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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Mar 3 Aoû 2010 00:27 
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Ahum. Et bien tu vois ma petite, ma barbe c'est la source de mon pouvoir. Nous les nains, on maitrise le vent de, ahum, de père en fils, et tu vois ma barbe elle peut facilement me donner la direction et la puissance du vent. Et en agitant très rapidement ma tête ,ahum, de gauche à droite par exemple, je peux même créer des rafales! Et si je te touche, ça te fera l'effet d'une bonne bourasque bien giflée, ahum.
Sans elle, je suis rien de plus qu'un, ahum, vulgaire petit elfe sans défense. Moins les oreilles bien sur, haha. Et j'ai entendu dire qu'à Kendra Kâr il y avait un, ahum, un barbier, qui pourrait me la tailler de façon un peu, ahum, aérodynamique, c'est comme ça qu'on dit non? Donc c'est là que je me rend, haha, ouais ma petite.


Quelle révélation pour la Taurion! Elle qui cherchait justement un maître pour lui enseigner les voies du vent, voilà que le destin venait de placer sur sa route une individu tout indiqué pour lui apprendre ce qu'elle désirait!

(Merci Yuimen! Si ça se trouve, j'aurais même pas besoin de trouver Malrum! Ce... Comment qu'il a dit? Ah, oui, ce bain! Il doit pouvoir m'apprendre un tas de trucs!)

Emportée par sa joie, elle se retint inextremis de se jeter dans les bras du nain - qu'elle aurait sans doute ratés d'ailleurs, vu sa petite taille- et se contenta de bondir de joie de droite à gauche en s'exclamant:

"Mais c'est trop génial! Vous allez pouvoir m'apprendre pleins de trucs non? Regardez ce que je sais faire! Bon, pour un maître bain du vent, c'est sans doute pas incroyable, mais je vous montre quand même!"

Elle se concentra un instant, jugulant avec difficulté sa joie pour libérer ses fluides... Les lignes de pouvoirs étaient de plus en plus simple à contrôler, et elle n'eut aucun mal à déchainer ses vents infernaux, qu'elle contrôla et manipula en une petite sphère, tournoyant dans le creux de sa main

"Alors! Alors? C'est impressionnant ou pas? C'est rare comme don? Une foule de question se pressait dans sa tête et elle avait du mal à rester cohérente, et poser les bonnes.

D'ailleurs, manquant de concentration, la sphère venteuse se délita, pour prendre sa forme originelle, celle de vent rageur fait, sinon pour détruire -manque de puissance oblige- au moins pour décoiffer. Ce qu'ils firent d'ailleurs, avec une efficacité redoutable, s'abattant sur la barbe du nain, la retournant dans tout les sens, et faisant voler une tempête de poils blancs dans tous les sens.

Lorsqu'elle reprit le contrôle de ses fluides, le menton du nain arborait une pilosité plus proche de la boule de poil chaotique que d'une véritable barbe...

"Euuh... Désolé? Vraiment, maître bain je sais pas ce qui s'est passé... légèrement penaude, elle attendait néanmoins avec un sourire radieux l'opinion de celui qu'elle pensait pouvoir être son mentor...

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Mar 3 Aoû 2010 00:46 
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-Gmumph! Va falloir apprendre à te maîtriser avant tout si tu veux devenir mon élève. Non, ne me dit pas que le vent est incontrôlable, ils obéissent tous, tous sans exception, du zéphyr à l'ouragan, à des règles précises, et la première est LA DISCIPLINE !


Il vit des larmes qui commençaient à parler au coin des yeux de sa nouvelle amie, et, puisqu'au fond ce n'était pas un mauvais bougre, il radoucit son ton.

-Ahum. Non mais ne t'inquiète pas, un accident ça peut arriver à tout le monde. C'est juste que sans ma barbe, ahum, je perds mes moyens. Il va falloir que tu me la démêles maintenant, c'est la moindre des choses, tu en conviens? Et ne t'inquiètes pas, je l'ai lavée il y a même pas trois mois.

Le soin de la barbe est quelque chose de très variable chez les nains. Certains y portent une attention maladive, la peignant une, voire même deux fois par jour, les plus riches le faisant même faire par les meilleurs spécialistes.
D'autres préfèrent leur laisser plus de liberté, arguant qu'une barbe broussailleuse est le signe de la vigueur et de la santé, et qu'on est pas des naines à passer sa vie devant la glace.
Khor`Ighan faisait plutôt partie de ceux là, il n'avait jamais eu qu'une hygiène toute relative, peinant à comprendre l'intérêt que certains pouvaient trouver à prendre un bain par semaine. Quant à sa barbe, c'était comme tout, quand il trouvait la motivation, il enlevait quelques poils disgracieux et parfois même se la tressait, mais il n'avait pas trouvé le temps ces derniers jours, parce qu'après tout, il avait pas mal de boulot lui, hein? D'ailleurs ça lui faisait penser qu'il aurait bien pris une bière là ...

-Par contre, j'espère que tu te rends compte de ta chance d'être tombée sur un grand maître nain du vent, héhé. On est déjà pas nombreux, mais des qui se baladent comme ça dans la plaine, t'en verras pas tout les jours, ça non. Et pour qu'ils acceptent de transmettre leur savoir à une débutante comme toi ... ah ça oui, tu peux t'estimer heureuse!
Mais bien sur, la chance à un prix, alors on aura qu'à dire que pour, ahum dix yus par semaine j'accepterai de te consacrer mon temps. Et euh, ahum, tu fais une affaire hein?

Et en attendant, ton premier exercice va être de faire une bonne soupe. Et d'abord, je vais t'enseigner une posture.

Riant dans sa barbe, il venait de songer à une position aussi ridicule que crédible qu'il pourrait imposer à cette jeune impertinente.
-Voilà, plie les genoux. Et euh, ahum, écarte un peu plus les jambes. Encore un peu. Ahum c'est presque bon. Respire bien, c'est la clé de la, ahum, ventologie, bien contrôler son air. Visualise son trajet, régule sa, ahum, sa course. Voilà. Tu vas garder cette position une heure, et ensuite tu iras faire la soupe. Si si je t'assure, tous les maîtres du vents sont passés par là. Pour être une, ahum, ventologue respectable, il faut faire preuve de créativité, alors à toi d'utiliser ton ... euh ... don, pour rendre ça le plus ... ahum, créatif possible. Et puis de toute façon, discute pas, c'est aussi une histoire DE DISCIPLINE j'ai dis !

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Dernière édition par Khor`Ighan le Sam 7 Aoû 2010 13:38, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Mar 3 Aoû 2010 01:57 
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Alors comme ça, maîtriser le vent pourrait être possible? Linya peina pour contenir sa joie, une fois de plus! Même si les remarques du nain l'atteignirent dans sa fierté, elle ravala ses questions pour l'écouter...

10 Yus par semaines? Elle n'avait jamais pensé qu'il lui faudrait payer pour obtenir ce qu'elle désirait! Elle savait exactement de combien de Yus elle disposait... Juste assez pour tenir 5 semaines... mais elle doutait pouvait apprendre tout ce qu'il lui fallait en si peu de temps!

Mais avant qu'elle ne puisse contester ou même marchander, le nain lui ordonna d'adopter une position des plus ridicules, sans doute pour se concentrer efficacement... Elle obtempéra sans trop savoir ce qu'elle faisait, se contentant d'écarter les jambes et plier les genoux... Avec un peu de chance, cela marquerait son premier pas sur la voie de la... Euh, comment il appelait ça déjà? Ah, oui, de la ventologie!

