Précédemment : ici(((
Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))Pourquoi Yurlungur n'aurait-elle pas fait de même ? D'ailleurs, elle fit de même. Elle sauta sur le frêle mage qui suivait, la dague à la main, avant que ce dernier ne puisse réagir. Si elle ne parvint pas à le toucher, ce dernier s'effondra sous son poids et sous le choc. Tandis qu'il se débattait, elle eut tout le loisir de se mettre à taillader profondément la chair molle du mage, à peine protégé par le tissu soyeux de sa robe longue dans laquelle il s'empêtrait. Quelle idée, aussi, de se vêtir d'une robe lorsqu'on était pas une dame de noblesse. Tant pis pour lui. Elle ne se contrôlait déjà plus et ce ne fut qu'un Calua volant dans les airs droit sur elle qui put l'arrêter dans son massacre, le géant ayant apparemment décidé de ne pas se laisser faire face à deux mioches qu'il pouvait soulever d'un doigt.
Ils roulèrent au sol sur quelques mètres tandis que l'homme recouvert de plaques d'armures rabattait de surcroît une visière métallique tout en dégainant un long sabre au tranchant parfait. Un long sabre qui, accessoirement, avait décapité le père de Calua sous les yeux de l'adolescent. Ce dernier voulut se relever aussitôt pour lui foncer dessus, ignorant le danger encouru, mais la petite fille lui fit délibérément un croche-patte certes maladroit mais qui eut le mérite de le remettre au sol tandis qu'elle se relevait. Tiens, le mage gigotait. Il n'était donc pas mort, celui-là ? La mare de sang autour de lui ne cessait cependant de s'élargir. Yurlungur, tandis que Calua se relevait encore en grognant, lui asséna un coup de pied violent sur la tempe et il sombra dans l'inconscience. Elle sourit en relevant la tête vers le géant. Il n'allait pas voir de quoi elle était capable et, surtout, il n'allait pas la gêner.
«
Pourquoi l'as-tu assommé, gamine ? Je vais t'étriper pour ce que tu as fait à mes camarades... »
La voix était grave et puissante, aussi caverneuse et rauque que celle d'un vieillard enrhumé. La fillette dut se retenir pour éviter de lancer cette pique. Déjà, aux côtés du géant, la panthère arrivait et ce dernier n'eut qu'à abaisser son sabre par deux fois pour la libérer du chargement qu'elle traînait. Yurlungur réprima un tremblement intérieur et osa une dernière boutade, souriant à moitié :
«
Le combat reste encore bien inégal, mes chers. Ne voulez-vous pas réveiller votre compère ? »
Même dans l'urgence, elle arrivait à faire des rimes. C'était à en désespérer, surtout que l'affrontement en lui-même s'annonçait long et ardu. Elle brandit sa dague devant elle en signe de défi et se laissa aller à l'insouciance. À l'Autre de jouer, maintenant. Un Autre par ailleurs passablement énervé d'avoir en face de lui deux adversaires suffisamment impressionnants comme ça pour qu'il n'ait pas envie de les irriter davantage.
Le géant poussa un cri de rage et fonça sur la fillette qui se jeta sur le côté. Le félin rodait autour, restant momentanément à distance. Tandis qu'elle concentrait son regard sur lui, le colosse revenait déjà à la charge de l'autre côté. Instantanément, elle vit que la panthère essayait de la prendre en tenaille pour l'attaquer de son côté aussi. Maintenant, tout était une affaire de bon minutage. Par folie ou par témérité, elle choisit de s'en remettre à son pur instinct pour éviter le coup et se laissa porter par son inconscient tandis que ses deux adversaires, inexorablement, se rapprochaient de chaque côté.
Elle n'eut pas le temps d'attaquer, simplement d'esquiver, mais ce fut plus qu'il n'en fallait. Le géant se prit la panthère en pleine poire et ils roulèrent tous les deux tandis que la petite fille se relevait de l'endroit où elle venait de se jeter. Oh, ils ne se firent pas mal mais, lorsqu'ils se relevèrent, elle avait les deux en face d'elle et, sans pouvoir se retenir, elle leur sourit de toutes ses dents en sautillant, indemne, sur ses deux pieds. Qu'ils viennent ! Son instinct la protégeait. Enfin, il fallait tout du moins l'espérer. Son humeur était de toute manière trop joyeuse, étrangement, pour qu'elle se retienne.
