Dans la nuit la plus sombre, la plus froide, il existe toujours une part de lumière et de chaleur. Mais il se peut que l’on ne la trouve que dans les lieux les plus inimaginables qu’il existe. Le monde de Manostrie est plongé dans les ténèbres éternelles, plus rien ne semble pouvoir vivre sur cette terre sans posséder une lueur d’espoir pour l’avenir.
Manostrie n’a pas toujours été ainsi, dans des temps reculés, tout était magnifique. De grandes et vastes prairies d’un vert éclatant, l’odeur des fleurs des champs embaumaient l’odorat de tous les êtres vivants. Chacune des pétales sublimaient les yeux par leurs couleurs vives et chaudes tout comme le ciel qui est orangé sans aucuns nuages. Les cours d’eau qui défilent, parcourent les terres de long en large. Des rivières qui apparaissaient violentes et dures alors qu’elles étaient douces et charmantes. Des cascades montraient la force de la nature face aux hommes mais elle savait que si les humains étaient justes avec elle, elle le sera avec eux.
Et enfin des montagnes d’une hauteur incroyable, avec de la neige tout le long de l’année à leurs sommets. Elles représentent la fin du territoire connu ou plutôt la terre où un homme de Manostrie est réussi à aller. Cet homme est Ylora Justagoza, dans sa jeunesse, il s’ennuyait et décida d’explorer les terres de Manostrie. Il partit vers l’est, marchant avec comme simple bagage, un balluchon contenant quelques affaires de rechange ainsi que de quoi se nourrir pendant plusieurs jours. Sur lui un couteau et un arc pour pouvoir chasser.
Quand il revenu des montagnes vers son village, il était abattu, faible et terrorisé. Ses nuits étaient hantés par des rêves horribles, représentant des créatures défiant la réalité. Ylora se tut pendant plusieurs années puis il se mit à parler avec l’ancien du village. Il lui racontait que son périple se déroulait bien jusqu’à l’arrivée aux pieds des montagnes. Car une fois l’ascension commencé, il ressentait qu’il était observé. Il avait la sensation que des milliers d’yeux l’observaient nuit et jour, des yeux avides de violence, de sang, de chair bien fraîche à se mettre sous la dent. Ylora scrutait les alentours mais rien, jamais rien, toujours des pierres pas âme qui vivait dans son champs de vision. La journée, la température était supportable mais quand la nuit tombait, le froid arrivait aussi vite.
Les choses les plus horribles arrivaient la nuit comme si une porte vers le monde des ténèbres venait de s’ouvrir. Des Ombres venaient l’agresser, elles le vidaient de son énergie vitale. Il devenait de plus en plus faible, sa vie le quittait petit à petit, il sentait la mort venir jusqu’aux premières rayons du soleil qui fendaient la nuit et les ténèbres. Les Ombres disparaissaient dans des cris de douleur immonde. Elles explosaient dans un flash blanc d’une grande puissance, tellement forte que Ylora s’en retrouvait ébloui. Après une courte expérience dans la montagne, il redescendit pour rentrer chez lui le plus vite possible. Depuis ce temps, ces montagnes portent son nom et sont déconseillés à quiconque veux tenter l’aventure.
Les humains, des différents villages, vivaient en harmonie, jamais une guerre, jamais de haine. De temps en temps des combats entre personnes mais tout revenait dans l’ordre après une simple lutte à mains nues. Une organisation ordonnée et admise de tous permet une vie qui parait maintenant lointaine et utopique. La civilisation vivait dans des huttes en cuir ou dans des maisonnettes ayant des murs en pierre et un toit en paille et en chaume. Rien, ni personne n’aurait pensé que tout allait changer aussi vite vers quelque chose d’aussi horrible.
Un jour, un homme arriva des terres lointaines, il venait d’au-delà des montagnes d’Ylora. Une chose était visible de loin avant même que les yeux puissent percevoir sa silhouette. Il y a une sorte d’onde qui vibrait autour de lui. Chacun de ses pas faisait apparaitre sur le sol des cercles où toutes herbes flétrissaient, se noircissaient et mouraient laissant ainsi le sol nu et meurtri. Quand il arrivait à porter du regard, on pouvait voir un homme de taille moyenne et de poids normal. Son visage était d’une blancheur cadavérique, ses yeux étaient renfoncés dans la boite crânienne, comme si on avait la faucheuse devant nous, et d’une couleur mauve sombre. Il portait une longue tunique déchirée sur toutes les bordures, on aurait dit l’habit d’un mort de plusieurs mois mais ceci était certainement dut à l’ascension des montagnes de Ylora.
