J’ouvre un œil. L’aube éclaire la pièce au travers des persiennes.
Je referme mon œil gauche, et écoute. De la rue vient déjà une rumeur, bruits de pas sur les pavés, éclat de voix. Quelques cris de mouettes. La maison est encore silencieuse. Je m’étire longuement, profitant du lit qui m’accueille. Je ne sais pas où je dormirais ce soir, après tout.
J’ouvre l’œil droit, repère l’emplacement de mes vêtements. Fermant à nouveau les yeux, je me redresse, et quitte ce lit douillet. Je m’habille, rassemble mes affaires. Je cligne des yeux, m’habituant lentement à la lumière.
Une fois totalement réveillée, je rassemble mes affaires. Fin prête, je descends doucement l’escalier, et trouve la femme de l’aubergiste derrière le comptoir, profitant du calme matinal.
Après avoir avalé un rapide en-cas, et lui avoir payé ma chambre et mes repas, je quitte la Tortue Guerrière.
Le soleil ne s’est pas levé depuis longtemps, et les rues sont encore vides pour la plupart. Le vent vient du sud, et apporte une odeur d’iode. Je remonte la grande rue, et me dirige vers le parc découvert avant-hier. La crainte de croiser par hasard mon inquisiteur s’est peu à peu effacée, mais je préfère être prudente.
Je pénètre dans le parc, m’allonge sur un banc, et attends. La foule qui envahit Kendra Kâr pendant la journée est somme toute pratique. Je n’y suis pas tout à fait habituée, mais marcher au milieu d’une cohue bruyante reste le meilleur moyen de passer inaperçue.
Le ciel est désespérément bleu et uni. Je tourne mon regard vers les arbres. Ceux-ci me sont inconnus. Leurs feuillages, d’un vert éclatant, s’agitent doucement dans le vent. Un écureuil saute d’un arbre, fait bruisser une branche, puis disparaît. Quelques oiseaux dansent autour de l’arbre, décrivant de larges cercles, virent brusquement de bords, se poursuivent, et tout le temps, chantent.
Doux spectacle.
Lassant, cependant. Quand mon banc passe de l’ombre au soleil, je me relève. Il est encore trop tôt…
Je déambule quelque temps dans le jardin. L’eau y est omniprésente, accompagnant le promeneur. De petits torrents se rejoignent, et forment de calme étendue reflétant le parc ; puis l’eau se sépare à nouveau, au travers une multitude de cascades, ou en serpentant doucement au milieu de l’herbe.
J’arrive à l’extrémité du parc. La rue principale commence à se remplir. Lasse d’attendre, je rabats ma capuche sur mon visage, et j’avance tranquillement dans la rue. Surplombant une élégante bâtisse, une horloge m’indique l’heure : presque neuf heure et demie. Je traverse la place en face du château, vers le nord. L’ombre des ruelles est la bienvenue, et je m’engage dans celles-ci dès que possible.
J’atteins rapidement mon but, heureusement repérable : le temple de Zewen.
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