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 Sujet du message: Temple de Moura
MessagePosté: Mar 28 Oct 2008 22:17 
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Temple de Moura


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A la Déesse la plus vénérée de la cité, il fallait bien un temple digne de ce nom! Moura est la protectrice des Marins, maîtresse des Océans et de ses fureurs. Nombreux sont les forbans qui se disent sans foi ni loi et qui pourtant vénèrent Moura. Tout homme qui prend la mer sans la prier prend de grands risques...

Le Temple de cette cruelle Déesse Marine est situé à la bordure occidentale du port de Darhàm. L'extérieur est plutôt surprenant et incongru, il ne donne pas vraiment la vision que l'on pourrait avoir d'un temple. En effet, il s'agit d'une épave d'un majestueux bateau mis à sec pour accueillir en son sein l'antre de la Déesse, laquelle est représentée en grande pompe sur la proue du navire dont toute la coque est ornée de dessins marins: scènes de navigation ou représentation de créatures des profondeurs de l'océan.

Mais c'est quand on entre dans le Temple qu'on en remarque la singularité la plus surprenante. Au milieu de la sombre pièce creusée dans cette coque vide, une large ouverture sur ce qui est réellement le temple: un temple souterrain. Sur quatre étages en dessous du niveau du sol s'étend un cylindre majestueux et fait de pierres bleutées et sombres. De ce gouffre à l'architecture divine proviennent les échos de vagues puissantes issues du fond de l'abysse qui donne directement sur la mer. C'est en haut de ce gouffre que l'on fait parfois des offrandes et sacrifices à la Mer, à Moura, afin de s'assurer un voyage sans peines.

Tremblez, si en ce lieu vous ne vénérez pas la Puissante Déesse!

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Lun 30 Mai 2011 03:33 
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Longeant la basse-côte nord-ouest de Darhàm, à l'endroit où la mer rencontre les digues de pierres dans un enchevêtrements de roches et de récifs, Baldur se laissait guider par les silhouettes silencieuses d'Azur et de deux de ses compagnons. Le tambour des marées emplissait l'air d'un rythme puissant et lancinant, qui semblait comme s'amplifier à mesure que le petit groupe approchait d'une étrange séries de larges failles éventrant la falaise et où s'infiltraient en un grondement terrible un vent glacé et des vagues démesurées. Deux lourdes statues gardiennes aux impassibles visages de granit étaient sculptées dans la roche, comme gardant l'entrée de ces larges failles... Mais le temps, la pluie et les embruns ayant peu à peu érodé leurs inébranlables statures, réduisant à l'état de sable et de sombre poussières ce qui devait autrefois être leurs yeux, leur bouche et leur armure, conférant à ces éternelles sentinelles un inquiétant anonymat. De très anciennes statues... Pour un très ancien passage... Digne d'un antique peuple aux origines mystérieuses... Azur héla soudain Baldur, resté à la traîne dans la contemplation de la monumentale caverne ornée de ses gardiens de pierres, l'invitant à ne pas la perdre maintenant des yeux... Comme pour illustrer ses propos, la voleuse s'approcha alors d'une lézarde éventrant le flanc d'une des deux statues et sembla palper la roche avec précision et méthode. Ayant trouvé une partie de la brèche suffisamment large pour y passer son bras, elle détacha de son bracelet de perles noires une petite clé de bronze brillante, à la forme chaotique et absconse, pour la glisser prudemment jusqu'au fond de la fissure... On entendit un discret cliquetis métallique, puis le ramdam sourd et grave de la mise en branle d'une antique mécanique...

Quelques secondes plus tard, une ouverture pas plus large que deux coudées se dévoila dans la roche, entre le corps immobile de la sentinelle de pierre et la paroi calcaire. Lançant un regard railleur plein de défi vers Baldur, Azur tendit la main en direction du passage, invitant le rôdeur à prendre les devant et ouvrir la marche pour elle et ses deux compagnons...


Cinq minutes, deux séries d'étroits tunnels et quelques nombreux grognements plus tard, le petit groupe émergea dans une vaste caverne, illuminée de milles mailles d'un filet de platine et d'argent, fruit de la réverbération du soleil contre le courant furieux qui traversait en grondant l'immense faille. On pouvait voir une mer lumineuse à l'horizon, encadrée par d'autres sentinelles de pierres... Là, entre les stalactites et tourbillons rocheux, se mêlaient anciennes statues de femmes-poissons aux regards sévères, des colonnes d'un marbre délavé et recouvertes de lichen, ainsi qu'un enchevêtrement de planches, de poutres, de cordes et de toiles qui composaient un impressionnant campement suspendu au dessus de l'eau rugissante. Quelques pierres rougeoyantes étaient disposées au bout de bâton, diffusant une légère chaleur et une lumière orangée tamisée aux alentours... Au grondement sourd du martèlement des vagues se mêlaient une profusion de résonances qui s'amplifiaient dans l'écho de la caverne, formant une harmonie véritablement unique. Le crissement de la meule affûtant la lame d'une épée, le chuintement subtil né des chuchotements de ces ombres encapuchonnées se fondant avec les ténèbres de la caverne, le rythme des marteaux sur les clous, le claquements des pas sur les planches de bois... De même, au rafraichissant parfum iodée de la mer se mêlait divers arômes de poisson, de bois humide, de moisissure et de rouille. Atmosphère véritablement onirique et majestueuse... C'était donc ici que la résistance Darhàsmoise avait élu domicile, dans les cavernes sacrées situées sous le temple de Moura, là où les vagues rugissantes font écho aux chants des prêtres...

Mais... Ce n'était pas les dieux qui remporteront cette guerre intestine d'influences pour la cité sombre...

C'était cette bande d'anarchistes, de révolutionnaires, de prophètes d'une nouvelle liberté, de bandits et de candides illuminés... Cette communauté hétéroclites d'humains aux visages livides et maladifs, de guerriers patibulaires au teint hâlé et aux muscles saillants, de brigands ne profitant de la rébellion que pour donner un semblant de justifications aux pillages et aux meurtres... Ça et là, quelques chétifs elfes ou bâtards Humorans conférait à l'assemblée des ombres une pointe d'exotisme... C'était donc sur ces imbéciles à la loyauté changeante que tous les espoirs de réussite de la rébellion reposaient...

Avaient-ils la moindre chance...?

Baldur soupira profondément, las de ces deux journées à Darhàm... Azur attira son attention en posant amicalement sa main sur son épaule, redressa sa stature quasi-royale et lui murmurra "Bienvenue au cœur de Darhàm... Là où bat désormais aussi le mien..." Au petit ricanement railleur de Baldur qui trouvait cette phrase fort déplacée pour une voleuse aussi indépendante et individualiste qu'Azur, cette dernière répondit, amusée, en se serrant machinalement contre les bras du rôdeur... "... Darhàm a toujours été mon foyer, mon unique mère... J'ai été bercée par le rythme du port et les voix des marins, j'ai exploré ses rues et ruelles jusqu'à en connaître le moindre embranchement... Elle est mon amie et amante, chaque pierres de ses remparts m'est familière, chaque fleurs poussant sur les lierres de ses tours me dévoilent leurs doux parfums, rien qu'à moi... Aaah... Mon Baldur... Je ne suis pas une rôdeuse du Sud comme toi, je ne connais rien de la vie sauvage. Je ne survivrai pas deux jours dans la forêt sans m'être déjà fait dévorée par un loup dans ton genre, toujours affamée par la douce viande fraîche d'une demi-elfe !..." Azur s'avança un peu près du bastingage de corde dominant le chimérique tableau de la caverne illuminée... Baldur ne pouvait nier que la sincérité de ses paroles était authentique. Sa loyauté n'a toujours eu pour seule maîtresse que la cité elle-même... "... Tu pourrai partir … Prendre un navire pour Oranan ou Tulorim ..." "Là où bat le coeur de Darhàm bat aussi le mien, je mourrai si je la quittai... Il en a toujours été ainsi... Oaxaca montre les dents, elle a soif de sang. Son emprise sur cette ville ne fait que s'affirmer de jours en jours et si nous ne faisons rien, dans quelques mois, notre sang sera mêlé à la bière que boivent chacune de ces ordure de Garzoks qui vénèrent cette traînée démoniaque... Nous ne le voulons pas, n'est ce pas ?" railla-t-elle avant de se retourner vers le rôdeur qui croisait les bras, attendant patiemment la suite des événement. Son regard inquisiteur mais joueur semblant essayer d'arracher une réponse au guerrier des marais..."... Certes non ..." finit par admettre Baldur en un grognement agacé... " Bien... Avant toutes choses, je dois réunir les autres lieutenants de la résistance pour leur montrer ces parchemins et... je crois qu'ils vont faire pas mal de bruit. Retrouve moi plus tard dans la tente, près de la statue sans bras, de l'autre côté du campement. C'est la mienne... Oh, et n'essaye pas de crocheter la serrure de mon coffre, tu risquerais de te faire mal !" conclut la voleuse en riant avant de se fondre parmi les ombres marbrées de lumières de la caverne... Laissant Baldur sans autre choix que de se diriger vers la tente indiquée par la belle larronne.

Pendant sa traversée, quelqu'un souffla dans une corne, sans doute pour avertir d'une prochaine « réunion stratégique rebelle » quelque part dans le reste du campement qui peu à peu se vida de ses sombres occupants, laissant tout le loisir à Baldur de récupérer une gamelle en bois et se servir gracieusement en nourriture près d'une grande marmite abandonnée... Pour le coup, c'était des sortes de pâtes trop cuites et pas assez assaisonnée, qui formait comme une sorte de bloc gluant mais mangeable...

Baldur arriva finalement devant la tente en toile blanche, éclairée de l'intérieur par quelques pierres incandescente et bougies. Il souleva le pan d'étoffe qui servait d'entrée et resta quelques moments là, à engloutir des cuillerées de pâtes trop cuites, pour examiner la véritable tanière de cette louve azure...

