviens de moi ?"

"En effet, quelle surprise, vous avez tous bien grandi, je suis si content de vous revoir en vie."

Je m'installe avec eux pour la nuit, racontant toutes mes aventures, eux m'expliquant leurs joies, leurs peines, mais surtout leurs réussites. Les planques trouvées sous la ville, dans les ruines ancienne de Bouhen, des kilomètres de caves, de couloirs, un labyrinthe que seul le Groupe connaît, avec des sorties stratégiques pour fuir en cas de danger. La débrouille organisée, les gamins du quartier ne sont plus abandonné, ils ont un toit et à manger, l'essentiel est là. Ce n'est que tard dans la nuit que je m'endors après avoir partagé avec eux un repas de fête.

Le lendemain, un d'entre eux vient me dire que je suis recherché dans la ville, mais que le vieux n'était pas mort, juste une vilaine blessure qui n'a rien touché de vital. Je sais que je ne pourrai pas rester avec eux, l'aventure m'appelle, je me vois bien aller à la Capitale pour faire fortune. Je suis rassuré que Lluvia ait un foyer et que le Groupe soit si soudé. Je leur dit aurevoir et que j'espère les revoir bientôt. Je sors dans la rue.


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Dernière édition par Dems le Lun 16 Mar 2015 21:06, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rue des plaisirs
MessagePosté: Lun 9 Mar 2015 02:13 
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Alors que tu circules dans la rue, un tintamarre attire ton attention. Non loin de toi, adossée sur le mur d’une auberge jusqu’alors inconnue, une fillette à la chevelure rousse et bouclée, à peine âgée de neuf ans, frappe ensemble deux brassards rouillés en mauvais états en criant à tue-tête :

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« Oyé, oyé nobles gens, aidez-nous à sauver les sinolgures, espèce menacée d’instinction ! Sauvez les sinolgures et une bourse pleine de yus vous sera remise en récompense. »


Il est évident qu'il ne s'agit pas d'une enfant de la rue. D'ailleurs, à ses côtés se tient un orque à la fière allure en guise de protecteur.

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 Sujet du message: Re: Rue des plaisirs
MessagePosté: Lun 16 Mar 2015 21:04 
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Je n'ai pas le temps d'aller bien loin dans la rue que je suis attiré par des cris d'enfants. Une jeune fille de moins de dix ans cris à tue-tête en tapant deux vieux brassards entre eux pour faire un sacré boucan. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'elle crie, mais il y a de l'argent à la clé. La gamine n'est pas du coin, c'est certain, elle sort des beaux quartiers, ou d'ailleurs, mais pas d'ici. Une belle chevelure rousse, une frimousse propre, des beaux habits... Et un garde colossal qui la surveille. Mais que vient-elle faire dans les bas-fond de la cité, c'est pas ici qu'elle aura un aventurier pour sauver ses sinaugurs ? Ses quoi ? Jamais entendu parler. C'est comme son garde, c'est quoi ça ? Ça serait pas un Garzok ? Avec sa taille, sa carrure et son aspect aucun doute. C'est bizarre ça, que fait une telle créature ici ? J'en ai jamais vu dans la ville, mais j'en ai croisé quelques rares vers Tulorim il y a quelques mois lors d'une escale. Je pense bien que c'est un Garzok, je devrais me méfier et filer au plus vite de cette ville. Mais l’appât du gain est le plus fort et je me dirige vers eux dans l'espoir d'en savoir plus.

"Euh bonjour, que fais-tu ici ? Tu cherches quelqu'un pour du boulot ? Il se trouve que je suis libre en ce moment et prêt à faire ce qu'il faut. Mais qui êtes vous ? Et c'est quoi ça silnoghur ?"

J'espère que je ne passe pas pour un imbécile avec mes questions, mais moi je ne suis jamais allé à l'école, je sais même pas lire. J'ai hâte de savoir ce qui m'attend, tant que je peux fuir loin de cette ville ça me va.


