L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Lun 29 Aoû 2011 21:17 
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Inscription: Jeu 9 Déc 2010 13:58
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Localisation: Quête 26 : Le Bagne Maudit
Nous étions maintenant arrivés à l’auberge de la Tortue guerrière, du moins selon l’écriteau à l’entrée de cette dernière. Comme nous l’avait dit Karz, il était déjà venu ici car le tenancier lui jeta un regard étrange comme s’il se demandait ce qu’il pouvait bien faire ici. Karz lui demanda de quoi nous sustenter ainsi que des lignes sec car le temps était exécrable. Il était vrai que nous étions trempés jusqu’au os et tout dégoulinant. Il était facile de nous suivre à la trace dans la grande salle de l’auberge. Puis Madeline et moi suivîmes Karz à une table vide. Avant de s’asseoir il prit soin d’essorer ses cheveux, chose que je pourrais faire aussi, mais j’avais trop la flemme et j’étais surtout exténué de ma nuit. Une fois tout le monde assis, les explications purent commencer.

Il commença par nous dire que parler de sa famille n’était pas une chose aisée pour lui. Il nous expliqua qu’il était né dans un village près d’Eniod. Alors qu’il avait 12 ans, sa sœur Sylana 8, son village s’est fait attaquer. Son père Isaac est venu le chercher et lui a demandé d’emmener sa sœur loin d’ici pour éviter un massacre. Depuis ce jour il n’avait plus de nouvelles de son père, depuis ce jour il était traqué par ses hommes qui voulait à tout prix le tuer sa sœur et lui. Rien que d’entendre son histoire, cela me révoltait un peu plus. Certaines personnes en ce bas monde pouvaient avoir un comportement déplorable. Franchement, j’avais envie de rentrer dans le tas et de tous les tuer. Mais ce n’était pas mon combat après tout. Il nous raconta qu’un jour où lui et sa sœur avait fait une brève incursion dans une ville, il perdit la dernière de cette dernière et depuis ces 17 ans il ne l’avait pas revu. Cela faisait maintenant 5 ans qu’il courrait après sa vie, sa famille, sa liberté. Il méritait de vivre décemment, de vivre libre et surtout de retrouver sa famille.

Il ajouta que pendant ces 5 années, il avait vécu seul et que depuis peu, depuis une certaine aventure, dont il ne nous parla pas, il était revenu à la vie. Une personne rencontrée il y a peu, lui a permis de voir à nouveau la lumière, les amitiés ont toujours été d’excellents moteurs sociaux.

- « Karz, je ne suis pas capable d’apaiser votre peine mais je sais une chose. Si mon épée peut vous aider en quoi que ce soit, je suis prêt à mettre ma vie en jeu pour vous. »

J’avais l’impression que je pouvais l’aider, j’avais envie de l’aider.

_________________
Léandre - Shaakt - Soldat



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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Mar 30 Aoû 2011 15:35 
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Inscription: Lun 25 Oct 2010 22:50
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Localisation: K.-K.
    Froides les nuits d'hiver dans les jardins kendrans,
    Froides les heures d'attente, les heures de tourment ;
    Et terribles ces jours aux sourires absents,
    Que l'amour a donné et aussitôt reprend.


*


Elle l'embrassa d'un regard, cette vaste salle où les avait menés Karz. Le temps d'un battement de cil suffit pour qu'en son œil elle saisît la substance des lieux, transcendés d'une douce chaleur : point n'étaient là les stupres de lumière qui frappaient le promeneur égaré dans le Théâtre de Tulorim, cette lumière si crue, succube évanescente au regard d'invite, débauche d'or et de joyaux, volutes infernales qui menaient incessamment la danse sous la pompe, la superbe et le luxe – et la luxure.

Et pourtant.

Et pourtant, la jeune Courtisane eut dans le cœur un murmure amoureux, flammèche soufflée d'une chandelle qui toutefois ne s'éteint pas, pincement de connaître l'endroit pour l'avoir déjà vu – les milieux indigents avaient tous cet air familier qui résonne dans l'âme. Et cet ardente flamme brûlant dans le foyer, et ces épais et sombres madriers, eux-mêmes embrasés de couleurs changeantes, et ces massives tables sans once de finesse – et tout, enfin, tout – lui étaient à l'esprit comme fantôme de la Maison, cuisine de Nessa, chambres étroites et pourtant si tendres réconforts, seuls décors, là-bas, de spectacles innocents.

Son corps fut étreint soudain par cette chaleur coutumière, elle qui pourtant était là étrangère – c'était la pluie, sans doute, qui s'évanouissait sous l'œuvre de la tiédeur ambiante, laissant sur sa peau la caresse éphémère et la froideur des gouttes passées.

Ils s'installèrent, tandis que Rêve prêtait l'oreille à la rumeur hantant la salle – l'auberge étaient fréquentée, et c'était là bon signe. Karz, ainsi qu'il l'avait précisé, y revenait à peine en était-il parti, et cela se pouvait lire dans le regard du tenancier. Étonné, il ne s'en fut pas moins s'atteler à la commande – des linges, avait demandé le jeune homme, ainsi que de quoi se sustenter. Et de cela, Rêve le remercia sans attendre, avec dans la prunelle un éclat enchanté : elle n'avait en effet pris de repas qu'au départ de la Maison, il y avait de cela de nombreuses heures, et après tout n'était-elle plus que quiconque absoute des lois du corps.

Karz préluda à la narration de ces jours sombres qui se faisaient siens depuis sa prime jeunesse – mais point avant de s'être plongé, l'espace d'un instant, dans le ciel aux ombres vaporeuses qu'était l'œil de Rêve. Il eût été médire que de parler de foudroyante sensation à la rencontre de ces deux regards, mais il y eut, de cela elle ne pouvait douter, un quelque chose qui lui était inconnu. Son cœur ne fut point heurté comme il l'avait été par l'attachement du Sieur Cromax, il ne connut pas la peur, comme celle que l'inconnu grivois lui avait quelques temps donnés, il ne subit non plus force bouleversement comme l'en donnait l'évocation de Satin ou de Neige – non, rien de tout cela ne poignit alors. Mais...

(Non.)

Aucune voix ne se pouvait ouïr à travers le pittoresque tumulte de l'auberge en effervescence – nulle voix ne résonnait à l'oreille de Rêve, qui ne se pouvait contenir en attention pour Karz qui contait la disparition de sa sœur dans le détail, ni pour la voix cristalline qu'elle réprima et fit mine pour elle-même de n'avoir point perçue. Car inexorablement...

(Non.)

... inexorablement, elle partit au contact de cet être qui lui faisait face et qui avait dans l'iris cette sourde tristesse et ces ombrageuses pensées...

(Non.)

… et ses doigts fragiles et délicats glissèrent, caressants, sur le rude bois de la table encore vierge de tout relief, pour effleurer ceux de cet homme, et renouveler ainsi cette étreinte à la saveur fugace qu'elle lui avait offerte sur le pavé luisant des rues de Kendra-Kâr.

(Ce n'est pas lui qu'il te faut.)

A peine entendit-elle les derniers mots de Karz alors qu'elle saisissait sa main, à peine eut-elle en tête la réponse de Léandre qui lui proposait aide et amitié, à peine perçut-elle l'effluve des mets qu'on posait sur la table...

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Mer 31 Aoû 2011 23:11 
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Inscription: Ven 18 Sep 2009 18:11
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Localisation: Quête 35
Des personnes rencontrées par hasard dans les rues de Kendra Kâr, des gens que je ne connaissais pas il y a peu de temps et pourtant, des liens se tissent. Une amitié semble naitre avec le shaakt, même si c'est un peu trop rapide mon goût, mais soit je l'accepte pour le moment. Et avec Madeline...je ne saurais dire ce qu'il en est. J'ai une sensation étrange, que je ne sais pas définir, même si c'est loin d'être désagréable. C'est son étreinte dans les rues détrempées de la cité blanche qui m'a permis de retrouver mes esprits tout à l'heure et là, le contact de sa main est plaisant, rassurant. Sans savoir pourquoi, je lui souris, sincèrement, toujours en la regardant droit dans les yeux et je ne romps pas le contact avec sa main. Non, bien au contraire, je me laisse faire et tout en profitant de cet instant, je me tourne vers Léandre.

" Tes mots me touchent, mais ne mets pas ta vie en jeu pour le premier inconnu que tu croises. Certes, je ne crache pas sur un peu d'aide, mais pas maintenant, pas tout de suite. Je dois pour un moment mener mes propres combats, seuls, et je dois devenir fort par mes propres moyens. Mais qui sait Léandre, un jour peut-être nos routes se croiseront de nouveau. Pour ce qui est de ma peine, vous l'avez déjà considérablement réduite en m'apportant des nouvelles de mon père. Certes rien n'est sûr, mais connaissant sa force, s'il a survécu au carnage, alors c'est certain, il est toujours en vie, quelque part."


Je finis par regarder Madeline, encore une fois. Cette jeune fille est tout simplement incroyable, sa beauté n'est rien comparé à ce qui semble habiter son coeur. Je ne connais rien d'elle et pourtant, pourtant, je sens qu'un lien puissant vient de se créer, sans connaitre la nature de ce dernier. Maintenant, les mots qu'elle a prononcé tout à l'heure sans que j'y prête attention me reviennent. Elle aussi est inquiète pour sa soeur, et c'est la raison de sa présence en ces lieux. N'est-ce pas là une étrange facétie du destin ? Nos objectifs sont similaires, est-ce un hasard que nous nous soyons rencontrés ? Qui sait...