(Drôle de nom, quand même. C'est très moche ventologie, alors que c'est si beau le vent pourtant!)

"Mais euuh... Vous êtes sûr qu'en imitant l'écureuil constipé, je vais pouvoir maîtriser le vent? Je vois pas trop comment ça va m'aider!?

En effet, la jeune elfe n'avait beau rien n'y connaitre en terme d'apprentissage de la maîtrise du vent, elle doutait néanmoins de mieux comprendre ses fluides dans cette position... Et puis, il y avait auter chose qui la taraudait:

"Et pour la soupe... Je veux bien moi, mais y'a pas un légume en vue! et vous m'avez dit que vous n'aviez rien à manger... Alors je vois pas bien comment je vais pouvoir faire! Ou alors les nains ont des dons pour trouver les légumes enterrés?

Il faut bien avouer qu'un tel don, s'il existait vraiment, l'intéressait au plus haut point! Pour elle qui ne mangeait que des légumes depuis son enfance -le goût de la viande lui causant des nausées comparables à celle que lui flanquait l'odeur du crottin de vache exposé depuis trop longtemps au soleil - c'aurait été un véritable trésor!

Quoi qu'il en soit, en attendant, elle se tenait en position semi-accroupie, cherchant naïvement un déclic quelconque pour mieux comprendre son don... Nul doute que ce maître nain, aussi loufoque et hirsute soit-il, savait de quoi il parlait, pour en faire étalage avec une telle assurance!

Un nain. Drôle de nom d'ailleurs. C'était peut-être eux qui avait inventé le mot ventologie? Seul une peuplade au nom aussi ridicule pouvait trouver un tel qualificatif pour un si bel élément!

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Mar 3 Aoû 2010 14:12 
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Le prêtre nain imita grossièrement la voix de Lynia:

"Imiter l'écureuil constipé" ... qu'est ce qu'il faut pas entendre! Et puis un peu plus de classe et de respect! Ahum, c'est un minimum, ça oui. Barzûl, à partir de maintenant, je veux que tu m'appelles ... maître Khor`Ighan. Ouais ouais, c'est difficile comme nom, mais si, ahum, t'es pas capable de prononcer Khor`Ighan correctement, et bien, ahum, c'est pas la peine de passer à des choses plus complexes, comme, hum, la ventologie, haha, ça non!

Et pour en revenir à ta question, ahum, respirer c'est la base. Tu dois sentir le vent parcourir ton corps, et seulement une fois que tu te seras familiarisée avec lui, tu pourras espérer le, ahum, comment dire, contrôler?
Sans parler de la concentration, dont tu sembles singulièrement manquer. La méditation, c'est fon-da-men-tal. J'ai appris ça quand je n'étais encore qu'un jeune prêtre au service de Yuimen. Tout le monde sait ça!


Et en ce qui concerne la soupe ...



Khor`Ighan marqua un temps d'arrêt. Il aurait aimé pousser la plaisanterie plus loin, mais il avait aussi extraordinairement faim, et il s'agissait peut être de remplir son estomac avant de perdre plus de temps.


Ca aurait été un bon entraînement de faire tomber avec ton vent les ingrédients du haut de ces grands arbres que tu vois là bas. Sans parler de, euh, débusquer un délicieux petit écureuil de son trou, en envoyant, hum, une bonne bourrasque, haha. mais je comprends que tu ne te sentes pas encore tout à fait, ahum, prête, ça non, donc que dirais tu de, euh, aller à Kendra Kâr, acheter ce qu'il nous faut. On aura qu'à faire, ahum, 40/60, comme je suis plus petit, ahum, c'est normal que je paie ... un peu moins, non? Ark gnoumph Barzûl, par Yuimen qu'est ce que j'ai faim!

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Mar 3 Aoû 2010 15:33 
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Sentir le vent parcourir son corps... Formulé ainsi, c'était d'une logique implacable! Ce nain, aux premiers abords un peu bourru, se révéler toutefois d'une sagesse incroyable! Enfin, Lynia espérait tout de même qu'elle n'allait pas passé la semaine dans cette position à ne rien faire d'autre que respirer... Elle aurait bien aimé regarder sa gemme en cet instant, mais elle doutait d'avoir le droit de saisir son bâton, qu'elle portait dans le dos... Elle soupira discrètement, chassant une de ses mèches brunes qui venait taquiner sa joue gauche... Elle n'avait pas pensé que la maîtrise de ses dons venteux commencerait ainsi! Mais encore une fois, elle était persuadée que le nain savait de quoi il parlait...

Bon, très bien maitre Corp-grand! Je vais faire comme vous le voulez... Je dois juste apprendre à respirer comme ça pendant une heure?

Et joignant le geste à la parole, elle inspira profondément, se concentrant sur l'air emplissant ses narines, descendant le long de sa gorge pour venir gonfler ses poumons et son ventre... Elle expira ensuite, visionnant le trajet inverse, et répéta le processus jusqu'à ce que plus rien d'autre n'occupe son esprit.

Ce qui prit une bonne demi-heure, soit dit en passant. Il faut dire qu'elle en avait gros sur la patate, la Taurion. Et le fait de ne pas pouvoir bouger pendant une heure la confrontait à toutes ces choses qui la tracassaient... De la découverte de ses dons, à la faim virulente qui lui tordait l'estomac, en passant par la mort hideuse de son père et celle, tout aussi déchirante, de sa mère, et ses amis qui lui manquaient déjà, elle avait bien du mal à se concentrer sur les exercices d'un hurluberlu nabot ne dépassant pas, à vue d'œil, le mètre quarante et dont la seule préoccupation semblait être la la date du dernier bain de sa barbe... Mais elle s'obstina, chassant sans relâche les pensées parasites qui prenaient un malin plaisir à perturber sa concentration - naturellement fragile - et tâchant de ne se concentrer que sur sa respiration... Elle finit même par oublier les battements de son cœur, qu'elle percevait de mieux en mieux, et les gargouillis de son estomac, qui lui rappelaient sans cesse à quel point elle le maltraitait.

Le temps lui semblait long, au début... Elle finit par l'oublier, lui aussi. Seul restait sa respiration, et le bruit du vent parcourant la plaine des Calices, qui jouait avec ses cheveux et s'enroulait autour de ses oreilles...

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Mar 3 Aoû 2010 16:15 
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Tout d'abord très content de lui, Khor`Ighan ne cessait de l'encourager en se donnant des airs de vieux sage :
"oui, voilà c'est bien. Sens le vent circuler dans ton sang, jusqu'au moindre de tes muscles"

Mais au bout d'un temps interminable, il s'impatienta le premier, alors que Linya semblait plongée dans un état de profonde quiétude.

-Ahum, ça ira comme ça, prends tes affaires, on va à Kendra Kâr maintenant. On va passer la nuit au temple, je serai bien accueilli, ça oui, ahum. Je suis un prêtre de Yuimen, tu vois. Nourriture gratuite, héhé, et un vrai lit, mais pas de bière de la part de mes frères, ahum, enfin peut être que ce sera différent là, qui sait? J'en profiterai pour donner la missive au grand prêtre, puis le lendemain on pourra peut être aller faire nos provisions. Et passer, ahum, dans la taverne, ahum, avec de la bonne bière, cette fois oui, une certitude, c'est pas une bonne idée ça?
Et après, ahum, je pourrai reprendre ma quête, enfin, ahum, je suppose .



