Aram ignora les insultes de la rousse puis se tourna vers Angèlique afin de lui répondre sur un ton avenant.

« Je comprends votre curiosité, vu la nuit que vous venez de paser, elle est des plus légitimes, mais je n’ai pas l’habitudes, ni le goût des grandes discussions. C’est plutôt dans les cordes de mon ami. » Dit-il en pointant la corneille. Cette dernière émit un croassement avant de répondre :

« Tout à fait, Aram se perd dans les explications, il mêle tout, mais c’est mon meilleur ami. »
Elle prit une pause, puis reprit :

« Bavarder, espionner, c’est mon truc, d’où mon surnom : la bavarde. C’est par ce surnom qu’on m’interpelle et ça me plait bien. Dites-moi, où et quand et je serai au rendez-vous. »

Je regarde les nouvelles personnes qui tombent tour à tour. Pour le moment je ne vois aucun elfe noir, si ça continue je vais perdre mon parie. Qu'est-ce qu'ils font, ils feraient mieux de se dépêcher de sortir ça, j'ai un foutu parie à gagner moi ! A ma grande surprise, personne ne sors. Les fenêtre se referment. Cette histoire s'annonce encore plus chiante qu'avant, ceux qui sont encore à l'intérieur de la baraque doivent être exaspéré. Bref, j'attends, je fixe mon 'adversaire' de parie de temps en temps afin de voir si il n'essaie pas de me voler ma nouvelle bourse, il a un air de voleur avec sa capuche. Mais, quand j'entends des bruits venant de l'intérieur, je tourne mon regard vers les fenêtres, puis je vois plusieurs personnes qui tombent. C'est vraiment un coup de malchance ça, quasiment ils tombent la plupart en même temps, je veux dire par là qu'il n'y a pas une grande différence de temps entre eux.

Je vois que le parieur regarde lui aussi attentivement la scène, sauf que au moment voulu, une personne précise descendit. A mon avis il semble la connaître, puisqu'il semble captiver par elle, je ne veux pas savoir après tout. Puis il se tourne vers moi pour me dire que il semble qu'on soit à égalité, vu que ce n'est ni un shaakt, ni ce 'Selen'. Bref, j'ai perdu, il a perdu, on est tous content quoi. Je tire la tête quand je vois que mon propre parie me file entre les doigts, mais il n'y avait pas d'argent mis en jeu de toutes façons, donc si je réfléchis bien, je n'ai rien perdu. Je vois alors Daio qui descend à son tour. Cela m'aurai surpris si il n'est pas directement aller vers Adweinna. Moi-même, je n'arrive pas encore à comprendre comme cela se fait, mais bon, je n'ai pas à me poser des questions, ils ont l'air heureux je ne peux que l'être aussi pour eux, c'est comme ça que je vois les choses du moins.

Suite à cela, moi je reste sur mon muret, je me repose un court instant avant d'aller repartir vers l'obédience, je ne sais pas ce que j'attends en fait. Je vois que certains de mes compagnons de fortune s'en aillent déjà vers d'autre périple ou autre, ça me fais un petit pincement, même si je ne les connais pas, le fait que tout le monde part c'est un peu désolant, mais je vais devoir faire de même bientôt. Chacun semble y avoir trouver quelque chose dans cette maison, même plus ! Ce qui me rends heureux par dessus tout … … C'est cette bourse, approximativement je dirai qu'il y a une belle somme dedans, je compterai le total plus tard. Moi qui manquais justement de fond, ceci est un véritable cadeau du ciel. Mais par contre cette rune, selon Aram, il faut la faire identifier avant de pouvoir s'en servir. Un pouvoir peut être dedans, qui sait.

Perdu dans mes spéculations, je suis interrompu par Daio qui d'adresse à moi. Je n'ai même pas remarquer qu'il a lui-aussi pris une bourse chez le vieux, ce dernier semble d'ailleurs plus serein qu'avant. L'elfe noir me dis qu'il espère que cette aventure a ériger un liens d'amitié plus fort entre nous. Je l'espère aussi, lui ça peut être un véritable amis, qui sait. Mais ce qui m'intéresse encore plus néanmoins, c'est ce qu'il dis juste après. En effet, je vais avoir besoin de lui je pense pour aller quelque part. Je me souviens parfaitement de la discussion que j'ai eu à l'obédience, cette probable mission. Caïx Imoros n'est pas une destination de rêve, encore moins pour y aller seul, ce serai la mort assuré. Comme on est fatigué, je préfère ne rien lui dire pour le moment, juste me contenter de ceci.