"Madeline, je ne sais pas quoi vous dire d'autre que merci. Vous m'avez aidé bien plus que vous ne l'imaginez et je vous en remercie. Si un jour, vous avez besoin de mon aide, je serai là, j'en fais le serment. Je sais que l'on se reverra, mais pour le moment, je dois partir. Madeline, pour ce qui est de votre soeur, vous trouverez sans aucun doute de l'aide à Kendra Kâr et qui sait, vous tomberez peut-être sur l'un de mes compagnons qui a vécu la même aventure incroyable que moi, si c'est le cas, fiez-vous à eux sans crainte."

Lâchant la main de la jeune fille, je me lève de ma chaise, alors que je n'ai même pas touché au repas que j'ai commandé. Je regarde tour à tour Léandre et Madeline et leur fait le plus grand sourire que je n'ai jamais fait avant de les saluer, d'un signe de la main et en déposant de quoi régler le repas sur la table.

"Excusez moi de partir comme un voleur, mais je dois vraiment y aller. Si je n'avais pas peur que cela soit trop cliché, je dirai que mon destin m'attend. Prenez soin de vous, jusqu'à notre prochaine rencontre."


Et sans un mot de plus, je quitte pour la deuxième fois aujourd'hui, l'auberge de la Tortue Guerrière.

_________________

Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Ven 2 Sep 2011 01:45 
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Localisation: Oranan
Retour mi-éveillé à la "Home sweet home"


< La Maison aux Gargouilles

Milyah me raconta brièvement ce qui lui était arrivé dans la maison depuis que nous nous étions quittés. J'appris ainsi que la vieille dame Ema était décédée.

"Ha ! Je me doutais bien qu'elle allait bientôt clamser cette vieille peau !"

(Grmblbl ! Un peu de respect pour les morts, enfin !)

Je tirais la langue, autant pour Milyah que pour ma faera, signe de mon sarcasme, en effet mal placé. La guerrière se déplaçait à travers les ruelles en direction de l'auberge et j'en fus soulagé. Je n'avais qu'une envie, c'était de m'enrouler dans des draps chaud et doux et d'y rester une bonne dizaine d'heures. On m'aurait offert un million de yus et tous les pouvoirs magiques que je n'aurais pas voulu bouger le petit doigt pour autre chose que d'aller me coucher. D'ailleurs, c'était bien agréable de se faire porter ainsi, je ne sais pas si j'aurais eu la force de marcher jusqu'à l'auberge et j'aurais sûrement fini par dormir dans un de ces trous de rats qu'on pouvait apercevoir sous les murs des maisons.

La jeune Ynorienne sembla distraite tout le temps de notre petite marche matinale. Je questionnai Toal mais il se contenta d'un bruit de pet avec sa bouche, signifiant son ignorance. Je mis cela sur le compte de la fatigue et ne dit mot jusqu'à ce que nous arrivions enfin à l'auberge. La porte s'ouvrit sur la salle commune qui n'avait pas changé depuis notre départ, mis à part le fou qui n'était plus allongé face contre terre entre les tables. Un peu de rangement avait été fait également, les tables avait été remises debout et le sol nettoyé des alcools qui y avait été renversés.

Quelques regards se jetèrent vers nous, certains clients de la veille se souvenait très bien de nos visages. Nous eûmes même droit à quelques salutations respectueuses et admiratives. De quoi me redonner un peu de courage pour pavaner fièrement, le torse bombé, debout sur l'épaule de ma compagne. Mais bien vite, l'épuisement repris le dessus, et sans autre prévention, je descendis de l'épaule guerrière.

"Je sais pas pour toi, ma grande, mais moi je vais me coucher, j'ai assez vu d'épreuves pour aujourd'hui. On se voit demain ? Enfin, tout à l'heure ?" lançai-je à l'intention de Milyah avant de me traîner péniblement jusqu'à l'escalier que je gravis ensuite d'une lenteur extrême.

À peine eus-je poussé la porte de la chambre que je me jetai sur le lit moelleux et m'enroulai dans les draps, ne prenant même pas la peine de me déshabiller. Je m'endormis avant d'entendre le claquement de la porte qui se fermait.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Sam 3 Sep 2011 02:09 
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Inscription: Sam 27 Aoû 2011 05:07
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Localisation: En route vers Tulorim (voie maritime depuis Kendra Kâr)
Je ne sais pas depuis combien de temps je n’avais pas mangé, mais tout en entamant ce petit déjeuner, je ressentais un bien fou, un peu comme quand on n’a pas gouté à une friandise depuis longtemps, et que l’on tombe dessus par hasard. Mon hôte ne fut qu’à moitié étonné par mon appétit d’ogre, et il m’expliqua d’un ai amusé qu’il devait tenir l’auberge, ses parents étant parti faire le marché. Encore une fois, il fut très gentil avec moi, se préoccupant avant tout de mon confort, et m’interrogeant quand au fait de la quantité de nourriture qu’il m’avait apporté. Je lui répondis tranquillement qu’il y’ne aurait largement assez, et que sa bonté n’avait d’égal que sa bonne humeur, ce qui parut le rendre encore un peu plus joyeux, à vrai dire. Tout en se retirant, il m’intima le conseil de descendre à la réception une fois mon petit déjeuner avalé. Puis, je fus seul.

Après quelques délicieuses tartines dégustées sur mon lit douillet, je me décidai à me lever, et à aller jeter un coup d’œil à la fenêtre de la chambre. Après tout, c’était une nouvelle ville pour moi, et j’étais curieux de voir à quoi elle ressemblait ! Après quelques pas incertains sur le parquet, je fus bien debout devant l’ouverture, m’émerveillant devant ce que je devinai être une place publique. C’était splendide ! Le doux soleil matinal rayonnait, inondant les rues d’une douce chaleur, et une légère brise nous apportait de l’air frais, celui dont on se gonfle les poumons en ayant l’impression de purifier tout notre système pulmonaire. L’auberge de Trun et de ses parents était donc située sur une des places de la ville, adjacente à quelques échoppes où l’on semblait travailler gaiement. Il me semblait apercevoir un forgeron tout près, et je devinai à l’odeur qu’un boulanger exerçait lui aussi son métier tout près. Mon regard se baladait au loin, passant de toits en toits, explorant ce nouveau monde avec joie et impatience, quand je vis soudain le point le plus élevé de toutes ces bâtisses : Le Clocher. Ce n’est pas tant sa vue qui m’impressionna, ni même la blancheur pure de sa cloche. Mais à l’instant où je vis ce bâtiment, le plus grand de tous, je sus que par le passé, je m’étais tenu à son sommet. Je me vi, observant la ville de ce point culminant. Je ne savais pas pourquoi ni comment, mais j’étais déjà monté au sommet de cette cité. Et, en basculant mon regard vers le sol, d’autres souvenirs me revinrent vivement, forçant la main à ma mémoire défectueuse. Je revivais une course effrénée dans les escaliers de ce clocher, poursuivi par des cris et des bruits de bottes martelant le sol, je crus même distinguer une lame d’épée en jetant un coup d’œil derrière moi…

Ces visions me firent perdre l’équilibre, et je profitai des quelques instants de pleine conscience pour revenir vers le lit, avant de m’effondrer comme une masse sur le matelas.
Je restais allongé un moment, réfléchissant au choc que je venais de subir. J’en étais sur :

C’était des souvenirs de ma vie ! Et bien que la découverte fût douloureuse, je me mis en tête de rassembler tous ces souvenirs, et de reconstituer ma vie. Qui sait, peut être y’avait t-il dans la ville d’autres endroits propices à la remontée de mon ancienne vie ? Pour en avoir le cœur net, il me fallait visiter cette citée, tâche que j’envisageai d’accomplir ce jour même. Mais pour l’instant, je devais rejoindre mon hôte. Lentement, je réussis à me remettre sur pied, puis j’atteignis la porte en vacillant. Mon pallier n’était qu’un des nombreux du couloir, témoignant de la grandeur de l’établissement, et, je l’imaginais, de sa prospérité. Je ne savais pas combien d’étage comptait le bâtiment, mais une chose était sûre, il me fallait descendre pour retrouver mon ami ! Je m’engageai donc avec précaution à travers l’escalier de bois ciré, traversant cet étroit chemin de colimaçon, et découvrant une odeur de bonne cuisine un peu plus forte à chacun de mes pas. Nous devions approcher de midi, et mes admirables hôtes devaient préparer à manger pour le reste de leurs invités. J’avais hâte de les rencontrer ! Arrivant au rez de chaussé, je me retrouvai dans le hall d’entré de l’auberge. C’était très coquet : Une grande porte de bois massif se dressait devant moi, marquant la frontière avec la rue, un comptoir qui faisait office de bureau et derrière lequel était accroché un tableau contenant toutes les clés des chambres. Et dans un autre coin de la pièce, quelques canapés accueillants, gouverné par une table basse sur laquelle se trouvait du thé fumant, à la disposition de chacun. Et derrière le comptoir, je fus heureux de revoir mon ami Trun, toujours le sourire aux lèvres, traitant avec une vieille clientes qui avait l’air inquiète.

« Effrayant ! Disait-elle, ces gens semblent pris d’une folie extrême, comme dans un délire permanent ! Je pense m’enfermer chez moi jusqu'à la fin de cette épidémie, la contagion est bien trop menaçante !

-N’exagérez vous pas un peu les choses, ma bonne dame ? L’interrogea mon ami, après tout, ce n’est qu’une simple maladie passagère !


-Grands Dieux non ! Pensez ce que vous voulez, mais écoutez donc cette histoire que la nièce de mon fils m’a conté : Elle connaissait un homme, un homme droit et sensé, et cet homme fut frappé il y’a peu… Ecoutez donc… Mais Trun l’arrêta quelques instants.

