L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Domaine Onirique
MessagePosté: Lun 20 Sep 2010 21:00 
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Domaine Onirique


Ce sujet servira aux rêveurs de la quête. Ils pourront y poster leurs songes. Pour plus d'informations, dirigez-vous vers le panneau d'affichage!

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 Sujet du message: Re: Domaine Onirique
MessagePosté: Mar 21 Sep 2010 11:18 
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Jour 1, nuit


Je laisse mon esprit sombrer dans les rêves. Je suis à nouveau dans un lieu qui m’est complètement inconnu. Le ciel est noir comme avant un terrible orage, je regarde mes mains dans l’espoir de les voir humaine, mais non, elles sont encore sous la forme de woran. Je regarde tout autour de moi pour essayer de reconnaître l’endroit. L’espace d’un instant, j’ai cru me retrouver à l’intérieur de moi-même car il y a de grands champs de fleurs, on peut y voir le mauve de la lavande, le blanc des marguerites, le rouge des coquelicots et j’en passe tellement il y en a. Le plus étrange, c’est qu’il n’y a aucune odeur qui me parvient.

Soudain le vent se lève, je peux voir son souffle dans les champs. Des ondes se forment dans les fleurs comme si je jetais une pierre dans l’eau. Après le vent devient tiède puis brûlant, je peux voir les fleurs se mettent à sécher puis au fur à mesure que l’onde avance, tout s’enflamme. Je m’enfuis dans la direction opposée à cet enfer. Je cours, mais je n’ai pas l’impression d’avancer, le feu reste toujours à la même distance de moi et devant moi le paysage reste identique, des champs de fleurs.

Je commence à ressentir les signes de la fatigue, mes jambes sont lourdes et douloureuses. Tout à coup, une main fantomatique m’attrape une jambe. Je chute la face la première contre le sol. J’avale de la poussière, un gout terreux envahi ma bouche. Je crache aussitôt pour évacuer la terre.

(Le feu, il va arriver, je dois me relever, vite.)


Je regarde le feu arriver sur moi, j’essais de bouger mes bras et mes jambes, mais rien de tout ça ne veut se déplacer. Je vois des mains ressemblant à celles de Sukmal me retenir, des mains squelettiques. Je me débats de toutes mes forces, mais je ne peux pas bouger, je suis comme paralysé. Je commence à transpirer à grosses gouttes, je sens le feu venir me chatouiller les pieds. Une odeur de cochon grillé vient effleurer mes narines, je gesticule comme un acharné. Ma respiration devient rapide, mon souffle court, j’ouvre les yeux bien grands et je pousse des hurlements :

« Lâchez-moi, lâchez-moi, je ne veux pas mourir »


Une lumière que je connais bien m’entoure, la lumière de Gaïa, une lumière blanche comme la neige, je vais m’en sortir. Quand soudain, la lumière disparaît et laisse place à un ricanement, un rire que j’ai déjà entendu, le rire de Sukmal. Je vois une vague de flamme apparaître au dessus de moi, je ferme les yeux en attendant de mourir. Je ne ressens rien, je n’ai rien, je n’ai pas brûlé. J’ouvre les yeux et une vision de cauchemar s’offre à moi. Je suis maintenant debout sur un petit ilot de terre et tout autour de moi un monde de flamme.

Je regarde partout, il n’y a rien à part le feu. Puis j’aperçois une forme au loin, un aspect féminin, une jeune femme. Puis je peux apercevoir son visage, j’ouvre la bouche pour crier le nom de Zephreina, mais aucun son ne veut sortir de ma bouche. Je veux m’élancer faire quitte à me brûler et je m’écrase contre un mur invisible. Je tombe à genoux et tends une main vers elle, une main voulant la secourir. Des larmes coulent le long de mes yeux venant humidifier mon pelage. Quand je vois deux immenses mains l’entourer. Au loin je peux voir le visage de Sukmal apparaître puis je peux entendre son rire glaçant. Un rire aussi froid que mon sang semble s’arrêter de couler.

(Non, non, laisse la, ne lui fait pas de mal.)


Je me relève et l’enfer de flammes qu’il y a autour de moi disparaît, laissant place aux ténèbres, à la noirceur d'une étamine de pavot. Une forme apparait devant moi, c’est Sukmal en personne qui se tient face à moi. Un excès de fureur m’envahi, je me jette vers lui quand il leva la main et une dizaine de ses soldats de l’ombre apparaissent. Je m’arrête aussitôt, je les regarde, elles sont toutes armées de chaines. Elles se lancent sur moi, j’en attrape une par la gorge et serre de toutes mes forces. Mes griffes rentrent dans une chair putréfiée. Je l’ai à peine tué que toutes les autres m’immobilisent sur le sol. Les chaines me sont passées aux bras, aux jambes et enfin à la nuque.

Les ombres tirent chacune de leur côté, je me retrouve écartelé comme si j'étais sur un rouet. Sukmal s’approche de moi et me dit à l’oreille :

« Ne t’inquiète pas je vais bien m’occuper d’elle. »

Puis il me touche le bras et alors celui-ci commence à perdre sa couleur orangée, les poils deviennent terne et sombre comme un fèces, une odeur de pourriture s’en dégage, je pousse des hurlements de peur. Je gesticule tellement que des ombres glissent. Je vois mon bras se dessécher, puis tomber comme le fût d'un arbre mort. J’écarte mes yeux au point que ceux-ci se mettent à vibrer. Je suis pris de panique à un tel point que je ne me rends plus compte de rien.

Soudain tout disparaît et je tombe sur le sol. Je regarde tout de suite, l’endroit où mon bras et tombé. Il est toujours à ça place. Je reprends une grande inspiration pour essayer de retrouver mon calme, mon corps tremblant de toutes parts. Les ténèbres autour de moi commencent à disparaître laissant place à nouveau aux différents champs de fleurs. Au loin, je vois Zephreina, je cours pour la rejoindre, mais dans un instant de méfiance, je me demande si je vais l’atteindre.

Elle se retourne, je ne la vois plus que de dos. Je cours de plus en plus vite, une fois à ça hauteur, je l’entoure de mes bras et à cet instant elle tombe en cendre. Je me mets à hurler :

« Je veux sortir de ce cauchemar »

Puis Sukmal apparaît encore une fois pour me dire :
« Qui te dis que tu es dans un cauchemar ?

-Je me suis endormi dans une auberge.

-Tu t’es endormi dans ta cellule. »


Je me réveille en sursaut et je regarde autour de moi, je suis dans les geôles de Sukmal. Je m’approche des murs, je les touche pour me dire qu’ils sont bien tangibles, pour être sûr que je ne rêve plus, je me pince et je suis toujours dans ma cellule. Je suis sous mon apparence humaine. Je n’en peux plus, je n’arrive pas à croire que j’ai rêvé tout ceci, je n’ai pas pu imaginer Kendra Kar, je n’ai pas pu imaginer mes pouvoirs de guérison, je n’ai pas pu rêver mon aspect de woran et je n’ai pas pu imaginer Zephreina.

Je tends les bras vers le ciel et je pousse un hurlement de désespoir :

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON »


J’entends la porte de ma prison s’ouvrir, je me blottis dans un coin de ma cellule. Je suis recroquevillé sur moi-même la tête dans les genoux. J’entends une voix, je relève la tête et j’ai juste le temps de voir la pointe d’une lance pénétrer dans ma poitrine. J’ai les yeux écarquillés, car il s’agit de mon bourreau et ce bourreau est Zephreina.

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 Sujet du message: Re: Domaine Onirique
MessagePosté: Sam 2 Oct 2010 03:41 
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jour 1, nuit


Quand Sirat entra dans la chambre de l'auberge, il ne fut pas surpris par le côté sommaire de l'endroit. Un simple lit en bois, usé par le temps, nappé de drap blanc, une petite commode bancale, sur laquelle reposait une bougie. Une fenêtre crasseuse, donnant sur l'extérieur.

Il s'affala sur le lit, qui grinça sous son poids. Le regard au plafond, regardant les nuances faites par les ombres projetées par la petite lueur de la chandelle, il repensa à cette journée catastrophique. Il essayait vainement dans tirer un bilan positif, mais coincé sur cette ile, l'angoisse tiraillait son coeur. Finalement il céda à la fatigue, relâchant ses muscles et s'endormit.