C'était une « habitation » de taille moyenne, le toit de toile étant raccrochée à un mur de pierre taillée presque entièrement caché par un empilement de caisses frappées d'un dragon de cire. Un coffre au bois usé et aux renforts de laiton ternis était posé là, tandis que les deux morceaux d'un tonneau coupé en deux semblaient faire office de table basse ou de bureau sur lesquels ont avait posés diverses coupes où reposaient grappes de raisin, bougies et bâtons d'encens ainsi que quelques colliers et bracelets de perles de bois multicolores. Des vêtements et quelques étoffes décorées étaient rangés dans un coin de la tente, et un semblant de râtelier supportait le poids d'une armure de cuir rafistolée avec les moyens du bord. Au centre de la pièce se trouvait un étrange assemblage de fourrures d'origines diverses prenant la forme d'une sorte de siège au ras-du-sol et qui s'étendait par derrière jusqu'au mur de pierre taillée, donnant l'impression d'un trône dont seul le demi-dossier restait encastré dans le sol... En somme, une tente tout à fait typique, mais décorée avec attention... Posant son auge de bois sur le bord d'un des tonneau, Baldur se dirigea vers le coffre en défaisant au passage les lacets de sa cape noire qu'il jeta allégrement sur le tas de vêtements, dans le coin... Échauffant ses poignets, il inspecta consciencieusement le cadenas du coffre...

Baldur failli à nouveau s'étouffer de rire...

Nul besoin de crocheter une serrure rouillée à un tel point que la garde d'une dague suffit à faire sauter la chaîne du cadenas...

Levant le lourd couvercle de bois, Baldur trouva à l'intérieur du coffre les rares véritables effets personnels d'Azur... Deux livres portant sur la préparation des plantes médicinales trouvables en Nirtim et en Imiftil, un ouvrages de contes, quelques bijoux en bronze, un anneau d'obsidienne, des colliers faits de perles et de plumes, d'autres vêtements et une dague de cérémonie au pommeau incrusté de pierres précieuses, visiblement le fruit d'une expédition dans les mausolée du cimetière proche... Baldur inspecta a son tour le couteau qu'il avait récupéré sur le cadavre du capitaine de la garde. Le sang qui avait imprégné le métal blanc ne semblait toujours pas avoir séché...

Dans un soupir, le rôdeur déposa au fond du coffre le coutelas du capitaine... Il n'avait pas besoin d'un memento qui rappellerai à Darhàm tout entier qui est le véritable assassin du capitaine... Et Azur pourra toujours garder cette arme comme « trophée » même si le rôdeur l'avait accidentellement privée du plaisir d'une vengeance lente et sanglante... En échange, Baldur saisit à pleine main un des deux ouvrages de botanique et alla s'effondrer paresseusement dans le fauteuil-lit de fourrure, au centre de la pièce...

Déjà à moitié somnolent, le rôdeur céda néanmoins rapidement face à la douceur et à la chaleur de ces fourrures de loups, d'ours et de renards. Ne baissant pas pour autant sa garde en sombrant dans le sommeil, Baldur se contenta de se reposer en se prélassant mollement dans cette couche confortable, gobant de temps en temps un morceau de raisin... Ce n'est qu'après peut-être deux ou trois heures qu'une silhouette fine et familière apparue derrière le pan de l'entrée de la tente... La toile se souleva et, sans surprise, c'est le visage souriant et les yeux joueurs d'Azur qui se plongeaient dans ceux mis-clos de Baldur...

Calmement, elle murmura...
"...Baldur..."

_________________
Baldur
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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Mer 1 Juin 2011 04:17 
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"...Baldur..."

Rares étaient les moments où Azur se montrait aussi solennelle et sombre qu'elle l'était maintenant, son regard mélancolique posé sur le rôdeur à moitié endormi. Ses moues railleuses et caustiques n'étaient plus guère que d'hypocrites façades pour camoufler son authentique abattement... En remarquant cette étrange rogne qui agitait sa compagne, Baldur se redressa, cherchant dans les yeux bleus de la demi-elfe un indice qui trahirait la cause de sa mauvaise humeur. Azur préféra fuir ce regard interrogateur et se dirigea vers les coupes reposant sur les demi-tonneaux. Elle alluma ensuite calmement les bougies et bâtons d'encens à l'aide d'une petite pierre à briquet cachée dans sa manche et resta un moment là, à profiter des fragrances exotiques et apaisantes... Comme pour se donner du courage ?

"... Baldur... Mon Baldur... Te souviens-tu de ces nuits d'été fraîches et silencieuses ?... Nous dormions à tour de rôle, aussi bien pour surveiller les ruelles que pour contempler les étoiles. Nous partagions ensemble quelques oranges ou grappes de raisins en attendant l'aube..." murmura Azur, un peu perdue dans ses pensées, sans que Baldur n'ose répondre quoi que ce soit. "... Ah ah... Ça à l'air si loin maintenant. Bien avant que je ne rejoigne la résistance, bien avant que tu ne voyages jusqu'à Caer Durmael... Deux ans, mon Baldur, je t'ai attendu pendant deux ans... En moins de deux jours de ton retour, tu m'apporte les plus sombres présages, les plus noires prédictions pour moi, Darhàm et la rébellion." La demi-elfe se retourna, les yeux humides d'une émotion que son cœur refoulait, avant de continuer, la voix légèrement déformée par la colère. " Darhàm brûlera ce soir... Oaxaca se lancera dans le premier acte de son petit théâtre de massacre. Elle voudra briser notre volonté, enchainer nos vies et se repaître de notre désespoir. Elle fera de Darhàm son sanctuaire personnel, son temple sombre ou des vies comme la mienne n'auront plus leur place. Nous avons déjà envoyé des guerriers et des saboteurs pour commencer à tendre des embuscades sur les lieux ciblés par l'armée d'Oaxaca, mais..." Avec lenteur, Azur s'approcha de Baldur toujours allongé dans la couche de fourrure en défaisant les cordons de sa cape et de ses gantelets de cuirs... Étrange, elle semblait comme exagérer le balancement de ses hanches... " … Cette bataille n'est pas la mienne, Azur, Darhàm ne représente qu'un port d'où je pourrai partir de ce continent maudit..." interrompit le rôdeur, devinant où son « amie » rebelle espérait guider la conversation... Pas de temps à perdre, pas de cause perdue à épauler... Baldur devait fuir ces ténèbres qui grandissaient dans les ombres des ruines de Caer Durmael. "... Je sais que notre combat ne t'intéresse pas, mon Baldur... C'est pourquoi j'ai déjà envoyé des hommes contacter les armateurs contrebandiers du port... Tu aura un navire prêt à larguer les amarres cette nuit-même..." coupa Azur, s'agenouillant près du rôdeur sur les chaudes fourrures. Devant la relative surprise de son compagnon qui ne s'attendait pas à une telle clairvoyance, elle esquissa un sourire railleur avant de continuer. "... Cela t'étonne ? Je te connais bien mieux que toi, mon Baldur... Calculateur, méthodique, glacial et impitoyablement cynique... Tu ne chercheras jamais aucune cause perdue à épauler, n'est ce pas...?" "... Il t'aura fallu tant d'années pour le découvrir...?" "... Ah ah ! Non... Mais j'ai aussi remarqué tes regards s'égarer parfois sur moi, j'ai vu dans tes yeux désabusé l'ennui et l'absurdité que tu trouvais à ton existence... Tu es un loup, Baldur, dans un royaume peuplé de chiens... Survivre... Survivre absolument... Survivre à tout... à tous... Mais n'as tu jamais vraiment vécu, mon Baldur..?" susurra la demi-elfe de sa voix douce, mielleuse et ensorcelante...

Immobile, allongé dans cette couche de fourrures chaudes et confortables, Baldur avait terriblement froid... Son sang s'était glacé et ses muscles refusaient d'obéir à son esprit envoûté par la beauté sauvage d'Azur qui se glissait maintenant doucement contre son ventre, venant serrer de ses cuisses blanches les fourrures de loups qui recouvraient celles du rôdeur...

Pourquoi son corps refusait-il de répondre à son instinct qui hurlait à son âme de ne pas succomber à ces émotions qu'il s'était volontairement interdites... À ces désirs qu'il se défendait de satisfaire ?

À quoi jouait-elle ?
À quoi jouait-il ?


Il ne pouvait que rester là, muet et hypnotisé par le regard doux et maternel de celle qu'il avait toujours considéré comme sa sœur, à écouter sa voix de sirènes qui venait lui murmurer tout contre son oreille... "... Baldur... Mon Baldur... Quel gouffre s'ouvre entre vivre et survivre... Entre l'aridité d'un désert et la fraîcheur d'une plaine herbeuse. Même un aveugle l'aurait compris. Tu es là depuis à peine deux jours et déjà tu repars par delà les océans..." Azur embrassa tendrement la joue du rôdeur avant de se redresser, son regard illuminé d'une authentique sincérité... "... Je ne sais même pas si je verrai l'aube de demain... Mon cœur ne t'as jamais menti, je veux vivre... Vivre et non pas seulement survivre... M'enivrer des douceurs de cette vie unique pendant que je le peux encore. Deux ans... Baldur... Mon Baldur... Je t'ai attendu pendant deux ans... "

Comme une panthère, Azur eut un mouvement fulgurant et attrapa les lèvres de Baldur qu'elle embrassait avec une passion renouvelée, foudroyant le rôdeur sur place... Des années de frustrations, de solitude et d'angoisses qui s'exorcisaient à travers ce baiser instinctif, sauvage et naturel. Baldur ferma un moment les yeux pour mieux apprécier cette saveur de sel marin se mêlant à de subtils arômes fruités qui irisaient la fine bouche de la demi-elfe...

C'était comme si le temps s'arrêtait... Gelé par ce si doux baiser...

Comme si un silence paisible et caressant se faisait dans son âme de loup enragé...