-Oh mon ami, tu es rassasié ! S’exclama t-il en m’apercevant. Je t’en prie, fais comme chez toi, mes parents se trouvent en cuisine, juste au bout de ce couloir ! Mais je voue en prie madame, continuez donc ! »


Laissant ces bonnes gens à leurs histoires, je pris le chemin de la cuisine, enchanté à l’idée de rencontrer mes sauveurs ! Je les aurai trouvé même sans l’indication de mon ami, à vrai dire, car l’odeur délicieuse de la nourriture me mènerait à eux, j’en étais sur. Après avoir parcouru quelques mètres, je tombai nez à nez avec une porte, que je devinais être celle de la cuisine. Poliment, j’annonçais ma venue, et frappai trois fois contre ce mur de bois gondé. A peine une seconde plus tard, on vint ouvrir, et je me trouvai face à une ravissante dame. Elle devait avoir entre quarante et quarante-cinq ans, avait de long cheveux blonds, des yeux bleus, et conservait malgré son âge, un charme certain. Et derrière elle, je devinai le père de Trun : Un homme massif portant un tablier de cuisine usé, les cheveux mi-long, rabattu à l’arrière de sa tête, et arborant le même sourire gai que son rejeton.

« Ah, salut à toi ! Me lança t-il, enthousiasmé


-Salut à notre grand blessé ! Ajouta sa femme, sur le même ton.

-Et bien le bonjour à mes nobles et incroyables sauveurs ! Lançais-je, subjugué de la joie générale

-Mais entre, ne reste pas là, reprit la femme »


J’entrai dans la pièce. L’odeur était à présent toute proche, et c’était vraiment très agréable ? En plus de leurs autres qualités, je devinais que mes hôtes, ou l’un d’eux au moins, étaient d’excellents cuisiniers ! Ils me désignèrent une chaise, et je m’assis à la table, face au père, mon sauveur. Sa compagne elle, resta debout, gardant un œil sur les marmites.

« Et bien et bien, comme j’ai hâte que tu nous contes ton aventure, mon ami ! Commença celui grâce à qui j’étais vivant. Un sacré aubaine, que nous étions à la pêche ce jour là ! Mais commençons par nous présenter, voyons ! Je suis Sam Timùn , et voici ma femme Tina. Tu as déjà rencontré notre fils Trun, et il ne te reste plus qu’a apprendre que tu te trouve dans l’auberge de la Tortue Guerrière, où l’on s’arrête pour se détendre, et où l’on laisse tous ses problèmes à la porte, ah ah ! Et toi alors, qui es-tu, finalement ?

-Enchanté de faire ta connaissance alors, et mille fois merci, tant à toi qu’a ta femme ou à ton fils, je vous dois la vie, et serais aux services de vos majestés éternellement. Quand à mon identité, mon âge, et même mon prénom… Je n’en sas rien, j’ai tout oublié. Mon dernier souvenir est qu’un mage m’ait lancé un sort puissant, qui m’a laissé inconscient sur cette plage ou vous m’avez recueilli… »


Je gardai les visions que j’avais eues dans la chambre pour moi, de peur de passer pour un monstre. Et je sentais au fond de moi, que je ne devais en parler à personne, que cela était la clé de mon salut, et de l’entreprise titanesque qui m’attendait : Recouvrer la mémoire. Sam parut bien surpris de ma réponse, et fronça ses épais sourcils plusieurs seconde, avant de reprendre :

« Et bien, c’est la une bien étrange histoire, au moins aussi étrange que ce qui se passe en ville en ce moment… Mais après tout, la magie est très étrange, et il m’est d’avis qu’elle pourrait bien rendre amnésique ! Alors, que comptes-tu faire maintenant ?


-A vrai dire… Je comptais rembourser ma dette envers vous, en premier lieu. Ensuite, je partirai sans doute à la recherche de mon passé, je trouverai certainement une piste dans mes rêves, ou en me baladant. Mon avenir est incertain à vrai dire, mais pas autant que mon passé…

-Tu ne nous dois rien, voyons ! Déclara t-il, sur le ton de l’homme humble et généreux qu’il était.

-Je vous dois la vie, répondis-je, et un jour viendra où vous aurez besoin de moi. Ce jour là, je serais prêt ! Je n’oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi.


-C’est tout naturel, mon ami ! Reste ici le temps qu’il te faudra pour démarrer une nouvelle vie, trouver tes marques et t’installer, dans cette ville ou ailleurs. Et sois assuré que si un jour j’ai besoin d’une quelconque assistance, je m’en remettrai à toi ! As-tu faim ?

-Je te remercie, mais ton fils à été plus que généreux avec moi, et je suis rassasié au moins pour la journée ! Je vais aller me balader dans cette ville, et découvrir quelques peu ce nouveau monde !


-J’imagine que tu dois en mourir d’envie oui ! Cria t-il presque, toujours aussi gai. Reviens pour souper ! Ou à l’heure que tu penseras être la meilleure, la prote te sera grande ouverte ! »


Le remerciant encore une fois, je me levai, promettant que je serai bientôt de retour, et bénissant intérieurement ces gens de bonne famille. Mais alors, que j’allai franchir la porte, Tina, l’épouse de Sam et la mère de Trun, s’adressa gentiment à moi.

« Oh, au fait, j’ai lavé les vêtements que tu portais à ton arrivé ! Tu ne les as sans doute pas remarqués ! Ils sont dans l’armoire de ta chambre, il s’agit seulement de quelques tissus et d’une grande cape verte, mais c’est déjà mieux que rien ! Bonne visite de Kendran Kâr, et prend gare à toi, avec cette maladie qui rôde ! »

Il devait sans doute s’agir de la même maladie dont parlais cette femme à la réception. Quoiqu’il en soit, je saluais mes hôtes, et quittait la cuisine pour retourner à ma chambre, et me lancer dans la découverte de la cité, avec l’espoir de retrouver quelques fragments de ma vie à n’importe quel coin de rue.

Je remontai en hâte, et une fois dans ma chambre, je constatai effectivement que les vêtements qu’avait mentionnés Tina étaient bel et bien là. Sans tarder, j’enfilai ces quelques haillons, et surmontait le tout de cette cape magnifique, bordée de deux manches qu’on aurait dit semblables à mes bras. A l’instant où je me retrouvai à l’intérieur, je me sentis comme en sécurité, à l’abri de tout regard hostile ou menaçant. Je ressenti également un poids dans ma manche gauche. Intrigué, je la tâtai de mon autre main, pour découvrir qu’un objet y était finalement dissimulé, dans une sorte de poche cousue à l’intérieur même de la manche. Avec lenteur et prévention, je glissai ma main à l’intérieur, et mes doigts se posèrent sur un petit pommeau. Je l’empoignais, et avec milles précautions, le tirai vers l’extérieur de la manche, vers ma main gauche. Les manches de ma veste étaient amples, et j’eus tôt fait de sortir tout à fait l’objet. Et quelle ne fut pas ma surprise, quand je découvris que la chose en question n’était autre qu’une magnifique dague ! Elle faisait la taille de mon avant bras, et resplendissait, témoignant d’un polissage tout récent. En l’approchant de mon visage pour mieux l’examiner, je découvrais une inscription sur la lame, trop petite pour que je la distingue auparavant. Il était gravé :

Cyowä, prince des voleurs


De plus en plus étrange… Cette dague m’appartenait, j’en étais certain. Elle me paraissait si familière que j’en aurai mis ma main à couper ! Donc, je devais être ce Cyowä, et en même temps, le… Prince des voleurs ? Encore un détail trouble dé mon passé, pensai-je. Je fis quelques mouvements avec l’arme. L’aisance avec laquelle je m’en servais témoignait de la régularité de ses anciens usages, et d’une maitrise approfondie du combat. Pourtant, je ne connaissais pas les mouvements, tout cela était inné. Me recentrant sur mon intérêt principal, je pris la direction des escaliers, descendit, et me dirigeai vers la porte du vestibule. Il n’y avait personne à la réception, ils avaient pris une pause, j’imagine. J’ouvrai les battants de l’entrée massive, et m’élançais dans la rue. Au moment où je franchissais le seuil, les coups de midi donnèrent hauts et forts depuis le clocher.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Sam 3 Sep 2011 02:47 
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Localisation: En route vers Tulorim (voie maritime depuis Kendra Kâr)
HRP: Ce post n'est pas la suite de celui du dessus, il s'est passé beaucoup de choses entre temps.

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En entrant dans le vestibule, je trouvai Sam assis dans les fauteuils de la salle de réception, une pipe à la bouche, et le regard perdu dans l’immensité de la pensée. La pièce était à peine éclairée par une lampe à huile se trouvant sur la petite table habituellement destinée au thé. Le bruit caractéristique de la porte le sortit brusquement du rêve, et il tourna la tête vers moi, une mimique de bonheur se dessinant sur son visage. Puis, il aspira une bouffée, une faible lumière s’éleva, témoin du tabac qui brulait. L’homme recracha doucement sa fumée, puis s’exprima.

« Eh bien mon ami, on peut dire que tu nous à inquiété. Nous craignons que tu ne sois mort ou quelque chose comme cela, après tes aventures remarquées au marché.

-Et peux-tu m’expliquer par quelle diablerie en est tu au courant ? Répondis-je, étonné de sa réplique. Et il n’y avait pas matière à s’inquiéter, je vais très bien.

