L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 12 Sep 2011 16:37 
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Je dépose la somme sur le comptoir et quitte enfin la boutique, non sans avoir remercier chaleureusement le brave sinari qui s'est occupé de moi. J'ai encore du mal à croire que je sois apte à utiliser la magie, qu'un nouveau pouvoir circule en moi. Un pouvoir que je vais devoir apprendre à maitriser, à contrôler, pour l'utiliser à ma guise quand le besoin s'en fera sentir. La tâche ne va pas être simple, mais je pars confiant.

Avançant tranquillement dans les rues kendrannes, me laissant guider par le hasard, mes yeux se posent sur une enseigne de bois, bougeant en grinçant au gré du vent: La forge de Gonk. Je me souviens alors que j'ai laissé mon plastron à Madeline et je ne peux pas rester comme ça. Peut-être trouverais-je mon bonheur ici.

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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 13 Sep 2011 05:06 
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Les rues étaient vides, froides. Seule une âme perdue et tourmentée les parcourait, titubant légèrement tel un ivrogne. Mais ce n’était pas l’alcool qui perturbait ses sens. Juste ses pensées qui s’attaquaient à son conscient. Un duel terrible avait pris place dans son esprit. Le devoir et les envies se disputaient un trône en lambeau, sur le point de s’écrouler. Une métaphore élégante de son esprit en ruine. Dommage que cette personne n’était autre que moi.

La discussion que je venais d’avoir avec Karz m’avait réellement bouleversé. Cette haine dans mon cœur était vivace et ne semblait pas vouloir arrêter de me consumer. Je savais qu’elle était dangereuse pour mon existence et celle de tous ce que je voulais bâtir. Mais comme un chemin éclairé dans l’obscurité la plus pur, je devais me résigné à la suivre. C’était une souffrance terrible et aussi étrange que cela pouvait paraitre, elle apparaissait pourtant tellement douce. Je voulais m’éloigner ardemment de cette solution de facilité, me libérer de ma haine, de mes désirs de vengeance, de justice. Cependant, il semblait à mon âme que le seul moyen d’apaiser cette frustration était d’y succomber. Après tout, n’étais-je pas que colère ?

Comment en avais-je pus en arriver la ? Vouloir la mort d’un frère, désobéir sciemment à un père. Etais-je une victime de mes désirs de reconnaissance ou simplement un monstre qui se cachait derrière ses plus beaux atours de sang noble et de richesse ? Drôle de question. Mais mon esprit embrumé ne faisait qu’émerger tous ce qui me passait par la tête en cet instant. C’était plus ou moins la définition que je me faisais du chaos. Le comble pour un être qui ne cherchait que l’ordre rétablit dans sa vie. Il fallait réellement que je me calme, le passé m’avait prouvé que je ne devais pas me laisser aller à mes émotions. Cela ne m’avait apporté que des ennuies.

Et la situation ne semblait pas sur le point de changer. Il semblait que j’allais devoir remettre mes désirs de quiétude à une autre fois car un mauvais pressentiment commençait à naitre dans le creux de mon ventre. Est-ce que je ressentais de la peur ? Peut être bien. Sans m’en rendre compte, je m’étais éloigné de la taverne sans regarder ou mes pas me menaient. Visiblement, j’étais arrivé dans un dédale de ruelles que je n’avais jamais emprunté jusqu'à aujourd’hui. Il faisait réellement sombre, et le ciel couvrant la lune n’aidait réellement pas à distinguer les formes qui m’entouraient. Je pouvais ressentir une affreuse odeur de décomposition venir me titiller les narines. Définitivement, quelque chose ne tournais pas rond.

Le pire dans tout ça, c’était sans doute que j’avais la désagréable sensation que j’étais observé. Le danger semblait me guetter et dans un reflexe que j’avais complètement oublié, je portai mes mais mains à mes armes. Mes yeux se plissèrent comme pour mieux distinguer dans l’obscurité. Face moi une petite place vide qui débouchait sur quatre ruelles sombres. Le danger pouvait venir de partout. Et puis, après quelques secondes qui me parurent interminables, un homme apparu, encapuchonné. Il était vêtu de sombre et mis à part sa grande taille avoisinant les deux mètres je ne pouvais rien distinguer d’autre.

Dégainant mes lames, je m’apprêtais d’ores et déjà à combattre. Cela tombait bien, j’étais d’humeur massacrante. Et puis, je n’allais pas laisser un homme s’emparer de ma bourse impunément. Mais je devais certainement me tromper sur les desseins de la créature car, aucune agressivité ne transpirait de son corps immobile. Si bien que je dû ouvrir la bouche, désarçonné devant cette scène qui ressemblait à un cauchemar.

« Qu’est ce que vous me voulez, bon sang ? »

« C'est Vandrak D'Arkasse qui m'envoie. »

C’était une voix rauque qui me répondit. Un timbre emplit de mystère d’où émanait milles tourments. Une voix si horrible que je ne pus retenir un frisson d’effroi. A moins que ce soit l’évocation de mon père qui me faisait cet effet. Au final, je me retrouvais chamboulé alors que j’avais le sentiment que ma tête allait exploser. S’en était trop et rangeant mes armes je ne pus m’empêcher de m’appuyer dos au mur. J’avais cette désagréable sensation que mes jambes allaient me lâcher. Mon père ? Cette histoire me paraissait rocambolesque et devant la surprise je ne sus que dire, attendant l’énonciation d’une sentence que je redoutais. Mon paternel n’étais pas un tendre et déjà, je me posais milles questions qui tournaient autour d’un simple mot : « Pourquoi ? »

Oui... Pourquoi prendre cette peine. Ils avaient retrouvé Elan ? Non… Ou peut-être pire encore ? Mais je sentais que la réponse n’allait pas tarder à arriver car déjà, l’homme s’approchait, reprenant la parole.

« Il m'envoie prendre des nouvelles de votre entreprise. »

« Vous parlez de la recherche de… »

« Oui. »

Quoi d’autre après tout ? Allait-il prendre des nouvelles de moi ? Oh ça, jamais. C’était Elan, toujours Elan et encore Elan ! Ce nom me devenait insupportable. Un supplice si grand que je me devais d’exploser, de me laisser aller à la colère. J’en avais fichtre marre de toute cette histoire. Je devais prendre mes responsabilités. Allais-je me laisser écraser par mon père ? Non, j’allais lui montrer que j’étais devenu le fils dont il avait toujours rêvé. Ce corps de chairs et sang animé par la haine, c’est lui qui l’avait crée. Cette relation avec mon frère c’étais encore lui. Si je devais regarder la vérité en face, il devait cesser de se montrer aveugle. Père ou pas, il était grand temps que je prenne les commandes.
Bien décidé, je me décollai alors du mur, faisant face à mon interlocuteur qui arrêta net d’avancer devant tant de détermination. A nouveau, comme à chaque fois, je n’étais que colère, haine et ambition. En fait, j’étais même quelque chose de plus : j’étais devenu indépendant et maitre de mon destin. Capable de soulever des montagnes, de lever fièrement la tête et de dire non.

« Dites à mon père, que si je lui ramène son fils bien aimé, ce sera mort. Il faut qu’il fasse un choix. Elan est un traitre ! Le seul qui puisse un jour succéder à Vandrak D’Arkasse c’est moi et personne d’autre ! »


Sur ces paroles. Un silence de mort s’installa. J’avais l’impression que le monde s’était arrêté de vivre. Je venais en quelque sorte de défier mon géniteur et par la même occasion de perdre tous ce que j’avais hérité de par ma naissance. Ce n’était pas du courage dont je venais de faire preuve. C’était plutôt un acte flirtant avec la folie. Mais il était trop tard pour faire machine arrière. J’étais un homme esseulé.

Même si je ne pouvais apercevoir le regard de l’homme face à moi, je pouvais ressentir son désarroi. Il ne devait pas avoir l’habitude que quelqu’un ose se dresser contre son maitre. Comme je comprenais cette situation. Plus les secondes passaient et plus je me disais que je venais de commettre la pire erreur de ma triste vie, alors que j’étais le descendant direct de cet homme.

