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 Sujet du message: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Lun 16 Jan 2017 18:46 
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Castel du Duc de Luminion

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La modeste forteresse du Duc Robert de Pérussac se situe un peu à l'écart du bourg, sur une éminence rocheuse. Si ses fortifications ne sont guère impressionnantes comparées à d'autres citadelles plus importantes, elles n'en restent pas moins fort bien conçues et difficiles à prendre. Une rivière protège ses flancs sud et ouest, la montagne sa face nord, si bien que seul un étroit chemin pentu permet d'y accéder par le côté est. Une puissante armée s'emparerait sans doute assez aisément de cette place forte mais, à ce jour, nulle force ennemie suffisante n'est parvenue à franchir la porte d'Ynorie et la demeure du Duc n'a donc jamais été assaillie.

Quant à l'intérieur de la bâtisse, il s'avère austère et modeste, exception faite des appartements privés du Seigneur des lieux qui se trouvent en haut d'un solide donjon carré. Ces derniers sont néanmoins bien éloignés du faste que l'on peut trouver dans certaines maisons de la noblesse de Kendra-Kâr, le Duc est sans aucun doute un personnage riche et puissant mais il ne voit pas l'utilité de l'afficher ostensiblement.

Dans l'enceinte, outre le donjon ducal, on trouvera quelques bâtiments réservés à la garde personnelle du duc ainsi qu'à ses serviteurs, une écurie de taille modeste ainsi que les ateliers de divers artisans. Les sous-sols, eux, servent principalement à stocker suffisamment de vivres et de matériel pour que le castel puisse soutenir un siège, mais on y trouvera également quelques cachots et une terrifiante oubliette. Un puits profond a également été creusé dans les souterrains et deux grandes citernes destinées à récolter l'eau de pluie assurent l'approvisionnement en eau potable.

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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 20:53 
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La demeure fortifiée du Duc trône sur un becquet rocheux, entouré sur deux côtés par une rivière de bonne taille dont je profite pour me décrasser des pieds à la tête et nettoyer vêtements et armure, ne tenant pas à me présenter comme un sauvageon devant le duc. J'ai vu des forteresses bien plus impressionnantes au cours de ma vie, mais il n'en reste pas moins que prendre celle-ci d'assaut serait loin d'être aisé car elle me semble fort intelligemment conçue. La montagne protège sa face nord et seul un étroit chemin pentu grimpe sous la muraille est de l'édifice. Tout le trajet qui mène aux portes est salement exposé et constituerait un véritable champ de tir pour les archers, les pertes seraient lourdes pour une armée qui tenterait de s'emparer des lieux et je ne peux m'empêcher de rentrer instinctivement la tête dans les épaules en gravissant la pente sous l'ombre inquiétante des tourelles et de la muraille. Je parviens un peu plus tard devant les portes de la forteresse, ouvertes mais défendues par deux gardes qui m'interdisent aussitôt le passage en croisant leurs hallebardes. Je leur sers le même discours qu'aux gardes de la porte d'Ynorie et l'un des soldats ne tarde guère à aller chercher un officier qui nous scrute avec méfiance, Sinwaë et moi, en s'approchant. Je répète patiemment les raisons de ma venue et lui tends la missive toujours scellée que m'a remise Kardân, il en examine brièvement le sceau avant de hocher la tête:

"Cela me semble en ordre. Je vais aller voir si le Duc peut vous accorder un instant, attendez ici."

Près d'une demi-heure s'écoule avant que l'officier ne revienne et ne me fasse signe de le suivre à l'intérieur. Le castel constitue un village à part entière, doté de ses propres artisans qui s'activent dans leurs ateliers pour fournir tout le nécessaire aux habitants du lieu. Forgeron, boulanger, charpentiers, tanneurs et maçons se côtoient à l'intérieur des murs, encombrés par les habituels animaux de basse-cour qui se faufilent partout en quête de pitance. Cochons, volailles et chiens, principalement, qui s'écartent prudemment de mon fauve lorsqu'ils l'aperçoivent. L'officier me conduit au donjon principal, puissante tour carrée et rébarbative, et me fait entrer dans la salle de garde du rez-de chaussée où se pressent soldats et serviteurs affairés ou en train de se détendre. Un escalier de pierre s'élève vers les étages supérieurs en longeant les murs, deux soldats en défendent l'accès et, alors que j'arrive près d'eux en compagnie du gradé, ce dernier se tourne vers moi et précise:

"Vous ne pouvez voir le Duc ainsi armé, messire. Votre bête restera également ici, veuillez donc nous remettre vos armes et attacher votre fauve à l'un de ces anneaux."

Il me désigne une série d'anneaux de fer scellés dans les murs près de l'escalier, mais je secoue négativement la tête en lui répondant:

"Je n'attacherai pas mon compagnon, officier. Ce n'est pas un chien servile mais un prince, libre et fier. Il restera ici et veillera sur mes armes puisque vous le souhaitez, mais celui qui l'enchaînera n'est pas encore né."

L'officier hausse les épaules et fait signe à deux gardes de s'approcher pour surveiller Sinwaë avant de me répondre:

"Comme vous voulez, mais faites en sorte qu'il se tienne tranquille, cela vaudra mieux. Vos armes, guerrier."

L'homme m'observe me défaire de mon équipement avec une certaine stupeur mêlée d'envie. Je dépose le tout, mes quatre lames, mon arc et mes flèches, mes fouets et ma dague, dans un recoin de la salle et m'efforce de faire comprendre à Sinwaë qu'il doit rester là où je lui ordonne et veiller sur mes affaires. Ce n'est pas une mince affaire, mon fauve est dévoré de curiosité et n'a qu'une envie: fouiner dans ce lieu inconnu et flairer tous ces êtres nouveaux pour lui. Je parviens finalement à le faire se coucher devant mes précieuses armes en lui offrant un gros os à ronger, prélevé dans les restes du dernier repas des gardes, et peux enfin suivre le gradé vers les étages supérieurs.

L'humain me conduit à une salle rectangulaire de taille moyenne servant visiblement aux audiences publiques. Une estrade légèrement surélevée sur laquelle se trouve un siège massif de bois artistement sculpté, vide pour l'heure, me fait face, côtoyé sur la droite par une petite porte de chêne clouté permettant sans doute au Duc d'accéder à son siège ducal depuis ses appartements. Sur les côtés, deux grandes cheminées ronflent et répandent une agréable chaleur, des grandes tentures brodées aux armes du Duché et du Royaume ornent les murs percés sur deux côtés de quelques étroites fenêtres en ogive barrées par des grilles de fer forgé. Ces fenêtres percées dans les épaisses murailles sont entourées de banquettes de pierre et je découvre, assises sur l'une d'elle, deux femmes richement vêtues qui discutent. L'une d'elle est clairement une Ynorienne fortunée d'une trentaine d'années, sa longue chevelure noire aux reflets soyeux est remontée en un chignon compliqué retenu par des aiguilles d'ivoire ouvragé et plusieurs magnifiques bijoux en jade témoignent de son rang sans doute élevé. Une très belle femme, incontestablement, qui s'interrompt à mon entrée pour m'adresser un petit signe de tête réservé en guise de salut. Ses yeux sombres en forme d'amandes effilées me scrutent, perçants et indéchiffrables, alors que je m'incline légèrement pour saluer avec courtoisie les deux femmes. L'autre est une Kendrane beaucoup plus jeune, presque une enfant, qui se lève hâtivement pour exécuter une petite courbette timide mais enjouée à mon attention. Ses cheveux couleur de blés murs sont rassemblés en une longue tresse et son regard bleu clair, plein de curiosité pétillante, me dévore avec ce manque de pudeur particulier réservé aux adolescents. Elle baisse vivement la tête en rougissant lorsque je soutiens son attention avec un petit sourire en coin, mais je n'ai pas le temps de l'observer davantage car la porte près du siège ducal s'ouvre à cet instant, laissant passer deux gardes qui, suivis d'un homme massif et de belle prestance que je devine sans mal être le Duc, vont se poster de part et d'autre du trône.

La solide carrure et la démarche féline de Robert de Pérussac m'apprennent au premier regard qu'il s'agit d'un combattant chevronné, son visage buriné et son regard acéré possèdent une dureté inflexible et une autorité incontestable qui viennent compléter cette première impression martiale. Ses vêtements de brocarts ne manifestent aucune ostentation, ils sont sobres mais d'excellente facture, tout comme la longue épée qui ceint sa taille, faite pour la guerre plutôt que pour la parade. Je n'ai pas à faire à un nobliau de province frivole et prétentieux, mais au puissant chef de guerre d'un non moins puissant royaume, austère, sûr de lui et de sa force. Une rencontre que je n'ai pas intérêt à prendre à la légère, assurément, mieux vaudrait pour moi et pour l'Opale que ce duc n'ait pas l'impression de perdre son temps durant notre entrevue...