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Dernière édition par Dems le Mer 18 Mar 2015 22:45, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Rue des plaisirs
MessagePosté: Lun 16 Mar 2015 23:56 
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Intervention rp 2, pré-quête 31 pour Dems


« Je suis ici pour recruter des gens pour sauver les sinolgures. Je me nomme Maude. Les sinolgures font parties d'une espèce animale, mi-chat, mi-chien. Mais à l'intérieur, ils vous expliqueront mieux »
Termina-t-elle en pointant l'auberge derrière elle.

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Lorsque tu franchis le seuil de la porte tu aboutis ICI L'enfant sur tes talons.


(((La préquête est terminée pour toi, ton prochain rp devra être dans la quête, au lien indiqué ci-dessus !)))

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: Rue des plaisirs
MessagePosté: Lun 17 Aoû 2015 01:01 
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((( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont choquantes et à connotation sexuelle, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))

Lorena somnolait, la tête posée sur le torse puissant de son amant. Pordris, le capitaine du Bienheureux, était un de ses habitués ; le meilleur selon la jeune prostituée. La quarantaine, le poil gris-brun, l'homme râblé avait un charisme naturel qui imposait le respect. Sa peau tannée par le soleil commençait à se flétrir et au fil des ans les pattes d'oie au coin de ses yeux s'étaient creusées. Il n'était pas beau à proprement parler avec son nez écrasé lors d'une bagarre et sa grande bouche lippue. Il appréciait la présence de la jeune fille : il payait toujours pour la nuit et après l'amour il lui racontait ses aventures. Dans ces moments-là elle imaginait l'odeur des embruns soulevés par le vent, bien loin de l'air fétide d'une chambre de maison de passe.

Ce marin ferait un bon mari. L'homme était doux avec elle et raisonnablement sobre. Il possédait deux bateaux de commerce et quelques barques de pêche, ce qui lui permettait d'entretenir une vie de famille. Lorena fermerait les yeux sur ses aventures extraconjugales dans les différents ports en échange d'une vie rangée de femme mariée. Elle rêvait de se fondre dans la masse des épouses respectables qui faisaient le marché et caquetaient pendant des heures avec leurs voisines sur l'augmentation du prix des denrées. Ah, comme elles avaient de la chance et combien elle les enviait ! Des amis, des enfants et une famille digne de ce nom… Elle donnerait n'importe quoi pour atteindre ce bonheur conjugal. Hélas Pordris était déjà marié à une femme aux cheveux gris et père de quatre enfants dont trois étaient marins, ce qui était pour lui une grande source de fierté. Pas d'espoir d'union mais Lorena taquinait régulièrement le capitaine en lui disant qu'elle serait prête à réchauffer son lit dès le trépas de son épouse. Il en riait mais ne lui avait jamais fait une quelconque promesse à ce sujet.

L'homme se dégagea doucement d'elle, roula sur le matelas miteux puis se releva de toute sa hauteur. S'appuyant sur un coude la prostituée le regarda avec des yeux ronds, sans comprendre cette hâte.

"Le vent a forci depuis une heure et il a changé trois fois de direction", dit-il comme si cela expliquait son comportement. Perplexe, Lorena leva un sourcil. "Ça sent le mauvais grain."

La jeune fille hocha la tête, comprenant subitement que le capitaine allait chercher ses marins égayés sur le port, dans les troquets et lupanars pour ensuite passer les prochaines heures sur son bateau. Elle se laissa tomber sur sa couche en soupirant. Son proxénète de père ne manquerait pas de la remettre au travail une fois Pordris parti, qu'il ait payé la nuit ou non. Le capitaine rentra sa chemise dans son pantalon puis passa la porte avec une démarche décidée sans un regard en arrière pour Lorena. Dans le couloir elle l'entendit discuter quelques secondes avec son père puis battre le rappel des marins de son équipage présents dans la petite maison de passe.

