J'entre dans la boutique, il y a plein d'objets divers et variés dont j'ignore tout de l’utilité. La vieille chandelle encore allumée sur la table éclaire difficilement la petite pièce. Mais, je suis surtout déçue, il n'y a personne en ces lieux. Je me demande que faire, partir ou rester là. Après tout, peut-être le boutiquier dort-il, sans doute même. J'espère qu'il ne vient pas de commencer son repos, car retraverser la forêt sera long et je n'ai pas envie d'arriver en retard au rendez-vous d'Hylenä, dans moins de deux heures. J'hésite à l'appeler, mais j'ai besoin d'aide et un commerçant réveillé durant sa méditation a plutôt tendance à râler et à vous mettre à la porte qu'à vous conseiller correctement.

Je décide de m'assoir, faisant bien attention à ne pas faire tomber mon ami toujours endormi et de me mettre en veille, de manière à recharger un peu mon énergie en attendant qu'il sorte de son sommeil. C'est ainsi que je m'installe, assise en tailleur comme le faisait mon maître et ferme les yeux. Seule mon ouïe fonctionne alors, me permettant de capter la moindre musique ou la moindre menace au besoin, même si je sais qu'il me faudra un certain temps pour sortir de cet état.
Tandis que je me repose, des bruits de pas me frôle, sans doute une souris ou un rat, rien de bien gênant en soi. Puis des voix, l'une qu'il me semble reconnaître et une autre qui m'est totalement inconnue. Je souris et me réactive, en espérant que ce court sommeil a été suffisant et que la voix inconnue soit bien celle du marchand.

Je me réveille juste à temps pour sentir une créature me grimper dessus jusqu'à rejoindre ma tête m'exhibant, juste devant mon regard, un morceau de parchemin. Je le prends délicatement et me redresse, toujours la tête droite pour que le lutin ne choie pas. L'autre voix est manifestement celle du vieil homme, vêtu pour le sommeil qui a pénétré dans la pièce avec une nouvelle chandelle.

"Alors, vous êtes l'amie du voleur de chaussettes, je suppose."
"En effet, je suis Hailindra et je suis une..."
"Une aniathy, j'avais remarqué. Vous n'êtes pas la première que je vois en fait. Alors, que voulez-vous ?"
"Bah voilà, il m'est arrivée un truc bizarre."
"Plus que de vous lier avec un lutin ?"
"Euh, oui, je suppose... j'ai fait voler une bouteille de vin avec ma flûte."
"Alors non, pas plus bizarre. Vous avez juste fait de la magie."
"De la magie ? Mon maître disait vrai alors, sa flûte est magique ?"
"Montrez-la moi, je vais vous le dire."

Je détache la flûte en cristal de feu mon maître et lui tend. J'aime bien cet humain avec ses joues creuses, sa barbe blanche et son air d'ancêtre. Il doit avoir une grande expérience, vu son visage, il doit avoir 2000 ans facilement. Il regarde, observe, tripote ma flûte avant de me la rendre.

"Alors oui, votre flûte est magique. Mais elle n'est pas la cause du sort."
"Qu'est-ce qui pourrait être la cause sinon ?"
"Mais toi, bien entendu."
"Moi? Mais je ne sais pas faire de la magie, moi. C'est la flûte qui fait de la magie."
"Ce sont les deux. Certaines personnes peuvent faire de la magie sans rituel ni objet, mais ils sont rares. La plupart des autres personnes ont besoin d'avoir un objet magique qui va attirer les fluides et un rituel pour lancer le sort. Tu fais partie de ces gens-là. Certains magiciens auront besoin d'un poignard magique et de tracer des signes dans l'air, d'autres d'une baguette et de la faire bouger d'une certaine manière, d'autres encore auront besoin d'un orbe et de prononcer certaines paroles précises. Enfin, d'autres personnes, comme toi, ont besoin d'un instrument et d'un chant ou de quelques notes."
"Ca veut dire que d'autres instruments de musique peuvent marcher ? Comme un oud ?"
"En effet. Mais il faut qu'il soit magique."
"Et je sais ça comment s'il est magique ?"
"Tu le sauras. Tous les mages savent reconnaître un objet magique."
"Et vous auriez des partitions pour des gens comme moi ?"
"Tout dépend combien tu possèdes."

