Trajet maritime sur la Flèche entre Caix Imoros et Khonfas

La Flèche est un navire long et effilé, sombre et silencieux lorsqu'il glisse sur l'océan. Le capitaine est un Shaakt assez robuste qui aime prendre la mer avec ses matelots.
Il est peu regardant sur ceux qui embarquent, tant qu'ils payent leur voyage en bons yus.

Durée du trajet en bateau entre les villes des 4 continents

Vitesse : standard (x1)

(Les yus dépensés ici ne seront pas retirés de votre fiche)

((( Hors RP, Pour les besoins de mon RP, mon personnage doit embarquer sur un navire marchand entre Khonfas et Caix Imoros qui soit dirigé par un capitaine humain. La flèche ne convient donc pas. Malgré tout, je mets mon post ici en espérant que cela ne crée aucun problème. merci )))

Cela faisait maintenant une nuit et une matinée que la Brise Azure avait appareillé.

Après avoir quitté Xantor le jour précédent, Sildarim s'était directement rendu au port en évitant autant que possible d'attirer l'attention. Sur le chemin il avait évité plusieurs patrouilles qui contrôlaient l'identité des passants. L'une d'elle était même dirigée par une prêtresse shaakt qui avait arrêté un marin humain de passage dans la ville haute. Le rodeur nota que l'apparence de l'homme ressemblait vaguement à la sienne. La prêtresse avait interrogé son prisonnier sur place, ses cris de douleur résonnant d'un bout à l'autre du marché aux esclaves, tandis qu'une petite foule de curieux se formait pour assister au supplice et à l'inévitable mise à mort du malheureux. N'ayant rien obtenu de lui, mais ne voulant pas décevoir la foule avide de sang, elle fit crucifier sa victime à l'entrée du marché. Ce genre de pratique était de toute manière courante, car cela rendait les esclaves plus dociles. Sildarim ne s'attarda pas et fonça en direction du port.

La chance était avec lui, car il y avait justement un navire marchand en partance pour Caix Imoros qui s'apprêtait à lever l'encre, la Brise Azure. Le rodeur paya le prix de sa traversée plus un supplément pour qu'on évite de lui poser des questions. Le capitaine, un immense humain dont la barbe rousse ne parvenait pas à cacher l'imposante bedaine accepta l'argent et l'invita à bord alors qu'on larguait les amarres. On lui montra l'emplacement de sa cabine. Le rodeur pensa que le terme de placard à balais aurait mieux convenu, mais ce n'était pas le moment de faire la fine bouche. En effet, au moment de l'appareillage, l'attention du rodeur avait été attirée par un shaakt placardant une affiche sur les docks. La vue perçante du rodeur lui permit de la lire malgré la distance: La Maison Joffra offrait la somme de 5000 yus à quiconque donnerait une information menant à sa capture.

(Il était temps que je quitte la ville. Heureusement, personne à bord n'a pu lire cette affiche).

Le semi-elfe s'accouda au bastingage et observera Khonfas qui s'amenuisait. Le soleil se couchant sur la mer donnait au tout un aspect merveilleux. Sildarim finit par regagner sa cabine, verrouilla la porte et s'écroula sur la paillasse faisant office de lit. Il s'endormit comme une masse, tandis que le navire faisait route vers le nord.

Au matin, le semi-elfe se leva dès l'aurore et fit quelque pas sur le pont. Ses muscles le faisaient souffrir, séquelles des attrocités subies. Il ne s'en inquiéta pas, trop heureux d'avoir échappé à Lizmyar et aux tortures qu'elle lui avait infligées.