La suite montra que son intuition n'était pas aussi exact qu'elle voulait le croire. Lorsque la panthère lui fonça dessus, l'arracha du sol et se mit à la griffer sauvagement, elle s'en voulut soudainement de s'en être remis à cet instinct qui, contrairement à ce qu'elle imaginait, n'était pas le plus fiable des alliés. Sa dague transperçait, les griffes transperçaient d'autant plus sa douce peau et elle priait silencieusement Phaïtos et Thimoros de se voir accorder leur soutien.
«
Ô Phaïtos... Aaah ! … Ô Thimoros... Raaah ! … Aidez-moi... Haan ! … Dans cette épreuve ! »
Elle donna un coup de dague transversal et, quand bien même les deux frères divins ne l'auraient pas entendue, elle se sentit soudainement mieux. Peut-être parce qu'elle n'avait plus une panthère de soixante kilos exerçant tout son poids sur elle, ou peut-être grâce à la prière. La douleur, le sang qui coulait sur elle n'était plus une simple souffrance, c'était un accomplissement pour les Dieux noirs. De colère, elle banda ses muscles et donna simultanément de multiples coups à son agresseur félin qui ne put que reculer tandis qu'elle se relevait déjà, les yeux emplis de fureur. Le géant avait disparu.
Une énorme paluche saisit sa gorge par l'arrière et souleva tout son corps à une dizaine de centimètres du sol. Elle amena instinctivement ses mains à son maigre cou mais la poigne était trop puissante et elle suffoquait déjà. Aucun son ne sortait plus de ses lèvres tandis qu'elle pressentait un coup de sabre. Il fallait agir. Il fallait agir... Il fallait... I... fall... Sa conscience ne s'en allait que lentement, le géant ayant décidé de s'amuser encore un peu avec cette petite proie. Ses jambes cessaient peu à peu de battre dans le vide et elle vit avec frayeur la panthère s'approcher de Calua, encore dans les pommes. Il fallait agir... Elle serra plus fort sa dague et vint s'entailler le cou. Un flot de sang gicla, mais il n'y avait pas que le sien. Les doigts relâchèrent instantanément leur emprise et le colosse hurla.
Elle chuta au sol et reprit petit à petit son souffle. Le monde autour d'elle était devenu flou. Son instinct... Elle devait écouter son instinct. Il lui souffla de se jeter sur la droite : elle le fit, évitant de justesse la panthère qui lui sautait dessus. Se relevant, elle recula en titubant, la panthère déjà prête à sauter à nouveau. La dague brandie devant elle pour se protéger, sa main gauche parcourait les quelques plaies de son cou desquelles un flot fin et ininterrompu de liquide vital rougeoyant coulait tranquillement. Elle recula encore et, comble de la malchance, perdit son équilibre lorsque ses pieds vinrent buter contre le cadavre à présent inerte du mage. Elle tomba en arrière, la panthère sauta.
À nouveau la bête fut sur elle, mais le cadre était différent. Cette fois-ci, elles baignaient toutes les deux dans la mare de sang et cet élément, étrangement, revigorait la petite fille. Elle se sentait grisée, sa force amplifiée, ses sens décuplés. Un sourire émergea sur son visage tandis que le pouvoir de Thimoros s'insuffla en elle. Sa prière avait finalement été reçue. Le visage devenu fou, elle vint prendre la panthère dans ses bras, la mordant, tailladant, griffant. Dans les yeux du félin, elle sentait une terreur indescriptible. Thimoros soutenait sa fidèle et la panthère n'avait aucune chance de s'en sortir vivante. Les quelques griffures qu'elle parvenait à infliger à Yurlungur ne faisaient qu'augmenter sa force et sa folie.
La mare de sang s'élargit.