Je détache la bourse de ma ceinture et la tend au vieil homme. Elle est assez peu lourde contrairement à celles que j'ai vu passer dans les mains de mon maître et je regrette un peu de n'avoir pas cherché à trouver sa fortune avant de quitter la maison. Mais c'est tout ce que je possède.

"Bien, alors, la première chose que je vais te proposer, c'est ceci."

Il sort une bouteille, transparente, brillante d'un gris clair presque transparent cependant, remuant comme un nuage dans un coup de vent.

"C'est quoi ça ?"
"Un fluide élémentaire."
"Ah oui, comme celui qui me fait vivre. J'en avais jamais vu en bouteille."
"A part que tu ne peux pas puiser dans ceux qui font ta vie. Dans celui-là, quand tu l'auras absorbé, tu pourras et avec tu pourras lancer des sorts."
"Je prends. Et en partition, vous avez quoi ?"
"Il devrait te rester pour 50 yus. Attends, je vais la retrouver."

Il sort alors de quelque part derrière son bureau une feuille avec une partition tout en longueur qui se finit par une note très courte.

"C'est un sort d'attaque. Tu n'es pas ici sur le Naora et ça pourrait t'aider d'avoir de quoi te défendre."

Je lui laisse ma bourse en prenant les deux objets avant de partir de la boutique.


(((HRP : Achat d'un fluide 1/16 de vent et d'un parchemin "vents infernaux"; la partition que me donne Luneoh est ma dernière récompense)))

(((>>> vers les rues)))

Merl’Hun avait traîné le petit Tips parmi les rues de la cité avec acharnement et vélocité. Les passants qui avaient croisé leur chemin s’étaient retournés, surpris et consterné par la présence d’un gobelin en leurs murs. Mais ils étaient bien vite rassuré de voir avec quelle docilité le petit être vert suivait avec acharnement ce jeune homme en vêtement de mage qui ouvrait la marche d’un pas cadencé. Un esclave, sans doute, s’étaient-ils dits alors. Même si armé comme il l’était, Tips ne faisais pas vraiment penser à un débraillé vêtu de loques déchirées. Certes, sa gabardine était trop grande, mais ça n’était pas une raison.

Ainsi donc, le jeune mage l’avait conduit jusqu’à une échoppe de magie du centre kendran. Tips ne savait pas du tout par où il était passé, ni comment il ferait pour retrouver son chemin dans les dédales immenses de la capitale kendrane afin de se rendre à nouveau à l’Horloge d’Ynorie. Sans doute devrait-il suivre une fois de plus ce mage aux longues enjambées, en trottinant et haletant jusqu’à destination.

Quoi qu’il en fut, le jeune Merl’Hun semblait habitué à la boutique, qui parut simplement magique et magistrale au gobelin. Ici, tout brillait. Il y avait tant d’objets, de parchemins, de fioles, de bâtons enchantés, de baguettes magiques, de robes de magicien et autres objets arcaniques.

Sans porter attention à Tips, Merl’Hun s’était tourné vers le propriétaire de ce magasin singulier, un vieux barbu à l’air noble et sage.

« Bonjour, Sire Moboutou. Voici Tips, un jeune shaman en manque de magie. Il lui faudrait six fioles de fluide terreux. Les moyennes, pour plus de puissance ! »

Le tenancier de la boutique toisa un instant Tips, surpris visiblement par la commande passée. Il grimaça un peu, se demandant sans doute si le jeune gobelin parviendrait à absorber une telle quantité magique en une fois sans y rester, mais consentit finalement à donner une petite valisette à Merl’Hun, contenant lesdits fluides de terre. Le mage adolescent se tourna vers Tips avec un grand sourire, et lui tendit la malette.