Doucement, la chaleur revint dans les muscles de Baldur alors que les lèvres des deux amants se quittaient enfin... Laissant au regard du rôdeur le spectacle sublime d'une Azur aux yeux émus et humides, une étincelle bouillonnante de désir y scintillant... Pourtant, dans son regard de louve affamée se trouvait aussi un étrange trouble. Était-elle vraiment sûre d'elle...? "... Azur...? Tu..." "Chhh... Ne ruine pas l'instant, Baldur..." arrêta la demi-elfe en muselant le rôdeur d'un nouveau baiser... Une de ses mains venant tendrement masser la nuque de Baldur tandis que l'autre se démenait maladroitement à défaire les cordons d'un corset bien trop serré... Devenu plus entreprenant grâce aux douces attentions de la voleuse, Baldur glissa à son tour ses mains dans le dos d'Azur, dénouant méthodiquement et avec une redoutable précision les cordelettes et lacets récalcitrants...

Libérée du joug de son carcan de cuir, Azur gonfla sa poitrine de tout l'air qu'elle pouvait contenir, expirant en un long soupir de contentement... Elle était là, dressée à califourchon sur les hanches du rôdeur, son ample chemise en dentelles bleue et blanche camouflant ses formes subtiles et discrètes. Ses cheveux longs et lisses s'illuminant de reflets orangés aux flammes des bougies, ses yeux azurs rieurs dévorant avec un appétit charnel le corps de Baldur... Tout en balançant lascivement son ventre, elle démêla les lanières de son vêtement et ouvrit doucement les côtés de sa chemise, dévoilant sa poitrine menue et insolente aux regards d'un Baldur envoûté par cette apparition voluptueuse... Toute la beauté et la sensualité féline de la demi-elfe trouvait écho dans l'âme du rôdeur qui n'avait eu pour seule authentique compagne que la lame froide et tachée de sang de son épée. Interdit par le charme arrogant de cette gorge parfaite, il restât un moment là, béat et muet, à contempler son amante...

Au silence qui demeurait dans son âme s'ensuivit le murmure charnel de douces promesses...

Deux loups dans un monde peuplé de chiens...

Amusée par la stupéfaction du rôdeur, Azur attrapa les mains de Baldur et les guida tendrement vers ses seins ronds et blancs qui dodelinaient gaiement à la moindre caresse... Baldur se laissa allez à s'enivrer longuement de la douceur de cette peau nacrée et sensible, de ces légers frissons qui parcouraient les mains de la demi-elfe lorsque le rôdeur du Sud effleurait de ses doigts gourds les mamelons fébriles... De cette cadence régulière et rassurante de la respiration lente et silencieuse d'Azur, de ce rythme rapide et sourd de son cœur battant...

Douce mélodie qu'est la vie...

Baldur se redressa brusquement, venant arracher un nouveau baiser à une Azur riante et excitée... Il sentait dans son dos les mouvements agiles et assurés des doigts de la voleuse, venant détacher une à une les lanières de sa chemise noire... Nichant sa tête au creux des épaules de la demi-elfe, le rôdeur s'étourdit du goût sucré et laiteux de la poitrine de son amante, du parfum de miel et de fleurs qui illuminait son cou et ses cheveux, de cette incroyable douceur qui bâillonnait l'âme et l'instinct sauvage du guerrier du Sud... À son tour, Azur venait embrasser tendrement les épaules désormais nues de son amant, se grisant un peu de cette chaleur masculine, de cette odeur de sang qui ne quittait jamais véritablement le corps de Baldur... Redoublant d'ardeur, Azur lécha lubriquement deux de ses doigts avant de glisser lentement sa main sous sa ceinture en un ronronnement lascif, observant d'un regard carnassier son compagnon qui se débattait avec la récalcitrante boucle de ceinture de son amante... Quelques grognements plus tard, Baldur délivrait de leurs prisons de tissus de magnifiques hanches se prolongeant par des cuisses à la musculature fine et nerveuse. Laissant ce qu'elle avait de plus secret à offrir aux caresses curieuses du guerrier, Azur, entre deux gémissements de plaisirs, dessangla frénétiquement les braies larges de Baldur avant de happer joyeusement le membre viril libéré et passablement excité... Doucement, le rôdeur remonta ses mains le long du dos ondulant de la demi-elfe, effleurant tendrement ces larges cicatrices qui balafraient la chair blanche et sensible...

Soupirs longs, plaintifs et envoutânts d'Azur, recevant au creux de son ventre l'inénarrable mélange du plaisir et abandon...

Enlaçant tendrement sa compagne, Baldur se laissa bercer par les calmes ondulations du bas-ventre blanc de la demi-elfe... Des vagues d'infinies douceurs et chaleurs se répercutaient dans leurs deux corps unis, trouvant leurs échos dans leurs discrètes lamentations et sourds grognements mêlés... Baldur se laissait noyer dans les yeux bleus d'Azur, humides et troublés par ce tourbillons de sensations charnelles qui brûlaient délicieusement son ventre... Jamais le rôdeur ne l'avait trouvé aussi belle que dans cet abandon de soi. La panthère féroce et indépendance devenait une boule de nerf vrombissante entre ses mains... Une poupée essayant de dissimuler son plaisir coupable...

Ne faire plus qu'un avec la louve...

À mesure que les chairs s'emplissaient de plaisirs nouveaux et de plus en plus intenses, Baldur gagnait en ardeur et exaltation là où Azur se perdait dans la douceur et l'abandon, ses ondulations frénétiques ralentissant progressivement alors que sa peau frissonnait de plaisir... Attrapant tendrement son amante par les hanches, le rôdeur glissa lentement Azur sur le dos, enfermant la demi-elfe dans un écrin de chair, de fourrure et de plaisir... Aussi proche qu'il pouvait l'être de la voleuse sans l'étouffer, le rôdeur couvrait de baisers et de grognements sa nuque et ses épaules douces et nacrées, imprégnant d'un rythme puissant et soutenu les va et viens de son propre bassin... Se livrant totalement à l'animalité du guerrier du Sud, laissant son cœur s'affoler à l'approche de la volupté libératrice, Azur muselait ses gémissements passionnés, tétanisée par le plaisir et l'adrénaline. Baldur, à son tour, s'approchait peu à peu de l'ultime estocade, ses mouvements spasmodiques trahissant la satisfaction carnée de ses désirs les plus enfouis...

Le goût de l'interdit n'avait néanmoins pas complètement annihilé la volonté du rôdeur... C'est pourquoi quand son corps commençât à frôler ses limites, il tenta de quitter, malgré son enivrante douceur et parfum sucré, le ventre brûlant d'Azur qui pressentait elle aussi la douce anticipation de la volupté...

Une paire de jambes blanches vint se refermer sur le bassin de Baldur, scellant dans un délicieux étau son membre dans le doux velours du bas-ventre d'Azur... "... Baldur... Baldur... Baldur..." répéta-t-elle tendrement à l'oreille du rôdeur alors que ce dernier, dans un dernier et puissant grognement, inondait coupablement la féminité de la demi-elfe de l'agréable chaleur de sa propre semence...

Lorsqu'Azur relâcha son étreinte, haletante et transie de plaisir, Baldur s'effondra lourdement sur le côté, au milieu des confortables et douces fourrures de la couche nuptiale. Le rôdeur, le regard abattu, les muscles engourdis, la respiration pantelante et saccadée, croisa les yeux mis-clos et encore humide de plaisir de la voleuse... Réunissant ses dernières forces, il lança silencieusement des mots que sa gorge ne laissait pas passer... Non... Ce qui venait de se passer n'était pas digne de mots de mortels...

Térassé par la fatigue, Baldur ferma paisiblement les yeux avant de sombrer doucement dans un sommeil apaisé et libérateur. Ce qu'il emportait avec lui aux royaumes des rêves étaient la douceur de la main de la demi-elfe qui caressait tendrement sa joue... Qui avait véritablement vaincu...? Quelques pensées s'aggloméraient dans son esprit confus, mais son âme avait retenue la leçon de vie d'Azur...

Cette nuit, il sera loin... Voguant sur un océan d'ébène, détaché du dernier lien le reliant à son passé...


... Cette nuit, Darhàm brûlera ...

... Cette nuit, Darhàm brûlera ...

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Dim 12 Mai 2013 21:43 
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L'intérieur du navire était presque intégralement creux. Mais on pouvait tout de même monter par des escaliers qui menaient aux appartements des résidents, sur les flancs ou dans le bâtiment arrière. Il était surprenant de penser que ce lieu, qui servait pourtant de résidence au grand pontife, soit si sobre, et finalement offre bien peu de place pour le grand homme.
Mais c'était bien. C'était encore une preuve d'humilité devant la déesse.

D'ailleurs, au milieu de la grande coque vide, se trouvait un trou immense, décoré de pierres bleus sombres, d'où montait le bruit de l'eau. C'était un grondement sourd de bête affamée.

« C'est le puits des offrandes, expliqua Valgan. C'est ici que sont jetés les sacrifices... tous les sacrifices. »

Sa voix était troublée, et Leyna devinait pourquoi. Elle se doutait depuis un moment qu'il n'était pas aussi désintéressé qu'il le semblait. Elle n'avait toujours aucun souvenir de la légende dont il avait parlé. Pour quelque chose d'aussi important, cela ne pouvait signifier qu'une chose : cette histoire d'envoyée de Moura n'avait jamais existé.
Se concentrant sur l'instant présent, elle le regarda droit dans les yeux :

« Penses-tu que je ferais un bon sacrifice ? »

Il recula d'un pas, stupéfait de ce soudain changement. Puis, il balbutia :

« Je... je l'ignore. Toutes les filles de mon peuples sont sacrifiée, c'est à ça qu'elles servent. Et tu portes la marque de Moura, c'est peut-être un signe. Un message de la déesse pour éprouver ma foi. »

« Alors nous nous battrons devant le puits... et nous saurons qui est l'offrande de l'autre. »

Il dansa d'un pied sur l'autre, hésitant. Il reculait vers le puits et elle le suivait. Quelques jeunes lithurges du culte, ainsi qu'un prêtre, s'approchèrent, conscient qu'ils allaient assister à quelque chose d'important. L'un des lithurge voulut s'interposer, mais le prêtre l'arrêta, expliquant qu'il s'agissait là d'une très ancienne et très honorable forme de sacrifice : celle dont on ignorait encore qui serait offert à l’insatiable appétit de la reine des flots.