-Me voilà rassuré ! Renchérit-il, avant d’inhaler de nouveau sa fumée. Seulement, raconte moi tout, car ton histoire devient de plus en plus étrange, mon vieux ! »


Et sans aucuns mensonges, dévoilant absolument tout à mon ami, je lui contais les événements de la journée, depuis l’assassinat au marché à celui de Torën, en passant par la poursuite et le suicide du fou furieux. Il m’écouta attentivement, n’oubliant pas de finir son tabac, et haussant parfois les sourcils d’un air étonné, comme si certaines choses paraissaient impossibles. Et à la fin de mon récit, que j’essayais de rendre captivant, il déclara que nous règlerions tout ça demain, et qu’il était temps d’aller dormir. En effet, la nuit était avancée maintenant, et j’avais parlé pendant deux bonnes heures, mimant parfois des scènes qui s’étaient déroulées quelques heures auparavant. Mais je m’étais arrêté au passage où nous avions déposé le cadavre de l’Elfe, aussi déclarai-je :

« Sam, il n’y aura pas de demain. Je pars à la première heure pour Tulorim, en compagnie des aventuriers de la taverne, découvrir les secrets de mon passé, et venger la mort de mon ami.

-Ha ha, je m’y attendais, à vrai dire ! Lança t-il en riant. Mais nous auront le plaisir de te revoir, même de très bonne heure, n’est-ce pas ?

-Assurément, nous levons l’ancre à dix heures, là ou la mer se retire, et profitons de son courant protecteur.


-Alors, au lit ! »


Il déposa sa pipe derrière le comptoir, et s’en fut vers sa chambre, dont la porte –qui portait la mention ‘privé’, n’était situé autre que derrière ledit comptoir, me laissant seul. Je pris moi aussi le chemin du sommeil, empruntant les escaliers en silence, ne voulant réveiller personne. Une fois déshabillé et étendu dans les draps, je n’eus aucune peine à m’endormir. En effet, la journée avait été éprouvante !

Je ne rêvais pas cette nuit là, ou bien avais-trop bien dormi pour me souvenir de mes songes. Quoiqu’il en soit, c’était reposé que je m’éveillai, éclairé par un lever de soleil rayonnant. Je restai quelques minutes dans mon lit, profitant des derniers instants de repos avant une journée s’annonçant fatigante et riche de rebondissement. A présent tout à fait réveillé, je me levai, enfilai rapidement ma cape, et m’élançait à grands pas vers l’escalier. Arrivé à mi chemin du rez de chaussé, je remontai cependant, et fit le lit pour éviter cette besogne à madame. Une fois réellement prêt, je débarquai dans le vestibule, où plusieurs clients discutaient autour du lait et des viennoiseries matinales que l’on ne connait que trop bien. Devinant la présence de mes hôtes un peu plus loin, je me dirigeai vers la cuisine tout en saluant ces personnages. Et j’avais vu juste, car à peine eussé-je poussé la porte, que la voix familière et amicale de Trun retentit :

« Ah Cyowä ! J’allais monter te réveiller !

-Eh bien, je constate que ton père t’a mis au courant de biens des choses, mon ami ! Répondais-je tout sourire.

-En effet ! Relança celui-ci, arrivant par le couloir derrière moi, et m’arrachant un sursaut au passage.

-Mais venez donc mangez ! Les mots peuvent attendre, mais pas l’appétit ! »

Nous commencions donc un copieux petit déjeuner, l’occasion de faire le plein d’énergie avant mes périples. Tina nous rejoignit quelques instants plus tard, et nous mangeâmes en silence. Quand chacun fus rassasié, et que la dernière goutte de jus d’orange fut avalée, nous nous étendîmes sur nos sièges, et commençâmes à discuter.

« Alors comme ça, le départ est pour bientôt ! Et pour Tulorim, qui plus est ! Lança Sam, tout jouasse, mais sérieux.

-Oh, il faut que je te dise, reprit sa femme, il ne fait pas bon vivre dans cette ville en ce moment. Beaucoup de client qui y ont séjournés ou vécus nous rapporte qu’il y règne une sècheresse terrible, une véritable catastrophe. Il fait si chaud que les rivières s’assèchent, et que la populace meurt de soif, d’après eux. Si tu dois absolument t’y rendre, prend bien garde à toi, et au nom de Gaïa, emporte toujours de l’eau, me mit-elle en garde.

-Je te remercie, j’y ferai attention. Quelque soit l’issue de cette aventure, je reviendrais de toute façon vous voir, je n’oublie pas ma promesse de vous payer ma dette !

-Là n’est pas la question, mon ami, mais nous serions réellement heureux de te revoir ! Renchéris Sam. Bien, voilà donc les derniers détails réglés, je ne voudrais pas te mettre en retard. Nous t’aurions bien accompagné jusqu’à l’embarcadère, mais nous attendons une grosse livraison, et nous ne serons pas trop de trois pour tout décharger. Oh, et une dernière chose… »


Il s’éloigna vers quelques meubles de cuisine non loin, et saisi près des épices une bourse de cuir, que je devinais assez lourde.

« Voilà un peu d’argent, et par les Dieux, tu en auras bien besoin ! Il y’a là cinquante Yus, de quoi te payer quelques bons repas, avant de trouver de quoi vivre par tes propres moyens, déclara t-il, me tendant la bourse avec gentillesse.

-Mais c’est bien trop, voyons ! Je me débrouillerai, je n’ai pas besoin de telles sommes !

-Ce n’est qu’un prêt, voyons ! Les affaires marchent excellemment bien en ce moment, je t’ne pris, prends ceci, tu nous les rendras un peu plus tard, mais prends-les. »


J’acceptai désormais l’argent, me jurant intérieurement de leur rendre dès mon retour. Puis, vint l’heure des adieux, et des dernières paroles prononcées sur le pas de la porte.

« Bénis soyez vous, mes hôtes. Bénie sois votre grandeur d’âme, et que la Fortune sois bonne pour les bonnes gens. Au revoir, et non pas adieu, car ce serait là colporter mensonges et attirer le mauvais sort. Au revoir ! »


Et tranquillement, j’entamai une nouvelle vie.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Dim 4 Sep 2011 17:27 
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J'entrais dans l'auberge, l'esprit entièrement occupé parce que j'ai lu sur l'affiche. Je devais y aller, je devais faire partie de cette expédition, mais je ne pouvais pas emmener Psylo. Voilà les seules choses qui tournaient alors dans ma tête, si bien que je n'écoutais pas vraiment les paroles du petit lutin. Je remarquai à peine le petit être descendre de mon épaule et se diriger vers les escalier. Comprenant qu'il me posât une question, je lui offris un simple sourire pour toute réponse. Une fois Psylo en dehors de mon champ de vision, je me dirigeai automatiquement vers la porte de l'auberge pour me rendre au port.

(Tu peux transmettre un petit message pour Psylo à Toal rapidement?)

(Oui ?)

(Explique lui la situation. Dis lui que je m'excuse auprès de Psylo mais que ce serait trop dangereux de l'emmener. Dis lui que je lui fais la promesse que nous nous reverrons.)

(Je m'en occupe, ce sera l'affaire de quelques secondes.)


En effet, quelques secondes plus tard, Hoshi était de retour et je quittai l'auberge.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Lun 5 Sep 2011 20:16 
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Réveil difficile


Chaud. J'avais extrêmement chaud. Je me retournai une fois, deux fois, trois fois. J'envoyai valser les draps dans un grognement, découvrant mon corps encore habillé. Le peu d'air que firent les draps en s'envolant me décrocha un sourire de plaisir, mais cela ne dura que peu de temps. Je sentais mes vêtements coller à ma peau, la sueur dégouliner le long de mon échine. L'oreiller était moite. Quelle sensation atroce ! Je tentais de me rendormir malgré tout. Rien à faire. Je m'assis sur le lit en grognant de plus belle. Le soleil emplissait la chambre-forêt de ses rayons lumineux. Qu'est-ce qu'il faisait chaud, bon sang !

"Quelle heure est-il ?" demandai-je à voix haute sans néanmoins attendre de réponse. Mais la petite voix de Toal s'éleva tout de même pour rétorquer.

"Il est plus de quatre heures de l'après-midi."

Je soupirai. J'avais dû dormir près d'une dizaine d'heures, et pourtant, je me sentais aussi fatigué que le matin. Mon cerveau avait du mal à redémarrer, mes membres étaient engourdis. Lorsque je me mis debout, mes jambes purent à peine soutenir mon poids. Quelle idée j'avais eu de rentrer dans cette fichue maison !? Et qu'y avais-je gagné ? Un bouquin vierge, une paire de clochettes, un vieux cailloux gravé et une poignée de yus ! Ils étaient fous ces humains, tous complètement fous ...

Je traînai les pieds jusqu'à la fontaine au milieu de la pièce tout en enlevant nonchalamment mes vêtements avant de les jeter sur le sol. Récupérant un peu d'eau dans la coupelle mise à disposition, j'entrepris de faire un brin de toilette afin de laver les efforts de cette nuit et la crasse de mon sommeil matinal. L'eau me rafraîchit un peu et me remit les idées en place. C'est la faim qui tiraillait mon estomac à présent. Il faut dire que bien que mon petit-déjeuner fut plus que copieux le matin, je n'avais pas mangé depuis. Là était peut-être la raison de mon état de faiblesse.

N'attendant pas plus longtemps je me rhabillai et descendis vers la salle commune. En passant dans les couloirs, je m'arrêtai devant la porte de la chambre de Milyah et collai mon oreille contre la porte. Il n'y avait aucun bruit, elle devait encore dormir. En temps normal, j'aurais déboulé dans la chambre en hurlant et en lui tirant les sourcils pour la réveiller, mais j'étais bien trop fatigué pour ça et après tout, elle avait bien besoin de dormir elle aussi.

La salle commune de la Tortue Guerrière était bondée, comme à son habitude. Malheureusement, vu l'heure tardive, la cuisine n'émettait plus les odeurs alléchantes que j'avais pu apprécier la veille. Je me dirigeai vers le comptoir où bon nombre de voyageurs et de poivrots étaient accoudés. Sam m'aperçut et vint tout de suite à mon encontre, affichant son inébranlable sourire commercial que je détestais tant.