« Voilà, c’est le mieux que je puisse faire pour toi. »

Tips l’accepta en s’en saisissant avec de grands yeux étonnés, et seul un mot gêné parvint à sortir de son gosier serré :

« Merci… »

Merl’Hun fit alors une chose à laquelle Tips ne s’attendait pas. Il fit volte-face, et avec la rapidité qui le caractérisait, passa la porte de la boutique en y laissant seul le gobelin penaud. Celui-ci regarda le mage-marchand, Sire Moboutou, avec de grands yeux impressionnés. Et là, il se souvint d’une petite chose qu’il s’était promis de faire analyser. Un petit caillou gravé d’or qu’il avait trouvé dans ses affaires.

« Dites, monsieur le magicien, vous pourriez dire ce que c’est, ça ? »

Il lui tendit le petit caillou avec curiosité…

[HRP : Achat de 6 fluides 1/8 de terre, et analyse de la rune dorée que j’ai dans mon sac. Coût total : 670 yus. (6*95 + 100)]

Le vieux mage barbu ne mit pas de temps avant d’inspecter le caillou doré que le petit gobelin lui tendait. Apparemment, ce vieil humain était surpris, à en juger par l’aspect circonspect de son visage perplexe, aux sourcils relevés de surprise et de réflexion.

« Comment donc es-tu entré en possession de ceci ? »

Il était sans doute curieux de voir qu’un simple sekteg à l’air ahuri avait de telles choses en sa possession, même si le sekteg en question venait de dévaliser sa réserve de fluides magiques terreux. Shaman, d’accord, mais de là à être un shaman puissant et riche, il y avait une marge. Tips grimaça en tentant de se souvenir…

« On… on me l’a jeté dessus… »

Pauvre gobelin lapidé par la haine humaine d’un adolescent jaloux de l’affection de son petit frère pour une créature qui n’avait rien à faire sous le même toit que lui. Tips s’en était sorti finalement heureux, possesseur sans le vouloir d’un artefact puissant, sans doute. Le vieux mage venait de passer une main dans sa barbe en hochant du chef.

« Il s’agit d’une rune. Une rune magique dotée de puissants pouvoirs. Sais-tu ce qu’est une rune ? »

Le mouvement de la tête du gobelin lui fit rapidement comprendre qu’il n’en savait fichtrement rien, et il poursuivit sur sa lancée.

« C’est une pierre gravée d’un symbole qui lui confère des pouvoirs spécifiques. Le symbole qui y est gravé est ‘Aoz’ et signifie ‘Terre’. C’est la puissance de la terre qui est enfermée dans cette rune d’or. Étrange, quand on sait que la magie qui coule en toi est du même élément… Zewen t’a sans doute réservé une grande destinée. »

Le regard malicieux se posa sur le petit être chétif qui ne savait absolument pas de quoi il voulait parler, même si ça sonnait drôlement bien, dans sa bouche de vieux sage lettré. Il avait l’air complètement perdu, et son regard vide et expressif chercha en vain une réponse sur le visage du vieillard paisible. Celui-ci, pour toute réponse, lui tendit un petit objet en bois muni d’une aiguille rotative en son centre. Une aiguille qui ne cessait de tourner sur elle-même.

« Tiens, prends ceci. Cela t’aidera à trouver ce que tu cherches… »

Tips prit le présent entre ses petites mains comme s’il s’agissait du plus précieux des joyaux.

« Merci monsieur le magicien. »

Sa joie était réelle, et sa timidité attendrissante. Le vieux Moboutou se laissa partir en un petit rire touché.

« Allons, file maintenant. Tu as tant à faire ! »

Il n’avait aucune idée, une fois encore, de ce dont le vieux sage voulait parler, mais il opina du chef en souriant.

« Au revoir monsieur. Et merci. »

Avec un petit sourire béat, il quitta le magasin du vieux Moboutou.