« Je... j'ignore si ce signe signifie que je dois t'offrir à Moura ou te protéger... »

« Tu ne doutais pas, hier. Tu doutes maintenant. Le doute, c'est la mort. »

Ils étaient maintenant juste devant le puits. En combat, elle savait déjà qu'elle perdrait. Mais il avait douté. Elle, non.
Un geyser jaillit de sous les pieds du sang pourpre et, avant même de comprendre ce qui lui arrivait, il avait basculé dans le puits. Il se rattrapa de justesse par une main. Leyna s'approcha et se pencha sur lui.
Dans l'obscurité, l'eau était invisible, mais on l'entendait, non loin, affamée.

« Tu as gagné... » souffla Valgan.

Elle regarda ses doigts. Elle commença à les décrocher un à un. Juste avant qu'il ne lâche elle lui murmura avec un sourire :

« C'est Moura seule qui en a décidé. Nous sommes à marée descendante... »

Il lui lança un regard surpris avant de tomber. Une chute étrangement longue, comme ralentie. Un visage qui disparaissait peu à peu jusqu'à ne faire plus qu'un avec l'obscurité. Puis, enfin, le claquement d'un corps tombant à l'eau. C'était fini.
Elle se releva et se tourna vers les cultistes assemblés. Puis clama :

« Moura ! »

Le prêtre s'approcha, hésitant, visiblement impressionné :

« Tu es une vrai fidèle, comme on en voit rarement... »

Leyna hocha la tête en souriant d'un air énigmatique. Ce n'était pas la voix qu'elle pensait emprunter, mais ne dit-on pas que les voix de Zewen sont impénétrable ? L'essentiel était là : elle était bien partie pour se faire une place dans ce temple.

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Jeu 16 Mai 2013 16:11 
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Leyna'sëraya n'eut pas de mal à se faire accepter comme fidèle et le prêtre lui proposa bien vite une formation de liturge. En quelques jours, elle assimila les chants religieux et s'étonna des commentaires admiratifs sur sa voix. Le prêtre fini par l'inviter à chanter pendant un office, mettant soigneusement en scène la cérémonie de façon à ce qu'elle ponctue correctement ses discours.

« Il faut inspirer la crainte de Moura, expliquait-il. Mais les gens se détourneront bien vite si on ne leur montre pas qu'elle sait aussi être une déesse de beauté et d'assistance. Si mes offices sont ponctués de chants à sa gloire, les fidèles n'en seront que plus enclin à les écouter et à les apprécier. »

Elle hochait la tête, en silence. Le prêtre semblait être le seul qui supporte son silence. C'était pourtant logique. Tout était plus silencieux en mer, donc la déesse devait privilégier le silence et l'écoute. Mais sans doute cet homme ne voyait-il que ce qu'elle pouvait apporter au temple...

Cela faisait maintenant une semaine qu'elle était là. Elle avait beaucoup appris, mais elle se surprenait à regretter de ne pas pouvoir aller nager plus souvent. On disait que les temples étaient la demeure des dieux et qu'on y sentait leur présence. En vérité, la vrai demeure de Moura était l'abysse océanique. L'éloignement était contraint sur terre...

Alors elle chantait. Sa voix montait et résonnait dans le temple-navire, pure et cristalline, et certains se mettaient à pleurer. Le prêtre avait lui même la voix vibrante d'une émotion nouvelle tandis qu'il déclamait sa messe :

« Respectez et honorez Moura ! Elle nous dispense ses fruits et, lorsqu'elle déchaîne sa colère contre nous, nous devons accepter cette mise à l'épreuve, car Moura n'accorde ses bienfaits qu'aux forts. »

Leyna ponctua en frappant quelques notes sauvages sur son tambourin. L'instrument pouvait produire aussi bien des notes graves et profondes quand il était frappé au centre, que des battements claires et rapides quand il était frappé sur le bord.

« Même en ce moment, que notre bien-aimé Grand Pontife est loin, nous devons sentir le regard bienveillant de Moura ! Entendez sa voix dans le bruissement des vagues... »

Leyna chanta :

« Entendez sa voix qui louvoie et ondoie, entendez sa voix qui vous appelle là-bas... »


L'assistance repris les paroles de cette prière du marin avec ferveur.

« Entendez sa voix, qui protège et qui foudroie, entendez sa voix à la grande Moura. »

Nouveau chœur, Leyna remarqua un jeune chevalier du temple dont la voix s'accordait particulièrement bien. Il semblait presque en transe.

« Du matelot au capitaine, réjouissez vous, nous seront bientôt rentré chez nous ! »

Les derniers mots culminaient si fort que le temple entier résonna, puis fut ébranlé par la force du chœur de fidèles qui répondait.
Puis, le silence. Le prêtre appela à un instant de prière et chacun tourna ses pensées vers la déesse pour lui faire part de ses rêves. Leyna en profita pour supplier la déesse de lui révéler le sens de sa vie, et même, peut-être, lui permettre de rencontrer son père.

L'office se termina ainsi et le prêtre invita les fidèles à rentrer chez eux en paix, et éventuellement en donnant un peu pour le temple. Ce qu'ils furent plus nombreux que d'habitude à faire. La réputation de Leyna se répandait déjà et de plus en plus de fidèles venaient au temple pour écouter les offices.
Cependant, la semi-elfe ne resta pas plus longtemps. Elle avait joué son rôle. Elle se leva, salua le prêtre et parti marcher un peu en fredonnant un air qu'elle avait appris. Mais il la rattrapa :

« Attend. Aujourd'hui, tu vas avoir une tâche particulière. »

Elle se retourna et le regarda avec intérêt.

« Je voudrais que tu ailles baptiser un navire, le Cormar. Le chevalier Brendan t'accompagnera. Tu penses pouvoir te débrouiller ? »

Ainsi, elle était maintenant officiellement liturge ? Elle hocha la tête en souriant. L'église n'était qu'un pâle reflet de la foi véritable pour elle, mais c'était tout de même agréable d'être reconnue. Le prêtre lui expliqua où se trouvait le bateau et lui fit répéter les paroles de baptême.
Lorsqu'il fut sûr d'elle, il lui désigna Brendan, lequel se révéla être le chevalier qui chantait si bien pendant l'office.
C'était un jeune homme aux cheveux blonds, et il astiquait maintenant son bouclier. Il leva les yeux vers elle quand elle approcha, un peu surpris, et visiblement embarrassé par sa seule présence.

« Hum... que puis-je pour vous ? »

« Moura ! »


Il la regarda avec incompréhension. Il allait visiblement falloir faire du bruit inutile.

« En Moura ira le bateau, par conséquent, de la bénédiction de Moura il aura besoin. »

Il resta encore un instant immobile, puis compris enfin.

« Oh ! Tu vas baptiser un navire ? Et je dois t'accompagner ? Je... c'est un honneur... »

Il rougit légèrement, ce qui ne se voyait guère dans le sombre temple.
Il rassembla ses affaires, armes et cuirasse qu'il enfila bien vite. Il avait fier allure, mais savait-il vraiment se battre ? Leyna n'avait pas un très bon souvenir des rues de Darhàm, et elle ne se réjouissait pas d'y retourner.
Mais les chevaliers de la lance de corail étaient choisis pour leur habileté au combat, il ne devait donc pas faire exception...
Elle attendit patiemment qu'il ait fini de se préparer, puis se dirigea vers la sortie.

« Pourquoi parles-tu si peu ? »

« Parce que le silence des océans devrait être respecté de tous les fidèles. »

Le commentaire, laconique, fit rougir le jeune homme qui baissa les yeux en comprenant le message.

« Désolé, je me ferais plus discret. »

Elle lui sourit en lui adressant un hochement de tête. Puis, ils sortirent dans la lumière aveuglante. Il leur fallut un peu de temps sur le pas de la porte pour se réhabituer après les profondeurs obscures du temple. Puis, ils se dirigèrent vers le port.

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Dim 19 Mai 2013 13:29 
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De retour au temple, ce fut Brendan qui, de sa voix douce, conta les événements. Le prêtre se déclara choqué et triste que la première cérémonie de Leyna se soit si mal passée.

« Ce sont des choses qui arrivent... Mais il faut aller de l'avant, n'y pensons plus. »

La semi-elfe hocha la tête. Le temps passait et effaçait les problèmes comme la vague efface les motifs sur la plage. L'oublie était parfois vu comme une malédiction, mais n'était-il pas plutôt un don des dieux ? En ce genre de circonstance, on était en droit de le penser.

« Néanmoins, il serait bon que tu apprennes à te défendre, pour ta propre sécurité. »

« Moura ! » approuva la jeune femme.

« Le temps me manque, hélas, avec les affaires courantes, et l'absence du grand pontife me fait autant de travail en plus. Brendan t'apprendra à te perfectionner. J'ai vu que la magie bleue ne t'était pas inconnue... »


Elle hocha la tête. Apprendre la magie ? Elle n'avait pas de désir plus cher ! Elle se tourna vers Brendan, qui arborait une figure tendue, un peu dépassé. Sans doute ne se sentait-il pas l'âme d'un professeur ? Elle sourit pour le rassurer.

« Je vous laisse, que Moura vous soutienne. » déclara le prêtre en se retirant.

Leyna se tint devant Brendan, attendant la leçon. Le jeune humain oscillait d'un pied sur l'autre, mal à l'aise. Puis, il dit :

« Viens avec moi. »

Il l'emmena au fond du temple, à l’abri des regards indiscrets. Il retira son armure et resta encore un instant songeur avant de se lancer.

« Bon, que sais-tu faire exactement ? »

« Les fontaines de Moura étincellent vers les cieux, réjouissant les yeux des fidèles et semant de désordre chez les maudits. »

Il lui fallut un instant de réflexion pour comprendre.

« Oh, d'accord. Tu fais jaillir l'eau du sol selon le sortilège du geyser ? Mais il est possible de faire apparaître l'eau de bien d'autres manières. Pour combattre, il existe des moyens plus efficaces, en envoyant un jet d'eau à haute pression depuis tes doigts par exemple... »


Elle hocha la tête. Rien ne s'y opposait, théoriquement, en effet. Mais comment fallait-il faire ?

