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 Sujet du message: Le temple de Phaïtos
MessagePosté: Ven 31 Oct 2008 18:22 
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Le temple de Phaïtos


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Dans le plus sombre coin de la cité noire, à l’ombre de la Tour noire, trône le Temple du Dieu de la Mort : Phaïtos. Le maître des Enfers a élu domicile dans une ancienne habitation elfique autrefois faite d’un éclatant marbre blanc. Nul en voyant ce bâtiment ne peut se douter que ce sont des elfes blancs qui l’ont bâti, puisque les orques, pour vénérer le dieu sombre, ont ôté pièce par pièce tout le marbre blanc de la façade pour le remplacer par un revêtement en Onyx, avec des pointes saillantes et autres piques sculptées. Personne ne sait plus dire quel était l’utilité originelle de cet endroit, tant la métamorphose est impressionnante. Un temple ? Un lieu public ? On ne peut le savoir…

Les fenêtres ont toutes été occultées par de lourds panneaux d’ébène aussi noir que le cœur de Phaïtos lui-même. Conséquence directe de cette occlusion, l’intérieur de l’endroit ne souffre d’aucune lumière. L’obscurité la plus complète règne dans le temple, pièce unique en forme de croix. La seule source de lumière de l’endroit ne fait que le rendre un peu plus lugubre. C’est une simple flamme, surmontant un grand cierge noir, qui brille, solitaire, sur l’autel du temple. Souvent, le prêtre de Phaïtos, l’unique du lieu, gardien de l’endroit, se terre derrière cette unique flamme. Chose étonnante s’il en est, c’est un humain. Un nécromancien. Les humains ne sont généralement pas forcément bien vus à Omyre, mais lui, aucun orque ne se permettrait de l’attaquer. On raconte qu’il a de terribles pouvoirs, et qu’il est veillé de Phaïtos en personne. On raconte même qu’il a déjà été aux Enfers, et en est revenu.

Nul ne sait si c’est vrai, mais nul n’oserait non plus lui demander… Qui sait comment qu’un tel prêtre pourrait réagir… Son nom : Malthaar Del’Thassanor. Dans sa lignée, ils sont prêtres de Phaïtos de père en fils. Quand le glas de leur trentième année a sonné, une jeune vierge à la peau pâle leur est apportée. Elle sera la mère de l’enfant… L’unique enfant qui survivra. Si c’est un garçon, il sera prêtre. Si c’est une fille, elle sera tuée en même temps que sa mère. Quoi qu’il en soit, la mère est sacrifiée au Dieu de la Mort pour bénir la naissance de l’héritier des sombres pouvoirs. Et c’est ainsi que cette lignée ne comporte que des mâles.

Malthaar respecte aussi la tradition de sa famille qui décrète que le prêtre du temple doit porter à chaque instant, jour comme nuit, un crâne sur le visage. Si bien que la peau finit par s’y coller. Ce qui explique pourquoi jamais il ne s’en sépare, et pourquoi personne ne l’a jamais vu sans.

Il respecte scrupuleusement les préceptes de son dieu, et y met même beaucoup de zèle.

Jamais il ne s’énerve. Il est froid, distant, illuminé par l’obscure lumière de son dieu. Inutile de préciser qu’un blasphème en ce lieu sera puni d’une mort sadique et lente, alors qu’il aura eu pour toute réaction de lever lentement la main, un sourire invisible derrière son masque d’ossement.

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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Dim 10 Fév 2013 21:43 
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Azra avançait nonchalamment dans la nuit, derrière l'ombre de l'ancienne baronne. Un cimetière... peut-être pourrait-il tenter d'y essayer sa magie ? Ce n'était pas prudent mais il brûlait de découvrir s'il avait compris comment invoquer des serviteurs mort-vivants. Peut-être était-ce tout simplement ça, ce fameux "vrai pouvoir des nécromanciens" ?

Silmeria s'arrêta et désigna le cimetière d'un air grandiloquent :

« Juste devant... Bienvenue au cimetière. »

Silence. Il la regarda.

« Hum... oui, c'est un cimetière, enfin ça y ressemble. Il y a des tombes, enfin, si on peut appeler ces pauvres cailloux des tombes. J'ai déjà visité de vrai cimetières bien plus impressionnants que celui là. Bon, que fait-on ? »

Une idée lui vint soudain :

« Seriez-vous vous même nécromancienne ? Vous comptez interroger les morts ? Ils se retourneront contre nous aussi sec, vous savez ? Je nous vous mal entrer dans un cimetière à Omyre, de nuit, à côté du temple de Phaïtos et en ressortir indemne. »

Elle se contenta de lui demander de parler moins fort, et qu'elle n'était pas une nécromancienne. Elle signala ensuite que quelqu'un creusait dans le cimetière et qu'il pourrait bien avoir des relations avec les nécromanciens. Tendant l'oreille, Azra se rendit compte qu'elle disait vrai. Quelle surprise ! Ses sens avaient l'air décidément très aiguisés. Baronne ? Mon œil ! Certainement pas un titre obtenu honnêtement dans ce cas. Mais c'était le dernier de ses soucis. Elle lui expliqua qu'il devrait aller interroger cette personne, et qu'elle pourrait l'y aider.
Il frissonna à cette seule pensée. Au ton qu'elle avait employé, ce ne serait pas un interrogatoire des plus propres...

Il s'engagea donc parmi les piètres pierres tombales, louvoyant aussi silencieusement que possible entre les ruines rachitiques. Il faisait si sombre qu'il avait de la peine à voir, mais il remarqua finalement la chose qui creusait. Il s'agissait d'un sekteg pus grand que la moyenne et maniant une pelle avec dextérité.
Azra fit un signe à Rendrak qui compris et fit le tour des lieux. Si ce gobelin était à moitié aussi fourbe que Koriga, il fallait mieux procéder avec prudence.
Il attendit un peu, que le liykor se mette en position, puis, il se glissa vers la créature. Elle semblait en train de déterrer un squelette, ce qui ne signifiait aucunement qu'elle avait un quelconque rapport avec des nécromanciens.

Azra ferma les yeux et se concentra. Il appela son pouvoir et les fluides de l'ombre s'assemblèrent dans sa main. Bientôt, il en jaillit une ombre invisible dans la nuit. La main des ténèbres bondit pour saisir à la gorge le gobelin. Celui-ci poussa un piaillement étranglé par la force noire.

« Bien le bonjour, j'aurais quelques question à vous poser... »

Il n'eut pas le temps d'en dire plus, une pelle le manqua de peu. Le gobelin bondit et tenta de s'enfuir. Heureusement, il fut intercepté par l'ombre de Rendrak. Le liykor l'attrapa à la gorge et le souleva de terre.
En jurant, Azra les rejoignit. Il regarda la créature sous toutes les coutures sans trouver de quelconque tatouage. Il dit :

« Bon, je vais faire un effort pour être sympa... Je suis à la recherche de Lord Kaïn, peux-tu me conduire à lui ou préfères-tu mourir maintenant ? »

Le sekteg se contenta de continuer à crier. Énervé et inquiet à l'idée qu'il avertisse toute la cité noire, Azra le fit taire d'un coup de son lourd poing d'acier. Quelques dents pointues tombèrent.