« Si je peux vous donnez un conseil : ravisez vous. »


« Impossible ! Mon choix est fait. Dépêchez vous d'aller trouver mon père et de lui annoncer mot pour mot ce que je vous ai rapporté. »

Mes paroles glissaient d’elles-mêmes alors que mon corps tremblait de peur. J’étais complètement déconnecté de mon devoir de fils de bonne famille. Le processus semblait s’être enclenché à un moment ou je ne m’y attendais pas. J’étais en train de commettre un crime, pire que le meurtre. Je venais de bafouer l’honneur des D’Arkasse par mon simple égo. J’étais complètement fou.

« Bien. Le message sera transmis messire. J’espère juste que ce ne seras pas la dernière fois que j’utiliserais ce titre en votre présence. »

Sur ces paroles, l’homme fit volte-face avant de disparaitre dans l’obscurité qui l’avait vu naitre. J’étais maintenant seul, livré à moi-même et dans ce dédale de rues, je me sentais comme un condamné à mort ne sachant pas quel chemin emprunté. J’étais si libre et si enchainé à la fois. Je ne savais pas si je devais être fier ou honteux. Après tout, je n’étais pas à une contradiction près. L’urgence de la situation faisait tout de même qu’il me fallait vite trouver une solution pour assurer mes arrières. Je devais prendre des dispositions car je craignais la réponse de mon père. Malheureusement, mon cœur frappant avec violence mes tympans ne m’aidait pas. Et puis, un nom apparu dans le creux de mon esprit grandissant tel une évidence. Ici, elle seule pouvait m’aider. Puliin…

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"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien."

- George Smith Patton


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 13 Sep 2011 14:07 
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Plus ma bourse se vide et mieux je me sens. Je ressemble enfin à un vrai combattant, du moins, j'en ai l'impression. Mais surtout, j'ai acquis une nouvelle puissance, une puissance merveilleuse que jamais je n'aurais pensé pouvoir maitriser un jour: la magie. Quelle étrange sensation que de sentir ces fluides parcourir mon corps, mais vais-je réussir à en faire quelque chose ? Vais-je être capable de les matérialiser et profiter au maximum de mon nouveau potentiel magique ? L'avenir me le dira sans doute.

Où aller maintenant ? Que faire ? Je ne sais pas. Je suis là, dans la grande cité de Kendra Kâr, j'ai accompli un de mes objectifs en obtenant quelques pouvoirs supplémentaires, mais maintenant, je suis un peu perdu. Je devrai sans doute m'entrainer, mais comment? Perdu dans mes pensées, je ne regarde pas vraiment où je vais et je fini par bousculer un homme tout de noir vêtu.

"Excu..."

Le temps semble se figer alors que le regard de l'homme et le mien se croisent. je n'arrive pas à y croire...ici...c'est impossible. Mon passé me rattrape et les souvenirs qui vont avec m'assaillent de toute part, je suis comme paralysé et le regard de l'homme en face de moi se fait plus insistant. M'a-t-il reconnu ? Qui sait, mais au plus profond de moi, j'espère, j'espère vraiment que...que ce n'est pas le cas. La peur vient ronger mes entrailles et j'ouvre grand les yeux. Comment m'ont-ils retrouvé ? Je l'ignore, mais mes vieilles habitudes ressurgissent et les réflexes qui m'ont toujours sorti d'affaire jusque là se manifestent enfin. Je retrouve mes moyens et sans réfléchir une seconde de plus, je me mets à courir, de plus en plus vite, sans regarder derrière moi.

"C'est bien lui! Attrapez-le! Cette fois, on l'aura!"

Tout se confirme, ils m'ont bel et bien retrouvé, alors que je pensais être en sécurité dans la cité blanche. Alors que je ne pensais pas devoir courir comme ça avant un certain temps. Dans ma course folle, je cherche désespérément du regard un milicien, quelqu'un qui peut m'aider, ne serait-ce que pour ralentir mes poursuivants, mais rien, personne. Je me suis aventuré trop loin dans les petites ruelles et il n'y a pas un chat, jusqu'à ce que j'arrive aux portes de la ville. Sans m'arrêter de courir, je passe en trombe devant les miliciens, lâchant juste un bref "A l'aide!" au passage. De source sûre, je sais que mes poursuivants n'auront aucun scrupule à égorger les gardes de la ville pour continuer leur poursuite, mais je n'ai pas le choix si je veux survivre, si je veux retrouver ma sœur. Que Gaïa me pardonne, mais je n'ai vraiment pas le choix.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 29 Sep 2011 09:48 
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précédent : Temple des Plaisirs

Le temps ne s'était pas arrangé depuis le matin, les lourds nuages gris menaçaient toujours, le vent froid cinglant fouettait nos visages avec une vigueur injuste … ce n'était d'ailleurs pas en plein été, sous une chaleur de plomb que ce même vent venait nous apporter fraicheur et oxygène.
Je remontais la capuche de ma cape pour me protéger le visage et m'engageais dans la rue, en direction du marché.
Les vêtements offerts par le missionnaire avaient bien sur été une aubaine, mais ils n'étaient pas réellement adaptés à mon style de vie et la qualité de la nouvelle tunique que je portais n'avait fait qu'augmenter le besoin de changer le reste
Les mots de Pulinn avaient déclenché comme une envie irrépressible de me faire plaisir pour la première fois depuis des semaines en faisant les boutiques. J'avais beau avoir trainée en guenilles une partie de ma vie et m'habiller de kimonos ne m'appartenant pas l'autre partie, je n'en avais pas moins l'envie de dépenser mon argent tout neuf.



Les rues du centre étaient maintenant plus peuplées, mais à la différence du matin il me semblait y voir plus de gens étranges. Rien que sur la dernière rue, je croisais un homme qui rampait au sol parlant tout seul d'un grand oiseau de feu dont il se cachait en se camouflant parmi les cailloux, un autre qui tenait dans ses bras une chose imaginaire et j'entendais régulièrement les passants se plaindre du nombre d'illuminés qui grandissait depuis quelques jours et des rues qui devenaient de moins en moins sûres malgré le travail acharné de la milice.

Revenue depuis peu en ville, j'avais jusqu'à maintenant mis l'attitude de ces gens sur le compte de la boisson ou autres substances moins liquides mais tout aussi dommageable pour la lucidité de l'esprit.
Intriguée, j'essayais d'écouter plus attentivement la moindre parole émise à ce propos. Je pensais très vite aux événements qui avaient eu lieu lors du départ de ce simulacre de chasse au trésor, peut être était-ce lié mais je n'arrivais pas à trouver de lien logique entre cette recrudescence d'illuminés, le marionnettiste et ses fidèles encore en vie.

Tout ceci cependant ne m'empêcha pas de rejoindre la boutique repérée en allant chercher les jumeaux. Un chamoiseur qui tenait son commerce dans l'une des rues adjacentes au marché et dont la petitesse était inversement propositionnelle à son raffinement. Dans la devanture se trouvait des figures de bois aux formes humaines présentant des tenues complètes aux couleurs et allures différentes.


suite : marché

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Dernière édition par Madoka le Lun 12 Déc 2011 21:10, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 9 Oct 2011 17:56 
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précédent : marché

Il n'y avait dans la rue plus de traces de la famille, et l'écorché avait lui aussi disparu mais ce n'était pas les traces de sa présence qui manquaient.
En redescendant la rue je m'aperçus que le sujet de discussion principal était cette étrange épidémie qui avait en moins de deux jours gagnée une très grande partie de la ville sans que l'on comprenne comment. Les premiers cas avérés d'après les brides de conversations saisies étaient isolés et rapidement localisés au sein du quartier marchand, ce qui donnait un peu plus de consistances aux propos de la patronne de la boutique.
Les théories les plus folles se répandaient dans les rues et enfiévraient à elles seules la peur des citadins.

Une peur qui ne tarderait pas à donner naissance à des actes aussi dramatiques que la maladie elle-même. Les habitants allaient commencer à s'imaginer devoir se défendre, attaquer les premiers les monstres qui étaient pourtant leurs amis et voisins, tout comme le jour de notre départ. A moins que les récents événements sur les quais aient au moins permis à leur cervelle de m'as-tu-vu Kendrane de réfléchir un minimum avant d'approcher des choses qu'ils ne maitrisaient pas.

