< (Milice de la Sororité)J'entrais dans la grande salle du réfectoire.
Après avoir passé presque seize ans ici, et pris trois repas par jour dans cette même salle, je connaissais bien les lieux, ainsi que la personne en charge ici.
Aristée. Tout le monde dans le monastère la connaissait, et elle avait une très forte, et très bonne réputation de par la qualité des petits plats qu'elle concoctait jour après jour.
C’était le matin. Entre l’heure du petit-déjeuner, et celle du déjeuner. L’heure parfaite pour la rencontrer, car elle n’avait pas encore entamé la préparation du repas de midi, et serait ainsi disponible pour apporter les renseignements dont j’avais besoin.
M’approchant d’elle, et la saluant poliment lorsque elle se tourna vers moi, je lui annonçais :
« Bonjour Sœur Aristée.
Je viens vous voir aujourd’hui en tant que milicienne.
Vous avez des problèmes avec les réserves de nourriture… ? »J’avais relevé la tête, et je dévisageais la cuisinière, guettant sa réaction lorsque elle allait me répondre.
« Bonjour, Sœur Melina.
Vous êtes donc devenu une milicienne, hum… ?
Bref, ne tergiversons pas. Nous avons en effet quelques soucis de disparition de nourriture ces temps-ci… J’ai d’abord cru à un quelconque animal, mais, la nourriture n’est pas consommé, mais disparaît bel et bien. Nous avons donc une voleuse dans nos murs… »Le regard noir, elle me tendit une clé, et continua :
« Voici la clé pour accéder à la réserve, au sous-sol. Je vous laisse donc le soin d’enquêter et de me ramener la voleuse ! »Elle me glissa aussi un petit papier dans l’autre main, sur lequel figuraient des écritures manuscrites.
« Et voici une liste de ce qui a disparu depuis le début des vols, c’est-à-dire environ une semaine.»Prenant la clé et la liste, les mettant dans ma poche, j’avais quelques frissons rien qu’en imaginant ce que la Sœur Aristée pouvait bien faire subir à quelqu’un s’attaquant à ses stocks sacrés de nourriture.
Je descendis ensuite dans le sous-sol du réfectoire, après avoir déverrouillé la porte qui menait aux escaliers grâce à la clé que m’avait confiée la cuisinière. Il faisait bien plus sombre que dans la grande salle, et frais aussi, ce qui favorisait la conservation des nombreux aliments qui y étaient entreposés. Pourtant, la salle était très bien faite, et l’air y restait sec.
Je sorti la petite liste, que je m’apprêtais ainsi à lire, me tenant vers l’une des rares torche ornant les murs de la réserve.
« Deux livres de viande séchée. Un sac de fruits secs. Une petite meule de fromage. Un tonnelet d’eau. »
(Étrange… Pourquoi voler de la nourriture dans la réserve, alors qu’elle est servie à l’étage… ? Ce ne sont que des mets extrêmement basiques, souvent réservés aux Sœurs qui partent en expédition à l’extérieur du monastère.
Serais-ce donc une personne qui ne peut pas manger à l’étage ?
Mais pourquoi ? Une clandestine ? Un homme ?)Très vite, je commençais à me gratter les cheveux, me forçant à réfléchir pour trouver la réponse à ces interrogations. Cela n’avait pas de sens. Si quelqu’un rôdait dans le monastère, il eut vite fait d’être trouvé, et arrêté. Et pourtant, quelqu’un arrivait à se faufiler, jusqu’au réfectoire, pouvait descendre malgré la porte verrouillée, et se servir dans la réserve.
Je faisais les cents pas dans l’étroite salle, tout en réfléchissant aux diverses possibilités, lorsque mon attention se porta sur un petit détail. En passant proche du mur à l’opposé d’où se situait la torche, je senti comme un courant d’air.
(De l’air… ? Non. Il est trop frais, c’est du vent !
Mais, comment… ?)Approchant du mur, j’entamais alors une recherche hasardeuse, tâtonnant de part et d’autres le mur fait de pierres, à la recherche d’un indice, ou peut-être d’un mécanisme…
Après quelques minutes de fouille, je fini par trouver ce que je chercher. L’une des pierres, située proche du sol, étant bancale. Je pu l’enfoncer entièrement dans le mur en appuyant dessus. Immédiatement, un lourd bruit se fit entendre, et c’est à ma grande surprise que le mur coulissa, laissant place à une ouverture tout juste large pour laisser passer une personne, dans un long et sombre couloir…
La porte ne semblait pas se refermer. Prenant le risque de m’y aventurer, et ce, sans faire un rapport de ce que je venais de trouver, je fis quelques pas en arrière pour décrocher la torche du mur derrière moi, et commencer à m’aventurer dans le sombre tunnel…
(Alentours du monastère) >