Inscription: Lun 6 Déc 2010 20:42 Messages: 754 Localisation: Oranan
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Toal ou le machin aux cheveux bleus que je sais même pas comment ça s'appelle "Réveille toi Psylo. Aller, debout !"
Je grognai.
"Aller gros flemmard, il est déjà presque dix heures ..."
J'attrapai l'oreiller et le collai sur mon visage afin d'étouffer le son et la lumière.
"DEBOUT J'AI DIT !!!"
J’émergeai en sursaut, en position assise, sur le doux et confortable lit de l'auberge. Mes yeux étaient embués et ma tête lourde. Les rayons du soleil qui filtraient à travers les trois petites fenêtres agressaient mes pupilles. Je me frottai les paupières avec mes poings. Qu'est ce que je faisais là déjà ? Pourquoi ça sentait la terre et les fruits ? Ah oui ! La chambre de l'auberge ! Mais ... qui m'a réveillé si brusquement ?
Je regardai autour de moi, il n'y avait personne. Enfin, si il y avait bien cette petit rainette sur la table de nuit. Comment elle s'appelait déjà ? Toal ! Oui c'est ça ! Elle était belle ... Je tendis la main pour la caresser, mais la bouche de l'animal se tordit soudainement :
"Ah bah enfin tu t'es levé !"
"WAAAAH !!"
Dans un brusque mouvement de recul, je perdis l'équilibre et dégringolai de l'autre côté du lit, emportant la couverture avec moi. Doucement, je remontai la tête pour jeter un oeil par-dessus le lit, laissant seulement mes yeux dépasser et me protégeant la tête avec la couverture. La rainette était toujours posée sur la table de nuit, silencieuse.
"T'es ... t'es ... t'es une grenouille qui parle ?" dis-je, bégayant et terrifié de si bon matin.
Elle croassa et je me jetai instantanément sous le lit. J'entendis un petit rire égayer la pièce, et je m'aventurai une nouvelle fois à regarder par-dessus le lit. Je fis un bond en arrière, le dos collé contre le mur derrière moi, tremblant. Elle était posée là, sur le matelas, à m'observer, juste à quelques centimètres.
"Non, je ne suis pas vraiment une grenouille à vrai dire, ni un crapaud ... Mais je comprend que tu dises ça, puisque c'est ce à quoi je veux ressembler."
La voix de la ... chose était fluette, posée et teintée d'amusement. Elle ne semblait pas me vouloir du mal, au contraire, mais je n'ai jamais fait confiance facilement, alors à un animal qui parle alors qu'il ne devrait pas, vous vous imaginez ! Je me calmai quelque peu tout de même, ralentissant les battements de mon coeur qui semblait vouloir sortir de ma poitrine.
"Mais, alors t'es quoi exactement ?"
L'animal sembla sourire. Soudain, un petit *pouf* se fit entendre et une fumée grise recouvra soudainement la rainette. Puis, la fumée disparut aussi vite qu'elle était arrivée, pour laisser place à une petite souris toute bleue.
"Je suis ça, et ..."
*Pouf*, nouvelle transformation. Un gobelet en bois apparut sur mon matelas et se mit à parler lui-aussi :
"Ça, ou encore ... "
*Pouf*, une petite luciole émettant un douce lueur blanche voletait au-dessus de ma tête.
"Ça ... En fait, je peux être un peu ce que je veux. Mais en général, je préfères la rainette, c'est plus confortable. Enfin, mes maîtres me demandent souvent un style plus 'présentable', alors je prends cette forme."
*Pouf*. A quelques centimètres de moi, apparut une drôle de créature. Elle ressemblait un peu à un lutin, mais elle était à peine plus haute qu'une pomme, sa peau était kakie, et ses cheveux, mi-longs, d'un bleu pétant étaient hérissés sur sa tête. Elle était également munie d'une longue queue qui se terminait en une touffe de poils au diapason de ses cheveux. Simplement habillée d'un pagne fait de feuillages et de gants de cuir, elle s'appuyait sur un long bâton de bois. Elle portait également un grosse gourde en terre au côté gauche et quatre petites ailes translucides se déployaient dans son dos.
Je me mis soudainement à rire à gorge déployée, relâchant la pression. La créature ne semblait pas s'attendre à ce genre de réaction, car elle fit la moue, croisant les bras et regardant dans une autre direction.