Quand il pensait à la prêtresse, ses sentiments était confus. Une chose était certaine: il la haïssait. Il lui avait sauvé la vie et lui avait évité un destin pire que la mort alors que les soudards de Xantor s'apprêtaient à la violer. Pourtant au lieu de simplement le remercier et éventuellement lui rendre la pareille en lui permettant d'accéder au port, la shaakt l'avait trahi et attaqué. Puis elle avait tenté de lui voler la seule chose qui lui appartenait vraiment: sa liberté. L'équipement, la richesse et les possessions terrestres, tout cela n'était qu'éphémère aux yeux du semi-elfe qui n'avait jamais couru après de telles chimères. Mais son libre arbitre, sa capacité à faire des choix et à assumer leurs conséquences, c'était bien là le seul trésor qu'il possédait et chérissait. Si Lizmyar était parvenue à ses fins, le transformant en esclave docile et dévoué comme son ancien champion, Karin, elle lui aurait tout simplement volé son âme.

D'un autre côté, malgré le dégoût que lui inspirait le mode de vie des Shaakts, il devait bien admettre que la prêtresse était une créature magnifique et sensuelle, le fantasme incarné de la majorité des hommes. Il ne pouvait nier l'attirance qu'elle lui avait inspiré. Il se souvint du moment où elle le chevauchait à moitié nue, juste avant qu'elle ne devienne la furie qui l'avait presque tué. Mais cette attirance n'était qu'illusion.

Ensuite en le soignant elle l'avait appelé "mon amour". Qu'est-ce que cela signifiait exactement pour elle ? La prêtresse était-elle capable de comprendre le sens profond de ces deux mots ? Il en doutait. On disait souvent que l'amour est proche de la haine, mais le rôdeur n'était pas d'accord. L'amour est un sentiment plénier, qui ne peut être mêlé d'une si noire violence. Pour le rôdeur, l'amour consiste au contraire à laisser ses propres envies au second plan pour faire passer le bien-être et les besoins de l'autre en priorité. Quel amour y avait-il dans les actes de Lizmyar à son égard ? Pour lui ce n'était que l'expression la plus malsaine du désir, un sentiment possessif et passager.

Perdu dans ses pensées, le semi-elfe n'entendit pas le capitaine arriver.

Déjà levé ? généralement mes passagers ne sortent pas de leur cabine avant la moitié de la matinée.

Lentement le rôdeur se retourna. L'humain était adossé au mat et le regardait en souriant. Cela faisait bien longtemps que personne ne l'avait observé de cette manière. L'attitude franche du marin mit tout de suite le semi-elfe à l'aise.

Je suis plutôt du genre matinal et je ne dors pas très bien en ce moment…

Ca je veux bien te croire, pas facile de dormir quand on a été passé à tabac une bonne dizaine de fois les jours précédents…

Le rôdeur se raidit, soudain sur la défensive.

Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

Allons allons, inutile de jouer à ce petit jeu avec moi, je suis capable de reconnaître un esclave en fuite quand j'en vois un. Ceci dit c'est la première fois que j'en accueille un à bord qui est capable de se payer une cabine.

Le marin partit d'un grand éclat de rire.

T'inquiète pas moussaillon, j'ai un compte personnel à régler avec ces raclures de shaakts. C'est pas moi qui te livrerait, ni personne sur ce navire d'ailleurs. Nous faisons affaire avec ces pourritures uniquement parce que nous sommes très bien payés pour le faire, mais ça s'arrête là. Je dirais même que quand l'occasion se présente, j'hésite pas à passer un ou deux de ces chacals au fil de l'épée, ni vu ni connu.

Il sortit une flasque de rhum de son gilet, but une longue rasade puis tendit le gourde au semi-elfe qui renifla prudemment le liquide, avant d'y tremper les lèvres. Il eut l'impression d'avaler du feu en bouteille.

C'est sûr, c'est pas une boisson de fillette…

Merci, en fait j'en avais bien besoin. Comment avez-vous su que j'étais un esclave échappé ?

Pas de "vous" avec moi mon gars. Je me nomme Algondor et je suis le capitaine de cette coquille de noix, mais tu peux m'appeller Al. Pour répondre à ta question, t'as pas l'air très frais et hier quand on s'est serré la main, j'ai vu ton tatouage. Tu as faim ?

Sildarim suivit le vieux loup de mer dans son bureau, ou il se firent servir un solide petit déjeuner. Il mangea avec appétit car il n'avait pas fait de vrai repas depuis son arrivée à Khonfas.

