Précédemment : iciLe dîner sembla durer une éternité. Enfin, lorsque des desserts somme toute relativement frugaux furent consommés, des chambres furent attribués aux trois voyageurs. Alors que le majordome guidait Liniel et Yurlungur, la première ayant vraisemblablement demandé à être logée à côté de sa protégée, ce fut Sirnass – encore elle – qui guida Calua vers une chambre plus écartée, visiblement plus proche de celle de la jeune Elfe que des deux autres. Yurlungur les avait regardés s'éloigner, sa fureur s'étant petit à petit consumée. C'était maintenant plus une forme de tristesse qui l'étreignait, sans qu'elle parvienne à déterminer quoi. Après tout, qu'est-ce que cela lui faisait que Calua rencontre une jeune femme attirante ? N'était-ce pas bien pour lui, d'autant plus que la famille Mawess paraissait plutôt riche ? Cela ne la satisfaisait pas. Mais c'était le choix de Calua, ce n'était pas à elle de l'empêcher de faire cela si... s'ils s'aimaient. Elle ne parvenait pourtant pas à l'accepter.
Sans penser à remercier leur guide, la fillette entra dans la chambre et la porte se referma doucement derrière elle. Une larme coula sur sa joue tandis qu'elle observait le luxe de l'endroit. Le lit avait l'air moelleux, très moelleux, les draps propres. Dans l'air, on sentait une légère fragrance de lavande et de grands meubles enjolivés de parures dorés ornaient la petite pièce ; une fenêtre sculptée directement dans la roche du mur donnait une vision sublime sur le ciel étoilé en ce début de soirée. Elle fit quelques pas en avant et d'autres larmes coulèrent. Malgré tout ce confort, elle ne parvenait pas à s'en réjouir et la seule pensée qui accaparait son esprit était l'image de Calua partant en compagnie de l'Elfe. Elle s'effondra en sanglots sur le rebord de la fenêtre.
(Alors, ma vieille, un chagrin d'amour ?)(Je... je ne suis pas amoureuse de Calua !)(Allons bon. Et je suis la reine de Kendra Kâr, peut-être ?)La petite fille se releva et cria :
«
Ça suffit ! »
«
Qu'y a-t-il ? »
Elle se retourna précipitamment et aperçut Liniel qui venait de refermer sans un bruit la porte derrière elle. Aussitôt, Yurlungur essuya ses larmes, honteuse de se dévoiler ainsi devant la Semi-Elfe, et récupéra son air buté qu'elle avait adopté toute la journée vis-à-vis de sa mentor, ce malgré ses yeux rouges et sa respiration sanglotante.
«
Tu pleures ? »
Liniel s'approcha et, sans que la fillette ne fasse quoi que ce soit pour l'en empêcher, elle la prit dans ses bras et la serra doucement. Yurlungur répondit à cette étreinte, venant à son tour enlacer la Semi-Elfe. D'une voix aussi douce que possible, cette dernière continua :
«
Je... Je m'excuse. Je crois que j'ai été un peu brutale avec toi, n'est-ce pas ? Je ne veux pas que tu pleures à cause de moi. Vraiment. »
Elle repoussa légèrement Yurlungur et la fixa dans les yeux avec une expression presque maternelle.
«
Tu sais... Je suis très fière de toi. Tu as réussi à trouver la Cape, après tout, ce n'est pas rien. Je ne voulais pas que tu ailles dans ce château, parce que j'ai peur pour toi. Je ne veux pas que tu sois blessée inutilement. »
Les pleurs de la petite fille s'étaient calmés. Maintenant totalement impassible, elle fixait la Semi-Elfe en se demandant ce que cela impliquait. Elle croyait bien aimer Liniel, la respecter et la considérer comme un véritable modèle. Si ses paroles ne pouvaient entièrement panser sa douleur, elle se sentait tout de même réconfortée, rassurée. Un peu mieux, quoi. Elle sourit et se força à bâiller, ses yeux se fermant lentement.
