Cela faisait maintenant deux jours qu'il était à Kendra Kar, seul après avoir fuit la jeune fille avec qui il était, et qu'il avait réussi à dormir pour pas trop cher. C'était parfois utile de ressembler à un gamin, surtout si on faisait semblant d'avoir perdu ses parents et qu'ils avaient dit qu'ils le rejoindraient dans cette auberge précisément. Bien entendu, il avait évité de faire le coup au même endroit deux fois, il ne fallait pas tenter le diable non plus.
C'était à présent le début de journée et il avait quitté l'auberge précipitamment, pour éviter toutes questions de la part de l'aubergiste. Il se baladait dans les rues de la ville, à se demander ce qu'il allait bien pouvoir faire. Il était déjà allé dans la plupart des temples, sans pour autant trouver que c'était une chouette sortie. En plus, il n'aimait pas la manière qu’avaient certaines personnes de le regarder. Certes, il ressemblait à un gosse perdu en ville mais il y en avait plein qui couraient partout dans la ville, pourquoi spécialement lui? Bien entendu, voir un enfant se trimballer avec un bâton d'érudit, ce n'était pas commun, Méroel ne pensait juste pas à ce détail.
À force de marche et de virage totalement hasardeux, il finit par arriver devant une boutique qui attira son regard. La boutique magique du vieux Moboutou. La devanture mettait dans l'ambiance, ça montrait des dessins de canne, de bâton, d’orbe bleu étrange et autres choses bizarres mais qui faisait penser à de la magie. Il s'y précipita donc, sans se soucier des personnes qu'il gêna en courant droit devant lui.
Une fois à l'intérieur, il fut émerveillé, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas vu autant d'objet en rapport avec la magie. Néanmoins, il tenta de garder son calme, il n'avait pas énormément d'argent sur lui et il avait peur de voir une montée des prix si jamais il se montrait trop trop intéressé. Qui pouvait savoir si le vendeur était un type honnête ou pas? En faisant le tour du magasin, il dut rapidement se rendre à une évidence, les produits n'étaient pas à sa taille. Les cannes pouvaient être deux fois plus grande que lui et certaines protections de jambes étaient aussi haute que lui. Naturellement, qui irait penser qu'un gamin pourrait venir acheter du matériel...
Pendant qu'il en était à ses réflexions, à regarder les différents objets, un vieil homme l'examinait de loin et le regardait faire. Remarquant que Méroel semblait vraiment intéressé et n'était pas un sale voleur, il décida de se rapprocher encore un peu.
-Bonjour jeune homme, puis-je t'aider?Tiltant sur le terme d'homme, Méroel se tourna vers le vieux monsieur avec une mine boudeuse. Il pensait que si Moboutou avait vraiment été un mage, il aurait dû remarquer qu'il n'était pas humain, et le fait qu'il ne trouvait rien pour lui n'améliorait pas sa mauvaise humeur. En plus, il le tutoyait, est-ce qu'il tutoyait aussi ses autres clients?
-Je pense que oui, tu peux m'aider.Il s'était un peu redressé et tenait fermement son bâton dans la main, pour essayer de se donner un peu de charisme, ce qui ne marcha pas vraiment vu le sourire en coin qu'eut Moboutou. Bien sûr, il avait reconnu que c'était un bâton utilisé principalement par des apprentis magicien mais il voyait mal un si jeune garçon être magicien et surtout, venir seul dans une boutique sans son maître.
-Que désires-tu? J'ai des armes, des protections et des bijoux un peu plus loin dans la boutique.Méroel haussa un sourcil interrogateur, le vieux l'avait donc pris au sérieux? Avoir de la prestance et se faire comprendre n'était donc pas si compliqué que ça. Par contre, il fallait qu'il trouve une raison d'être là. Il n'était pas intéressé par tout ce qui était matériel, ça pouvait trop vite être volé.
-T'aurais pas plutôt des parchemins? D'élement air si possible...Le vieux Moboutou se recula, puis fit demi-tour pour se diriger là où se trouvaient tous les parchemins. Méroel le suivit, en se disant qu'il avait oublié de demander le prix des parchemins. Il espérait qu'il aurait assez d'argent pour, sinon le vieux changerait sûrement d'avis sur lui.
-Voilà tout ce qu'on a. Tu sais ce que tu veux?C'était son premier client de la journée, Moboutou était donc encore d'assez bonne humeur pour "jouer" avec ce jeune garçon. Il savait qu'il perdait son temps pour rien mais ça faisait un peu passer la matinée. Méroel lui, regardait tout ce qu'il y avait, sans vraiment savoir quoi prendre. C'est alors qu'un parchemin l'intéressa plus qu'un autre, un parchemin de Télékinésie, ça pourrait être marrant de pouvoir faire bouger des trucs.
-Je voudrais prendre celui-là. Il coûte combien?-... 15 yus...Interloqué par le fait que le gamin voulait prendre le parchemin, Moboutou douta un peu plus.
-Tu sais que ce n’est pas des jouets bien sûr?Méroel leva les yeux pour atteindre ceux du vieux mage, en se disant qu’en fait, il ne l’avait pas pris au sérieux du tout. Il se demanda un instant s’il ne valait pas mieux partir de là, tout en sachant qu’il n’était pas sûr qu’il puisse retrouver un parchemin de ce type dans la ville. Il ne savait plus du tout comment faire comprendre qu’il était mage, sauf en faisant de la magie, ce qu’il préférait éviter pour ne pas ravager le magasin.
-Je suis un mage débutant donc oui, je sais que ce n’est pas un jouet. Et si vous me croyez pas, un jour je reviendrai ici pour vous le prouvez !Entendant le ton déterminé, le vieux mage se dit que ce n’était pas une blague. Il prit donc le parchemin et se dirigea vers la petite table qui lui servait de caisse. Il avait un léger sourire, il trouvait que ce petit était assez têtu pour réussir à être un grand mage… ou pour se faire trancher la gorge le jour où il tomberait sur moins calme que lui.
Méroel lui donna son argent et récupéra le parchemin. C’était son premier parchemin, le premier sort qu’il allait vraiment apprendre lui-même. Il avait les yeux pétillants de joie et s’apprêta à sortir de la boutique lorsque le vieux Moboutou l’interpella.
-Si j’étais à ta place, je le mettrai dans mon sac, on ne sait pas ce qui traîne dehors. Je te souhaite bonne chance, revient me voir quand tu veux.Méroel leva la main qui tenait le parchemin pour le saluer, sans se retourner. Il mit ensuite le parchemin dans son sac et se mit à courir au hasard dans la rue, il fallait bien qu’il exprime sa joie comme il pouvait.
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Les rues de la ville