Après avoir quitté le bureau d'Algondor, la panse bien remplie, Sildarim fit un petit tour sur le pont. Le navire était assez lent et la traversée allait durer un peu moins d'une semaine selon le marin. le rodeur fit connaissance avec l'équipage: tous de braves marins à l'image de leur capitaine. Il n'y avait pas d'autre passager, ce qui surprit quelque peu le rodeur car il aurait juré avoir entendu deux matelots parler d'un shaakt ayant acheté une traversée pour Caix Imoros le soir précédent. Quand il posa la question au capitaine, plus tard dans la matinée, celui-ci leva un sourcil malicieux:

Un shaakt dis-tu ? tu dois faire erreur… Il n'y a pas d'autre passager que toi sur ce navire.

Le rodeur avait toutefois noté que le marin se retenait de rire et abhorrait un magnifique pendentif en or blanc qu'il ne portait pas à son arrivée sur le bateau. Exactement le genre de bijou prisé par les shaakts. Il ne chercha pas à en savoir plus.

La matinée passa rapidement. N'ayant pas grand-chose à faire, Sildarim participa aux tâches de l'équipage. C'est ainsi qu'il fit la connaissance de Tim Brandefar, un humain d'environ 30 ans qui avait été recruté quelques mois auparavant par Al. Le marin avait tout de suite plu à Sildarim, de par son tempérament franc. En début d'après-midi, les deux hommes s'étaient placés à l'arrière du navire pour tenter de ramener de quoi agrémenter le souper du soir.

Silarim avait dans son enfance eu l'occasion de pratiquer la pêche à plusieurs reprises, cependant la méthode employée sur la Brise Azure était bien différente. Ici aucune canne à pêche n'était utilisable, le mouvement du bateau empêchait que l'on surveille efficacement l'hameçon. À la place, Tim avait apporté une corde au bout duquel pendait un grosse buche de bois.

Tu as jamais pêché la vérole océane je suppose ? C'est un gros poisson d'environ 1m de long, dont la chair est délicieuse et qui se trouve en abondance dans l'océan. Il a la particularité d'avoir une mâchoire garnie de trois rangées de dents orientées en triangle. C'est extrêmement efficace pour chasser, mais ça en fait également une proie de choix pour les pêcheurs.

Joignant le geste à la parole, il attacha l'extrémité de la corde au mat et jeta la bûche dans l'eau. Elle coula un instant puis revint à la surface, lentement tractée par le bateau.

Maintenant il ne reste plus qu'à attendre. Je sais pas trop pourquoi, mais ces poissons ne peuvent pas résister à la vue d'un morceau de bois flottant à la surface.

Le marin s'assit, s'adossant confortablement au bastingage et sortit une pipe qu'il alluma, s'amusant à faire des ronds de fumée.

Qu'est-ce que tu fabriquais à Khonfas ? C'est pas un endroit très sûr pour les humains. En tout cas, moi quand on y est, je reste sur le navire, ou si vraiment je dois sortir, je quitte pas le capitaine d'une semelle.

Je suis parti de Hidirain et j'y ai fais halte dans mon voyage à destination de Nosvéris.

Nosvéris ? mais pourquoi ne pas avoir pris le bateau depuis Tulorim ? y a une route maritime directe jusqu'à Lebher en partance de là bas…

A cet instant, le rôdeur réalisa qu'il s'était bien mal préparé pour son voyage.

En fait j'ai jamais trop quitté mon village avant. Je savais pas quel était le meilleur itinéraire. Khonfas me paraissait plus proche…

C'est alors qu'un grand bruit d'éclaboussure détourna leur attention.

Ca mord !! Aide-moi, faut le ramener à bord.

Les deux hommes commencèrent à tirer la corde, faisant des boucles autour d'un gros crochet fixé au mat, ce qui leur permettait de souffler un peu de temps en temps. En dessous d'eux, le poisson tressautait dans tous les sens pour tenter de se libérer.