«
Merci, Liniel. Je... Je ne t'en veux pas. »
La Semi-Elfe, sur le coup, vint serrer d'autant plus fort la gamine dans ses bras puis, ayant certainement noté la fatigue de sa protégée, la relâcha et l'amena à son lit, la bordant en veillant à ce qu'elle soit bien au chaud sous la couverture. Puis elle sortit après avoir éteint la chandelle, murmurant un dernier :
«
Bonne nuit, alors. »
Aussitôt, l'expression de la petite fille changea. Elle n'avait plus besoin de mimer la fatiguer pour se sortir de cette situation embarrassante avec Liniel. Elle avait reçu ses excuses, elle avait même reçu ses compliments, mais elle ne savait que répondre à cela et gardait en mémoire que la jeune femme entretenait dans l'ombre un dialogue avec le maître de maison : autrement dit, elle n'avait pas tout révélé à sa protégée, quoi qu'elle en dise. Enfin. Yurlungur aurait certainement fait de même à sa place, puisque la Semi-Elfe avait nécessairement une bonne raison pour agir ainsi.
Elle se redressa et se leva, traversant la pièce sans rallumer la bougie. Elle arrivait très bien à voir à la seule lueur des étoiles et elle ne souhaitait pas qu'on la dérange lorsqu'elle irait les contempler. Saisissant une chaise qui se trouvait là, elle l'approcha de la fenêtre et s'assit dessus, puis posa ses coudes sur le rebord afin d'observer avec un certain émerveillement les milliers d'étoiles qui se dévoilaient à ses yeux de simple mortelle. Un homme d'esprit n'avait-il pas dit, une fois, que ce spectacle ressemblait à une giclée de lait ? Le lait d'une Déesse... C'était sûrement l'une des rares choses dont elle se souvenait parmi toute la culture qu'avait essayé de lui faire ingérer sa mère. Sa mère... Où était-elle, en ce moment ? Sûrement à s'inquiéter pour elle, comme toujours. De toute façon, la fillette savait être un fardeau pour la pauvre femme. Elle soupira et faillit aller bel et bien se coucher, à défaut de dormir dans l'instant. Mais un mouvement non loin sous les étoiles attira son attention.
En effet, là, sur un petit chemin qui passait à une dizaine de sa fenêtre, des Elfes bleus avançaient doucement. Menés par une Elfe bien connue... Sirnass. La petite fille serra les dents et se concentra sur les suivants. D'autres Elfes bleus, apparemment. N'y avait-il pas Herond ? Ah, et un plus petit... Calua.
«
Allons-y gaiement ! Mes chers am... »
C'était bien sa voix, rapidement arrêtée par une main qui vint empêcher tout son de sortir de cette bouche trop bavarde. Mais le jeune homme titubait, avançait de manière désordonnée et semblait souhaiter crier, se débattant contre ces Elfes bleus apparemment trop sérieux à son goût. Elle ne put retenir un sourire. On aurait cru le même état que lors de leurs discussions un tantinet alcoolisées, de leurs jeux et défis. C'était comme si une éternité s'était écoulée depuis... Mais pourtant, il n'y avait eu que ces Shaakts entre temps. Enfin. C'était tout de même à elle d'aller tirer le blondinet des griffes de Sirnass mais elle prendrait tout son temps. Oh, ils devaient sans doute se rendre à un petit événement auquel on ne l'aurait pas conviée. Elle ferait mine d'arriver par hasard juste au bon endroit après les avoir suivi et tout irait bien. Il lui suffisait d'ailleurs d'imaginer la tête de Sirnass lorsqu'elle ferait une arrivée impromptue au milieu de ce qu'elle s'imaginait comme une joyeuse fête. Une pure délectation.
Sans les perdre de vue, elle enjamba la fenêtre et se laissa glisser dans les fourrés juste en-dessous. Certes, elle n'était pas des plus discrètes pour se déplacer là-dedans de nuit, mais les hululements, les bruissements du vent dans les branches des arbres et les bruits de pas du groupe qu'elle suivait couvraient déjà largement tous les indices sonores de sa présence. Tout en les suivant, elle épousseta sa jupe, vérifia qu'il n'y avait aucune écorchure ni tâche de sang. Bon, elle n'y avait pas pensé jusque là, ni avant le dîner, ni dans la chambre. Mais il fallait tout de même s'assurer qu'elle paraîtrait aussi innocente que possible lorsqu'elle arriverait. Déjà, mentalement, elle se répétait son texte. «
Oh, mais que faites-vous ici ? commencerait-elle en surjouant un air étonné.