« L'important, est de se focaliser sur l'élément eau d'une manière ou d'une autre. Le mieux, c'est de penser très fort à Moura. »

Elle faillit éclater de rire. Voilà quelque chose qui ne serait pas compliqué pour elle !

« L'eau est en toi, et elle est autour de toi. Elle peuple l'air que nous respirons, le sol que nous foulons. L'eau est partout et il y en a bien assez pour frapper nos ennemis. Pense à elle, appelle là en une invocation de la dame bleue si puissante qu'elle ne pourra te résister. »

Leyna hocha la tête et s’assit en tailleur. Elle se souvenait de son premier apprentissage, au temple de Lehber. Ça avait été très dur et très long, mais on lui avait dit que les suivants seraient plus faciles.

Elle laissa donc son esprit vagabonder, dériver au milieu des étendues bleutées. L'océan ! Voilà ce qu'elle aimait le plus dans l'eau. Sale, brutal, et pourtant tellement beau et puissant ! L'océan ! Il était la source de tant d’inspiration...
Elle revoyait la lumière miroiter au dessus d'elle. Elle avait bien peu de souffle, mais s'efforçait pourtant d'y rester le plus longtemps possible.

Alors, elle appela l'eau et tendit la main devant elle... mais rien ne se passa. Elle devait s'y attendre. Mobiliser ses 'fluides' comme on les appelait, diriger cette essence de la magie en un flux ordonné... Elle rechercha dans son esprit la connaissance des ancêtres, mais les souvenirs étaient trop imprécis. Elle trouva quelques détails, des sensations...
Rêve de puissance... l'eau était force indomptable...
La magie de l'eau était méprisée, et seul quelques mages earions avaient compris que Moura n'était pas la déesse de la force pour rien, que son élément pouvait renverser des montagnes. Beaucoup s'étaient abandonnés à ce pouvoir pour la seule puissance.
Il lui fallait cette puissance !

Elle se concentra de toute ses forces et une légère aura bleue vint autour d'elle, comme un cocon de douceur en apparence, comme une promesse de douleur en réalité, car elle sentait la puissance qui en émanait. L'eau était une arme.

Mais hélas, une arme qui lui échappait. Elle baissa la main en soupirant.

« Ce n'est pas grave, murmura Brendan, continue à t’entraîner et ça viendra. »

Après une hésitation, il ajouta :

« Désolé d'être un aussi mauvais professeur. Je ne sais pas comment t'aider. »

Elle lui adressa un sourire las. Il semblait déçu lui aussi... elle ferma les yeux et se concentra à nouveau. Elle voulait réussir ! Elle le voulait ! Moura ne tolérait pas la faiblesse alors elle ne serait pas faible !
Elle retrouva les sensations qu'elle avait quand elle lançait son sort jusque là. Elle manipula, changea subtilement...

Un violent bruit d'éclaboussure. Elle ouvrit les yeux et vit Brendan, trempé comme une soupe. Elle devait avoir réussi, elle en était elle-même surprise. Elle resta silencieuse tandis qu'il la regardait avec des yeux ronds, tout dégoulinant.

Alors elle sentit un rire irrépressible monter en elle. Il ne tarda pas à rire aussi et, à la surprise générale, tout le temple résonnait de cet éclat joyeux.
Avoir la force de Moura, c'était aussi savoir s'amuser quand on le pouvait.

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Jeu 23 Mai 2013 20:54 
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Une nouvelle journée se levait, et Leyna avait le sentiment que tout dans sa vie allait pour le mieux. Cette fois-ci, elle allait devoir participer à la cérémonie des sacrifices. De nombreux fidèles apportaient des offrandes qu'il fallait jeter dans le puits. Pas de chanson ici, Leyna se contenta de faire de la musique , un battement de fond agréable et entraînant sans être trop envahissant.
Son tambourin produisait vraiment des sons magnifiques. Elle était sûr qu'en le maîtrisant bien, elle pourrait composer des musiques entières. Mais en attendant, elle devait faire comme elle pouvait, puisant dans sa mémoire pour récupérer d'anciens fragments d'ambiances non entendu depuis des générations d'humains. Le résultat plaisait beaucoup au prêtre.
Lorsque ce fut terminé, elle resta assise, les yeux fermés, à dériver dans des rêves bleus.

Hélas, sa méditation fut interrompue par le prêtre, accompagné de Brendan.

« Leyna ? Je pense avoir une nouvelle mission pour toi... Car je crois que tu as des connaissances en langues anciennes, n'est-ce pas ? Notamment en ancien Earion... »


Des connaissances... c'était un bien grand mot. Disons que si elle arrivait à focaliser ses pensées sur le sujet, des bribes de mots pouvaient lui revenir. Elle fit une moue dubitative.

« Il y a des ruines, à l'ouest. Une ancienne cité qu'on nomme aujourd'hui Ernestör. Elle est très ancienne et appartenait aux Phalanges de Fenris. »

Leyna hocha la tête. Elle avait croisé plusieurs de ces humains un peu barbares mais courageux et honorables en Nosvéris, le culte de Moura les intéressait souvent pour son aspect 'force'.

« Mais il y avait de nombreux autres peuples, dont les premiers Earions... Te souviens-tu de cette cité ? »

Elle plissa les yeux. Ses souvenirs ne se commandaient pas, surtout en tant que sang-mêlée, mais elle essaya de chercher au fond de sa mémoire.

« Laissez moi. Le temps est un flot incessant plus long à remonter que les plus grands fleuves. »

Les deux hommes se retirèrent, fascinés, tandis qu'elle voguait à contre courant dans le temps. C'était le meilleur moyen de revenir en arrière sans perdre le fil des interminables mémoires des elfes bleus. Elle allait de l'un à l'autre, cherchant à ne pas se perdre dans les méandres du passé.

Combien de temps cela dura ? Quand elle rouvrit les yeux, elle était seule dans le temple obscure. Elle se releva d'un pas hésitant, elle avait mal à la tête. Grande Moura, que de souvenirs ! Flous et indistincts, vite survolés au point d'en être à la limite de la conscience, passant des années à chaque seconde... maintenant, il faisait nuit.
L'esprit embrumé, elle alla chercher le prêtre. Il fallut monter des escaliers de bois, en fait plus des échelles que de vrais escaliers, pour atteindre le bâtiment arrière du navire jusqu'à la chambre à la porte de laquelle elle frappa. Il fallut attendre une bonne minute avant que le battant de s'ouvre devant elle pour laisser apparaître le vieux prêtre. La tenue du vieil homme lui confirma qu'elle avait médité jusque dans la nuit.
Il insista pour aller chercher Brendan avant qu'elle ne dise ce qu'elle avait appris.

Ils s'installèrent à la lumière d'une chandelle et les deux hommes lui demandèrent ce qu'elle avait vu.

« Tu as vraiment revécu les souvenirs de tout tes ancêtres ? » demanda le jeune chevalier, émerveillé.

Elle secoua la tête avec un sourire las. Les non-earions ne pouvaient comprendre la plénitude autant que la complexité que tout cela représentait. Le prêtre se montra impatient de savoir si des souvenirs lui étaient revenus.

« En ces temps trop lointains, les earions n'étaient pas encore vraiment earions... la mémoire collective était... différente... mal adaptée à l'esprit d'aujourd'hui. »

« Alors tu n'as rien vu ? »

« J'ai vu une cité au nom semblable. J'y ai vu des sages qui se rassemblaient. »

« Excellent ! C'est ça ! Je savais que tu y arriverais ! »

Le vieil homme eut un geste pour la prendre dans ses bras, mais il se contint bien vite, gêné.

« Hum... et qu'as-tu vu d'autre ? »


« Rien... la mémoire des temps anciens est trop lointaine. »

Le prêtre soupira puis, après une hésitation, il expliqua :

« Il n'est pas rare que des prêtres, des scientifiques et des aventuriers se rendent là-bas, malgré le fait que, de l'avis de tous, il ne reste plus grand chose à découvrir... Malgré tout, le Grand Pontife s'y rendait de temps à autre pour méditer, et il a découvert que certaines écritures étaient en ancien elfique earion. En cherchant ce qui avait déjà été découvert sur la question, il a appris que personne ne pouvait plus lire ce texte... hormis des sages earions. Cependant, la proximité des forces d'Oaxaca dissuade la majeur parti de ton peuple de s'éloigner des murs de Dahràm. Lui, bien sûr, il a osé, et il a commencé quelques traductions, mais pour l'instant, il n'a pas découvert grand chose... Il faut dire que sa charge lui prend de plus en plus de temps. Du coup, il m'a confié le grimoire avec ses retranscriptions et ses débuts de traduction en me demandant de trouver quelqu'un qui pourrait s'en occuper. »

Voilà donc la raison pour laquelle elle avait été accueilli si vite et si bien ! Le temple de Darhàm avait peu d'employés earions, ils ne se sentaient pas en sécurité aussi prêt d'Omyre, et tous n'avaient pas la discipline mentale de Leyna pour réussir à remonter aussi loin...
Tous les peuples de Yuimen parlaient la même langue, mais bon nombre de peuples, notamment elfiques, avaient aussi pour divers raisons inventés des langues alternatives ou des dialectes. Dans le cas des earion, ils pratiquaient au départ un langage gestuel issu de leurs ancêtres qui étaient des créatures marines, ne communiquant donc pas par des sons. Ce langage gestuel était associé à une écriture sous forme de pictogramme, totalement différente de l'écriture courante.
Il leurs fallait des earions et ils en avaient trouver une. Et maintenant ils allaient l'emmener vers ces ruines pour qu'elle poursuive le travail du Grand Pontife.
Les prêtres espéraient donc qu'elle découvre... quoi donc ? Cela lui semblait une recherche bien fiévreuse simplement pour traduire quelques textes...

On lui expliqua ensuite qu'ils allaient donc partir tous les trois au matin. Le prêtre tendit un livre :

« Voilà les notes du Grand Pontife. Les étudier t'aidera sûrement. Prends en soin, c'est un document précieux. »

Leyna recueillit le précieux objet avec révérence. Un document écrit de la main même du représentant de Moura ! Même si ce n'était qu'un petit cahier un peu usé, c'était quand même impressionnant.
La nuit fut courte tant son esprit était en ébullition.