C'est une sacré prise, il doit bien peser 50 kg.

Pourquoi il ne lâche pas la buche ?

Il ne peut pas… la configuration triangulaire de sa mâchoire l'en empêche. Allez, on y est presque !

Alors que dans un ultime effort ils faisaient basculer la vérole sur le pont, la queue de la bête frappa violemment Tim en plein visage. L'impact le propulsa en arrière. Sild tenta de le retenir, mais il n'eut pas le temps. L'humain bascula par-dessus bord.

UN HOMME A LA MER !!!!!!! hurla le semi-elfe.

C'est alors qu'il aperçut l'aileron qui filait au ras de l'eau à toute vitesse en direction de son nouvel ami. Sans réfléchir une seconde, il dégaina sa dague, prit son élan et sauta à son tour dans l'eau. Il atterrit, la dague pointée vers le bas, pile sur le dos du requin qui ouvrait tout grand la gueule pour attraper Tim, inconscient du danger. L'arme s'enfonça jusqu'à la garde. Sildarim retira vivement sa lame et frappa encore. Une, deux, trois fois. La bête commença à se débattre, projetant le rôdeur dans l'eau et s'enfonça dans les profondeurs, la dague figée dans sa colonne vertébrale. Sildarim regarda autour de lui, à la recherche d'un signe indiquant que le monstre revenait, mais rien. C'est alors qu'un canot rapidement mis à l'eau par l'équipage vint à leur secours. On les hissa au sec. Ils allaient remonter à bord de la Brise, quand l'un des marins montra quelque chose à 20 mètres sur leur droite. C'était la carcasse sans vie du requin qui flottait à la surface. Ils la remontèrent à bord. Tout en récupérant son arme, Sildarim se dit que le souper serait copieux au soir.

Le soir venu, Sildarim avait été l'hôte d'honneur du souper. Le récit de son intervention avec le requin avait rapidement fait le tour du navire, lui attribuant le sobriquet de "Sildarim le tueur de squalls". Tous les marins que croisait le semi-elfe tenaient à lui serrer la main ou lui offrir une rasade de rhum. Un peu gêné par ces marques d'attention, le rodeur ne pouvait nier qu'il appréciait ce moment. C'était la première fois de sa vie qu'il se sentait vraiment reconnu par son entourage. Le capitaine Algondor lui avait même proposé d'intégrer son équipage, ce à quoi le rodeur avait dit vouloir réfléchir, après tout cela lui permettrait peutêtre de se rapprocher de son objectif sans avoir besoin de repartir sur les routes.

La tombée de la nuit était l'occasion pour l'équipage de se rassembler sur le pont et de partager un repas commun. Afin d'honorer le héros du jour, Algondor avait exceptionnellement fait ouvrir un tonneau d'excellent vin ramené de Khonfas. Le repas fut copieux. Sildarim n'avait jamais goûté de requin. C'était une viande rude, mais remarquablement nourissante. La soirée continua au rythme des chants des marins. Le temps avait été magnifique toute la journée et la nuit s'annonçait du même acabit.

En fin de soirée, Tim s'approcha du rôdeur.

Viens avec moi, il faut que je te montre quelque chose. Normalement les passagers n'y ont pas accès, mais je peux bien faire une exception pour le tueur de squalls.

Suivi du semi-elfe, le marin s'approcha du grand mat et fit signe à son ami d'escalader l'échelle de corde menant au poste de la vigie, tout en haut.

Une seule personne peut-y monter à la fois. La première fois que j'ai vu le spectacle qui t'attend en haut, j'ai failli passer par dessus bord de saisissement.Intrigué, le rôdeur entreprit de grimper l'échelle de corde.

A quinze mètres au-dessus des flots, il ne put retenir une exclamation devant la vue féerique qui s'offrait à lui. Le ciel, vaste manteau piqueté de milliers d'étoile, semblait à portée de ses mains, tandis que les reflets de la lune ondulants sur la mer, s'étendaient à perte de vue dans toutes les directions.