"Ah ! Vous êtes là ! Je ne vous ai pas demandé la dernière fois, la chambre vous plait ?". Tout en parlant, il tendit la main vers moi comme s'il attendait que je lui donne quelque chose. Je mis un bon moment avant d'enfin comprendre ce qu'il attendait de moi. J'ouvris alors ma bourse et prit une poignée de piécettes que je plaçai dans sa main en rétorquant :

"Oui, tout à fait."

Son sourire exaspérant s'élargit tandis qu'il fourrait les yus dans son tablier.

"Je peux faire quelque chose pour vous."

(Arrache-toi les dents une par une ...)
"Oui, je voudrais prendre du pain, du beurre, de la confiture de cerises et du miel. Je mangerais dans ma chambre."
Je concrétisai mes paroles en posant quelques yus supplémentaires sur le comptoir.

"Il est un peu tard pour se lever et prendre son petit-déjeuner, que s'est-il passé ?"

Je fis une sorte de grimace mi-colérique, mi-sarcastique mais répondis tout de même avec calme.

"C'est une longue histoire, je n'ai pas envie d'en parler"

Sur ces paroles peu avenantes, il s'enfuit en cuisine et revint avec ma commande, le tout fourré dans une sorte de petit panier minuscule. Il faut avouer que bien qu'il me sortait par les yeux, ce Sam était bien attentionné, surtout avec les êtres de petite taille. Je le remerciai brièvement et disparut dans l'escalier, voulant quitter ce brouhaha bruyant qui me donnait un mal de crâne abominable.

De retour dans la chambre mansardée, je posai le panier sur la petite table basse et me mit à manger. Décidant de profiter de ce moment de calme pour observer les objets que j'avais obtenu dans la maison aux gargouilles, je les sortis un à un de mon sac et les étalai sur la table entre les tranches de pain et le pot de confiture.

Tout d'abord, il y avait ces petites clochettes en or, elles devaient bien avoir un pouvoir ... Après tout, tout ce qui sortait de cette maison de malheurs semblait avoir un rapport quelconque avec la magie ... Je les fis tinter d'un mouvement de poignet. Elles émirent un son net et agréable, mais rien ne se produisit. Non, après tout, elles devaient être tout à fait normales ces clochettes, elles étaient simplement jolies. Cette nuit dans cette maison m'avait peut-être rendu paranoïaque.

Je m'emparai alors du livre vierge. Sa couverture était faite de cuir souple maintenue fermée par une lanière et une boucle en fer. C'était un livre tout ce qu'il y a de plus basique, aucune ornementation, rien. Les pages étaient totalement vierges bien que jaunies par endroits. Je posai ma main sur l'une des pages, espérant que cela le fasse réagir. Mais à ma plus grande surprise, mes doigts s'y enfoncèrent totalement.

"AAAAAAAAaaaaaaaaahhh !!" hurlai-je en retirant ma main. Le livre se referma tout seul instantanément.

Haletant, je fixai l'ouvrage, sur mes gardes, prêt à bondir s'il fallait fuir. Après ce que j'avais déjà vu sortir des livres, autant dire que je n'étais pas tout à fait serein. Heureusement, le bouquin resta en l'état, attendant que je l'ouvre de nouveau, ce que je fis, poussé par ma curiosité. J'y plongeai de nouveau la main et une douce chaleur l'envahit. Je pouvais sentir quelque chose de moelleux à l'intérieur. Voulant tâter un peu plus loin, je plongeai mon avant-bras, puis mon bras et fut soudainement aspiré à l'intérieur.

Tout était blanc. J'étais allongé, figé dans une position bizarre, les bras en croix et les jambes écartées, sur une sorte de matelas fait de pages de livre. Au dessus de moi, je pouvais apercevoir une sorte de fenêtre floue et circulaire qui donnait sur le plafond de ma chambre. Je compris alors que je me trouvais dans le livre et que je voyais l'extérieur. Je tentai de bouger mes bras et mes jambes mais rien n'y fit, j'étais immobilisé. Pris d'une soudaine panique, j'appelais à l'aide.

(Toal !! Toal !! Tu m'entends !? A l'aide !!!)

(Calme-toi, je suis là.)

La petite luciole blanche apparut à travers l'espèce de petite fenêtre circulaire.

(Aide-moi ! Je suis coincé ! Je veux pas finir ma vie dans un livre !!)

(Haha ! Arrête de t'énerver, enfin ! C'est plutôt marrant ce truc ...)

Je vis la petite luciole se transformer en grosse main humanoïde et refermer la couverture du livre d'un coup sec.

(Espèce de sale petite ... SORS-MOI DE LÀ !!!)

Dans un élan de colère, me jetai vers l'avant à travers la petite fenêtre. Je sentis la couverture du livre s'ouvrir au contact de mon crâne et j’atterris sur le sol de ma chambre, à plat ventre. Devant moi, Toal, sous sa forme féerique, riait aux éclats. Encore sous le coup de la colère, je me saisis de la petite pierre gravée qui était toujours sur la table et la lui jetai en pleine face. Le projectile se cogna sur le front du faera qui tomba à la renverse, toujours hilare. Pris par la situation cocasse, je me mis rire à gorge déployée moi aussi. Nous restâmes de longues minutes ainsi, à se tordre de rire en se roulant par terre jusqu'à ce que Toal, entre deux hoquets, me lance :

"Ce truc, là, la pierre, faut que tu l'emmènes chez Moboutou. Il te dira ce qu'il en est. En tout cas, j'adore ce bouquin."

"Le vieux ? Ouais, t'as raison, je vais aller faire quelques emplettes." répondis-je en essuyant une larme au coin de mon oeil.

C'est alors qu'après une bonne dizaines de minutes à nous calmer, je rangeai mes affaires dans mon sac, mordit dans la dernière tartine qui restait et partit en direction de la boutique magique pour la deuxième fois en deux jours.

> La boutique magique du vieux Moboutou

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Dim 11 Sep 2011 12:30 
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Ombre fugace, brise ténue dans la fraîche canopée, il avait disparu. Evanoui, envolé, évaporé – brume du matin qui perle de rosée sur le velours suave des corolles épanouies... Il avait percé l’âme de Rêve d’un regard pénétrant, s’était dégagé de son étreinte infondée aux allants inconnus, avait dit, certes, quelques mots à son égard et pour sa bonne fortune – et il l’avait laissée.

Que dire, quand on ne sait les mots qui s’adressent aux hommes au cœur bon et à la parole empreinte de lumière ? Que dire face à ceux pour lesquels point ne sont possibles ni le jeu ni le masque ? Que dire… Que dire quand un cœur solitaire soudain comprend sa solitude, et que le temps s’égraine à bâtons rompus ?

La porte de l’auberge se perdait dans le clair-obscur mouvant dont le baignait les flammes de l’âtre gigantesque, et Rêve encore pouvait y percevoir cette haute stature, cette chevelure sans ordre, ces reflets de cuivre qui s’animaient au rythme de ces pas, donnés pour s’en aller – il la laissait.

Il l’abandonnait.

Son souffle soudain reprit vie, rappelant depuis les confins embrumés de l’inconscience son esprit égaré – il ne pouvait pas partir, pas comme ça !

Elle ne comprenait pas – et, en réalité, elle ne voulait pas comprendre : il n’y avait rien, dans cette fortuite rencontre, qui pût être compris. Sa main sans y prendre garde s’attarda sur la broigne dont Karz l’avait couverte, alors que la pluie drue s’abattait sur elle comme les larmes trop contenues qu’elle réprimait pour sa douce Satin. Et brusquement, son esprit s’éveilla.

Elle se leva sans même un regard pour Léandre qui demeurait assis, ni même pour ces mets qui répandaient alentour leur délectable arôme dans de voluptueux lacets de fumée – dont les courbes, grisées, se teintaient quelques fois d’un éclat rougeoyant dans l’ardeur du foyer. Son pas ne fut pas aérien, sa démarche, elle ne l’étudia pas. Elle sortit, sans attendre, dans les ruelles de Kendra-Kâr.

Mais il n’était plus là…

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Dim 11 Sep 2011 19:22 
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Il semblait se passer quelque chose entre Karz et Madeline, quelque chose que je n’arrivais pas à comprendre. Le guerrier finit par se tourner vers moi pour me parler. Il me fit tout un laïus sur le fait de vouloir jeter mes forces dans la bataille aussi vite. Certes il appréciait mon aide mais n’en ressentait pas le besoin pour le moment ayant d’autres choses à faire avant cela. Je le comprenais parfaitement, j’avais moi-même envie de retrouver Lénac et Naoto, savoir s’ils allaient bien.

Néanmoins, mes mots avaient soulagé sa peine quelque peu. J’avais réussi à lui redonner l’espoir de se battre et de chercher son père à travers Yuimen. Je lui avais fait un magnifique cadeau après avoir passé de longues années dans l’ignorance. Je pouvais être fier de moi. Il s’adressa ensuite à Madeline, il la remercia de ce qu’elle avait fait dans la rue. Son discours résonna à mes oreilles comme un au revoir à venir. Il lui certifia que si elle cherchait de l’aide elle pourrait en trouver parmi ses compagnons de route, voici une offre très généreuse de sa part. Ce Karz avait un grand cœur même s’il cachait ses émotions.