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Dim 23 Juin 2013 17:57 
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De retour, ils furent abordé par le prêtre, qui semblait assez excité. Le vieil homme s'agitait beaucoup pour son age et le livre volé lui tenait très à cœur. Il salua rapidement les deux jeunes gens et se mit à parler très vite :

« Leyna ! Nous allons bientôt avoir un nouvel office à célébrer, je compte sur toi pour être époustouflante comme d'habitude... Par ailleurs, nous avons reçu un message du campement d'Omyre. Un officier va nous y recevoir, il affirme avoir trouvé des informations qui pourraient nous mettre sur la piste du livre... »

Leyna laissa échapper un soupir de soulagement. Après tant d'incertitudes, enfin une raison de croire en un possible rétablissement ! C'est le cœur léger qu'elle s'installa dans le sombre temple, regardant les fidèles qui arrivaient uns à uns tandis que le prêtre prenait place.
L'office se déroula de la façon habituelle. Le prêtre saluait les qualités de Moura et rappelait la nécessité de la vénérer régulièrement, et pas seulement à l'occasion des voyages en mer. Leyna chantait pour ponctuer ses dires avec parfois quelques battements de son tambourin. Brendan chanta doucement avec elle, envoûté par sa voix comme à son habitude.
À la fin de l'office, le prêtre invita tout le monde à rentrer chez soit, mais aujourd'hui, un groupe d'hommes et de femmes resta pour lui poser des questions, comme cela arrivait parfois.
Leyna ne leur prêta d'abord pas une grande attention. Elle écoutait Brendan vanter une nouvelle fois la qualité de sa voix.

« Ton chant est aussi divin que ta beauté... Leyna tu es un don de la déesse, tu... »

Il s'étrangla. La jeune fille le regarda d'un air curieux. Plus le temps passait, plus le jeune homme lui semblait bizarre. Il la regardait d'un drôle d'air, lui disait des choses incohérentes en bafouillant... Ce n'était pas la première fois qu'il prenait la parole pour enchaîner les compliments. C'était bien peu respecter le silence de la déesse que de parler ainsi à tort et à travers pour ne rien dire... Mais il était gentil et elle l'aimait bien, elle ne lui en tenait donc pas rigueur.
Elle se contenta donc de lui sourire avec patience. Le flot d'éloge était tout de même un peu gênant...

« J'aimerais... te demander quelque chose. »

Elle inclina la tête, en attende de la demande, craignant une nouvelle pluie de platitudes. Mais à ce moment, son attention fut attirée par la voix d'un citadin qui s'élevait plus fort que les autres.

« Mais enfin, si cette Brytha est aussi indigne, vous devez bien avoir une preuve de la valeur de Moura ! »

Leyna se leva d'un bond. Le nom de Brytha lui évoquait le mauvais souvenir des intrus qui avaient troublés son baptême de navire. Hélas, pourquoi oubliait-elle tout hormis les moment désagréables de son existence ?
Suivit par un Brendan déçu, elle se dirigea vers la discussion animée.
Ils étaient une dizaines à entourer le prêtre. Pas agressifs mais visiblement pressants. Le vieil homme ne semblait plus trop savoir quoi dire.

« La déesse ne se révèle pas sur commande. C'est par notre confiance que nous gagnons sa gratitude... »

« Ce ne sont que des paroles ! Nous voulons des preuves ! »

« Et où sont les preuves de Brytha ? »

La voix pourtant douce de Leyna sembla trancher dans le grand temple. Il y eut un silence momentané, puis l'homme se tourna vers elle.

« Hé bien, il y a ce mage... il accomplit des prodiges... hum... comme vous, j'imagine... »


Il perdait pied sous le regard insistant de la semi-elfe. Il continua à bafouiller jusqu'à ce qu'un autre reprenne :

« Brytha ne nous a encore rien révélé, mais nous avons des promesses ! Alors que nous servons Moura depuis longtemps sans rien voir de ses grâces ! Je ne doute pas de sa puissance, mais elle semble partie depuis longtemps... »

« Comment osez-vous... » tenta Brendan, mais Leyna l'arrêta d'un geste ? Ce n'était pas par la colère que le problème pourrait être résolu.

« Vous ne pouvez savoir si vous n'auriez connu une tempête sans elle. Mais une chose est sûr : ce mage fou qui tente de vous convertir est bien caché derrière ses pouvoirs. Il peut en appeler à sa déesse, mais pensez-vous qu'elle vous répondra à vous ? Pensez vous la voir se dévoiler dans toute sa splendeurs ? Ou ne pensez-vous pas que vous allez vous retrouver à suivre une nouvelle chimère, mais cette fois-ci sans espoirs de rémission ? »

Silence. Chacun réfléchissait ou y allait de son commentaire. Ils n'étaient pas convaincu mais prenaient au moins le temps de réfléchir à ce qu'elle avait dit.

« Rentrez chez vous. Le choix définitif vous revient de toute façon. Mais souvenez-vous que dans un cas comme dans l'autre, votre choix sera toujours aveugle. »

Ils se retirèrent avec des salutations hésitantes. Le prêtre soupira :

« Merci, je ne savais plus comment m'en dépêtrer... »

« Ils reviendront... »

« Je sais, mais qu'y pouvons nous ? Malheureusement, comme tu l'as dit, c'est leur choix. »

Brendan sourit :

« Je ne t'avais jamais entendu autant parler, Leyna ! »

« Parfois, le silence doit être rompu pour que la vérité se fasse entendre... »
répondit-elle d'un ton qui laissait entendre que le silence allait maintenant revenir.

Le prêtre hocha la tête, puis passa à autre chose :

« Bon, comme je vous l'ai dit, nous avons reçu un message des troupes d'Omyre. Nous sommes invités à discuter avec l'officier qui affirme avoir retrouvé les responsables du vol du livre. Brendan, tu m'accompagneras. Leyna, tu peux venir aussi. »

Elle hocha vigoureusement la tête. Bien sûr qu'elle en serait !
Ils se préparèrent rapidement au voyage, espérant que les informations vaudraient le trajet.

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Dim 23 Juin 2013 18:10 
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Les discussions allaient bon train au temple. Les prêtres, les liturges, les chevaliers de la lance de corail, tout le monde se bousculait pour savoir ce que les garzok avaient révélés. Ce bruit était une offense qui écorchait les oreilles de Leyna, et elle devait se contenir pour ne pas leur crier de se taire. Cependant, le vieux prêtre refusa de leur révéler quoique ce soit. Déclarant que les décisions avaient à être prises entre prêtres, il demanda le silence et se retira.
Avant de grimper à l'escalier qui menait au château du temple, il marqua tout de même une pause... puis dit :

« Tout le monde devrait se préparer à l'éventualité, je dis bien l'éventualité, d'une bataille. »

Aussitôt, le silence fut total. Les prêtres se mirent par ordre hiérarchique et ils se dirigèrent vers leur salle du conseil pour discuter des derniers événements.
À peine étaient-ils parti que les discussions revinrent à grand renfort de murmures. Certains vinrent trouver Brendan et Leyna pour les interroger. Le chevalier vit rapidement que la semi-elfe se sentait mal au milieu de tout ces gens qui la pressait, aussi, il leur demanda de se retirer et d'attendre la décision des prêtres.
Leyna s'écarta, le ventre tordue. Trop de choses, trop de monde... Quelle piètre servante elle faisait, toujours effrayée ! Depuis le jour où elle avait jeté Valgan dans le puits des offrandes, tout le monde parlait de son courage. Folie ! Elle n'avait fait que ce qu'elle devait. Mais là... et le livre qui se trouvait aux mains des forces d'Oaxaca ! Non... n'était-ce pas plutôt des pirates ? Elle ne savait plus, tout ce qu'elle voulait c'était que tout le monde se taise.
Elle repensa au fluide d'air qu'elle avait acheté. Rana était la déesse de la sagesse, c'était donc par l'air que se transmettait le savoir oral.
Elle sortit les petites fioles de sa sacoche et les examina.

« Franchement, je ne vois pas ce que tu veux en faire... » marmonna le chevalier.

Sans lui prêter attention, elle but le liquide. Une sensation rafraîchissante se répandit en elle, comme un vent frais courant à travers son corps. Elle se surprit à rougir tant cette sensation lui donnait l'impression d'être nue. Elle se concentra sur cette magie qui se mêlait à celle de l'eau. Elle se vit de nouveau sous la neige, plongeant dans la mare glacée, petite enfant fragile, et pourtant destinée à servir la force de Moura.
Elle voyait les flocons tomber, comme lorsqu’elle avait appris avec le prêtre. Elle appela les fluides et les fit circuler. Elle s'extasia de la facilité avec laquelle ils répondaient, la parcouraient... ils s'élevèrent jusqu'à sa gorge et elle sentit comme un souffle nouveau prêt à éclater en un chant à la gloire divine.
Alors, elle extériorisa ce pouvoir. À l'image des flocons de neige de son jardin secret, il tourbillonnait doucement, décrivait des arabesques qui la fascinait tant qu'elle faillit tout laisser s'échapper et se disperser. Elle se reprit et se concentra. À tout hasard, elle tenta de demander à l'air de former une bulle autour d'elle. Après tout, elle avait cherché l'air ce matin pour y trouver le moyen de respirer sous l'eau, et pour cela, il fallait que l'air reste autour d'elle. Et peut-être pourrait-il aussi l'isoler de tout ce bruit...
Les yeux fermés, elle façonnait, modelait... l'air, élément calme et reposant se laissait diriger sans peine, peut-être à cause de sa déesse plus pacifique que celle de l'eau...
Leyna ouvrit les yeux et vit Brendan qui semblait crier. Il lui demandait ce qu'il se passait, mais c'était à peine si elle l'entendait ! Elle se permit un petit rire et lui adressa un geste rassurant. Elle ferma ensuite les yeux pour rester au silence quelques instants, puis, lorsqu'elle fut bien reposée, dissipa le sortilège.
C'est alors que les prêtres descendirent dans le temple. Elle compris qu'elle avait dû passer plusieurs heures à tenter de maîtriser l'air. La magie était décidément un art difficile...