J’entre maintenant dans la boutique du vieux Moboutou, il y a bien longtemps que je n’ai pas franchi les portes de ce lieu. J’ai dû traverser au moins une fois le monde avant de revenir ici. Je salue le vieil homme. Je pose sur la table, différents objets que je ne souhaite plus. Puis je lui dis ;

Je ne veux plus de ma potion d’endurance, de mon collier de perles noires, de ma dent de loup, de mes bottes et enfin de cette bouteille d’hydromel. En revanche, je souhaiterais si cela est possible d’obtenir des fluides de lumière et de vent ainsi que des sorts correspondant à un débutant pour les deux. Enfin, pouvez-vous me dire comme utiliser les runes que j’ai en ma possession ?

Moboutou examine attentivement tes objets, un par un, pour en estimer le prix. En renifler la potion d'endurance, il sourit soudainement.

"Ce n'est pas une potion d'endurance, c'est un filtre de rire. Vous avez un farceur dans votre entourage. Bon, pour l'ensemble, je vous donnerais 232 yus."

Il examina ensuite les runes.

"C'est la façon dont on les utilise qui vous pose problème ? Rassurez vous, il n'y rien de très compliqué. Il faut d'abord connaitre le nom et la signification de la rune. Ensuite, pour enclencher son pouvoir, il suffit de prononcer son nom et la serrant dans la main. Il vaut mieux penser fort à l'effet désirer en fonction de la rune, mais il n'a pas été établi que cela avait une réelle influence sur la magie de la rune. C'est plus une superstition au cas où. Vous pouvez aussi prononcer le nom de la rune en l'apposant sur quelque chose ou quelqu'un. La magie de la rune sera dirigé vers cette cible. Si vous associez plusieurs runes, vous pouvez avoir des effets plus précis ou plus puissants. Il faut savoir que certaines runes ne font rien sans être associé à une autre. Par exemple, ces deux-ci sont inutiles sans une rune localiser, détruire, arrêter..."

Il finit ses explications en montrant les runes bouteille et rivière. Puis, estimant son explication claire, il va vers ses étagères pour prendre quelques fioles dans le rayonnage.

"Quel est votre budget pour les fluides et les sorts ? Vous voulez absorber le maximum de fluide de chacun de vos éléments ou juste prendre un plus de puissance ? Quant aux parchemins, il y a beaucoup de choix et j'ai besoin d'en savoir plus pour vous aider. Vous voulez des sorts variés, ou plutôt des sorts offensifs, défensifs, utilitaires ou encore des sorts de soins ?"

Moboutou me dit que la potion d’endurance était en réalité une potion d’hilarité. Je ne me souviens plus d’où je l’ai obtenu. Il m’en propose 232 yus ce que je trouve honnête pour de l’équipement que j’ai eu gratuitement, de plus il me donne d’excellentes explications sur les runes. Puis il me demande mes besoins sur les éléments concernant la magie. Je lui réponds :

« Je ne suis encore qu’un simple néophyte dans la magie, par contre il me faudrait des fluides de lumière et de vent. Il m’en faudrait suffisant pour pouvoir lancer au moins deux à trois sorts. Pour ce qui est des parchemins, il faudrait des sorts de défenses principalement. Je ne compte pas utiliser les sorts pour l’attaque, du moins pour le moment. Pour le budget, ne vous inquiétez pas pour moi, j’ai ce qu’il faut. * je secoue ma bourse*
Par contre, où pourrais-je obtenir des runes ? Et excusez, mon impolitesse, je vous remercie de vos explications. »

Un peu surpris par la taille et le tintement de la bourse, le vieux mage prends alors plus de fioles sur les étagères.

"Je vous donne donc de quoi charger au maximum votre potentiel magique. Quant aux sorts..."

Il sort différents rouleaux de parchemin et les étale sur un bureau.