Les gens étaient naïfs donc ils l’accueillirent à bras ouvert. Ils lui donnaient de la nourriture mais il la refusait catégoriquement, de l’eau lui fut proposé aussi et sa réponse fut toujours la même. La nuit tomba, ils lui offrirent un toit pour qu’il puisse dormir et cette fois, il ne refusa pas. Une fois que tout le monde fut endormi, l’inconnu se leva et se plaça devant le feu du village. Il leva et les mains dévoilant ainsi des membres décharnés, lépreux et osseux. Le feu commença à vaciller, les flammes grandissaient et se réduisaient sans arrêt. L’homme murmura des paroles qui se mêlaient avec le vent qui se levait. Un enfant, Marius, se réveilla et se cacha à l’entrée de sa maison pour observer l’inconnu. Les murmures formaient une douce mélopée macabre, glaçant le sang de l’enfant.
Soudain l’individu devient fantomatique, le jeune garçon pouvait voir à travers lui comme on voit à travers le brouillard. Cela lui rappela l’histoire que lui racontait son grand-père Ylora Justagoza sur les Ombres de son voyage dans les montagnes. L’enfant y vit les créatures dont-on lui avait parlé mais quelque chose était illogique car cet homme pouvait se déplacer à la lumière du jour. Marius n’entendait plus les voix mais elles reprirent cette fois dans sa tête. Il fut pris de stupeur mais son corps n’obéissait plus, Marius voulait pleurer mais il ne pouvait pas, il voulait se déplacer mais en était incapable. L’inconnu continu de parler et s’adressa à l’enfant. Il lui dit qu’il se nommait Sukmal et qu’il était une chose pire que ces Ombres que lui a parlés son grand-père et que même les cauchemars les plus horribles ne pouvaient encore l’égaler. Son but était d’ouvrir une porte éternellement pour ses soldats des ténèbres et que cette brèche serait permise grâce à lui, Marius.
Il continu en lui disant que la fuite sera impossible car la nuit ses pouvoirs sont sans limites, il y règne en maître absolu. Marius, en regardant au dessus de lui, il vit des formes diverses tourner dans le ciel. Sukmal s’approche du garçonnet, il tend le bras, ce qui lui sert de main commence à émettre une lueur rougeâtre. Il effleure la peau de l’enfant pour enfin plonger sa main dans son corps, au même moment le feu s’éteignit et le froid s’empara de Marius. Quand l’inconnu retira sa main, la terre se mit à trembler, des failles s’y ouvrirent et toutes les Ombres plongèrent vers les habitations pour prendre possession des corps des villageois. Dans la main de Sukmal se trouve le cœur de l’enfant, cet organe ne ressemble à rien d’anatomiquement normal. En effet il s’agit du cœur de Manostrie, tous les 80ans un enfant nait avec ce cœur, il est le réceptacle du pouvoir de ce monde. Si l’enfant est heureux, le ciel est radieux et rayonnant mais s’il est triste, la pluie et les nuages noirs seront présent par contre s’il est en colère, ce sera orage, tempête, cyclone et bien pire encore.
Sukmal détient le cœur de Manostrie, ceci est la chose là plus atroce possible car dans des mains monstrueuses, voir démoniaque dans le cas présent, le cœur peut devenir une arme de destruction et maintenant que le mal le possède, le soleil ne s’est jamais plus levé.