Mes pas maintenant aussi prudents que si j'arpentais la ville d'Omyre me menèrent devant une boutique insolite d'après les dires des clients de l'auberge où j'avais attendus les jumeaux, mais où je pourrais probablement trouver comment rendre plus présentable le rubis de Pragatt'.

suivant : boutique de Lilo

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 24 Oct 2011 22:52 
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précédent : boutique de Lilo

Sa sérénité de façade était plus fragile qu'on pouvait le penser, une illusion finement préparée pour une clientèle de passage, mais il suffisait d'un mot, d'une question ou d'une attitude un peu trop liée aux événements actuels et l'elfe échangeait son flegme contre une carapace agressive alimentée par une peur dont l'objet était probablement bien ciblé … mais que je ne pouvais identifiée. Quel intérêt cependant, ce n'était pas ma communauté qui était sous le joug de cette funeste farce … enfin mes fesses étaient en plein dedans alors autant se tenir prête un minimum.
Le fait d'avoir grandi aux cotés d'hommes et femmes constamment sous le secret d'un complot me faisait souvent voir les choses de manière sinueuse et embrouillée, comme si tout n'était que calculs, duperies et autres impostures.
Toute cette histoire n'était peut être qu'une affaire d'expérience magique qui aurait mal tournée, un accident d'alchimiste imprudent ou une attaque qui ne tarderait pas à être revendiquée par un ennemi bien connu … mais j'en doutais fortement.

- Bonjour trésor. ((En parlant de doute et de complot.))
- Bon sang mais tu pourrais pas oublier que j'existe !!
- La damoiselle serait-elle coquète ?
- Non, j'ai acheté une amulette pour éloigner les cafards, mais c'est sans effet sur les gros on dirait. Dis-je en me retournant vers Morlet.
Qu'est-ce que c'est cette dégaine, et ton visage ?
Si je l'avais croisé dans la rue, sans l'entendre, je ne l'aurais pas reconnu. Les joues gonflées, la bouche en avant de sorte que ses lèvres semblaient plus larges, ses yeux plissés et ses sourcils froncés formaient des rides qui lui barraient le front. Et ces vêtements … un pantalon bouffant à la limite de la jupe, une tunique trop large, une écharpe qui devait mesurée deux mètres entourait son cou et sa tête. Le tout dans des couleurs plus voyantes et vulgaires que des putains à matelots.
Il plia un genou et fit une drôle de révérence en balayant l'air avec sa main droite avant de la poser sur son cœur. Lorsqu'il se redressa, il me tendit une rose que j'écartais d'un revers de la main.
- T'es devenu fou ?
- La damoiselle me fend le cœur, dit-il bien trop fort.
- La damoiselle te conseille d'aller voir ailleurs.
Je lui tournais le dos et repris ma route sans grand espoir de m'en être débarrassé, mais au bout de quelques pas le silence m'accompagnait toujours et lorsque je me retournais il n'était plus là. Il n'y avait plus que la rose au sol … et un homme au coin d'une ruelle qui regardait vers moi avec insistance.
Je n'y compris rien mais le mieux que je pouvais faire était de continuer mon chemin. Il y avait suffisamment à guetter avec tous ces fous qui se baladaient autour de nous pour avoir à me coltiner une autre des frasques de Morlet.

Je me hâtais vers la maison royale des dépôts mais sans que l'idée d'aller trouver refuge au temple des plaisirs ou celui de Rana ne vienne s'additionner à toutes les idées qui me traversaient l'esprit … ça n'était pourtant que logique de chercher à s'abriter du danger quand il était omniprésent et imprévisible. Mais non, je préférais tenter le sort et arpenter la ville folle en jouant au chat avec les fous, tout en sachant que le succès était pour le moins improbable.

A force d'observation, j'avais noté que les fous que je qualifiais de plus profondément atteints ne transmettaient pas leur mal. Les malades qui entraient dans cette catégorie étaient ceux dont l'état d'être humain ne tenait plus que par leur anatomie … ceux au torse et bras ravagés à force de ramper au sol, ceux aux visages squelettiques à force d'errer sans but dans la ville à l'état de zombie, ceux dont les blessures étaient devenues des scarifications asséchées.
J'avais suivi plusieurs d'entre eux durant mes allers et retours ce jour là, et très souvent le ou les passants qu'ils frôlaient ou agrippaient volontairement ne tombaient pas malades, même après les avoir suivis eux-mêmes pendant plusieurs minutes.
Les parents de la petite fille, qui disaient ne l'avoir laissée sans surveillance que quelques minutes ne finirent pas à leur tour comme leur enfant … ils l'avaient pourtant tenu dans leur bras plus de temps qu'il n'en fallait si on en croyait les rumeurs concernant la contamination. Comme s'il y avait un laps de temps pendant lequel un malade était contagieux et puis plus rien.

J'évitais quand même de faire de trop nombreux détours pendant le trajet, je n'avais pas envie d'attirer l'attention de la mauvaise personne en fouinant un peu trop sans savoir de qui ou de quoi se cacher le moment venu.
J'arrivais devant la maison royale des dépôts à une heure avancée de l'après midi mais il semblait y avoir encore de l'activité.


suivant = maison royale des dépôts

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 16 Nov 2011 20:51 
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A peine eus-je franchi la porte de sortie que je laissais mon estomac s'exprimer, brûlant ma gorge en éjectant une vague acide et malodorante. Une première fois, puis une seconde. Quoi de plus efficace que de vider un poids pesant sur l'estomac pour se sentir mieux ensuite? Malgré qu'un peu tremblante, fatiguée et écœurée, je me sentais déjà mieux.

Je joignis mes mains en forme de coupelle de manière à récupérer de l'eau dans une flaque, et m'en aspergeais le visage, tant pour me rafraîchir que pour débarrasser mes lèvres de cette matière répugnante.

Je m'assis alors en tailleur, adossée à un mur, et soupirai plusieurs fois pour tenter de détendre mon corps crispé. Plaçant les paumes de main distinctes d'une dizaine de centimètres, je matérialisais un petit morceau de glace que je posais sur ma bosse, dans l'espoir d'atténuer un peu la douleur.

Je fermais finalement un peu les yeux, et pris le temps de me reposer de ce réveil difficile, laissant l'air frais emplir mes poumons. Je tressaillis lorsque je me sentis observée, et ouvrit les paupières. Une jeune femme me faisait face. Une elfe, d'une beauté rare mais propre à la race elfque, dont les longs cheveux noirs, presque bleus foncé encadraient le visage fin et clair. Ses yeux étaient presque transparents, d'un bleu plus transperçant encore que celui de mes fluides de glace. Ce fut la première chose qui ma marqua chez elle, en plus de sa tenue surprenante: une longue jupe voilée noire, bordée de petits motifs blancs, et un corset noir aux manches immaculées. Ses manches étaient sur-dimensionnées et le léger tissu vaporeux évoquait les tenues des nobles elfes.

- Qu'est ce que vous avez à tous m'observer pendant que je me repose? C'est pas vrai ça! Lui assenais-je agacée par son air volontairement mystérieux et inquiétant.
- Quel joli ruban tu-as là... Répondit simplement l'elfe, désignant du doigt le ruban doré qui tenait mes cheveux, cadeau d'Elina.

Je ne pus m'empêcher de rougir de gêne lorsque son index frôla mes cheveux. Cette personne dégageait une aura particulièrement étrange, et je m'en voulais désormais de m'être ainsi adressée à elle quelques secondes au part avant.

- Je t'ai vu faire de la magie. On ne penserait pas qu'une kender soit capable de cela.

Je tentais de masquer mon malaise, et ne répondit pas, attendant d'en savoir un peu plus sur elle avant de me risquer.

- Que dirait tu de me suivre? Proposa t-elle sur un ton suave mais autoritaire, plaçant sa main glaciale sur mon bras. L'espace d'une seconde, je songeais que si elle la posait sur ma bosse, cela me soulagerait surement, mais j'ôtais rapidement cette idée superficielle de ma tête, je savais que la situation était inhabituelle, et que je devais rester sur mes gardes.