« Écoute, moi, je suis gentil, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Si tu ne veux pas coopérer, j'ai une amie qui se fera un plaisir de s'occuper de toi... »

Le gobelin cracha :

« J'en sais rien ! Y en a souvent, des nécro, par ici ! Moi, je récupère juste les restes qui ne les intéressent pas. »

« Il ne doit pas y en avoir souvent... je suis prêt à parier qu'il y a quelqu'un qui te dit où il a enterré quelque chose la nuit précédente... »

« Et alors ? »

« Et alors, si tu me dis qui c'est, où le trouver et au service de qui il est, je te donnerais cents yus. »


Les yeux du gobelin brillèrent de cupidité. Pas à dire, ces créatures vendraient n'importe qui si elles pouvaient en tirer quelque chose.

« Il s'appelle Vroeg. Il travaille pour certains serviteurs de Tal'Raban comme messager. Je le trouve le matin à la taverne. Y s' saoule jusqu'à cinq heure du matin, pis après il va à la tour d'opale. Alors, mes sous ? »

Azra hocha la tête à l'intention de Rendrak. Mais le liykor compris bien ce que signifiait ce mouvement... et il tordit le cou du gobelin. Inutile de laisser des témoins derrière soit...
Il rejoignit Silmeria.

« Demain matin, à cinq heure aux portes de la taverne... »

Puis, il leva les yeux vers la haute tour du temple de Phaïtos. C'est ici que la grande prêtresse lui avait dit de chercher des réponses. Il n'en avait hélas pas le temps, mais il pouvait faire autre chose à l'ombre de la demeure de son dieu.

« Allez dans cette maison, là-bas. Je vous rejoins bientôt »

Et il retourna dans le cimetière.

Serviteur de Phaïtos

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Dernière édition par Azra le Mar 19 Fév 2013 10:50, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Dim 10 Fév 2013 22:23 
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Azra s'enfonça entre les pierres tombales. Il était épuisé mais il sentait qu'il devait le faire.

« Où allons nous ? » demanda Rendrak.

« Nous allons chercher un moyen de t'accorder un peu de repos. Maintenant, silence. Montrons un peu de respect pour notre seigneur et dieu, Phaïtos. »

Il arrivèrent bientôt devant le cadavre du gobelin. Azra s'assit en tailleur devant et ferma les yeux. Il sentait qu'il allait peut-être y arriver, cette fois-ci. Il fallait essayer. Il plongea au plus profond de lui même, cherchant les ténèbres insondables qui dormaient en lui. Il repensait aussi à ce qu'il savait sur ce que c'était que d'être un nécromancien. Il savait invoquer les esprits, mais pas leur parler. Il ne pouvait donc les attirer à son service autrement que par la force.

Il enfonça les doigts dans la terre meuble. Il y sentait l'humus, toute cette matière morte. Au fond, le sol n'était vraiment que des morts ; des plantes mortes, des animaux morts et ici, aussi, des humanoïdes morts. Tel était le destins de tous. Toute cette mort qui l'environnait était le secret de son pouvoir. Il bascula la tête en arrière et, gémissant, laissa filtrer ses fluides de l'ombre pour qu'ils se répandent dans la terre. Il sentait Rendrak qui patrouillait, marchant en une ronde infernale autour du petit terrain dégagé où il se tenait.

Les spectres ! Il fallait faire venir les spectres et les incarner aussitôt dans les restes calcaires du sol. Ce serait plus facile ici, vu qu'il y avait encore des ossements en parfait état.
Le gémissement se changea en mots incompréhensibles. Ceux là semblaient lui venir d'une étrange mémoire atavique, et il devina que, d'une certaine manière, il revivait un évènement qu'il avait vécu dans ce qui était presque une autre vie : l'époque où il était Chandakar, nécromancien débutant qui usait de toute sa haine pour réveiller les morts. Mais il n'y avait pas de haine ici, plutôt du respect pour compenser cette fureur passée.
Phaïtos... le seigneur corbeau... il serait son nouveau guide plutôt qu'une rage aveugle.

(Mon maître, Phaïtos,
Qui régnez sur les os,
Entendez l'appel de l'humble nécromant,
Qui se prétend Lord, peut-être outrageusement.
N'est d'autre désir en moi,
Que de servir votre foi.
Entendez la complainte du nécromancien,
Vibrante dans son sinistre refrain,
Je ne souhaite que servir votre volonté,
car je souhaite la voir réalisé.

Oui, entendez moi !
Les spectres menacent votre domaine,
Âme, désespérées, aux abois,
Les usurpateurs cherchent en elles la haine.
Mais le véritable lord doit le savoir,
Dans votre volonté, réside le seul pouvoir.)


Ses bras se couvrirent d'ombres tandis que sa magie se déversait dans le sol. Il se concentrait de toute ses forces.

(Venez à moi !)

Ivre de pouvoir, il s'efforçait pourtant de résister à cette déferlante, de rester concentré. Il ne fallait pas laisser échapper la chose, sous peine de voir à nouveau des abominations s’abattre sur lui. C'était difficile, il devait tâtonner, mais plus il perdait de temps, plus augmentait le risque d'échouer.

(Ô, toi, le dieu aux corbeaux, si je suis vraiment destiné à être un de vos serviteurs, donnez moi la force !)

Il continuait à lutter. Il sentait les âmes à proximité. Elles était là ! Grondantes et écumantes de haine envers les vivants ! Des âmes féroces qui menaçaient le monde entier et que Phaïtos ne pouvait laisser entrer dans son domaine, sous peine qu'elles y sèment le chaos.
Il tenta de les plier à sa volonté.

(Aller... incarnez-vous !)

Elles ne pouvaient comprendre ses mots, mais il recherchait dans sa propre voix le réconfort.

(Tu y es presque ! La voie de la puissance ! Manipule les âmes damnées ! Que ces sinistres reliquats des temps passés servent une nouvelle cause plus élevée !)

La voix exultant de Chandakar tonna dans son esprit et Azra poussa un cri tandis que le pouvoir et la volonté s'échappaient de lui même pour s'enfoncer dans le sol.

Il y eut alors un instant de silence. Comme vidé, Azra attendit avec anxiété. La nuit semblait plus profonde que jamais et la lune semblait au contraire éteinte, morte.
Puis, un crissement. Le sol se déchira et, sous les yeux du garçon, une main décharnée s'en échappa, bientôt suivit d'un crâne grimaçant. L'estomac noué, Azra, toujours à terre, regarda le squelette de garzok s'élever et le dominer. S'il l'attaquait, il n'aurait pas la force de se défendre...

Mais il n'attaqua pas. Il se tint là, dressé, attendant les ordres.

« Tu as réussi ! » souffla Rendrak.

« J'ai réussi... » murmura le garçon en savourant ces mots.

Malgré son épuisement, il leva une main et fit un signe. Il sentit presque irradier jusqu'à lui le bonheur du liykor tandis qu'il se dissipait en fumée.

« Suis-moi. » commanda le garçon au squelette.

Et le mort-vivant le suivit docilement vers leur abris pour la nuit.

Enquête spectrale


(((Apprentissage du sort évolutif Appel de l'au-delà)))

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Dernière édition par Azra le Mer 6 Mar 2013 11:47, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Dim 3 Mar 2013 23:00 
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Les rues de nuit n'étaient pas plus sûres que le jour. Les rares personnes qui n'avaient rien à voir dans de sombres affaires restaient cloitrées chez elles, mais de fait, ceux qui arpentaient les ruelles n'étaient que sans abris jaloux et gardes pourris, assoiffés de combat et susceptibles à souhaits. La tour noire et le bastion de la ville n'étaient pas très loin, Silmeria prenait bien soin de les contourner car il s'y trouvait bien plus dangereux que des gardes et elle se savait pas de taille à luter contre une horde d'abominations créées par un des treize de la reine noire.