Pendant ce qui lui sembla être quelques heures, Lorena n'entendit rien d'autre dans la maison de passe que les rires et gémissements habituels. Mais au-dessus d'eux le vent avait indéniablement forci. Le murmure de la brise marine s'était transformé en rafales qui venaient frapper les tuiles par saccades. Lorena conservait les yeux au plafond. N'était-ce pas une idée absurde que de penser que le vent emporterait la toiture ? C'est à ce moment que surgirent dans la pièce ses frères et sœurs. Falia avait un an de moins qu'elle. Elle avait un air perpétuellement renfrogné qui faisait fuir les clients, ce qui l'arrangeait bien. Linia approchait les quatorze ans. A chaque fois que son regard se portait sur elle, Lorena ressentait une profonde tristesse ; dans quelques mois son horrible père vendrait son innocence à un vieux pervers ventripotent. La douce Linia prenait cette perspective avec calme et philosophie, transformant ses doutes et angoisses par un mysticisme surprenant envers Gaïa. Breno, le petit dernier, n'avait qu'une dizaine d'années. Il traînait souvent sur le port et son plus grand rêve était de devenir marin. Le vent violent semblait plus l'exciter que l'inquiéter. Lorena constata que ses cheveux étaient en bataille : le garnement revenait tout juste des quais.

" Tu aurais vu ça, il y a des marins partout qui courent à leurs esquifs ! Même les pêcheurs. Ils disent qu'il va y avoir une tempête… C'est formidable, non ? Il y en a qui restent au port dans leurs navires, d'autres qui sortent en haute mer pour ne pas que les coques de leurs bateaux soient abîmés en cognant le quai. En tout cas, c'est le bazar, il y a des miliciens partout. Mais Linia m'a obligé de rentrer ", dit-il en passant de l'excitation à un air chagrin de petit garçon qui ne comprend pas pourquoi on le gronde.

" Tu sais très bien que tu n'as pas le droit de traîner dehors quand il y a du mauvais grain ", lui rétorqua sa grande sœur qui le maintenait fermement par le bras. Linia était une adolescente timide mais généreuse. La violence qui régnait dans leur famille l'avait incitée à la discrétion. Elle se rendait utile à tous et surveillait de près son petit frère turbulent qui ne cessait de vagabonder autour du port. Mais en leur for intérieur, Lorena et ses sœurs pensaient que l'enfant serait mieux n'importe où que dans la maison close où il n'était pas à sa place.

" Dis, on peut ouvrir la fenêtre pour voir ce qu'il se passe dehors ? Ce serait chouette ! "
Demanda Breno en joignant le geste à la parole, bousculant ses sœurs pour ouvrir le modeste volet de bois. Le froid, le crachin et le vent s'engouffrèrent dans la chambre, ce qui fit frissonner Lorena au corps partiellement dénudé.

La jeune prostituée passa sa robe pour se réchauffer puis rejoignit ses cadets à la fenêtre. Le vent avait déjà fait voler de nombreux objets hétéroclites depuis le port jusqu'au fond de la rue. L'amoncellement de déchets rendrait folle la vieille Satine, la tenancière du bordel dont la porte était obstruée. Cela fit rire les enfants, l'imaginant au matin échevelée et armée d'un balai en jurant férocement contre Rana. Puis des objets bien plus lourds se renversèrent : des tonneaux volumineux et des enseignes de portes furent projetés dans la fange au milieu de la rue. Les gens luttaient contre le vent pour avancer, les pans de leurs vêtements frappant violemment leurs jambes. La fratrie éprouva un grand moment de honte lorsque leurs parents complètement saouls sortirent dans la rue pour prier les déesses Rana et Moura de se calmer car elles faisaient fuir les clients. Puis ils se livrèrent à des imprécations dans leur charabia d'ivrognes. Alertés par le bruit les voisins pointèrent le bout de leur nez aux fenêtres et leur balancèrent des immondices en riant. Que leurs parents alcooliques se livrassent à des spectacles de ce genre était courant et au fil du temps les enfants avaient l'habitude de ces frasques embarrassantes. Néanmoins la pieuse Linia s'inquiéta : et si ces inepties avaient outragé plus encore les déesses ?