Le rodeur resta immobile. Devant ce spectacle saisissant, il ne voulait rien faire qui risque de casser l'intensité de ce moment. Un déclic venait de se produire en lui. Pour la première fois de sa vie, il se sentait entièrement libre. Il eut le sentiment qu'une force mystérieuse quelque part avait mis en place les circonstances l'amenant à se retrouver ici à cet instant.

Sildarim avait toujours été athée, refusant de croire qu'il n'était pas aux commandes de sa vie et de sa destinée. Pourtant à cet instant, il se demandait s'il ne devait pas remettre cette certitude en question. Il avait le sentiment que sa conscience venait d'être effleurée par quelque chose. Cela n'avait rien à voir avec les prétendues démonstrations de puissance décrites par les soit-disants prophètes ayant connu l'illumination. C'était juste la douce sensation de ne plus être seul, d'être en paix avec lui-même et avec le monde. Mais qui était cette divinité qui s'était ainsi révélée à lui ? Il réfléchit à cette question sans réponse. Troublé il redescendit.

En arrivant sur le pont, il trouva Tim endormi. Il avait manifestement passé un long moment au sommet du mât.

Ses pensées entièrement tournées vers les événements qui venaient de se produire, il rejoint sa cabine et ferma la porte. Il se penchait vers sa couche, quand soudain il eut le sentiment d'une présence hostile derrière lui. Avant qu'il n'ait le temps de réagir, Quelqu'un le poussa en avant et passa un fil tendu sous sa gorge. Le rôdeur commença à suffoquer. Il rua et tenta de se dégager sans succès. Sentant ses forces s'amenuiser, il comprit qu'il devait agir vite s'il voulait avoir une chance de s'en sortir. Sa ceinture et sa dague se trouvaient sur la chaise, presque à portée. Il tendit la main mais il lui manquait dix bons centimètres pour s'en saisir. Rassemblant ses dernières forces, il plaça ses mains sur les côtés de son cou, tentant d'attraper le fil qui l'étranglait et se pencha en avant. Il parvint ainsi à gagner l'espace dont il avait besoin pour reculer sa tête vers l'arrière de toutes ses forces. Il sentit son crâne heurter violemment quelque chose. Instantanément, la pression sur son cou diminua. Il saisit alors sa dague au vol et frappa à l'aveugle derrière lui. La lame s'enfonça dans le corps de son agresseur. Un liquide sombre aspergea le rôdeur qui se libérera complètement. A ses pieds se vidant de son sang se trouvait l'un des marins du Brise Azure.

Sildarim le fouilla rapidement et trouva un pendentif représentant une forme ovale rouge percée d'une flèche noire. Ce symbole lui parut familier. Poursuivant ses recherches il trouva également un set de couteaux empoissonnés au suc de fayonelle. Le rodeur se souvint alors où il avait déjà vu le symbole, c'était sur le plastron de cuir de Maï. Il comprit alors que sa route venait de recroiser celle des tueurs rencontrés à Hidirain, ceux qui avaient presque tué Miradlis.

A la lueur de la lanterne éclairant la cabine de Sildarim, Tim et le capitaine contemplaient le cadavre qui baignait dans une mare de sang. Après avoir repris son souffle, le rodeur était directement allé chercher Algondor. Tim s'était réveillé au passage des deux hommes et leur avait emboité le pas, inquiet de voir leurs mines graves. Algondor inspecta le garrot dont s'était servi le tueur puis s'agenouilla et retourna le corps sans vie.

Je l'ai engagé à Khonfas une heure avant notre rencontre. Tu as une idée des raisons qui l'ont poussé à tenter de te tuer ?

Le rodeur hésita un instant, était-il vraiment sage de leur faire part de ses découvertes ? Il ne les connaissait que depuis quelque jours, pouvait-il donc leur faire confiance ? Il estima que oui, jetant le pendentif sur le lit.

J'ai trouvé ceci sur lui. C'est le sigle d'une bande d'assassins que j'ai déjà rencontré de par le passé, et qui sont certainement liés de loin ou de près avec la destination finale de mon voyage.