Je m'approche lorsqu'il m'y invite d'un geste de la main et m'immobilise à trois pas de l'estrade lorsque l'un de ses gardes m'indique que je suis assez près, puis j'incline respectueusement le visage avant de m'adresser à lui. Je sens sur ma nuque les regards des deux femmes, leur présence me complique quelque peu la tâche car j'ignore dans quelle mesure je puis parler ouvertement devant elles, mais le Duc attend et me montrer hésitant ne servira pas ma cause:

"Mes hommages, Messire Duc. Je me nomme Tanaëth Ithil, Seigneur de l'Ordre guerrier séculaire des Danseurs d'Opale. Il est temps que les Sindeldi prennent part à la guerre contre Oaxaca aux côtés des peuples de Yuimen, nous sommes restés trop longtemps reclus sur nous-mêmes et cela doit changer."

Je soutiens sans ciller le regard du Duc, assuré jusqu'au bout des ongles, assumant la place qui est la mienne. Je ne suis plus seulement un aventurier errant, même si j'espère le rester en partie, je suis un puissant maître d'armes Sindel, un Noble Naorien formé aux arts de la guerre de ce peuple, mais aussi le représentant d'un légendaire ordre de combattants et, plus que tout, de Sithi. Après une brève pause pour souligner l'importance de cette première déclaration, je poursuis:

"Je précise à cet égard que je ne représente pas le Naora en tant que royaume, mais mon peuple en tant que Première Lame de Sithi sur Yuimen, charge qui m'a été confiée par notre Mère en personne. Oaxaca s'en est prise à mon peuple, elle a dévasté nos terres et notre capitale, causé la mort de nos souverains. Le poids de notre courroux va maintenant s'abattre sur elle, l'heure des Danseurs d'Opale est venue et elle signera le Crépuscule de son règne."

Mes derniers mots ont été prononcés sur un ton de glaciale détermination soutenue d'une sombre colère océanique, profonde et implacable. Je vois le visage d'une fillette, écrasé par une énorme masse, je vois des atrocités graisseuses massacrer des humains en beuglant de jouissance, je revois les esclaves des mines de Khonfas et les créations abjectes des Treize que j'ai croisées dans ma vie.

(Ô Moura, je serai la crête de ton raz de marée purificateur, je dévasterai cités et civilisations sans pitié pour que d'autres, plus riches et pures, puissent s'élever! Je verserai mon sang et mes larmes en ton honneur, je verserai ceux de mes ennemis, apaisé de savoir que je les offre à l'océan, aux ruisseaux, aux gouttes de pluie qui se mêleront à mes pleurs, heureux de te les offrir à toi qui représentes la vie, mais aussi, la mort.)

Une pensée étrange me vient alors que je prononce intérieurement cette courte prière. La pensée que le coeur de Moura contient l'essence même de Sithi, l'Ombre et la Lumière s'y mêlent intimement. Est-ce vrai ou faux, exagéré ou imparfait, je n'en sais trop rien mais cela me permet en quelque sorte de me relier plus aisément à cette puissante entité, à ce qu'elle représente pour moi. Je ne vénère pas les dieux, je les respecte en tant qu'êtres puissants qui symbolisent et représentent des forces naturelles. Et il y a une immense puissance dans l'eau, tranquille ou furieuse, ombre et lumière, toujours si fluide, paisible et intemporelle d'une certaine manière.

Sérénité.

Il me reste à clore mon introduction, que j'espère assez convaincante et concise, ce que je fais en tendant à l'un des gardes du Duc la recommandation que m'a donnée Kardân:

"Messire Kardân m'a vivement conseillé de venir vous trouver, lorsque il a eu vent de mes intentions. Il m'a remis ceci à votre attention."


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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Lun 30 Jan 2017 16:40 
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Lorsque Tanaëth évoqua ses intentions belliqueuses à l’encontre d’Oaxaca, le Duc de Luminion se tourna vers les deux femmes présentes dans la pièce, et d’un geste, les congédia.

« Nous reprendrons notre conversation plus tard, mesdames. »

Elles s’éclipsèrent, non sans quelques regards curieux sur l’elfe gris, sans demander d’explication supplémentaire au suzerain de ces terres. Robert de Pérussac, lui, regarda longuement Tanaëth, et s’empara de la lettre donnée par Kardân pour la lire d’un air sérieux. Suite à la lecture, il opina lentement du chef, toujours silencieux, et offrit un regard analyste à l’elfe.

« Bienvenue à Luminion, défenseur de nos frontières. Vous avez bien œuvré, en aidant le Ser Kardân dans sa tâche de protection. Espérons que les garzoks, ces chiens d’Oaxaca, en tirent une bonne leçon. »

Il n’en paraissait pas convaincu, mais avait serré les poings en les évoquant. Il ne les aimait guère, et ça se voyait. Il reporta son attention sur Tanaëth.

« Excusez ma méconnaissance, mais que sont exactement les Danseurs d’Opale ? Et quelle légitimité, sinon ce nom de Lame de Sithi, dont j’ignore la portée, avez-vous pour représenter ici, dans mon palais, votre peuple entier ? »

Il avisa l’elfe gris avec circonspection, et poursuivit.

« Les garzoks mérite de mourir, c’est indéniable. Il est évident qu’il faut sécuriser nos frontières, en adoptant une position plus agressive. Mais les ressources nous manquent, pour ce faire. Peut-être pourriez-vous, Danseurs d’Opale, nous aider dans cette entreprise. De combien de combattants se compose votre armée, Ser Ithil ? Et où se trouve-t-elle ? »

De nombreuses questions, qui devraient amener des réponses précises : l’air qu’il arborait, strict et sévère, le commandait.

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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Lun 30 Jan 2017 21:01 
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Le Duc, après avoir entendu ma présentation, congédie les deux femmes en remettant à plus tard leur conversation. Ces dernières se retirent en me lançant des regards curieux, sans demander plus amples explications, et le Duc pose alors son regard sur moi, sévère et grave. Il me dévisage longuement, puis il s'empare de la missive de Kardân et la lit avec le plus grand sérieux. Il hoche lentement la tête avant de me jauger d'un nouveau regard plus attentif, presque calculateur. Rompant le long silence, il me souhaite la bienvenue à Luminion et, indirectement, me remercie d'en avoir défendu les frontières. J'incline simplement la tête pour dire que c'était tout naturel, m'abstenant de répondre lorsqu'il souhaite que les Garzoks aient compris la leçon. Ils reviendront, nous le savons tous deux, et cette pensée fait crisper le poing à Robert de Pérussac. Il n'a aucune amitié pour les sbires d'Oaxaca, une évidence que j'entends bien utiliser à mon avantage pour atteindre mes buts, mais aussi au sien puisque ma réussite aurait pour conséquence d'alléger le danger pesant sur son duché.

Comme prévu et espéré, ma présentation l'a intrigué et il se montre curieux de savoir ce que sont les Danseurs d'Opale et ce que signifie ce titre de Lame de Sithi dont il ignore la portée et la signification. Il s'enquiert ensuite fort logiquement de ma légitimité à prétendre représenter mon peuple, une approche qui me plaît car elle va droit au but. Il cherche à me cerner et à définir l'ampleur exacte de la force que je prétends représenter, me dévisageant maintenant avec circonspection.

Le Duc, que je me garde bien d'interrompre, admet ensuite que les Garzoks méritent la mort et qu'il est nécessaire de passer à l'offensive pour protéger leurs frontières, mais qu'ils n'en ont malheureusement pas les ressources. Ce qui l'amène à me demander de quelle armée je dispose et où elle se trouve, sa dernière question apparemment. Sa posture sévère et son air strict m'indiquent qu'il attend maintenant des réponses précises et concrètes, aussi je soupèse soigneusement mes mots avant de lui répondre:

"L'Ordre des Danseurs d'Opale fut fondé voilà un peu plus de vingt-trois millénaires, sur le monde d'origine de mon peuple, Eden. Il fut créé par l'un de mes ancêtres à la demande de Sithi, et voué à la protection de ses Enfants, les Sindeldi. Cet Ordre constitua l'armature souple et puissante des armées Sindeldi sur Eden, armées dont le fondateur de l'ordre fut le général suprême durant près de trois millénaires. Il contrebalança le pouvoir du clergé de Sithi et lutta pour éviter que notre monde d'origine ne soit détruit, il échoua malheureusement à cette tâche mais le sacrifice des Danseurs permit néanmoins aux Sindeldi de fuir vers d'autres mondes, dont Yuimen."

Je marque une pause, seconde de silence en mémoire d'un monde perdu, puis je poursuis:

"Sur Yuimen, l'Ordre perdura, mais dans le plus grand secret car le clergé, souhaitant retrouver un pouvoir exclusif, fit tout pour l'éradiquer, sans y parvenir jamais. Ainsi, durant près de vingt millénaires, les Danseurs d'Opale se dissimulèrent et se transmirent de génération en génération les coutumes et les légendaires arts martiaux de l'Ordre, attendant que leur heure sonne."

