Inscription: Sam 27 Aoû 2011 05:07 Messages: 12 Localisation: En route vers Tulorim (voie maritime depuis Kendra Kâr)
|
Ah, la douce lumière du zénith. Je restai là, quelques instants, sur le pas de la porte, à contempler les merveilles de la vie. En face de moi se dressaient des bâtisses toutes aussi importante que la Tortue Guerrière, et aspirant à autant de grandeur. Cette rue était de grand passage, et c’est par dizaine que je voyais commerçants, gardes, aventuriers ou simples habitants défiler devant moi, dans ce que Trun avait décrit comme la plus grande cité du monde. D’un pas assuré, mais avec le regard pétillant d’impatience, je m’élançais dans la rue, intégrant doucement la foule, tout excité à l’idée de découvrir ce nouveau monde. J’entamais donc une marche de vagabond à travers la ville, les yeux levés à chaque instant, admirant les merveilles de l’homme. Et tout en marchant, je pensais à mon ancienne vie, aux moments que j’eus pus vivre ici, sans m’en souvenir. C’était splendeur, des petites échoppes aux plus grandes tavernes, du plus petit paysan au garde le plus vaillamment décoré, c’était splendeur. A un moment, j’entendis cependant une voix s’élever parmi le tumulte de la foule. « Ecartez vous, écartez vous ! Réclamait l’homme en braillant. » L’observant, je remarquai que lui son compagnon portaient un brancard, où était allongé un jeune humain. Il avait les yeux blanc, convulsait, et semblait pris du terrible mal dont j’avais entendu parler. Le pauvre homme faisait peine à voir, marmonnant quelques mauvais dires que lui seul pouvait comprendre. Les brancardier se hâtaient, et continuaient d’hurler qu’ils l’amenaient au temple, et que seuls les dieux pourraient le sauver, à présent. Nous –c'est-à-dire toute cette foule et moi- nous écartâmes, laissant la place à ces braves hommes. La vue de ce malade m’avait intrigué, et effrayé aussi. Cette épidémie semblait réellement terrible, après tout. Je reprenais mon rythme, et continuais d’avancer. Bientôt, en levant les yeux un peu plus haut qu’a l’accoutumé, je m’aperçu de la présence d’un château, et de ses nombreuses tours, s’élevant et fendant le ciel avec un air de défi. Peu après avoir observé ces constructions, j’arrivai sur c que je devinais être une des plus grandes places de la ville. Atour de moi se dressait le fameux château, le plus impressionnant de tous ces bâtiments, une sorte d’arène, que j’apercevais de loin, et de magnifiques et somptueux jardins. Encore une fois, c’était la splendeur du monde des Hommes qui s’offrait à moi. Je restai là quelques minutes, ébahi par cette grandeur. Et, de fil en aiguille, en continuant ma ballade, je finis par arriver sur le marché. Il y’avait tellement de bruits et de voix différents, que l’on avait peine à distinguer une seule conversation. Les vendeurs étaient partout, hélant à grand cri la population, prétextant que leurs produits étaient les meilleurs, se ventant même d’être le fournisseur du château. Et dans tout ce tumulte, je ne le vis pas venir. J’entendis quelques mots, comme ‘Attention !’, puis, me retournant, je fis face à la bête. C’était un homme d’à peu près mon âge, mais ses longs cheveux décoiffés lui donnaient un air d’adolescent éternel. Soudain, je remarquai un détail sur sa face : On ne voyait que le blanc de ses yeux ! Lui aussi était possédé par cette étrange maladie, et donc victime d’hallucinations et de paranoïa. Il ouvrit la bouche, pour cracher ses immondices : « Démon ! Serviteur du Mal, meurs, créature de l’enfer, fils de Phaïstos ! »
Après ces hurlements, il se jeta sur moi, pris d’une frénésie guerrière. Ses pas étaient mal ordonnés, et je n’eus pas de difficulté à esquiver sa charge en me décalant sur la droite. Tout de suite après son échec, il s retourna vers moi, dégoulinant de sueur, et brandit ses poings, comme pour m’inviter à me battre. « Du calme mon ami, tu ne sais pas ce que tu fais ! Hurlais-je, tentant de la calmer »Mais mes paroles n’eurent pour effet que de le rendre plus agressif, et encore une fois, il bondit, m’assénant un violent direct au visage. Surpris et maudissant la douleur, je titubai sous la puissance de son coup. Je failli tomber en arrière, mais me rattrapait à temps sur l’étalage qui se trouvait derrière moi. La foule faisait cercle autour de nous à présent, et personne n’osait intervenir, de peur d’être blessé par le fou furieux. Profitant de son succès, il essaya d’enchainer sur un nouveau