Je me promenais en observant le ciel étoilé – c'est magnifique n'est-ce pas ? - et je me suis retrouvée ici... continuerait-elle en se donnant des airs de poupée : le petit commentaire “magnifique” allait d'ailleurs admirablement bien avec cela.
Mais vous m'avez l'air de bien vous amuser, je vais vous rejoindre pour cette petite fête ! achèverait-elle sans laisser le moindre espoir de fuite aux Elfes bleus ou à Calua. »
Son plan était tout de même parfait, il fallait l'admettre. Elle, tout du moins, l'admettait sans problème. Perdue dans une foule d'auto-compliments plus variés et flatteurs les uns que les autres, elle remarqua finalement que les Elfes à une dizaine de mètres devant entraient dans une petite bâtisse à l'écart de la grande. Elle vint s'approcher de la porte refermée, s'éclaircit la voix en toussotant un peu et entra, ouvrant la porte d'un coup brusque et rapide.
À l'intérieur, tous les regards se tournèrent vers elle. Il s'agissait, à première vue, d'une chapelle : un couloir avançait droit devant entre deux rangées de chaises en bois, sur lesquels les Earions étaient assis. Au bout du couloir, devant un grand vitrail et un petit autel, Herond la regardait, à mi-chemin entre la froideur qu'elle lui connaissait et l'étonnement qu'elle voulait qu'il ait. Et, enfin, le clou du spectacle : Sirnass, en robe de mariée, tenant la main d'un Calua apparemment complètement ivre et ignorant ce qu'il se passait ici. Bizarrement, Yurlungur en oublia tout son texte.
«
Yurli ! Yurlungur ! Ah, t'es là ! Mais viens donc, on s'amuse ! »
Calua était visiblement celui qui était le moins étonné de sa présence : c'est-à-dire qu'il était le seul à ne pas s'en surprendre. Le nez rouge et les yeux à moitié fermé, il ressemblait vaguement à ces ivrognes qui traînaient le soir dans les rues de Dahràm, à quelques pas des tavernes. Il y perdait cependant un tantinet en charme, le bougre.
«
Mais... Mais... Qu'est-ce que vous faites ? demanda-t-elle. »
Elle n'avait pas pensé à surjouer l'étonnement, tiens, mais ça n'aurait de toute manière pas été nécessaire.
«
Je te retourne la question, répliqua aussitôt Sirnass.
Continuons, Père, continuons. »
Elle s'était tournée vers Herond et tira Calua à elle tandis qu'une faible rumeur enflait des rangs de la petite assemblée. Alors que le patriarche allait enchaîner, la fillette s'avança en avant et cria :
«
Ça suffit ! Vous ne pouvez pas faire ça ! »
Un petit esclaffement lui répondit, provenant de la bouche d'Herond. Ce dernier était donc capable de rire ? Une petite révélation. La fillette ne s'arrêta cependant pas de marcher droit vers le blondinet apparemment dépassé par les événements tandis qu'Herond continuait, visiblement amusé :
«
Et pourquoi donc, je vous prie ? »
«
Parce que... Parce que nous nous aimons ! répliqua-t-elle en tirant Calua à elle. »
Mais il faudrait une preuve de plus qu'un simple câlin entre les deux, elle le savait pertinemment.
(Calua, ne fais pas l'idiot.) Et elle le prit dans ses bras pour l'embrasser sur la bouche, aussi langoureusement que possible. Le jeune homme, bien qu'étonné, ne montra aucun signe d'embarras et, très naturellement, vint enlacer à son tour la petite fille, à la manière maladroite d'un ivrogne. Petite fille qui cessa ce supplice aussi vite que possible. Parce que cette haleine empestait l'alcool et que, malgré tout, cela l'embarrassait, elle, de se montrer ainsi en spectacle, embarras certes contré par une forme de joie étrange qu'elle avait à l'avoir fait. Enfin !