La vérité était bien sur que le Voyageur n'avait pas la moindre idée de quelle quête il parlait, et qu'il répugnait à se séparer de cette jeune fille -qui avait bien trente ans de plus que lui, et heureusement qu'il ne le soupçonnait pas- aussi attachante que crédule. Mais il voulait devenir un grand rôdeur, et la vie de citadin ne pouvait pas convenir, c'était la seule certitude qui lui restait.


- Ah et oui, c'est pas Khor grand, c'est Khor`Ighan! I-ghan, et oublie pas l'aspiration après le khor. C'est une, euh, liaison mélodieuse, pas une, ahum, vulgaire pause entre deux mots. Tu commences à t'y connaître en aspiration pourtant non?
Alors euh, essaie de pas écorcher mon nom, sinon, ahum, je t'écorche tes oreilles d'elfes, et ça fera mal, ça oui.



Et il continua à grommeler un bon quart d'heure sans s'arrêter, sur la nécessité de tailler en pointe les oreilles de tous les insolents qui n'avaient pas plus de jugeote qu'une sauterelle.

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Jeu 5 Aoû 2010 00:23 
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Linya ne put retenir le soupir de soulagement qui hurlait en elle! Enfin, elle pouvait quitter cette position plus que ridicule! Enfin, son ventre aller de nouveau goûter aux délices de la courgette, de la carotte et du navet! Oh, et avec un peu de chance, elle pourrait même dévorer une aubergine! Elle en salivait d'avance, et acquiesça donc avec vigueur lorsque le nain usurpateur lui proposa de rejoindre le temple de Yuimen de Kendra Kâr. Encore une fois, le dieu de la terre lui fournissait son aide! Elle fit une note mentale pour ne pas oublier de lui adresser une longue prière une fois au temple pour le remercier d'avoir placer maître Khor`Ighan sur sa route en cette journée...

Si elle n'avait pas encore l'impression de mieux comprendre ses fluides de vent, en tout cas elle avait trouvé en lui un compagnon de voyage agréable, bien qu'un peu bougon et excentrique. Mais bon, puisqu'il se rendait en ville pour se faire tailler la barbe, il serait sans doute un peu plus gracieux. Parce que pour l'instant, il fallait bien avouer qu'à part Yurl le boiteux -un fermier de son village au nom pertinent et fort bien choisi- elle n'avait jamais posé les yeux sur un être aussi peu soigneux de son apparence. Bien sûr, elle n'était pas elle-même un modèle de soin de soi, ses cheveux emmêlés et son bustier de lierre ne prêtait en effet pas à confusion sur ce point, elle dégageait toutefois une grâce propre aux elfes sylvains, emprunte de joie de vivre et de liberté. Bon, même si pour la joie de vivre, elle avait connu des jours meilleurs. Mais elle n'en dégageait pas moins un charme naturel plutôt captivant. Enfin, pour n'importe qui d'autre qu'un nain bourru.

- Ah et oui, c'est pas Khor grand, c'est Khor`Ighan! I-ghan, et oublie pas l'aspiration après le khor. C'est une, euh, liaison mélodieuse, pas une, ahum, vulgaire pause entre deux mots. Tu commences à t'y connaître en aspiration pourtant non?
Alors euh, essaie de pas écorcher mon nom, sinon, ahum, je t'écorche tes oreilles d'elfes, et ça fera mal, ça oui.


Elle hocha la tête, peu désireuse de savoir ce que le nain pourrait bien lui faire subir si elle recommençait. Elle avait du mal avec le nom disharmonieux de son maître, mais n'osait pas le lui avouer. Tant pis, elle lui trouverait bien un de ces petits sobriquets dont elle avait le secret.

Ils se mirent donc en route vers le temple de Yuimen de Kendra Kâr, marchant au rythme de leur gargouillements intestinaux respectifs.

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Jeu 19 Aoû 2010 17:08 
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<Les rues de Kendra Kar>


Une fois que nous étions sortis de la ville, Alex s'écarta du chemin et plongea dans un immense champ de fleurs variées. Je le suivis. Nous restâmes longtemps, allongés au milieux des fleurs, reprenant notre souffle, essoufflés par cette course effrénée.

(C'est donc ça les champs de calices... C'est magnifique... Moi qui ne suis jamais sortie de Kendra Kar...)

Alex se mit à rire doucement, puis de plus en plus fort, jusqu'à éclater de rire en se tenant les côtes. Sans savoir pourquoi je me joignis à lui et nos rires se mêlèrent, joyeux, au milieux des fleurs multicolores. Il se redressa, baissa les yeux sur moi, et essuyant la larme qui perlait au coin de son œil il murmura :

« C'était fantastique! »

Je me redressai, et me laissai tomber à nouveau, inspirant avec délice les parfums mêlés des fleurs.

«  Dis moi... Tu sais tirer à l'arc ? » me demanda-t-il en observant mon arme.
« Eh bien... Pas vraiment à vrai dire. Toi si ? »
« Tiens suis moi, je vais te montrer quelque chose... »

Il se dirigea vers un arbre, et intriguée, je le suivis.

« Tu vois cette pomme ? » demanda-t-il en la désignant du doigt.
« Oui... Pourquoi ? »
« Je voudrai la manger. Tu pourrai me l'attraper? »
« Je ne peux pas. »
« Tu es sûre? »
« Bien sur, tu vois bien que je suis beaucoup trop petite... »
« Tu as un arc, non ? »

Je compris enfin où il en venait. Je saisi mon arc, tirai une flèche de mon carquois et la plaçais.

« Je dois... Placer les doigts comme ceci ? »
« Peu importe, tu dois fermer les yeux et sentir ton arc. Ouvre les yeux et vise. Tu n'as pas besoin de théorie. Décide de viser cette pomme, et fais le. »

Je m'exécutai. Tendis mon bras droit. Détendis mon épaule. Posai la flèche sur mes doigts, et de la main gauche la tirais en même temps que la corde. Lorsque j'obtins une tension convenable, j'ouvris les yeux et visai la pomme. Je détendis mes doigts et lâchais la corde, qui vibra dans ce son qui allait me devenir si familier.

Je ratai la pomme, bien entendu. J'avais encore eu l'espoir de réussir du premier coup. Je persévérai, et réessayai avec application, toujours sans succès. Je ramassai les flèches misérablement tombées autour de l'arbre, et réitérais inlassablement mes essais. Cela m'agaçait, je m'énervais, tirais encore une fois, ratais, et laissais tomber mon arc au sol. Je lançais un regard de désespoir à Alex, qui couché à la romaine au milieu des fleurs, attendait patiemment sa pomme.

« Je ne m'y connais pas beaucoup au tir à l'arc, expliqua-t-il, mais je crois que c'est un peu comme à l'épée. La précipitation ne mène à rien. Il faut allier instinct... Concentration... Précision. »

Alex se leva, me prit les flèches des mains, et se rassit en tailleur un peu plus loin. Il m'en avait laissé trois.

« Vas-y. Concentre toi. »

Bon. J'inspirai calmement, me mis en position, plaçais correctement mes doigts déjà rouges et irrités suite à mes nombreux essais. Je pris le temps de ralentir ma respiration pour bouger le moins possible, détendis tout mes muscles, et lorsque je me sentis totalement prête, je tirai. Ma flèche rata sa cible, mais de près : la pomme vibrait encore d'avoir été frôlée.
Je recommençais encore, redoublant de concentration, a tel point que j'en arrêtais presque de respirer. Lorsque je lâchais la corde, la flèche se dirigea tout droit vers la pomme tant convoitée, et s'y planta en plein cœur. Je laissais s'échapper un petit cri de victoire en voyant la pomme se balancer d'avant en arrière, transpercée par une de mes flèches. Il ne me restai plus qu'à la faire tomber, de ma dernière flèche. Une fois de plus, je concentrais toute mon attention, et tirai. La pomme tomba enfin, se détachant par la force de mon projectile qui la traversait.

