Précédemment : ici(((
Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture. )))Des voix confuses parvenaient encore à la fillette pendant son inconscience. Le monde restait absurde et illogique autour d'elle, tournant dans sa tête et frappant ses tympans selon une rythmique aléatoire. Le sol n'existait plus, elle flottait dans un espace si grand qu'il dépassait l'entendement. Au loin, elle entendait des hurlements de souffrance, des éclats de folie et des râles incoercibles. Ce lieu sentait le sang, mais ce lieu n'était pas réel. Une voix s'adressa à elle, rudement. Elle n'en comprit pas le sens et retomba dans les limbes de l'inconscience.
***
Lorsqu'elle se réveilla pour de bon, la pièce dans laquelle elle se trouvait était sombre, uniquement éclairée par une petite torche dans un coin qui la narguait de sa lueur pathétique. Sa tête lui faisait mal, presque autant que ses poignets maintenant attachés à de lourdes chaines. Elle était ainsi suspendue le long d'un mur, les chaînes trop hautes maintenant uniquement ses pieds au sol, habituellement réservées à des torturés de plus grande stature. Elle se débattit un petit peu avant de s'arrêter aussi net. Les muscles et articulations de ses bras étaient déjà douloureux et meurtris au possible, tirés depuis des heures entre son propre poids et ces entraves. Elle était presque nue, uniquement vêtue d'un pagne peu décent. Ses vêtements habituels avaient disparu.
Elle leva un regard empli de peur et d'angoisse sur le décor macabre qui l'entourait. Accolés au mur opposé, divers instruments étaient exposés, que ce soient des pinces rouillées, des piques ou des fouets, de la plus simple bande de cuir à celle bien plus raffinée comportant des échardes en métal encore rouges du sang de leur précédente victime. Ça et là, divers ensembles de torture se présentaient aux yeux perclus de frayeur de la petite fille, le métal luisant doucement mais la plus grande partie restant dans l'ombre, ce qui ne les rendait que pire dans l'imagination épouvantée de Yurlungur. Sur une table, à côté des piques, ses vêtements déchirés étaient éparpillés, apparemment retirés à la hâte de la future suppliciée.
La respiration de la fillette s'accéléra tandis qu'elle perdait son calme. Les murs recommencèrent à tourner autour d'elle pendant quelques instants avant qu'elle ne perçoive un rire à proprement parler machiavélique, le rire d'une personne qui se moquait d'elle, de ses peurs et de ses angoisses. Le rire était celui de la voix dans sa tête, mais il résonnait comme réel entre les murs de la salle de torture. Tout en continuant à trembler, elle calma petit à petit les battements de son cœur, contrôlant tant bien que mal sa respiration, les dents serrées en signe de défi à l'Autre. Qu'elle n'aille pas croire que son hôte se montrait incapable de protéger le corps qu'elles partageaient... Yurlungur restait la seule maîtresse à bord. Elle ferma les yeux pour réfléchir quand soudain, la porte s'ouvrit.
Le bourreau, accompagné d'une créature étrange, entra. C'était un homme à la stature fine, le visage recouvert par un masque noir pointu, laissant uniquement apparaître deux yeux bruns vifs et une bouche peu souriante. Le reste de son corps restait invisible sous un habit austère brun encadrant un buste élancé et des jambes puissantes. À côté de lui, un homme-oiseau de Xenair avançait, plus grand d'une trentaine de centimètres et l'air supérieur. Il aurait pu paraître majestueux s'il n'avait été difforme, le corps couvert de plumes jaune pisse et l'allure exagérément chaloupante, créature des airs forcée de se restreindre à la terre. Il se tenait bossu, le bec crochu avançant méchamment en avant, tandis que dans ses yeux brillaient une lueur maligne. Ses bras restaient cachés dans son dos, mais on pouvait apercevoir à leurs extrémités des serres effilées. Quant à ses jambes, elles étaient puissantes et musclées mais tout aussi repoussantes que le reste de son être.
«
Elle ne s'est pas encore réveillée et ne semblait rien avoir sur elle. Mais les pirates l'ont vue et sont formels : c'est bien elle qui était sur le bateau. Je vous assure, messire, qu'un grand nombre des troupes de la milice sont à la recherche des autres, mais celle-ci ne devrait pas être difficile à faire parler. Nous aurons bien assez tôt récupéré cette relique. »
À travers les paroles du bourreau transparaissait un certain malaise qu'il n'arrivait pas à cacher totalement. La créature semblait en être consciente et ne dit rien, hochant simplement la tête tandis que la fillette s'efforçait de rester immobile, ayant entrouvert un œil pour pouvoir les observer. Lorsqu'ils étaient entrés, elle s'était simplement relâchée au dernier moment afin de simuler une inconscience. L'obscurité ambiante aidait à cette illusion mais il était probable que le bourreau allume d'autres torches lorsqu'il se mettrait au travail.