Sukmal se lança à la conquête du monde comme dit le vieil adage « le pouvoir appel le pouvoir. Il en faut toujours plus. » De hutte en hutte, de maison en maison et de village en village, chaque personne représentaient un nouveau soldat pour l’armée grandissante du démon. Les terres sont dévastés, le sol est recouvert de cendre, plus une seule herbe ne pousse. La désolation a pris sa place sur Manostrie, les peuples de cette terre ne sait pas se battre, ils sont devenus une proie facile pour Sukmal, un véritable morceau de choix pour tout prédateur. Jusqu’au jour où son armée tombe sur un village où réside un guerrier venant d’un autre monde et d’un autre temps. Des dizaines, des centaines de soldats mourraient sous sa lame vengeresse mais tout homme possède sa limite. Quand ils se retrouvaient tous sur lui et qu’il ne pouvait plus effectuer le moindre mouvement, le démon s’approcha de lui et le regardant de ses yeux mauves. L’homme y vit défiler les pires souffrances imaginables, ses actes les plus sombres réapparurent dans son esprit, il se crut en enfer l’espace d’un instant. Le fantôme s’agenouilla, l’humain se sentit jugé, minutieusement observé sous toutes les coutures et que même son âme fut ouverte et dépouillée. Le malaise s’installa en lui, la peur s’insinua dans son être comme l’alcool qu’il consommait tous les soirs. Cet homme se nomme simplement Hawk.
Sukmal lui murmura à l’oreille :
« Tu ne viens pas de ces terres humain.
- Toi non plus monstre, au moins moi je nuis à personne.
- Monstre ? Je te remercie de ce compliment. Je sais que tu viens des terre de l’ouest, bien au-delà des l’océan de Wistera. Là où j’ai déjà étendu ma griffe, mon pouvoir est tout puissant mais ne crois pas que je vous ai oublié.
- Nous avoir oubliés ?*ricanement* Tu as détruit mon peuple, tu les as asservi, il ne nous reste plus rien.
- Apparemment je n’ai pas correctement fait le travail car tu es ici devant moi. Pourtant quelque soit ton peuple, il était comme celui-ci, pacifiste.
- Le pacifisme n’empêche pas de maîtriser l’art du combat, l’art de tuer. Mon père était aussi mon maître, son art servait à la chasse mais je l’ai détourné depuis que tu es arrivé.
- Tu es fort car aucune de mes ombres n’a pu te contrôler mais je vais casser ta puissance, ta volonté et ton esprit rebelle. »
Sukmal fait signe à ses soldats d’emmener Hawk, ceux-ci lui fixèrent aux mains et aux jambes des chaînes. Il fut conduit à travers des terres réduites en cendre, après des dizaines de kilomètres, les chaînes pesaient lourdement sur les membres du prisonnier. Du sang commençaient à couler le long des mailles de fer, les gouttes tombant sur le sol résonnaient dans la tête de Hawk. Tout s’expliquait par le fait qu’il n’avait pas reçu une goutte d’eau depuis sept longues et pénibles heures. Ils arrivèrent enfin à la demeure du roi de Manostrie qui a été prise une journée après le début de l’invasion. Il s’agit d’un immense château à flanc de montagne avec des douves remplient d’eau dans le fond. il appartient à la catégorie de ceux qui sont imprenable par une armée humaine.
Le prisonnier fut conduit devant le trône du précédent roi maintenant occupé par le démon. Il s’est installé dessus comme un empereur, les mains posées sur les accoudoirs serrant le bout, les muscles fantomatiques se contractant, montrant ainsi leurs puissances. Les mains se refermant sur des crânes rajoutés au fauteuil. Les soldats du monstre ordonnaient à Hawk de s’agenouiller devant le nouveau roi mais celui-ci refusa catégoriquement et que jamais il se mettra à genoux devant un être aussi répugnant, aussi démoniaque. Ils le frappèrent dans les articulations pour le faire tomber mais il résista, tout être se serait écroulé par contre la force mentale de cet homme dépassait la douleur ou encore la souffrance.
Sukmal se met à rire à pleine gorge (si on peut considérer qu’un être à demi-fantôme possède encore une gorge) et ordonna à ses serviteurs d’arrêter immédiatement leurs coups. Il sourit et dit :
« Si la force ne fonctionne pas alors le pouvoir le fera à ta place. »
Il tendit la main vers Hawk et celui-ci ressent immédiatement une pression immense sur ses épaules. Il commence à fléchir, il lutte, tente de se relever mais la pression continu d’augmenter, elle devient de plus en plus puissante. Elle se réparti maintenant sur chaque parcelle de son corps et il fini par s’écrouler sur le sol. Le prisonnier jette un regard tueur à son agresseur alors que celui-ci se réjoui de voir un visage pareil, il s’en délecte, il s’en nourri comme s’il s’agissait d’un festin royal.