- Non merci. Lui glissais-je, un sourire ironique sur le bord des lèvres.
- C'est ce qu'on verra.

Elle esquissa un signe de la main, et mon corps se leva de lui même et la suivit, sans aucune volonté de ma part. Inutile de lutter, je le savais : elle contrôlait mon corps, mais je ne pus m'empêcher d'essayer de me débattre tout de même, ce qui n'eut absolument aucun effet.

Je -ou plutôt mes jambes- la suivit jusqu'au renfoncement d'une rue calme, et, alors que je ne m'y attendais pas, un capuchon noir s'abattit sur moi et me plongea dans l'obscurité. De toutes mes forces, je tentais de m'échapper mais mon corps ne répondait toujours pas. A travers le tissu du sac qui m'englobait la tête, je saisissais des voix, et ralentis ma respiration pour pouvoir les discerner.

- J'ai trouvé celle-là, pas énormément de potentiel mais ça fera l'affaire.
- Quelle magie?
- Glace.
- Tu veux dire que ce petit truc là fait de la magie?
- Évite de te plaindre, ou la prochaine fois tu chassera toi même. Ce n'était même pas amusant en plus, elle est trop docile.
- Bon allons voir ça de plus près.

J'entendis alors des pas se rapprocher de moi, les uns aériens et légers, les autres plus lourds et déterminés. Bien que je ne puisse rien voir, étant enfermée dans ce sac en tissu, je sentais au fond de mon ventre que les deux personnes étaient désormais très proches de moi, bien trop proches à mon goût. J'essayais une énième fois de me libérer, mais mon corps subissait encore cet envoutement ankylosant.
Non ! Non, je ne pouvais me résoudre à rester là sans rien faire, j'avais encore trop de choses a vivre, je le savais. J'ouvris les yeux, que j'avais jusqu'à présent fermés de toutes mes forces, et il me sembla alors voir une silhouette. Rien de réel puisque j'étais toujours encapuchonnée, mais cette image était tellement palpable que je doutais de moi. Un homme. Un elfe plutôt. Qui me tournait le dos. Aux longs cheveux couleur neige. Sa peau était sombre, lisse, ses muscles étaient épais et imposants. Je fus irrésistiblement attirée par cette illusion, jusqu'à ce que je voie des gouttes de sangs perler sur la peau ébène, puis des jets, comme des blessures invisibles. Toute la silhouette se liquéfia alors en une marrée sanguinolente, et je ne pus retenir un hoquet de peur.

Je revins alors à la réalité : j'étais enfermée dans un sac, complètement paralysée, alors qu'une folle et un fou discutaient de mes compétences magiques.
C'est alors que j'entendis la femme, celle qui m'avait forcée à la suivre, pousser un gémissement de douleur. A ce moment précis, je sentis que mon corps me répondait désormais à nouveau, d'un bond je sautais sur mes jambes et ôtais le capuchon.
Elle se tenait le flanc, courbée de douleur, tandis que son compagnon, en position de défense, cherchait quelque chose du regard autour de lui.

Une jeune femme à la rapidité troublante surgit de nulle part, frôla l'homme, et disparut à nouveau au milieu de l'obscurité. Et tandis que j'observais l'homme et sa cuisse sanglante, l'elfe se préparait à se jeter sur moi. M'en rendant compte au dernier moment, je bondis en arrière tout en saisissant mon arc et une flèche, que je décrochais en direction de la cheville de cette sorcière aux yeux azurs. Pendant ce même temps, la jeune femme éclair s'était à nouveau ruée sur l'homme et lui avait entaillé le cou, pas suffisamment pour lui trancher la gorge, mais assez pour lui faire comprendre qu'il valait mieux s'enfuir. Ce qu'il fit, à toutes jambes, laissant sur place sa compagne l'elfe. Cette distraction me permit de décrocher une seconde flèche à l'attention de l'elfe, qui, plus précise que jamais, lui arracha le lobe de l'oreille.
Dans un déchirement de douleur, l'elfe se laissa tomber au sol, cheville transpercée et oreille mutilée.

- Allons-y !

Sans réfléchir une seconde de plus, je suivis la jeune femme qui m'avait sauvée de ce guet-apens. Tout en courant, elle m'annonça :

- Je t'emmène dans un lieu ou nous serons plus en sécurité. Je t'expliquerai tout ensuite.

Le ventre encore tordu de peur et de stress tant les événements s'étaient déroulés rapidement, je ne répondis pas et me contentait de courir le plus vite possible. De temps en temps, je jetais un coup d'œil en arrière pour m'assurer que la sorcière ou son compagnon ne me suivaient pas, et je serais les mâchoires à m'en faire mal au visage pour ne pas pleurer.

Enfin, après un temps de course effrénée dans les ruelles sombres de Kendra-Kâr, nous fumes face à une vielle battisse modeste, au semblant d'abandon. Volets cassés et fermés, façade sale, vielle enseigne à moitié décrochée et illisible. Jamais je n'aurais cru que quelqu'un puisse siéger ici, et pourtant! La jeune femme ouvrit la porte après s'être assurée qu'il n'y avait personne aux alentours – ce fut rapide, Kendra-Kâr était déjà endormie depuis longtemps- et m'invita à entrer à sa suite.


<Les habitations>

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 27 Nov 2011 23:24 
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Ah qu’il était bon d’être de retour à Kendra Kâr ! La ville était plongée dans ses heures les plus sombres et elle semblait resplendir avec ses foyers illuminés. La rue que je parcourais était vide. Aucune ombre ne venait entacher ce tableau nocturne, ce qui ne manqua pas de me faire sourire tant j’étais heureux. J’avançais dans les méandres de la ville, empruntant d’étroites ruelles, caressant les pierres froides et humides des habitations. J’avançais à la rechercher d’une bonne taverne ou auberge où je pourrais manger, boire et me reposer bien que je n’étais pas réellement fatigué. J’appréhendais ce retour à la foule comme je le désirais. Quelques déchets de la journée jonchaient le sol pavé et je dus plisser le nez tant les effluves qui s’en dégageaient étaient désagréables. Ca et là on pouvait trouver de vieux morceaux de tissu tâché et déchiré, des restes de poulet qui satisferaient la troupe de rats qui passerait par là et quelques bûches de bois pourri, rien de bien accablant.

Au loin, l’écho des chanteurs de rue qui s’amusaient rompait le silence morne de la nuit et chatouilla même assez mon oreille pour que je parte en sa direction. J’eus bien fait puisque, en quelques minutes supplémentaires de marche, j’aperçus plus bas dans la rue une troupe de troubadours charmant les clients de la taverne attenante. En passant à leur côté je leur souris pour les remercier du peu de chaleur qu’ils partageaient gratuitement avec nous. J’entrai néanmoins dans la taverne, bien résolu à fêter dignement mon retour à Kendra-Kâr, comme un vrai Hobbit : pinte en main.


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 1 Déc 2011 19:52 
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A nouveau, et plus fort encore que jamais, je ressentis ce désir d'aventure s'exprimer dans tout mon corps. Le tir à l'arc était pour moi un jeu, mais je savais qu'au plus je me perfectionnerai, au plus il constituerai un outil de défense pour mes futurs voyages. Il m'avait déjà sauvée plus d'une fois; contre le rogneur – dont je portais toujours l'amulette – en particulier. Je sentais le poids rassurant de mon arc peser sur mon épaule, par la lanière a laquelle il était tenu. Mon arme, ma défense, le prolongement de mon bras même.

J'accélérai un peu le pas pour me remettre au niveau du Shaakt, en direction de la cour des archers, sachant que chaque apprentissage me rapprochait un peu plus du moment du voyage. Certes, ce ne serait pas mon premier : j'étais déjà allée à Bouhen en compagnie de Daio, mais depuis mon évanouissement je n'en gardais que des souvenirs vagues. J'étais ensuite revenue à Kendra-Kâr. Mais cette fois-ci, je partirai beaucoup plus loin, et ne reviendrai jamais, comme je l'ai toujours rêvé.





