L'intérieur du bâtiment est à l'image de l'extérieur; il dégage une impression de solidité sur laquelle on peut compter. Je fais quelque pas dans une vaste salle rectangulaire, où l'ombre omniprésente est combattue, faute de fenêtres, par des rangées de torches fixées aux murs. On peut qualifier l'ameublement de spartiate: quelques bancs en bois sur les côtés, et un long comptoir au fond de la pièce, où un vieil humain fait soigneusement danser une longue plume sur un lourd registre. J'étouffe bien rapidement l'éclair de jalousie amère qui menace de jaillir; ce n'est pas la faute de ce vieillard si je suis incapable de lire ou d'écrire.

(Quand même, il se la joue, avec sa grosse plume, là!)
(La ferme, Sil'.)

Sur cette injonction plus que sage d'Aurore, je m'avance jusqu'au comptoir et m'éclaircis la voix pour attirer l'attention de l'homme. Ses yeux fatigués se lèvent doucement vers mon visage, où plutôt le masque d'acier qui le dissimule, et se fichent dans les miens, tandis qu'il prononce d'une voix ferme et où rien ne trahissait une quelconque surprise:
« Que puis-je faire pour vous, maître Caparaçonné? »

(Caparaquoi?)
(Il vient de violemment t'insulter, Sil'. Je serais toi, je m'énerverais.)
(La ferme, la boule de fluide.)

Je lui réponds d'une voix que j'espère assurée:
« Je viens déposer cette armure, et quelques autres objets que j'aimerais savoir en sécurité. En attendant que j'en aie à nouveau besoin. 
- Bien sûr. La maison royale des dépôts de Kendra-Kâr peut vous garantir la sécurité de vos biens, et ce à un prix tout à fait abordable. Déposez sur le comptoir les effets que vous souhaitez mettre à l'abri, je vous prie. »

(Il est marrant, lui, je la pose comment sur son comptoir, l'armure dix fois plus grande que moi?)
(La ferme, et magne-toi, le bouloum.)
Nos échanges sont décidément expéditifs, avec cette chère Aurore, ces temps-ci.

Je commence par sortir Vengeance, le poignard offert par le Marionnettiste, de mon dos (une fente commodément placée là m'avait permis de ranger l'arme sans plus m'en préoccuper), et le dépose doucement devant le vieillard. Je fixe un instant mon regard sur sa lame noire, assailli par les souvenirs encore vifs de l'aventure que je viens de vivre, avant de me ressaisir. La partie délicate de l'opération arrive alors, puisque je dois, pour le dire vulgairement, me dé-saucissonner. Si extirper mes bras et mes jambes de l'enchevêtrement de filins d'acier est plutôt facile, ôter mes ailes de leur gangue fileuse est aussi douloureux que laborieux. Et je ne veux même pas penser aux mouvements étranges qu'a dû faire l'armure malgré moi.

Une fois dégagé, je récupère mon sac pour l'enfiler. Je n'hésite qu'une seconde avant de décider d'abandonner dans mon « cockpit » (terme soufflé par Aurore) mon bouclier de fortune, qui s'est révélé plus encombrant qu'efficace. Je farfouille quelques instants dans mon sac pour vérifier que les précieux parchemins s'y trouvent toujours. Je retrouve à leurs côtés l'étrange miroir, serti du saphir où Aurore se cache, ainsi qu'une couronne de fleurs dont je n'avais jamais remarqué l'existence. Présent de Kiana lors de mon départ? Je n'en ai aucun souvenir. Toujours est-il que cet objet, dont la fonction semble être de couvrir les chefs, est une offense à ma vie-rhilité, et dans un élan digne du mâle le plus mâle, je jette cette couronne auprès du bouclier, où ils pourront sagement m'attendre.

Me voilà fin prêt à sortir de ma chrysalide: je pèse tout mon poids contre le visage de fer et manque de tomber lorsqu'il est éjecté avec fracas sur le comptoir. Mon interlocuteur, toujours de marbre, ne bouge pas d'un cil lorsqu'un frêle Aldryde s'envole gracieusement de l'imposante coque d'acier pour se poser devant lui, décrivant une trajectoire tellement parfaite et harmonieuse qu'elle aurait fait pleurer un oeil de verre. Il devait sans doute être coutumier de tant de somptuosité.

