« Gallian, il l’a eu ! »Le jeune Hobbit se réveilla en sursaut.
« Dépêche-toi ! Allez ! »Sa sœur lui tira le bras si fort, qu’il manqua de tomber du lit.
« Hé, doucement, Herrine. Qui a eu quoi ? »« Viens, j’te dis ! »« Bon, bon, j’arrive, j’arrive »Il voulut se lever doucement mais la jeune fille l’entraîna de toute ses forces jusqu’à l’extérieur. Bien que le soleil ne fût pas encore levé, la lumière était suffisamment forte pour éblouir Gallian qui sortait tout juste d’un rêve empli de friands aux champignons et de fromages de tout le continent. Il constata que la ville était plus animée qu’à l’accoutumée. Même les Anciens avaient pris la peine de quitter leur banc habituel pour se diriger vers le pré des frères Boffin. Toujours entraîné par sa sœur, il se rendit compte, en approchant, qu’un attroupement s’était formé. Les Hobbits lançaient des acclamations, criaient et riaient.
« Dépêche-toi ! »Poussé par sa propre curiosité et les injonctions de sa sœur, il hâta le pas en se frottant les yeux. Il se fraya un chemin à travers la petite troupe pour mieux voir.
Le Monstre terrorisait le village depuis des mois. Ni les battues, ni les pièges n’avaient permis d’éliminer la menace. Des portes grattées, des grands-mères effrayées, des potagers entiers ravagés et deux chiens blessés.
Leri aurait dû faire face à la bête après une traque acharnée. A l’issue d’une lutte terrible, il lui aurait planté sa lance en plein cœur. C’est du moins ainsi que les gens du village avaient imaginé la fin du Monstre. Évidemment, le destin fait toujours en sorte de nous prendre à revers. Leri, chasseur émérite, en faisait l’étrange expérience.
Le veneur, chevauchait le gigantesque blaireau. C’était fantastique. L’animal se cabrait d’avant en arrière, courait quelques mètres puis recommençait. Leri, accroché au toupet du titan valdinguait d’un côté à l’autre de la bête mais tenait bon devant les yeux ébahis de Gallian.
Soudain, l’animal se calma puis geignit. Pris dans son élan, le chasseur heurta lourdement le sol herbeux, une main toujours agrippée. La foule retenait son souffle. Un instant passa.
Le blaireau regarda autour de lui et sembla se rendre compte qu’il était encerclé. Il fonça tête baissé dans la foule, traînant le pauvre Leri qui, pour rien au monde, n’aurait lâché prise.
Gallian observa la masse sombre grossir sous ses yeux. Les grognements furieux de l’animal résonnaient dans ses oreilles, de plus en plus fort. Il fonçait sur lui.
La maison de l'aieul