Fin de la Partie 1

<La cour des archers>

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 4 Déc 2011 16:55 
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Nous arpentions côte à côte les rues de Kendra-Kâr qui s’éveillait à peine. Je n’avais pas dormi de la nuit et suivre Odomar m’infligea quelque peine tant il marchait vite.
Je ne savais pas du tout où il comptait m’emmener bien que ce « voyage » semblait concerner mon manque de connaissance et de pratique en combat. Pourquoi le faisait-il ? Je pense que la question valait mieux de ne pas être posée. Depuis mon départ de mon trou de Hobbit, j’avais déjà appris que certaines choses ne valent pas mieux d’être sues et qu’il fallait vivre (presque) au jour le jour, bien qu’attentif à tout danger.

Odomar semblait être quelqu’un de très respectable, du moins était-il fort respecté de tous les passants qui nous saluaient chaleureusement, demandant des nouvelles d’un cher Ranan .
Je ne comprenais pas tout, mais il nous fallut un certain temps pour sortir de la petite foule matinale et ne plus être interrompus par les salutations dévouées de tant de gens. Odomar marchait, parlait quand il le fallait mais jamais ne me présenta à quiconque. J’en déduisis qu’il était peu fier de la compagnie que je lui offrais ou qu’il estimait inutile que je sois connu. Il marchait, sans se soucier de moi, je doutai même qu’il m’ait oublié. Toussant pour lui rappeler la présence de ma petite personne il posa son regard sévère sur moi et dit :

« -Les gens raffolent de voyage. Mettez leur en pâture quelques faits héroïques et les voilà satisfaits. »

Seulement je ne compris pas ce à quoi il faisait référence. Il avait parlé aux kendrans, certes, mais il n’avait pas fait mention de ses anecdotes enviables. Je l’interrogeai alors du regard, un sourcil plus haut que l’autre. Il ajouta alors, avec une pointe de mépris dans la voix :

« -Les gens me saluent parce qu’ils trouvent bons d’apprendre quelques faits sur ma personne à colporter à leurs chers commères.
-J’aimerais pourtant qu’il y ait autant à dire sur moi que sur vous.
- Tu es jeune, et cela arrivera bien vite. Mais être le faiseur de deuil de toute une famille n’est pas louable. »

Odomar avait donc déjà tué des siens. Je ravalai ma salive, en proie non pas à de la crainte mais à une forme de soumission, de respect et de compassion. Je me voyais mal pour ma part tuer un Hobbit de sang-froid. Mais les Hobbits sont bien trop bons comparés aux hommes, ils vivent leur petite vie, tranquillement enfouis dans leur trou à l’heure du thé, assis devant la fenêtre embuée si l’hiver s’est déjà installé dans le comté. Je me trouvai stupide d’avoir quitté les miens où je serais devenu un hobbit heureux et paisible, cultivant ses terres pour les siens, prenant soin de son père vieillissant. Je m’en voulais de l’avoir abandonné ainsi et de l’avoir livré à lui-même. Les Hobbits ne connaissent pas ces maux en général et je suppose qu’il a souffert de ce manque d’attention et de cet égoïsme poussé qui m’a fait partir. Les ragots avaient du aller bon train sur moi, comme si ma « perte » ne suffisait pas à mon père.

« - Es-tu prêt à souffrir hobbit ?
-Pas vraiment, non, lui soufflais-je.
-Il le faudra pourtant Will. Si tu escomptes voyager comme tu me l’as raconté, il va falloir souffrir et être fort. Un hobbit qui rêve à une telle vie, ce n’est pas courant et ta taille, je dois te l’avouer, ne t’aidera que dans de maigres cas. Elle est même en handicap que tu vas devoir pallier, auquel il va falloir remédier. Tu dois en tirer parti au maximum. »

Ses mots étaient le parfait écho de ceux qu’avaient prononcés Ellana quand elle m’avait mis en garde contre les dangers que je pourrais rencontrer. Elle avait même, pour sa part, ajouté que je devrais être plus intelligent que mes adversaires pour tirer avantage de ma petitesse.

La ville baignait à présent totalement dans la clarté du jour. Un beau soleil illuminait le ciel et donnait à la ville une apparence nouvelle que je ne lui avais pas connue. Elle resplendissait presque, semblant sourire avec éclat tant les fenêtres des maisons réverbéraient la chaude et luisante lumière. Ce tableau me réconforta car les conseils qui allaient m’être donnés ne seraient pas faciles à appliquer, cependant, alors que nous quittions Kendra-Kâr par l’une de ses grandes portes, quand Odomar me demanda si j’étais prêt, je lui répondis : « -Oui. »


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 9 Déc 2011 09:05 
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J'arrive à Kendra Kâr, alors que l'aynore se pose doucement, je me sens soulagée à l'idée de toucher enfin le sol ferme. Décidément, les voyages aériens ne sont pas pour moi. Ils me rendent malade. J'ai passé tout mon temps sur le balcon à respirer l'air du matin et uniquement dans le but de m'empêcher de vomir. Vivement que je me trouve une auberge pour m'y reposer.

Alors que je descends de l'aynore, j'imagine la réaction de mes parents. Ils ne seront pas étonnés de mon départ, depuis des années ils y sont habitués, la surprise sera quand au bout de trois jours, je ne serais pas là pour le repas du soir, comme de coutume. Je chasse vite ce semblant de sentiment inutile qui m'encombre plus qu'autre chose car tout cela ne rime à rien. J'ai fait mon choix, je dois m'y tenir et ce sans me plaindre. Advienne ce qui pourra ! Un jour je retournerais sur le Naora, mais je ne sais pas quand.

Je pénètre dans la cité blanche. Les rues sont magnifiques et c'est là que je me rends compte que prétendre que notre race est supérieure est une idiotie sans nom. Uniquement en regardant cette cité, je peux voir que des hommes ont réussi à bâtir plus de monuments que je n'ai jamais pu en voir sur le Naora. Certes ma famille n'est pas riche, mais tout de même.
Tout semble si pur, si lumineux et si calme. Cependant, s'il ne se passe rien, je vais vite m'ennuyer...

Mais je suis vite contredite. À l'angle d'une rue, une bagarre fait rage. Je m'approche doucement pour ne pas me faire remarquer. Visiblement, un marchand a repéré un voleur et en vient aux mains avec ce dernier pour récupérer son argent. Je reste là, stoïque, ne laissant transparaître aucune émotion. Mais au fond de moi je bouillonne. Et la milice ? Mais où est-elle ? Pourquoi n'intervient-elle pas ? J'aperçois au loin un membre en uniforme, je m'attends à ce qu'il fasse quelque chose, mais cet abruti passe son chemin, laissant les deux hommes en plein affrontement.


"Faut-il donc tout faire soi-même ici bas..."

D'un mouvement j'écarte la foule et éloigne le marchand pour me retrouver face au petit voleur. Il tente sans succès de me faire du charme. Les hommes sont une perte de temps. Il le réalise et passe donc à l'attaque. Il me décoche un coup dans la mâchoire. Je sens le goût du sang envahir ma bouche et réveiller ma colère.

"Tu n'aurais pas du petit !"

Je lui rends son coup au point de le faire vaciller. J'enchaîne les coups sur son visage, lui saisis la tête pour la plaquer contre le haut de mon corps et l'achève en lui donnant un violent coup de genou à l'entre-jambe. Il tombe à genou et commence à chialer comme un bébé. Je marche sur lui et il recule, instinct de survie sans doute. Je lui donne un coup de pied au niveau du thorax pour le forcer à s'allonger et je maintiens une pression pour me laisser le temps et la liberté de récupérer sa bourse. Je m'en empare et la lance au marchand.

"Voilà, on vous a rendu justice."

Sur ces mots je m'éloigne et me délecte des murmures que j'entends dans mon dos. Les gens sont à la fois effrayés et admiratifs que quelqu'un les ait aidé. Maintenant que chaque chose est à sa place, je me mets en quête d'une auberge afin de me laver et de me reposer. J'ai beau être résistante, quatre jours sans dormir, c'est là ma limite, mais cette petite bagarre m'a revigorée et je pense qu'à ce moment précis, je vais avoir du mal à trouver le sommeil et cela est en soit une constatation dérangeante.