Voilà qui devrait suffire pour faire réaliser au Duc à quel point les racines des Danseurs d'Opale sont solides et profondes, plus anciennes sans doute que ne peut le concevoir un humain. Mais ce passé, si glorieux soit-il, ne répond pas aux interrogations pragmatiques et directement liées au présent du Duc, si bien que je poursuis, méthodique:

"Vous me demandez quelle est ma légitimité, Messire Duc, alors voici: Je suis le descendant en ligne directe du fondateur de cet Ordre, et son conseil m'a choisi pour en orienter le destin. Mais, surtout, notre Mère a fait de moi son Héraut, son Champion, afin que je la représente et guide mon peuple en son nom sur ce monde qu'elle ne peut arpenter en personne. Et ne voyez pas là fadaises d'illuminé, Seigneur Duc, je me suis tenu face à elle, sur Son Nom j'en fais le serment."

Je fixe gravement le Duc au fond des yeux en prononçant ces dernières paroles, nul Sindel digne de ce nom ne saurait se parjurer alors qu'il invoque le Nom de Sithi, moi moins que tout autre.

"C'est Sithi en personne qui a fait de moi le représentant de mon peuple, se peut-il meilleure légitimation? En suis-je digne? Mes actes et mes lames témoigneront mieux que le plus long des discours, ce qui m'amène à vos dernières questions et tout particulièrement à celle-ci: en quoi pouvons-nous vous aider?"

Je laisse planer un instant de silence, effet oratoire destiné à m'attirer la totale attention de mon interlocuteur:

"Les véritables Danseurs d'Opale sont rares, Messire Duc, notre force ne réside pas dans notre nombre. Mais, soyez assuré que chacun vous sera aussi utile, sinon plus, qu'une armée. Nous pouvons mener des offensives foudroyantes et atteindre des éléments clés de l'armée d'Oaxaca, sans que votre Royaume ne puisse être impliqué. Nous pouvons participer à la défense de vos terres si la situation vire à l'aigre. Nous pouvons former certains de vos officiers aux Danses de Guerre de l'Opale. Nous pouvons influencer les relations entre l'Ynorie, l'Anorfain et le Royaume Kendran, nous n'avons aucune implication politique dans les affaires de vos pays et cela fait de nous des interlocuteurs et des médiateurs neutres. Imaginez que vos trois pays parviennent à un accord, n'auriez-vous pas alors les ressources nécessaires à une action offensive de grande envergure?"

Nouvelle seconde de silence, puis je mène mon discours à son terme:

"Nous ne sommes pas une armée, Messire de Perussac, mais nous pouvons en assembler une et en faire la plus redoutable qui soit. Ensemble nous pouvons ébranler la puissance de l'Empire Oaxien, il vient de subir un dur revers, ne vous semblerait-il pas opportun d'en profiter pour lui porter un coup sévère? Imaginez que nous parvenions à infliger une cuisante défaite aux forces d'Oaxaca, et que les Sindeldi l'apprennent, eux qui ont tant souffert de ses exactions? Imaginez qu'ils apprennent que l'un des leurs, Champion de Sithi, a été directement impliqué dans cette affaire et s'est battu au nom de son peuple? Combien de temps faudra-t'il pour que le Naora sorte de sa léthargie et se décide à secouer le joug de la Reine Noire aux côtés des autres peuples de Yuimen? Voilà ce que nous pouvons déclencher, Seigneur Duc, si nous en avons l'audace et le courage."

C'est une route longue et ardue que je dessine, et l'éclat dur et résolu de mon regard dit clairement que j'en ai conscience. Mais j'entrevois une stratégie, une Danse complexe et délicate certes, mais qui me semble avoir une bonne chance de succès. Je songe, en revisitant brièvement mon ébauche de plan, que je suis aussi et surtout un Sindel doté d'une longue vie. Mon regard porte sur un temps infiniment plus considérable que ne le pourrait appréhender le commun des humains, mes objectifs peuvent s'étaler sur des siècles sans que cela ne me semble insurmontable. Si aucune lame ne vient trancher ma vie je pourrais voir naître et mourir les cinquante prochains Ducs de Luminion, et avoir encore des siècles devant moi. Cette pensée me permet de réaliser un peu mieux comment Syndalywë perçoit le temps, et de comprendre aussi comment elle a pu tramer des plans tortueux au travers de millénaires. L'échelle n'est bien sûr pas la même mais, d'une certaine façon, il y a le même décalage temporel entre ce Duc et moi qu'entre Syndalywë et le Sindel que je suis. Je pourrais me permettre d'échouer avec lui, et de retenter avec son fils, le fils de son fils et cela sur tant de générations que j'en ai le tournis à les imaginer. Cela étant, je doute qu'Oaxaca attende bien gentiment quelques siècles pour laisser à ses ennemis le temps de s'organiser, ce qui rend un peu caduque cette impression d'avoir un temps presque infini à disposition.

Reste à savoir si je me suis montré assez convainquant, et si ce Duc souhaite assez ardemment voir tomber les ennemis de son peuple de son vivant.


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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Jeu 2 Fév 2017 18:50 
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Le Duc écouta l’historique des Danseurs d’Opale sans ciller, puis, la propagande de Tanaëth avec un regard sévère. À la toute fin de son discours, il resta un moment silencieux, comme s’il pesait ses mots, diplomate et politicien d’expérience, en sus de sa vertu du combat.

« Votre histoire est impressionnante, nul doute là-dessus, maître Sindel. Mais faire appel à une déesse à laquelle je n’accorde aucun crédit – non que j’en nie l’existence, mais juste son incarnation sur nos terres – ne légitime rien, pour moi. Peut-être cela vous rend-il légitime auprès de votre peuple, mais pourquoi, dans ce cas, n’est-ce pas auprès d’eux que vous cherchez du soutien pour combattre Oaxaca, et créer ainsi une alliance durable entre les peuples libres de Yuimen ? Pourquoi venir chez un vassal du Royaume de Kendra Kâr, si vous avez une telle légitimité chez les vôtres ? »

Il soupira, prenant à cœur ton discours, mais y trouvant apparemment trop de points obscurs.

« Je ne doute pas que vous soyez un grand guerrier. Ni même ne pense que vous soyez un mauvais meneur d’hommes, ou un piètre stratège. La missive de Ser Kardân m’indique ici qu’il n’en est rien. Je peux même vous croire sur vos capacités à saper l’ennemi de l’intérieur. Mais quelle garantie me donnez-vous que toutes vos paroles se concrétiseront bien ? Quelle assurance que vous puissiez réunir elfes, kendrans et ynoriens dans cette bataille ? Désolé, mais je n’y crois guère. Même si ce que vous énoncez, je le désire ardemment, que nous allions à l’avant des troupes oaxiennes pour sécuriser enfin ces frontières et repousser l’ennemi dans ses retranchements, je sais pertinemment que notre Roi, Solennel, ne s’y risquera guère. Pourquoi, dès lors, ira-t-il croire en un étranger, quelles que soient ses qualités, s’il le refuserait à un de ses vassaux et amis ? »

Il leva une main, comme pour indiquer qu’il n’avait pas fini.

« Une dernière chose : une alliance entre tous les peuples libres, Sindeldi, Gardiens de Yuimen, kendrans, elfes et nains a déjà eu lieu. J’étais présent, voici sept ans, à Pohélis. Et toute cette entreprise fut vouée à l’échec, chacun retournant bredouille dans ses contrées. Un tel échec refroidirait n’importe quel dirigeant de se jeter à nouveau dans une telle alliance. Et vous leur demanderiez d’attaquer cette fois Oaxaca au milieu de son empire, en sa capitale, cité la mieux défendue de ce continent ? Même moi, je n’y crois guère. »

Il paraissait désolé, mais laissa néanmoins l’elfe gris répondre, contre argumenter. Il gardait, surprenamment, une étincelle d’espoir que son propre avis puisse vaciller.

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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Jeu 2 Fév 2017 22:30 
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Impassible, Robert de Pérussac écoute l'histoire de l'Opale sans ciller, mais son regard se fait plus sévère lorsque j'en fais l'article et évoque ce que je prétends représenter pour mon peuple. Il garde longuement le silence, soupesant sa réponse en dirigeant expérimenté et avisé, puis aborde directement un point que je sais délicat, notre Mère ne signifiant rien pour les humains de ce monde. Il me demande pourquoi, compte tenu de mes prétentions, ce n'est pas au Naora que je prévois d'agir, mais auprès d'un vassal d'un royaume humain. Il ajoute ne pas mettre en doute mes compétences de guerrier, ni même celles de meneur d'homme ou de stratège, mais mes déclarations concernant les possibilités d'action de l'Opale ne sont jamais que des mots, pour l'heure. De même, mes allégations quant au fait de rendre possible une alliance entre Elfes, Ynoriens et Kendrans est du domaine des voeux pieux à son regard, ce qui est tout aussi logique étant donné que je n'ai pas la moindre réputation ou influence démontrable sur Nirtim.