"Avec ces parchemins, vous pourrez apprendre et maîtriser bien plus facilement les sorts. Dans la magie de lumière, je vous conseille le souffle de Gaïa, des soins magiques qui sont utiles tout le temps pour les aventuriers. Ensuite, La force du ciel et le bouclier divin qui renforce respectivement la puissance de vos attaques et votre défense. Dans la magie d'air, il y a les vents infernaux, une attaque magique en projetant de l'air fortement, ou encore le sirocco aveuglant qui aveugle un ennemi et l'empêche de bien se battre. Après, il existe bien d'autres sorts qui pourraient vous être utile. Tout dépend de ce que vous voulez en faire par la suite."

Pendant que tu choisis, il répond à ta question sur les runes.

"Malheureusement, les runes sont des objets magiques rares qui apparaissent ou se trouvent au gré du hasard et des aventures de certains. J'en ai vu beaucoup dans les mains d'explorateur, mais j'en ai eu rarement en ma possession et je ne connais aucun point de vente qui en propose. D'ailleurs, si vous en trouvez un et que vous n'achetez pas tout le stock, auriez vous l'amabilité de me faire connaitre cet endroit ?"

(((Je prévois 4 fluides 1/4 air et 4 fluides 1/4 lumière, ce qui coûte au total 2 000 yus. Pour les parchemins, ils coûtent 300 yus l'unité.)))

Moboutou me présente différents sorts, je lui dis :

Je prendrais le souffle de Gaïa, la force du ciel, par contre je préfèrerais que la défense soit faite par la magie de Rana si cela est possible. Par contre si vous avez des sorts qui permet de faire léviter ou encore faire changer la voix, je suis preneur.

Je ne vois pas si d’autres choses seraient utiles pour moi. Je ne dois pas être trop gourmand pour le moment. Il faut que je gravisse tranquillement les échelons de la magie.

"Très bien, j'ai ce qu'il faut pour ça, quelques petits sorts reproduisants les effets que vous voulez."

Il retire quelques parchemins de la table pour en poser d'autres à la place. Une fois tes achats rassemblés, il réfléchit un instant pour te donner la somme.

"Ces trois là sont à 300 yus pièces, ces deux là à 50 yus... Si on rajoute les fluides et enlève ce que je vous dois pour les équipements magiques que vous me vendez... ça fera 2 768 yus."

Il encaisse la coquette somme avec le sourire et te souhaite une bonne journée pendant que tu embarque tes affaires

Il me dit que les sorts, que je désire, existent réellement. Il sort un boulier et commence à compter combien je lui dois tout en déduisant ce que lui me dois. Je vois énormément de boules partir d’un côté. Je sens que ma bourse va s’alléger de beaucoup sans aucun problème. Il pose les fioles remplies de liquides pour quatre d’entre elles émettent des radiations jaunes comme le soleil. Quant aux autres, je les observe de plus près et je remarque qu’il y a comme des tornades à l’intérieur. Je trouve ceci assez curieux de voir une tornade dans un liquide, ce serait plutôt un typhon, mais là j’ai vraiment la sensation de voir des courants d’air.

Je glisse les fioles dans mon sac avec les différents parchemins. Puis je vois un sourire se dessiner sur le visage de Moboutou quand il m’annonce que je lui dois 2768yus. Je ne pensais pas en avoir pour autant, mais je me devais de faire quelque chose. Je donne la somme que je dois et me retire en le saluant.

Un souffle d’exaspération se fit entendre, Thalo bouleversé tourna lentement la tête vers Rosa, elle s’impatientait. L’idée d’attendre des meurtriers ne la dérangeait pas plus que ça, le problème venait du temps qu’ils mettaient. Le capitaine et son sbire s’étaient peut être retrouvés face à la garde, pourvu qu’ils se soient comportés de façon raisonnable cette fois. Quand il y repensait, le wiehl pesta de s’être confié à ce milicien parjure. Peut-être était-ce le capitaine qui l’avait manipulé mais le guerrier se rappela d’un homme faible sans talent rhétorique. Tout cela manquait de cohérence et d’honneur. La mage regardait son sac d’un air curieux.