Je me promène sans rencontrer aucun autre soucis. Cette cité offre des possibilités pour quelqu'un comme moi. Avec ce qui s'est passé cet après-midi, je réalise que la milice kendranne manque énormément à ses devoirs et que mes services pourraient être utiles. Je réalise alors que je viens de trouver quoi faire de ma peau. Demain, à la première heure, j'irais m'engager dans la milice kendranne, ainsi je ferais mes preuves et je pourrais revenir la tête haute sur le Naora, prouver à mon père que même si j'ai été renvoyée, je peux être utile et entrer dans la voie de ceux qui se battent.

Après être passée au parc, avoir vu différent temple, je passe devant un grand bâtiment blanc où aucune indication n'est précisée quant à sa nature. Je ressens quelque chose de curieux qui émane de ce bâtiment. Une part de moi à envie d'entrer. Pourquoi ? Que représente-t-il pour moi ? Rien. Je m'éloigne, mais je sens que des choses pas nettes se trament dans cet endroit. La fatigue doit me gagner, il me faut trouver une auberge pour dormir. Heureusement pour moi, mes pas ne tardent pas à me mener à l'endroit que je cherche. Sans réfléchir, j'entre.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 9 Déc 2011 09:36 
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Lorsque je m'éveille, le soleil est déjà haut dans le ciel et ma tête me fait un mal de chien. J'ai fait un drôle de rêve la nuit dernière. Une faera rentrait en contact avec moi et tout. N'importe quoi... Et pourtant, je n'ai pas l'impression d'être seule ce matin.

(Parce que tu ne l'es pas... Tu n'as pas rêvé mon arrivée.)

La voix dans ma tête me fait sursauter et pousser un cri d'effroi. Suis-je devenue folle ? Oh, par Sithi pourquoi suis-je parti de chez moi ? Je n'aurais peut-être pas de travail, mais au moins j'aurais toute ma santé mentale.

(Veux-tu que je m'en aille ?)
(Non... Je ne saurais pas te dire pourquoi, mais non, je veux que tu restes avec moi.)
(Très bien. Merci...)

Je me lève, me rhabille après une petite toilette et m’apprête à me rendre à la milice kendranne pour proposer mes services. Je ramasse mon sac et sors de la chambre. Je paye pour un petit-déjeuner que j'avale goulûment puis je pars de ce lieu. J'ai l'impression qu'il s'est écoulé des jours depuis mon arrivée alors que je n'ai débarqué ici que la veille. Je sens que je vais bien m'amuser... Remarque purement ironique, vous l'aurez compris.

Je marche tranquillement et je me sens observée. J'ai l'impression que tout le monde peut voir Saymà alors que non. C'est seulement mon esprit épuisé qui s'imagine que l'on me regarde comme une bête de foire. Alors que je marche, une voix m'interpelle. Je vois alors le marchand de la veille à qui j'ai rendu service. Il vient à moi avec des pommes dans un sac.


"Vous êtes partie tellement vite hier, je n'ai pas eu le temps de vous remercier. 

C'est que, je n'aime pas trop la reconnaissance.

Pourtant, vous la méritez. Prenez ceci et je vous jure que vous ne me reverrez plus.

Si cela peut vous faire plaisir. Merci."

Il repart comme il est arrivé. Je range les pommes dans mon sac avant de continuer mon chemin vers la milice kendranne. Je repasse devant ce bâtiment et je me sens de nouveaux attirée par lui. Je me souviens alors que j'ai une alliée qui pourrait m'apporter des réponses.

(Saymà ? Quel est cet endroit ?)
(Pourquoi me demandes-tu cela ? Il t'intrigue ?)
(Par pur curiosité, j'ai toujours été très curieuse.)
(C'est... le Temple des Plaisirs.)

Le Temple des Plaisirs ? Qu'est-ce-que c'est encore que ce truc ? Saymà répond à mes interrogations sans que je lui demande.

(Un lieu de plaisir.)

Super, un bordel quoi. Je passe mon chemin. Je ne me vois absolument pas fréquenter un bordel, soyons sérieux, je suis une guerrière, pas une fille de joie. Cependant je refoule en moi le désir de me rendre dans ce lieu et fonce à la milice le plus vite possible.

J'arrive enfin à destination. Je prends une grande inspiration et rentre dans le bâtiment.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 11 Déc 2011 21:01 
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Je sors encore toute fulminante de la milice. J’ai vraiment l’impression de perdre mon temps ! Je pensais venir en aide aux gens qui en ont vraiment besoin, mais non, je dois me contenter de retrouver un porte-documents stupide. Je marche vivement pour remplir cette mission au plus vite en espérant que ceci me donnera plus de crédit vis-à-vis du patron et que l’on me confiera enfin des travaux qui vaillent la peine.

(Vois le côté positif. Si les documents tombent entre de mauvaises mains, des gens pourront être en danger. Indirectement tu aides Elylia.)

Saymà veut me réconforter par ses paroles et je l’en remercie vivement sans pour autant lui répondre. Je sens que le calme revient un peu en moi. Il me faut remplir le contrat que je viens de prendre si je veux pouvoir passer à quelque chose de plus satisfaisant pour moi. Malgré tous les bons conseils de ma compagne, je ne suis pas faite pour courir à la chasse de personne disparut avec des documents importants, je suis née pour me battre et en rien ce que je dois faire ne satisfait ma soif de bataille.

Je marche dans les rues, je vois la misère, des enfants qui volent parce qu’ils n’ont pas le choix… Ils mériteraient une bonne correction, mais d’un côté, s’ils n’ont pas le choix, on ne peut guère les blâmer… Cruel dilemme ! Je passe mon chemin et je me rends à l’endroit d’où est parti ce précieux porte-document, aux baraquements. Ce qui me rassure c’est que je serais dans mon univers.

Je sors donc de la ville et prends me rends vers le dit-lieu.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 18 Déc 2011 07:34 
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précédent = maison royale des dépôts

Le soleil avait maintenant presque entièrement disparu derrière sa ligne d'horizon, laissant dans le ciel un pâle halo sans chaleur et sans couleurs chatoyantes tandis que de gros nuages menaçants planaient lourdement au dessus de nos têtes.
Les ombres en revanche s'étiraient doucement comme d'espiègles serpents qui se réveillaient et n'allaient pas tarder à prendre la soirée en otage avant la nuit … elles glissaient mollement d'une façade à l'autre, se répandaient dans toute une rue sans détour ni acharnement. Bientôt les lampes à l'huile suspendues aux porches seront allumées et cracheront leur lueur pâlotte dans cette ambiance vespérale, créant de fait de nouvelles ombres plus stables et régulières.

Il y avait dans l'air une sorte de lourdeur difficile à cerner, comme un son continu, un sifflement ou plutôt un grondement rauque mais j'avais par moment l'impression qu'il venait de mes oreilles. Ce n'était pas seulement auditif mais là encore il m'était impossible de soumettre ma perception à une cause précise ou un adjectif qui donnerait du sens à quelque chose d'intrinsèque.
Peut être que le grondement continu était dû aux hommes et femmes victimes de la contagion dont les voix, maintenant que les rues étaient quasiment désertes, portaient plus loin … et ce n'était peut être que mon imagination.
Ce qui ne m'échappait toutefois pas, c'était ce sentiment d'être à ma place lorsque je m'engageai de nuit dans ces ruelles dépeuplées, sombres et inconnues … bien qu'arpenter des ruelles dont je connaissais chaque recoin me m'était plutôt dans un état proche de l'omnipotence.

Je contournais par le nord la cour des duels comme me l'avait demandé Morlet. De l'extérieur, la bâtisse était plus petite, moins tape à l'œil et moins extravagante que la grande l'arène que j'avais entraperçue le premier jour en traversant la ville de part en part par la grande rue. Il n'y avait plus aucunes activités à l'intérieur et toutes les portes étaient closes mais je ne croisai nulle ronde de gardes en faction.