«
Eh bien, messire, je vous assure que tout est sous contrôle. Vous l'avez vue, j'espère que vous êtes satisfait... Et je suis tout à vous si vous avez la moindre requête. »
L'oiseau s'approcha de la fillette suspendue, fixant un regard d'acier sur elle. Cette dernière ferma les yeux et ne perçut que le souffle rauque de la respiration fétide de la bête à côté d'elle, espérant que cette situation ne dure pas trop longtemps. Ses nerfs étaient à bout et elle craignait voir son manège dévoilé par un tic involontaire à ce monstre qui ressemblait beaucoup trop à la créature qu'elle avait affronté sur le bateau pirate. Un reniflement tout proche faillit la faire frémir tandis que l'oiseau mémorisait son odeur puis elle entendit les bruits de pas qui s'éloignaient et se détendit peu à peu.
Elle rouvrit timidement les yeux. L'oiseau était parti et le bourreau refermait la porte derrière lui, semblant également soulagé que cette visite n'ait pas duré trop longtemps. Il s'approcha alors de la gamine comme s'il attendait qu'elle se réveille. Yurlungur n'allait pas flancher maintenant et resta bien calme et immobile. Elle perçut un soupir et l'entendit faire quelques pas en arrière. Il s'approcha du mur opposé et saisit le fouet le plus simple dans ses mains, avant de le carresser affectueusement en revenant vers elle. Brutalement, il donna un coup qui arracha un hurlement de douleur à la petite fille, surprise par cet acte de violence.
«
Il est inutile d'essayer de me faire croire que tu étais encore inconsciente. Ce genre de choses, je le vois. J'imagine que tu as entendu toute la conversation et que tu as compris que je t'ai fait une fleur en faisant comme si tu étais inconsciente avec l'autre. Tu vas répondre bien gentiment à mes questions, compris gamine ?
Alors en premier lieu : étais-tu sur le bateau hier après-midi ? »
La fillette leva un regard apeuré sur son tortionnaire. L'homme avait dit lui-même que des pirates avaient confirmé que c'était bien elle et se prendre des coups de fouet par pure fierté ne l'emballait en rien. Elle répondit par un timide :
«
Oui. »
«
Bien. Tu comprends vite, dis-moi, tu iras loin... Enfin, continuons. As-tu volé des objets sur ce bateau ? »
Yurlungur se mit à réfléchir vite. Coopérer signifiait ne pas se prendre de coups de fouets, cependant elle avait clairement compris qu'ils n'avaient pas trouvé la capuche sur elle, ce qui était étrange puisqu'elle la portait justement lorsqu'elle s'était fait arrêter. Elle pouvait encore essayer de conserver la relique si elle s'en sortait bien. Mais avant de réussir à s'en sortir bien, il faudrait réussir à s'en sortir vivant.
«
J'aimerais... J'aimerais une garantie. »
Un regard étonné de la part de son bourreau lui répondit, sa surprise étant visible même à travers le masque inquiétant qu'il portait. Le regard de la fillette se fermit et elle continua :
«
Si vous m'assurez que vous me laisserez tranquille après, je dirai tout. Je peux vous dire tout ce que j'ai pris là-bas, avec qui j'étais, tout. Mais laissez-moi m'en aller après, je vous jure que... »
Un coup de fouet répondit à sa requête, l'interrompant dans son explication.
«
Je peux avoir tout cela sans t'accorder cette garantie, petite. Alors tu vas me dire immédiatement ce que tu as volé, un point c'est tout. »
«
Mais vous pourriez très bien me tuer après ! »
«
Oh, non. Je ne suis pas là pour tuer, au contraire. Avec moi, tu ne mourras pas, tu peux en être certaine. »
Des yeux exorbités et un sourire dément étaient apparus sous la capuche de l'homme tandis qu'il prononçait ces mots en fixant la petite fille. Cette dernière eut un mouvement de recul qui fut bloqué par le mur derrière elle. Ce duel de regard continua quelques instants puis l'homme leva son fouet, s'apprêtant à frapper. Elle cria avant qu'il en ait le temps et il stoppa bienheureusement son coup lorsqu'il l'entendit prendre la parole.