Avec une satisfaction que je ne masquai pas, je récupérai les flèches plantées dans la pomme, et lançais le fameux fruit à Alex.

L'attrapant au vol, il s'exclama : «  Enfin! J'aurai pu mourir de faim trois fois » Il croqua enfin le fruit avec régal, et mâcha la chair juteuse.
« Il ne te reste plus qu'a t'entrainer pour ne plus jamais rater ta cible. »
Puis, baissant les yeux sur mes mains, dont les doigts étaient brulés par les tentatives répétées, il ajouta :
« Mais... Je pense que c'est suffisant pour aujourd'hui. »

J'acquiesçais et croquais à mon tour dans la pomme qu'il me tendait : mon trophée.

Assise aux milieu des hautes fleurs, je massai les doigts de ma main droite, douloureux et irrités à cause du frottement répété des flèches. Ils avaient saigné un peu, mais ça n'avait pas duré longtemps. Alex pendant ce temps là, fendait l'air de son épée.

« Alors ma belle, explique moi ce que tu fais à Kendra kâr, seule ainsi? » demanda-t-il, tout en continuant son mime, les yeux rivés sur un adversaire invisible.

Je l'observais dans son combat contre l'air : il était plutôt agile, et semblait posséder la dextérité d'un bon combattant. La position de ses jambes légèrement fléchies amortissait ses déplacements, sa main gauche enserrait l'épée avec force et son bras souple effectuait des mouvements techniques. Son bras droit bougeait au même rythme, équilibrant sa posture offensive. Des petites rides du lion, marquées par la concentration, se formaient au dessus du nez, son visage et son cou étaient déjà luisants de sueur.

« Eh bien... Depuis toute petite je rêve d'aventure, mais mes parents n'ont jamais apprécié cette idée. J'ai enfoui ce rêve pendant plusieurs années jusqu'à il y a quelques jours. Je me suis enfuie à l'aube... Ce n'est pas plus compliqué que cela... »

La voix essoufflée, il ajouta sur un ton un peu méprisant : «  Tu n'as pas de but alors ? »

L'espace de quelques secondes me suffit pour saisir un bâton, me mettre debout sur les talons et lui lancer une attaque qu'il para avec facilité. Nous échangeâmes quelques coups lents, pendant je que lui répliquais :

« En quoi la soif d'aventure n'est-elle pas un but suffisant à tes yeux? Je veux voir les montagnes enneigées, les plaines verdoyantes, les forêts dorées...(J'esquivai de justesse son coup droit ) Mon seul but est de ne pas gâcher ma vie en restant isolée au même endroit comme l'ont fait mes parents. Je suis différente d'eux. (La cadence s'accélérait) Depuis que je suis petite ils me le répètent, je suis trop différente de mes frères et sœurs il n'aiment pas ça. (Je tombai dans sa feinte, sentis sa lame effleurer mon bras, commençait à perdre le fil de l'échange: il esquissait désormais des mouvements plus rapides) Tu oses me parler de but avec mépris mais tu ne sembles pas en avoir davantage que moi ! »

Sur ces derniers mots, il effectua un balestra, se rua vers moi et frappa verticalement mon bâton avec force, qui se rompit en deux sous l'impact. Il plaça son visage juste en face du mien, si près que nos nez se frôlaient presque, me regarda noir, droit dans les yeux.

« Ne dis pas des choses comme ça. Tu n'en sais rien. »

Il rangea son épée dans son baudrier, recula son visage du mien. La colère qui avait enflammé sa figure quelques secondes plus tôt avait maintenant laissé place à la tristesse. Il s'assit au sol en tailleur et je m'allongeai à ses cotés, posant ma tête sur sa cuisse.

« Excuse moi. » murmurais-je.

Après plusieurs minutes de silence il m'expliqua :

«Mes parents sont de riches marchands. Mais, hélàs, ils ne tiennent pas leur fortune que de leurs ventes de textiles. Au début j'avais des doutes. Puis je me suis mis à les espionner. Je n'ai pas mis très longtemps à comprendre. »
Machinalement, il attrapa une mèche de mes cheveux et l'enroula autour de son doigt, puis poursuivit :
« Il fait... Du commerce... D'humains. »
Comme je frémissais, il posa sa main sur mon bras avant de continuer:
« Il est très influent. J'ai voulu le dénoncer, il m'a accusé de mensonge. Personne ne me croit, mais c'est vrai pourtant! Je ne ment pas...Mais ces idiots sont aveuglés par ses beaux vêtements et ses richesses. Ma mère ne se doute de rien. Elle le soutient. Je n'ai qu'un but, me venger. Me venger de ce qu'il fait, ce commerce honteux. Me venger de la honte qu'il a posée sur moi. Mais pour ça, je n'ai qu'une solution. Le défier à la loyale, et pour ça, j'ai besoin d'être un bon épéiste. »

Je tripotais en silence les lanières de ses bottes. Le soir tombait, tout en gardant les jambes croisées, il s'allongea, puis sombra dans un sommeil profond dans lequel je ne tardais pas à le rejoindre.


Le lendemain, à l'aube, je m'éveillais lentement. Il faisait désormais plus frais, je frictionnais mes bras avec énergie pour les réchauffer un peu. Je levais délicatement la tête de la jambe du jeune kendran pour ne pas le réveiller.

Je passai la matinée à tirer à l'arc inlassablement. Me familiarisai avec la position et commençais à savoir doser la tension de la corde en fonction de l'inclinaison de ma visée. Bien qu'il m'arrivait encore souvent de rater ma cible, je m'estimais désormais capable de maitriser des tirs précis. Même si j'avais encore besoin de beaucoup d'entrainement pour devenir une bonne archère, les mouvements me devenaient plus naturels.

« Nom de Yuimen! » S'écria Alex, redressé et à peine réveillé.
Il se frotta vigoureusement les yeux avec les poing, bailla, s'étira, se leva.
« Le soleil est déjà presque à son zénith! » Constata-t-il

Il enroula ses bras autour de moi et murmura : « Bonjour toi »
Je souris en me libérant de son étreinte, et proposais d'aller à la taverne.
« Ça tombe bien, je meurs de faim! » affirma-t-il

<La taverne du paladin>

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Jeu 16 Sep 2010 18:50 
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Le lendemain, Eucalyptus se rendit dans les plaines des calices roses. Il était tout excité car il allait enfin mettre en pratique ses découvertes et espérait de tout coeur que son entreprise allait marcher. Il n'était pas très sûr de lui mais savait néanmoins qu'il fallait qu'il essayer, pour voir. La veille, après être rentré de la taverne du paladin, il avait un peu veillé pour relire ses notes. Jusqu'à maintenant, il n'avait jamais sollicité autant de magie pour un seul sort et ce qu'il prévoyait de faire était simplement un pur concentré de magie. Il avait un peu les chocottes, il fallait l'avouer, car il se demandait comment tout ceci allait se passer. De peur d'être surpassé par cette aventure, Eucalyptus avait décidé de le faire seul, sans témoins, sans personne pour l'aider. Arrivé au milieu d'une large plaine, il se posa au sol. Il avait volé du tout long et était resté silencieux pour se concentrer sur son expérience.

