Dans un des plus sobres lieux d'Imiftil, quelques heures après que le timide soleil se leva, trois femmes se tenaient debout devant Rosalinde. Les trois vêtues de longue robes monastique d'un velours blanc à reflets tristes et sans éclats que la vieillesse avait façonné ainsi. A la porte derrière la jeune Rosalinde une artiste-sœurs avait sculpté une planche en bois sur lequel l'inscription 'Réserve annexe' était presque effacée. Les dalles étaient toutes en marbre très ancien, force de collecte et de rapt dans tout les continents mais aussi preuve de la superbe ancienneté de la Sororité de Selhinae, et les pas lourds des trois femmes-adeptes faisaient trembler certaine dalles sous leur poids imposant.
( Et dire qu'elles sont adeptes comme moi ! Grosses et vraiment apte à n'être que de la chair à canon, je ne savais pas qu'on engraissait les sœurs ici ! Nous ne mangeons pas que du poulet alors ? )
La plus grande des trois, plus musclé mais plus ridicule encore que les trois autres se démarqua un peu des deux pour vociférer à l'oreille de Rosalinde.
« Tu es prise au piège Rosalinde ! »
L'affirmation était juste. Surmontable ? Certes, mais comment ? L'inélégance des trois sœurs étaient si visible qu'elle ne s'empêcha pas de les titiller sévèrement.
« Oh ! Regardez-vous ! Comme vous êtes bien grosses et bien grasses ! Si il y une once de muscles en vous, ils sont bien dissimulés derrière votre masse énorme ! Vos attitudes de sous-fifre montre bien avec quelle facilité je vais vous clouer sur le sol, venez ! Personne ne m'empêchera d'être libre, pas même vous ! »
Pourquoi cette impertinence de la part de Rosalinde von Anhalten ? Cette semi-elfe, érudit et intègre quand personne n'était présent pour la déranger quoique souvent entraînée par les sœurs-instructrice de la Sororité au combat rapproché, haïssait ce lieux du plus profond de son être. Elle y apprit à haïr les hommes mais ce ne sont pas les hommes dans la définition de l'être humain mâle qu'elle se mit à haïr mais l'ensemble des espèces mortelles et immortelles de l'univers. Elle y cultiva son mépris face à tant de raisonnement vers un idéal commun, vers une idéologie fixe, sans but pour l'individu autres que la satisfaction du groupe ; elle cultiva magnifiquement comment se débrouiller pour perturber sans faire couler le sang, elle apprit tout ce qui était mauvais pour ne faire qu'un avec ce qu'on ne voulait employer. Le mal n'était son but mais son arme. Son impertinence fut le fruit d'une longue maturation, longue et silencieuse stase ou elle découvrit à travers les livres, et en y déchiffrant les vrais sens que la Sororité voulait absolument cacher à ses adeptes, comment comprendre les autres.
Ce n'était que le moment de consécration pour Rosalinde, elle joua tout sur ce moment bien précis. Moment où les grandes sœurs furent en voyage vers les limites de la contrée, le meilleur moment pour fuir ! Elle n'avait jamais combattu dans le but de neutraliser son adversaire mais cela ne lui fit pas peur ; l'excitation monta en elle, une délicieuse décharge se faisait sentir mais bien avant de se lancer vers un assaut elle réfléchissait bien rapidement.
( Elles sont lentes, je ne supporterai pas beaucoup d'attaques. Je dois me baser sur le sol, du marbre et vieux. Nous sommes dans une partie où les couloirs sont très vieux, les trous y sont donc fréquent. J'en note trois ou quatre déjà, il faudrait que je trouve le moyen de les faire tituber.