L'enfant observait le port à travers la brume du matin, il le découvrait chaque jour et se plaisait à le contempler au lever du jour. Les pieds dans le vide, écoutant les clapotis de l'eau, il suivait les pêcheurs montés leurs étales. Il souriait quand ils invectivaient les mouettes, tournant autour de leur butin. L'oiseau qui les avait guidés au large devenait un parasite, une fois revenue à terre. Sirat huma l'air marin, lui il aimait ses albatros, ils se sentaient proche d'eux. Il courtisait cette liberté, qui leur était propre et pourtant fugace car aliéner par ce besoin de rester proche des côtes. Lui aussi était abhorré par les habitants de Kendra Kar, il leur en voulait pour cela, pas totalement humain, mais pas totalement woran. Dans son âme l'enfant ne désirait qu'une chose, être accepté par ses détracteurs, sentir leur reconnaissance. Comme le goéland il souffrait de cette dualité, comme si dans chaque part d'amour il existait une part de haine. Il soupira et se leva, époussetant ses haillons, sa mère ne tarderait plus à l'appeler et il ne voulait pas qu'elle s'inquiète inutilement.

Il prit le chemin de la maison, s'infiltrant dans les ruelles, l'adolescent arpentait la ville comme il respirait. Elle coulait en lui, comme la sève s'écoule dans un arbre. Son coeur s'accélérait à mesure que les rues se rétrécissaient. Le jour n'apparaissait plus nettement, caché par les toits de la ville. Il se stoppa, quand il ne vit plus rien, l'obscurité avait recouvert de son manteau la petite artère. Haletant, il entendait le vacarme de son palpitant, il prit un temps avant de s'habituer à l'opacité de la ruelle. Les murs paraissaient sans fin, ils culminaient vers le ciel, le cachant dans leur écrin noir. Seul perdu, dans ces froides ténèbres, bercé de frisson, Sirat tâtonna pour retrouver son chemin. Il s'appuya sur la maçonnerie, sales et noirâtre, suivant comme le fil d'Ariane cet unique chemin de vie. Il arriva à la jonction de deux murs, créant un cul de sac ou un homme l'attendait, devant une vieille porte en bois. Sirat qui s'était habitué à la noirceur s'approcha calmement. L'homme observa son cadet, ses cheveux bruns entouraient un visage taciturne que Sirat reconnue de suite.

(Kedaw )

L'homme esquissa un sourire, ses yeux bleus s'éclairant comme des lanternes dans la nuit.

"Mon frère"

Sirat resta un instant perplexe devant l'affirmation de Kedaw.

"Je n'est pas osé te le dire, je..."

Décontenancer l'adolescent observa l'homme fort qui le jaugea

"J'avais peur que tu me rejettes "

Sans attendre la suite Keldaw attrapa Sirat dans ses bras.

Sirat ferma les yeux, se laissant aller à cette étreinte, éprouvant du plaisir à se sentir apprécié et estimé, il les rouvrit sur une pièce vide, éclairé par un feu de cheminée. Une femme woran lui tournait le dos, assise sur une chaise longue vétuste. C'était sa mère, c'était chez lui, pourtant rien ne ressemblait à ses souvenirs d'enfance. A la vue de celle qui l'a élevé, qui l'a toujours aimé même quand il revenait couvert de coup, après avoir commit un larcin, le colosse laissa échapper des larmes.

"Maman. "

"Pourquoi pleur tu fils du destin ? "

Les mots de sa mère percutèrent l'esprit de Sirat qui cessa net de pleurer, il se rappela de l'Hermite qui l'avait déjà nommé ainsi. Désorienté, hésitant, il s'approcha d'elle. La pièce était silencieuse, seul le bruit des crépitements du feu, résonnait dans le vide, tel des bruissements funèbres.

"Maman c'est toi ? "

"Tu dois écouter ton coeur Sirat, quoi qu'il arrive, je ne puis t'aider à faire tes choix, suit les signes."

"Maman, je t'aime, je veux te voir. "

Elle lui tournait toujours le dos, son visage tourné vers le foyer.

"Je... je m'excuse j'étais petit, je me rappelle plus, enfin... Ton visage, regarde moi... "

"Tout cela n'a pas d'importance, je vis en toi, il est temps que tu passes à autre chose tu dois te laisser aller à ta prédestination, ne reste pas enliser dans ton passé."

Il s'était rapproché d'elle, il posa sa main sur son épaule, afin de la tourner pour voir son visage. Mais aussitôt qu'il tenta de la regarder, l'image de sa mère ainsi que la maison disparurent dans un épais brouillard. La tempête emporta le corps adulte de Sirat, arrachant ses vêtements. Il hurlait le nom de sa mère mais rien, hormis le souffle de ce vent glacial ne lui répondit.

Il se réveilla dans l'herbe grasse de Cuilnen, couché sur le flanc. Il resta là, un instant avant qu'une voix familière ne le tire de ses lamentations.

"Sirat"

"Azalée !"

La jeune femme se tenait devant lui, nue, plus belle que jamais, ses cheveux tombant sur ses seins galbés. Il détourna son regard, bien qu'une envie impérieuse le dominait de l'intérieur. Quand il osa un regard fugace, elle s'était déjà rapproché de lui, agrippant sa main. Elle passa ses doigts sur son torse nu, dessinant ses pectoraux d'un geste gracieux et calme. Instinctivement, il plaça une main sur la chute de ses reins. Il caressa son visage, glabre, enchevêtré dans sa chevelure brune, qu'il dégagea délicatement. Au contact de sa peau, tiède, il l'enlaça fortement, partant en exil sur cette contrée onirique. Il voulut parler, mais la jeune femme passa ses lèvres au bord de son oreille, lui susurrant dans un gémissement presque étouffé :


"Chut, cet instant est à nous ne le gâche pas."

Ils s'embrassèrent, se laissant envahir par leurs appétits, lascivement, se découvrant l'un l'autre. Il sentait sa divine volupté, mélange exquis et taquin, qui l'enivrait. Les pâturages encore humides, devenait leur autel, consacrant ainsi leur passion au seul regard de la nature. Le bâtardé et la jeune guerrière se laissaient submerger dans leur danse sensuelle, rythmé par leurs soupirs de plaisir et le bruit de leur corps suave l'un contre l'autre.


Le calme revint sur la plaine, couvrant leur délice éphémère. Ils étaient allongés sur le dos. Sirat restait perdu dans ses pensées, respirant l'odeur de jasmin qui se dégageait du corps en sueur de sa complice, il savourait cet instant de bonheur. Elle se releva plongeant ses yeux émeraude dans l'ébène des siens.

"C'était notre moment, il n'y en aura plus jamais d'autre. Quand tu renaîtras, tu devras suivre ton chemin et m'oublier. Nous ne pourrons jamais le revivre."

"Qu'es que tu racontes?"

"Sirat, ton père nous a offert ce présent."

"Mon père ?! "

"Il y a une dernière chose que je dois t'offrir, son cadeau à lui. "

Elle passa sa main satinée sur la joue de son amant, l'air triste, les larmes bordants ses yeux.

"J'ai menti, ne m'oublie pas. Va fils du destin."

Elle l'embrassa fougueusement, il sentit alors pénétrer en lui une lumière chaude, qui écartela son âme. La flamme s'engouffra dans ses entrailles le brulant de l'intérieur, déchirant un à un chaque parcelle de son anatomie.

Sirat ouvrit les yeux sur le plafond sans vie de son appartement, crade et terne. Il soupira, passant sa main sur son visage.

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 Sujet du message: Re: Domaine Onirique
MessagePosté: Sam 16 Oct 2010 15:21 
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Jour 2, matinée



Confortablement couchée dans le lit mollet, j’entendis en sourdine une joyeuse mélodie qui semblait provenir de l’autre côté de la porte de cette chambre qui soudain me parut beaucoup plus petite. Je fermai les yeux, tournai ma tête en direction du couplet et tendis l’oreille afin de bien distinguer cette voix de fillette qui me semblait si familière. Après seulement quelques secondes d’écoute, je n’eus plus de doutes, je connaissais très bien cette jeune chanteuse, mais j’étais cependant très surprise qu’elle puisse se trouver au même endroit que moi.