« Survis et rejoins la Reine Noire. Survis et sers Oaxaca, elle saura t'en remercier...»


Silmeria murmurait ces mots, ces derniers mots, d'origine inconnue trouvés sur sa dépouille. Quelqu'un avait conduit Silmeria jusqu'à Omyre, c'était pour quelque chose de précis, et elle se retrouvait à aider un jeune homme alors qu'elle aurait mieux fait de le tuer... Elle commençait à se souvenir, cela dit, elle n'arrivait pas à joindre la logique et ce qu'elle faisait. Elle continuait à avancer, sans rien dire d'autre. Le silence dans lequel résonnait les bruits de pas des compagnons qui se glissaient dans la nuit. Le cimetière situé juste à côté du temple du Dieu de la guerre était un bon point de départ, il était non loin de la tour en question mais également assez peu fréquenté.

Silmeria gardait ce mot en tête. Avant tout, il lui fallait trouver Hrist, une fois ceci fait, elle irait probablement s'adresser à un des treize et s'acquitter d'une mission. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.

Azra juste derrière elle, avançait moins silencieusement que son compagnon squelettique, les ruelles prenaient des aspects plus anciens, plus noire et encore plus tordues. Le cimetière qui commençait bien avant le temple finit par être enfin à portée de vue, au travers de quelques ruelles. Une horde de gardes passa juste devant eux et puis finalement, il n'y avait plus que le lourd silence de la nuit.


« Juste devant... Bienvenue au cimetière. »

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Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Lun 4 Mar 2013 00:29 
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« C'est un cimetière oui, pathétique, noir et silencieux mais restez sur vos garde et observez derrière les tombes, bien qu'il me soit plus facile de déceler quelque chose dans le noir, j'augure que vous devriez parler moins fort, il n'y a pas que les morts dans les cimetières.»

Fit-elle en jetant un petit coup d'oeil juste devant elle, indiquant à Azra de faire de même. Elle avait visiblement visé juste, le fossoyeur avait soit choisi une bien mauvaise heure pour travailler, dans le noir de surcroit, ou bien il s'agissait de quelqu'un, ou d'un être qui ne désirait pas être vu et qui travaillait le plus silencieusement possible en remuant la terre épaisse et lourde qu'il lançait derrière lui comme un chien enterrerait son os.


« Si j'avais été nécromancienne, c'est bien ce que j'aurais fait. Or je ne le suis pas. J'ai d'autres talents que vous verrez bien assez vite jeune homme. Adressez vous à cette chose. Quelqu'un qui creuse une tombe la nuit aurait bien des choses à dire, sur les nécromanciens. S'il n'en est pas un lui même, il travaille pour l'un d'eux.»


Silmeria s'installa par terre, adossée à une pierre tombale bancale, elle restait sagement à observer la terre noire sur laquelle poussait quelques tiges mortes-nées qui brunissaient avant de pourrir.


« S'il refuse de vous parler, je pourrais bien vous y aider. J'ai un certain talent pour ça, paraît-il. »

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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Lun 8 Avr 2013 17:28 
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Tout en se gardant bien d'avoir un regard pour le cimetière qu'il avait lui même profané, Azra entra dans le temple. Les lieux n'étaient pas sans rappeler le temple de Thimoros à Kendra Kâr. Il faisait noir. Profondément noir. Le jeune homme voulut tâtonner pour éviter les bancs, mais il compris bien vite qu'il n'y en avait pas. Les lieux ténébreux n'étaient éclairés que par une petite lumière, si lointaine qu'il semblait impossible de l'atteindre.

(Courage, Azra ! Tu es un serviteur de Phaïtos, en principe. Alors tu n'as pas à avoir peur dans le temple de ton dieu!)

Il fit donc un effort pour se redresser et avancer humblement mais sans paraître trop intimidé vers la lueur de ce qui se révéla être une chandelle. Il ne voyait personne.
Le silence devenait pesant et il compris que c'était justement fait pour l'angoisser. Quelqu'un l'observait, mais attendait un peu avant de se dévoiler.
Pas question de se laisser faire !

« Hum... moi, Azra, humble requérant de Phaïtos, je viens chercher conseil en ces lieux... »

Le silence retomba. Puis, une voix juste derrière lui.

« La quiétude de ces lieux est troublé, nul ne peut déranger le grand corbeau sans en payer le prix... »

Azra et Rendrak sursautèrent et se retournèrent pour voir... ce qui leur sembla d'abord un mort-vivant. Puis le jeune homme comprit que le sombre individu encapuchonné portait un masque d'ossement bien qu'il soit probablement un vivant.

« Pardonnez moi, il est vrai que le silence est de mise pour honorer le dieu corbeau, mais mon intention est bien de le servir. »

Rendrak s'agita, nerveux. Il semblait lui aussi inquiet. Le prêtre resta silencieux, sa face figé lui donnant un air impassible et sinistre.

« Je vois que tu as un bien beau bâton dans le dos... »

Aïe. Inutile d'espérer cacher la nature de l'objet à un tel homme...

« Cela peut paraître dur à croire, mais je vous assure que son ancien détenteur avait de mauvaises intentions... »

« Tu voulais le pouvoir. Ne le cache pas. Tous les nécromanciens sont ainsi. C'est dans leur nature. »

« C'est vrai. Mais il y a une raison particulière. En plus du pouvoir, il m'a été promis une forte récompense si je parvenais à neutraliser un esprit possédant un corps sans tuer l'hôte. »

« Ceux qui tentent d'échapper à Phaïtos ont perdu de vue la voie ! »

« J'en ai bien conscience, mais une fois la récompense entre mes mains, il serait toujours temps d'aviser... »

« La négociation est vaine, face à la mort... Qui sait quels sont tes réelles intentions ? Ici, Phaïtos n'est accessible qu'à travers la reine des ténèbres. »


N'avait-il pas dit ça avec une pointe de déception ? Il camouflait trop bien ses sentiments pour qu'il soit possible de le déterminer. Il tenta :

« Nul n'est au dessus de la mort ! »

« Parole facile, mais les actes sont dépourvu de mensonge et ce sont donc eux que le sage écoute. »

Ça valait le coup d'essayer...

« Engage toi dans la milice d'Omyre, et tes actes parleront. Montre toi fidèle et tu recevras peut-être les renseignements que tu souhaites. Va, maintenant. »

Le ton était suffisamment impérieux pour qu'Azra file ventre à terre. Il ne devait pas faire bon contrarier ce type...
Il sortit donc du temple. S'engager dans la milice ? Ce n'était pas prévu, mais c'était en même temps un bon moyen de se faire des relations. Devenir ami avec des gens. Beurk...

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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Jeu 1 Mai 2014 18:34 
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La pierre froide. Le noir compact. Des odeurs inconnues. Voilà ce qu'elle ressentait. Emprisonnée, entravée et absente. Le corps de la femme était parfaitement aligné sur l'Autel du temple de Phaïtos. Sa peau pâle, encore moite du lavement infligé, luisait sous l'éclat d'une unique bougie, phare nappé dans un manteau de ténèbres.

Les mains de la femme reposaient sur sa poitrine, elle était vêtue d'une robe noire aux bordures violettes. Aucune poche extérieure, le seul moyen d'y porter quelque chose était la ceinture en cuir sombre qui serrait sa taille. Ses jambes pâles s'enfonçaient dans de longues bottes noires au cuir mat. Elles étaient propres, exempts de poussière et même la semelle semblait être lustrée. Ses doigts étaient enlacés sur une paire de gants pliée avec soin, ils étaient d'un cuir local, alliant souplesse et résistance, il était difficile d'évaluer quel était l'animal qui donna sa peau pour sa réalisation. La nuque était soutenue d'une cape, toujours tissée d'un noir profond, celle-ci, contrairement aux autres pièces semblait rayonner d'une magie sombre. Sur ses yeux était déposé un masque de métal, trop court pour être utile en combat, il ne soutenait que le regard, à l'image des loups utilisés lors du carnaval de Kendra Kâr.