Pas question que je me serve de mes armes, pas contre ça ! Utilise ton esprit avant de commencer à dégainer, mon agilité est déjà une belle arme. Mon mépris les tuera. )
« Rosalinde, tu es allée trop loin ! Cela fait deux génération que la Sororité t'accueille comme une sœur car tu es une sœur pour nous ! Ne nous force pas à te faire du mal, tu n'es pas de taille contre trois personnes. »
« Oui, Rosalinde, reviens à toi ! Nous sommes tes sœurs, nous te protégerons. Tes dires nous font mal mais ne pouvons pas supporter la perte d'une semblable. »
« Elles disent vrais, retourne dans ta cellule et calme-toi ! Tu auras, toi-aussi, des missions et des affectations mais patience, patience ma sœur car cela vient à ceux qui possède la vraie foi dans la sororité. »
« Je.. »
Rosalinde recula soudainement en semblant effrayée de ses mots puis se voilât la figure avec ses mains en entendant ce que les trois femmes dirent.
( Vous avez raison, vous avez bien raison. En taille et SURTOUT en poids, je ne peux pas résister mais... haha, vous êtes vraiment stupide. Si stupide que je me délecte déjà de la tête que vous allez faire. Regarde bien le sol, analyse bien pendant que tu fais semblant de pleurer.)
Elle regarda effectivement vers le bas puis commença son discours sous forme d'aveu tendre et larmoyant.
« Je n'ai pas eu la pensée de vous faire la moindre reproche, mes sœurs. Vous venez de jeter au plus profond de mon âme, en un instant, plus de piques que mon cœur ne peut en supporter. En effet, la vie que je mène légitimerait dans mon cœur un amour comme celui que vous voulez que vous me donner. Laissez-moi croire que si nous nous étions vues plus souvent nous ne serions pas dans cette situation. Si vous aviez su mes souffrances, vous n'auriez pas apprécié vos bonheurs respectifs, vous l'auriez peut-être enhardie ce bonheur juste pour tenter de me rendre heureuse. Ne soyez pas si triste de cet incident auquel seul le hasard et les Dieux pouvaient y obvier, tandis que mon malheur est de tous les moments, de toutes les origines. Pour la sororité, je ne suis qu'un objet sans valeur, outil d'ambitions encore obscures pour ma petite personne, une sorte de vaniteuse aux usages difficile. J'ai à ses yeux ni affection véritable ni confiance agréable. Vous n'êtes pas comme se marbre que vous foulez, vous ! Vous ne vous défiez pas de moi. Tout ce que je demandais pour moi-même est presque refusé d'avance ; je voulais regarder, je voulais toucher les seuls objets de ma mère et on refusa cela. Mais ma protection, oui, la sororité le fait sans même me demander ! Je n'ai même pas à le désirer cela: elle m'offre une chambre, elle dépense pour me nourrir, elle m'éduque. J'ai mieux que la majorité dans ce bas monde. Sa vanité n'oublie rien, la sororité a pris le soin de m'équiper alors que j'étais en âge de marcher, mais elle n'a pas entendu mes cris, n'a pas deviné mes véritables besoin. Me comprenez-vous ? Je suis dans un château magnifique, j'ai la sécurité, le confort, la paix, l'éducation ; mais je n'ai plus mes sentiments, plus ma liberté. Je susciterai la jalousie d'un millier de filles mais juste de surface, en vérité, vous le savez, je n'ai rien pour moi. La sororité dit se soucier de ses filles mais c'est bien le contraire. Ah ! Elle me le fait rudement bien payer et je ne puis plus cela ; je ne puis plus car je ne dispose presque de plus rien. Me comprenez-vous maintenant mes sœurs ? Je suis au centre d'un désert dans ce monastère. »
A terrible et si faux aveu, celle qui s'était avancée des autres se mit à genou puis baissa la tête en disant les larmes à l'œil.
Le but de ce discours était double: tenter de baisser l'attention des trois jeunes femmes et principalement d'analyser le sol pour y trouver toutes les failles possible ; les chances de victoire de Rosalinde étaient dans la fragilité du sol. Une question d'équilibre qu'heureusement pour elle, les trois autres ne semblaient pas posséder.
« Comment faire pour t'aider ? nous ne savions pas que tu ressentais tout cela. »
( Une chance à saisir, minable créature. )
« Bien... oui. Prends ça misérable crédule ! Ta bêtise causera ta perte, à vous deux aussi dérrière, haha ! »
_________________ Rosalinde Von Anhalten, voleuse Semi-elfe qui n'est pas à votre service.
Mon mépris me sauvera.
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