( Nous y voilà... )
( Tout se passera bien, Eucalyptus, je suis fière de toi, tu sais ! )
( Merci Bidouille... )


Eucalyptus s'installa le plus confortablement possible. En tailleur, les mains jointes et comme lui avait appris son maître de tai-shi, il ferma les yeux et se concentra. Pour commencer, il chassa simplement ses pensées pour ne plus que ressentir les fluides aériens qu'il possédait dans son corps. Il détestait faire çà car cela demandait beaucoup de temps et il préférait s'amuser plutôt que d'être sérieux. Mais là, ici, maintenant, il se devait de le faire. Il avait trop travaillé pour renoncer en si bon chemin. Le jeune lutin inspirait calmement et expirait encore plus calmement. Au bout d'une dizaine de minutes, Eucalyptus était ailleurs, pas vraiment ailleurs pour ainsi dire mais certainement très loin de cette étendue fleurie. Son corps et son esprit étaient assagis, plus rien ne comptait, plus rien ne le tracassait, plus rien ne venait rompre cette harmonie intérieure. Il laissait simplement ses fluides s'agiter un peu plus, de plus en plus, jusqu'à lâcher complètement les brides mentales qui entravaient ses pouvoirs. Eucalyptus voulut alors rouvrir les yeux car il pensait qu'il venait de décoller du sol mais se ravisa de peur de se déconcentrer et de devoir tout recommencer depuis le début. Et pourtant...

"Môôômaaaaaan !"

Eucalyptus se sentit soudain envahi d'une énergie incommensurable, une force qu'il n'avait jamais pensé possible d'exister. Il venait de rouvrir les yeux et lâcha un mot pour décrire sa peur et ses angoisses subites. Les mains cramponnés au sol, serrant de toutes ses forces l'herbe qui dépassait d'entre ses mains, la larme à l'oeil, il se sentait à la fois grand et petit, puissant et si faible avec tous ces fluides qui s'éveillaient subitement en lui. Il avait l'impression de faire un piqué droit dans les airs sauf qu'il était bien à terre. Il hésitait entre rire ou hurler, pleurer ou être heureux. L'instant lui parut infiniment long bien qu'en réalité tout se déroula pendant qu'il hurlait Môman. Passé ce cap, il se sentait en confiance et alors qu'il voulait se lever, son corps sembla se déplacer tout seul, le voilà qu'il décollait pour de vrai, cette fois-ci ! Un bras comme ceci, un bras comme cela, l'air heureux et faisant de grandes enjambées, il dansait dans les airs, soulevé par ses propres vents. Eucalyptus était plongé dans un bonheur et une sagesse profonde et éprouvait un plaisir immense. Heureusement pour lui, personne ne le vit à ce moment car même son corps manifestait cette extase par une érection franche et incontrôlée.

( Maintenant ! )

Droit comme un i, plissant les yeux et serrant les poings, il hurla comme jamais, à en perdre l'haleine. Ce cri long et puissant s'entendit et résonna dans toute la plaine, il déchira même le coeur d'un voyageur qui ne put s'empêcher d'être très ému en entendant cet appel à l'aide tonitruant. A un bon mètre du sol, toute sa tension se relâcha soudainement et ses fluides qu'il ne venait pas de consommer sur l'instant se calmèrent aussitôt. Eucalyptus chuta alors vers les herbes et les fleurs, en hurlant encore, mais de sa petite voix fluette. Bidouille sortit en vitesse de la veste du lutin et s'éparpilla en une multitude de petites lucioles mais il était trop tard, elle ne put le rejoindre pour se fondre en lui et lui permettre de voler. La chute fut intense pour tous. Le voyageur qui accourait cria, Bidouille aussi, mais bien moins qu'Eucalyptus qui sentait qu'il pouvait dire adieu à ses petites jambes et qu'il avait trop peu de temps pour en faire le deuil et leur dire au revoir une dernière fois. Alors que le lutin allait connaître un choc certain, des vents furieux se levèrent et vinrent balayer toute la plaine, Bidouille en fut toute retournée et le voyageur dut s'agenouiller pour résister à ces vents violents. Une main faite de vent accueillit le lutin comme s'il venait de tomber dans du coton doux et moelleux.

Le voyageur ouvrit et ferma les yeux à plusieurs reprises avant de constater les faits. Il se pinça même une fois la main pour être sûr de ne pas rêver. Une poignée de sylphes entouraient le lutin et dévisageaient le voyageur avec des airs de psychopathes furieux, pour peu qu'un psychopathe fut capable de ressentir quelque émotion. Eucalyptus, lui, était posé sur le sol, vivant, ses petites tresses ballotaient dans l'oeil de ce cyclone improvisé et il arborait un sourire ébahi et fatigué. Voyant que le lutin n'était pas en danger, les sylphes repartirent bientôt mais plus calmement cette fois-ci. Une d'elles tapota même la tête du lutin comme une bonne mère, satisfaite de voir que tout allait bien. Eucalyptus s'agenouilla, transpirant puis s'écroula au sol en riant comme un fou. Le voyageur s'approcha du lutin et lui demanda si tout allait bien. Eucalyptus lui répondit qu'il venait d'expérimenter un sort de haute protection et le voyageur se mit à rire plus par réflexe que par pure envie. Il venait d'avoir la plus grosse peur de sa vie...

>> Le Gousset d'Ecume

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Mar 13 Sep 2011 15:23 
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Je continue de courir, jusqu'au moment ou la grande cité de Kendra Kâr n'est plus visible. Je ne sais pas vraiment pendant combien de temps j'ai couru, mais je suis épuisé, je peine à reprendre ma respiration, pourtant, je ne dois pas rester là, à découvert. Je sais qu'ils vont revenir, qu'ils vont continuer de me poursuivre.

Le soleil a depuis longtemps déjà entamé sa longue descente de ne va pas tarder à disparaitre derrière l'horizon, alors que plus loin, j’aperçois une forêt...Me voilà de retour dans le passé. Je vais devoir me cacher, fuir, me battre, survivre. Je pensais en avoir en partie fini avec tout ça et surtout, je pensai vraiment être capable de tenir l'une de mes résolutions: Vaincre mes peurs. Si Ezak me voyait, il se mettrait surement en rogne, vociférant que je suis pitoyable et ridicule, que je ne sers à rien et il aurait raison. Mais je ne sais pas quoi faire d'autre, la peur guide mes actes et je n'arrive pas à lutter, je n'arrive pas à contenir mes craintes, à reprendre courage, pourtant, au fond de moi, je sais qu'il le faut.

Au loin, deux silhouettes sombres se dessinent, les revoilà. Instinctivement, je fonce en direction de la forêt. Si je veux être tranquille, je dois me débarrasser de ces deux tueurs, mais je ne peux pas me battre de front, je dois être agile, malin, furtif, comme tout bon archer qui se respecte. Ils sont encore loin et ne m'ont pas encore repéré. Tout en avançant, je fouille dans mon carquois et j'en sors une fiole de fluide. L'absorber maintenant est dangereux au vu des effets secondaires, mais j'ai besoin de toute la puissance possible pour lutter, je ne peux pas me permettre de perdre, je ne peux pas me permettre de mourir. Pas maintenant. d'une traite, je vide le contenu de la fiole et presque immédiatement, une violente douleur perfore ma tête, puis mon corps tout entier. Je m'effondre sous le choc et tente de ramper.Même si c'est lentement, je dois avancer, je dois perdre le moins d'avance possible. Comme la dernière fois, tout devient blanc et j'avance à l'aveuglette jusqu'à ce qu'encore une fois, la douleur laisse place à une agréable sensation de chaleur.