La femme inerte, l'ignorait, mais elle était sous la surveillance d'un homme, un humain. Lorsqu'elle se réveillerait, elle pourrait alors lui poser les questions qu'il attendait en silence, terré dans l'ombre.

Ses yeux s'ouvrirent. Une pupille violette se perdit dans le noir, immédiatement attirée par la flamme de la bougie, elle s'en brûla les yeux, la faible lueur était déjà trop forte. Elle se redressa et toussa, l'air emplissait ses poumons et lui brûlait la gorge comme s'il avait été chargé en acide.

« Votre nom, femme. Quel est-il ? »

Trop déboussolée, la femme en question glissa le long de l'Autel, emportant avec elle la cape noire par laquelle s'échappa une aiguille qui roula jusque sous son visage. Ses yeux scrutaient le noir, peu à peu, sa vue revint. Tout semblait confus mais pas l'aiguille. De ses doigts tremblants, elle essaya de prendre cette aiguille brillante qu'elle porta devant son regard ahuri.

L'ombre se glissa quelque part, bien qu'elle lui tournait le dos, la lueur de la bougie s'était agitée, comme soufflée par un déplacement. Une paire de chausses noires camouflée sous une longue toge apparurent devant elle, toujours à terre, l'aiguille en main.

« Vous souvenez-vous de votre nom ? »

Tonna la voix inconnue, comme étouffée derrière un chiffon ou un masque. La Sindel releva les yeux. L'habit de l'homme qui lui faisait face était d'un noir total, comme si la lumière était bannie, mal aimée. Seule nuance claire, un crâne usé et pourvu d'une expression terrifiante.

Elle articula quelques mots. Avec peine, les mâchoires tremblantes puis arrêta lorsque l'homme se fut baissé et pris le menton de la femme entre ses doigts.

« Votre corps a fait un long voyage jusqu'à ce Temple. Je me nomme Malthaar Del' Thassanor, Prêtre de Phaïtos. Quel est votre nom ? »

Peu à peu, les souvenirs revenaient, bien que ses sens soient alertés de partout et que la mécanique sensorielle de la femme soit dans une panique palpable, elle revit des images, une pleine lune, un brasier immense, un combat qui résonnait dans le clair du soir et le gouffre infini dont les parois de chairs palpitaient autour d'elle. Et rien.

« Mon.. Mon nom est Hrist. »

Le Prêtre ne répondit rien. Un silence pesant dans le noir, Hrist se redressa douloureusement, son dos était ankylosé et ses articulations lui donnaient l'impression d'être une vieille porte rouillée qu'on essayait d'ouvrir par la force.

« J'ai pour mission de rejoindre Omyre, servir la Reine Noire. » Peina-t-elle à articuler correctement.

« J'ai ouï de nombreuses rumeurs au sujet d'une Sindel qui arriverait. » Lâcha l'homme avant de se glisser de nouveau en silence derrière l'Autel. La flamme s'agita encore une fois. Faisant craquer ses cervicales, Hrist s'efforçait d'éveiller ses sens.

(« T'étais à deux doigts de mourir, ma vieille ! »)

Un sourire crispé se dessina sur le faciès de la femme. Cèles, sa Faera caustique était là aussi, et sa simple présence rassura grandement la femme.

« J'ai pris soin de vos effets, Phaïtos n'a pas jugé bon de prendre votre âme tout de suite. Il y avait un prix à payer, deux corps m'ont été apportés. »

Hrist, stupéfaite observa son corps, elle était de nouveau au sein de Silmeria, les deux âmes étaient encore collées, mais cette fois-ci, aucune présence, aucune trace de Silmeria. Son corps était enfin le sien. L'homme continua :

« Voici vos armes. Mon devoir est fait. Toutefois... J'ai quelque chose à vous soumettre, Hrist. »

L'homme tenait ses armes à la main, une dague Garzok et une autre lame plus incurvée. Hrist reconnu immédiatement les tranches-lard. Le Prêtre semblait les examiner silencieusement.

« Pour cet avenir qui vous tend la main, la route sera longue et parsemée de catastrophes et vos ennemis comme amis représenteront une menace. Vos bracelets de l'Ombre sont un bien précieux outil, mais je vous recommande autre chose, une arme qui fasse parler d'elle, pas un couteau de populace. »

Hrist se tut, ou plutôt elle ne dit rien, écoutant l'homme, s'il avait cessé de parler, il semblait évident qu'il n'avait pas encore dit où il voulait en venir.

(« Tu parles, t'as manqué de canner à cause d'une aiguille empoisonnée, alors un coupe-couenne bien nommé hein, pour ce que j'en dis. »)

« Il s'en trouve une à la hauteur de vos ambitions. Ici même, la proximité de ce trésor ne rendra pas la tâche plus aisée, femme. Il s'agit d'une dague, abandonnée depuis longtemps par de grands assassins de Kendra Kâr, ramenée ici comme une trophée de pillage et finalement disputée par des Garzoks belliqueux. Trouvez là, tuez son possesseur et accordez-vous le droit de manier ce fléau. »

(« Comme il parle bien le monsieur ! Ca laisse rêveur, pas toi ? »)

« Ne dit-on pas que toute arme légendaire porte un nom ? Quel est le sien ? »

Un temps.
« La Vieille Rengaine. » Déclara-t-il en déposant les armes de la Sindel sur l'Autel.

(« C'est très moche. Mais après tout, qu'est-ce qu'on y connaît ? Tu es assez sensible au pouvoir d'attraction d'un bel engin de mort bien affûté. Moi je comprends pas comment on peut passer autant de temps dans l'enfer des forges pour plier des dizaines de fois une tranche d'acier et la tabasser à s'y laisser les oreilles. Tout ça pour fabriquer un concentré de meurtre et lui donner un nom. Son couteau pue l'amour et la beauté. »)

Hrist récupéra ses armes, toutes les deux étaient propres, impeccablement lustrées et ciselées. Ses vertiges s'étaient dissipés, son malaise disparu. Cèles lâcha quelques propos moqueurs et inconvenants et sous l'escorte du Prêtre, elle fut conduite à la porte noire du Temple de Phaïtos.

La porte s'ouvrit, elle laissa s'engouffrer la lumière des torches puis, rapidement, se clos. Le Grand Prêtre claqua la porte derrière la femme, sans politesse.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Mar 6 Mai 2014 17:35 
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- Argent, argent... Argent, argent... Argent, argent, s'il vous plaît...

Une vieille silhouette en loques, avec un grand chapeau de paille dissimulant son visage, assise au coin d'une rue, sa main tendue comme pour attendre les flocons de neige sous un soleil d'été... Les mendiants constituent 15% de la population de Yuimen, et on en rencontre aussi bien dans la glorieuse Kendrâ Kâr qu'ici, au sein de l'infâme Omyre. On affirme que la prostitution est le plus vieux métier du monde. Dans ce cas, l'indigence solliciteuse doit être le second plus vieux métier du monde, suivi de près par celui de conteur d'histoires...