Pourquoi en vérité, me demande-t'il, les souverains m'accorderaient-ils le moindre crédit alors même que lui, puissant et influent seigneur écouté de son roi, ne parvient à convaincre son souverain de passer à l'offensive? Car c'est bien ce qu'il souhaite de tout son coeur, ce seigneur des marches, il le confirme sans fard. Il me précise ensuite qu'il y a déjà eu une alliance des peuples libres contre Oaxaca, lors de la bataille de Pohélis. Il y était lui-même, a vécu cette terrible défaite qui constitue d'après lui un obstacle majeur à une nouvelle alliance de ce genre. Quel souverain oserait encore se risquer à une nouvelle tentative qui, en outre, ne viserait pas des terres périphériques de l'Empire Oaxien mais son coeur, cité la plus puissante de ce continent? Lui-même n'y croit pas, affirme-t'il, mais je discerne dans son regard une infime lueur, l'espoir de se tromper, l'espoir que, contre toute attente, cela devienne possible.

Les questions et les doutes exprimés par le puissant seigneur de Luminion ne me perturbent pas, je me suis armé pour leur faire face. Je connais la situation du Naora, Lyann m'en a longuement parlé lors de mon séjour à l'Opale de Lune et peu d'exilés sont autant qu'elle au fait de ce qui se trame dans notre pays. Son père est un Ithilauster influent, sa mère l'une des responsables de la forge royale de Nessima, ce qui lui a donné accès à passablement d'informations. D'autre part les Danseurs d'Opale ont toujours conservé des contacts au Naora, nous nous tenons rigoureusement au courant de ce qui s'y passe et avons longuement réfléchi et planifié notre sortie du secret qui a entouré l'Opale durant vingt millénaires. Nous avons parlé des implications de ce si long isolement dans notre démarche, des difficultés qu'il ferait naître, et nous avons défini une ligne de conduite claire pour pallier à ce problème, aussi bien au sein du Naora que sur Yuimen en général. Il faut maintenant que je parvienne à exposer cela de manière concise et soigneusement construite à un personnage important de la scène politique et militaire, et sans dévoiler des secrets ne concernant que l'Ordre, ce qui est une toute autre affaire.

"Messire Duc, je ne vous apprendrai rien en vous disant que le Prince Naémin vit depuis un certain temps à Kendra-Kâr et qu'il est fiancé à la soeur de votre Roi. Sa légitimité est incontestable, nul ne peut remettre en doute sa filiation ou ses droits au trône du Naora selon nos us et coutumes. Est-il pour autant Roi du Naora? Non, il vit en exil parmi vous. Pourquoi?"

Instant de silence, puis je poursuis:

"D'une part, mon peuple se pense si supérieur aux autres peuples de Yuimen qu'il est inconcevable dans l'esprit de beaucoup d'entre nous qu'une Reine humaine monte sur le trône de Tahelta. Sentiment exacerbé depuis des millénaires par le Clergé de Sithi, qui possède un intérêt majeur à conserver le peuple Sindel replié sur lui-même: cela lui permet de conserver un pouvoir absolu, aussi bien temporel que spirituel, sur le Naora. D'autre part le Clergé omniprésent et tout-puissant se livre à une lutte intestine pour le pouvoir, une guerre de l'ombre, sans merci. Certains préféreraient voir la princesse Faryë, soeur cadette de Niaémin, monter sur le trône, la pensant plus malléable, et ils n'hésiteront devant rien pour parvenir à leurs fins. Le Naora n'a plus de Roi ni de Reine, c'est le Clergé qui détient seul le pouvoir, plaçant ses marionnettes dans un entrelacs de buts contradictoires et cupides."

Mes sourcils se sont froncés à cette évocation, sombres et puissantes sont les chaînes qui lient les miens.

"Légitimité ne signifie pas autorité ou pouvoir, Messire Duc, notre Roi légitime, Naémin, en sait quelque chose. Et de même que vous n'avez les ressources pour affronter seuls l'Empire Omyrien, l'Opale n'a pas les ressources pour affronter seule le Clergé de Sithi. Clergé qui prône dans son ensemble une voie extrémiste, raciste et totalement fermée sur les peuples et dieux de Yuimen, et qui contraint mon peuple à la suivre d'une main de fer en lui mentant sur notre histoire et en l'endoctrinant dès la naissance. Je serais directement envoyé au bagne de Raynna, ou assassiné, si je me rendais aujourd'hui au Naora, seigneur Duc. Pour hérésie. Mais ce n'est pas la crainte qui m'amène devant vous, sur Nirtim. "

Un sourire dur souligne ces derniers mots, je ne doute pas un instant que le Clergé soit déjà en train de manigancer notre perte, ma perte, nous nous sommes révélés et nous allons devoir en payer le prix. Mais j'ébranlerai le pouvoir du clergé, je le fissurerai et je le ramènerai à sa juste mesure. Un jour.

"Mon rôle, en tant que représentant de Sithi et Danseur d'Opale, est de montrer une voie à mon peuple, pas seulement par les mots mais surtout par l'exemple. Je veux démontrer que l'on peut respecter la Voie de Sithi en étant libre du joug du Clergé et en respectant d'autres dieux, je veux rendre sa fierté à mon peuple, en abattant son orgueil et ses ennemis. Si je veux me battre à vos côtés, contre Oaxaca qui est aussi l'ennemie des Sindeldi, c'est pour affirmer mon refus de ce racisme détestable, je veux démontrer aux miens que vous êtes aussi de grands peuples, qu'ensemble nous sommes capables de grandes choses. Je veux qu'il s'ouvre aux croyances et aux arts de vos pays, et qu'il partage les siens avec vous, en paix et avec respect. En outre, nous avons une forteresse non loin de Mertar, ce qui fait de nous des voisins. Et enfin vous êtes le verrou Kendran, ici à Luminion, le centre stratégique le plus crucial de la défense de Nirtim. Voilà pourquoi c'est à vous que je m'adresse, Messire."

Je marque un temps de silence pour laisser au Duc le temps d'assimiler cette longue tirade, puis je reprends:

"Je ne vous demande pas de me faire confiance, Seigneur. Je vous demande de me donner une chance de la gagner. Comme je le demanderai aux autres dirigeants de ce continent. Ce que je vous fais miroiter est une danse longue et difficile, mes actes vous prouveront que j'ai les moyens de mes ambitions et que je n'ai qu'une parole. Vous connaissez les nécessités stratégiques de votre Duché, de votre Royaume, bien mieux que moi. Dites-moi ce que je peux faire pour vous dans l'immédiat? Nous pourrions en parallèle accueillir en notre forteresse de Clair de Lune quelques-uns de vos officiers pour leur enseigner certaines de nos techniques martiales et par la suite, si vous le souhaitez, ouvrir une salle d'armes dans votre cité afin d'y former vos hommes."

Deux propositions des plus concrètes pour clore ce long discours, ce ne sont pas les mots qui convaincront Robert de Pérussac mais les points évoqués me semblaient devoir être précisés afin qu'il puisse avoir une vision globale de la situation et de ma position. Quant à ce que je prétends être et pouvoir, la conclusion lui offre les moyens d'en avoir un premier aperçu, à moi de me débrouiller pour qu'il ouvre des portes.


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Ven 3 Fév 2017 20:06, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Ven 3 Fév 2017 16:21 
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Une fois encore, durant la longue explication de Tanaëth, le Duc resta muré dans un silence complet et attentif. Lorsque ce dernier eut fini de parler, Ser Robert de Pérussac n’avait pas l’air bien plus avancé dans ses demandes. Il passa une main dans sa barbe avant de répondre :

« En somme, vous me dites qu’actuellement, vous n’avez aucune crédibilité pour les vôtres, qui ne vous suivraient même pas si d’aventures l’occasion se présentait. Et c’est en leur montrant, seul, votre pugnacité, que vous feriez bouger les choses ? Vous êtes un idéaliste, ser Ithil. Un rêveur. Je respecte cela, mais les rêves n’ont jamais conduit à rien. Redescendez à la réalité : à trop haut vouloir voler, on se brule les ailes. »

Puis, plus pragmatique, il poursuivit.