crochet au visage. Mais, pendant qu’il avançait vers moi de sa démarche de zombie, je lui envoyais de toute mes force mon pied dans le sternum, espérant ainsi le paralyser assez de temps pour le maitriser. Il tomba à genoux, mais ne sembla pas souffrir outre mesure de la coupure de se respiration. Le dangereux malade se jeta sur un homme dans la foule, qui était à deux doigts de venir m’aider. Il le mit violement à terre, le mordit en plein cou, comme une bête achève sa proie. Le sang coulait abondement de la blessure, formant une petite flaque en expansion sur le sol pavé. Content de lui, la bête s’empara de l’épée courte qui pendait à la ceinture du pauvre humain, avide de s’emparer d’une arme capable de tuer. Une fois l’arme en main, il se retourna vers moi, brandissant la lame, les yeux emplis de folie. Sans attendre, je dégainai moi aussi ma dague, la sortant de ma manche, près à défendre chèrement ma vie. Il ne parut nullement décontenancé par ma défense, et encore une fois, se rua violement vers moi, préparant une attaque mortelle visant mon ventre. Guidé par mon seul instinct, et ignorant tout des mouvements que j’exécutai, je parai sans soucis son attaque, et profitai de sa surprise pour venir lui lacérer la joue gauche. Lui aussi saignait maintenant, et il recula de quelques pas, comme un animal pris au piège. Et, pris de panique, se lança dans la foule, pour échapper à ma lame et au combat. Je le laissai filer, me précipitant plutôt sur l’homme à terre. « Que… Non, je ne veux pas mourir… Me supplia t-il, une fois que j’eusse approché mon visage du sien.
-Tout ira bien, brave homme, lui répondis-je, confiant.
-Non, je le sens… La mort m’appelle, je me vide de mon sans, c’est la fin. Et pendant qu’il parlait, le sang s’écoulait puissamment et rapidement de sa plaie béante. Venge moi, venge moi de cet homme qui m’a volé ma vie, je t’en pris… Gaïa te bénisse et te protège, venge moi, mon ami. »Et sur ces mots, l’Homme mourut dans mes bras, les yeux grand ouverts, fixant un vide que lui seul pouvait voir. Je les fermais, par pur soucis de gêne, et m’adressai une dernière fois à lui. « Repose en paix, mon ami… Et dans la certitude que j’exécuterai ta vengeance. A celui qui t’as volé ta vie, je volerai son âme. Adieu ! »[/color]
Puis, me relevant, je déclarai la mort de l’homme aux passants entassé autour de nous. Et sans plus attendre, je me lançai en courant à la poursuite du fou furieux, qui n’avait pas du aller bien loin. Pendant ma course, les citoyens m’invitaient à suivre telle ou telle direction, affirmant qu’il s’était enfui par là. Ne perdant pas la trace du hors la loi, je quittai donc la place du marché, pour déboucher dans quelques rues sombres et abandonnés, où il régnait une atmosphère de nuit, une atmosphère de mort. Nul passant à présent, seulement moi, dans ce désert de ruelles étroites et obscures, repaire de misère et de criminels. J’avançai prudemment, lorsque soudain, je ressenti une vive et fulgurante douleur à l’épaule gauche. Tournant mon regard en hâte vers mon corps, je compris qu’on m’avait lancé une lame dessus, et qu’elle avait entaillée mon épaule avant de retomber à terre. Mieux encore, en levant les yeux, j’aperçu mon ennemi sur le toit en face de moi. Comment était-il arrivé là haut, je ne le savais pas, mais je devais l’y rejoindre. Furieux de ne pas m’avoir tué sur le coup, il se retourna et s’enfuit sur les toits de Kendran Kâr.
Devant le retrouver à tout prix, j’entamai l’ascension de la façade en face de moi. Et tout comme pour les mouvements meurtriers que j’effectuai avec ma dague, les gestes si compliqués pour escalader ce bâtiment me parurent acquis, comme enfouis au fond de moi. M’accrochant de fenêtre en fenêtre, de briques en briques, m’aidant parfois d’une imperfection sur le mur où d’une lampe fixée à ce dernier, j’arrivai rapidement en haut moi aussi, prêt à reprendre ma course. Le malade n’était pas allé bien loin, et avait sauté de toits en toits pour se retrouver une vingtaine de mètre devant moi seulement. Rien n’était perdu ! Je m’élançai à sa suite, me déplaçant aussi aisément qu’un poisson dans l’eau. Les sauts, pourtant périlleux, au dessus du vide ne m’effrayait nullement, et je les franchissais avec une facilité déconcertante. Tout cela était inné, encore une fois. Voyant que je le rattraperai bientôt, le fou s’esquiva, et sauta d’un toit vers le sol quelques secondes à peine avant que je ne l’attrape.