Sur Yuimen, le bon mendiant se doit d'être déguisé en bon mendiant, il doit attirer la pitié en même temps que le dégoût, mais avec un zeste de sympathie. Notre mendiant est assurément un mendiant expérimenté à en juger par sa manière faussement négligée de se vêtir. Tout d'abord, il est possible pour l’œil avisé de remarquer la méthode avec laquelle les fétus de paille tressés ont été arrachés du chapeau pour lui conférer un air misérable, et donner aux passants une impression de vécu, d'authentique mendiant.

Dans un second temps, il est bon de s'attarder sur les parties dénudées de l'artisan, qui expose de manière presque séductrice ses jambes et ses bras maquillés par de la crasse trouvée dans le purin à deux cent mètres exactement de son terrain de chasse. Cette crasse a deux usages : dans un premier temps, elle protège la pauvre âme du soleil, et dans un second temps, elle fait chavirer les cœurs. En effet, un être dégoûtant a la faculté de repousser de prime abord un certain type de personne qui, ensuite, aura des remords à le considérer avec autant d’écœurement et lâchera quelques piécettes afin de racheter sa faute morale.

Notons aussi la maestria avec laquelle les sandalettes de bois de notre spécimen ( que l'on peut facilement trouver au prix de vingt-cinq yus chez l'artisan du coin ) ont été battues et sculptées afin de leur donner un air ancien et usé, comme pour souligner l'expérience et la sagesse de leur porteur, manifestement réduit à cet état de misère par un coup du sort infortuné, une malheureuse injustice.

Enfin, pour parachever son art, le mendiant chevronné fait vibrer ses membres non-stop, comme si une terrible maladie crevait son être de toutes parts alors qu'il brave vaillamment les assauts du jour pour nourrir sa famille. C'est au contraire la marque d'un véritable athlète, l'homme s'étant endurci pendant des années pour parvenir à fournir sur le long terme une performance aussi convaincante.
Et dernier détail mais non des moindres : l'odeur. L'expert sait qu'il doit sentir bon et mauvais à la fois, en s'imprégnant d'une odeur sale mais pas agressive pour ne pas repousser les cœurs sensibles. Ce maître-là en particulier se sert d'une eau de pluie parfumée dont lui seul connaît le secret.

En théorie, rien ne devrait empêcher ce brave homme de gagner son pain quotidien...

... En théorie.



Blam ! Ce fut alors qu'il livrait la performance d'une vie entière que le quémandeur fut interrompu par la chute d'un objet très lourd juste devant son bec, manquant de stopper net son vieux cœur sensible. Un sombre énergumène avait lâché son bagage pile en face de lui et s'était assis le plus normalement du monde à ses côtés, sur SON terrain de chasse ! Le mendiant souleva son chapeau de paille, dévoilant le visage bleuâtre d'un vieux gobelin à moitié empêtré dans un voile de tissu. Ses yeux exorbités se mirent à toiser l'indésirable : un jeune humain maigrichon d'à peine vingt ans, affublé d'un kimono aussi noir que ses longs cheveux raides. Sa coupe chaotique était uniquement sauvée du désastre par un gros chignon au sommet du crâne, et son visage était blanc et fade, dénué de toute expression.

- Non mais hé, toi, qu'est-ce que tu fous ?! Vire ta grosse malle et décampe !

Le jeune homme, provenant manifestement des contrées d'Ynorie, tourna le grand ovale qui lui servait de visage et les amandes qu'étaient ses yeux vers le propriétaire du coin, mais aucun mot ne sortit de ses lèvres aussi fines que sèches.

- T'y vois donc pas, qu'tu m'déranges, la peau douce ?! Va ailleurs ! Ah ! Monseigneur !

L'attention du vieillard fut distraite par le passage d'un Sang-Pourpre, et il tendit la main avec insistance dans sa direction. Trois piécettes tombèrent dans sa paume et le voyageur partit comme il était venu. Le suppliant le remercia avec un sourire hypocrite alors qu'il comptait son butin.

- Merci, merci, monseigneur ! Hoho, quatorze yus, plus quatre... la chasse a été bonne, hihihi !

Le vagabond regarda les yus avec des yeux en O, puis il se mit lui aussi à "attendre les flocons de neige". Sa main reçut une gifle.

- Mékékeutufou ?! Me vole pas mes clients ! J't'avais dit de dégager, 'spèce de dégénéré !

L'homme au chignon fit une moue d'incompréhension.

- C'est mon territoire ici, MON-TERR-I-TOIRE ! Et d'façons avec ta sale dégaine, tu vas faire fuir les clients !
- *clic clic* Tenez, pour votre perte...


Une sac de yus tomba aux pieds de l'humain. Un populeux était passé par là et il était parti comme il était venu. Gratuitement, comme ça, héroïquement, sans réclamer quoi que ce soit en échange. Les deux regardèrent le petit sac clinquant puis se fixèrent une nouvelle fois. Le vieux mendiant prit le sac et commença à compter les pièces.

- Trente, quarante, cinquante... Cinquante yus. Cinquante yus ?!!

Le vieux grincheux souleva son chapeau de paille, ses yeux étaient sortis encore un peu plus de leurs orbites. Cependant il se rendit vite compte que sa manière de compter l'argent des autres ne plaisait pas trop à son compagnon, qui lui avait jeté un regard féroce dès l'instant où il s'était emparé de sa bourse. Normalement, l'escroc n'était pas du genre à se laisser intimider, mais les cheveux désastreux de l'ynorien se hérissèrent carrément sur sa tête ! Les cinquante yus revinrent rapidement dans ses mains.

- Ç-ça va, ça va... pas b'soin d'se mettre dans des états pareils... Non mais j'te jure...

Soudain, les mots du dernier bienfaiteur en date lui revinrent à l'esprit, pourquoi avait-il donc parlé de "perte ?". Il leva les yeux vers l'énorme bagage que le jeunot avait posé et qui bloquait la lumière du soleil. Les formes et les contours étaient grossiers, mais il finit par percuter. A ce stade, ses globes oculaires étaient partis en vacances aux îles Naora.

- Gamin, c'est un cercueil que tu traînes ? Gamin ?

Mais l'attention du "gamin" était déjà aspirée par un autre événement singulier. Une petite foule s'était massée devant une grande bâtisse dont les murs en onyx étaient encore plus sombres et morbides que le reste de la ville. Ville qui aurait déjà pu s'appeler "Morbide" rien qu'à son aspect, cela dit en passant. Apparemment il se passait là quelque chose d'intéressant.

Le type se leva en s'appuyant au mur et agrippa la corde qui lui servait à traîner son étrange fardeau. Alors qu'il se mit à marcher, le cercueil s'écroula devant le vieux bicard et souleva une tonne de poussière, manquant de provoquer une seconde attaque cardiaque.

- N-n-non mais t'es malade ?! Eh...

Il était parti comme il était venu : avec fracas. Le quémandeur resta assis sans rien faire pendant deux bonnes minutes, puis il se leva et partit lui aussi, comme il était venu, en grattant son derrière.

- Un cercueil... Faut que j'm'achète un cercueil...

Pendant ce temps, le jeune homme au kimono noir s'approchait de la foule, traînant derrière lui l'imposant cercueil. Il aperçut alors un groupe de trois garzorks, grands et forts comme des bœufs, avec une assurance et une intelligence avoisinant le même animal, en train d'attendre devant la porte de l'édifice, piaillant et ricanant... Il était évident qu'ils préparaient un sale coup. Cet attroupement intriguait les badauds qui se mirent à échanger moult entendus et sous-entendus...