Avant d'atteindre la première rue derrière la cour des duels je ralentis le pas et commençai à longer les murs, emmitouflée dans ma cape sous laquelle, m'avait-on dit, je serais bien mieux dissimulée. J'avais pu constater plusieurs fois déjà que mes mouvements et ma présence n'avaient pas été détectés, déjouant par là les règles les plus simples de la logique.

Je sondai chaque ruelle pendant plusieurs secondes pour y capter un son ou une activité qui sortirait de l'ordinaire. Très vite je me rendis compte qu'en dehors des contaminés il n'y avait pas de traces de citoyens en vadrouille, aucune discussion enjouée d'hommes en goguette en direction d'une taverne ou revenant de l'une d'elles, aucun couple en promenade, aucun groupe d'enfant que les mères appellent désespérément à travers tout le quartier … enfin rien de ce qu'il serait logique d'imaginer d'un début de soirée dans une grande ville, quelque soit le quartier, car étrangement il n'y avait pas non plus l'ombre des groupes noctambules que j'avais croisés la nuit dans les docks. Même les clochards, voyous et autres truands avaient désertés ces rues.
Ici et peut être même dans le quartier tout entier les rois de la nuit étaient détrônés … à une ou deux exception près toutefois.
La première c'était moi, qui avais accepté d'y faire un tour alors que même Morlet, en comparaison de qui je me considérais comme un chaton à peine sec derrière les oreilles, préférait faire profil bas. A croire que l'infection n'était pas passée si loin !!
La seconde exception non plus n'avait pas l'air d'être infectée car elle fouillait les rues avec plus de minutie et, de ce que j'avais pu en voir, une plus grande connaissance des lieux. De toute évidence, cette fouineuse silhouette qui se trouvait être un homme et qui essayait de se faire passer pour plus pauvre qu'il ne l'était au vue des effluves raffinées de son eau de toilette, cherchait quelqu'un avec un acharnement visible.

Intriguée, je le suivis discrètement en espérant ne pas me perdre dans les dédales des rues afin de retrouver mon chemin. Espoir qui s'avéra inutile au final lorsque je reconnus plusieurs portes devant lesquelles j'étais déjà passée. A première vue on aurait pu dire qu'il suivait quelqu'un à la trace mais il ne faisait que répéter le rythme et la logique qu'il avait du me voir faire avant de me perdre de vue. Cet abruti était en train de me suivre !
Il y aurait eu matière à rire mais ce n'est pas l'amusement qui me m'échauffa les joues sur l'instant. Je n'étais pas encore officiellement en affaire avec Morlet que déjà on me collait au train, et le connaissant il pouvait tout aussi bien s'agir d'un intermédiaire que d'un des gars dont il voulait se défiler en allant directement à l'auberge.
Même un esclave on ne le jette pas dans l'arène sans lui dire ce qu'il va rencontrer en face, nom d'un chien !!

Il me fallait trouver une solution rapide et sans incidences à ce problème logistique. Mais les plans échafaudés sur l'instant n'étaient pas mon fort, j'avais tendance à résumer les possibilités d'action à l'élimination des ennuis.

Nous passâmes à coté d'une petite impasse sombre entre deux maisons. Il n'y avait pas de fenêtres donnant directement sur l'impasse, juste une vieille porte sur le mur de gauche mais qui ne devait plus servir depuis longtemps. L'impasse servait visiblement de débarras pour les propriétaires des maisons accolées … de débarras et de pissotière à en juger par les odeurs. Après l'avoir inspectée, je revins sur mes pas et donnai un coup de pied dans une pierre pour attirer l'attention du type et retournai dans l'ombre de l'impasse.
J'entendis sa respiration avant même de le voir et il déboula dans l'impasse comme un condamné poursuivit par Phaïtos en personne. Mon sursaut n'en fut pas moins théâtral avec comme accessoires de jeu un cri de terreur étouffé, une voix tremblante et les mains en l'air paumes vers lui cachant mon visage.
Il opéra comme bon nombre d'agresseurs qui réfrénaient leurs gestes face à une cible pétrifiée par la peur et en position de faiblesse et prenaient le temps de ce ralenti pour se repaître d'un sentiment de puissance exacerbée et de contrôle absolu sur l'autre.

- T'iras nulle part cocotte.
((Vocabulaire de champion))
- Tout ce que j'ai est là dedans,
dis-je en balançant mon sac devant moi et en reculant d'un pas.
- M'intéresse pas, c'est toi qu'je veux.
Il fit un pas en avant et passa à travers un pâle rayon de lune juste à l'endroit où j'avais jeté le sac. Son visage me parut familier. J'étais presque sûre de l'avoir vue au cours de la journée mais je n'arrivais pas à retrouver le moment et l'endroit … mais j'en avais oublié de répondre à sa tirade si originale.
- T'as perdue ta langue ma poulette ?.
((Et pourquoi pas mon poussin tant qu'on y est.))
J'attrapai alors un bout de bois qui trainait contre un mur avec des dizaines d'autres morceaux de poutres.
- Je sais me défendre !! M'exclamais-je avec la voix de celle qui n'y croit pas en ajoutant un autre pas en arrière.
- Drôle d'oiseau que nous envoie Ptahotem
Eurêka !! C'était lui ! L'homme devant la boutique de Lilo qui nous avait observés avec insistance alors que je refusais la rose offerte par Morlet sous son déguisement.
- Qui m'envoie ? Mais qui est?
- Te paie pas ma tête, t'étais avec lui devant chez Lilo, et maintenant tu traines dans le coin …
- Mais je … mais non … je … vous êtes avec lui. Il … il m'a … il m'a abordé … il a … et après mes lettres avaient disparues … je n'ai plus rien de valeur je vous jure … la milice ne veut pas m'aider … ils m'ont dit … enfin … qu'ici … et que … je vous en prie … je me suis perdue … et la nuit … s'il vous plait …
- Ta gueule !!! C'est quoi c'bordel ? t'es qui ?
- Quoi ? mais qui suis-je censé être ? …
Mon dernier pas m'amena alors contre le mur et j'eus un hoquet de stupeur et me ratatinai sur moi-même en pleurant, à moitié hystérique. L'homme s'arrêta net lui aussi, à quelques centimètres de moi. Je ne distinguais pas parfaitement son visage mais il avait les traits de celui qui venait d'oublier le contrat qui planait sur la tête de Morlet.

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Dernière édition par Madoka le Dim 18 Mar 2012 16:17, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 18 Déc 2011 07:36 
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Mais il fit la seule chose qui m'obligea à agir et mettre un terme à l'actuelle hiérarchie dominant dominé.

Il tenta de rameuter la cavalerie afin de profiter de la "cocotte". Il n'eut cependant que le temps de placer son index et son pouce dans sa bouche … mais pas de siffler. Au moment où je compris qu'il allait laissé tomber l'interrogatoire je serrais mon poing et lorsqu'il leva sa main vers sa bouche je remontais mon poing en me relevant, visant sa mâchoire. Je n'aurais pu rêver plus ponctuel.
Le coup n'était pas puissant en soi et je crus au début que je n'y avais pas mit assez de force mais le crac que je sentis sous mes doigts fut des plus délicieux. Il se prit le coup de poing au bas de la mâchoire et se brisa les doigts avec ses propres dents. Il ne poussa aucun cri, juste l'étrange gargouillis d'une bouche douloureuse et pleine de sang. Je roulais sur le coté pour me sortir du cul de sac et dégaina Menimienai, ma dague à lame noire.

- Tu l'aimes comment ta cocotte, combattive j'espère !

