<-- SiratMalgré les efforts intenses demandés à mon corps ces derniers jours, je ne ressentais aucune courbature. Le sommeil avait été récupérateur, il va sans dire, j’avais retrouvé la forme et la bonne humeur au-delà de mes espérances, moi qui hier seulement m’imaginais à l’article de la mort. Croyante dans l’âme, je ne pouvais m’empêcher de présumer que cet homme, apparu dans mon rêve, y était pour quelque chose.
Perdue dans mes réflexions, mon estomac par ses gargouillis incessants me ramena assez rapidement sur terre, à des besoins plus essentiels : se nourrir. Sans tarder, je débutai donc une petite toilette, j’avais hâte de me rendre en bas, à la salle commune, pour déguster un bon petit repas, mais surtout pour le faire en compagnie de Sirat.
Assise dans la bassine qui pour moi s’avérait être un bain luxueux, je me lavais consciencieusement tout en pensant aux paroles de mon ami. D’une voix douce il m’avait parlé de sa ville et m’avait promis qu’il m’accompagnerait au marché. Je laissai échapper un petit rire, jamais je n’aurais pensé me lier d’amitié avec un guerrier, qui plus est humoran. Mon envie de le retrouver étant plus forte, je m’empressai de terminer ma toilette, de m’assécher et puis de bien brosser ma longue chevelure. Il était important pour moi de bien paraître, je voulais montrer à mon ami, que je m’étais bien remise de notre exténuante aventure.
Je jetai un coup d’œil circulaire sur cette petite chambre d’auberge propre et coquette pour m’assurer n’avoir rien oublié puis je franchis la porte.
En pleine possession de mes moyens et d’humeur assez joviale, je glissai sur la rampe plutôt que d’emprunter les escaliers et terminai par une petite cabriole avant d’atterrir prestement sur le plancher, sans oublier de saluer gaiement le propriétaire au passage.
Ce dernier, arborant une jolie frimousse que je ne pus m’empêcher d’admirer, répondit avec un sourire que je qualifierais de ravageur :
« Et bien, vous êtes en meilleure forme qu’hier, ça fait plaisir à voir. Prenez place à cette table » Me dit-il en me pointant une petite table du menton.
« Je reviens dans deux petites minutes, avec tout ce qu’il faut pour vous rendre votre repas plus agréable. »Perplexe, je le regardai partir sans trop comprendre ce qu’il voulait dire. Ce n’est que lorsqu’il revint avec un petit godet et une petite boite de bois que je compris rapidement ses intentions. Il retourna le petit verre sur la table et y déposa la petite boite juste devant. Grâce à la délicatesse du propriétaire de l’établissement, je jouissais à présent d’un tabouret et d’une table à ma taille. Touchée par cette aimable attention, je le remerciai chaleureusement.
« Remerciez plutôt votre grand ami. » Me dit-il tout en s’esclaffant,
« Il m’a promis toute une raclée, si je n’étais pas aux petits soins avec vous. » Ces mots avaient été prononcés avec bonne humeur et sans amertume, il était conscient de l’attachement qui me liait à Sirat et il semblait même nous envier de jouir d’une si belle amitié. Puis il ajouta :
« Je reviens dans une petite minute avec un savoureux petit déjeuner dont vous me donnerez des nouvelles. »Avant qu’il n’eut le temps de tourner les talons, je lui rétorquai d’un air taquin.
« Je préfèrerais attendre mon protecteur, je ne veux pas commencer sans lui. » C’est ainsi que le charmant Sam retourna à ses occupations et que j’attendis patiemment l’arrivée du grand guerrier musclé.
Il était assez tôt et la salle presque déserte, la plupart des clients devaient encore profiter du confort des lits douillets de l’auberge. Ce n’est donc pas un hasard, si j’ai pu remarquer cette plantureuse jeune femme descendre les marches l’air contrariée.
Cette jolie brunette aux cheveux bouclées qui semblait s’être habillée en toute hâte, avait la tête de quelqu’un qui n’avait pas eue de bonnes nouvelles à son réveil. Sa triste mine me fit un peu de peine. Étant d’humeur très joyeuse depuis ce matin, j’aurais aimé qu’il en soit ainsi pour tous. Naïve et gentille, mais pas au point d’aborder ainsi une inconnue, je la regardai quitter les lieux, souhaitant intérieurement que sa journée se terminerait mieux qu’elle n’avait débuté.
Je passai les minutes suivantes à chantonner gaiement jusqu’à ce que je vis un magnifique humoran au pelage orangé descendre les escaliers.
Je lui fis un grand signe de la main afin qu’il me rejoigne et gaiement je débutai la conversation :
« Bon matin, vous avez bien dormi ? » Puis en le regardant se rapprocher de moi, je me rappelai soudain des dernières phrases que je lui avais dites avant qu’il me quitte la veille.
Je baissai les yeux et timidement, je lui fis des excuses.
« Je m’excuses pour hier, j’ai été ridicule de te parler ainsi comme si j’étais à l’agonie. »L’arrivée de Sirat ne passa pas plus inaperçue aux yeux de l’aubergiste qui s’empressa de nous apporter chacun un succulent petit déjeuner.