Elle préféra donc se tourner vers les prêtres. Le plus haut placé dans la hiérarchie en l'absence du Grand Pontife fit rassembler tout le monde et expliqua la décision prise par le conseil. Au delà du vol du livre, dont finalement personne ne connaissait l'utilité, les pirates de grise-écume avaient osés commanditer une attaque contre le temple, une attaque qui avait failli dégrader les relations avec les forces d'Omyre. Une expédition allait donc être envoyée pour récupérer le livre par la force, histoire de leur enseigner le respect du clergé de Moura.
La nouvelle provoqua aussitôt une vive effervescence. Les guerriers et les magiciens du culte se précipitèrent dans leur chambre pour récupérer leurs armes. Pour une fois, ce fut Leyna qui suivit Brendan en trottinant, n'ayant pas envie de le perdre de vue. Elle vit donc pour la première fois sa chambre spartiate, avec un lit, une armoire et quelques armes qu'il ramassa.
Équipé de son armure, épée et bouclier et main et harpon à la ceinture, il était vraiment inquiétant.

« Tu ne devrais peut-être pas venir, ça pourrait être dangereux... » murmura-t-il.

« Il le faut. » fut sa seule réponse.

Il était hors de question qu'elle ne participe pas à la récupération de cette objet ! Elle sentait jusqu'au plus profond d'elle-même qu'il était important.
Ils allèrent donc voir le prêtre et celui-ci accepta qu'elle vienne à condition qu'elle reste prêt de lui et Brendan, car ce serait bien lui qui commanderait le groupe, étant donné qu'il savait à quoi ressemblait le livre.
Il faisait maintenant nuit noir tandis qu'une vingtaine d'hommes en robe bleu ou en armure, armés de bâtons, de tridents et de harpons, quittaient le temple pour prendre le chemin de la mer.

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Dim 30 Juin 2013 14:42 
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C'est empreinte d'une étrange langueur que Leyna écouta le jeune liturge qui lui faisait part de ses doutes et sa peur de décevoir. Il était émouvant, mais elle n'arrivait pas à vraiment se concentrer sur son problème.

« Tu n'as rien à craindre de Moura. Suis ses préceptes et aucune punition divine ne frappera. »

Il hocha la tête, l'air encore indécis. Leyna se leva et lui fit signe d'aller réfléchir dans sa chambre. Les autres prêtres ne l'avaient pas pleinement acceptés. Ses fonctions étaient encore considérées comme honoraires en attendant qu'elle fasse vraiment ses preuves. Le pouvait-elle ? Elle avait l'impression de passer plus de temps à s'occuper des gens que de la déesse, et l'océan lui manquait.

Pour se changer les idées, elle revint sur le livre d'eau. Elle sortit le fin volume qu'elle avait eu tant de peine à récupérer, et une fois de plus s'émerveilla de sa couverture métallique et de ses pages faites d'eau solide. Depuis qu'elle avait vu des mages lui permettre à elle et à d'autres de marcher sur l'eau, elle réalisait bien qu'une telle chose était possible, mais tout de même...
Les pages portaient de nombreuses écritures tracées avec l'ancien alphabet des earions, langue qu'elle avait encore du mal à maîtriser.
Elle avait tout de même noté quelque chose d'étrange : la plume en or glissé dans un petit étui dans la couverture, à côté d'un petit bâtonnet. Une fois de plus elle tira la plume. Il s'apparentait à une plume d'écriture mais sans la fente permettant à l'encre de s'écouler. Cela paraissait normal dans un livre où les textes n'étaient pas inscrits mais gravés sur l'eau, qui produisait des pages épaisses et légèrement spongieuses. Elle n'osait cependant pas essayer d'écrire quelque chose sur cette relique des temps anciens.
Elle préférait donc essayer de traduire ce qu'elle pouvait.

'Le livre sacré de Moura,
celui qui aide à la vérité.'
Tel était le titre qu'elle avait traduit. Si étrange qu'elle soupçonnait fortement que ce soit la preuve de sa compréhension encore imparfaite de cette langue.
Elle avait cependant assez vite été attirée par une page présentant le symbole qu'elle avait vu dans les ruines d'Ernestör : un cercle contenant des vagues.
Le texte parlait de la frontière fragile entre espoir et désespoir, entre douceur et colère. Il était dit que même les dieux pouvaient succomber au désespoir, mais que ce sentiment était si fort chez eux qu'un mortel pourrait y succomber. Leyna se sentait perturbé par la façon dont ce texte semblait confondre les dieux et les mortels. Elle savait que les dieux éprouvaient parfois des émotions, mais avait du mal à savoir si c'était sa traduction qui était imparfaite ou si ce texte humanisait vraiment les divinités.

Préoccupé, elle alla s'enfermer dans sa nouvelle chambre, plus spacieuse que l'ancienne chambre de liturge. Impossible de dire combien de temps elle passa sur le texte, elle ne sortait que quand la faim la poussait à aller aux repas.
Hélas, il semblait que le texte n'avait pas de fin. Il affirmait que le lecteur devait lire la légende de l'amour de Moura dans ce livre. Mais en tournant les pages, elle ne trouva pas cette légende.
Malgré son épuisement croissant, elle se mit donc à explorer d'autres textes. Elle trouva une page qui parlait de l'amour de Moura encore une fois. Il y était aussi fait mention d'un trésor et d'une lame sacré, mais avant qu'elle ne puisse en lire d'avantage, Brendan entra :

« Il faut vraiment que tu viennes ! Cela fait trop longtemps que tu n'as pas mangé ! »

Elle soupira. Il avait sans doute raison car elle se sentait épuisé. Elle se décida donc à se lever pour aller au repas. Sa tête lui tournait, mais ce livre... elle devait percer son secret ! Que le vieux prêtre n'ai pas donné sa vie en vain pour un ramassis de lignes absurdes...
Elle ne mangeait presque jamais avec les prêtres, étant donné son appétit, c'était Brendan qui l'emmenait dans la salle des combattants de la lance de corail.
Mais le repas fut bref. Les chevaliers la firent sourire avec leurs commentaires sur sa carrure de moineau. Depuis la bataille du fort de grise-écume, elle avait acquise une certaine popularité dans ce groupe, beaucoup lui étant reconnaissants d'avoir éliminé le traître Lannec.

« Tu devrais passer moins de temps sur ce livre... » murmura Brendan.

Elle secoua la tête.

« Pourquoi ? »

« Il doit être important. Il faut qu'il soit important. »

Il avait l'air désolé.

« Je me fais du soucis pour toi... Et arrête de me faire des sourires comme ça ! Tu te laisses obnubiler par cette histoire alors que tu pourrais penser à toi... à moi... »

« Plus tard. »

Elle termina de manger, puis accepta d'aller faire un tour en ville.

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 Sujet du message: Re: Temple de Moura
MessagePosté: Mer 17 Juil 2013 18:24 
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De retour avec une nouvelle motivation, Leyna remonta dans sa chambre pour recommencer à étudier le livre, mais Brendan la suivit, lui arracha le grimoire des mains et la serra contre lui.

« Fait un effort. Tu as tout ton temps pour lire ce bouquin, alors repose toi un peu... »

Elle était bien forcé d'admettre qu'il avait raison. Pour lui faire plaisir, elle accepta d'essayer de penser à autre chose et se blottit contre lui.
Quel bonheur ! Elle ignorait que c'était si plaisant ! Il la prit doucement dans ses bras et ils s'allongèrent sur le lit de la jeune fille. Là, ils ne firent rien d'autre que se serrer l'un l'autre, prenant plaisir à cet instant d'évasion. Leyna avait enfin conscience que l’intérêt qu'il lui portait était plus fort qu'il devrait. Mais c'était si agréable qu'elle ne le repoussa pas. Tant pis pour ce que pourrait dire le temple ! Elle s'endormit dans ses bras.

Elle se réveilla pour le trouver endormi à côté d'elle. Troublée, elle se leva et parti déambuler dans le temple. La nuit était tombé et elle était seule dans l'immense coque évoquant un bateau fantôme.
Elle ne savait plus trop quoi penser. Étrange sensation en vérité que celle qui l'étreignait aussi fortement que la puissante murène ! Elle aimait bien Brendan, mais se consacrer à lui ce serait moins se consacrer à Moura.

Peut-être serais-ce souhaitable ?

Cette seule idée la terrifiait. Elle repensa à sa mère, morte dans la lointaine Pohélis. Elle lui avait enseignée le respect de la déesse, tout autant que le temple de Lebher.
Elle s'agenouilla devant l'autel et murmura :

« Très grande Moura, je vous supplie de répondre à mes doutes. Je sais que vous avez d'autres soucis qu'une humble servante comme moi, mais mon âme est partagée. Brendan compte pour moi. Il prend soin de moi. Ma mémoire reste fixée sur lui et il obsède mes pensées. Est-ce que cela ne risque pas d'amoindrir mes services en votre nom ? Je continuerais à étudier le livre si c'est votre volonté, mais puis-je renoncer à la fonction de prêtresse pour le suivre et m'éloigner de vous ? Cela me fait peur. J'ai peur de l'avenir. Peur de faire le mauvais choix. Alors que faire ? »

Elle leva les yeux vers les hauteurs invisibles du temple :

« Finalement, la seule question est : Avez-vous besoin de moi ? Si oui, envoyez moi un signe, je vous en conjure ! Que je sache si ma vie doit aller à Brendan ou vous être dévolue... »

Elle resta ainsi prostrée, au milieu de l'immensité nocturne du temple. Les ombres rampaient de toute part, l'engloutissant de leur masse silencieuse. Passerait-elle sa vie à douter ?
Les chuchotements de la peur résonnaient, se mêlaient au clapotement de l'eau du puits avide de sacrifice. Ensemble, ils renvoyaient leurs échos d'effroi, et il fallut un peu de temps pour comprendre qu'ils étaient bien réel.

Des gens étaient entrés dans le temple !