(Adèle ? Ici, dans cette cité flottante ?)

Ma curiosité ayant eu raison de ma somnolence, perplexe et voulant en avoir le cœur net, je débarquai précipitamment du petit lit. Je sortis en vitesse de cette chambrette de fillette toute rose du plancher au plafond dont le luminaire n’était en fait qu’un dessin peinturluré à la main. Je dévalai ensuite deux à deux les marches qui étaient à présent à ma taille, franchis un étroit corridor puis m’extirpai de l’habitation.

Au lieu d’aboutir dans la rue comme je m’y étais attendu, je me retrouvai dans une immense pièce bien éclairée. Tout abasourdie, je fis volte-face pour regarder l’endroit que je venais tout juste de quitter pour constater que ce n’était qu’une maison de poupée. Une coquette maisonnette de bois, fait à la main par un artisan assez compétent.

Je reculai de quelques pas puis parcourus des yeux cette immense salle bleue. Appuyé négligemment contre le mur, se trouvait un joli cerceau rouge, puis par terre non loin, rangées dans des petits pots de verre transparents, je pouvais distinguer toute une collection de billes, certaines fabriquées à partir d’argiles alors que d’autres se révélait à être en fait des noix et des marrons. Poursuivant mon exploration, je découvris trois toupies et un ballon fait sans doute à partir de peau de cochon. Lorsque j’étais enfant, j’adorais jouer à la toupie, ne me lassant jamais de la faire tourner encore et encore. Le ballon, c’était plutôt la passion de mon petit frère qui aimait bien le frapper d’un bon coup de pied. Et puis, dans le coin droit étaient entassées une quantité impressionnante de poupées.. Des rousses, des blondes et des brunettes, des petites, des rondelettes et des élancées, leur point commun : elles étaient toutes de chiffon.
Une de mes interrogations fut vite éclaircie, j’étais dans une chambre d’enfant, d’une fillette plus précisément.

Et pendant tout ce temps qu’avait duré mon inspection, la voix n’avait cessé de fredonner :

«♫ C’est une poupée ♪qui dit non non non ♪et non ♫. Toute la journée, ♪ elle dit non, non, non et non♫. Et moi je la trouve jolie♪, oui, oui, oui et oui…♪ »

Puis là, à l’autre extrémité de la pièce, près d’un grand lit, installée à une petite table de bois d’érable, assise sur un tabouret fait de la même essence, me faisait dos la fillette à l’adorable voix.

« Adèle c’est bien toi ? »

Aucun sursaut, ni le moindre tressaillement, la petite poursuivait son activité sans broncher.

J’haussai alors la voix et répéta les mêmes mots :

« Adèle, c’est bien toi ? »


Adèle, si c’était bien elle, ne semblait entendre mes paroles. Je n’étais qu’une petite lutine, ma voix n’était sûrement pas assez forte. Je reposai encore ma question, mais en criant cette fois.

Mes efforts avaient été vains, la jeune demoiselle n’avait pas davantage réagi à mon cri. Cette fois, je me rembrunis, il était impossible qu’elle ne m’ait pas entendu, elle devait m’ignorer volontairement.

(Pourquoi ne me répond-t-elle pas ? Nous étions de bonnes amies pourtant.)

Effectivement, à mon départ de la ferme, Adèle m’avait offert un joli collier tressé, ainsi qu’une petite bouteille de sirop au miel. Je ne comprenais rien à son attitude soudainement si froide.

D’un pas décidé, je me dirigeai vers elle et sans hésitation, j’escaladai la patte droite du petit meuble pour rapidement me hisser au sommet. La petite fille qui était bien celle que j’avais cru reconnaître tricotait gaiement. Je me saisis d’un dé à coudre qui traînait sur la surface de travail et m’y assis. J’observais Adèle d’un regard noir attendant, tout en ruminant, qu’elle daigne m’adresser la parole. J’avais compris qu’il n’était plus la peine de m’égosiller, elle savait que j’étais là.

Après avoir terminé sa chanson et déposer son tricot, elle me regarda avec un petit sourire plein de mépris puis me répondit enfin :

« Tiens, tiens, tu viens me rendre visite à présent, toi qui étais si pressée de me quitter. »

Apparemment, Adèle m’en voulait d’être partie de sa ferme le matin venu. Je ne comprenais pas cette réaction, puisqu’à mon départ, elle avait été très aimable à mon endroit.

« Mais je devais retrouver mon frère, tu le sais bien, j’avais quitté le grand chêne pour partir à sa recherche et je t’ai connu en chemin »

Bizarrement, je trouvais qu’Adèle n’était plus aussi gentille, je la trouvais même capricieuse. A ma réponse, elle fit une moue d’enfant gâté et me répondit :

« Oui, mais quand tu as su qu’il était sans danger, tu n’es pas revenu jouer avec moi ! »

Elle avait raison sur ce point, j’en avais alors profité pour explorer la bise d’Ynorie. Je ne voyais pourtant pas en quoi j’avais mal agi, je ne la connaissais très peu cette fillette que je trouvais de moins en moins adorable et de plus en plus insupportable. Je lui rétorquai tout de même calmement :

« Il s’est passé tellement de choses ensuite… »

Avec un petit sourire pincé digne de la petite demoiselle qui sait tout, d’une voix criarde et désagréable, elle me répliqua à son tour :

« Tu as connu un vieux et laid lutin. »

Elle s’arrêta un moment, puis avec un sourire malsain, reprit sur le même ton désagréable, sans me laisser le temps de lui répondre que M.Porsal était un sage lutin tout à fait charmant et respectable.

« Puis tu es sortie de son affreuse maisonnette, et après tu t’es fait emprisonnée dans un sac. Tu as ensuite eu l’apparition d’une mignonne fée et tu as embarqué dans un engin volant, t’es fait attaquée par un dragon et a atterri sur une ile flottante. Tu t’es même battue vaillamment contre des bêtes de pierres, et puis ensuite tu es allée te reposer dans une maison de la cité. »

Adèle, cette fillette, arborant de splendides bouclettes brunes rehaussées par de magnifiques yeux bleus, avait tout d’une traite résumé les péripéties de mes derniers jours.

Je dévisageais cet enfant que j’aurais jadis qualifiée de charmante, et choquée par la véracité de ses propos, je la questionnai :

« Et comment sais-tu tout ça ? »

Relevant son petit nez retroussé, elle me répondit, apparemment très fière d’elle :

« Parce que toutes ces aventures, c’est moi qui les ait imaginées. Lorsque tu étais au marché, je t’ai capturée et puis j’ai joué avec toi contre ton gré ! Bien fait pour toi, nan ! »

J’étais naïve certes, mais pas au point de croire à ces ragots de fillette mal élevée. D’une voix pleine de sarcasmes, je l’attaquai de ma langue acérée :

« Impossible ! L’homme qui m’a capturée était un rustre qui empestait le tabac. Et puis ces aventures, je les ai bien vécues. »

J’étais à présent debout et je la défiais du regard. Pour sa part, elle ne se donna même pas la peine de nier mes propos, elle se contenta seulement de rajouter :

« Dans le sac, tu as bu de la potion au miel que je t’avais donné n’est-ce pas ?»

A cette question je fus bien obligée de répondre par l’affirmative, bien à contrecœur par un hochement de tête.

C’est alors qu’elle m’expliqua dans un vocabulaire un peu plus enfantin, que ce sirop était en réalité, une potion, une sorte de poison, qui altérait ma raison et ma volonté de telle façon qu’elle avait pu me manipuler et me faire croire à des choses qui n’existaient pas en réalité.

J’avais écouté ces explications sans piper mot, puis je regardai à ma droite, la partie de la chambre que je n’avais pas encore examinée. Tout juste à la gauche d’Adèle, je remarquai enfin le lit, un très grand lit, celui-là même dans lequel je croyais m’être assoupie. Je reconnus aisément ce drapé céruléen qui concordait admirablement avec les taies d’oreiller d’un bleu légèrement plus foncée. Puis levant les yeux au plafond, je vis un mignon petit mobile constitué de très jolies petites iles. Je regardai ensuite la tablette au dessus de sa tête de lit. De gauche à droite, je pus distinguer quelques jouets sculptés dans de la pierre de savon: un dragon et trois gargouilles. Je vis ensuite un petit engin de bois vraisemblablement l’aynore et pour terminer, tout au bout de la tablette, ce tenait une marionnette mi-homme, mi-woran fait en partie de bout de laines orangés.