« Je ne refuse pas une collaboration entre vos… Danseurs d’Opale et le front que nous formons pour défendre le Royaume kendran. Il serait imbécile de ma part de rejeter toute alliance, quelle qu’elle soit. Comprenez cependant que je ne peux me départir de mes hommes dans ce Dûché, pas après une attaque aussi osée des Garzoks sur nos lignes défensives. Même si c’est pour leur apprendre des techniques de combat, sans doute fort pertinentes, bien que je craigne qu’elles ne soient des techniques de duelliste, et non de militaires en formation. La différence est notable. Aussi, s’il vous sied de mener jusqu’à nous vos maîtres d’armes, je leur fournirai vivres et logements, ainsi qu’un endroit où ils pourront entraîner nos troupes. Je ne refuse pas, d’ailleurs, que vous puissiez installer en mon Duché une salle d’entraînement dédiée aux faits d’armes des vôtres. »

Et après une courte pause, il reprit, toujours très sérieux. Comme si rien ne saurait en ce monde le dérider.

« Quant à l’aide que vous pourriez m’apporter… Prouvez-moi cette efficacité dont vous vendiez les mérites, plus tôt. Faites-vous connaître de mes hommes en combattant à leurs côtés sur le front, accomplissez des hauts faits dans mon Duché pour amasser de la renommée parmi les miens. Lorsque j’aurai suffisamment de recommandations pour vous, peut-être sera-t-il temps de vous confier des tâches plus délicates et cruciales. Un détachement des miens, par exemple. Mais en attendant, comprenez que je ne peux vous fournir le moindre soldat ni la moindre autorité sur mon armée. »

Il regarda Tanaëth d’un air entendu, avant de finir :

« Cette armée que vous avez refoulée, pourquoi n’iriez-vous pas, avec vos Danseurs d’Opale, observer leur garnison, cibler leurs positions, déterminer leurs défenses, leur nombre, installer un poste de surveillance pour prévoir leurs raids. En cela, vous pourriez m’aider. Mais ce n’est qu’une suggestion, elfe. Vous n’êtes pas sous mes ordres. »

Puis, après un court instant d'hésitation, il ajouta :

« Les deux jeunes femmes que vous avez vues ici. Elles aussi vous pourriez les aider. L’une est une ambassadrice d’Ynorie, demandant de l’aide de mon Duché pour protéger la route entre sa patrie et Luminion. Aide que je ne peux fournir qu’à nos postes frontières. Elle retournera prochainement à Oranan, escortant ma pupille, la seconde, pour qu’elle aille s’y former. Allez leur parler, peut-être verront-elles en vous un compagnon utile. »

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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Ven 3 Fév 2017 23:36 
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Imperturbable et austère, le Duc écoute une nouvelle fois mes paroles avec attention et dans le plus grand silence. C'est quelque peu dubitatif qu'il passe une main dans sa barbe avant de me répondre qu'au final, je n'ai aucune crédibilité chez les miens, et que je suis un doux rêveur si je crois que ma seule pugnacité pourra changer le cours des choses. Il précise apprécier les rêveurs, mais son pragmatisme et son scepticisme triomphent et il me met en garde, à trop vouloir on n'obtient rien. Je reste impassible, calme et attentif, un humain ne peut concevoir un plan s'étalant sur des décennies, des siècles, et je ne suis pas seul.

Il ne refuse toutefois pas une collaboration, son besoin doit être grand car il souligne qu'il serait imbécile de sa part de refuser de l'aide, d'où qu'elle vienne. Il déclare ensuite ne pouvoir se passer d'hommes, serait-ce pour les entraîner, compte tenu de la récente et audacieuse attaque contre son duché, et suppose en outre que nos techniques sont plus adaptées à un duel qu'à une armée. Il me propose ensuite de fournir vivres, couvert et logement aux maîtres d'armes que je pourrais envoyer, et se montre favorable à la création d'une salle d'armes de l'Opale dans sa ville. Il marque une courte pause avant de reprendre, évoquant cette fois l'aide proposée. Il me demande de prouver l'efficacité que je lui ai vantée, de combattre aux côtés de ses hommes sur le front et de m'y illustrer. Lorsqu'il aura suffisamment de recommandations, il envisagera peut-être de me confier des tâches plus sensibles, voire un détachement de ses hommes, mais d'ici là il ne peut me confier d'autorité sur ses troupes, ce que je comprends fort bien.

Il me propose ensuite d'aller enquêter et surveiller cette troupe que nous avons repoussée, de trouver ses quartiers et de placer des guetteurs afin de prévenir Luminion de toute tentative d'incursion. Mais il ajoute qu'il n'a aucun ordre à me donner en ce sens, soulignant de manière un peu méprisante mon statut d'elfe, puisqu'il utilise ce mot plutôt que mon nom qu'il connaît. Je plisse imperceptiblement les paupières, plus attentif que jamais, et l'écoute m'informer, après une hésitation, que mon aide pourrait éventuellement intéresser les deux femmes qu'il a précédemment congédiées. L'Ynorienne, me dit-il, est venue demander l'aide de son duché pour sécuriser la route le reliant à Oranan, une aide qu'il ne peut fournir qu'à ses postes frontières. Elle devra en outre escorter sa deuxième pupille à la capitale Ynorienne afin qu'elle aille s'y former, si bien qu'un garde du corps pourrait lui sembler utile.

Je réfléchis quelques instants à ce que je viens d'entendre, puis je souris légèrement au Duc en reprenant la parole:

"Messire, mon ordre participera à l'effort de guerre de votre duché, je vous en donne ma parole. Non seulement militairement mais aussi financièrement, aussi il est exclu que vous assumiez l'entretien de nos combattants. Avec votre accord, nous ouvrirons une commanderie dans votre ville, et formerons gratuitement ceux de vos hommes que vous souhaiteriez nous envoyer. Pour ma part je vais aller proposer à ces dames de les escorter, puis j'irai voir ce que je peux faire pour intervenir là où vos troupes ne le peuvent. Il serait bon que l'Ynorie reçoive une aide du Duc de Luminion, fut-elle très officieuse, et vos frontières ne s'en porteront que mieux."

Je marque un instant de silence et dévisage le Duc d'un air grave, mais serein:

"Je ne suis pas seul, Messire, j'ai l'Ordre de l'Opale derrière moi et nous avons des amitiés solides en Imfitil et au Naora. Vous dites que je suis un rêveur, et vous avez parfaitement raison, mais je suis aussi, comme vous l'avez précisé, un elfe. Un elfe opiniâtre et déterminé, prêt à consacrer des siècles à cette quête s'il le faut. Dernière chose, je suis un hirdam, un soldat. J'ai suivi plus de cinquante années de formation au sein de l'armée Sindel. Les Danseurs d'Opale ont formé la trame des armées de mon peuple ainsi que je vous l'ai dit, ne faites pas l'erreur de nous prendre pour de simples bretteurs de foire."

Je m'incline légèrement et le salue, car l'entretien est terminé, il l'a subtilement signifié:

"Merci de m'avoir consacré votre temps, Seigneur Duc. Nous nous reverrons prochainement, je n'en doute pas, et mon nom ne sera alors plus inconnu dans vos terres."

Je me retire sans plus tarder, retrouvant quelques étages plus bas mon fauve en train de somnoler devant mes affaires. Il redresse la tête dès que je m'approche et se relève à contrecoeur, s'étirant longuement avant de consentir à me laisser récupérer mon matériel, ce que je fais avec soulagement car le poids rassurant de mes armes me manquait. Quelques soldats m'observent avec curiosité, je leur adresse un signe de tête cordial et demande:

"Messieurs. Pourriez-vous m'indiquer où je puis trouver l'ambassadrice d'Ynorie?"

L'un des humains tend une main en direction de la cour extérieure:

"Elles viennent de partir pour le bourg, messire."

Je le remercie d'un sourire et quitte vivement le donjon, puis le castel, pour me diriger vers la bourgade de Luminion. J'aperçois les deux femmes dès que j'ai descendu la pente abrupte menant au château, elles avancent au rythme de la promenade et semble bavarder avec animation. Je presse un peu le pas et ne tarde pas à les rejoindre en les prévenant de ma présence par quelques mots:

"Mesdames? Pardonnez-moi de vous interrompre, puis-je faire quelques pas avec vous?"


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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Ven 3 Mar 2017 14:17 
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Je parviens au pied du castel du Duc de Luminion quelques minutes plus tard et m'engage sur la montée abrupte en réfléchissant soigneusement à la manière d'informer Robert de Pérussac de ce qui s'est passé. Je ne peux lui dévoiler l'existence de Färya mais il me faut expliquer la mort de Gerd et de sa famille, ma version doit être sans faille car le Duc est un homme sagace tout à fait capable de mettre le doigt sur la moindre incohérence. De plus, il faut que mon action soit connue des soldats, une partie du moins, oeuvrer dans l'ombre ne servira pas mes intérêts, un peu de spectacle s'impose mais je dois le doser avec parcimonie. Tout est question d'équilibre, toujours.

Je ne tarde guère à arriver aux portes du château, défendues par deux gardes que je ne me souviens pas avoir vu. Ils toisent mon fauve avec une méfiance bien compréhensible et adoptent une position défensive à tout hasard, me hélant sèchement:

"Plus un pas étranger, tenez votre bête! Qui êtes-vous? Que voulez-vous?"