Hawk ne peut plus rien faire, il souffre énormément, ses muscles sont en pleine lutte contre la magie de son agresseur mais le combat est peine perdu car sa force ne surpasse pas la puissance de Sukmal. Mais l’esprit du prisonnier ne veut pas s’avouer vaincu, du moment qu’il lui restera une once d’espoir et une lumière dans son cœur. Le démon l’observe dans les yeux soudain il aperçoit quelque chose qui l’inquiète, une chose qui est vraiment inhabituel pour un être humain.
La lueur brillante dans les yeux de l’humain n’est plus d’une blancheur habituelle mais d’un éclat vert émeraude. Le vivant commence à pousser des hurlements de douleur qui pourrait paralyser d’effroi un peuple, une souffrance qui va en grandissant dans tout son corps. Ce mal nait de la tension que supportent ses muscles, la force qu’ils exercent pour tenter de se relever, les pousse à leurs limites. A ce stade, toutes fibres musculaires arrivent à son point de rupture, la déchirure le guette à chaque instant, la moindre variation les ferait exploser. Si Sukmal augmente son emprise, il y a blessure, si Hawk arrête de lutter, il y a explosion. Mais soudain quelque chose étonnante se produisit dans le corps du prisonnier.
La force des muscles continua d’augmenter de façon exponentielle, normalement sa musculature aurait du céder à l’instant même où il y a eu une variation positive dans sa puissance. L’homme continu d’hurler mais de plus en plus fort, un cri qui passa de normal à un rugissement bestial, il n’y avait plus rien d’humain à l’intérieur. Les yeux commencent à changer de forme, ils prennent l’aspect de ceux d’un félin d’un vert émeraude pouvant percer n’importe quelle âme que son regard croisera.
Sukmal regarde Hawk avec des yeux inquiétés et il dit d’une voix tremblante :
« Tu ne fais pas parti des humains, tu en as l’apparence mais pas le sang. Tu ne viens
pas d’au-delà de l’océan de Wistera mais des terres encore plus lointaines, celles que je
n’ai pas pu conquérir car là-bas, il y avait ceux de ta race.
-NON, je suis un humain comme tous ceux que tu as massacré, mes amis, ma famille et tous ces autres. Je viens du village de Monistrie et je les vengerais tous ; répondit l’humain avec une voix devenant de plus en plus grave.
- JAMAIS ON NE ME PARLE SUR CE TON. J’AI LE DROIT DE VIE OU DE MORT SUR TOI, QUAND JE TE DIS QUE TU N’ES PAS HUMAIN, C’EST QUE TU N’Y ES PAS. TU FAIS PARTI D’UNE RACE QUE J’AI FAIT DISPARAÎTRE EN DETRUISANT LA TERRE OU VOUS VIVIEZ. Puis le démon repris un ton plus calme. Je ne sais pas comment ceux de ton espèce on put te transformer en humain mais ta nature première semble remontrer à la surface quand tu dois lutter. »
Hawk commence à avoir le visage qui évolue, il appartient de plus en plus à celui d’un lion. Il commence à se relever, les jambes commencent à se déplier, les muscles ne souffrent plus, sa douleur disparaît rapidement, il se sent de plus en plus fort, une nouvelle puissance le submerge. Quelque chose qu’il lui était inconnu jusque maintenant, il se sent capable de pouvoir lutter face au pouvoir de Sukmal. Mais ce dernier semble posséder encore des ressources, il augmente sa pression et Hawk se retrouve à nouveau à genoux.
Son corps continu d’évoluer, il se recouvre de poils, les muscles commencent à se développer. Il se retrouve vite serré dans ses vêtements, les manches commencent à se déchirer petit à petit. On peut voir maintenant les muscles se dessiner, il décide à nouveau de tenter de se relever et il y arrive, une fois debout, ce n’est plus un hurlement mais un rugissement qu’il pousse. On peut voir que dans sa gueule, ses dents sont devenus des crocs aiguisés, acérés et impressionnant. Ses mains restent normales mais ses ongles devinrent des griffes.