"Hé, c'est la bande de Zahbrahn ! Qu'est-ce qu'ils trafiquent devant le temple de Phaïtos ?"
"Une sindel en est sortie hier. Et des gens disent qu'une autre personne vient d'apparaître sur l'autel. Ils ont dû sentir le filon."
"Eh bin ! On dépouille même à la sortie des Enfers, à notre époque !"


Le vagabond, lui, se contenta de pester.

- Tch.

_________________


Dernière édition par Hong Xiang le Jeu 22 Mai 2014 10:30, édité 16 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Mar 6 Mai 2014 23:00 
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(Aenaria… Aenaria… Aenaria… Aenaria ! AENARIA !!!)

Je me réveillai en sursaut dans le noir quasi complet. Il fallut quelques secondes pour que mes yeux s’habituent à la faible luminosité du lieu où je me trouvais. J’avais la gorge étonnement sèche ainsi qu’un violent mal à la tête, mais mise à part ces petits désagréments j’étais en bonne santé.

Un sensation de froid, des odeurs de cires mélangés à celle du sang, me parvinrent aux narines. Mon corps était quelque peu engourdi mais les sensations revenaient petit à petit. J’avais étrangement faim alors que je me souvenais avoir mangé un morceau peu de temps avant de me retrouver ici. Mais où était-ce ici ?

Je me trouvai allongée dans cette pièce que seule une bougie noir éclairait, mes doigts touchaient ce qui ressemblait à du marbre, d’où ma sensation de froid. Mon esprit était encore un peu embrumé comme sortant d’un puissant rêve lorsqu’un nom me revint en tête, Crystallia.

(Enfin tu te réveilles ! Tu m’as fait une peur bleue !)
(Ah bon ? Pourquoi ?)
(Tu ne te souviens pas de ce qu’il s’est passé ?)

Agrippant mon lit de fortune, je me mis à fouiller dans ma mémoire afin de comprendre l’inquiétude flagrante de ma faera. Kendra Kâr, la maison royale des dépôts, j’y avais laissé certains de mes objets ainsi que de l’argent… J’étais sortie du bâtiment et dans les rues adjacentes j’avais rencontré des gens que je connaissais… Mais qui ?...

Je fermai les yeux et me concentrai de toutes mes forces pour retrouver le fil de mes souvenirs. Un elfe gris, un ami du temple… Cromax ! J’avais retrouvé Cromax dans les rues de Kendra Kâr qui était d’ailleurs accompagnée de deux jeunes femmes : une elfe et une humaine… une humaine d’Ynorie. Par Sithi, comment pouvais-je avoir autant de mal à me souvenir ?

Que s’était-il passé ensuite ? Nous avons entamé une discussion jusqu’à l’arrivée d’une gamine qui a perturbé notre petite bande et après… et après… et après ça… Le trou noir !

(C’est bien ce que je pensais…)
(Tu peux m’expliquer ?)
(Tu as perdu la mémoire des évènements importants qui ont conduit à ta mort.)

- « QUOI ! »

Oups, je m’étais exprimée à voix haute, ayant perturbé la quiétude du lieu où je me trouvais, mais l’information transmise par Crystallia était sans nulle autre réaction possible.

(Je suis morte ! Mais quand ? Comment ? Où ? Mais surtout qui a fait ça ?)
(Je suis désolée Naria mais je n’ai aucunement le droit de répondre à tes questions de manière précise.)
(Alors fais le de manière élusive.)
(Tu es morte il y a de cela quelques heures et tu as été ressuscité dans le temple de Phaïtos d’Omyre.)
(Omyre ?! En territoire Orque !!)
(Tu as de la chance, tu aurais pu tomber en territoire shaakt et dans ce cas, je ne donnais pas cher de ta peau ma grande.)
(Pardon, continues, si tu peux.)
(Tu es morte l’épée à la main.)
(Mais encore ?)
(Le où et qui, je ne peux malheureusement rien te dire à ce sujet car je modifierais ton présent, ce qui aurait des conséquences importantes pour ton futur.)
(En gros, tu ne peux rien dire qui puissent m’aider à retrouver la mémoire.)
(Non.)

J’avais été tuée, j’étais morte et je n’en avais absolument aucun souvenir. J’avais beau être rationnelle, tout cela défiait les lois de la nature. Comment avais-pu laisser faire cela ? J’étais une puissante guerrière, qui n’avait peur de rien, enfin pratiquement de rien et surtout pas d’un bon combat, je ne baissais jamais les bras alors qu’est-ce qui avait bien pu arriver ?

Je venais de revenir d’entre les morts. J’étais dans le temple de Phaïtos à Omyre, bien au nord de Kendra Kâr. Quel intérêt aurais-je eu à venir dans un tel territoire si ce n’était pour une mission pour Equilibrium ? Dès mon retour à Kendra Kâr, il me faudrait mettre cette situation au clair.

La mort, je n’y avais jamais songé auparavant, du moins pas à ma propre mort. J’avais toujours cru que c’était douloureux de mourir, que l’on voyait les plus beaux instants de sa vie défiler devant ses yeux avant le moment fatidique mais il semblerait que je n’avais pas eu cette chance. Je n’avais aucun souvenir de ce moment.

Je ne savais trop décrire ce que je ressentais à cet instant précis par rapport à cette information. Comment pouvais-je réagir ? Je savais qu’il était possible de vaincre la mort, je l’avais appris auprès de ma mère lorsque j’étais une enfant mais jamais au grand jamais je n’aurais cru que cela s’appliquerait à ma petite personne.

J’avais déjà connu bien des morts dans ma vie mais les plus dures à assumer furent celles de mes parents et de Gameleb à Balsinh. Zotar, Fania, Gameleb, si je n’étais pas dans ce temple je serais avec eux. Un soudain sentiment de colère m’envahit le corps.

(Pourquoi suis-je revenue ? Je pourrais être avec mes parents à l’heure qu’il est !)
(Ton futur s’ouvre tout juste devant toi depuis que tu m’as rencontré, que tu as appris à maîtriser tes quatre fluides magiques.)
(Pourquoi m’as-tu fait revenir ?)
(Je n’y suis pour rien, c’est toi qui a fait ça. Ta volonté de poursuivre ta quête était telle que tu as réussi à revenir ici. Je ne sais trop par quel miracle cela fut possible mais tu continues de m’étonner un peu plus chaque jour.)

La flatterie, elle usait de flatterie avec moi pour me faire passer un message. Je pourrais être en ce moment avec mes parents, heureuse pour l’éternité, au lieu de cela j’étais de retour sur Yuimen avec les beaux discours de ma faera pour me remonter le moral. Et bah dis donc, j’étais tombée bien bas.

(Et que fais-tu d’Ehemdim ? D’Aenarion ? D’Equilibrium ? Tu aurais quitté cela sans une forme d’explication, sans te battre ?)

Aïe, le point sensible, elle savait appuyer là où ça faisait le plus mal. Ehemdim, mon cher et tendre fiancé. Il avait complètement perdu la tête aux dernières nouvelles, tout cela à cause de Tamìa. J’avais juré de lui faire ravaler son sourire à cette sotte de première catégorie. Et que dire de mon jumeau, Aenarion qui était responsable de la mort de mes parents et de Gameleb. J’avais commencé à parcourir Yuimen pour le retrouver et venger leurs morts à tous les trois, je ne pouvais pas me résoudre à abandonner ma quête aussi vite. Equilibrium, Nathanaël, Kellan, Farah, cette ancienne assemblée que mon père avait dirigé ne pouvait continuer d’exister sans moi.