« Qu’est ce qu’il y a de nouveau… ? Tu as quelque chose qui m’intéresse. »

« Ah ce sont les récompenses des marchands, vous vous êtes tellement hâtées d’aller à Kendra Kar que je n’ai pas oser vous retenir pour vous les remettre. »

Cela lui paraissait impressionnant qu’elle parvenait à sentir le fluide magique de feu que le marchand lui avait remis. Encore une bizarrerie de mage de découverte selon lui, Thalo la laissa fouiller dans ses affaires. De plus, elle semblait trop impatiente pour accepter la gêne que sa curiosité suscitait et parfois le guerrier se demandait si Rosa avait bien un siècle derrière elle. La jeune fille qu’elle devint subitement trouva ce qu’elle cherchait mais un détail l’arrêta. La sorcière sortit alors un vêtement dont Thalo expliqua pris au dépourvu en quoi il consistait :

« Cela faisait parti des présents, hm. Le chef de la caravane m’a expliqué qu’il était magique. »

« C’est un corset. Quel genre d’horreurs portes-tu sous ton harnois ? »

« Eh bien en réalité, ce n’est pas pour moi. »

« Si. »

« Il l’a appelé le… « corset de la veuve noire ». Ne vous fiez pas au nom, il rend plus résistante, celle qui le porte. Du moins c’est ce que… Enfin je vais le ranger et le donner à quelqu’un. »

« Nous allons bien voir s’il est bel et bien magique. Au quel cas, je me poserai certaines questions sur les vœux d’un certain protecteur. »

« Je ne vois pas de quoi vous parler. Et je n’ai aucun vœu à ce sujet. »

La sorcière fit un geste de la main pour montrer à quel point elle croyait à sa thèse puis s’éloigna de deux mâles impurs. Une fois un endroit bien à l’abri des regards et après moult vérifications, la shaakt curieuse essaya ce vêtement d’une culture bien différente de la sienne. Elle peina à le mettre et le vêtement la pressait terriblement pour lui donner une silhouette conique, l’enchantement vint cependant altérer complètement ce manque d’air. L’objet semblait bel et bien magique et la mage se sentait moins fragile. Satisfaite, l’elfe cacha cette expérience sous sa robe moins voyante et son éternel manteau noir, image du défendu. Rosa profita ensuite de l’absence des niaiseries de l’armure pour absorber le fluide. La sensation fut plus forte que la fois précédente, peut être était-ce du à la qualité du produit ? Le feu se ravivait en elle, la shaakt brillait de sensations de pouvoir. Peu à peu sa puissance atteignait ses rêves d’enfance mais il lui en fallait plus. Un moment après, elle rejoignit Thalo et Mazhui.

« J’aimerai retourner en ville, j’ai vu une boutique d’articles magiques. »

« Vous n’avez pas peur que vos relations vous attirent des ennuis ? »

« Mais non. Mazhui est assez grand pour attendre la petite troupe tout seul et tu viens avec moi, non ? »

Le guerrier haussa les épaules puis lui fit signe d’avancer. Rosa promit au prisonnier en cavale avec un sourire espiègle qu’ils ne seraient pas long. Les gardes ne prirent même pas la peine de leur accorder attention cette fois ci. Le bâtiment ne fut pas difficile à trouver, la vitre laissait voir des articles plus absurdes les uns que les autres dans un bric à brac que seul un magicien pouvait apprécier. Le fameux Moboutou se tenait là, un illustre vénérable qui se montrait fort aimable malgré qu’une shaakt entrait dans son établissement. Celle ci ne se fit pas prier pour prononcer sa requête. Cependant Thalo perçut une trace de respect dans le ton de la mage.