Comme je l’avais senti venir, il déposa quelques pièces sur la table puis s’excusa car il avait d’autres choses plus importantes à faire et sortit de l’auberge, me laissant seul avec Madeline. Pendant quelques secondes un silence de mort régna à notre table. Il fut finalement rompu par la demoiselle qui se leva de sa chaise sans même un regard et quitta l’auberge. Je me retrouvais seul à la table avec trois assiettes pour une personne. Je picorai légèrement dans mon assiette avant de finalement me lever sentant la fatigue envahir mon être. J’avais eu une poussée d’adrénaline en présence de Karz et maintenant que ce dernier était parti, je n’aspirai plus qu’à dormir quelques heures pour récupérer de ma folle nuit.

Je me levai et me dirigeai vers l’aubergiste auquel je demandai une chambre pour dormie. Il trouva ma demande bizarre étant donné le soleil qui commençait à briller dans le ciel mais peu importait. Dans quelques heures, je serais de nouveau debout. Je pris la clé que le tenancier me tendait et montai à l’étage pour trouver ma chambre, la 24. J’y trouvai un lit, une chaise près de la fenêtre qui avait les rideaux tirés ainsi qu’une commode. Juste ce dont j’avais besoin pour me reposer. Je déposai mon sac à côté de la commode, retirai mon armure, mon épée et ma chemise, pour qu’elle sèche le temps que je dorme, et m’effondrai littéralement sur le lit. Je n’avais même pas la force de sortir mon journal pour écrire, il pouvait bien attendre quelques heures.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Mer 14 Sep 2011 15:10 
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Après avoir retrouvé mon chemin dans les rues de Kendra Kâr plus facilement que ce que j'aurais cru, je rentre dans l'auberge de la tortue guerrière. Une auberge à laquelle je suis lié maintenant, vu tout ce que j'y ai vécu en peu de temps. Elle est sans aucun doute le point de départ de ma nouvelle vie.

Après un bref salut au tenancier, je lui dépose de quoi payer une chambre et je monte directement, sans chercher à manger ou boire quoi que ce soit. A dire vrai, je suis encore dans un certain état de joie, et ma légère euphorie suffit pour le moment à me nourrir. Montant les marches tranquillement, je finis par entrer dans ma chambre et je m'assois sur le lit. Je prends la dernière fiole de fluide qu'il me reste et je la fait tourner entre mes doigts, pensant à ce qu'il va m'arriver si je la consomme maintenant. J'ai l'impression d'aller trop vite, beaucoup trop vite et à chaque fois que j'absorbe un nouveau fluide, les effets secondaires sont de plus en plus violent et même si je suis vraiment tenté, je redoute ce que je tiens entre les mains. Peut-être devrais-je attendre un peu ? Je ne sais pas, j'ai besoin de cette puissance. Au pire, qu'est-ce que je risque ? Je suis dans une chambre dans une auberge et j'ai le pressentiment que je ne mourrais pas. Souffrir ? Je suis habitué.

N'hésitant pas une seconde de plus, je débouche la fiole et en avale le contenu. Instantanément, ma gorge se sert et tout mon corps se contracte d'un coup. Je ne peux plus respirer, je ne peux plus faire le moindre mouvement et une violent douleur traverse tout mon être, sans jamais disparaitre. C'est un insupportable, je n'en peux plus, la douleur est trop forte. Comme les fois précédente, je perds la vue. Mais point de vive lumière cette fois, non, c'est l'obscurité qui s'abat sur moi. Oui, petit à petit, je sombre dans l'inconscience.

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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Lun 14 Nov 2011 20:56 
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Un souffle, un frisson, puis rien. Soudain, un fer brûlant contre ma tête; je frémis simplement. Une douleur plus aigüe encore dans mon crâne, qui s'estompe petit à petit et me laisse à nouveau plonger dans une douce torpeur. Ma tête et mon corps entier reposent maintenant sur un nuage de coton.

Je vois une grande silhouette noire sur un cheval. Je me sens bien. Des flocons commencent à tomber, avant de fondre sur mon visage. L'ombre s'approche sans le moindre bruit, mon cœur bat vite. Je tends les bras vers cet ange noir, je veux voir son visage.

Flash

Des pieds. Poilus et grossiers. Une odeur d'alcool me monte à la tête, la douleur revient. Elle s'amplifie, et résonne dans tout mon crâne comme si elle n'allait jamais s'atténuer. Le voile noir retombe, j'essaie de lutter mais me voilà déjà partie.

Noir

La première chose dont je fus consciente fut mon pouls. Je l'entendais résonner dans mon corps, brûler dans mes tempes. Mon esprit se focalisa alors sur le rythme de ma respiration, lent et endormi. Un peu perdue, je respirais plus fort et plus vite, tournai la tête dans un sens puis dans l'autre. J'entrouvris un œil avec difficulté mais la luminosité qui pénétra ma prunelle me força à le clore aussitôt. En dehors de ce peu de sensations retrouvées, mon esprit était entièrement vide, plus encore qu'un trou noir. Les minuscules bribes de souvenir qu'il me restait étaient comme des boules de lumière lorsque l'on ferme les yeux : présentes, visibles en périphérie, mais insaisissables.

Ma tête frôlait désormais le monde réel, mais mon corps tout entier était encore ankylosé, dans un état de paralysie confortable. A la douleur légère mais profonde de ma tête s'ajoutèrent des fourmillements dans mes extrémités. Mes doigts et orteils me démangeaient tellement que je mourrais d'envie de me lever et de laisser mon corps bouger en tout sens pour le détendre, mais il n'était pas encore prêt à répondre à mes ordres.

Malgré une douleur à la tête toujours présente, je tentais à nouveau d'ouvrir doucement les yeux. Mes paupières se levèrent doucement, et au milieu d'une pluie d'étoiles scintillantes, j'aperçus un visage flou penché sur moi. Progressivement, en plus de l'univers sonore de mon propre corps, je pris conscience de celui qui m'entourait. Petit à petit les sons se firent moins mêlés, plus nets, perceptibles. Après quelques clignements de paupières rapides, il en fut de même de ma vue.

Une jeune elfe aux traits inquiets et à la longue chevelure blonde me souriait, visiblement un peu angoissée. J'inclinais doucement la tête, et elle passa son bras derrière mon dos pour m'aider à m'asseoir.

Ma tête me donnait l'impression d'avoir doublé de volume, et d'être uniquement remplie d'air. Comme si j'avais dormi pendant plus d'un an.

- Que t'es-t-il arrivé ma pauvre petit fille ? S'inquiéta l'elfe
- Je ne suis pas une petite fille. Répondis-je machinalement. La douleur me frappa à nouveau le crâne, et je crispais le visage.

Se mêlèrent alors en moi une foule de questions qui ne firent qu'amplifier mon malaise : Où étais-je ? Que m'était-il arrivé ? Qui était ce je, qui étais-je ?

- Lo...loys... bégayais-je doucement. Je suis Loys.

Machinalement, je me passai la main dans le dos à la recherche de mon arc, et me sentis soulagée quand je constatais qu'il était toujours là.

- J'ai du me cogner à la tête... Je ne me souviens pas de grand chose à vrai dire...
Passant précautionneusement la main dans les cheveux, je frôlai un relief du bout des doigts : une énorme bosse avait surgit, telle un champignon douloureux.

Le choc du réveil passé, je sentis une nausée s'installer en moi et ressentis le besoin urgent de sortir de lieu, bruyant, agité et dont les effluves se mêlaient, accentuant mes haut-le-cœur. L'elfe m'aida gentiment à me relever en me soutenant par le bras. Désireuse de partir au plus vite, je me dégageais de son soutient et me ruai vers la porte de sortie en titubant légèrement, sous le regard ahurie de cette pauvre elfe.

<Les rues de la ville>

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Ven 9 Déc 2011 09:23 
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J'entre dans l'auberge où le bruit m'agresse les oreilles. On dirait que toute la ville s'est réunie en ce lieu afin de boire, de manger et de gueuler. Car c'est le mot juste, ils ne parlent pas, ils hurlent des idioties en tout genre. Et bien, cela promet si la société de Kendra Kâr est comme ça ! Je vais les mater d'une force ces petits, ils ne perdent rien pour attendre. Je vais remettre cette cité dans le droit chemin. Prétentieux de ma part vous direz vous. Sans doute, mais telle est ma mission. Je m'approche de l'aubergiste pour lui demander une chambre au plus vite car je ne supporte plus ce bazar. Il s'exécute et me donne une clé.

Je ne perds pas une seconde et monte m'enfermer dans le silence providentiel de la petite pièce que je viens de louer. Même si un léger brouhaha me parvient, c'est quand même nettement plus supportable que tout à l'heure. Je me pose sur le lit, confortable soit dit en passant. Je suis sur les nerfs, il faut que je me calme. Je ne parviens pas à oublier ce monument somptueux. Il hante mes pensées et je ne peux même pas dire pourquoi et s'il y a bien une chose que je déteste plus que tout, c'est de ne pas comprendre les choses !

Je dégaine mon épée. Elle m'a été offerte l'an dernier par mon père à l'occasion de mon anniversaire. Il me l'avait remise dans un silence de plomb et dans une ambiance de tension extrême. Je la regarde quelques secondes avant de me mettre au « travail ». Comme toujours avant de dormir, j'exécute quelques mouvements de combat. Coup horizontaux, verticaux, transversaux, estoc quand soudain une lumière apparaît devant moi.

Elle est apaisante, dégage une impression de réconfort, mais comme pour tout ce que je ne connais pas, je me méfie et mon premier instinct prend le dessus : j'attaque cette chose. Elle esquive le coup et je m'acharne sur la petite boule lumineuse jusqu'à suer à grosses gouttes. Soudain je me rends compte que cette petite boule n'en est pas une. Un visage endeuillé me regarde.


"Qu'est-ce que..."