Un rire s'éleva de l'entremêlement des trois corps, l'un déjà mort, l'autre à moitié, le dernier vivant dans la mort. La panthère avait la peau dure, le corps rempli de tendons et de muscles. Mais rapidement, la dague de la fillette commença à percer de la chair tendre et molle. Elle sut qu'elle avait gagné. Le félin cessa de se débattre et Yurlungur se releva face à un colosse qui, s'il dominait encore son adversaire par sa taille, restait horrifié par le spectacle devant lui. La petite fille, couverte d'un sang qui, en séchant, la rendait aussi noire que la nuit, continuait à sourire et à fixer son prochain adversaire, les bras ballants et les yeux déments.
«
Tu es... Tu es un monstre ! Une créature d'Oaxaca ! »
Une peur non feinte s'était ajoutée à cette voix. La petite fille la sentait et s'en délectait. Elle commença à marcher, doucement, en direction du géant.
«
Tu n'as pas le droit de vivre... Les choses comme toi ne devraient, ne doivent pas vivre. »
De la colère s'ajoutait à la peur. Tout ce ressentiment nourrissait la fillette qui se sentait vivre, revivre. Tout autour d'elle tourbillonnait, mais elle n'en avait cure. Elle avait un homme à tuer. Elle continuait d'avancer, inexorablement, vers cet homme qui, malgré tous ses beaux discours, ne pouvait s'empêcher de reculer. Elle voulait plus de haine, plus de souffrance et plus de sang.
«
Thimoros... Phaïtos... Ils me demandent ta vie. »
Le géant se mit à trembler.
«
Jamais je ne servirai cette traînée d'Oaxaca... Cette pouffiasse. Hi ! Hi ! Hi ! Les seuls vrais Dieux sont Phaïtos et Thimoros. C'est à eux que j'offrirai ton âme et ton sang. J'arrive... Attends-moi, mon cher. N'est-ce pas ce que je vous avais annoncé lors de notre première rencontre ? Que leur dirais-je, moi, si j'avais manqué à ma parole ? Vous avez cru bon de me défier... Vous avez cru bon d'ignorer les menaces, certes insensées à l'époque, que je vous adressais... Vous avez cru bon de me mépriser, alors que je sers des Dieux bien trop puissants pour que vous ne puissiez quoi que ce soit contre moi.
Eh donc ! Essaie donc de me tuer. Essaie donc de me prendre mon sang, je t'en reprendrai le triple. Tu ne sais pas de quoi je suis capable, mais tu es le dernier sur ma liste. Thimoros veut ton sang. Phaïtos veut ton âme. Et moi, je veux ta mort et ta souffrance. »
Le colosse s'arrêta. La fillette aussi. Elle attendait quelque chose. Elle attendait qu'il lui réponde, elle le voulait. Elle voulait qu'il la nourrisse encore de ses paroles pleines d'animosité. Elle voulait sentir son aversion envers elle, elle voulait entendre sa terreur, elle voulait le voir se soumettre à elle. Ou pas. Un peu d'opposition serait la bienvenue car, en son for intérieur, elle savait qu'elle ne pouvait pas perdre. C'était impossible si le pouvoir des deux Dieux l'investissait. Un peu de répartie... Mais elle voulait aussi le tuer, le plus vite possible, dans la plus sanglante des mort. Une mort digne de ses Dieux... Elle voulait leur donner un spectacle, les distraire dans leur divines préoccupations. Et plus que cela, elle voulait qu'ils lui prêtent attention, ne serait-ce qu'un instant.
Il ne répondait toujours pas. Elle commença à tiquer d'impatience. Que faisait-il donc ? Il marmonnait quelque chose. Des insultes à son encontre, donc ? Elle sourit à nouveau. Qu'il continue... Il parlait de plus en plus fort. Elle voulait l'entendre crier, l'entendre hurler ! Elle se sentit blêmir lorsque les premiers mots lui parvinrent.
