< Les rues >Éreintée, je m'écroulais sur mon lit, Karinn fit de même. Je repensais à l'animal. Un des égouts était bouché, et grâce à ma petite taille j'avais pu m'y faufiler pour retirer le tas d'ordure qui le bloquait. En ressortant de l'égout, j'avais aperçu un animal. Nos regards se sont croisés, mais il s'est enfui trop vite avant que je puisse voir de quel genre de bête il s'agissait. Depuis petite fille, j'aimais beaucoup les animaux, celui-ci me fascinait.
« Dis moi Karinn, dis moi ce que tu sais sur les vols de Garcia » réclamais-je
Elle ne bougea pas de son lit mais sembla tendue. Je sentis du stress dans ses paroles :
« Mais pourquoi tu m'embêtes avec ça petite Loys... Je suis épuisée... » Avec difficulté, mes membres étant douloureux après cette journée harassante, je me levai et m'accroupis à coté du lit de Karinn. Sérieusement, je répétais :
« Dis moi... C'est la seule façon pour que nous puissions nous enfuir d'ici. Je t'en conjure... »Karinn se redressa, et me regarda gravement.
« Je l'ai surprise une fois. Elle ne m'a pas vue. Mais si elle le sait elle me tuera. »« Elle n'en saura rien »« Et bien... Elle cache certains fruits de ses vols dans son bureau. Là où elle range les chartes signées et la paperasse de son entreprise. Pas tout je pense, mais certains en tout cas. Je n'en sais pas plus. »« Ça me suffit Karinn. Prépare tes affaires, on part cette nuit. »« Cette nuit !? »Karinn restait sceptique, mais j'opinais du chef, sûre de moi.
Le reste de la soirée se passa comme la veille. Nous mangeâmes surveillées, à la même table que les amies de Karinn. Nous devions être au total une trentaine de bonnes. Sous mes recommandations, Karinn n'évoqua pas notre fuite.
Comme si de rien n'était, nous sommes remontées dans notre chambre après le repas, et l'attente commença. Si nous dormions maintenant, il était sur, en vue de notre état de fatigue, que nous ne nous réveilleront pas avant le lendemain. Je décidais donc de veiller jusqu'au moment propice, et Karinn resta éveillée avec moi malgré mon insistance. Il fit noir, nous attendions toujours en silence. Parfois mes yeux se fermaient seuls et j'étais sur le point de m'endormir, et à d'autre moments, je ne me sentais pas fatiguée, seulement très concentrée. Je n'avais pas peur, je savais que je réussirai. Avais-je tord ?
Le silence était maintenant total et pesant. Je me levais, Karinn fit de même. Je lui fis signe de rester, et sortis de la chambre. J'étais pieds nus, et lentement, me faufilais en silence dans le couloir. Je descendis les escaliers à pas de Lyikor, mon poids léger me permettant de ne pas faire craquer les marches. Je traversais encore un couloir, regardai par la serrure de plusieurs pièces, puis finit par trouver le bureau de Garcia. J'y pénétrai avec précautions, et par chance il était vide et ouvert. J'y trouvais un coffre, ouvert. Il contenait des enveloppes, et une boite. Je pris la pile de courrier, retournais une enveloppe. Un nom : c'était les chartes. J'ouvris la boite : des bijoux. J'étais méfiante. C'était presque trop facile. Je jetais les enveloppes dans le foyer allumé, et fouillais la boite. J'y trouvais rapidement le pendentif de Dorothée. Je jubilais de la facilité de la tâche. Du moins jusqu'à ce que la porte s'ouvre. Je m'emparais du pendentif et lâchais la boite qui se rependit au sol, les bijoux s'éclatant bruyamment dans un tintamarre mécanique, une cacophonie d'horloge cassée. Je me jetais sous le gros bureau en bois massif. Une fois de plus, je bénissais les dieux de m'avoir confié cette petite taille.
Je vis des jambes entrer, celles de Garcia. En voyant son coffre ouvert et ses bijoux volés répandus au sol, elle hurla, si fort que je dus presque m'en boucher les oreilles, puis se retourna et courut. Mon sang ne fit qu'un tour : elle allait vers les chambres ! Je courus de toute mes forces, me retrouvai dans le couloir des chambres, Garcia les faisait toutes une par une. Alors qu'elle rentrait dans une chambre avec violence, je profitai de son inattention pour courir vers la mienne. Je l'ouvris, Karinn n'y était pas, le fenêtre était ouverte. Je fermai la fenêtre et bondis hors de la chambre, prenant mon baluchon que j'avais préparé par avance, celles de Karinn n'étaient plus là. Elle m'avait dénoncée a Garcia, la traitre ! J'accourus vers la porte de sortie, frappant au passage à toutes les portes de chambre. Elles s'ouvraient derrière moi, certaines filles râlant, pleurant ou criant, croyant à un bandit ou un tueur. C'était un chahut formidable.
En moins de cinq secondes, j'étais dehors, haletante, les muscles douloureux, mais ce n'était pas fini...
< Les rues >