Il y’avait bien trois mètre entre l’endroit d’où il s’était élancé et celui où il avait atterrit, et il se vautra misérablement en touchant le sol. J’entendis un crac, et je sus qu’il s’était brisé une jambe. Ne pouvant plus courir, il rampait vers un petit square à proximité, où se trouvait seulement un grand chêne, me laissant tout le temps de descendre avec assurance et sécurité. Quand je touchai le sol, il était adossé contre le tronc du grand chêne, et me regardait d’un air cruel. Dégainant de nouveau ma dague, j’avançai prudemment vers lui, peut être avait-il encore quelques tours dans son sac. Quand je fus assez prêt pour l’observer, je pu lire sur son visage le désespoir, la fatigue, et un air mélancolique, comme s’il était nostalgique de son temps de bonne santé. Méfiant, j’articulai :
[color=#00FF00]« Qu’a tu fais, pauvre fou ?! Tu as tué un homme, et blessé un deuxième, et tout ça pourquoi ? Par pure folie ? Je serai le bras de la justice en te tranchant la gorge, démon ! -Je… Je ne voulais pas… Phaïstos me pardonne mes péchés, puisse t-il me conduire au Paradis. Je n’ai agi que sous l’influence de la maladie, je suis un homme bien.
-Tu parles de jugement divin… Comme si tu étais déjà mort, imbécile ! Crachais-je, plein de haine
-Je suis mort il y’a longtemps, répondit-il, songeur.
-Et bien ce n’est pas à moi d’en décider, tu vas me suivre calmement, et je vais te livrer à la justice de la ville. Eux sauront quoi faire de toi. Malgré toutes les immondices que l’homme avait commises, je ne pouvais rendre la sentence moi-même.
-Non, je ne pense pas non. Tu es bien noble, et quelqu’un de bon, mais n’oublie pas que sous nos visages dévoués et nos actions les plus pieuses, nous versons en réalité du sucre sur le dos du Diable lui-même. J’espère qu’un jour, tu comprendras ces paroles. »Et sur cette déclaration, il saisit mon bras –car je m’étais approché de lui à présent, prêt à le relevé pour qu’il me suive. Craignant qu’il ne retourne mon arme contre moi, je retirai ma tête en arrière. Mais ce n’était pas à moi qu’il en voulait. Avec ses dernières forces, il m’arracha la dague de mes mains, et d’un geste brusque, se trancha la gorge. Il mourut sur le coup, et je vis ma lame tachée d’un rouge pourpre tomber à terre, prêt du cadavre de ce fou furieux. Il s’était fait justice lui-même, et s’en allait en paix, j’en étais sûr. M’éloignant du macchabé, je sortis du square pour réfléchir à ce que j’allais faire, quand deux hommes en armures arrivèrent à mes côtés, fatigué par une course que je devinais aussi effréné qu’épuisante. Reprenant son souffle, l’un d’eux déclara : « Nous vous cherchions, mon brave. Nous sommes membres de la milice de Kendran Kâr, et nous avons été prévenus de l’accident du marché, et les témoins nous ont indiqués que vous étiez parti à la poursuite du criminel. L’avez-vous rattrapé, qu’est-il advenu de cet odieux personnage ?
Tranquillement, et sans omettre le oindre détail, je leurs contais toute l’histoire, du début à la fin. Le marché, l’homme assassiné, la poursuite, le suicide du fou… Ils parurent étonnés de ce dernier point, mais nullement insatisfait. « Justice est faite, et cela nous évitera une pendaison couteuse en temps. Vous avez bien fait, citoyen, passez à la milice un de ces jours, le chef voudra peut être vous récompensez, si cette maladie lui laisse quelques instants de libertés. Une chose est sure, la milice de Kendran Kâr vous est reconnaissante. Nous allons emporter le corps et filer, pardonnez cette impolitesse, mais nous sommes surchargés en ce moments.
-Ne vous excusez pas, brave garde, vous faites un travail admirable. Je passerai sans doute vous voir à l’occasion, oui ! Maintenant, je vais récupérer ma dague, et repartir chez moi, si vous le permettez.
-Faites, faites, m’encouragea t-il, vous avez bien assez accompli pour la cité aujourd’hui. »Après cette aventure pour le moins dangereuse et pleine de rebondissements, j’avais besoin de recouvrer mes esprit. Et pour cela, je ne voyais qu’une seule chose à faire… En avant, à la Taverne du coin !
_________________
|
|