Désemparée, je ne savais plus quoi répondre, je devais me résigner à admettre qu’elle m’avait dévoilée la vérité.

« Tu vois bien maintenant que c’est moi qui ait raison. »

Je réfléchis un moment, puis dans un dernier espoir, je criai :

« Mais mon amie Lilo, elle est vraie, elle existe et elle ne compte pas parmi tes figurines. »

Pour toute réponse, elle se mit à rire de bon cœur et ouvrit les bras pour que je puisse admirer sa jolie et délicate robe de soie bleue. Il n’était pas nécessaire de m’en dire davantage, j’avais compris. Elle s’était réservé le rôle de la grande dame bleue et je dois avouée qu’elle l’avait bien joué.

« Mais je me suis vite lassée de toi quand maman m’a apportée une poupée drôlement plus jolie, et en plus, elle, elle sait voler et elle n’a pas toujours les mains gluantes comme toi »

C’est alors qu’un sentiment d’horreur m’envahit lorsque je vis ma remplaçante voleter autour de moi. La seule créature dont l’inexistence ne m’aurait point chagrinée était bien réelle, la jeune Aldryde de l’auberge était là à mes côtés et riait à tout rompre d’une façon totalement déplacée.

Dans une ultime tentative de me sortir de cette sordide situation, je criai à l’intention d’Adèle :
« Mais elle n’a même pas de petites culottes. »


La petite Aldryde s’esclaffa de nouveau, puis me fit un petit sourire mauvais. J’avais hurlé ces quelques mots croyant à tort que je détenais un argument de poids. La petite fille de huit ans, ignora mon plaidoyer et détourna son regard pour ne plus s’occuper que de sa nouvelle protégé.

C’est alors que sans avertissement et sans ménagement, on me souleva de terre.

« Voyons ma petite chérie, que fais-tu avec ce vieux tas de chiffon ? »
La mère de la petite chérie, une brunette sortie de nulle part, m’avait ramassée par le pantalon et m’exhibait à sa fille.

« Plus rien maman, tu peux le jeter si tu le souhaites. »

( Quoi ? Moi un vulgaire déchet ? )

Je n’allais pas me laisser faire ainsi. Je me tordis le tronc dans l’espoir de pouvoir me déprendre de cette situation. En la regardant dans les yeux, d’un air piteux je ferai bien craquer son cœur de mère en l’implorant de me libérer.

« Madame, je ... »

Ma phrase resta en suspens, ce que je vis me fit perdre tout d’espoir. Cette femme n’était pas, ou n’était plus, la maman d’Adèle, mais la mienne. Elle n’était plus une humaine mais une lutine, ses cheveux n’étaient plus bruns, mais roux et ses oreilles parfaitement rondes étaient à présent pointues. J’étais sous l’emprise de ma propre mère, entièrement impuissante.

Cette mère qui avait été mienne dans de plus petites proportions s’approcha de la petite poubelle jaune. Je n’essayai même pas de m’échapper, j’avais abandonné toute tentative de lutte et d’évasion. La petite démone avait gagné la partie. Elle avait pris tous mes amis, volé mes aventures, et là, pire que tout elle avait ensorcelé ma mère, l’avait transformée en esclave géante. Rendue à destination, cette gigantesque lutine lâcha prise, et je tombai dans la poubelle, qui se révéla en fait à être la gueule toute grande ouverte du loup de Svalnir.

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Guasina, protectrice d'âme


Dernière édition par Guasina le Sam 15 Jan 2011 03:47, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Domaine Onirique
MessagePosté: Sam 16 Oct 2010 18:33 
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Jour 2, matinée


Le jour se lève et comme chaque matin, ce sont les écureuils qui vivent dans mon plafond qui me réveillent avec leur menuet en grignotis majeur. A l'école, j'ai appris que les humains se lèvent au chant du coq et je dois bien avouer que je suis très contente d'être une elfe car je préfère et de loin, ces petits rongeurs à la queue panachée. Mes petits pieds se posent sur le parquet grinçant, ma main sur ma meilleure amie. Elle s'appelle Alma, c'est une grande guerrière ! Mes parents n'aiment pas trop quand je raconte ses récits de guerre sous les champs de batailles. Mais que voulez-vous... Je ne puis taire ses exploits, c'est une aventurière de premier choix. Alma et moi, on se dirige vers les escaliers, je vais prendre un bon petit-déjeuner, me laver et ensuite, j'attendrais sagement devant la maison que Maman vienne me coiffer les cheveux. J'adore ces moments-là ! Rien que moi et maman, assises sur le banc, à nous raconter nos secrets, à regarder passer les palanquins royaux et la procession incessante de charrettes remplies de victuailles. Même une fois, nous avons vu la reine Thelhenwen passer. Elle m'a même sourie. Qu'elle était belle !

Dans les escaliers, le vent a soufflé comme si un fantôme venait de passer en courant. Il semblait si triste. Je sors du placard mon bol avec mon nom dessus, c'est mon bol et je n'aime pas trop quand Papa mange dedans. Selon lui, les choses n'appartiennent à personne, et il faut savoir partager. Mais pourquoi devrais-je partager si les choses ne m'appartiennent pas et pourquoi ce bol a mon nom dessus si ce n'est pour rappeler que justement c'est mon bol et non celui de papa. Je crois qu'il est jaloux, il avait son bol aussi avant. C'est Thelma qui l'a cassé. Je me suis faite gronder ce jour-là pourtant je n'y peux rien si mon voisin est aussi maladroit. Il l'a lâché quand je lui ai fait un bisou sur la joue. Les garçons, ils sont tous idiots, une vraie troupe de benêts, mais pas Thelma. Aujourd'hui, nous avons arithmétique, histoire divine et cours de musique. Je vais enfin pouvoir choisir un instrument. J'ai beaucoup réfléchi et je ne sais toujours pas, j'hésite entre la harpe, le oud et le dulcimer. Perdue dans mes réflexions, je fixe sans le voir un bol. Son nom est chantant, Wilwarin, le papillon. Je ne connais aucun Wilwarin pourtant. Il y a du bruit derrière moi, quelqu'un semble être tombé dans le salon et pourtant lorsque je retourne la tête pour voir, il n'y a rien ni personne. Tout est comme d'habitude dans la demeure, les deux sofas, la bibliothèque, rien de particulier. Le silence règne en sire incontesté.

Mais quel est ce vil prodige ? Suis-je sous un charme ou une incantation ? Je vois et je me vois. Je suis et je me regarde être. Mais je me regarde alors que j'ai 8 ans. C'est étrange. Il y a le bol de Wil' et pourtant il est né bien plus tard. La petite Lilotëa semble si insouciante. Elle vit, elle. Elle apprécie chaque moment de la journée à sa juste valeur, comme si tout était précieux même les fanfares des oiseaux et son cortège de plumes. Moi, Lilotëa, femme, je ne suis qu'un revenant pour elle. Je lui suis invisible et pourtant par moments elle semble reconnaître ma présence. Si je pouvais me parler, me dire de faire attention dans 92 ans et de revenir plus tôt. Si seulement, je pouvais... Le plancher craque à nouveau et bientôt, une elfe descend doucement les escaliers du chalet, digne d'une altesse, son sourire matinal me transperce le coeur. J'en viens même à détourner le regard, c'est trop dur de la regarder. Comme tu me manques... Je sens ton odeur, je pleure, je sais que tu es là mais je me refuse de te voir. Pourtant, j'en ai envie. Le son de sa voix résonne alors comme un requiem.

"Bonjour Lilo ! Tu as bien dormi ma chérie ?"