Sukmal n’arrive pas à comprendre comment Hawk s’est relevé, il augmenta son pouvoir mais cela s’avéra inutile. L’être avança avec difficulté vers lui mais avança quand même. Alors à cet instant, il hurla à ses hommes ;
« METTEZ-LUI LES CHAÎNES DE PUISSANCE, VITE »
Les ombres s’approchèrent pour lui mettre ses entraves mais d’un coup de griffes, il en décapita une. Les autres se jetèrent tous sur lui pour l’immobiliser et ils lui passèrent les chaînes. D’un coup Hawk se sentit vidé de ses forces, sa nouvelle puissance disparaît comme elle est apparue puis son corps repris forme humaine et il tomba net aux pieds du démon. Sukmal sourit en voyant ceci et lui dit :
« Apparemment ses entraves ont puisés ton énergie et t’on fait reprendre une apparence d’homme. En fait, ceux de ta race ont canalisés et enfermés ta puissance pour que tu puise ressembler au humain. Tu vas partir au cachot avec un magnifique collier dans le même principe que tes chaînes, tu verras sa-t-ira à ravir. Emmenez-le dans les geôles. »
Les ombres soulèvent Hawk par les épaules, il ne peut pas se défendre tellement les chaînes lui ont puisées de l’énergie. Il se sent lasse, faible et impuissant face à ses adversaires. Ils le trainent sur deux, trois pas et s’arrêtent pour regarder le corps de leur frère décapité. Un des soldats frappe violemment au visage Hawk pour rendre vengeance, puis il lève encore le poing et le frappe une multitude de fois. Le pauvre humain se retrouve avec le visage tuméfié mais Sukmal ne laisse pas son soldat continué.
Il tend la main vers lui et l’ouvre, paume vers le ciel. L’ombre s’élève dans les airs, incapable d’effectuer le moindre mouvement, le démon commence à refermer ses longs doigts osseux. Il y va progressivement et au fur à mesure le corps ciblé se voit écrasé comme si un rocher lui était tombé dessus. A ce moment précis, les autres soldats du monstre tremblent de terreur, il n’a pas besoin de dire quoi que se soit pour que les autres ne fassent rien du tout contre le prisonnier.
Hawk voudrait rire mais il n’en a pas la force, en plus sa bouche est emplie de sang et qu’il sait parfaitement que son sort ne sera pas enviable à l’ombre broyée. Il fut trainé jusque dans les bas-fonds du château, l’humidité, le froid et l’odeur de cadavre règne dans ce milieu. Il fut jeté dans une cellule mais ils ne lui ôtent pas les chaînes, Hawk tombe à genoux épuisé. Il entend la porte de sa prison se refermer dans un fracas de tous les diables. Il regarde autour de lui, les murs sont faits de granit, il n’y a rien à part un petit trou certainement pour ses besoins et une dalle de pierre pour se reposer. Il dit à voix haute :
« Je crois que j’ai eu ma dose de surprise aujourd’hui. Ce faire capturer par des créatures qui plongent le monde dans les ténèbres éternelles, découvrir que je ne suis pas humain et enfin se retrouver enfermer dans une prison paumé dans des terres dévastées, meurtries et pour couronné le tout dans le château où se trouve ce démon. Franchement j’ai connu mieux, que quoi rencontrer une belle mère doit par être mal non plus. »
Il fait les cents pas dans sa cellule et pense de plus en plus à sa réelle apparence. Une espèce de créature mi-lion, mi-humain, avec une puissance inégalée. Mais ses chaînes et son collier, l’on fait retourner à son état latent, de sommeil où sa force n’attend qu’à éclater. Les chaînes lui ont permis de comprendre que ce pouvoir est régit par ses émotions, s’il laisse sa haine éclater là, il pourra se transformer à nouveau. Par contre toutes entraves possèdent une limite, pourra-t-il atteindre et dépasser cette limite.
Il essai de canaliser et libérer sa colère, au moment même sa rage se libère et se propage en lui ; son collier scintille et des éclairs en sortent. Il continu à laisser sa colère se répandre en lui mais l’électricité de son collier pénètre en lui et le fait souffrir. Il pousse des hurlements de douleur tout en laissant sa rage éclater, il ne peut pas résister encore très longtemps tellement sa souffrance est grande. Hawk abandonne, il accepte sa peine, il ne possède pas d’autres choix, aucune solution lui vient à l’esprit pour le moment.
Il s’agenouille dans un coin et attend, il se calme pour pouvoir réfléchir plus clairement à une solution pour s’évader de cette prison. Mais les heures s’écoulaient puis cela devient des jours pour se transformer en mois et enfin en années.