Son visage se crispa car à la douleur s'ajoutait la colère et la fureur. Il dégaina à son tour mais l'habitude de tenir son arme en main droite le fit grimacer. Avec l'index et le pouce en sang et sans doute cassés il n'était pas aidé … et j'adorais ça. Je lui laissai le temps de s'armer de la main gauche, bien consciente du risque de laisser l'occasion à un ennemi de me prouver que l'ambidextrie n'était pas insolite pour un truand.
Le bougre chargea comme un bœuf au lieu de se lancer dans un échange courtois et sophistiqué entre deux adeptes des dagues. Et moi, un homme qui me fonce dessus, je n'y résiste pas … ironiquement comme au figuratif d'ailleurs.
J'étais, et serais à jamais, physiquement incapable d'arrêter ce genre de frustration masculine, sauf peut être dans une chambre. Mais là, en guise de lit je n'avais qu'un sol de terre au relent d'ammoniaque, et les préliminaires se résumaient à des dents et doigts brisés et une brimade à la hauteur du personnage.
Sa dague n'était pas un souci dans cet acte, il ne l'a tenait d'ailleurs que du bout des doigts mais il chargea avec toute sa force et m'entraina avec lui. Je ne réussis à faire qu'un pas en arrière avant de tomber lourdement au sol, écrasée entre le sol et sa masse et ma tête servit de rabot à l'une des plus grosses poutres, ce qui freina le choc contre la terre. En revanche je sentis et pas qu'un peu mon cuir chevelu y laisser cheveux et peau … s'essayer à une coupe d'échardes n'était pas dans mes projets, ni le fait d'avoir le souffle coupé au moment de hurler comme une cinglée pour décharger la douleur.
De rage, mon genou rencontra son entre jambe et tandis qu'il se tordait sur le coté je sautai sur mes deux pieds et le frappai de la pointe de ma botte dans l'abdomen. Il attrapa alors sa dague et balaya l'air pour me dissuader de continuer plus que pour me blesser, sa lame griffa le cuir de mes nouvelles bottes. Je levai alors Menimienai pour le frapper mais je vis apparaître dans mon champ de vision deux bras d'hommes venant de derrière. Je n'eus le temps de rien faire. Il coinça mes bras contre moi en m'enfermant dans les siens et je sentais son souffle chaud dans ma nuque.
L'autre s'était relevé et prit un malin plaisir, son sourire carnassier ne trompait personne, à me frapper avec le poing fermé sous les côtes. Si l'autre ne m'avait pas tenu aussi fort, j'en aurais laissé échapper le contenu de mon estomac. Le salaud ne s'était pas retenu et le gout de bile dans ma bouche pouvait en témoigner.

- Pète lui les doigts !! grogna mon tortionnaire avec un sadisme malsain... et vraiment déplacé !
((Oh non !!!!))
Le coup de poing dans le ventre fut de bonne guerre après mon coup de pied, les jambes pourquoi pas, le crâne c'était déjà fait … mais les doigts ?!? Hors de question. Il hésita une seconde en cherchant comment ou avec quoi s'y prendre et j'en profitai.
Je pris appui des deux pieds par terre et leva mes jambes le plus haut possible en me servant de la force de l'homme qui me tenait, et je frappai mon bourreau du plat des pieds dans le torse. Il tomba à la renverse et celui qui me servit d'appui chancela à peine, juste assez pour que j'aie le temps de dégager mon bras droit de son étreinte, rien de plus. Il grogna et resserra son étreinte, me menaçant de me broyer littéralement si j'essayais encore un sale coup avant d'avoir répondu à leurs questions.
Mais j'avais déjà ma main libre autour d'une des aiguilles qui tenaient le chignon et la plantai profondément dans le bras droit de l'homme aux doigts brisés qui s'était relevé et s'était rapproché sans se méfier. J'en attrapai une autre juste avant que celui de derrière ne me secoue comme une poupée de chiffon et la lui plantai où je pus … dans le cou probablement.
Le poison n'était pas très fort. Keyoke m'avait prévenu qu'il étourdirait mes victimes quelques secondes. J'attrapai les cheveux de l'homme qui m'emprisonnait et tirai sa tête vers la droite pour qu'il soit au niveau de mon épaule, je penchai la tête du coté gauche pour me laisser une marge de manœuvre et lançai mon pied le plus haut possible avec toute la force que je pus. Ma jambe butta contre mon torse mais je sentis mon pied atteindre le visage de l'homme au dessus de mon épaule.
Le coup lui explosa le nez.
Le premier type, celui avec l'aiguille empoisonnée dans le bras avait eu le temps de ramasser sa dague à terre, temps que je n'aurais pas pour plonger au sol et récupérer la mienne alors je tirais les saïs cachés sous ma tunique.
Il lança sa dague, trop étourdi par les coups déjà pris et le poison pour avancer vers moi, et je fis de même avec mon premier saï en essayant d'éviter son arme. Mon saï passa à coté sans le toucher mais sa dague passa si proche de ma gorge que je crus qu'il avait gagné … mais je ne sentis qu'un picotement désagréable, une coupure pas assez profonde pour m'en inquiéter à la seconde alors je lançai mon deuxième saï. Il tenta de l'éviter mais il fut trop lent, le saï l'atteignit sous la gorge et des bulles de sang remontèrent par sa bouche tandis qu'il tombait en arrière.

Le deuxième, avec l'aiguille dans le cou et le nez cassé se releva à ce moment là. Il était immense, mais désorienté et désarmé. Je plongeai vers ma dague à lame noire tandis qu'il attrapait un énorme bout de bois, presque aussi grand que mes jambes. Il fit un pas en avant en levant sa masse au dessus de lui pour m'écraser, mais il était lent et moi pressée d'en finir avant que l'adrénaline ne me quitte et que la douleur ne me fasse le même effet que le poison. Je plongeai carrément sous ses pieds et lui fauchai le mollet avec ma lame. Il tomba sur un genou et frappa en arrière à l'aveuglette vers le bas lorsque je me relevais dans son dos. Sa masse me frôla durement au niveau de la hanche mais j'eus le temps de frapper avant de tomber à genoux.

Je me relevais difficilement mais je n'avais rien de casser. Le géant était à genoux aussi, la tête renversée en arrière mais immobile et je compris pourquoi quand je me relevais en cherchant ma dague. Elle était plantée profondément dans son cou mais trop petite pour dépasser de l'autre coté. Je le contournai et lui fis face pour le regarder rendre son dernier soupir, enlevant la dague sans douceur en guise de dernier acte. Il gargouilla des mots incompréhensibles en levant une main crispée vers ma gorge mais ne la toucha jamais. Il s'effondra à plat ventre, les yeux vitreux.
Un grognement maladif me prévint que celui au sol avec un saï dans la gorge n'était pas tout à faire mort. Je mis un genou sur lui et lui plantai ma dague dans le cœur pour en finir rapidement.

Tout d'un coup, tout fut silencieux et je me laissai tomber contre le mur.
Je restais assise plusieurs minutes, légèrement hébétée par ma plaie à la tête, et je n'osai pas me relever de peur de me rendre compte que mes côtes étaient en plus mauvais état qu'escompté. Je repris doucement ma respiration avant d'enfin sourire et rire sans bruit devant le spectacle.

Je leur fis les poches dans le noir sans vraiment pouvoir identifier ce que j'empruntais, je pris tout ce que je pus trouver en dehors de leurs armes dont je me contrefichais. J'espérais au moins pouvoir rapporter quelque chose d'utile à Morlet, n'importe quel signe distinctif d'une bande quelconque, n'importe quoi pour identifier ces deux hommes et leurs appartenances. Je trainai ensuite le plus petit des deux tout au fond de l'impasse et fis rouler l'autre tant bien que mal tant il était lourd. Je les cachai avec des poutres et des bouts de bois, sachant pertinemment que les voisins les trouveraient dès qu'ils viendraient pisser un coup ou se débarrasser d'autres planches, sans parler de la rapidité avec laquelle les rats, chiens errants et corbeaux viendraient se sustenter des corps encore assez frais pour eux.

Je repartis sous ma cape en trainant la patte à cause de ma hanche et les côtes douloureuses. Le trajet jusqu'à l'auberge ne fut pas aussi ludique que celui depuis la maison royale des dépôts mais bien plus rapide. J'esquivais les zones de lumières des porches ainsi que les groupes de contaminés que je croisais sans même prendre le temps de les observer. J'étais fatiguée, ma tête me faisait atrocement mal et je gémissais rien qu'à l'idée de devoir me faire épouiller les cheveux par Morlet pour y enlever les échardes de bois plantées dedans.


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Madoka


Dernière édition par Madoka le Dim 18 Mar 2012 16:42, édité 2 fois.

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