Avide de sa douceur enivrante, je me jette dans ses bras, la bouche encore remplie de céréales. Un gros bisou de lait plus tard, je suis un peu plus heureuse. Et la journée ne fait que commencer ! J'essuie à la hâte la table, je prépare le petit déjeuner de ma maman, oui, je suis grande et j'ai le droit de le faire. Papa n'aime pas trop parce que je casse souvent les choses, mais je n'y peux rien si la vaisselle est lourde et fragile à la fois. Aujourd'hui, pas de dégâts à l'horizon, un dernier câlin et je cours, Alma en main, vers la salle de bains. Lorsque je me regarde dans la glace, je pousse un petit cri, je viens de voir un ectoplasme, ma propre tête défraichie et vieillie. Je suis belle mais je fais peur. J'ai perdu mon sourire. Papa vient à la rescousse. Papa c'est mon héros, dès que je crie, il accourt, il appelle çà le prélude à la princesse en danger. Je le rassure et lui dit que j'ai rêvé sûrement puis il me rassure à son tour, les revenants ne sont pas les bienvenus dans sa chaumière et ils le savent.

Tout le monde est réveillé, mon spectre de corps, lui, a décidé de sortir du bâtiment, c'est trop dur. Comme je ne sais pas quoi faire, je m'assois sur le banc et je regarde la rue et sa ribambelle de passants. Ils ont l'air si vivants. Enfin comparée à moi... Je suis morte, je crois. Et pourtant je sens mon coeur contrit qui soudain bat la mesure de la folie lorsque je sens le peigne passer dans mes cheveux. Elle me parle, je revis, je l'écoute, mon coeur se noie. Elle me chante une petite berceuse douce, j'ai envie de vomir. Tu es morte alors pourquoi me peignes-tu les cheveux à présent ? Souveraine, je ne dis rien mais je n'en pense pas moins. Que me veux-tu ? Elle me répond qu'elle sait bien que je suis là, qu'elle sait aussi ce pourquoi je continue à vivre à présent. Je lui réponds que tôt ou tard ma quête sera terminée, la Rose Cardinale pliera sous ma lame. Elle me tapote le crâne, et oscille la tête pour me dire que j'ai tort. Je vis car je vis et c'est à mon tour de profiter. Vivre heureuse, avec Thelma, avoir des enfants, être épanouie. Voilà ma vraie destinée. Je m'offusque, je lui réponds que je ne connaitrai le répit que lorsque ma famille entière sera vengée. Et je fonds en larmes amères dans les bras de ma mère. Un petit garçon m'appelle alors et lorsque je tends mon regard vers lui, il me tend à son tour un bouquet de fleurs. C'est Thelma. Devant la barrière de notre villa forestière, une dame se tient droite devant nous, un sourire en coin. Je la regarde et j'ai la curieuse impression de la connaître sans pouvoir autant mettre un nom dessus. Et quand elle se met à parler, je comprends enfin deux choses essentielles. Comment ais-je pu oublier ce jour-là ?

"Alors Elveä ! On ne vient pas saluer sa soeur ?"

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 Sujet du message: Re: Domaine Onirique
MessagePosté: Lun 18 Oct 2010 22:28 
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« Jour 2, matinée »




Josh ouvrit les yeux, doucement, lentement. Son regard se posa sur la fine et frêle elfe reposant contre lui. Elle dormait profondément, tenant fermement l'une des mains du guerrier dans les siennes. Celui-ci se redressa sur lui-même et examina la pièce. C'était une petite chambre coquette, les tapisseries étaient bordeaux entrecoupées de broderies dorées, au plafond pendait un lustre couleur or et le sol était fait d'une moquette luxueuse. L'ensemble de la salle était chaleureux et royal. Retirant délicatement son bras de sous la belle, il s'écarta et se leva juste après l'avoir embrassé tendrement su la joue.

Il se sentait heureux, comblé, épanoui. Il attrapa une coupe en or se trouvant sur un socle près du lit, sentit son contenu, et en but une gorgée. L'un des meilleurs vins qu'il avait eu le plaisir de goûter. Sur un portant en bois massif reposait une longue cape en fourrure d'une couleur bleue roi qui rappelait celles des empereurs. Il la saisit et s'en munit d'un geste ample et gracieux. A travers la vitre il pu voir les premiers rayons du soleil caresser son visage et illuminer la pièce.

Il s'approcha de la fenêtre pour apprécier la vue, mais avant qu'il pu y arriver deux mains chaudes et douces vinrent se coller sur son torse. Il se retourna et l'elfe l'avait prise dans ses bras, plongeant ses yeux dans ceux du jeune homme. Elle l'embrassa alors amoureusement plaquant son corps contre le sien. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte. C'étaient de grands coups forts et impatients. Une voix familière arriva aux oreilles du jeune guerrier. Une voix exaspérée, autoritaire et très impétueuse.

« Hola ! Sire, votre heu... Votre saleté de bouillasse est prête ! Je vous...La pose sur le pas de la porte ! »

Josh entendit un léger bruit signifiant surement que le repas était installé devant l'entrée, puis, la voix se fit très basse, presque un murmure.

« Pt'ain de rouquin !!! »

Soupçonnant une entourloupe de la part du nain à crête, Josh lui demanda de lui apporter dans la chambre lui-même.

« En plus faut lui emmener à ses pieds ! Sp'ec de roi pourri gâté ! »

La porte s'ouvrit, et Josh, apparemment devenu roi entraperçu un grand garde poilu, roux et à la peau ocre. Il tenait fièrement une lame à la vertical devant lui et ne bougeait pas. Ses yeux étaient dans le vide et il ne faisait aucun mouvement. Le nain entra dans la chambre princière et posa une assiette creuse sur une tablette discrète entreposée dans un coin de la pièce. Il sortit alors aussi vite qu'il était entré et lorsque la porte se referma, ses vociférations à l'égard du jeune ynnorien se faisaient plus fortes. Josh se sentait à l'aise, servit par un nain désopilant, gardé par un humoran puissant, et en couple avec la plus jolie elfe qu'il n'avait jamais vu, Aenaria. Pourtant, en lui résidait un sentiment étrange, lui intimant qu'il n'était pas à sa place. Il se tourna vers la belle, troublé.

« Aenaria, pourquoi tout le monde me prend pour le roi ? »

Il avait trouvé sa réponse. Jamais il n'avait été roi. C'était ce qui lui avait échappé. Pourtant, cette réponse choqua l'elfe. Elle semblait désorientée, stupéfaite.

« Mais... Chéri, tu ne te souviens pas ? Ce qui c'est passé après notre nuit dans la chambre, t'en souviens-tu ? »

Bien sûr, le guerrier hocha la tête en signe de négation. Il avait buté sur le mot « chéri ». Il en était presque commotionné. Celle-ci continua son récit et ses explications de manière très dubitative.

« Lorsque nous nous sommes réveillés, le dragon nous a attaqué, les autres étaient là aussi, mais dans un sale état... Il allait m'arquepincer lorsque tu t'es mis devant moi, me sauvant la vie. Mon amour, tu ne te souviens de rien ? »

« Non, tout cela m'est inconnu... Je ne me rappel de rien... »

Tous deux se contemplèrent d'un air gêné. La porte raisonna à nouveau, de petits coups cette fois. Sans même attendre une réponse, le belle elfe bleue, Lilotëa, entra dans la chambre l'air sérieux et grave.

« Votre père veut vous voir, majesté. »

(Mon père ???! Mon père ???!)

« Mon père et mort dame Lilo ! »

Celle-ci fut offusquée par cette circonlocution. Elle paraissait contrariée et à la fois étonnée.

« Comment m'avez-vous appelez majesté ?! »

« Heu... Dame Lilo... »

Elle émit alors un petit cri de stupeur. Son regard était plutôt étrange. Elle mit son masque sans yeux et souffla alors :

« Votre père est vivant, il vous attend dans le hall ! »

Elle sortit alors en coup de vent. Josh était complètement abasourdi par ce que l'elfe venait de dire. Il laça sa robe, cachant ses parties intimes jusqu'alors visibles, et descendit les longs escaliers en colimaçons, tous en marbre blanc nervurés de vert. Au bas de la maison, le jeune roi fut encore plus interloqué en constatant la taille du rez-de-chaussé faisant au minimum cinq fois l'amplitude de la chambre. La pièce était très grande, mais vide. Des colonnes bien alignées parcouraient les côtés de la sale, le sol était de la même couleur que les marches, un élégant tapi rouge scindait la hall dans sa longueur, et le seul meuble visible était en or massif, brillant à la lueur des lustres. Un trône. Il était vide pour le moment, attendant surement son propriétaire. A son bord, un homme d'âge mûr patientait, debout. Lorsque le guerrier arriva près de lui, il ouvrit les bras en grand et hurla :

« Haaa, mon fils !!! Je t'attendais ! »

Les larmes montèrent aux yeux de Josh. Ce jeune roi n'avait pas vu son père depuis sa tendre jeunesse, et pourtant, ce dernier n'avait pas changé. Il arborait son air charmeur et téméraire, ses stigmates captivants et son sourire fastueux. Il lui sauta immédiatement dans les bras, l'étreignant avec ferveur. Quelques secondes, ou peut-être même minutes passèrent sans qu'aucune des personnes dans la salle n'ouvre la bouche, admirant ces belles retrouvailles.