Par les écailles de Moura, la confrérie Nal Hakeb ! Algondor considéra Sild un instant. Pourquoi sont-ils après toi ? Qui es-tu ? Raconte-moi tout, ou je te jures que je te passes par-dessus bord, tueur de squalls ou pas !!

Décontenancé par l'attitude soudain hostile du capitaine, le rodeur raconta son histoire depuis le début sans omettre aucun détail. La disparition de Jonweld, son arrivée à Hidirain, l'attaque de Maï, les conclusions de l'herboriste et finalement son passage à Khonfas. Au fur et à mesure de son récit, il vit le capitaine se détendre, il conserva cependant un masque grave quand le rodeur eut terminé son récit

Quelle histoire complètement folle ! J'ai l'impression que tu t'es mis dans un sacré pétrin, mon ami.

Le capitaine resta impassible, sa colère l'ayant quitté. Le semi-elfe se tourna vers lui:

Au vu de ta réaction, je suppose que cette confrérie… Al Nakeb… ? t'es familière ?

Nal Hakeb, effectivement. Désolé de ma réaction mais je sais de quoi ils sont capables. Ce sont des mercenaires et des tueurs, agissant dans l'ombre et nourrissant de sombres desseins. Trafics divers, terrorisme, enlèvements, assassinat, ils sont là à peu près dans tous les secteurs de la criminalité organisée. Jusqu'à très récemment, leur existence même tenait du mythe. Navré de devoir te dire cela, mais ta présence à son bord pourrait mettre ce navire en danger, s'ils sont à tes trousses.

Du calme Al. Selon les rumeurs, Nal Hakeb agit en Nosvéris, c'est tout de même bien loin du lieu où nous sommes. Et puis quoi ? ils vont pas couler tout un navire, à cause d'une seule personne, non ?

C'est précisément le genre de chose qu'ils feraient pour éliminer une cible !! Je suis désolé Sild, mais malgré toute la sympathie que tu m'inspires, je crains que tu ne doives quitter ce navire au plus vite.

Pas de problème, je comprends. Je débarquerai à Caix Imoros et tenterai de leur faire perdre ma trace. Maintenant au moins, je sais qu'ils sont toujours sur mes talons.

Le reste de la traversée se passa sans problèmes et au matin du 6ème jours, ils entrèrent dans le port de Caix-Imoros. Le rodeur fit ses adieux à l'équipage et au capitaine. Cependant il ne vit nulle trace de Tim. Il prit congé un peu chagriné de n'avoir pu dire au revoir à son ami.

Alors qu'il quittait le port en direction des quartiers de la ville, une voix familière l'interpella

Bon… et maintenant qu'est-ce qu'on fait ? J'espère que tu sais où tu vas parce que Caix Imoros est très dangereuse pour les personnes qui ne connaissent pas ses rues.

Le semi-elfe tourna la tête et vit Tim, adossé à un mur de pierre, les bras croisés qui l'observait, son sac de voyage au dos.

Qu'est-ce que tu fais là ? je croyais que tu évitais de te promener seul en ville ?

Je suis pas seul, puisque tu es là… Et sinon j'ai décidé de t'accompagner. Manifestement la nouvelle de tes exploits à Khonfas a traversé la mer et tu m'as l'air d'avoir bien besoin d'aide, avec tous ces ennemis à tes trousses.

L'ancien marin lui tendit une affiche de recherche placardée au mur du port. La somme promise par la maison Joffra pour sa capture dépassait maintenant les 10000 Yus.

Tu es bien certain de ce que tu fais ? J'ai tendance à attirer la foudre …

J'ai une dette envers toi, tu m'as sauvé la vie sur ce navire et je compte bien te la rembourser plus intérêts. En plus, je ne suis pas le genre de personne qui laisse un ami foncer seul au-devant du danger.

En son for intérieur, le rodeur se sentit heureux. Pour la première fois il n'était plus seul.

Alors j'accepte, je suis heureux que tu m'accompagnes Tim.