Je m'adresse à nouveau à lui:
« Vous comprendrez pourquoi je ne peux pas mettre mon armure sur le comptoir. En espérant que vous me pardonnerez cet écart. »
Le visage impassible, il hoche la tête et claque des doigts. Aussitôt, des humains du même gabarit qu'Ergoth (c'est-à-dire, très grands et très musclés) déboulent dans la salle pour s'emparer de mes possessions, et les emmener dans les profondeurs du bâtiment. Impressionné par l'efficacité du personnel, je reste bouche bée jusqu'à ce que le vieil homme reprenne la parole:

« Merci d'accorder votre confiance à la maison royale des dépôts. Voici, ajoute-t-il en me tendant un parchemin enroulé adapté à ma petite taille, un document prouvant que vos possessions se trouvent bien chez nous. Vous êtes libre de revenir ici quand vous le voulez pour récupérer vos biens. Vous aurez simplement besoin de ce parchemin, et d'argent pour régler le temps de location d'un coffre. Gardez ce document précieusement. »

Eh bien tout est dit. Je le remercie tout en rangeant soigneusement le parchemin dans mon sac (je vais finir par devenir une vraie bibliothèque ambulante), puis après avoir jeté un dernier coup d'oeil au vieillard, j'agite avec excitation mes ailes ankylosées et décolle, ivre de joie de pouvoir voler à nouveau. Je traverse la salle à tire-d'aile, le sourire aux lèvres, et c'est de justesse qu'une exclamation du vieil homme me retient:
« Au fait! »

Je manque de me prendre le mur en négociant un demi-tour serré, et décrivant un vaste looping (les acrobaties aériennes me manquaient, que voulez-vous), je retourne auprès du comptoir. Toujours aussi impassible, le vieux rabat-joie déclare:
« Messire Aldryde, je suppose que vous avez pris part aux événements récents du Port, au vu de votre armure peu commune. Le général Malmaen a fait demander à tous les commerçants de prévenir les aventuriers qu'ils devaient retourner au port avant de quitter la ville. Il a quelque chose pour vous. »

Stupéfait, autant par la perspicacité du bonhomme que par la convocation au port, je le remercie une dernière fois, et grâce à des battements d'ailes puissants et joyeux, je prends congé.

L'humain comme tu l'as si bien appelé te regarda d'un air mauvais mais qu'importe, il avait du boulot. En premier, il récupéra tout ce que tu déposais chez lui : la targe et l'épée. Puis il partit dans le fond du dépôt pour récupérer ce que tu lui avais demandé. Il revint quelques minutes plus tard avec l'objet que tu convoitais : la rapière.

- "Voila votre rapière."

Il regarda ensuite le bon que tu lui avais présenté avec le sceau royal. Il afficha alors un regard médusé, il te regarda, regarda de nouveau le bon n'en croyant pas ses yeux. Il retourna à l'arrière pour récupérer la somme d'argent que le bon te permettait de récupérer.

- "Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais voilà votre argent."

Il balança sur le comptoir une bourse qui contenait tes 1 500 yus.

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Les lieux n'avaient rien de très accueillants. C'était une immense salle toute en longueur séparée aux deux tiers par un immense comptoir qui faisait toute la largeur. La lumière naturelle était sévèrement filtrée par les vitraux assemblés en ovales dont le verre était sale et les couleurs ternes … l'éclairage était produit par des lampes à huiles accrochées aux murs latéraux. L'air était saturé par l'odeur de graisse trop chaude du combustible des vieilles lampes poisseuses, du vieux bois poussiéreux presque moisis et la définition même d'un courant d'air avait du être banni des lieux.

L'homme derrière le comptoir avait le physique des lieux. Vieux, austère, moisi et lui non plus ne devait guère prendre l'air. Il avait devant lui un énorme ouvrage et y grattait sa plume à une vitesse vertigineuse pendant les entrevues avec ses clients.
J'attendis patiemment que mon tour vienne et posa sur le comptoir mon sac de marin que j'avais constamment avec moi, porté en bandoulière.

- Bonsoir. Je souhaite mettre en sécurité certains objets en ma possession.

Je sortais du sac le Tanto dans son fourreau de bois verni, cadeau de mon mentor, le masque aux traits démoniaque qui m'avait permit de survivre à ce voyage sous les océans, le mousquet de Fino que j'avais récupéré à sa mort et pour lequel j'allais un jour prendre le temps d'en découvrir les secrets et l'origine, le la tunique large offert par le missionnaire au temple dans laquelle je rangeais le sifflet, et pour finir je déposais le plus gros de ma fortune dans l'une des deux bourses en cuir que je possédais.


((hrp : dépôt de :
- Mousquet de Fino (Arme de jet: -1D20PM en dégâts de feu (ne tient pas compte de l'endurance. 3 d'initiative pour recharger.)) - 10 munitions restantes.
- 7500 Yus
- Tanto de Fer (Force+2)
- Masque du Rubis Sanglant (end+ 3, capacité de survivre dans un milieu sous-marin)
- Tunique large (end+2)
- sifflet

Un changement si possible de ma fiche avec la mise en place de
Tessen d'Esprit (à chaque coup réussi: -1D10 pv à l'adversaire touché. Ne tient pas compte de l'endurance ou des armures, ne 'blesse' pas visiblement) en main gauche, à la place du mousquet))

J'avais tendance à respecter mes ainés, depuis toute petite et maintenant encore, mais celui-ci n'était pas un des miens et je l'imaginais bien renâcler au dessus de mon respect avant de le gratifier d'une glaire d'indifférence.
Il prit son temps pour écrire sur son registre et je me contentais de le toiser en silence.