(Tu vois. Que te disais-je.)(Tais-toi, un peu.)Ce n'était pas le moment pour que l'Autre gâche tout. Essayant tant bien que mal de tenir Calua debout, elle jeta un regard de défi aux Elfes bleus et releva la tête. Puis, la situation semblant s'éterniser, elle jeta un bref :
«
Eh bien, je m'en vais alors... »
Puis essaya de guider les pas désordonné de son bien-aimé vers la sortie. Personne ne les retint et, lorsqu'ils quittèrent les lieux, un sanglot éclata derrière eux tandis que la petite fille, reconnaissant sa rivale défaite, sentait monter en elle une satisfaction qui contrebalançait toute la gêne du moment, couplée à cette petite boule de joie dans son ventre. Elle l'avait fait ! Et l'Autre, l'Autre n'avait rien à répliquer à cela. Calua s'appuyait de tout son poids sur la petite fille, mais ce n'était pas grave. Ah, son cœur bondissait de joie en se remémorant cet instant de grâce. Bon, la senteur de l'alcool et la maladresse temporaire du blondinet n'avaient pas arrangé les choses, dans les faits. Mais elle avait aimé, indéniablement.
Ils furent bien vite de retour chez les Mawess. Là, Yurlungur passa à nouveau dans les fourrés et eut à réfléchir comment entrer à nouveau. Certes, Calua n'était pas en mesure d'enjamber le rebord de la fenêtre pour entrer dans la chambre, mais qu'importe. Elle le souleva et, de toutes ses forces, le fit basculer à l'intérieur. Le corps chuta sur le sol de pierre de la chambre, suivi par un grognement et achevé par un ronflement. Elle entra elle aussi et se laissa tomber sur lui. Mais il dormait à poings fermés.
Un instant, elle se demanda si elle pourrait dormir avec lui en se lovant contre son corps chaud. Le glisser par là, se blottir contre son torse, se mettre dans ses bras... cela réveillait en elle des sentiments qu'elle n'avait jamais pu expérimenter. La joie, la joie d'un premier amour ! Mais ce n'était pas digne d'elle. Profiter de quelqu'un pendant son sommeil, pendant qu'il était drogué, c'était au niveau de Sirnass, pas du sien.
(Je confirme.) Elle n'allait tout de même pas perdre son honneur devant l'Autre. À pas de loup, elle sortit et, vérifiant qu'il n'y avait personne ici, elle ramena Calua dans sa chambre. Puis, de la même manière que Liniel l'avait bordée, elle le fit amoureusement sur le corps du prince endormi. Car, oui, pour une princesse comme elle, il ne pouvait s'agir que d'un prince ! Silence, l'Autre. On ne lui avait pas demandé son avis, après tout.
Un prince et une princesse, donc... Elle sourit à cette idée et déposa un baiser sur son front. Son visage était si doux lorsqu'il dormait ! Elle hésita, à nouveau, à ne pas rester veiller sur lui. Mais elle avait sommeil elle aussi et finalement, sans le quitter des yeux jusqu'à la fermeture de la porte, elle sortit. D'un pas guilleret, elle regagna sa propre chambre et s'endormit dès qu'elle fut couchée.
Puis elle rêva.
***
Le lendemain matin, il fallut partir. Liniel avait été surprise, très surprise de voir qu'Herond les jetait presque dehors, refusant à présent qu'il reste malgré toutes les marques de bienséance qu'elle tentait de montrer. Puis elle avait dû payer pour les vivres qu'elle souhaitait emmener mais aucune explication ne lui fut donnée là non plus. Lorsque Calua arriva à son tour, découvrant apparemment les joies d'une gueule de bois, la Semi-Elfe jeta un coup d'œil interrogateur au maître de maison qui détourna le regard et, d'un signe méprisant de la main, leur indiqua la sortie.