La pluie redoubla et doucha tant et si bien les pseudo hiérophantes qu'ils regagnèrent en courant leurs pénates. Le spectacle était terminé, la tempête ne faisait que commencer. Breno n'éprouvait plus d'excitation ; au contraire il tremblait de peur à chaque coup de vent qui faisait grincer la maison. Entourant ses puînés de ses bras, Lorena leur murmurait des mots rassurants à l'oreille. Elle même n'avait qu'une envie : se réfugier sous sa couverture en tremblant de peur. Mais elle restait auprès d'eux, assumant le rôle défaillant de leur mère qui brillait par son absence. Cette poltronne devait sûrement s'être enivrée jusqu'à l’hébétement pour oublier son effroi.

En moins d'une heure la pluie et le vent avaient atteint une intensité incommensurable. A l'extérieur des objets frappaient violemment le lupanar en effritant le plâtre qui recouvrait ses murs. Lorena avait l'impression que des centaines de seaux se déversaient simultanément sur le toit de la maison tandis que le vent hurlant faisait gémir la charpente et claquer les portes. Les charnières des volets grinçaient en une longue agonie jusqu'à ce que, un à un, les clous retenant leurs gonds soient arrachés. Les panneaux de bois s'envolèrent, laissant entrer un vent furieux qui mit sans dessus-dessous la modeste décoration de la chambre. Mais ce fut l'eau glaciale qui fit crier les enfants car elle leur battait la peau avec une telle force qu'ils eurent l'impression d'être fouettés.

" La commode ! " Cria Lorena.

En quelques secondes le meuble fut dépouillé de ses tiroirs et retourné sans ménagement. Falia et Lorena prirent chacune une extrémité du meuble pour le caler contre l'ouverture. L'une comme l'autre lâchèrent leur prise en arrivant près de la fenêtre. La rue fangeuse s'était transformé un petit torrent d'eau grise qui avançait et reculait en rythme avec le ressac des vagues qui se fracassaient sur les quais, projetant l'eau et l'écume haut dans le ciel. L'onde sale s'infiltrait dans les habitations en passant sous les portes. Certains voisins écopaient avec des seaux ou calfeutraient les ouvertures avec des torchons de fortune. Vaines tentatives car la hauteur de l'eau augmentait de minute en minute. Occupés à sauvegarder les branlantes masures, ils ne voyaient pas le danger que représentaient les barques de pêcheurs qui s'étaient libérées de leur entrave. Elles dansaient dans la rade en percutant d'autres navires dont certains commençaient à s'abîmer à cause de trous dans leurs coques. Le ruisseau deviendrait bientôt une rivière doté d'un courant qui emporterait tout sur son passage : hommes, navires, murs des maisons.

" On y va ? " Demanda Lorena à Falia.

Depuis longtemps les deux sœurs aînées avaient ourdi leur plan pour s'échapper de l'emprise de leurs parents. Toutes deux rêvaient d'une vie tout à fait banale, loin de la prostitution et de la violence quotidienne. Elles échangèrent un long regard mais aucune ne cilla. Elles attendaient un moment propice où leurs parents auraient le dos tourné pour s'enfuir avec leurs cadets. La tempête leur offrait une occasion inespérée qui ne se représenterait pas de si tôt. Elles glissèrent la commode sur une moitié de la fenêtre, laissant l'autre partie libre afin de pouvoir s'échapper.

" Bien… Et maintenant, mes petits, nous allons jouer une petite comédie ", dit Lorena, un sourire machiavélique s'étalant sur ses lèvres.

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 Sujet du message: Re: Rue des plaisirs
MessagePosté: Lun 17 Aoû 2015 18:12 
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((( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont choquantes aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))

" Quelle comédie ? " Demanda Linia avec méfiance puisqu'elle possédait des principes rigides concernant l'honnêteté.