Passé l'intérêt succinct de chercher qui de sa main ou de sa plume était la plus fripée, je m'attelai à observer les occupants des lieux, employés comme visiteurs et clients.
Il y avait dans cette salle un brouhaha constant qu'on ne percevait pas de suite, un bourdonnement incessant provenant des dizaines de discussions faites à mi-voix dans chaque coin de la salle. Et parfois on pouvait apercevoir un échange entre des mains habiles et discrètes, parfois matérielle et j'aperçus aussi des échanges de signes presque élégants, faits du bout des doigts avec une fluidité étonnante de la part d'hommes qui discouraient de manière peu courtoise entre eux au demeurant.
Et que ne fut pas ma surprise de retrouver mon vieil ami parmi eux, dans son accoutrement exotique dans lequel il fallait bien l'avouer il passait pour un tout autre homme.

Le vieil homme me demanda par la suite de signer son registre, que je relu avec minutie avant d'apposer ma griffe en recopiant le style des précédents clients, un nom écrit de manière à ne pouvoir être relu d'un coup d'œil et un trait très personnel identifiable … enfin je l'espérais car ce n'était là qu'une sorte d'improvisation inspirée de nulle part. Je regardais du coin de l'œil l'employé s'en aller avec mes affaires lorsqu'une voix que je reconnus entre mille s'éleva dans mon dos.

- Hidekuni San !! Votre maitresse apprécie-t-elle le nouvel arrivage ? Son ton était enjoué mais le nom utilisé n'était pas du au hasard. Hidekuni était une de nos anciennes connaissances, une femme qui n'avait jamais expérimenté le mot compliment et le principe du sourire, une vieille femme au visage crispé, coincé et aigri qui n'avait que critiques, reproches et réprimandes à faire partager au monde … ce qui, sans savoir ce qui allait m'attendre, me permis au moins de me retourner le visage sévère et de prendre plaisir à le regarder de haut. Il me fit discrètement signe et je compris que j'avais le bon personnage mais qu'il me fallait continuer. … mais pour dire ou faire quoi ?
- Apprécier ? Répondis-je en serrant les dents. Le crin de cheval est de meilleure qualité que le tissu que vous nous avez envoyé !!!
Et pendant que je prononçais ces mots, milles questions s'abattirent sur mon amusement premier : était-il censé être marchand de tissu, de fourrures, de matériaux comme le bois, le métal ou même de denrées, il était peut être censé ne commercialiser que du poisson, auquel cas je …. mais avant que je ne prononce un autre mot ou qu'une nouvelle question m'assaille, il se confondit en excuses et courbettes et m'attira dans un coin plus tranquille sous les yeux amusés de quelques uns des hommes présents.

Lorsque nous fûmes seuls, il chuchota plus bas que jamais et dans notre langue et m'invita à l'imiter. Il resta dans une position courbée pendant tout le temps, tenant son rôle à merveille.
- Qu'est-ce qu'on s'amuse !
- Si on veut, j'aurais pu dire une bêtise. C'est quoi cette dégaine ?
- Réussi hein ? Mes affaires m'amènent parfois à revêtir plusieurs identités pour plus de discrétion.
- Qu'est-ce que tu me veux ?
- Discuter.
- C'est tellement dans nos habitudes en effet.
- Je voulais te mettre en garde, la ville n'est pas très sûre.
- Tu devrais retourner voir des gens qui ont besoin de toi. J'ai des yeux et des oreilles pour constater que ça tourne pas rond dans cette ville.
- On dirait pas à te promener partout toute seule.
- Mieux vaut être seule au contraire. Ça fait moins de monde à surveiller. Et en quoi ma future santé mentale te concerne ?
- Ça va peut être t'étonner mais t'es un peu comme de la famille.
- Laquelle ?
- Celle des p'tits malins !!
- T'es qu'un con.
Il me regarda avec ce drôle d'air qui donnait l'impression qu'il allait dire quelque chose de sincère. Et ce sac à merde venait de choisir ce moment exprès, juste après les mots qu'ils m'arrivaient de prononcer pour me cacher derrière.
- J'me casse, dis-je alors en le foudroyant du regard.
Il me contourna en tempêtant, hurlant que ma demande allait le mettre sur la paille mais qu'on pouvait trouver un arrangement.
- Je te laisserais pas sortir.
- La dernière personne qui m'a dit ça n'a pas aimé la suite.
- Je suis pas une gardienne d'orphelinat.
- Et je suis plus une enfant. Ecoute, les malades sont plus contagieux après quelques minutes alors je pense pouvoir m'en sortir entre ici et l'auberge la plus proche tu penses pas ?
- …
- C'est quoi ce silence ? et ce sourire ? … J'te jure Morlet que si t'essaye un coup tordu j'aurais le temps de broyer une ou deux petites choses …
- J'en suis sur gamine. Qu'est-ce qui te fait dire ça sur les infectés ?
- Mes yeux et mes oreilles.
- C'est tout, rien sur … un point de départ ?
- J'y crois pas !!
- Quoi ?!? répondit-il avec une naïveté trop enjouée.
- T'as vraiment un doigt dans toutes les tartes !!
- Je t'en garde une part ?

