Accroché au dessus d'une porte de bois massif pendouille une pancarte affirmant que je me trouve devant chez « Moboutou » (merci Aurore pour la lecture, même si je me demande si elle ne m'a pas donné un nom bidon pour me faire une farce. Ce serait tout à fait son genre... Hum, je l'appellerai monsieur le marchand, dans le doute.). Dégoter la boutique ne fut pas très compliqué, une fois trouvé un gentil Kendran prêt à indiquer son chemin à un petit bonhomme ailé, sympathique et fort bien fait de sa personne.
(Pffff.)
(Silence, JE raconte l'histoire. Navré.)
Bien incapable d'ouvrir la porte tout seul, j'ai dû attendre qu'un autre client l'ouvre pour moi, et si possible, évite de me la refermer dessus. Un vrai assisté. Foutues portes.
Sitôt entré dans la boutique dont je peux ressentir l'énergie magique en latence, un vieux monsieur possédant une impressionnante barbe blanche pousse une exclamation sonore et se précipite sur moi pour me saisir dans sa paume et me bringuebaler dans ton son magasin sans oublier de me noyer sous un déluge continu de paroles. Déboussolant, le bonhomme. De son babil ravi et probablement commercial, je n'ai pu comprendre que des bribes, comme « ça alors, UN aldryde! », « fluides de glace, c'est ironique, mais tout à fait abordable, regardez ici! », « ne l'utilisez pas avec du jambon » et « ne dure que quelques jours, mais résultat garanti! ». Totalement impuissant, je me résous à attendre. Il va bien la fermer à un moment, le papi. L'instant béni arrive enfin après de longues minutes et de nombreux tours de magasin, et je dois dire qu'il s'est plutôt mis le client que je suis potentiellement à dos (Aurore n'a pas arrêté de se moquer de moi pendant la petite promenade, bien évidemment), ce qui ne m'incite pas à la plus grande politesse. De ma voix de stentor aldrydique (qui celui qui a chuchoté le mot « oxymore » sorte tout de suite), j'aboie:
« MONSIEUR LE MARCHAND! Je veux des fluides de glace. Je veux des sorts puissants. Je veux payer et m'en aller. Mais avant tout, je veux DESCENDRE! »
Non mais c'est vrai, quoi. Mon autorité naturelle (ou plutôt Moboutou se rendant compte qu'il a pris un client pour un maracas) le fait me lâcher tout de suite, un grand merci à elle. Je reprends un peu de contenance tandis que le vieil homme m'emmène comme si de rien n'était devant un rayon qu'il a qualifié de « dédié au petit Peuple ». Devant mes yeux brillants s'alignent des dizaines de fluides, parchemins, et autres équipements dont je peux sentir les propriétés magiques d'ici. Le tout à ma taille. Mer-veil-leux.
A partir de cet instant, mes emplettes ne me prennent pas longtemps. Ayant été informé par ma conseillère financière que je pouvais acheter tout ce qu'il me chantait, j'ai allègrement entassé dans mes bras avides trois fluides de glace, trois parchemins (dont les intitulés ont été lus et approuvés par Aurore), et une paire de ravissants brassards en verre givré (magiques à n'en pas douter, vu l'afflux d'énergie que j'ai senti émaner d'eux lorsque je les ai touchés). Enchanté par mes acquisitions en devenir, je volète jusqu'au comptoir où Moboutou est retourné, et lui présente les articles choisis. Le vieux observe quelques instants lesdits objets avant de m'annoncer d'une voix neutre:
« 2886 yus, s'il vous plaît. »
Me saisissant de ma bourse magique, je lui fais le coup du « je-la-retourne-et-déverse-ma-fortune-sur-le-comptoir-pour-étaler-ma-puissance-pécuniaire-devant-les-yeux-exorbités-du-marchand-que-j'espère-honnête-car-je-suis-bien-incapable-de-me-rendre-compte-d'une-potentielle-arnaque ». Ce dernier hausse un sourcil devant mon esbroufe, mais ramasse bien vite parmi les pièces et les pierres étalées devant lui ce dont il a besoin pour payer les articles. Du moins, je l'espère. Ceci fait, il repousse vers moi tout ce qui traîne sur le comptoir et me regarde d'un air amusé ranger tout mon barda dans ma bourse magique et mon sac, qui devient bien rebondi.
La fastidieuse opération terminée, je lève vers Moboutou un regard plein de dignité bafouée, lui adresse un signe de tête froid et théâtral, et m'envole, l'outrage personnifié. Malheureusement pour moi, ma sortie est gâchée, puisqu'incapable à nouveau d'ouvrir la porte, j'ai dû attendre que le vieux bougre me l'ouvre. Ses éclats de rire résonnent encore à mes oreilles outrées.
[HRP: Voici donc ce que j'achète:
-Deux fluides ¼ et un fluide 1/8 de glace, ce qui fait 500+110= 610 yus
-Les trois sortilèges de la classe « magicien », ce qui fait 1500 yus
Une paire de Brassards de verre givré (mag+5, PM glace +2), objet de lvl 11, facturé à 776
Le tout donc pour 2886 yus!]