«
D'accord ! J'ai pris... J'ai pris un coffre. Mais le coffre est tombé dans l'eau et je n'ai pas pu le récupérer ni son contenu. Après, j'ai aussi pris un couteau dans la soute et... et une rapière ! Mais j'ai dû laisser la rapière peu après parce qu'elle n'était pas pratique. »
«
Voilà... Très bien. Tu vois, quand tu veux ? Bon. Pourquoi étais-tu sur ce navire ? »
«
On... On m'avait demandé d'aller chercher un trésor dessus. Mais pour me récompenser, ils m'ont dit que je pourrais prendre tout ce que je trouverais aussi. C'est pour ça que j'ai pris le couteau... Mais j'ai laissé le couteau chez moi et vous n'avez dû trouver sur moi que ma dague. »
Le bourreau avait saisi un parchemin sur le côté et s'était mis à écrire avec une plume noire sur l'une des tables de torture, hochant la tête. Yurlungur attendit quelques instants qu'il eut fini cela, tremblant toujours autant. Sans qu'elle s'en aperçoive, quelques larmes avaient coulé le long de sa joue et glissaient lentement le long de son épiderme presque nu. Elles s'en détchèrent finalement et vinrent s'écraser au sol à ses pieds, le son résonnant dans le sous-sol dans lequel elle était enfermée. Puis le bourreau releva la tête, des yeux faussement rieurs et un sourire hypocritement doux sur le visage. D'un mouvement sec du bras, il donna à nouveau un coup de fouet à la petite fille, puis encore un. Le décompte s'engrangea dans la tête de la victime, les coups s'enchaînant sans qu'un repos ne semble vouloir lui être donné. Lorsqu'il s'arrêta après quelques minutes, la petite fille s'était arrêtée de compter, le corps lacéré par des marques rouges déjà sanglantes.
Ses yeux étaient maintenant rougis et les larmes avaient formé des torrents dans ses joues, torrents qui venaient chuter le long de la montagne de son corps. Mais nul Soleil n'éclairait cette montagne si ce n'était cette lueur blafarde cachée derrière le bourreau. Ce dernier était en train de caresser son fouet tâcheté de sang comme on félicite un animal qui a bien agi, sans jeter un regard à la torturée. Il n'avait pas l'air de se préoccuper le moins du monde de la souffrance de sa victime, dans le cœur de laquelle une rage sourde prenait forme en constatant ce mépris obvie.
«
Tu es certaine de m'avoir tout dit, n'est-ce pas ? Tu sais que je serais très en colère si jamais tu ne m'avais pas tout dit. Et mon fouet le serait aussi ! »
Sa voix tremblait de rage et de colère, ses yeux répondant à cette émotion par une lueur de haine. La petite fille comprit soudain pourquoi il faisait cela. L'homme n'aimait pas les siens, c'était certain. Il semblait entretenir une forme de rancune envers l'humanité toute entière, rancune qu'il déversait sur la petite fille en l'instant présent. Cette dernière était à la fois terrifiée et fascinée par cet amalgame d'émotions négatives qui ressemblait tant à celles d'ordinaire éprouvées par la voix dans sa tête, et un rictus scindé apparut sur son visage, voulant à la fois rire et pleurer. Le bourreau se calma et proposa :
«
Très bien. Maintenant, tu vas me décrire très précisément la personne qui t'a embauchée. »
Cette fois, la fillette lui sourit franchement sans rien répondre. Elle le fixa ainsi avec un regard presque endormi, fatigué mais surtout méprisant à son tour. Il leva les yeux sur elle, vit ce regard provocateur et sa bouche se tordit. Il leva son fouet, s'approcha et frappa la gamine, encore et encore. Elle hurla à chaque fois, refusant de trahir le Gros Néral et ses anciens compagnons, succombant à la fierté qu'elle avait voulu refuser il y a peu. Quitte à mourir, ici ou là-bas, ça ne faisait pas grande différence. Elle allait devenir une voleuse réputée, qui aura refusé de vendre les siens à son âge. Elle jubilait d'avance du sort qui l'attendait et son corps pleurait, pleurait, pleurait. De toutes ses pores, des larmes coulaient, qu'elles soient de sang ou d'eau. Puis elle perdit conscience, son fin corps dépecé.
***
Lorsque la petite fille revint à elle, le bourreau était parti. La première chose qu'elle sentit fut une douleur extrême sur ses plaies encore ouvertes qui parcouraient désormais son corps. Ni son ventre, ni ses membres ou même ses seins naissants n'avaient été épargnés, la laissant meurtrie et souffrante dans ce lieu maudit. Elle laissa échapper un râle tandis qu'elle essayait de se redresser. Malgré ces périodes d'inconscience répétées, elle n'avait pas eu l'occasion de véritablement dormir depuis ce qui devait faire maintenant un ou deux jours. Mais le bourreau n'était pas là et il fallait en profiter. Si elle se sentait faible, une rage intérieure lui donnait de l'énergie, une énergie si puissante qu'elle ne l'avait encore jamais ressentie auparavant. Elle ferma les yeux et se mit à réfléchir.