Je ne suis plus qu'à quelques mètres de la lisière de la forêt et alors que je me relève, j'entends au loin "Le voilà!". Les choses sérieuses vont commencer.

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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Mar 6 Déc 2011 21:00 
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Oui, j’étais prêt à apprendre et peut-être même à donner le meilleur de moi-même. Je suivais Odomar, attentif et soupçonneux. Je ne voyais pas pour quelles véritables raisons il m’emmenait hors de Kendra-Kâr et mes jambes, mon corps tout entier, étaient tendus de sorte que si ces considérations étaient obscures, je puisse bondir et fuir. Je n’étais d’ailleurs bon qu’à détaler comme un lapin. Peut-être était-ce là l’unique faculté qui m’avait sauvé la vie.

Les chemins boueux quittaient les dernières maisons accolées au flan de la cité et séchaient au fur et à mesure que nous les parcourions. La route ne fut pas longue mais néanmoins assez pour que je puisse apprécier différents paysages : urbains, champêtres et naturels. Nous avions traversé plusieurs corps de ferme quand, me désignant du doigt la plaine qui nous précédait, Odomar me dit :

« -C’est ici qu’a lieu le point de rendez-vous. »

Décidemment, je ne voyais pas où il voulait en venir, toutefois je hochai de la tête.

« -Détend-toi petit ! Profite du cadre ! N’as-tu jamais vu une aussi belle plaine ?
-Non, mais peut-être l’est-elle trop. »
Son égo importuné, il détourna les yeux par mépris et accéléra le pas, me laissant sur place. Je dus trottiner pour le rattraper, sautillant presque parmi les hautes fleurs qui caressaient mon ventre et compliquaient mon passage. Tout était de rouge, vert, orange et rose. Ce magnifique tableau eut mérité d’être peint et les odeurs capturées dans un flacon. Ce champ de fleurs sauvages et les rayons du soleil qui perçaient implacablement le ciel donnaient à l’atmosphère un air bucolique et j’aurais adoré m’y assoir, surveillant les moutons qui y paîtraient. Seulement je n’étais pas venu là tout seul et je ne portais ni le bâton ni la casquette.

« -Je voudrais te faire rencontrer quelqu’un Will. Quelqu’un qui puisse t’aider mieux que moi. » D’un geste souple de la main il me présenta une silhouette de dos, aux larges épaules que trahissait une fine musculature.
« - Ranan, je te présente Will, rencontré à la Taverne. »

L’ombre en question se retourna, le visage dur. Quelle ne fut pas ma surprise quand je me rendis compte que Ranan, dont j’avais entendu les exploits guerriers, n’était autre qu’une femme. Même de dos, avec sa musculature je l’avais prise pour un homme. Rouge de gêne et de honte, je baissai les yeux et fixai mes pieds que je ne distinguais même plus parmi l’amas de fleurs.

« -Will, voici Ranan, c’est une vieille amie de Darhàm, comme tu as pu le comprendre.
-Enchantée, mais qui est-ce ? » Chuchota la concernée d’un ton peu enthousiaste, comme en aparté. Si son intention était d’être discrète, c’était tout bonnement raté. Ma présence n’avait donc pas été prévue et était encore moins estimée. Je fis comme si je n’avais rien entendu mais mon menton relevé et mon air hautain dénoncèrent mon agacement.

« - Ce petit a besoin d’aide. Il ne sait ni se battre, ni se défendre.
-Alors il ne m’intéresse pas, je n’ai que faire des petites gens et suis assez occupée pour ne pas vouloir changer des couches.
-Tu te trompes, il court merveilleusement bien ! Ses pieds le mènent plus loin qu’on ne le croirait, il a d’ailleurs presque été jusque Shory !
- Presque, donc pas tout à fait. » Elle se mit à mastiquer la sucrerie qu’elle venait de sortir de sa poche et je trouvai parfaitement malvenu et déplacé de succomber ainsi au plaisir du caramel tout en me comparant, moi, à quelque nouveau-né malpropre.
« - Tu me déçois Ranan, je te rappelle que nous n’étions pas plus haut que lui quand Erlur nous a pris sous ses ailes en apprentissage. Tu es dure avec lui », tenta Odomar. Mais Ranan ne cilla pas.

« -Allons petit, je te ramène à Kendra-Kâr. Je suis désolé pour toi, » ajouta-t-il comme si j’avais, cette nuit, requis son aide et qu’il m’avait promis de m’épauler.

Nous fîmes alors demi-tour dans l’espoir que Ranan héla après nous. C’est ce qu’elle fit presque sur le champ, levant le bras pour solliciter notre retour :
« -Attends Odomar ! Je vais voir ce que je peux faire. Mais quand allons-nous nous entraîner alors ? N’était-ce pas ce qui était prévu ? Personne n’est là en plus. » Sa voix s’était faite plus douce, presque mielleuse, en tout cas plus suppliante et on sentait là son âme de femme.
« -Si, ça l’est toujours, mais voyons d’abord ce qu’on peut faire pour lui.
-Je n’ai rien demandé. » Cinglai-je, irrité qu’on parle de moi ainsi et qu’on me traite comme un enfant alors que je me trouvais debout, devant eux.

Interloquée Ranan demanda des explications à Odomar quant à ma présence. Je n’en attendais pas plus et tendis l’oreille, curieux de savoir ce qu’Odomar aurait à répondre :

« - Il me rappelle quelqu’un que nous avons connu. Que j’ai plus particulièrement connu. Quelqu’un que j’ai croisé ici-même, il y a de cela bien des années. Son visage enfantin ne te dit-il donc rien ? »

Ranan me scruta, encline à se remémorer de qui pouvait bien parler son compagnon, mais manifestement, rien en moi ne lui rappela qui que ce soit.

« -Mais si ! Vois comme il est intrépide et naïf ! Souviens-toi de Rose, cette jeune Hobbit dont les cheveux rendaient si bien le soleil ! » Mon cœur se mit à battre, on se souvenait d’une femme qui me ressemblait manifestement en tout point, il y a de cela plusieurs dizaines d’années. Odomar avait-il connu ma mère ? Etait-ce bien possible ? Haletant, je me pinçai. Mais tout était possible, tout, et il se pouvait bien que ce soit n’importe quelle Hobbit ! Après tout, pour les hommes et les elfes, nous sommes tous semblables. On raconte même que les orques terrés dans les montagnes nous confondent avec ces barbus de nains.

Le temps des souvenirs passé, remis de mes émotions, je fouillais le visage de Ranan, maintenant bien résolu à écouter ce que les deux hommes avaient à me dire, prêt à exécuter tout conseil.

« -Bien. Voyons ce qu’il peut faire ce…
- Voleur ! Ajoutais-je fièrement.
- Tu n’en as pas l’allure.
-Il n’a l’allure de rien, » conclut Ranan.


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Dernière édition par Willow le Jeu 8 Déc 2011 14:06, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Jeu 8 Déc 2011 14:04 
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Ranan et moi eûmes une longue conversation. Je lui contai les « combats » auxquels j’avais pris part et relatai les disputes d’enfant, celles qui m’avaient valu quelques bleus suite à de petites bagarres. Elle m’écoutait avec mépris, le visage toujours froid, presque sans émotion.

« -Bien, Tu n’as donc jamais combattu. »
J’approuvai d’un hochement de la tête.