« Bonjour. J’aimerai un fluide d’élément feu, le meilleur que vous puissiez avoir … » Elle se mit à fureter dans le rayon des parchemins « Oh. Et avec ces parchemins de sorts là s’il vous plaît. »

C’est fou ce qu’elle paraissait sage avec des collègues mages.


(Récapitulatif hrp : Un fluide ( 1 / 4 ) pour 250 yus, Deux parchemins de sorts simples niveau 1 élément feu : cercle de feu et repéré pour 200 yus . Total = 450 yus )

Le vieux Moboutou vous observa alors que vous entriez dans sa boutique. Il dévisagea ton compagnon en armure avec une drôle de grimace. Alors que tu lui parlais, il haussa un sourcil.

"Hé bien, voilà une jeune elfe qui sait ce qu'elle veut ! Attendez-moi ici, je vais vous chercher tout ça."

Il quitta son comptoir un instant, attrapant au passage les deux parchemins que tu lui avais montré et alla farfouiller dans une énorme armoire qui laissait émaner d'étranges lumières colorés à travers l'interstice de la porte. Quelques grognements et bruits de verre s'entrechoquant plus tard, Moboutou revint vers vous deux.

"Voilà. Faites bien attention avec ce fluide, à cette concentration, ils ne sont plus tout à fait inoffensifs. Il vaut mieux être en pleine forme lorsque vous l'absorberez. En ce qui concerne les parchemins, vous n'aurez qu'à les lire pour connaître le sort, c'est une toute nouvelle technologie. Génial, non ?"

Il t'envoya un sourire charmeur avant d'ajouter :

"Bon, et bien ça vous fera 450 yus, mademoiselle."

Le vieux Moboutou observa la jeune femme avec un sourire aux lèvres. Il se frotta les mains et sans rien dire s'en alla chercher les fioles dans son arrière boutique.

De retour devant la magicienne, son sourire s'effaça. Il avait remarqué tes mains sur ton corset et la fin du spectacle semblait l'ennuyer fortement.

Il grommela avant de faire les comptes pour le nombre de fluide...

"Vous êtes sur jeune demoiselle de ne pas vouloir des fluides plus élaborés?"

Le ton était celui d'un bon vendeur, le visage était redevenu amicale et un rictus forcé s'appliquait maintenant sur sa barbe blanche.

Quelle honte ! Ce vieillard gâteux osait marchander avec la délicieuse Amarante, déjà prête à lui sauter à la gorge pour lui faire regretter un tel acte. Pour qui se prenait-il ? Elle qui pensait avoir gagné ses faveurs la dernière fois où elle était venue acheter un sortilège, la Sulfureuse regrettait à présent de lui avoir accordé une parcelle de confiance. Une fois qu'elle aura acquis une puissance suffisante, elle viendrait ici et réduirait cet imbécile à l'esclavage, le vidant de tous ses biens pour les récupérer à son compte. Non, la divine Amarante n'avait pas peur de ce vieux braillard, elle avait exigé ces fluides et désirait qu'on lui obéisse et elle ne tolèrerait pas d'écart !
«Je crois vous avoir demandé quelque chose, je ne suis pas là pour perdre mon temps avec vous.» déclara-t-elle sur un ton cinglant.

La Belle déposa alors les yus qui claquèrent sur le bois sur une table où étaient entreposés des parchemins. Enfin, elle récupéra les fioles sans le moindre regard à cet imbécile de bas étage, les mit dans son sac et s'en alla de cette boutique aussi délabrée que son vendeur. Il était évident qu'elle ne remettrait sans doute les pieds ici, sauf pour faire regretter ses paroles à ce marchand inférieur. Jamais on ne l'avait traitée de la sorte, marchander avec Amarante était-il fou ? Des fluides plus élaborés ? Non ! Elle n'en voulait pas, ne lui avait-elle pas certifié qu'elle désirait quatre fluides pour faire accroître ses dons ? L'implacable divinité se retourna et s'en alla sans un mot, affermissant son emprise sur sa colère afin de ne pas la faire exploser dans une rafale mal placée.