" Nous allons nous enfuir. Maintenant. Nous n'aurons pas d'occasion avant longtemps. A moins que tu ne préfères te faire tripoter par des clients. " Le ton de Falia était aussi froid que de la glace et elle ne mâchait jamais ses mots. Mais elle emporta l'adhésion de sa petite sœur qui craignait pour sa pureté.

" Enfin, c'est pas trop tôt ! Vous en avez mis un temps à vous décider… Moi je serais bien parti avant mais je devais rester pour vous protéger "
, pérora Breno. " A l'heure qu'il est je serais un mousse sur un beau navire, mais j'étais obligé de refuser pour rester ici à m'ennuyer. "

Ses sœurs le regardèrent comme si un troisième œil venait de lui pousser au milieu du front. Mais si elles avaient observé le garçon, elles se seraient aperçu qu'il avait rapidement passé de l'enfance à l'adolescence. Les épreuves et la misère avaient précocement mûri son caractère.

" Bon, tout le monde est d'accord ", constata Lorena, soulagée que le consensus fût acquis si rapidement. " Le plan est simple : Linia, tu vas apporter des linges ou n'importe quoi d'autre pour éponger devant la porte d'entrée, cela alertera papa et il commencera à s'occuper de l'inondation. Toi, Breno, tu arriveras devant eux et tu feras semblant d'avoir peur. Falia, tu viendra chercher Breno pour le calmer et vous reviendrez tous les trois par ici sous prétexte de chercher d'autres serpillères. "

" Et toi ? " Demanda Breno, curieux.

" Pendant qu'il sera distrait j'irai récupérer ce dont nous aurons besoin pour survivre : à manger et des yus dans la chambre de maman."

" Elle est en train de cuver dans son lit ", dit sombrement Falia, consciente du risque qu'encourrait sa sœur aînée si elle se faisait prendre.

" Mais… C'est du vol ! " S'écria Linia, scandalisée.

" Non, c'est une infime partie du salaire qu'ils me doivent " , répondit Lorena du tac au tac. N'importe qui dans le quartier savait que les filles se faisaient exploiter par leurs parents alcooliques.

" Parfait… Mais tout de même ! " S'exclama Linia, qui empilait les toilettes vaporeuses de sa sœur dans un des tiroirs vides de la commode. Salir ses vêtements en les transformant en serpillières improvisées était sans doute sa façon à elle de faire expier son vol à Lorena. Cette dernière n'en avait que faire. Sa chair était ferme et elle possédait les charmes de la jeunesse ; elle n'avait pas besoin d'artifice pour exciter le désir d'un client.

La porte de la chambre claqua et quelques instants plus tard leur père commença à beugler. La première phase de l'évasion se déroulait de la meilleure façon. Avec un hochement de tête déterminé, Breno entra en scène. L'enfant se fit bruyamment entendre par des pleurs dignes d'un petit garçon peureux. Lorena trouvait qu'il en faisait un peu trop, mais finalement Breno tenait assez bien son rôle.

" Il se débrouille bien. Tu vas avoir le champ libre pendant un moment ", constata Falia avec un regard malicieux pour son aînée.

" C'est un comédien né. Allons-y, il est temps. " Et les deux sœurs vidèrent subrepticement les lieux.