D'ici peu, que ce soit dans quelques minutes ou dans plusieurs heures, le bourreau allait revenir et ce ne serait pas pour parler de la pluie et du beau temps. Il s'agissait d'un bourreau professionnel et elle doutait qu'il l'ait torturée pendant qu'elle était inconsciente. Maintenant, il fallait qu'elle s'échappe. Elle rassembla ses forces, se décontractant au plus. Elle pouvait y arriver. Ses plaies la faisaient souffrir mais elle pouvait résister à cette douleur, et même l'utiliser pour se nourrir. Nourrir sa haine, sa rancune. Préparer sa vengeance.
Puis d'un coup, elle ramena ses mains à elle : ou plutôt, elle ramena son corps à ses mains. En exerçant une pression suffisante, il devrait être possible de se détacher. Elle se replia en position foetale, essayant de tirer davantage sur la chaîne de sa main droite. Elle estimait grandes ses chances de pouvoir faufiler sa main à travers l'anneau de métal, ses poignets étant tout de même bien plus fins que ceux d'un torturé lambda.
Finalement, elle sentit frotter doucement la peau de sa main contre ce métal qui la lui brûlait. Elle se crispa et continua. La première phalange de son pouce bloquait sa main et commençait sérieusement à lui faire mal mais elle continua, rassemblant sa volonté. Et d'un coup, l'anneau céda. Son poignet passa entre, une belle bande de peau se faisant au passage écorcher, mais cela avait peu d'importance. Elle chuta et n'évita de se heurter au sol que grâce à la seconde chaîne qui la retenait, mais qui céda du même coup.
Elle se releva difficilement et se dirigea directement vers la porte. Avant d'entendre des pas arriver. Elle blêmit et courut jusqu'à ses chaîne pour s'y agripper. Là, l'homme entra à nouveau. Il titubait et semblait avoir bu beaucoup. Les yeux de la gamine le fixaient encore, une rage tenace brillant dans ses yeux tandis qu'elle imaginait la mort de cet homme, mort qui se rapprochait inéluctablement. Ses doigts serraient les chaînes et elle faisait comme si. Comme si elle était encore prisonnière. Comme si elle n'avait aucun moyen de se protéger. Comme si son bourreau était en sécurité.
«
Alors, t'es réveillée ? -hips- C'est bien, on va continuer... Mais attends d'voir un peu... »
Il prit son fouet et leva son bras. Et il l'abaissa alors que Yurlungur lâchait les chaînes de chaque côté, venant cueillir le bout du fouet sous le regard incrédule de son bourreau. Le bout de la lanière en cuir la frappa au visage, mais elle n'en avait cure. Sur son visage, une expression de victoire était apparue et elle tira d'un coup sec avec toutes les forces qui lui restaient le fouet vers elle. Le bourreau le lâcha mais tomba en avant à ses pieds. Sans plus de mesure, elle se jeta sur lui et commença à placer ses mains de chaque côté de son frêle cou.
Puis elle se mit à serrer, gardant le corps serré contre elle grâce à ses deux jambes. Elle serrait, une lueur de folie dans son regard, écoutant avec délectation les gargouillis qui s'échappaient encore de la gorge de l'homme. Elle serrait fort, mais se contenait au plus afin de faire durer cet instant béni aussi longtemps que possible. Afin de faire durer sa vengeance éternellement. Afin de libérer toute sa rancune. Au bout d'un moment, elle tenait encore le cou entre ses deux mains mais l'homme s'était arrêté de se débattre. Elle le secoua un peu, mais il ne bougeait plus et ne bougerait plus.
Elle se releva, levant ses deux mains devant elle. Elle avait accompli son destin.
«
Libérée... »
Elle s'approcha de la table du fond, sur laquelle étaient encore posés ses vêtements. Il y avait là tout, à l'exception de sa capuche et de sa dague. Retirant son pagne sans pudeur, elle remit ses vêtements. Le tissu s'accrochait à ses plaies mais elle n'en avait que faire.
«
Délivrée... »
Elle se dirigea vers la sortie, lançant un dernier regard méprisant sur le défunt bourreau, dont le corps gisait à présent sur ce sol sale. Le bourreau lui avait donné des coups de fouet au cas où elle lui aurait menti, ce qu'elle avait effectivement fait. Mais cela aurait-il changé grand-chose si jamais elle avait directement dit toute la vérité ? Elle sourit, cynique, et conclut d'un ton ironique :
«
Je ne mentirai plus jamais. »
Puis elle sortit.
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