Elle s'approche de moi et vient se poser contre ma poitrine. D'un coup de main je l'éjecte. Pour qui se prend-elle ? On ne se connaît pas et je ne vais pas permettre autant de familiarité. Elle s'éloigne de nouveau et je sens qu'elle va s'en aller. Ce qui se passe par la suite reste très confus pour moi.

(Ne pars pas !)

Je pousse cette supplique mentale. Elle s'arrête et revient vers moi. Une larme coule de mon visage. Par tous les dieux que se passe-t-il ? Comment une si petite chose peut me faire cet effet. Cela n'est pas concevable pour moi et encore moins acceptable.

"Que me veux-tu ?"

Elle reste silencieuse, son visage est marqué par la douleur. A-t-elle besoin d'aide ? Mais si tel est le cas, comment puis-je lui venir en aide ? Et puis qui est-elle ? Son silence est gênant, pesant, car je sens une grande tristesse venant de cette créature. Je ne suis pas habituée à côtoyer le désespoir et le malheur. Mais malgré tout, une envie de la réconforter s'empare de moi.

"Qui es-tu ?"

Mon désir de lui venir en aide va peut-être faire qu'elle va se décider à me parler.

(Ne te souviens-tu pas de moi ?)

Je me tourne vers la porte, épée prête à frapper celui qui a osé franchir le seuil de ma chambre. Mais il n'y a personne d'autre que moi. Je me retourne vers la petite créature qui flotte toujours devant moi et qui me regarde suppliante.

"C'est toi qui vient de me parler ?"

Elle secoue timidement la tête. Je me souviens alors d'avoir lu dans un livre de l'école, un passage sur des créatures nommées faera qui se présenteraient à un moment de nos vies. Serait-elle une faera ? Ceci expliquerait pourquoi je l'ai entendu dans ma tête. Elles ne peuvent pas communiquer autrement.

(Nomme moi, comme autrefois et je serais tienne.)
(Comme autrefois ? Es-tu folle ? On ne se connaît pas ! Je ne t'ai jamais vu de ma vie...)

Son visage peiné fend mon cœur de glace. Bordel ! Je suis coriace de nature, je ne m'abaisse devant personne, pourquoi fait-elle naître des sentiments chez moi ? Je n'aurais jamais dû quitter le Naora. Depuis lors, il ne m'arrive que des bizarreries. Mais demain je vais reprendre ma vie en main. Prise dans mes pensées, j'en oublie la faera. Je reporte toute mon attention sur elle et un nom tordu me vient à l'esprit.

(Saymà. Si ce prénom te convient, nous pourrons faire un bout de chemin ensemble.)
(Saymà ? Cela me convient...)

Le nom semble éveiller chez encore plus de désarroi qu'avant. Par Sithi que peut-elle bien avoir ?

(Que t'arrives-t-il Saymà ?)[
(Rien, tu le sauras en temps voulut. Comment te nommes-tu ?)
(Elylia.)
(Dis-moi Elylia... euh... où puis-je me cacher pour que personne ne me voit ?)

Alors là, elle me pose une excellente question. Il est vrai que je ne suis pas la seule à posséder une faera, mais je n'ai jamais vu de petites boules de lumière flotter autour de ces personnes. Je réfléchis pendant un instant. Je n'ai guère d'objets sur moi pour qu'elle puisse se cacher. Une idée me vient alors.

Le pommeau de mon épée te conviendrait-il ? En attendant que je te trouve un meilleur lieu.)
(Ce sera parfait.)

Samyà fonce vers mon épée et y pénètre. Je me sens seule tout d'un coup. Comment tout cela a-t-il pu arriver.

(Ne cherches pas, c'est le destin... Elylia.)

La phrase est courte, pleine de tristesse quand elle prononce mon nom. Mais je lui obéis, je suis trop fatiguée pour comprendre ce qui se passe dans mon esprit tordu. Je me lave, après ma bataille injustifiée contre ma nouvelle compagne, j'en ai bien besoin. Après cela, je pose mon épée à mes côtés sur le lit et je m'étends. Quand je m'apprête à sombrer dans le sommeil, j'entends une petite voix.

(Bonne nuit Elylia.)
(Bonne nuit Saymà)

Je finis par partir dans un monde de rêves. Je me vois dans la forge de mon père sur le Naora, il me sourit. La petite fille que j'étais, court vers moi et me traverse. Je suis joyeuse dans les bras de mon père et soudain je me retrouve femme, perdue au milieu des bois. Je me réveille en sursaut, regarde autour de moi et je me dis, en regardant mon épée, que ce n'est que le début d'une suite de nombreux mystères qu'il me faudra régler avant de le revoir.

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Un grand merci à Dame Itsvara pour la signature




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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Mer 28 Déc 2011 23:48 
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UN GARZOK AVERTI EN VAUT DEUX ET DEMI


La faible lumière émise par une bougie suffisait amplement à éclairer la vieille carte du continent que le garzok griffonnait depuis déjà un bon moment, sa main gauche cherchant en vain l'encrier posé à sa droite, trop absorbé par le plan qu'il s'efforçait de tracer correctement, limitant le plus possible les tracés hasardeux pour obtenir un itinéraire pas trop dangereux, se concentrant malgré l'heure tardive qui engourdissait son esprit et ses blessures qui lui rappelaient la convalescence dont il avait atrocement besoin :

- "Ton chemin ne se fera pas uniquement sur le papier, chasseur de gobelins, et tu le sais bien."

La lueur vacillante de la flamme rassurante refléta les gouttes de sueurs qui perlaient sur le front du garzok concentré, qui ne se préoccupait pas du deuxième reflet, pourtant bien à ses côtés, si prêt qu'il pouvait presque en sentir le souffle sur son oreille :

- "Tes conseils sont inutiles, tu le sais bien, la volonté des shamans est la volonté des shamans, ils ne m'ont donné que la conclusion."

La voix des ténèbres soupira, laissant Rägrok percevoir un sourire dans la pénombre :

- "Tu parles comme un elfe, fils d'orque. Ta destination n'est pas la bonne.

La plume que tenait Rägrok manqua de se fendre sous la pression de ce dernier, rayant d'un coup sec le Duché des Montagnes, ainsi que la ligne qui joignait Dahràm à Kendra Kâr, il n'emprunterait pas ce chemin. Un grognement le tira de ses pensées, une fois de plus :

- "Ce n'est pas la bonne. Dahràm est plus proche qu'en longeant la côte. Tu le sais. Tu ne vas pas à Dahràm."

La sueur continuait de perler sur le visage de l'orque blessé, qui s'essuya d'un bref revers de sa manche. Sa cuirasse jonchait le sol, prêt de son lit, en compagnie de sa bardiche, il était au calme mais ne trouvait le repos.

- "Tu ne vas pas à Dahràm, garzok ?"

Rägrok soupira longuement et plongea sa plume dans l'encrier, l'essuyant tranquillement sur le bord alors qu'il commençait à joindre Kendra Kâr à Bouhen par la mer. Il y avait de nombreux bateaux dans cette ville, il n'en manquerait pas.

- "Ce n'est pas la bonne, tu es un Garzok, il y a des choses qui te sont essentielles. Tu n'aimes pas l'eau et tu n'es pas prêt de monter sur ce bateau. Tu ne vas pas à Bouhen non plus, Garzok."

- "Je suis concentré, je n'ai pas envie que tu me déranges !"

Retournant sa plume le temps de réfléchir et de s'éponger le visage, l'orque caressa légèrement le blason de Kendra Kâr, lui rappelant les trois gardes qui avaient à cette heure là repris leur ronde.

- "Tu souhaites quoi au juste ? Qu'ils ne se rendent pas compte de ton départ ? Aucun interêt, ils sont plutôt contents que tu t'en ailles, Garzok, bien content que tu t'en ailles. L'attachement n'est pas une coutume Garzok, tu ne peux le renier, et tu sais au fond de toi qu'ils ne valent rien."

Rägrok balaya d'un revers de la main l'encrier et la bougie, envoyant voler la carte à travers la pièce, se relevant en faisant tomber lourdement sa chaise, tentant de garder l'équilibre malgré sa fatigue :

- "La colère. Rägrok Mâchefer le Berserker, si l'on rajoute ton "glorieux" surnom, cela ne fait pas un brin long ? La colère est dans tes veines, tu es un Garzok, mais tu mets trop de temps à comprendre. L'éloignement sans doute. L'éloignement de ton pays ? De ta ville ?"

Peu enclin à tomber dans le jeu de la pénombre, Rägrok s'empara de la carte tombée au sol, la reposant calmement sur la table d'une main tremblante, relevant sa chaise, ramassant son encrier presque vide, sa plume et, finalement, posant ses fesses sur son siège.
Il ne devait pas se laisser déconcentrer, il fallait rester calme pour ne pas obtenir de chemin trop dangereux...


- "La concentration revient aux humains et aux elfes, aux hobbits et aux sektegs. Tu ne peux pas te concentrer assez, Garzok, tu es quelqu'un taillé pour l'action, pour dominer, n'est-ce pas ton pseudonyme ? "Domineur" de gobelins ?"

Le contact du chiffon sur son visage en sueur calma quelque peu l'orque, à deux doigts de sombrer dans la folie, se sentant complètement manipulé par des règles pourtant basiques de la nature, ses fils tirés par un marionnettiste bien trop puissant...

- "Tu sers Thimoros, mais tu ne tortures pas autant que les autres. Et tu sais mieux que quiconque ce qui arrive aux dominés, Rägrok Mâchefer, tu le sais mieux que quiconque. Tu ferais mieux de retourner chez toi, dans ta ville, offrir du sang innocent à Thimoros, tu es fait pour cela !"