« -Alors viens, suis-nous et analyse bien notre jeu. »

C’est ce que je fis alors qu’Odomar et elle prenaient déjà place au centre de la plaine. Odomar posa ses armes à terre, ôta son lourd manteau de cuir et se campa sur ses pieds, dans une solide position qui lui assurait stabilité et leva les poings. Ranan était déjà prête à frapper, elle avait fait craquer sa nuque et sautillait d’avant en arrière, avec une attitude intimidante. Je m’assis sur le manteau d’Odomar qui avait tassé les fleurs sous son poids, me donnant ainsi un large point de vu et respirai fort, impatient que le combat commence. L’atmosphère était tendue à tel point que s’en était palpable. Leur dignité à chacun était mise en jeu et ils semblaient tous deux compétitifs. Si j’avais eu à parier, c’eût été sans hésiter sur Ranan : sa silhouette féline et gracile semblait répondre à toutes ses attentes et se mouvoir sans effort. Elle devait maitriser son corps avec merveille et perfection, du moins, c’est ce qu’elle donnait à voir. Odomar ressemblait quant à lui plus à un gros roc passif que les muscles défendraient contre tout. Ranan s’approcha. Elle sautillait toujours d’avant en arrière mais s’approchait furtivement et délicatement de son adversaire. Quand la distance fut réduite à un mètre, elle frappa violemment le kendran à l’abdomen. Il tenta de réprimer un toussotement, signe qu’il avait été touché à un point faible, son foie d’après moi. Ranan recommença mais lui assena cette fois-ci un coup de pied en pleine tête qui, de mon point de vue, eut le même effet qu’une massue.

C’est à ce moment que tout accéléra, l’échange s’ouvrit, l’affrontement démarra réellement. Tout allait si vite que que si je voulais saisir chaque geste et le comprendre, je devais plisser les yeux : un coup d’avant bras au rattachement de l’épaule, un dans le creux de l’aisselle, d’autres près de l’aine, à la cheville et aux poignets. Tout s’enchainait comme l’eût fait la chorégraphie de fête chez un Hobbit. Question rapidité, c’était Ranan qui avait le dessus : elle répétait les coups portés avec vélocité et précision, pour autant, Odomar ne dénotait pas, il attaquait mois fréquemment, certes, mais ses offensives étaient bien plus féroces et puissantes. Cela continua plusieurs minutes et mon visage commença à se crisper à chaque coup porté. Je me surpris même à chuchoter comme un parieur : « -Allez ! Allez ! Ne te laisse pas faire » sans vraiment savoir pour qui je parlais.

Ranan, plus agile qu’une chatte, sauta dans les airs et rossa avec brutalité Odomar qui sous son coup de pied ravageur perdit l’équilibre et chuta en arrière. Ranan atterrit assis sur son ventre, posa ses mains sur son cou comme pour l’étouffer, puis son agressivité passée, lui sourit, riant presque d’avoir eu le dessus sur son compagnon. Toujours prête à étouffer Odomar, elle tourna son visage rouge d’effort vers moi :

« -Moralité ?
- L’agilité vaut mieux que la force ? Risquais-je.
- C’est presque ça. Mais retiens surtout qu’il faut analyser ton ennemi avant de l’attaquer.
- Et parader ?
- Dans le cas d’Odomar, oui. C’est une force brute, dit-elle en relâchant sa prise et se relevant. Je sais qu’il est plus déstabilisé par ma parade qu’agacé par elle. Si cela l’irritait, ce serait mauvais pour moi.
- Quand on est plus fort et plus imposant, reprit Odomar, il faut ne pas ciller et rester calme, garder ses forces et jouer du regard pour impressionner. Beaucoup, alors qu’ils comptaient me piller, ont reculé à mon seul dur regard. Te frotterais-tu à un ours petit ?
- Non, soufflais-je, convaincu.
- Moi non plus, rit-il.
- Sérieusement, tu n’es pas fort petit, combien même tu te musclerais avec ardeur et régularité, ta taille ne te ferait ressemblait qu’à un vulgaire bulldog. Autant dire que cela fait plus rire qu’autre chose. Puisque, d’après Odomar, tu es vaillant et plutôt endurant, il te faudra travailler comme moi, encore que, tu devras être encore plus analytique et rusé. »

« -Nous ne faisons pas la même taille, ajouta-t-elle avec évidence. Je te propose alors de t’apprendre aujourd’hui une première attaque. Il est bien de savoir courir, mais, pour reprendre l’exemple d’Odomar, un Grizzli court aussi vite qu’un cheval de course au galop et est plus endurant que le meilleur des poneys, la croute de ses pieds est aussi épaisse que les écaille d’un crocodile, tu ne saurais pas lui échapper. Il grimpe aux arbres, tu ne peux donc pas t’y réfugier. Aussi si tu le frappe à la tête, il déchiquette ta chair en plusieurs morceaux tant ses dents sont longues et effilés. Et je ne te parle même pas de ses griffes. Il te faudra alors être rusé, porter une arme et savoir l’utiliser aux endroits stratégiques comme derrière l’oreille ou sous les aisselles. Ce n’est pas très compliqué mais il faut savoir sauter et être agile. »

C’était effrayant. Je n’avais jamais vu d’ours que dans les livres et même jamais entendu parler de Grizzli. Pourvu que je n’en croise jamais ! Car si pour Ranan il n’était pas compliqué d’abattre un ours, sa vue m’en ferait juste tourner de l’œil !

« - Que penses-tu du sacrifice ? interrogea-t-elle Odomar.
- C’est bien si tu veux qu’il s’empale ! C’est trop dangereux pour lui. Que dis-tu de lui apprendre à mordre ?
- Les Hobbits préfèrent les gâteaux et le thé à la viande à ce qu’on dit. Je ne pense pas que sa petite bouche puisse mordre avec férocité quoi que ce soit. Kata du tigre alors ? Au moins cela coïnciderait-il avec ce que nous venons de lui enseigner si nous considérons qu’il en a retenu quelque chose. »

Ranan me méprisait vraiment. Je ne sais pas si c’était le fait de ma présence qui l’importunait ou plutôt du fait de ma condition d’Hobbit, mais je trouvais fort désagréable tout ce qu’elle pouvait dire. J’étais un Hobbit, certes, mais j’avais tout de même eu le courage de quitter mon trou et de partir chercher ma mère ! Combien de Hobbit auraient-ils fait ça ? Même sur la route de Shory je n’en avais pas croisé un seul, à croire que j’étais bel et bien le seul Hobbit fou de toute Nirtim ! Je toussai alors, lui rappelant que j’entendais les vilaines choses qu’ils échangeaient à mon égard. Presque irrité j’ajoutai même :

« - Je ne suis peut-être pas grand, mais je ne suis pas stupide. J’ai su répondre à vos questions.
- Va pour Kata du Tigre, » dit-elle comme si elle ne m’avait pas entendu.

Elle me fit alors signe de m’approcher et Odomar vint prendre ma place sur son manteau, frottant son épaule qui avait surement souffert du combat qu’ils s’étaient donné. Je me campai face à elle, les jambes bien tendues en V.