« Papa... »

« Fils, j'aimerais beaucoup que tu me montre comment te sied cette armure magnifique avec laquelle il paraitrait que tu fut capable de terrasser ce saurien impressionnant. »

Son regard vint se poser sur une chose que le jeune guerrier n'avait pas vu jusqu'à maintenant. Au dessus du siège royal trônait une énorme tête, celle du dragon maintenant anéanti. Derrière eux se fit entendre un léger trot. Ils se retournèrent tout deux et virent arriver Karz, le jeune archer. Il portait dans ses bras un amas de pièces d'armures mauves et or. Il les déposa au sol devant son seigneur et se recula de quelques pas.

« Voici ton armure mon ami. Nous feras-tu l'honneur de l'endosser une nouvelle fois ? »

Toutes les personnes présentent dans la salle le regardaient, les yeux grands ouverts, attendant qu'il acquiesce. Ils étaient tous obnubilés par Josh, comme envoutés. Il consenti alors et commença à s'équiper. Lorsqu'il eu fini, l'armure se mit à luire faiblement. Aenaria arriva alors dans la pièce, descendant élégamment les escaliers, vêtu d'une magnifique robe blanche à dentelles, frottant le sol sur son passage. Elle semblait flotter en l'air, son visage radieux, ses cheveux remuant au rythme de ses pas. Cette vision glaça le sang du guerrier et lui coupa le souffle. Ce fut pour lui la plus belle chose que ses yeux eurent le plaisir d'admirer. Si l'elfe était la plus belle créature de ce monde, elle venait de se surpasser. Il n'y eu aucun son jusqu'à ce qu'elle arrive près du guerrier roux, puis, elle le prit par la main et l'entraina vers l'immense porte du hall.

« Viens mon beau roi, allons dire bonjour à notre peuple ! »

Lorsqu'ils furent près des portes, une homme à la peau blanche, aux yeux rouges , accompagné d'un loup blanc et un nain à la barbe brune arborant une énorme cicatrice sur le haut du crâne leurs ouvrirent le chemin. Derrière les remparts du château, une foule d'hommes de femmes et d'enfants de diverses ethnies les attendait. L'attroupement devait au moins comporter une dizaine de milliers d'individus. Dès qu'ils le virent, ils acclamèrent le guerrier mauve, criant et scandant son nom, la belle tenant son bras contre elle et posant sa tête sur son épaule.

Ainsi, son royaume s'étendait, sous ses yeux...

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 Sujet du message: Re: Domaine Onirique
MessagePosté: Mer 20 Oct 2010 23:09 
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Jour 2, matinée


Le son du clairon venait de me réveiller dans un brusque sursaut. J’émergeais rapidement du sommeil, le premier cours de la journée allait bientôt commencer. Devrais-je dire le premier cours de mon apprentissage militaire. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en cette première matinée. Moi et mes compatriotes sommes sorties de notre baraquement pour rejoindre le reste du groupe. J’ai croisé Ehemdim qui venait lui aussi assister au premier cours de cette journée. Nous nous sommes salués de la tête et nous prîmes place dans le grand hall qui avait été aménagé spécialement pour ce premier cours. Assise au premier rang de la salle, je découvris une dizaine de mannequins qui ressemblait à des humains. Par Sithi, qu’avait-il prévu pour nous ?

- « Bonjour, jeunes recrues. Je serais votre sergent instructeur durant la première partie de votre formation. J’espère que tout le monde est bien installé et que vous n’avez pas l’estomac trop fragile. »

Son regard d’ambre balaya la salle puis il sortit son épée de son fourreau et la pointa vers nous. Il trancha d’un seul coup, de l’épaule droite à la hanche gauche, le premier mannequin derrière lui. Le ventre de ce premier spécimen s’ouvrit immédiatement. Nous vîmes des viscères sortir de ce corps inanimé.

- « Voici le moyen le plus simple pour tuer un adversaire, une coupe transversale. On effectue un mouvement de haut en bas pour les droitiers et un mouvement inverse pour les gauchers. Vous coupez ainsi toutes les parties vitales de votre assaillant. Petit cours d’anatomie : vous coupez entre la veine sous-clavière et la veine axillaire, puis vous continuez votre chemin vers le cœur et l’artère pulmonaire, pour ensuite couper le segment initial de l’intestin grêle. Je vois des visages ahuris dans la salle, pour ceux qui ne le savent pas l’intestin grêle est composé de trois parties : le duodénum, le jéjunum et l’iléon. Vous arriverez certainement à couper ces trois morceaux, ils se chevauchent. Enfin si votre lame dévie, vous pourrez atteindre le foie voir les reins, si vous avez l’impression de couper dans du beurre, c’est que vous avez atteint la veine mésentérique supérieure. »

Il partit d’un rire tonitruant mais son explication avait refroidi l’ambiance. Nous étions tous apeurés, nous n’avions pas l’habitude de voir ce genre de chose. Par la suite, Veyrnal s’employa à nous montrer d’autres moyens de tuer ou de faire abandonner notre adversaire. Il finit par son attaque préférée. Pour cela, il délaissa son épée pour prendre le marteau qui traînait à côté du dernier mannequin. Il donna un grand coup au niveau du front du mannequin. Sa tête explosa par l’arrière laissant voir un bout de cerveau.

- « Et voilà ce qu’est une explosion cérébrale. Le choc induit par le marteau sur votre tête pousse violemment le cerveau contre l’os occipital qui explose sous le choc et fait ainsi jaillir la cervelle en dehors de la boîte crânienne. Méfiez-vous des personnes avec des marteaux. Maintenant… »


******


Mes yeux me jouèrent un mauvais tour l’espace de quelques secondes. Je me trouvais maintenant dans la salle que nous appelions la salle des tortures. Pour devenir un bon soldat, il fallait être capable de résister à la torture si jamais le camp ennemi faisait des prisonniers. Nous avons passé des heures à endurer la torture qu’elle soit physique ou morale. J’étais assise dans une chaise, les mains ligotés aux accoudoirs, les pieds ligotés entre eux, un bâillon entravait ma bouche. Je pouvais à peine respirer mais je devais tenir. J’avais déjà subi nombre de mauvais traitements, j’avais des coupures un peu partout sur les deux bras, des hématomes sur tout le corps, résultat direct d’une séance de boxe, c’était moi le sac d’entraînement. J’étais lessivée. Cela faisait 24 heures que j’étais enfermée dans cette pièce noire et froide, je n’avais pas bu ni mangé depuis 5 jours, mes forces m’abandonnaient. Toutes les heures, l’instructeur venait voir si j’étais toujours en vie et il en profitait pour en rajouter une couche à chaque fois. Le voilà qui arrivait justement.

- « Aenaria Imfilem, vous êtes la honte de ce contingent. Vous n’êtes qu’une bonne à rien, une nulle en tout, vous n’arriverez jamais à la cheville de votre père, ce grand commandant. Vous êtes une épine dans mon pied, une véritable plaie que je n’arrive pas à panser. Cette terre ne vous portera plus très longtemps, vos forces vous abandonnent d’heures en heures, devrais-je dire de minutes en minutes. Vous êtes à ma merci, je peux faire ce que je veux de vous. »

J’entendis alors un fouet claquer derrière lui, ma dernière heure venait de sonner. Je n’aurais jamais la chance de revoir mes parents et mon frère. La porte de ma cellule s’ouvrit et je vis deux officiers entrer. Ils vinrent vers moi pour défaire les liens qui entravaient mes poignets. Ils me tinrent debout et m’attachèrent à un crochet sur un mur. J’étais dos à mon bourreau. Il commença par faire claquer son fouet sur ma droite, puis sur ma gauche. Le fouet sifflait à mes oreilles, il se rapprochait un peu plus à chaque seconde, je sursautais un peu plus à chaque fois. Puis je sentis le premier coup de fouet d’une longue série de 50 qui furent atroces, pénibles et douloureux. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, mes jambes se dérobèrent sous moi. Cette torture était intenable, comment pouvait-il être aussi violent et méchant envers les élèves ? Alors que mes états d’âmes prenaient le dessus, je finis par ne plus sentir les coups de fouet dans mon dos, je m’étais endurcie. Lorsqu’il en eut fini avec moi, je me relevai sur mes jambes et essuyai mes larmes sur mes bras. J’étais prête à endurer une nouvelle salve de coup qui ne vint pas. J’entendis la porte de ma cellule s’ouvrir et sa voix s’éleva au loin.