Tandis que Falia empruntait le couloir en vers la porte d'entrée, Lorena prit la direction opposée. La chambre du fond était occupée par sa mère. Celle-ci n'avait qu'une trentaine d'années mais l'alcool avait prématurément alourdi ses traits. Son corps était déformé par son métier et les grossesses qui s'étaient enchaînées au fil des ans. Elle exsudait une odeur âcre de vinasse et le blanc de ses yeux autrefois magnifiques avait viré au jaune. Elle n'était plus qu'une grosse femme avachie sur un matelas crasseux. Elle ne se levait que pour chercher une nouvelle bouteille. Les cadavres des précédentes jonchaient le sol autour de son lit et Lorena devait louvoyer entre elles afin d'atteindre la petite bourse en cuir contenant les économies de la famille. Concentrée sur sa tâche, elle rentrait la tête dans les épaules à chaque bruit qui pourrait réveiller la dormeuse. Et ils ne manquaient pas : volets claquants, tuiles arrachées ou bourrasques ne semblaient pourtant pas troubler les ronflements. Enfin Lorena arrivait devant une armoire. Elle s'accroupit entre deux objets abandonnés au sol pour ouvrir le tirroir du bas. A l'aveuglette dans la pénombre ses doigts cherchaient la petite bourse en cuir qui contenait les économies du couple de proxénètes. La quasi totalité des bénéfices partait en nourriture ou alcool mais ils conservaient quelques pièces pour les coups durs.

Il y eut un cri de fureur de son père ; immédiatement les ronflements cessèrent. La main de Lorena s'immobilisa au-dessus du maigre magot. Sa mère grogna puis se redressa péniblement.

" Qui est là, qu'est-ce qu'il se passe ? " Grogna t-elle à l'attention de sa fille.

Malgré la déception de savoir son plan totalement gâché, Lorena se saisit d'un linge quelconque, enroba discrètement la bourse de cuir et se retourna vers sa mère, un sourire aux lèvres. Voilà des années qu'elle savait contrefaire à la perfection l'amour et la compassion. Elle avait été à bonne école, observant la vieille prostituée amadouer ses clients puis utilisant cette même technique pour éviter les bastonnades de ses géniteurs alcoolisés. La peur au ventre, elle espérait ne pas lâcher l'argent ou qu'il ne tinte pas entre ses doigts.

" C'est Lorena, maman. Il a beaucoup plu et l'eau s'infiltre sous la porte. Nous utilisons tous les tissus pour éponger l'inondation. "


" Humpf ! " Fit-elle en tentant de relever son corps mou, " Et les clients ? "

" Maman, c'est la tempête dehors, ils sont tous rentrés chez eux ", répondit-elle patiemment comme à un petit enfant à qui l'on explique les choses de la vie.

" Aides-moi à me relever. Je veux voir. "

Elle était fort mécontente. En effet, sans la recette des passes comment payer ses libations quotidiennes ? Elle allait sûrement avoir une explication avec son cher époux pendant laquelle ils se reprocheront mutuellement tous les maux de la terre. Sans mot dire Lorena passa un châle de laine sur les épaules de sa mère puis se plaça face à elle en chassant du pied quelques bouteilles de verre qui l’eussent blessée en se brisant. Elle tira sur les bras qu'on lui tendait et sa mère poussa sur ses jambes. Après quelques secondes d'efforts les deux femmes furent projetées dans une étreinte que ni l'une ni l'autre ne désiraient. Lorena s'en détacha avec dégoût, l'alcoolique avec indifférence, titubant déjà vers la porte en évitant de broyer les tessons de bouteille sous ses pieds nus avec une chance insolente. Sa fille la suivait silencieusement, son linge toujours à la main. Elle constata que l'eau avait monté rapidement : le couloir était humide d'une eau grisâtre qui sentait les embruns.

Lorena entrouvrit la porte de sa chambre lorsqu'elle passa devant et eut la surprise de voir son petit frère Breno à califourchon sur l'embrasure de sa fenêtre.

" Pousses-donc cette fichue commode que je puisse passer ! " Geignit-il en poussant le meuble obstruant à demi la fenêtre qui ne bougeait pas d'un pouce sous ses assauts. La jeune fille posa l'argent dans le creux d'un tiroir évidé de la commode. Elle aida bien volontiers Breno et l'enfant ne se fit pas prier pour raconter ses aventures.