Je serrais le poing droit et de rage frappait sur le marbre de la table où je me trouvais. Ou bien n’était-ce pas plutôt un autel. Je tournai la tête et sursautai en distinguant ce qui ressemblait à un crâne surmontant une bure de prêtre. Pas de doute, j’étais bien dans le temple de Phaïtos, ce détail ne manquait pas de me le confirmer.

Je m’assis au bord de cette table et regarder le prêtre. Quelle attitude devais-je adopter ? Feindre l’ignorance sur ma présence dans ce lieu semblait le mieux vu la situation.

- « Bonjour monsieur. Où suis-je ? »

- « Quel est votre nom, sindel ? »

- « Répondez à ma question et je répondrais à la votre. »

(Je ne sais pas si jouer au plus fin avec un prêtre nécromancien de Phaïtos est une bonne idée !)
(Chut !)

- « Vous êtes dans le temple de Phaïtos d’Omyre. Je suis Malthaar, le prêtre en charge de ce lieu. »

- « Aenaria, récemment décédée et de retour dans le monde des vivants de toute évidence. Oh et désolée pour le cri de tout à l’heure. »

- « Il n’y a pas eu d’offense. C’était une réaction de surprise je présume. »

- « Vous n’avez pas idée. »

- « Que se passe-t-il dans les rangs sindel pour que je vois pleuvoir plus de l’un d’entre vous en l’espace de 24 heures ? »

- « Je vous demande pardon, je ne saisis pas très bien votre question monsieur. »

- « Pas plus tard qu’hier, une sindel est revenue d’entre les morts dans un état pitoyable, tout le contraire de vous. »

- « Désolée de vous décevoir mais je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il m’est arrivé depuis 3 jours. »

A ce moment-là, la porte du temple s’ouvrit laissant la place à un rayon de soleil tellement puissant que je dus fermer les yeux pour ne pas être ébloui. Il me fallut attendre quelques secondes pour que le nouveau venu referme derrière lui nous replongeant dans le noir. Lorsque je pus enfin discerner les traits de son visage, je vis un orque en arme se poster aux côtés du prêtre.

- « Malthaar, tu m’as fait quérir. »

- « Cette jeune demoiselle n’a plus aucun souvenir de ce qui s’est passé durant les 3 derniers jours. »

L’orque se tourna alors vers moi, le regard mauvais.

- « Alors comme ça mademoiselle ne se souvient plus qu’elle nous doit de l’argent ! »

- « Pardon ? »

(Vrai ou faux ?)
(Mensonge pur et simple. Ne te laisse pas faire !)

- « Vous nous devez de l’argent et pas qu’un peu, 10 000 yus pour être exact. »

- « Je ne vous dois absolument rien et de toute façon, je n’ai pas autant d’argent sur moi. »

- « Alors vous allez devenir notre esclave jusqu’à payer votre dette ! »

Je partis dans un grand rire devant l’opportunisme de cet orque qui pensait que j’allais me plier à ses demandes.

- « Vous croyez sincèrement que je vais me laisser faire ? Je sais que je ne vous dois rien, il est donc hors de question que je devienne votre esclave. »

- « Comment pouvez vous le savoir si vous n’avez aucun souvenir ? »

J’eus un petit sourire en coin, symbole de défi envers cette tête verte bien vide. Le prêtre derrière le masque remarqua mon expression car il bougea les épaules.

- « Je le sais, c’est tout. Je ne suis pas du genre à laisser des dettes, 10 00 yus encore moins. Vous voulez simplement profiter de la situation. Passons un accord vous et moi : nous allons croiser le fer dans le but de savoir si je repars libre ou non de cette ville. Je gagne, je pars d’ici libre dans le cas contraire, vous pourrez disposer de moi. »

- « Je serais toi je serais prudent, elle est bien plus puissante que toi malgré les apparences. Je peux le sentir, je peux sentir ces fluides bouillonner en elle. »

- « Tu veux prouver ta valeur, parfait ! Ce sera toi contre moi et mes 3 amis. »

- « Parfait ! Mais par respect pour le lieu où nous nous trouvons et pour la tranquillité d’esprit de Malthaar ici présent, nous ferions mieux d’aller dehors pour régler notre différent. »

- « Très bien ! Suivez-moi dans ce cas. »

Je fis un signe de la tête pour approuver et suivis tranquillement l’orque. Il ouvrit la porte et mes yeux furent alors assaillis par la lumière du soleil. Une minute, voilà le temps qu’il me fallut pour m’y habituer de nouveau. Une fois les mirettes bien ouvertes, je pus constater que j’étais entourée par 4 orques donc celui qui était venu me réclamer une somme astronomique dans le temple.

- « Voici mes frères, c’est nous 4 que tu vas affronter. Sache que nous avons une certaine réputation à Omyre et que tu vas passer un sale quart d’heure ma belle. »

D’une main grasse, il caressa mon visage. Face à sa réaction, je poussai vivement sa main dégoutante. En retour, il me gifla de l’autre main.

- « Tu vas vite apprendre à me respecter car tu vas perdre dans l’arène ! »

- « Si vous frappez aussi fort qu’une fillette, je vais vous mener par le bout du nez. Vous avez parlé dune arène ? »

- « L’arène des milles lances. Tu vas nous suivre bien gentiment jusque là-bas. »

- « D’accord. »

(Est-ce que tu es sûre de toi ? Je te rappelle que tu es morte en livrant un combat.)
(Ne t’inquiète pas pour moi. On dit bien qu’après une chute de cheval il faut remonter aussi sec pour faire disparaître l’appréhension. Espérons que je sorte gagnante cette fois-ci.)
(Mais surtout reste en vie.)
(Je vais essayer.)

_________________


Dernière édition par Aenaria le Ven 8 Aoû 2014 11:07, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Temple de Phaïtos
MessagePosté: Mer 7 Mai 2014 22:14 
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Une minute de chuchotements indiscrets passa, puis deux individus sortirent du temple. Le premier était un garzork en peaux de bêtes, plus imposant que les trois autres et exhibant sans pudeur ses anneaux et ses peintures guerrières. Le second était une jeune femme à la chevelure d'or et aux oreilles pointues, dont la peau grise était recouverte d'élégantes protections en cuir. Cette femme attira l'attention du tireur de tombe. A peine vit-elle la lumière du soleil qu'elle posa sa main devant ses yeux, sa démarche semblait engourdie comme celle d'un dormeur à peine éveillé. Était-elle réellement une ressuscitée ? Le garzork, qui ne pouvait être que Zahbrahn, barra la route de l'elfe grise. Avec un rire porcin, il commença à faire des attouchements à la sindel qui repoussa fièrement ses avances, avant de se prendre une claque en pleine joue. Un vent de silence souffla sur l'avenue.

- Tu vas vite apprendre à me respecter car tu vas perdre dans l’arène !

La sindel, loin d'être effrayée, répondit avec un air de défi dans son regard :

- Si vous frappez aussi fort qu’une fillette, je vais vous mener par le bout du nez. Vous avez parlé d'une arène ?

L'atmosphère se fit de plus en plus pesante. Il n'était probablement pas coutume locale de voir une aussi belle proie montrer les crocs à un orque. Le rire de Zahbrahn s'effaça, remplacé par une expression bien plus froide et menaçante.

- "L’arène des milles lances"... Tu vas nous suivre bien gentiment jusque là-bas...

Les murmures reprirent de plus belle. Les quatre orques s'en allèrent, suivis par l'elfe, et il n'en fallut pas plus pour provoquer le mouvement d'une marée de curieux, entraînant dans son flot le visiteur déboussolé. Ses pas se joignirent aux aléas courant, parfois interrompu par des coups de pieds sur sa longue caisse de bois...