Yurlungur s'était bien doutée que sa mentor avait eu un rôle là-dedans. Après tout, pourquoi avoir fait un si grand détour alors qu'ils souhaitaient se rendre à Dahràm ? Tout cela pour des vivres ? Ils auraient pu chasser, cueillir des fruits et des baies. Mais Liniel avait eu un plan, un plan brillamment déjoué par la fillette. Elle n'avait pas fait exprès, certes. Mais elle l'avait fait, d'abord. Elle souriait et, en attendant sur le parvis avec Calua que les Elfes aient fini de négocier pour la nourriture du trajet, elle s'approcha du blondinet. Ses joues étaient rosées et tout en s'approchant, elle se dandinait d'un pied sur l'autre en évitant son regard. Oui, elle se souvenait bien avoir vu des jeunes femmes faire ainsi avec des marins transportés, cela les aguichait à coup sûr et ils ne pouvaient résister. Mais au lieu de s'avancer vers elle et de l'enlacer comme elle l'aurait voulu, ce fut un Calua porteur d'un air bigrement étonné qui lui demanda :
«
Ben... Qu'est-ce que tu fais ? »
Elle rougit davantage, croisant son regard, mais ne répondit pas. Au lieu de cela, elle vint carrément déposer sa tête sur l'épaule de l'adolescent. Cette fois-ci, il s'écarta promptement, ajoutant d'un air affolé :
«
Mais... Mais, qu'est-ce que tu fais ? »
Yurlungur ne comprenait plus bien. Lui non plus, apparemment. Prise d'un doute affreux, elle demanda :
«
Tu... Tu te souviens de ce qu'il s'est passé, hier soir ? »
Les yeux du blondinet s'élevèrent au ciel tandis qu'il fouillait dans sa mémoire.
«
Eh bien... on a dîné, puis Sirnass m'a invité à une petite collation. Je crois que j'ai bu un peu trop, mais je crois bien m'être couché peu après. D'ailleurs, je me suis retrouvé dans mon lit ce matin, il n'y a pas trente-six solutions. Mais je vois déjà ton air dépité, enchaîna-t-il devant la mine déconfite de Yurlungur.
Il ne s'est rien passé entre Sirnass et moi. De toute façon, elle n'est pas trop mon genre. Un peu... un peu trop vieille, je dois te l'avouer. »
Il sourit et rigola doucement, lançant un regard en arrière en même temps pour vérifier qu'on ne l'avait pas entendu. Mais la petite fille n'y prêta guère attention. Elle était tout à fait décontenancée par cette révélation. Ainsi, il ne se souvenait de rien ! Autant dire tout de suite que, dans ces circonstances, leur baiser n'avait que peu de valeur. Calua avait été ivre, il n'avait pas été lui-même. Maintenant, eh bien, tout était à recommencer... Mais peut-être qu'un jour elle ressentirait à nouveau cette joie si étrange, cette boule de gaieté qui s'était formée au creux de son ventre, ce voyage au septième ciel : peut-être qu'un jour elle l'embrasserait à nouveau... Si elle en trouvait le courage. Et puis, d'un point de vue stylistique, il serait tout de même préférable que ce soit à lui de faire la déclaration. Rien que pour qu'elle puisse vraiment dire qu'il était son prince et elle sa princesse.
«
Grumph... Allez, on y va ! »
Coupée dans ses réflexions par la Semi-Elfe qui revenait, Calua et elle reçurent un gros paquet de provisions dans les bras chacun, suivi d'un bref mais efficace :
«
Dans vos sacs. Allez, on se magne ! On n'a pas que ça à faire ! »
Yurlungur sourit en rangeant ces vivres qui avait dû coûter assez cher à sa mentor. Ah, qu'il était agréable de ruiner les plans de quelqu'un... À l'occasion, pour se venger, elle irait le faire pour le Gros Néral, pourquoi pas avec Calua, ça pourrait être amusant. Ils se mirent à marcher tous ensemble, la première d'un pas énergique car enragée, le second d'un pas timide à la suite de la première, et la dernière d'un pas trahissant malgré elle une certaine joie de vivre. Car ce pas était dansant, elle voletait sur ce chemin de terre, regardait avec douceur une vulgaire pousse d'herbe et avec bienveillance une fleur en train d'éclore.
Le susdit chemin descendait et, avant de perdre de vue la maison Mawess, la petite fille se retourna pour l'observer une dernière fois. Cette chère Sirnass allait sans doute attendre encore un petit bout de temps avant de rencontrer son prince charmant, elle... Mais l'Elfe ne reverrait sans doute plus jamais l'Humaine. Elle leur adressa un dernier geste d'adieu, souhaitant les narguer une dernière fois quand bien même ils ne la voyaient pas, puis elle rejoint les autres. Elle pouvait enfin partir, le sourire aux lèvres.
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