" Tout allait bien, Linia a réussi à faire venir papa jusqu'à la porte pour lui montrer que l'eau pouvait passer par en-dessous. Ils ont commencé à faire un petit barrage de vêtements contre la porte, c'est à ce moment-là que je suis arrivé pour jouer le petit garçon. Ça n'a pas du tout plu à papa, il m'a donné une grande claque et il a ouvert la porte pour me mettre dehors avec un coup de pied aux fesses. Cet imbécile avait complètement oublié l'inondation ! L'eau est rentrée dans la maison et il a crié. Je me suis retrouvé dehors. Il y a un sacré torrent ! Heureusement que j'avais à descendre la rue pour me retrouver devant ta fenêtre. Si j'avais dû remonter le courant je n'y serais jamais arrivé. En tout cas le ciel est toujours noir et c'est de pire en pire au port : la mer déborde sur les quais, il va falloir partir de la maison sinon nous allons être noyés. "

L'enfant ouvrait de grands yeux effrayés. Comme tous, il avait entendu des récits colportés par de rares anciens dans les estaminets du port à propos de grandes tempêtes et de marées terribles qui avaient submergé des quartiers entiers. Or la maison de passe n'était qu'à quelques encablures du port. Sa charpente craquait déjà, elle perdait son toit tuile par tuile et ses murs en plâtre s'effondreraient rapidement avec l'humidité. Lorena le savait ; elle se refusa à évoquer des mensonges pour rassurer son frère. Elle l'étreignit rapidement et déposa un baiser sur son front. Dans le regard de la jeune fille l'on pouvait lire de la détermination : elle sauverait sa fratrie quoiqu'il en coûte.


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 Sujet du message: Re: Rue des plaisirs
MessagePosté: Ven 21 Aoû 2015 16:03 
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((( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont choquantes et à connotation sexuelle, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))

Les ruelles malfamées tâchaient sérieusement l'éclat de la ville. La rue des plaisirs était l'archétype même du quartier où voleurs et tire-laines se disputaient des bouts de territoire. La plupart encapuchonnés le regardaient avec un intérêt malsain rôdant au niveau de l'embrasure des masures en ruine. Sa présence attira les prostituées comme le miel attire les mouches, une kendrane à peine de vingt printemps était venu le caresser le torse tout en essayant de le séduire, si séduction il y a les humains n'avaient sans doute pas la même signification que les Sindeldi. Il l'écarta sans ménagement grimaçant en l'entendant minauder et en essayant de l'appâter grossièrement en jouant avec sa poitrine.

A Tahelta, il aurait pu se trouver une belle femme avec qui se marier s'il n'avait pas été obligé de partir dans la précipitation à travers plusieurs mondes jusqu'à revenir sur Yuimen. Pourchassé par des prêtres de Sithi, il n'y avait aucun moyen de tisser des liens d'amitié avec la population locale et encore moins d'éprouver de l'amour pour une femme. Les sentiments ne rentraient plus en compte de ce fait. Soudain, il sentit une main arracher la cordelette retenant sa bourse de yus. Une ombre mouvante s'éloignait avec sa bourse, il lui courut après traversant plusieurs ruelles étroites jusqu'à une impasse.

Le voleur se tourna vers lui et il sut que c'était un demi-elfe avec ce visage humain mais ces yeux d'une sagesse qui n'étaient pas du tout humaines. Sa peau était assez blanche malgré la crasse qui maculait son teint, ce devait être un hinïon croisé avec un kendran ou un whiel. Le semi-elfe tenait sa bourse d'une main tandis que de l'autre il dégainait une longue dague effilée à la poignée en argent bien trop ouvragée pour appartenir à un simple tire-laine. Derrière Aeglos, deux hommes poussaient une charrette et lui bloquèrent ainsi le passage. Des maisons accolées au niveau de l'impasse sortit un épéiste muni d'un espadon, de gants et d'une cotte de maille.

- Ithlèn, tue-le ! ordonna l'épéiste au semi-elfe.