"Ahahaha ! Excuse-moi, mais là vraiment ... Hmm, nan, mais tes couleurs, elles vont pas du tout ensemble, c'est bizarre. Na !"
Je ris de plus belle tandis que la créature rétorquai :
"Hmpf ! Tu peux parler, toi, avec tes cheveux roux et tes yeux violets, tu crois que ça va ensemble ? Na ! Na ! Na !"
L'animal insista bien sur les trois dernières syllabes. Je stoppa mon rire net. Il faut dire qu'elle m'avait bien eu pour le coup cette bestiole.
"Non, mais je te permets pas, espèce de ... espèce de ... espèce de machin que je sais même pas comment ça s'appelle."
"Je suis une faera."
"Une quoi ?"
"Une faera, mou du bulbe ! T'en as jamais entendu parler ?"
"Pft ! Non. Si on m'avait parlé d'une créature métamorphe, qui parle et qui a les cheveux peints en bleu, je m'en souviendrais, na !" dis-je goguenard.
"Grrr ! Toutes les faera n'ont pas les cheveux bleus ... C'est parce que je suis issu de fluides d'eau et d'air, c'est pour ça que mes couleurs majeures sont le bleu et le blanc."
"Ah ! T'es une créature magique alors ?"
"Oui, magique et secrète, seuls mes maîtres connaissent mon existence."
"C'est qui tes maîtres ?"
"Ben ... J'en ai eu pas mal, je peux pas tous les citer. Mais, pour l'instant, c'est toi !"
"Quoi ??? Mais non !"
"Ben si !"
"Et depuis quand ?"
"Et bien ... Depuis que tu m'as donné un nom. Toal, j'aime bien, j'avais jamais eu de nom lutin avant. En tout cas, t'as pas le choix, c'est magique, c'est comme ça. Si on me donne un nom on devient mon maître."
"Mais ... Mais ... J'ai pas mon mot à dire, c'est ça ? Et si je décide de te libérer ? Je peux faire ce que je veux de toi, vu que je suis ton maître, non ?"
La faera sembla gênée, elle joua avec le sol du bout de ses orteils.
"Oui ... Théoriquement ... Enfin, normalement ça se fait pas trop ... Les gens sont contents d'avoir une faera en général ..."
"Ouais ... Si c'est pour se coltiner un machin qui arrête pas de parler, qui vous réveille en criant et qui, en plus, a les cheveux bleus ..."
Toal s'indigna brusquement, son visage enfantin se déformant sous la colère.
"NON MAIS OH ! Je sais faire plein de trucs, je peux me métamorphoser, je peux lancer quelques sorts même, je ... je ... peux passer à travers les murs ! En plus, je sais tout sur tout."
"AH OUAIS ? Bin donne un exemple, que je puisse analyser l'immense étendue de ton savoir." dis-je, un sourire sadique accroché aux lèvres.
"Je connais ton nom."
Mon sourire s'effaça.
"Hmpf ! C'est facile, je te l'ai dis hier."
Je savais bien que la créature ne parlait pas de mon nom d'emprunt, mais bien de mon véritable nom magique. Seulement, je me devais d'être prudent, je préférai donc jouer le bluff.
"Non, je ne parle pas de ce nom-ci." La faera sourit tandis que mon visage se décomposait. "Je sais que c'est un nom en ancien lutin, c'est d'ailleurs drôle car celui que tu m'as donné aussi ... Bref, je sais qu'il est en rapport avec quelque chose que tu as mangé, quand tu étais bébé lutillon. Et je sais aussi qu'il est très difficile à prononcer, en tout cas moi, j'y arrive pas.
Mais je ne le dirais pas, car ce serait trop dangereux. Pour toi, comme pour moi, car nous sommes déjà liés magiquement, pas la peine d'en rajouter une couche."
Quand bien même ces derniers mots me réconfortaient, j'étais sidéré. Comment cette bestiole pouvait bien connaître mon nom ? Personne, en dehors de moi-même et de mes parents qui me l'ont donné, ne le connait. J'en étais certain, en tout cas jusqu'à aujourd'hui.
"Tu ... Tu ... Comment tu peux le savoir ?"
"Je te dis, je sais tout. Tout sur tout. Beaucoup trop de choses, d'ailleurs, des fois c'est assez gênant, mais bon, on vit avec."