J'agrippe la crinière de Sinwaë pour les tranquilliser et m'immobilise en les dévisageant de mon air le plus sévère, puis je leur lance le sac contenant les deux têtes des abjectes goules:

"Veuillez remettre ceci au Duc et informer sa Seigneurie que Tanaëth Ithil lui demande audience, j'ai une affaire grave à porter à son attention."

L'un des soldat ouvre le sac pour en examiner le contenu, je l'observe blêmir et déglutir péniblement avec un certain amusement, il faut bien admettre que ces trognes n'ont rien de plaisant. L'homme se reprend et hèle un officier que je reconnais comme étant celui qui m'a accueilli la dernière fois, probablement est-il en charge de la défense du castel, lui tendant le sac comme si les têtes ignobles risquaient de le mordre. L'officier me scrute un instant et m'adresse un petit signe de tête avant de jeter un oeil dans le contenant. Ses pupilles se dilatent légèrement d'effroi mais il parvient à rester stoïque et à me faire signe de le suivre. Je lui emboîte le pas tout en l'observant à la dérobée, l'homme est perturbé mais calme et m'interroge alors que nous franchissons la cour intérieure en direction du donjon:

"Où avez-vous trouvé ces...choses?"

"Dans une vieille bâtisse abandonnée, à quelques minutes d'ici en direction du sud."

"Dieux! Le temple abandonné de Rana...si près...il y a d'autres de ces créatures?"

"Pas à ma connaissance. Ou en tout cas, pas dans ce temple."

L'humain pousse un soupir de soulagement et me conduit dans la tour où réside le Duc, puis il me demande comme la dernière fois de déposer mes armes et de faire en sorte que mon fauve se tienne tranquille. Je me défais de mon équipement et convaincs Sinwaë de s'allonger sous le regard intrigué et un peu suspicieux de quelques soldats tandis que l'officier va voir si Robert de Pérussac peut me recevoir. J'en profite pour réviser une dernière fois mon histoire et patiente en m'adossant à un mur, les deux trognes devraient convaincre le Duc de m'accorder rapidement quelques instants de son temps...


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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Dim 5 Mar 2017 15:28 
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Le Duc accepta sans attendre de recevoir Tanaëth. Celui-ci fut conduit dans la salle où le Duc de Pérussac trônait, seul comme la dernière fois. Son visage était grave, et il accueillit Tanaëth sans préambule.

« Sire elfe. L’on ne peut pas dire que le duché est plus paisible depuis que vous vous y baladez. Il m’a été fait rapport du décès de deux de mes hommes, sans la moindre attaque garzok. Et maintenant, ces deux têtes monstrueuses que vous me faites parvenir ? Que signifie tout ceci ? »

Il n’avait pas l’air pleinement satisfait des promesses que lui avait faites Tanaëth quelques jours plus tôt.

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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Dim 5 Mar 2017 17:54 
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Le Duc me reçoit immédiatement, ainsi que je l'avais espéré la vue des deux effroyables têtes l'a convaincu de m'accorder quelques instants de son temps. Il m'accueille sans préambule et de manière plutôt glaciale, remarquant que le duché n'est pas plus paisible depuis ma venue et que la mort de deux de ses hommes est à déplorer. Par Sithi comment est-il déjà au courant?! Voilà qui m'oblige à revoir un peu ma version des faits...mieux vaudrait qu'elle colle de très près à la réalité...Il me demande ensuite ce qui signifient ces deux trognes que je viens de lui faire parvenir, d'un air qui m'apprend qu'il n'est guère satisfait de ce qui se passe. Je lui adresse une légère révérence du buste avant de le fixer calmement pour lui répondre:

"Messire Duc. Comme vous le savez peut-être, je suis entré en contact avec Dame Matsuno, l'ambassadrice d'Ynorie, afin de lui proposer de l'accompagner jusqu'à Oranan, elle et votre pupille. Dame Matsuno a accepté et m'a fait part de la raison de sa présence ici et de ses inquiétudes concernant la sécurité de la route reliant votre Duché à Oranan. Elle m'a appris que plusieurs convois avaient été attaqués et, plus étonnant, que seuls les plus "sensibles" étaient visés. Partant de ce constat, la seule explication valable était qu'il y avait quelqu'un, ici-même, qui informait les Oaxiens de la nature des marchandises transportées et des dates de départ des convois intéressants. Je crois savoir à ce propos que vous avez ordonné une enquête discrète qui n'a malheureusement rien donné."

Je marque une courte pause avant de poursuivre:

"Dame Matsuno s'inquiétait pour la sécurité de votre pupille. Cette dernière fait partie de votre entourage direct et, sans être au courant de vos plans stratégiques évidemment, elle en sait beaucoup sur vos défenses, ce qui fait d'elle une cible de choix pour vos ennemis. Dame Matsuno craignait donc une embuscade sur le chemin si les Oaxiens étaient informés de ce voyage et j'ai décidé de réfléchir à une manière de piéger les éventuels traîtres afin d'éviter ce risque. Hier soir, j'ai retrouvé l'ambassadrice près de l'étang situé juste derrière votre castel afin de discuter avec elle de tout cela et mon Ithilartëa a levé un bien étrange lièvre...nous étions espionnés. J'ai aussitôt renvoyé Dame Matsuno au château et je me suis lancé à la poursuite du curieux."

Je désigne d'un geste vague la direction du lieu où tout s'est déroulé en continuant:

"Je l'ai suivi jusqu'au vieux temple désaffecté qui se trouve par là-bas et je l'ai surpris en pleine conversation avec une elfe noire, l'indiscret était en train de lui révéler ce qu'il avait entendu de notre discussion. La Shaakte lui a ordonné d'envoyer un pigeon pour prévenir ses commanditaires, j'ai suivi discrètement l'homme jusqu'au sommet du temple pour l'empêcher d'envoyer son message et je lui suis tombé dessus. C'était Gerd, un soldat que j'ai aussitôt reconnu car j'avais passé la soirée précédente en sa compagnie à la taverne. Je l'ai forcé à parler et j'ai ainsi appris que la Shaakte était une espionne d'Omyre récemment arrivée, mais aussi qu'il existait un autre traître, un certain Roger Mirtod, sergent de l'intendance de votre armée. C'est lui qui informait les Oaxiens pour les convois...J'ai appris également que Gerd avait été contraint de vous trahir parce que sa femme et sa fille avaient été kidnappées, elles étaient enfermées dans les souterrains du temple d'après lui. Plus inquiétant, il m'a révélé qu'il y avait de puissantes créatures d'Oaxaca qui étaient aussi enfermées dans ces geôles, prêtes à être lâchées sur Luminion."

Je laisse filer un instant de silence pour que le Duc puisse assimiler mes révélations puis j'enchaîne:

"J'ai assommé Gerd et je l'ai ligoté, puis je suis redescendu pour m'occuper de la Shaakte, mais cette dernière avait disparu. J'ai alors proposé un marché à Gerd après l'avoir réveillé, je lui ai demandé de m'amener ce fameux sergent, j'espérais qu'il en saurait davantage sur cette Shaakte, en échange de quoi je libérais sa famille. Gerd a accepté et est donc parti chercher Roger Mirtod, et moi je suis descendu dans les souterrains pour m'occuper de sa famille et des créatures si elle existaient. J'ai sorti sa femme et sa fille des geôles, je les ai mises en sécurité à l'étage puis j'ai ouvert les autres portes et c'est là que j'ai découvert ces deux horreurs dont je vous ai amené les têtes."

Je fronce les sourcils en repensant au rude combat qui m'a opposé à ces abjectes goules et continue mon récit:

"Je les ai tuées, mais cela n'a pas été sans mal. Quand je suis remonté, Gerd venait de revenir, il avait réussi à faire venir le sergent en le persuadant que l'un de ses supérieurs voulait s'entretenir avec lui. Lequel sergent était présentement en train de monter dans l'édifice. J'ai renvoyé Gerd à Luminion avec sa femme et sa fille et je suis monté m'occuper du sergent. Je l'ai trouvé sur le point d'envoyer un pigeon, sans doute avait-il compris que c'était un piège et qu'il était grillé...je ne pouvais permettre que ce message parte, je lui ai donc tiré dessus et je l'ai tué."

Je m'assombris plus encore et poursuis d'un ton amer:

"Ce qui m'a échappé, c'est que la Shaakte était revenue...elle m'est tombée sur le dos alors que je fouillais le sergent en quête d'indices...je ne l'ai pas entendue venir et j'ai pris un sale coup sur le crâne qui m'a plongé dans l'inconscience. Quand je me suis réveillé...les pigeons avaient disparu, tout comme l'Elfe noire. Je n'ai certainement dû la vie qu'à la venue de mon fauve, je suppose qu'il a dérangé mon agresseur et l'a contrainte à décamper, en tout cas il était à côté de moi quand j'ai émergé de mon inconscience. Il m'a fallu un moment pour récupérer et quand je suis ressorti...j'ai découvert que cette maudite elfe noir avait trucidé Gerd et sa famille avant de me tomber dessus, sans aucun doute pour les empêcher d'en révéler davantage..."