-"Je te remercie de ta volonté à m'aider. T'es un pote, on se comprends … "-

Je descends alors de mon muret, puis regarde la ruelle adjacente à la maison. A présent, il faut que je rentre à l'obédience, je dois me reposer, reprendre ma vie normale. Cependant, il me reste encore une dernière 'aventure' avant que je reviens au quotidien … J'ai un tribunal dans quelques heures, je suis complètement claqué, je ne suis pas en état d'y aller si je reste comme ça. Mon cerveau me dis d'aller à la taverne pour me recharger en rhum, mais je dis non cette fois-ci ! Je prends alors la direction de la faculté de magie. Daio devrait en faire de même, sauf si il veut lui prendre une piaule à l'auberge.

-"Daio, il est temps pour moi de rentrer au bercail, il me semble que toi tu peux y aller aussi. On se verra demain ..."-

Je souris au couple, puis je me tourne pour prendre m'enfoncer dans les ruelles s’illuminant au fur et à mesure que le soleil se lève. Une nouvelle journée s'apprête à commencer, moi je pars dormir, je ne peux plus rester debout.

Naïvement, sans ressentir aucune gêne d'avoir subtilisé un bouquin de la bibliothèque, Fenouil ouvrit son sac, ramassa le dit livre, l'ouvrit devant toi en faisant feuilleter les pages pour que tu puisses bien voir les différentes images, avant de s'exclamer:

« Regarde toutes ces belles pâtisseries ! »

Dame Ema, après nous avoir écouté, sembla déborder d’elle-même, par la colère qui s’était amassée dans son être. Elle regrettait amèrement notre méfiance, plus que légitime pourtant, et reniant tout ce qui nous était arrivé cette nuit, tant les monstres que les rencontres étranges. Ainsi semblait-elle innocente, et complètement hors du coup. Je me demandais comment on pouvait être aussi incapable de voir ce qui se passait dans sa propre demeure. La vieillesse décadente, à n’en pas douter. Elle était gâteuse, sénile et irresponsable. Son majordome, ce gobelin véreux, dirigeait sans doute le tout en sous-main.

Je lui décochai un regard perçant, alors qu’Ema claquait des mains pour rouvrir la fenêtre close l’instant d’avant, prouvant ses problèmes évidents de mémoire. Et je la regardai à nouveau lorsqu’elle tenta de se lever… Sitôt debout, elle retomba par terre lourdement, le regard fixe, totalement immobile. La vie l’avait quittée. Je la regardai sans m’émouvoir de ce décès plus que logique, au vu de ses propres dires. Elle était au bout du rouleau, à la fin de sa vie. Je ne m’étais pas imaginé l’urgence de ses propos, mais… ils l’étaient. Et finalement, elle n’avait pas trouvé d’héritier pour sa demeure étrange.

L’elfe noir menaça le gobelin de le libérer de l’entrave de sa chaise. Ainsi donc, ils étaient bien prisonniers, et je ne regrettai pas de ne pas m’être assis sur ces sièges, malgré l’insistance de la vieille. Docilement, et par crainte, sans doute, il alla claquer les mains de la morte pour tous nous libérer.

Emportant le journal de Maxime avec moi, et piquant une cuisse de poulet rôti baignant dans un plat d’airelles rouges, je me dirigeai vers la fenêtre ouverte. Je mordis dans ma prise, cuite à point et bien assaisonnée. Elle avait raison, cette nourriture était vraiment très bonne… Mais elle n’était plus là pour que je puisse la complimenter. Ce que je n’aurais de toute façon pas fait. Abandonnant l’os rongé sur l’appuis de fenêtre, j’enjambai celle-ci pour me retrouver dans la rue.

Le petit matin ne tarderait sans doute plus. Déjà, les lointaines lueurs de l’aube pointaient à l’horizon, même si le soleil ne se lèverait pas encore tout de suite. Aram était assis sur une clôture de pierre, adossé à la maison, accompagné de la corneille bavarde. J’atterris dans l’herbe, non loin de lui, et regardai autour de moi. Le gobelin était toujours présent, tout comme la dénommée Agnès, le lutin et Angélique. Les autres semblaient déjà ailleurs… partis.