- « Elle a appris ce qu’elle avait besoin d’apprendre. Libérez-la et menez-là à l’infirmerie… »


******


Ma vue se brouilla quelques instant, j’étais dans une tente de commandement.

- « Nous avons été informés que les districts qui dépendent de la ville ennemie, le territoire des villes stipendiaires qui les jouxtent, sont tombés aux mains de nos alliés, nous allons pouvoir passer à l’attaque. »

Je me retrouvais alors sur un champ de bataille contre un groupe de shaakts, armés jusqu’aux dents et prêts à en découdre avec moi. Vingt ans s’étaient écoulés depuis cette terrible première journée ou nos instructeurs avaient pris le soin de nous faire peur. Certains d’entre nous abandonnèrent l’idée de devenir un jour un soldat émérite après la semaine de torture. Maintenant je me trouvais face à la dure réalité. En regardant autour de moi, je voyais du sang, beaucoup de sang, des armes tachés de pourpre, des armures noircies par la poussière et l’hémoglobine. Le pire dans cette scène apocalyptique dont j’étais l’actrice depuis quelques minutes était les membres coupés qui jonchaient le sol. Humérus, radius, tibias, péronés, je pouvais voir chacun de ces os cassés ou émiettés par terre, tout autour de moi. La bataille avait fait rage près des contreforts de la ville. Je ne voyais plus aucun de mes camarades qui s’étaient dispersés dans les rues, poursuivant des groupes isolés de shaakts. Je sentis une lame siffler dans mes oreilles. Quelqu’un avait raté sa cible. Je fis un pas de côté pour me mettre face à mon adversaire et je vis alors une jeune recrue tout comme moi, qui faisait ces armes en cette terrible et funeste journée. Sa lame, tout comme la mienne, luisait du sang des ennemis tués. Enfin, un adversaire digne d’être battu. Ses amis derrière lui devaient servir de couverture en cas de problème, peu importe, il passerait tous sous ma lame. J’avais entendu parler des pratiques peu conforme aux lois en vigueur dans notre pays auxquelles ils se livraient. Ce genre d’exaction n’était pas tolérable envers des enfants aussi jeunes.

- « Alors femelle, ou plutôt devrais-je dire fillette… donzelle… jouvencelle… ou non mieux… gourgandine… »

Lui et ses amis partirent d’un rire tonitruant, mon sang ne fit qu’un tour, il venait de me traiter de catin. Il allait tâter de mon épée plus vite qu’il ne pouvait l’imaginer. Je me jetais alors sur lui pour lui couper le bras qui portait son épée. Il ne vit pas le coup venir et ne put rien faire. Une giclée de sang parsema de taches pourpres mon visage. Je continuais d’avancer vers le petit groupe derrière lui alors que j’entendais un corps s’écroulait derrière moi. Un sourire machiavélique s’afficha alors sur mon visage, j’allais prendre un malin plaisir à tuer chacun de ces sombres têtards. Ils étaient quatre, cela serait facile, trop facile même ! J’avançai toujours en direction de celui qui était le plus à droite, bouclier en avant. J’avais envie de tester quelque chose. Je chargeai en visant ce qui lui servait de carafon, Veyrnal ne nous avait-il pas appris qu’un choc violent à la tête faisait très mal ! J’en eus la preuve quelques secondes plus tard lorsque je vis le premier s’écrouler au sol juste après l’impact. Le deuxième s’approcha de moi, je lâchai mon bouclier, pris mon épée à deux mains et donnai un violent coup de pied vers l’arrière. J’eus de la chance car il atterrit ou cela faisait mal. Je me retournai et profitai de sa position de douleur pour lui couper la tête. Deux de moins, encore deux à tuer. Pas de chance pour moi, les deux se mirent à courir vers moi, épées brandies. Que pouvais-je faire ? Il me fallait une idée brillante, simple qui glisse d’elle-même… Mais oui ! Alors que mes idées suivaient leurs chemins, les deux zigotos continuaient inlassablement d’avancer. Alors que leurs lames étaient à quelques centimètres de mon corps, j’effectuais un grand écart. Plus vite que la lumière, je tranchais la jambe droite de l’un et la jambe gauche de l’autre. Ils s’écroulèrent instantanément au sol et se tordirent de douleur. Je me relevai sur mes pieds par un souple mouvement de gymnastique et les achevai en leur coupant la gorge. Mes pieds devinrent rouge, mais peu importait, je les avais fait taire. Je me dirigeai enfin vers le petit présomptueux qui s’était pris pour un dieu.

- « Voilà ce qu’il en coûte de me prendre pour une catin ! »

Je levai mon épée, pommeau vers le ciel et plantai la pointe dans le cœur de l’imbécile qui avait cru être face à une faible femme. Je pris soin de tourner la lame tout en regardant l’expression de surprise sur son visage disparaître progressivement.


******


Ma vue changea et je me retrouvais devant un autre paysage familier qui cette fois-ci me fit froid dans le dos car je le connaissais que trop bien, la maison de mon enfance. Elle avait été le théâtre d’évènements affreux. J’étais dans la salle principale et je pouvais revivre la scène qui s’était déroulée sous mes yeux il y a de cela un mois et demi. Je me voyais vacant à mes occupations, discutant avec des amis de l’armée quand une bande de shaakts fit violemment irruption dans la pièce principale de la maison. Nous étions en train de faire la fête, cette fête se transforma en cauchemar. Les invités s’enfuirent tous, il ne resta que mes parents, Gameleb, mon frère et moi. Ce dernier alla saluer le chef de la petite bande, cette vision me dégoûta, me souleva le cœur, me répugnai au plus profond de mon être. Comment un sindel pouvait-il faire ami-ami avec des shaakts ? Cela était totalement inconcevable pour moi, Aenarion savait très bien que je les avais combattu il y avait de cela des années. Je voulais l’étriper mais malheureusement j’étais désarmée et deux elfes noirs entravaient le moindre de mes mouvements. Il en était de même pour mon père, ma mère et Gameleb. Ma respiration fut alors coupé lorsque je vis mon frère prendre un poignard à la ceinture d’un des guerriers et trancher la gorge de mon père, puis de ma mère. Les larmes se mirent à couler, je tombai à genoux, mes forces m’abandonnaient. Maman… Papa… Comment Aenarion avait-il pu faire une chose pareille ? Il venait de me poignarder en plein cœur, les êtres qui nous avaient conçus, élevés, aimés, éduqués… La tristesse fit alors place à la rage, une rage qui n’attendait qu’à s’exprimer. Je sentis alors la pression sur mes bras se relâcher, il ne m’en fallut pas plus pour me permettre de partir vers ma chambre à l’étage. Je courus aussi vite que mes jambes me le permirent, j’attrapai mon épée, la sortit de son fourreau et fit le chemin en sens inverse le plus vite possible. Pourtant il était trop tard, Gameleb était mort, égorgé lui aussi, mon frère avait disparu emportant avec lui ces sinistres individus. Devant un tel spectacle de désolation, je fondis en larmes, mes jambes se dérobèrent sous moi, mon cœur s’arrêta quelques secondes. Je crus que j’allais mourir pendant l’espace d’une minute. Non je ne pouvais pas mourir, je devais venger la mort de mes parents et de Gameleb.