Je serre les dents au souvenir de ces morts inutiles à mes yeux et achève mon rapport en regardant le Duc droit dans les yeux:

"Quoi qu'il en soit cette Shaakte ferait bien de ne pas traîner dans la région, mon Ithilartëa a un excellent odorat et il connaît maintenant son odeur. Pour le reste, vous avez deux traîtres de moins dans vos rangs et les Oaxiens ne seront plus informés à propos des convois partant de Luminion. Et, point non négligeable, ces deux abjectes créatures ne sèmeront pas le chaos dans votre ville. Désolé donc d'avoir semé le trouble dans la région, mais je crois que cela en valait la peine. Ai-je tort de le penser?"

Un long récit quelque peu biaisé par rapport à la réalité, certes, mais ce qui s'est passé entre Färya et moi ne concerne nullement Messire de Pérussac et ne change rien par rapport à la sécurité de Luminion, l'essentiel étant à mon sens que les traîtres aient été démasqués et ces goules exterminées.


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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Lun 6 Mar 2017 13:03 
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Le Duc se passa la main dans la barbe d’un air ennuyé à plusieurs reprises à l’écoute des explications fournies par l’elfe gris. Il leva une main nerveuse, presque agacée, lorsque ce dernier lui demanda s’il avait tort de penser que ses actions avaient été bénéfiques.

« Oui, oui, vous avez débarrassé le Duché de deux créatures monstrueuses, et démis deux espions à la solde d’Oaxaca. Cela ne pourrait être une mauvaise chose. Néanmoins… »

Il secoua la tête, soupirant à nouveau avant de poursuivre.

« Vous auriez dû me prévenir, ou prévenir mes hommes avant d’agir. Vous avez voulu jouer cavalier seul, et ça a eu de lourdes conséquences : un témoin majeur de ce complot est mort en la personne du Soldat Gerd. Et le responsable de ces tractations, le sergent Mirtod, aurait dû trouver sa place dans mes geôles pour être interrogé, plutôt que par le fil de votre épée. De plus, avec le soutien de mes hommes, jamais cette shaakt n’aurait eu l’occasion de fuir. Vos action, Ser Ithil, bien que bénéfiques à court terme, n’enlèvent rien à la menace qui pèse sur Luminion à long terme : nous ignorons si le réseau n’est pas plus étendu. La shaakt pourra encore faire peser sa menace sur d’autres de mes hommes, et les amener à trahir leur patrie, sous la menace ou par intérêt. »

Il darda un regard plus insistant sur le guerrier de l’Opale.

« Je ne suis pas sans ignorer que vous souhaitiez bien faire, et me prouver votre valeur. Et j’imagine votre peine de ne pas recevoir là que mes remerciements. Mais c’est ce que je craignais en demandant de l’aide d’une âme solitaire, un justicier vagabond n’étant pas rattaché à mes ordres ou à mon armée : la justice expéditive, la perte d’informations, la mort d’innocents. Et je ne peux vous en vouloir. Je ne peux m’en prendre qu’à moi : j’ai décidé de faire confiance à un cavalier seul, un aventurier solitaire. Et c’est comme ça que vous réglez les choses, vous. »

Il marqua un moment de silence, comme perdu dans ses pensées, et conclut :

« Vous ferez un bon garde du corps pour Dame Matsuno et ma pupille. »

Était-ce une condamnation ?

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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Lun 6 Mar 2017 15:33 
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Le Duc semble ennuyé voire agacé par mon récit et, une fois que je l'ai achevé, il prend la parole pour me reprocher de n'avoir fait appel à lui et à ses hommes afin de régler le problème. Il aurait bien entendu aimé pouvoir interroger lui-même les traîtres et capturer la Shaakte, ce qui lui aurait permis d'obtenir de plus amples aveux. Mon action, ajoute-t'il, ne diminue en rien la menace qui pèse sur son duché, un point de vue très discutable à mes yeux mais je me garde d'intervenir pour l'instant, me contentant de le dévisager d'un air rigoureusement impassible.

Robert de Pérussac poursuit en supposant que je souhaitais lui prouver ma valeur en agissant ainsi à la façon d'un justicier vagabond, précisant qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui puisqu'il a décidé de faire confiance à un aventurier solitaire. Justice expéditive, perte d'informations, mort d'innocents, voilà ce qu'il déplore dans mon action. Il achève son discours en affirmant que je ferai un excellent garde du corps pour l'ambassadrice et sa pupille, ce qui dans le contexte présent sonne comme une condamnation. Je laisse passer quelques secondes de silence, mon regard de jais indéchiffrable toujours rivé à celui du Duc, puis je lui réponds avec le plus grand calme:

"Messire de Pérussac, je suis venu vous voir, il y a de cela quelques jours, pour vous proposer de me joindre à vous. Cela très précisément afin de ne pas endosser ce rôle de "justicier vagabond" que vous m'attribuez. Vous ne m'avez pas demandé mon aide, je suis venu mettre mes lames à votre service, au service de votre cause, à vos ordres en somme. Mais vous m'avez envoyé paître, bien que fort aimablement, et donc ainsi enjoint d'agir en "aventurier solitaire" jusqu'à l'instant où j'aurais fait mes preuves."

Je lui souris aimablement et poursuis après une brève pause:

"Aujourd'hui je reviens vers vous après avoir démantelé le réseau d'espions d'Omyre dans votre ville et supprimé deux monstres redoutables qui auraient causé la mort de bon nombre de vos innocents sujets s'ils avaient vécu. Et vous dites avoir eu tort de m'accorder votre confiance? Mais quelle confiance m'avez-vous accordée, Messire Duc? Aucune, pas la moindre, vous m'avez envoyé promener la dernière fois et vous faites de même aujourd'hui."

Je lève une main pour lui indiquer que je n'ai pas fini, tout Duc qu'il soit je suis un Danseur d'Opale et je ne reconnais d'autre autorité sur mon destin que celle de Sithi. Je n'ai pas l'intention de me laisser traiter comme quantité négligeable et soumise par un noble, si puissant et influent qu'il soit:

"Je vous ai dit avoir surpris des palabres entre cette Shaakte et Gerd et avoir fait parler ce dernier. M'interrogez-vous pour obtenir tous les détails que j'ai découverts? Non, vous me congédiez en supposant que je vous ai révélé tout ce qu'il y avait à savoir et en me reprochant ce que je n'ai malheureusement pu accomplir. Perte d'informations, disiez-vous? Ne suis-je pas devant vous pour vous faire un rapport circonstancié, bien que vous précisiez vous-même que je ne suis nullement sous vos ordres et ayez en quelque sorte refusé mes services? Entre nous, seigneur Duc, êtes-vous bien certain que ce soit moi qui fais cavalier seul dans cette histoire?"

Je le fixe au fond des yeux d'un regard sévère et assuré, achevant mon discours par ces mots:

"Vous parliez de confiance, Messire de Pérussac. Alors dites-moi, quelles raisons ai-je, moi, de vous accorder la mienne sans concession alors que vous m'avez classifié dès notre première entrevue comme un aventurier solitaire que vous considérez au final comme quantité négligeable? Pensez-vous obtenir de moi un appui inconditionnel et un partage total de ce que je sais en me traitant comme un insignifiant soudard en mal de justice expéditive? Mettez-vous un instant à ma place, Messire Duc, feriez-vous confiance à quelqu'un qui vous méprise, lui donneriez-vous tout de vous-même?"


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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Mar 7 Mar 2017 15:39 
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Intervention GM.


Le Duc parut cette fois ostensiblement mécontent des dires de l’elfe gris. Il remuait nerveusement sur son siège, comme si la patience lui manquait, et que la moutarde lui montait au nez. Il patienta néanmoins jusqu’à la fin du discours de Tanaëth pour rétorquer sèchement :

« Vous me prêtez des intentions qui ne sont miennes, elfe. Je vous ai fait confiance car j’ai cru que vous pourriez apporter ici la paix que vous me promettiez. Non pas en œuvrant en loup solitaire, mais en apportant un soutien à mes troupes. Comprenez que ce que vous avez fait à mes hommes, quand bien même étaient-ils de vils espions à la solde d’Oaxaca, est un meurtre, et que je ne peux cautionner de telles choses sur mon territoire. Nous sommes en pays civilisé, voyez-vous ? Un pays où la justice décide s’il est bon ou non de trancher des têtes après un procès équitable. Et non des individus rôdant sous couvert de bonnes intentions. »

Son ton était dur. Sans doute Tanaëth était-il allé bien trop loin dans sa condescendance, cette fois.