Voilà trois longues années qu’Hawk croupie dans ce trou à rat, une barbe touffue et brune, lui mange le visage. Son corps a perdu de sa masse, les repas étaient des morceaux d’os où l’on peut trouver à quelques endroits ainsi qu’une bouillie indescriptible au goût comme à l’apparence. Il y avait des morceaux verts et bleus qui flottaient à la surface, certainement de la moisissure mais quand on ne peut manger que ça, on ne fait pas la fine bouche. Hawk subit des tortures qui ne sont pas connaissables dans le monde des vivants, seuls les démons et les êtres des ténèbres ont en mémoire ces préceptes. On peut voir des brûlures, des plaies béantes de plusieurs centimètres, des morceaux de chairs ont même été arrachés à de multiples endroits et enfin des écorchures dont sort une aura noire.
Par contre Hawk n’a pas laissé tomber son entretien musculaire, pompes, abdominaux, tractions sur les barreaux de sa fenêtre. Son régime sec de trois ans lui a fait perdre de la masse mais principalement des graisses superflues mais aussi un peu de muscles. Sa détention a été assez longue à son goût, il va se décider à sortir. Une fois sortir de sa cellule, seul son instinct de survie lui permettra de s’évader complètement de ce château. Il y a encore un dernier problème, où se trouve la sortie voilà des lustres qu’il a été amené ici ; le chemin s’est effacé de sa mémoire. Il devra improviser le moment venu; de toute manière, le dernier recours est de se jeter du haut d’un rempart et de prier pour ne pas atterrir trop durement sinon dame faucheuse viendra le chercher.
Le jour de l’évasion est proche.
L'évasion
L’atmosphère de la cellule est devenue palpable, elle est tellement pesante que des gouttes de transpiration apparaissent sur le corps de Hawk. Cela ressemble étrangement à l’air juste avant un orage, une chaleur suffocante, humide et inquiétante. Rien n’est plus gênant que cette sensation pour l’homme, surtout avant une évasion car ce genre d’atmosphère ne présage rien de bon.
Voilà un moment qu’il observe les gardiens, il sait exactement à quel moment ils passent devant sa cellule, l’instant précis où ils viennent lui apporter à manger et enfin le plus important quand ils ne sont pas là. Hawk a conservé un os de poulet qu’il avait trouvé en entrant dans la cellule, le plus étrange est qu’il ai attendu aussi longtemps avant de tenter une sortie. Mémoriser les allers et venus des gardiens n’a rien de bien difficile mais ce qui le tracassait le plus était sa véritable forme. Ce croisement entre homme et félin, il n’y avait rien de bien compréhensible là dedans mais une chose est certaine, c’est que ce collier lui bloque sa puissance. Il sait entrainer pendant les trois longues années à se transformer sans réel succès car sa force vitale lui est puisé à chaque fois. Il arrive à tenir sa forme féline pendant une dizaine de seconde mais cela au prix d’énorme effort puissant et épuisant. Donc pendant sa fuite, il n’aura le droit qu’à une seule métamorphose pour être sûr de pouvoir encore fuir par la suite.
Malgré son malaise, il sait que le moment de se lancer est venu. Les gardiens sont loin au moment où il se met en action. Hawk glisse l’os dans la serrure, il recherche le déclic qui lui dira si le verrou est ouvert. Il tourne et retourne son passe pendant quelques secondes quand d’un coup il entend le son qui lui annonce qu’il est moment de fuir. Ouvrant la porte avec précaution pour éviter tout grincement ou claquement pouvant prévenir ses geôliers. Une fois dans le couloir, il avance à petits pas, il se déplaçait avec une certaine grâce digne d’un chat. Aucuns de ses pieds ne provoquaient un son pouvant résonner sur les parois sombres, humides de sa prison. Le chemin n’est qu’éclairé que par quelques flambeaux qui offrent une lumière vacillante, dansante dans ces ténèbres.