Elle se releva devant l'autel et vit un groupe qui s'approchait furtivement. Ils s'arrêtèrent en la voyant et les murmures se firent plus insistants. Au milieu des ombres, deux formes se découpaient, et Leyna sentit l'étreinte glaciale de la terreur en les reconnaissant.

Il s'agissait du mage gris de Brytha et de son garde en armure scintillante. Les hommes qui avaient troublés sont baptême de navire. Les hommes qui avaient cherché à détruire le livre de Moura et à dresser le temple de Darhàm et Omyre l'un contre l'autre.
Le mage ricana :

« Tient tient... C'est encore la gamine à la langue bien pendue... Toujours en travers de mon chemin, hein ? Mais cette fois-ci, moi et les fidèles à qui j'ai montrer la voie, nous allons triompher. Nous allons écrire le nom de Brytha sur cet autel pour témoigner de l'absence de cette vieille déesse oubliée. Et puisque tu as le livre, je vais le récupérer pour le détruire... »

Leyna eut l'impression de recevoir un coup dans l'estomac. Ils allaient donc profaner l'autel ? Ces gens n'avaient-ils plus aucun respect ?
Elle voyait l'une des ombres hésitantes qui tenait un pot de peinture argenté à la main, et jamais un objet aussi banal lui avait semblé aussi odieux.

Elle sortit la plume dans la couverture du livre et grava le nom de Moura sur la première page. Aussitôt, la crosse du sage se matérialisa entre ses mains et elle se plaça devant l'autel, futile rempart face à l'armée du néant.

« Tue la. » siffla le mage.

Aussitôt, l'énorme guerrier en armure argenté s'avança. Il semblait plus de métal que de chair et Leyna savait que ses maigres pouvoirs ne pourraient rien contre un tel adversaire. Elle brandit néanmoins son bâton, décidé à ne pas mourir sans combattre, et il lui sembla qu'une étrange chaleur en émanait. Une sombre fureur monta en elle comme une marée irrépressible, et peu s'en fallut qu'elle ne se jete sur l'épée de son ennemi.

Il y eut un éclaire lumineux et un tintement de métal. C'était Brendan ! Le courageux chevalier était venu la retrouver, devinant qu'elle s'était rendu à l'autel. Puis, la voyant en danger, ils s'était précipité à son secours, équipé seulement de son épée.
Hélas, l'arme avait rebondit, n'occasionnant qu'une entaille à l'armure d'argent du colosse. Celui-ci laissa échapper un ricanement en ripostant :

« Tu aurais mieux dû retourner pleurer dans les jupes de la mère, gamin. Tu n'as aucune chance. »

Le chevalier dévia de justesse le coup et riposta, cherchant désespérément une faille dans l'armure de son ennemi.
Leyna, de son côté, faisait face aux citadins, que le mage exhortait à commettre le sacrilège.

« C'est le moment de montrer votre foi à Brytha ! »

« Mais... c'est la chanteuse du temple... Elle n'est pas méchante... »

« Incapable ! Tu es indigne de la déesse ! Quelqu'un d'autre est-il plus courageux ? »

Un homme ramassa le pot de peinture et se précipita vers l'autel. Emplie de la colère du bâton, Leyna réagit avec une vivacité qu'elle ne se connaissait pas et la crosse s'abattit. Il y eut un craquement et l'homme tomba, assommé.
Les autres reculèrent d'un pas mais ils semblaient aussi maintenant plus prêt à en découdre. Que faire ? Brendan avait besoin d'aide mais elle ne pouvait quitter ses adversaires des yeux sous peine de se faire attaquer. L'affolement la gagnait. Elle voulait frapper mais ne savait pas où, ni comment.

« Pourquoi ? Pourquoi cherchez-vous à amener la violence ? » cria-t-elle en désespoir de cause.

« Nous cherchons la vérité ! » répliqua le mage.

« Alors vous ne la trouverez jamais, siffla la prêtresse. La vérité n'est pas une chose concrète mais une notion fluctuante qui s'applique différemment ici et là. »

L'homme gris serra les poings, comprenant qu'il n'avait pas affaire à quelqu'un qui se laissait prendre par ses manipulations et ses phrases creuses.
Mais à côté, le combat se régla d'une autre manière. Le guerrier à l’armure étincelante effectua une passe d'arme qui envoya l'épée de chevalier de corail voler au loin, puis, d'un moulinet, retourna sa lame et lui transperça le ventre.

Le temps sembla se figer. Leyna regarda la lame ensanglanté se retirer tandis que le fluide de la vie se répandait. Brendan fit quelques pas vers elle avant de s'effondrer. Elle jeta le bâton, se précipita et tomba devant lui. Ils se faisaient face, à genou, les yeux dans les yeux. Deux regards bleu comme l'océan qui se croisaient, refusant de croire à ce qui arrivait. Deux mains se levèrent et se joignirent, cherchant à croire qu'ils ne seraient pas séparés. Mais déjà, les yeux du jeune homme se voilaient.

« Je... je t'aime Leyna. »

Elle ne savait quoi répondre. Tout s'effondrait et sa gorge était si serrée qu'elle pouvait à peine respirer. Elle ne le voulait pas d'ailleurs, elle voulait mourir sur le champs. Dans ce monde de folie et d'horreur, elle avait perdu sa place. Au prix d'un effort surhumain, elle parvint à souffler :

« Je t'aime aussi... Moura m'a parlé et sa sentence est bien cruelle... Je n'aurais donc plus d'autre homme dans ma vie. »

« Si. Tu m'as fait découvrir l'amour. Trouve quelqu'un... qui te rendra heureuse. Quelqu'un qui soit digne de toi. Tu le mérites... C'est presque impossible... mais je suis sûr que tu trouveras... »

Il tendit la main et recueillit une larme que la jeune fille n'avait même pas sentit couler. Elle prit à son tour une de ses larmes, et chacun bu le fluide de l'autre. Frère et sœur, unis malgré la mort.
Le regard se voila et le corps du chevalier glissa doucement à terre.

Leyna resta prostré, regardant le corps inanimé. Elle se rendit à peine compte lorsqu'une main d'acier la tira en arrière, vers le puits des offrandes. Le mage tentait de convaincre ses suivants que c'était là un mal nécessaire, mais visiblement, la plupart n'étaient pas prêt à voir la mort. Le guerrier d'argent s'en fichait. Il lui tira la tête en arrière.

« Tu l'aimais ce type ? Hé bien réjouis toi, tu vas le rejoindre. »

Ils se tenaient maintenant juste devant le puits. Il ne voulait sans doute pas la tuer trop en vu des hommes qui discutaient plus loin, mais le mage les avait déjà entraîné jusqu'à l'autel, et il s'intéressait visiblement beaucoup au spectacle de la mort de la semi-elfe.
Elle tendit la main d'un geste instinctif vers le bâton, et ses doigts fins se refermèrent dessus.
Alors la colère monta en elle. Elle n'allait pas se laisser détruire ! Même si la mort lui semblait maintenant souhaitable, elle ne ferait pas le plaisir de l'accorder à ce monstre.

Et le guerrier n'avait visiblement pas compris qu'il n'avait pas affaire à une simple fidèle juste bonne à chanter les louanges de Moura...

Leyna frappa à la vitesse de l'éclaire. Ses doigts fins se glissèrent dans les fentes du heaume et elle mobilisa ses fluides. Un jet d'eau sous pression jaillit de ses phalanges.
Le cri que poussa l'homme était presque inhumain. Un hurlement de souffrance qui ébranla le temple tandis qu'il reculait, les mains plaquées sur son casque.

« Mes yeux ! Mes yeux ! »

Un sourire sauvage sur les lèvres, Leyna sentait l'âme de son père monter en elle, la rage du sang pourpre. Quand au guerrier, il n'avait plus trop à se soucier de ses yeux, étant donné la puissance qu'elle avait mise dans le sort, il n'en avait certainement plus.
Un peu partout, des bruits signalaient que le temple était en train de se réveiller. Les gardes allaient bientôt arriver et les fidèles de Brytha allaient passer un mauvais quart d'heure. Plusieurs s'enfuyaient déjà, craignant la colère des serviteurs des flots.
Le mage rugit :

« Sale garce ! Tu vas payer ! »

La détresse se sentait dans sa voix, visiblement, il aimait beaucoup son gardien, lui aussi... Leyna vit une étrange brume grise s'assembler autour de lui et un étau commença à se refermer sur son esprit. Elle se doutait que ce mage était bien plus puissant qu'elle. Elle devait sauver le livre, et de toute façon plus rien ne la retenait dans le temple.

« Je compte bien régler ceci... Surveille tes arrières, infâme ! Un jour, tu m'y trouveras. »

Et sur ces mots, elle poussa le guerrier de toutes ses forces. L'homme en armure bascula dans le puits des offrandes, et elle le tenait, se laissant entraîner avant que la magie de Brytha ne la terrasse. Le vent claquait autour d'elle et elle appela la puissance de Rana. Le sortilège de l'air l'enveloppa comme une bulle juste avant qu'elle ne percute la surface de l'eau.
Et ça marchait ! L'air restait autour d'elle, lui permettant de respirer au moins quelques temps.
Elle se laissa emporter au fond par le poids de l'armure et vit bientôt la gueule sombre et béante du tunnel qui communiquait avec la mer. Le guerrier ne remonterait jamais à cause de son armure. Elle le lâcha avec un dernier cri de haine et nagea vers son avenir ténébreux.

Elle nagea, nagea... de toute ses forces pour que la brûlure de ses muscles lui fasse oublier la douleur de son âme. Elle ne savait même pas si elle pourrait nager jusqu'au bout du tunnel, si elle ne mourrait pas d’épuisement ici. Au font, peu importait. Elle nageait dans une bulle où la seule eau était celle de ses larmes. Elle nageait dans l'obscurité, utilisant vaguement son bâton pour éviter de percuter les murs, souvent sans succès. Elle devinait que l'eau devait être légèrement teinté de sang. Si seulement un requin flèche affamé avait pu la sentir et venir l'achever ici...
Tout le corps douloureux, elle vit une vague luminescence. Elle nagea vers elle jusqu'à ce que son champs de vison s'éteigne...

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