Le voleur courut vers lui, puis sauta sur lui. Il évita son attaque en roulant sur lui-même.

- Je ne tue pas sans raison alors ne m'y oblige pas, tenta-t-il de le convaincre en hinïon.

Soit le semi-elfe ne voulait pas lui répondre soit il ne comprenait pas la langue de sa part elfique. L'un dans l'autre, il refusa d'arrêter ses attaques. Il reçut un coup de pied dans le ventre qui le déstabilisa, puis une avalanche de coups de poings et de pieds qui le plaquèrent contre un mur en brique. Le demi-elfe sourit en lui serrant le cou de sa main droite puis leva sa main gauche, la lame effilée de sa dague pointée vers son cœur. Le mage laissa ses bras retomber le long de son corps faisant semblant d'abandonner, ce que le voleur ne put voir c'était le grand pic de glace qui se formait derrière son dos.

- Ithlèn ! le prévint-on.

Le voleur n'eut pas le temps de se retourner que déjà la pointe du pic de glace lui transperça le dos puis s'enfonça de plus en plus dans son corps guidée par sa magie. L'agilité des voleurs était un fait, surtout lorsqu'on était un elfe, néanmoins s'approcher d'aussi près d'un mage n'était pas toujours une bonne idée. Du sang tâchait ses habits noirs élimés et il se tourna vers le guerrier avec stupeur. Il essaya de baragouiner quelque chose mais Aeglos fit apparaître un autre pic de glace au-dessus de la tête du demi-elfe et il s'enfonça avec un bruit écœurant de succion. Le sang macula le sol et forma une mare. Les yeux bleu glace fixèrent les deux bandits qui partirent en courant après avoir escaladé rapidement la charrette.

L'épéiste s'avança, son visage carré entouré de bouclettes brunes faisait peur à voir lorsqu'il se contracta sous la colère. La magie l'avait épuisé, il était presque revenu de la mort, il n'avait pas encore récupéré de la totalité de ses pouvoirs et de sa puissance d'antan.

Le guerrier plaça la pointe de son épée à l'horizontale et courut en rugissant férocement. Loin d'être impressionné, le mage se précipita vers lui, puis au dernier moment glissa sur le sol et passa entre ses jambes. Se précipitant contre une porte close, son corps détruisit les planches en bois qui barricadaient la masure et courut à l'étage par l'escalier pourri suivi du guerrier au pas lourd. Le plancher craqua et ils passèrent tous deux à travers. Le choc violent perturba ses sens et il se leva difficilement. Il esquiva de justesse le coup de taille qu'il essaya de lui porter, la lame venant finalement briser une poutre près de lui. Il lui donna un coup du pommeau lui éclatant les lèvres avant de nouveau d'abattre son épée vers lui mais le guerrier brisa une autre poutre porteuse.

Un grondement vint de la maison et sans réfléchir, il invoqua un dernier pic de glace qu'il envoya briser la dernière poutre porteuse. Le grondement les fit trébucher, ils se regardèrent dans les yeux, comprenant qu'il fallait sortir rapidement. Se précipitant vers la sortie, il ne vit pas la lame entailler profondément sa jambe gauche. Le guerrier tenta de s'échapper mais sa lourde armure le ralentissait. La sortie était à quelques mètres, il se déplaça en boitant puis roula contre le plancher juste à temps avant que la masure ne s'effondre totalement, une vague de poussières se dispersant à la chute.

Se relevant avec peine, il vit une partie du corps inerte de l'épéiste dépasser de la ruine, il entreprit alors de fouiller en détachant les lanières de la côte de maille et il eut de la chance lorsqu'il retira de la sacoche à moitié écrasé par le poids de l'armure de découvrir le jumeau du jeton gagné aux cartes contre le nain. Si le moyen pour jouer aux cartes contre le capitaine du "Sirena" était de rassembler deux jetons avec cette forme alors battre Paul Leluar n'était plus utile. Boitant, il se dirigea de nouveau vers le port.

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