Je mentirais si je racontais que pour paraître plus saine d'esprit j'avais pensé à répondre par la négative. Cette histoire était de toute évidence dangereuse, ne concernait ni de près ni de loin des gens de ma connaissance que je souhaiterais ou devrais aider … mais sur l'instant je me contrefichais de la prudence élémentaire.
J'étais curieuse de savoir comment manœuvrait ce filou depuis bien longtemps, même si j'aurais facilement pu vivre sans le savoir, mais ce qui cultiva mon accord fut qu'il avait un pied dans l'univers dans lequel j'aurais voulu évoluer si je n'avais pas du quitter le pays.

- En quoi puis-je t'aider ?
Son sourire s'élargit alors jusqu'aux oreilles.
- Prend-toi une chambre à la tortue guerrière. Mais passe au nord de la cour des duels en direction de l'Hippodrome, et tu prendras la rue à gauche avant la maison au hibou … le tout discrètement bien sur.
- C'est noté.
- Je serais à l'auberge avant toi en prenant la grande rue.
- Je suis censée y voir quelque chose là bas ?
- Peut être pas, mais le moindre détail sera important. Y'a une description un peu trop fiable de mon anatomie qui passe de main en main alors j'évite de m'y balader, même déguisé.
- Ceci expliquant cela.
- Discrète et prudente surtout, dit-il avec un sérieux ne lui correspondant pas. Ah au fait, appelle-moi Ptahotem.


Il s'éloigna en multipliant les courbettes et en promettant que ma maîtresse ne serait pas déçue de notre nouvel accord et rejoignit un autre groupe de personne qui avait détourné leur attention de nous depuis un moment.
Je sortis du bâtiment et pris la direction indiquée sans un regard en arrière.

Les doux moments de plaisirs dépensiers étaient maintenant finis, mais j'attendais de la suite des événements d'autres sortes de divertissements.

Après avoir fait tous mes achats chez Moboutou, il était temps pour moi de prendre le large et de me rendre à la …

(La Maison royale des dépôts, tête en l’air !)
(Merci et où est-ce que ce bâtiment se trouve ?)
(Il se trouve pas très loin du Temple des Plaisirs, tu es déjà passé devant je pense. Lorsque tu arrives en vue de la rue où habite Ehemdim, tu la remontes et c’est là pas très loin. Tu verras l’écriteau sur la porte.)

Je repris le chemin de la rue commerçante puis retrouvai rapidement la route me menant au Temple. Si j’avais bien compris les indications de Crystallia, je devais donc prendre à gauche à l’angle de la rue, me menant ainsi vers le château de la ville. Rapidement sur la droite de la rue, je vis l’écriteau Maison royale des Dépôts. Parfait, je venais d’arriver à bon port.

Je poussai la porte de bois et constatai que l’intérieur du bâtiment ressemblait vaguement à nos salles d’archives elfiques sur le Naora, là où l’on conservait tous nos documents précieux, un peu à l’image de la réserve d’une bibliothèque. Je me dirigeai rapidement vers le comptoir derrière lequel se trouvait un homme d’un certain âge mais qui n’avait pas l’air très accueillant. Qu’importe j’avais des choses à lui laisser qui ne me serviraient certainement pas dans l’immédiat.

- « Bonjour monsieur, mon nom est Aenaria Imfilem et on m’a appris que je pouvais laisser ici des objets nous appartenant. Si tel est le cas, je voudrais effectuer un dépôt. »

J’ouvris mon sac et en sortis plusieurs objets ainsi qu’une somme d’argent de ma bourse qui se verrait ainsi allégée.

(((Dépôt de :
- 7 500 yus
- Gemme de topaze
- Livre du conspirateur
- Sueurs chaudes
- Potion de sommeil
- Bavoir de crapaud
- Petite potion mixte)))