«
Gaïa... Aide-moi... purger... Gaïa ! Accorde-moi ta puissance pour vaincre ce monstre à l'apparence humaine ! »
Elle n'eut pas le temps de courir vers lui pour l'arrêter que, déjà, elle se sentit faiblir. Le sang sur ses épaules devint plus lourd, ses jambes plus tremblantes et son cœur plus lâche. Le colosse pointa son sabre sur elle et releva la tête. Elle se mit à grogner. Il se jeta sur elle en hurlant à la mort. C'était ce qu'elle voulait entendre juste avant, mais elle n'en voulait plus désormais. Elle ne voulait que sa mort pour réparer l'infamie et le déshonneur qu'il lui avait fait en invoquant ce nom devant elle. “Gaïa”. Elle se laissa à nouveau porter par son instinct. Au dernier moment, elle reprit le contrôle pour éviter d'être embrochée mais fut percutée de plein fouet par la masse de son adversaire. Non, son intuition n'était pas encore au point. Se relevant douloureusement, elle ne put qu'éviter à nouveau de justesse une charge du colosse qui ne défaiblissait pas. Il fallait en finir, son adversaire et elle étaient au moins sûrement d'accord sur ce point.
Lorsqu'il se jeta à nouveau sur elle, elle fit comme si elle partait d'un côté. Évidemment, l'enseignement de Liniel se montra encore une fois profitable et le géant fonça dans la direction vers laquelle elle faisait mine de se déplacer. Il lui suffit de faire un pas en arrière pour que ce dernier s'écrase au sol en manquant lamentablement sa cible. Elle se jeta sur son dos et s'y agrippa de toutes ses forces, puis se mit à enfoncer sa dague entre les plaques de métal sans prendre aucun répit. L'homme s'était mis à hurler puis roula sur le côté : elle ne put que s'écarter pour éviter d'être écrasée. Ils se relevèrent tous deux en grognant. Les plaies du géant commençaient à recouvrir son échine d'un sang moins sombre que celui qui couvrait Yurlungur. Plus rouge, plus vivant. Plus neuf. Elle fit passer une langue avide sur ses lèvres sans pouvoir se retenir. Du sang. Il se jaugèrent un instant puis l'homme chargea à nouveau.
Cette fois-ci, son instinct ne lui fit pas défaut et elle l'esquiva avec succès. Cette manœuvre lui semblait maîtrisée pourtant, à chaque fois, elle n'arrivait pas à le toucher. Tant pis pour l'intuition. Place au massacre et au bain de sang. L'homme fonça une énième fois sur elle. Il était prêt à dévier sa charge si le besoin s'en faisait sentir. Malheureusement pour lui, la fillette également avait décidé d'en découdre. Elle recula avec lui en parant avec difficulté son coup et, renvoyant le sabre effilé dans les airs, vint planter sa dague dans les côtes de l'homme. Ce dernier suffoqua et cracha un filet de sang. Ce n'était pas assez.
La petite fille l'attrapa aux épaules tandis qu'il défaillait et guida sa chute en le faisant pivoter autour d'elle pour garder sa tête face à elle. Prise d'une fureur sans borne, elle releva la visière métallique, découvrant un visage terrifié, puis taillada sans ménagement ces traits humains. Elle voulait les voir disparaître, détruire cette humanité, augmenter la souffrance du colosse pour qu'elle égale la souffrance qu'elle portait en elle, si du moins c'était possible. Ce dernier essaya de résister, mais il ne put faire quoi que ce soit face à ce qui semblait être la souffrance en personne, le visage dément et couvert de sang. Elle commença par élargir ce sourire et cette bouche pour qu'elle hurle plus fort, ouvrit les joues jusqu'aux oreilles et retira celles-ci de quelques coups sauvages. Les hurlements qui s'ensuivirent firent bondir de joie son cœur malsain. Elle continua en découpant consciencieusement le nez, profitant du laps de temps durant lequel l'homme restait en vie, bien qu'il manquait à chaque instant de sombrer dans l'inconscience.
Plus rien ne la retenait. Elle s'attaqua aux yeux à mains nues, yeux qu'elle retira l'un après l'autre, les envoyant sombrer dans l'immense mare de sang au pied de l'arbre où elle et Calua étaient tantôt cachés. Ces hurlements... étaient-ils dignes de réparer l'offense qu'il avait fait à ses Dieux en invoquant Gaïa ? Peut-être. Mais elle leur avait promis sa vie. Sa dague vint dépecer la cervelle cachée derrière ces orifices à présent vide et le géant expira.
Elle se releva peu après, satisfaite du résultat. Puis, par un désir de mise en scène macabre, elle vint tirer ce corps déformé jusqu'à l'arbre où elle le fit s'asseoir, pantin désarticulé.
«
Bonne nuit, mon cher. »
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