Sa progression dans le dédale se déroule passablement bien jusqu’au moment où des bruits de pas retentissent dans la nuit. L’inévitable arriva, Hawk va devoir combattre mais doit-il se transformer maintenant ou attendre un moment propice. Combien d’ennemis va-t-il rencontrer, un, deux, peut-être plus mais pour le savoir il devra soi passer l’angle soi attendre que ses agresseurs se présentent face à lui. Par contre dans les deux cas il aura l’effet de surprise, il décide d’attendre. Il ferme les yeux un petit instant le temps de reprendre son souffle car depuis son emprisonnement, il n’a pas pu combattre. Une fois ses geôliers face à lui, il revoit les ombres et la première chose qu’il fait, fut de bondir sur elles pour les plaquer contre le mur. Le choc fut d’une telle puissance qu’Hawk sentit son épaule craquer, une chose est sûr c’est qu’il se l’est démise. Mais par chance, il avait réussi à en assommer un alors que l’autre ne fut que simplement sonner. Notre guerrier s’appui contre la roche pour se redresser, voyant que l’un de ses adversaires était encore dans la capacité de l’attaquer. Hawk s’élance alors dans le couloir quand soudain il aperçoit une lueur blanchâtre provenant d’une fenêtre bardée de fer empêchant toute sortie possible. Une fois devant, il utilise son bras valide pour secouer les barreaux. Il en sent quelques uns bouger, ils ne sont plus correctement celés, il peut tenter une sortie en forçant encore un peu mais avec un seul bras cela présente quelques difficultés.
Il appui son membre blessé après le mur puis pousse avec violence pour pouvoir la remettre en place. Ce geste semble comme habituel, il est vrai que durant sa jeunesse, il était régulier qu’il se démette l’épaule. Un autre craquement se produit dans son articulation, il pousse un cri de douleur intense qui déchire le silence des geôles. La douleur est intense dans son corps mais face à une volonté de liberté inégalable, il recommence à secouer les barreaux, ils bougent de plus en plus. Soudain il entend des bruits derrières lui, en se retournant, il aperçoit une des ombres. Il ne reste plus qu’une solution à Hawk, utilise sa nouvelle puissance pour pouvoir traverser la fenêtre.
Il recherche en lui l’animal qui sommeil, la créature qui lui permettra de sortir vivant de sa prison. Il est dans le noir absolu, il n’y a rien, pas un seul bruit, le silence le plus total. Il se retrouve seul dans le néant, puis une respiration se fait entendre, elle est lointaine mais présente. Il avance, ses pas résonnent comme dans une grotte ou dans le couloir d’un château. Le souffle se fait entendre de plus en plus fort. Il ressemble à celui d’un animal ayant utilisé toutes ses forces en vain. Hawk aperçoit une lueur devant lui et comme un insecte, il se sent attiré vers la lumière, reste à savoir s’il s’agit aussi d’un piège comme pour les mouches. La lumière blafarde provient d’une pièce à la voute archée et fait dans un marbre d’une noirceur égalant les ténèbres des geôles du château. Au centre de la pièce, une simple bougie posé sur un pied de fer haut d’un demi-homme. Juste à côté, une masse sombre allongé sur le sol, elle bouge, elle est vivante, la respiration vient d’elle. Hawk s’approche et pose sa main dessus, il peut sentir les poils laineux sous ses doigts. Une sensation agréable s’en dégage, l’impression d’avoir une peluche dans les mains.
(J’aurais presque envie de me blottir contre lui. Je serais au chaud et en sécurité.)
L’animal ouvre les yeux pour regarder le héros droit dans les yeux. Des yeux émeraude croisant des yeux gris aciers, les chocs des couleurs, le choc des forces, personne ne peut décrire l’impression que ressent l’autre dans son cœur mais on peut apercevoir que pour chacun d’eux, une flamme c’est mise à brûler. Hawk soutient l’être qui se terre en lui pour qu’il puise se relever. Celui pris alors la parole à la surprise du héros :
« Hawk, je suis toi et tu es moi. Je suis ta véritable nature, tu appartiens aux Worans.
-Qu’est ce donc ?
-Nous sommes un peuple de tigre à forme humanoïde. Notre force n’a pas d’égale, nous sommes en tout point supérieur à beaucoup de race grâce à notre agilité, à notre vision,…
-Pourquoi avons-nous disparu alors ?