"Hé, toi ! Fais gaffe avec ton machin !"
"Ils y vont ? Il va y avoir combat ?!"
"Je parie vingt yus sur Zahbrahn !"
"Eh, c'est pas du jeu !"

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 Sujet du message: Re: Le temple de Phaïtos
MessagePosté: Ven 21 Juil 2017 19:06 
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Inscription: Jeu 20 Juil 2017 20:55
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Localisation: Sur la route de Darhàm
C'est le souffle court et le visage rougi par l'effort que Vilglas parvint enfin à proximité du temple de Phaïtos. Ralentissant sa cadence, il se freina en une marche rapide jusqu'à retrouver une foulée normale, respirant l'air vicié qui lui rafraîchissait néanmoins le visage en perdant peu à peu ses couleurs.
Peu à peu, l'Onyx des murs massifs se détachait des autres bâtiments jusqu'à révéler toute la majestuosité du temple, le forçant à se tordre le cou pour en apercevoir la cîme. Mais Vilglas n'était pas venu s'émerveiller sur l'architecture des lieux et toute son attention s'était déjà dirigé vers la porte massive qui en gardait l'entrée. Là, deux silhouettes se distinguaient : l'une était enveloppée d'une robe similaire bien que plus finement brodée, tandis que l'autre gisait à genoux auprès d'elle, vêtue seulement d'un pagne et figée dans une position de soumission ressemblant presque à une prière. Alors qu'il franchissait tranquillement les quelques mètres le séparant de l'individu méconnaissable, l'air de rien, l'esclave sembla s'agiter de plus belle. La sentence fut rapide et un violent coup de pied se figea entre ses côtes, le faisant chuter sur le flanc alors qu'un coup de chaîne le fit se redresser promptement dans un couinement de douleur presque animal.

Lorsqu'il furent presque nez à nez, l'inconnu pivota promptement vers la porte, entraînant avec lui le captif qui se prit une nouvelle fois d'un gémissement plaintif. Un long craquement précéda l'ouverture du panneau de bois ancien finement ouvragé, pour ne révéler qu'une ombre totale. Aucun des deux ne s'y aventura.


Tu aurais dû en prendre deux. souffla Vilglas, posant peu à peu son regard sur l'humain enchaîné.

Nous devions en avoir un chacun. rétorqua immédiatement une voix féminine,
depuis la pénombre de la capuche en face de lui.


Ravalant sa fierté en ne répondant que d'une moue peu satisfaite, Vilglas scella leurs retrouvailles d'une brève embrassade avant de glisser un oeil dans l'entrebaillûre de la porte.

L'acolyte souffla doucement d'un ton amusé, moqueur : "Peur du noir ?"

- "Jamais."

- "Eh bien, entres."

- "Il aurait dû avoir déjà terminé. Je pensais être en retard."

- "Tu l'es. Il l'est, et donc nous le sommes, tous. Récupère le et allons-y donc."

Un léger frémissement circula le long du dos de Vilglas, qui venait d'apposer un dernier regard en direction de l'acolyte. D'un seul mouvement, il pressa un peu plus la porte pour disparaître dans le temple.

Pas besoin de s'éterniser sur l'architecture des lieux, se disait-il, tandis que seuls les ténèbres semblaient présents. Bien sûr, une simple lumière brillait comme à son habitude, mais l'effet était toujours aussi macabre pour lui. Ce n'était pas sa première visite mais chaque fois, il espérait que ce soit sa dernière.

Tâtonnant légèrement, il parvint à venir doucement écraser son épaule sur un pilier. Quelle matière ? Quelle couleur ? Impossible à savoir. Ses pieds se dépassaient l'un après l'autre avec une lenteur exagérée, et alors que sa vue tentait de s'adapter à la pénombre,
rien ne se décidait à percer. Il se sentait une fois de plus perdu en ces lieux.

Il pouvait percevoir des mouvements, et craignait à tout moment de trébucher contre un homme en prière, ou qu'un nécromant ai pu amener avec lui l'une de ses dernières créations. De plus, il n'osait pas faire un bruit, respectant le silence macabre des lieux en espérant d'une quelconque façon dénicher celui qu'il cherchait.

La lumière était désormais bien proche et il ne percevait en revanche plus aucun signe de la porte ouverte derrière lui, se sentant comme un insecte attiré par la lumière à mesure qu'il dérivait vers le grand prêtre.
Une main vint alors saisir son mollet et le fit hoqueter. Déjà, son poing était brandi, prêt à frapper, mais sa conscience le freina à temps et, machinalement, il ploya genou pour s'abaisser.

Une fois agenouillé, un léger murmure semblable à un soupir s'approcha de son oreille :

- "Tu es en retard." lui murmura-t-on alors. A sa gauche ? A sa droite ? Pas moyen de savoir. Il ne se rappelait même plus quelle jambe s'était faite happer. La tête droite, comme en prière, il écouta sans répondre.

- "Combien ?"
- "Une dizaine de y Hm. Une dizaine de yens."
- "Tu t'es amélioré."
- "Penses tu, j'ai triché." souffla Vilglas, se retenant de ricaner. Malgré la pénombre, il sentit un sourire.
- "Gare à toi, tout se paye."
- "Soyons brefs, elle nous attend dehors."
- "Qui donc ?"

Cette fois, Vilglas se risqua à un geste franc, balançant son coude à gauche pour y rencontrer finalement un autre, le bousculant légèrement. Il n'y avait jamais de prénoms,
et personne ne connaissait l'identité de l'autre. On ne dérogeait pas simplement à cette règle.


- "Tu devrais prier." souffla la voix qu'il pouvait désormer situer, se dessinant peu à peu dans son esprit.

- "Tu sais bien que je ne prie pas les dieux." cracha-t-il un peu plus vivement.
- "Tu pries Thimoros." lui asséna alors le nécromant, concluant sur un long silence des deux partis.

Au son du craquement de genou, Vilglas comprit alors que son compère venait de se lever, et tâcha de le suivre. Il se sentit marcher le long d'une allée centrale et se fia autant aux doux frottements des pieds nus du nécromant qu'au frottement de sa robe sur ses tibias à chaque jeté de jambe. Parfois, il frôlait une main ou un coude et se recadrait,
mais leur trajet se fit sans entrave.

Une main dépourvue de chair poussa alors doucement la porte qui manqua de l'éblouir d'un simple filet de lumière. Lorsqu'ils furent dehors, le fanatique rabattit sa capuche en avant le temps de retrouver une vue correcte, clignant bêtement des yeux à plusieurs reprises.

Approchant de l'acolyte, le jeune homme saisit alors élégamment la chaîne de la main féminine aux couleurs sombres, qu'elle salua d'un petit gloussement amusé. Sourire radieux aux lèvres, il emboîta alors le pas en direction des ruelles de la cité, leur lieu de rendez vous se situant non loin.


- "Tu devrais te consacrer à Phaïtos." lui glissa habilement le nécromant en adaptant sa marche pour rester à ses côtés. Les rues étant trop petites pour y accoler trois personnes, l'acolyte dût alors se contenter de clôturer la marche.

- "Tu n'es pas obligé de tenter de me convertir à chaque fois que l'on se croise, tu sais ?" ironisa Vilglas.

La marche fut majoritairement silencieuse, et chaque tentatives de l'apprenti nécromancien d'aborder le sujet furent vivement rejetées. Néanmoins, le fanatique savait très bien qu'il recommencerait un autre jour.

Aussi marchèrent-ils en silence.

_________________
Vilglas Putrescent, Fanatique.


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