Il fit un petit salto sur le matelas. J'arborais un rictus mi-gêné, mi-amusé. Cette ... faera était bien étrange, jamais je n'avais vu de créature de la sorte auparavant. Elle ne me faisait plus peur à présent, mais, étrangement, je me sentais irrémédiablement attiré vers Toal, comme si nous étions destinés à nous rencontrer depuis bien longtemps. Et puis, il y avait ce quelque chose de familier chez cette créature, outre le fait quelle possédait le même caractère exécrable que moi, c'était comme si elle était déjà mon amie, comme si elle faisait parti de moi. De plus, il avait des talents certains qui ne seraient pas mal venus ... Je devais me résigner à le laisser m'accompagner, mais avais-je vraiment le choix ? Curieux de mon nouveau compagnon, je le harcelai de questions :
"Et tu peux passer à travers les murs ? T'as des pouvoirs magiques ? T'as quel âge ? T'es un mâle ou une femelle ? Qu'est ce que ça peut bien manger, une faera ? Des fluides ?"
Toal se gratta le menton du bout des doigts.
"Euh ... Alors : Oui. Oui. Je n'ai aucun âge, car je suis immortel, en fait, on ne peut pas vraiment déterminer mon âge. Ensuite ... Ah oui ! Nous n'avons pas de sexe déterminé nous les faera, nous sommes asexuées, on parle souvent de nous au féminin car la plupart d'entre nous prennent des formes féminines le plus souvent, mais au vu de mon apparence actuelle, tu peux dire que je suis un mâle si tu veux. Ah, et je ne mange rien, d'ailleurs je ne dors même pas, le fluide ça ne dort ni ne mange n'est-ce-pas ?"
Il sourit de plus belle.
"Ok ... Bon, il va me falloir du temps pour assimiler tout ça, hein ... Que dois-je faire de toi exactement, il y a un rituel à faire ? Je dois te sacrifier des mouches ?" dis-je un air de dégoût affiché sur le visage.
Toal rit aux éclats.
"Non, non, rien de tout ça. Tu m'as donné un nom, cela me suffit. Il faut juste que tu me laisse te suivre. Ne t'inquiète pas, je me ferais discret, de toute façon, il vaut mieux que personne d'autre ne me voie. Pas même Bab, d'accord ?"
"Tu connais Bab ?"
La faera me lança un regard moqueur. Je soupirai.
"Oui, c'est vrai, je me souviens, tu sais tout. Bon, et bien je sais bien que tu ne manges pas, mais moi je meurs de faim et c'est l'heure du petit dèj', alors ..."
"D'accord, allons-y ! Dis, est-ce que je peux me mettre dans ton collier là ?"
"Quel collier ?"
"La pierre bleue, celle que tu as volé au marin à Bouhen."
"Euh, d'accord, je la mets sur moi dans ce cas."
La faera se transforma de nouveau en petite luciole blanche et fila à travers le pendentif. Il devint encore plus tiède qu'il ne l'était avant. Je pouvais sentir la douce chaleur de la pierre sur ma peau, ce qui avait quelque chose de rassurant. Soudain, une voix s'éleva dans ma tête :
(Tu sais que tu devrais faire examiner ce pendentif, je pense que c'est magique.)
"AAhhhh ! Mais tu peux parler dans ma tête aussi ?"
(Oui, ça nous permet d'avoir des conversations discrètes. Essaie, je peux t'entendre aussi.)
(Non mais c'est n'importe quoi. Tu m'entends là ?)
Un rire cristallin envahit mon esprit.
(Oui, c'est bon, t'as pris le coup. T'inquiètes pas, tu vas t'habituer, tout le monde s'habitue.)
Je soufflai, à la fois interloqué, désemparé et amusé de cette rencontre fortuite, et il faut bien le dire, originale.
(Bon je crois qu'il faut que j'aille manger. Tu sais : reprendre une activité normale. J'ai eu trop d'émotions pour la matinée là ...)
Et sur ces mots, je me rhabillai et descendis dans la salle commune de l'auberge afin de prendre un bon petit déjeuné qui me remettrait sûrement quelques idées en place.
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Dernière édition par Psylo le Mer 8 Juin 2011 04:32, édité 1 fois.
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