Je m’approchai d’Aram, qui me tendit une bourse lourde de yus, et une petite pierre sculptée, me rappelant celles que j’avais toujours au fond de mon sac. Je pris les deux en silence, avant de regarder avec insistance l’oiseau.

« Je désirerais également être de la partie, lorsque vous expliquerez les secrets de cette maison, oiseau. »

Puis, je posai mon regard sur la musicienne.

« Mais en attendant, que diriez-vous d’une balade de l’aube ? »

Le jeu de mot était à peine voilé. Une balade musicale autant qu’une promenade… voilà ce que je lui proposais. J’avais besoin de me détendre…

La corneille se tourna vers Selen et lui répondit :

« Vous pouvez m’appeler : Bavarde. Comme je l’expliquais à la jeune demoiselle, loin d’être une insulte ce surnom me plait bien. C’est avec plaisir que j’accepte votre présence dans la discussion, j’aime avoir un auditoire lorsque je raconte mes petites histoires. Vous n’aurez qu’à choisir le temps et le lieu et je serai ponctuelle au rendez-vous. »

Flore qui n’avait été qu’un témoin dans toute la saga de la salle à manger avait discrètement mangé une petite pâtisserie, et avait hésité longuement avant d’enjamber la porte pour quitter la maison.

A la proposition de Selen, elle fut tout sourire, comme à son habitude.

« Ce sera un plaisir pour moi tant pour la promenade que pour la balade. » Réponse qu'elle accompagna d'un rire éclatant.

Puis elle laissa ses doigts courir sur les cordes afin de jouer une douce mélodie calme, reposante assez forte pour qu'on l'entende aisément, mais pas trop afin de permettre de tenir une conversation.

Flore sourit à Aram et Agnès, mais ne prit ni la rune, ni la bourse de Yus, pas plus qu'elle n'avait pris d'objet dans le placard de la chambre à coucher.

Pour tout dire, en sautant comme ça par la fenêtre, je m'attendais à atterrir un peu mieux. On avait beau être au rez-de-chaussé, j'ai trouvé le moyen de me prendre les pieds dans le rebord de la fenêtre et de m'écraser de manière fort ridicule sur le sol, les pieds en l'air.

(Ah bravo! T'as l'air maline comme ça tiens!)

(Ca va hein! Je me sens assez ridicule comme ça pour pas que t'en rajoutes une couche)

(Hihihi)

Je me relevai, essayant de faire comme tout le monde l'aurait fait à ma place: comme si de rien n'était. C'est alors qu'un homme me fit signe de m'approcher. Sans crainte, je m’avançai vers lui, prenant en m'inclinant légèrement pour le remercier, la bourse qu'il me tendait. Je pris également une des étranges pierres dans le coffre et sans même me retourner, je m'éloignai le plus vite possible de cette maison cauchemardesque.

(Tu oublies Psylo je crois!)

(Oups! T'as raison...Bah, on va l'attendre un peu plus loin, il nous retrouvera s'il veut.)

Aram décline poliment ma demande, mais propose à sa place l’oiseau, qui se nomme elle-même "la bavarde", et accepte avec joie tout public pour ses histoires, semble-t-il. D’ailleurs, avant que je ne réagisse, Selen demande à se joindre à nous pour étancher sa curiosité. Une pointe d’agacement me saisit, mais la fatigue reste dominante, et c’est sans grande énergie que je réponds :

« Si vous pouviez être, disons… Dans une semaine, deux heures avant midi, au clocher de Kendra Kâr, ce serait parfait… L’endroit est peu fréquenté je crois, et cela me laissera le temps de régler quelques affaires d’ici là. J’espère que vous mériterez alors votre nom »

Puis, après un salut de la tête, je m’éloigne de cette maison, de ses mystères, et de l’accablement de la nuit. Je n'ai aucune envie de discuter plus longtemps, et mon paule recommence à m'élancer.

En marchant vers la demeure d’Ezel pourtant, l’air frais du matin me revigore, dissipe la peur qui m’avait peu à peu envahit le cœur et la fatigue se mue un instant en une douce euphorie, pour le trajet du retour, avant que la fatigue ne revienne et ne me terrasse.

Suite.