- « Aenarion, fuis loin de ma colère ou je jure sur la tombe de nos parents que tu préfèreras mourir plutôt que subir le courroux d’Aenaria Imfilem. »

Je regardai une dernière fois les corps inanimés de mes parents et de mon fiancé. Je ne pourrais jamais faire mon deuil dignement, leurs tombes, leurs cippes, leurs stèles, leurs tophets… Je ne pourrais jamais leur donner les derniers honneurs qui reviennent à leur rang, je devais partir, les venger.

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 Sujet du message: Re: Domaine Onirique
MessagePosté: Lun 8 Nov 2010 23:00 
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Jour 2 - Après midi


Où suis-je ? Qui suis-je ? C'est agréable ici, je me sens bien. Cette huile a un goût bizarre, mais pas désagréable. Oui je me sens bien, mais pourtant, j'ai cette irrépressible envie de m'étendre, de grandir, j'ai faim. Oui j'ai faim, je pourrais manger n'importe quoi. Qui suis-je ? Que suis-je? Je ne sais pas, je ne sais plus. Des arbres, oui une forêt ce serait bien...du bois, quel délice. Je suis donc une entité xylophage. Il fait bon et cette délicate fumée qui se dégage de mon corps brûlant, d'où vient-elle ? Que suis-je ? Qu'elle est mon rôle ? Du monde, il y a du monde autour de moi, ils tendent les mains...Que veulent-ils ? Je n'ai rien à leur offrir et pourtant ils semblent satisfaits. Cette douce chaleur, c'est de moi qu'elle émane, serais-je...Oui ce doit être ça, tout s'explique. Oui, je suis un petit brasier. Un petit brasier prisonnier d'une coupe de métal remplie de graviers. J'aimerais grandir, m'étendre et pourtant je suis bien, je suis heureux. J'apporte le réconfort et la lumière...La lumière. Celle qui rassure les enfants entamant leur voyage dans un monde onirique, celle qui guide les aventuriers dans les tréfonds obscurs, celle qui éloigne les prédateurs...Oui je suis cette lumière, je suis utile et je suis bien heureux.

Soudain une erreur, un accident. Je goûte enfin au tissu délicat du tapis, je peux grandir, toujours plus. Je peux me repaître de mets plus délicats: le bois des meubles, celui de la charpente. Il m'en faut plus, oui, encore plus. Des cris, des pleurs, une chaleur intense. J'effraie, je tue, je brûle tout. Je n'apporte plus le réconfort, mais la terreur. Je suis incontrôlable. Je n'arrive pas à m'arrêter, tout le monde me craint et me hait. Je libère ces pauvres âmes innocentes de leur enveloppe charnelle, tout n'est que cendre et désolation derrière moi. Non, non, je ne suis pas comme ça, je n'ai jamais été comme ça. Je ne suis pas un brasier, je suis un archer, je suis Karz. Je ne suis pas un brasier ardent et destructeur, non, la flamme est en moi, le flamme de la volonté. Oui j'ai volonté d'avancer et de protéger les autres comme....que se passe-t-il. Où suis-je? Tout est devenu flou et me voilà maintenant..mais c'est ...mon village ? Comment est-ce possible ? Il a été rasé il y a des années ! Pourtant je suis bien dans la « salle de classe » ou le prêtre de Yuimen du village nous faisait la leçon. Je reconnais les tables, les livres ...tout. Que j'ai aimé apprendre, à lire, à écrire. Que la chaleur des souvenirs heureux est douce et réconfortante. Pourtant quelque chose cloche. Qui sont ces gens ? Pourquoi n'ont-ils pas de visages ? Qu'est-ce qui se passe?

« Karz ! Dis-moi, peux-tu me dire qui est Oaxaca? »


Bien sûr que je le peux...mais pourquoi je n'arrive pas à parler, je n'y arrive pas! Je connais la réponse pourtant. Que va-t-il m'arriver si je ne réponds pas ? Que va me faire cette créature anthropomorphique si je ne lui apporte pas la bonne réponse? Le stress monte, je commence à avoir chaud, ma respiration s'accélère et je transpire. J'ai chaud, trop chaud et ma voix qui ne veut toujours pas venir. Pas le moindre son, rien.

« Je vois.... »

Que va-t-il m'arriver? Non, ils se mettent tous à gonfler. Que vont faire ces entités turgescentes? Elles explosent, oui elles explosent, balayant tout le paysage et ne laissant place qu'à une image kaléidoscopique et colorée. Impossible de discerner quoi que ce soit. Je vois des tas de choses, trop de choses. Des ichtyoïdes, des arachnoïdes, des humanoïdes, bref tout un tas de formes bizarroïdes si je puis me permettre la rime douteuse. Je suis incapable de bouger ou de fermer les yeux, restant là, à regarder l'œuvre d'art bigarrée, mais tout d'un coup, le noir complet. Je ne vois rien, mais je sens, oui je sens une douce chaleur sur ma peau et un souffle à la température tout aussi agréable dans mon cou. Cette chaleur, d'où provient-elle? Cette pression, cette sensation, oui, c'est bien, le corps d'une femme. Qui est-elle ? J'ai perdu la voix et maintenant la vue. Seuls subsistent l'ouïe et le toucher. Je la sens, sa peau contre la mienne, le contact agréable de la chaleur humaine. Je l'entends, sa respiration calme. Qui est-elle ? Encore une fois, j'ai chaud, je transpire, mais cette fois, c'est agréable. J'apprécie cette proximité, je me sens bien. Ressent-elle la même chose? Je l'espère. Elle attise le brasier ardent de mon désir, je ne peux la voir ou lui parler...mais....où va-t-elle ?

De nouveau seul, plongé dans le noir et incapable d'appeler à l'aide...J'ai peur, oui, je suis mort de peur. Prisonnier des ténèbres. Que se passe-t-il ? Des rumeurs de bataille, des bruits de métal, des cris, des pleurs, puis plus rien, je n'entend plus rien. Juste cette chaleur, encore et toujours, oppressante cette fois-ci. Suffocante. J'ai mal, très mal, ma peau me brûle atrocement, où suis-je? Que m'arrive-t-il ? Je ne vois rien, n'entends plus rien non plus. Je ne ressens que cette douleur atroce et cette touffeur. Et la mort qui ne vient pas. Pourtant je l'accueillerais à bras ouvert pour ne plus souffrir. Aidez-moi...Je vous en supplie....Sauvez moi....Tuez moi, n'importe quoi pourvu que ça cesse.

« A l'aaaaaide !»

Je..J'ai parlé, ma voix est revenue et j'entends, oui j'entends de nouveau, un grondement sourd de plus en plus puissant. Des rivières de lave, oui, je vois des rivières de lave et je...je baigne dans l'une d'entre elles ! Quel est cet endroit ? Je l'ai déjà vu....où? Pourquoi me garder en vie dans la douleur. Je n'arrive pas à bouger...J'ai besoin d'aide. Je n'y arriverai pas seul. De l'aide...Une main sur mon épaule, un contact rassurant. Je n'arrive pas à bouger et je ne vois pas qui est en train de me tirer de cette rivière de feu. Toujours est-il que la douleur cesse, presque instantanément. La situation est étrange. Je suis là, allongé au bord d'une rivière embrasée, une petite lutine rousse debout sur mon torse et trois autres personnes au-dessus de moi, me regardant d'un air inquiet. Une jeune guerrier roux, et deux magnifiques elfes. Quelle est cette sensation? Encore une chaleur...différente cette fois ci. Plus réconfortante que toutes les précédentes. J'ai été flamme, puis j'ai connu la chaleur de l'angoisse, celle des plaisirs charnels, puis la douloureuse, la suffocante. Maintenant je ressens...oui, celle de l'amitié. Celle qui vous aide à tenir debout, à vaincre l'adversité, à franchir les obstacles un à un sans tomber. La plus agréable de toute. Celle qui éclaircit les ténèbres qui ont envahi mon cœur. Celle qui me permettra dorénavant d'avancer. Je me relève et nous faisons tous face à une immense tour qui perce les nuages. La terre tremble...Mais je n'ai pas peur, non je me sens bien et fort. Cette chaleur me colle désormais à la peau et je suis prêt à braver tous les dangers, à affronter tout ennemi qui me....qui nous barrera la route. Je suis prêt à tout pour la conserver et la protéger...pour les protéger. Cette lumière ne s'éteindra plus tant que je serai en vie. J'en fais le serment.

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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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