« Je ne vous demandais pas de partir. Et je suis toute ouïe des informations que vous auriez pu récolter en œuvrant seul sur cette affaire. Je signifiais juste que votre place était sans doute plus dans une mission de garde rapprochée, au vu de vos talents au combat, qu’au sein d’une garnison, à cause de votre manque évident de notion d’ordre et de respect de l’autorité. Je ne vous considère en rien comme quantité négligeable, ser Ithil. Je vous considère comme un inconnu qui me demande une confiance absolue, au point de lui confier des troupes, à qui j’ai demandé de faire ses preuves, et qui n’est apparemment pas capable de reconnaître ses erreurs lorsqu’il en fait, quelles qu’aient été vos actions bénéfiques, ici non remises en doute. »

Il souffla en croisant les doigts devant son visage.

« Si vous ne me faites pas confiance, sindel, rien ne vous retient ici. Je vous rappelle que c’est vous qui sollicitez mon soutien pour vos projets, quand bien même ceux-ci m’arrangeraient énormément, chose que je n’ai jamais niée. Aussi de deux choses l’une : soit vous vous pliez aux règles et aux lois de ce pays que vous foulez, soit vous restez cet enfant gâté qui ne semble pas supporter qu’on le gronde, et vous quittez séant mon Dûché. »

Le mécontentement était clair. Rien n’était acquis auprès du Duc de Pérussac. Loin de là, même. Et d’une action positive, il en tirait une bien piètre récompense. Sans doute l’elfe était-il plus doué pour se battre que pour la diplomatie…

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 Sujet du message: Re: Castel du Duc de Luminion
MessagePosté: Mar 7 Mar 2017 19:20 
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Le Duc n'apprécie pas mon discours, mais je ne m'attendais pas franchement à ce qu'il le prenne bien et je demeure de marbre alors qu'il me rétorque avec une extrême sécheresse que je lui prête des intentions qui ne sont pas les siennes. Il affirme m'avoir fait confiance pour rétablir la paix dans son duché, précisant qu'il attendait de moi que je soutienne ses troupes plutôt que de me comporter en loup solitaire. Il m'accuse ensuite du meurtre de ses hommes, un pluriel qui me fait intérieurement grimacer, et ajoute qu'il y aurait du y avoir un procès équitable pour les juger. Il poursuit en disant qu'il ne m'a pas demandé de partir et qu'il est tout ouïe quant à ce que j'aurais pu apprendre, puis déclare que ma place n'est sans doute pas dans une garnison au vu de mon manque de discipline et de respect de l'autorité. Je l'écoute sans sourciller me dire qu'il me considère comme un inconnu venu lui demander des troupes, bien que je ne lui aie jamais rien demandé de tel, incapable de reconnaître mes erreurs lorsque j'en fais.

Il souffle et croise les doigts devant son visage, poursuivant plus sèchement encore que si je ne lui fais pas confiance il ne me retient pas, que c'est moi qui suis venu lui demander son aide pour mes projets qui, par ailleurs, l'arrangeraient fortement. Il achève sa tirade en déclarant que j'ai le choix, soit je respecte les règles et les lois du pays dans lequel je me trouve, soit je quitte séance tenante son duché si je suis incapable de me comporter autrement que comme un enfant gâté incapable de supporter qu'on le gronde. Syndalywë intervient aussitôt, coupant court à la sombre colère qui monte en moi à cette dernière insulte:

(Du calme! Diplomatie, Tanaëth, te mettre cet humain à dos ne servira pas tes buts...)

Je sens ma Faëra irradier de pensées apaisantes dans mon âme, une chance car je crois bien que je serais salement rentré dans le lard de cet humain présomptueux...Mais je ne peux laisser passer cet outrage sans réagir, quant bien même il me faut prendre sur moi pour ne pas remettre cet homme à sa juste place ainsi que le ferait n'importe quel noble Sindel. Je prends une profonde respiration afin de retrouver ma sérénité et me donner le temps de choisir mes mots avec soin:

"Vous devez faire erreur sur la personne, sire, si vous pensez pouvoir me gronder comme un enfant gâté. Vous êtes Duc, je me trouve présentement en vos terres et votre autorité fait loi, fort bien, je ne conteste rien de tout cela. Je suis pour ma part Seigneur de la Maison Ithil, ma Famille fait partie de la Noblesse Sindel depuis plus de millénaires qu'un humain n'en saurait compter, je dirige un ordre militaire tout aussi ancien et, sans vouloir vous offenser en rien, j'ai au bas mot trois fois votre âge. Alors restons courtois et constructifs, voulez-vous?"

J'ai parlé calmement et poliment, bien qu'une certaine froideur transparaisse dans le ton employé, mais ma Faëra n'en soupire pas moins:

(Diplomatie, je te disais...)

(Quoi?! Je ne vais quand même pas me laisser traiter comme une bonniche qui aurait renversé une coupe de vin par cet humain!)

(Pfff...Sindel jusqu'au bout des ongles...)

(Hey! C'était extraordinairement modéré comme réaction, tu n'imagines pas ce que...)

(Si si, j'imagine très bien...mais il faudra que tu fasses encore quelques efforts pour traiter avec des nobles humains...ils n'aiment pas être remis en question.)

(Bah, ils ont des courtisans pour leur lécher les bottes, ne compte pas sur moi pour ça...)

Je retiens sévèrement un sourire en sentant l'exaspération de Syndalywë devant ma mauvaise volonté à comprendre ce qu'elle me dit et poursuis, sur un ton rigoureusement neutre cette fois:

"En passant, je n'ai tué que l'un de vos hommes, pour l'empêcher de transmettre des informations potentiellement sensibles à votre ennemi. J'aurais préféré vous l'amener pieds et poings liés, croyez-le, mais j'ai du faire un choix dans l'urgence et j'ai décidé d'empêcher le message de partir. J'ai fait des erreurs, je n'en disconviens pas, mais sauf votre respect elles ne sont pas celles que vous me reprochez. J'ai sous-estimé la Shaakte et je n'imaginais pas avoir à faire à des créatures de la puissance de ces goules au sein même de vos terres, voilà en quoi je me suis fourvoyé."

Je hausse les épaules et expose le fond de ma pensée quant aux critiques faites par le Duc:

"Pour le reste, il m'aurait fallu un temps considérable pour venir quérir l'aide de vos hommes et il serait impossible à une troupe d'approcher de ce bâtiment sans être repérée. De plus il n'y avait aucun signe d'occupation du lieu, cette Elfe noire ne s'y trouvait vraisemblablement que pour le temps d'un rendez-vous. Vous ne l'auriez pas capturée, Messire de Pérussac, elle aurait largement eu le temps de libérer les goules avant de filer. Combien d'hommes loyaux auriez-vous perdu dans l'affaire? En l'occurrence deux traîtres et, je le déplore plus que vous ne pouvez l'imaginer, deux innocentes sont mortes. Vous pourrez m'accuser de cynisme si vous le souhaitez, mais je pense que vous n'auriez pas gagné au change si j'avais agi différemment. Cela dit, si mon raisonnement est erroné je serais heureux d'apprendre en quoi, sincèrement."

Je laisse filer une seconde de silence et enchaîne gravement:

"Maintenant je vais être franc avec vous, Messire Duc: si je respectais les règles et les lois, je serais bien tranquillement assis derrière un bureau à Nessima où je gérerais le domaine et la fortune de ma Famille. Accessoirement, je vous considérerais, vous et votre peuple, comme des êtres inférieurs ne méritant pas même un regard et je n'aurais certainement pas pris la peine de dégainer mes lames pour défendre vos sujets lorsque les Garzoks les ont attaqués. Par chance pour eux je ne suis pas un bon Sindel respectueux des règles et je ne crois pas que le moindre de vos paysans me soit inférieur. Et c'est une chance pour vous également, parce que si je respectais à la lettre vos lois et vos règles je ne vous serais d'aucune utilité, je serais comme vous: j'aurais les mains liées. Ce qui ne signifie pas que j'aie l'intention de me comporter en sauvage et de bafouer les lois de votre pays, loin de là, je ferai de mon mieux pour les respecter. Mais s'il me faut transgresser quelques règles ici et là pour parvenir à abattre la puissance de l'Empire Oaxien, alors je n'hésiterai pas un instant."

Enfin, je rive mon regard à celui du Duc et achève posément:

"Voilà, à vous de me dire si je dois quitter sans délai vos terres, ou si nous pouvons nous entendre pour oeuvrer dans un respect mutuel à la chute de nos ennemis communs. Auquel cas je pense avoir encore quelques atouts et renseignements précieux à partager avec vous. Dans le cas contraire, je suppose que l'Ynorie accueillera favorablement un combattant dans mon genre, j'ai ouï dire que leurs frontières étaient rudement malmenées."


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