-Comme l’autre monstre te l’a dit tout à l’heure, il a attaqué nos terres. Nous nous sommes battu,…
-Pourquoi je ne m’en souviens pas ? Pourquoi je suis devenu humain ? Pourquoi…
-Tu ne peux avoir les réponses à tes questions maintenant, je suis épuisé par les chaînes. Je vais fusionner quelques instants avec toi pour que nous puissions nous évader. »
Le Woran ne prononça plus un seul mot, le silence retomba dans la pièce. Il n’y a plus que sa respiration que s’entend, il tend sa patte ou plutôt sa main vers le cœur de Hawk. Les coussinets entrèrent en contact avec la vieille chemise déchiré que porte le héros, la sensation est étrange, l’impression d’être touché par quelque chose fait avec du velours. Hawk posa sa main au dessus de la patte et appuyant contre son cœur. A cette instant l’énergie des deux êtres se partagea, ce mêla pour ne former plus qu’une. Une lumière se dégagea des deux corps, une lueur d’un blanc des plus purs puis étrangement la lumière vira vers une lueur de nuit où la lune est visible. Le corps de Hawk commença à se recouvrir de poils roux, noirs et blancs, il tombe à genoux et pose les mains au sol. Son corps est pris de convulsion mais il reste quand même figé dans sa position. L’homme ouvrit la bouche pour pousser un hurlement de douleur, il se sent comme déchiqueté par un millier de marteaux. Ses muscles se contractent et se relâchent avec un rythme effréné, ils grossissent jusqu’à devenir comme ceux d’un athlète soulevant des poids à longueur de journée. Ses vêtements se déchirent entièrement à l’exception d’un morceau de tissu qui lui sert de pagne. Ses ongles se transforment en griffés noirs onyx et tranchantes comme des lames de rasoirs, les gants qui avaient gardés, se craquèrent laissant dépasser à plusieurs endroits des touffes de poils. Ses pieds en firent de même à la différence que ses bottes éclatèrent pour retomber comme une fleur s’étant ouverte. Le sol se voit lacéré par les griffes, il se creuse comme ci on avait pris un marteau et un burin. Cela n’avait rien à voir avec la première transformation, cela est beaucoup plus puissant. Son visage se métamorphose, ses yeux ronds deviennent ovales comme des amandes, son nez et sa mâchoire s’allonge pour devenir une gueule avec une truffe. Ses dents deviennent plus pointu, plus tranchante, elles deviennent celle d’un carnivore exclusivement et non celle d’un omnivore. Sa tête devient plus massive et ses oreilles se déplacent sur le haut de la tête puis devient triangulaire avec des vibrisses à l’extrémité. Hawk ouvre les yeux, ils sont devenus émeraude, avec un filet noir en guise de pupille. Maintenant il voit disparaître l’animal qu’il y avait en face de lui, le Woran est devenu transparent et scintille comme une étoile allant mourir. Il prononça à Hawk ses derniers mots :
« Tu as maintenant libéré en toi la puissance des Worans. »
Le voilà de nouveau dans la réalité, il pousse un rugissement bestial. L’ombre qui se trouve face à lui recule apeuré par Hawk. Celui-ci retourne au niveau des barreaux et les secoue à nouveau, ils bougent, de la pierre s’effrite autour d’eux. Ils commencent à céder, il arrive à en arracher un puis un deuxième qui lance derrière lui. Quand soudain, il entend des bruits de métal s’entrechoquer.
(Des unités en armures)
Il secoue de plus belle de nouveaux barreaux mais ils sont longs à défaire. Hawk recule du plus loin qu’il peut pour prendre son élan. Il regarde une dernière fois derrière lui et voit une dizaine de soldats tentant de fondre sur lui. Le temps fut comme suspendu, Hawk commence sa course, chacun de ses pas s’écrasant sur le sol retentissent dans le couloir comme une complainte que chantent les pierres. Chacun de ses muscles se contractent, se mouvant indépendamment de la gravité, chacune de ses expirations ressemblent à un râle. Il arrive enfin sur la grille, qu’il enfonce avec son épaule. Il se retrouve dans les airs, autour de lui vole des morceaux de pierre et des morceaux d’aciers. Hawk jette un dernier regard sur sa prison et se positionne pour se recevoir dans l’eau. Quand il entre en contact avec l’eau, c’est une toute autre sensation qui le touche. Il se sent entouré par une vague d’énergie, il se sent traversé par de la lumière puis il se retrouve à tournoyer sur lui-même comme une toupie puis se fut à tourner dans tous les sens comme s’il est devenu un ballon avec lequel des enfants jouent. Hawk s’évanoui.
![[:attention:]](./images/smilies/attention.gif "Attention")