La pénombre s'impatientait et le ton montait, frappant l'esprit de Rägrok comme la gueule de bois de la veille, alors que celui-ci rugissait :

- "Si j'avais souhaité verser du sang au hasard, il y a longtemps que j'aurais rejoint...que j'aurais rejoint..."

- "Omyre".

- "Omyre".

L'orque retomba sur sa chaise, le visage dépité, comprenant que son voyage ne le mènerait pas ailleurs, au final. Il devait s'y rendre car ses gènes l'y appelaient, la fierté des nomades Mâchefer était bâti sur la base d'Omyre, tout venait de la cité des orques, et il ne pourrait le fuir. Les idées fusaient dans sa tête alors qu'il jetait un regard désespéré à la carte du continent, la retournant pour dévoiler l'Imiftil, un éclair de génie brillant dans ses yeux.

- "Tu connais les bateaux".

Il n'aimait pas les bateaux. L'Imiftil n'était pas la solution, et si certains Garzok devenaient pirates ou parvenaient à approcher l'eau, lui l'avait en horreur.
Un coup de vent (dans une pièce fermée) fit vaciller la flamme de la bougie mourante, enflammant le coin cornée de la carte de l'orque, qui aussitôt se leva pour la piétiner et stopper le début d'incendie, ses coups sur le sol masquant le son de la porte sur laquelle on donnait quelques légers coups, aussi sursauta-t-il lorsqu'elle s'ouvrit :


- "Eh bien, Sekteg'a'krig, tu ne m'invites pas à rentrer ?"

Rägrok se retourna lentement, dévisageant la shaakt qui lui avait nonchalamment volé ses pièces d'or, mais en avait en plus profité pour en faire un profit injuste et criminel.
Alors qu'il tâtait son dos à la recherche de son arme, son regard dériva vers cette dernière, posée à côté de sa cuirasse. Son mouvement de bras réveilla également l'hématome impressionnant qu'il avait à l'épaule, mauvais souvenir du gourdin du squelette...


- "Tu es sensé te reposer, gladiateur, ou bien je me trompe ?"

Un silence s'installa peu après la question de la shaakt, alors que celui-ci continuait de la dévisager d'un regard empli de haine, ses yeux injectés de sang rendant son air sauvage bien plus prononcé que d'habitude.
La demoiselle ne se fit pas prier pour s'asseoir sur le lit, bien à côté de l'arme du combattant orque qui, lui, s'assit à cheval sur sa chaise, reposant ses bras et sa tête sur le dossier de celle-ci, observant toujours aussi méchamment sa nouvelle compagnie...


- "Je vois bien que tu m'en veux, mais rassures toi, je n'ai même pas pu profiter de ton argent, Mâchefer."

- "Ce n'est pas rassurant, fille de shaakt, car je ne connais ni ton nom, ni où se trouvent mes pièces, et il vaut mieux que tu les retrouve au plus vite, car même blessé, j'ai encore assez de force dans la nuque pour détacher ta tête du reste de ton corps."

- "Voyez vous cela, aussi fier avec, que sans armes. Si ce n'est pas admirable. Redescends sur terre, Garzok, jouer aux brutes ne t'aideras pas dans ton état."

- "Mfrr. Le garzok hésite un instant. "Parles, je t'écoute."

La shaakt eut un sourire alors qu'elle se calait plus confortablement dans la literie :

- "Les docks, ça te dit quelque chose ? Tu sais, le schéma typique d'une ville dans la ville, loin de la beauté de Kendra Kâr la magnifique, non, là-bas c'est le chaos complet, mais lorsqu'on y est un peu plongé on peut facilement en tirer son épingle du jeu. Je sais que tes chiens de garde dorment ailleurs, et si tu veux récupérer tes pièces, il va falloir te salir les mains, mais après tout, tu ne t'y es pas trop attaché, si ? Suis-je bête, n'est-tu pas l'un de ces fiers orques combattants sans regard pour les faibles, hein ? Hi hi.

Derrière ces plaisanteries raisonnaient les paroles qu'il venait tout juste d'entendre, juste avant l'arrivée de la shaakt.
Le visage de Rägrok passa du vert olive au blanc pâle avec une légère nuance de vert, alors qu'il se remémorait les évènements passés.


- "Tu te sens bien ? Je ne veux pas que tu m'aides dans cet état, tu devrais peut-être dormir encore un peu."

- "Je vais très bien, ma blessure sera partie demain et je pourrais récupérer mes pièces, même s'il faut que j'aille les chercher dans le ventre de celui qui les a, mais tes propos sonnent comme ceux...d'une amie à moi."

Le garzok resta un moment songeur, se demandant si cette "amie" n'avait pas eu totalement raison sur son compte, si ses doutes ne s'avéraient finalement pas être vrais...

- "Une amie ? Je n'ai vu personne dedans, ni dehors, d'où la connais-tu ? C'est quoi son petit nom, mon grand ?"

- "Elle...elle s'appelle...Pénombre. Pénombre est...une amie...d'enfance, je la connais depuis...depuis tout petit. Mais laissons là de côté, j'ai... plus important à m'occuper."

- "Faible."

- "Les docks. Comme je t'ai dit, ce n'est pas le genre d'endroit où tes amis gardes iront te chercher, donc fais toi discret une fois sorti de là. Enfin aussi discret que tu peux l'être...tu comprends."

- "Oui, tu comprends. Tu es un Garzok, pas un voleur, tu n'es pas fait pour la discrétion. Si tu rencontres un obstacles, ce n'est rien d'autre qu'un possible sacrifice pour Thimoros, et certainement pas une énigme à résoudre à l'aide de talents autre que la puissance que tu détiens depuis ta naissance, Rägrok Mâchefer, le Sekteg'a'krig."

Le Garzok se déplaça lentement vers la table de chevet dont il tira une bouteille d'alcool humain, qu'il tendit à la shaakt avant de ramasser son attirail, enfilant sa cuirasse avec un léger rictus de douleur lorsqu'il fallut passer son bras endoloris. Il était temps pour lui de disparaître aux yeux des gardes, et ces derniers ne le reverraient qu'aux portes de la ville, en train de partir. Pour le moment, il devait se rendre aux docks pour régler une petite affaire à grand renfort de mandales orques.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge de la Tortue Guerrière
MessagePosté: Sam 28 Jan 2012 13:41 
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Trois années... Il m'avait fallut trois années pour passer à nouveau le pas de la porte en chêne massif de l'auberge de la Tortue Guerrière. En y pensant, quel curieux nom. Je ne m'y étais jamais attardée et pourtant ; mais je n'y avais jamais vraiment porté attention. A mon arrivée à Kendra-Kâr depuis Cuilnen je m'émerveillais d'un rien et ceci n'était en rien plus surprenant que le reste de mes découvertes de la capitale des hommes de Nirtim. Plus tard je n'y avais plus songé, c'était devenu mon refuge, notre refuge. Nous nous y retrouvions entre habitués et c'est bientôt devenu mon second foyer ; ou plutôt mon troisième techniquement si l'on compte les futaies de l'Anorfain comme ma première demeure. D'avantage qu'un abri pour la nuit, l'auberge de la Tortue Guerrière était une institution, un mode de vie, une famille, un lieu de retrouvailles, de partage et de naissance de légendes. Bien des aventuriers en herbe y avaient trouvé le courage, les compagnons et de preux desseins pour se lancer à la découverte de ce que le monde avait à leur offrir.

Etrangement je n'étais guère émue, comme je m'y attendais, simplement soulagée. Je savais que l'auberge serait toujours là, du moins ainsi voyais-je les choses. J'y rentrai enfin, et rien ne me semblais plus banal - outre le temps durant lequel je m'étais absentée. Avais-je changé ? Il ne me semblait pas. Peut-être avais-je simplement retrouvé la force, ou plutôt la volonté de participer à la course du monde - d'un retrait désespéré était né le souffle d'un engagement nouveau. Quitte à vivre des centaines d'années - loin des miens aux mœurs qui me paraissaient si fades à présent que j'avais goûté à la turbulente animation des hommes - autant prendre ces années à cœur et les vivres comme si chacune était la dernière. Dans nos domaines rayonnants de volupté et de sérénité, en ces terres de poésie donc la guerre n'est qu'une ennuyante tragédie - que pouvait-on savoir de la beauté qu'a la fragilité de nos voisins ? Prétentieux, chahuteurs, si facilement influençables, ils avaient cependant cette ardeur, cet instinct propre aux races faibles qui rendant chaque instant plus intense.

Alors que le tintement de couverts et de rires encore fatigués me parvinrent j'entrai dans la salle principale dans laquelle s'alignaient quelques longues tables pour l'heure pratiquement vides - à part deux individus manifestement parés pour reprendre leur route, ainsi que quelques fauteuils accolé de petites consoles basses, plus près de l'âtre dans lequel le feu venait manifestement d'être allumé. Aussi y faisait-il frais à cette heure mais déjà quelques odeurs de cuisines venaient m'engourdir l'âme et me faisaient réaliser que je ne saurais profiter d'un bain chaud si je n'avais également l'estomac plein. tant pis pour mon allure dépenaillée - Tom et sa femme avaient connu bien pire de moi et peu m'importait l'avis des deux personnes attablées manifestement pressées de terminer.

Je m'approchai du comptoir et posai mon sac à mes pieds tout en me dégageant un peu de ma lourd col de fourrure et de la capuche que j'avais plus ou moins relevé pour me couper du vent.

« Sam ? » appelai-je.

Un large sourire illuminait mon visage - comme il me tardait de voir sa mine déconfite, qui serait aussitôt suivit d'une curiosité brûlante et de mille questions sur les folies du monde !

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Sinaëthin Al'Enëthan, alias Silma, Héraut de Yuia, hiniön lvl 21


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