« -Je n’ai pas l’habitude d’enseigner quoi que ce soit à des enfants, mais je te ferais grâce de cette leçon. Kata du tigre, dit-elle avec plaisir, est une attaque que j’apprécie particulièrement. Le principe est simple : il faut frapper là où les organes sensibles se situent. Le credo n’est pas difficile à assimiler, seulement tu vas devoir apprendre à les enchainer avec célérité, et tout le monde sait qu’au plus un geste est effectué rapidement, au plus il perd d’efficacité et de rigueur. Tu vas devoir être rigoureux. Je t’en prie, touche-moi où je pourrais avoir mal. »

Je m’approchai lentement, anxieux qu’elle réponde à mes attaques et considéra la leçon comme un véritable exercice scolaire. Lentement, j’avançais mes bras vers elle et touchait tantot son ventre, au niveau de l’estomac, tantôt son épaule, près de la nuque. Je répétai ainsi plusieurs fois les gestes, changeant de mains régulièrement. Je pensai même à la mâchoire.

« -N’as-tu pas de pieds ? »

Vexé, je levai la jambe pour faire semblant de la rouer de coups de pied. Je visais surtout ses genoux et son bassin.

« -Plus haut, » cria-t-elle.

Je m’exécutai et levant ma jambe au plus haute, mais je n’arrivais toujours qu’à toucher son bassin. Voyant qu’elle s’impatientait, dans un effort presque ultime sous cette chaleur accablante, je sautais en l’air comme elle avait pu le faire tout à l’heure et amena mon pied près de son estomac. Seulement je ne la touchai pas et trébuchai lors de ma réception. J’avais bondit à une hauteur pas même supérieure à quatre-vingt centimètres et je réussis à tomber. Allongé dans les herbes, frottant mon séant douloureux, j’entendis Ranan souffler à Odomar avec désespoir :

« -Et bien, c’est pas gagné. »

Et c’était loin d’être le cas.


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Dernière édition par Willow le Jeu 8 Déc 2011 15:59, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Jeu 8 Déc 2011 15:56 
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Bien que fatigué et déçu de ma prestation, je me relevai prêt à continuer.
« - Je ne vois pas l’intérêt de continuer. Cette demi-portion ne sait pas viser plus haut que mon estomac. C’est stupide.
- Sois clémente, Ranan. Enfant, tu ne visais pas plus haut que les parties génitales de notre maître ! »

Ranan rougit à ce souvenir, gênée, et sa face sérieuse la rattrapant, reprit :

« - Bien. Recommençons mais cette fois-ci ais vraiment la volonté de me battre ! Si tu ne te donnes pas de peine, je te tuerais. Je pense que le marché est bon, allons-y. »

J’espérais sincèrement qu’elle me charriait dans le but de me motiver, malheureusement elle fondit de suite sur moi et me frappa en plein ventre d’un poing bien fermé. Le choc fut douloureux et je trébuchai en arrière. Ses yeux semblèrent emplis de rage, comme s’ils avaient la volonté de me foudroyer. Elle approcha à nouveau et me donna un coup de pied dans l’épaule. La folle allait me tuer à se rythme ! Mes os risquaient de se rompre et mes muscles de se déchirer. J’étais tout courbaturé et reprenais mon équilibre qu’elle revenait déjà sur moi. Fermant les yeux pour mieux accuser le coup, je fus surpris quand elle me tira à elle et que quelque chose se rompit dans mon nuque. Avait-elle rompu mes vertèbres ? Je rouvris les yeux comme pour constater les dégâts, seulement elle faisait juste balancer devant mes yeux l’anneau marital de mes parents.

« - Viens le chercher si tu le peux, sinon tu ne le reverras plus jamais. »

Je devins nerveux, de quel droit me prenait-elle mon anneau ? Mes mains tremblaient comme l’eurent fait celles d’une mère à qui l’on vient d’arracher son enfant. Cette bague m’était trop précieuse pour qu’on me la vole ! La fièvre me prit et je me précipitai vers elle, bien décidé à la lui reprendre. Peut-être pensait-elle que j’allais la frapper, toujours est-il qu’elle ne prévit pas que je bondisse sur elle ainsi. Je lui avais sauté au visage avec fureur mais malgré mon poids, ne réussis pas à la déstabiliser. Elle avait faillit perdre l’équilibre sous mon poids mais à la force de ses cuisses elle s’était reprise et à présent tirait sur mes vêtements pour se dégager de mon emprise. Quelque voyageur aurait rit devant cette scène, car il me faut l’avouer, elle était digne d’un numéro de cirque raté. Avec exotisme, on aurait pu dire qu’un macaque avait sauté à la tête de son dresseur, pressé d’avoir sa cacahuète. Pour m’accrocher à elle, je tirai avec maladresse sur ses cheveux. Elle se mit à couiner quand sa tresse se défit et que les fines mèches commençaient à tirer sur son crâne, les cheveux prêts à se déraciner.
Pour se débarrasser de moi, elle plongea en avant et quand nous atterrîmes à terre, je perdis la respiration sous son poids, elle m’écrasait totalement et je la lâchai, étouffant. Pour reprendre ma respiration je la poussai même des pieds. Elle se releva alors et cria :

« - Tu vas me le payer petit fou ! »

Je venais d’allumer en elle une colère noire qui allait être difficile à calmer. Je n’étais pas encore relevé qu’elle replongea sur moi comme une sauvage et d’instinct, je roulai sur le côté. En percutant le sol, elle hurla de rage. C’est alors qu’Odomar, dont le sang était bien plus froid, se leva, sentant que les choses allaient peut-être mal tourner. Avant que Ranan ait le temps de se relever, il s’assit sur elle et lui souffla dans l’oreille quelques mots qui n’eurent pas beaucoup d’effet.

« - Il m’a pris en traitre ! Rugissait-elle.
- Non, il t’a eu. Ne lui as-tu pas demandé d’être rusé ? Il t’a surpris.
- Non, je lui ai demandé de frapper ! Pas de me tirer les cheveux !
- Calme-toi ! On dirait une gamine de cinq ans ! Où est ta patience et ta maîtrise de toi ? Est-ce ce que Girnel nous a enseigné ? »

A ce nom la face rageuse de Ranan se mua en une expression figée, presque abattue. Je vis à la façon dont ses gros doigts s’enfoncèrent dans ses bras maigres qu’Odomar pressa encore un peu ses poignets pour la ramener au calme. Il finit par se relever, et alors que j’étais tout haletant, Ranan s’excusa.

« - Es-tu capable de reprendre la leçon petit Hobbit ?
- Oui, soufflais-je, pas tout à fait remis de mes émotions.
- Et toi Ranan ? »

L’humaine acquiesça. Probablement voulait-elle faire plaisir à son ami, mais j’aurais plutôt tendance à dire qu’elle le fit pour lui prouver qu’elle pouvait rester plus impassible face à ce que je pouvais faire. Bien qu’effrayé par ce qui venait se passer, je dois avouer que j’étais très fier de l’avoir mis dans une telle colère. Moi, le soi-disant petit Hobbit à l’allure inexistante avait secoué le sang-froid d’une adversaire connue pour son agilité et son esprit analytique. N’était-ce pas merveilleux ? Je dus sourire puisque d’un air sévère, Odomar me rappela que sans son aide je serais déjà mort. Et il avait raison, je n’aurais jamais su lui infliger plus grande peine que de lui tirer les cheveux ou la mordre comme un bambin. Refroidissant mon égo lui aussi échauffé, je raclai le fond de ma gorge.

« - Qu’il n’oublie pas que j’ai été bonne avec lui, blâma Ranan.
- Il ne l’oubliera pas. »

Odomar ne rejoignit pas son fauteuil improvisé et resta à proximité de nous, prêt à agir en cas de problème. Bien que nous fussions tout transpirants, Ranan et moi nous serrâmes la main en guise de pardon, à la fois demandé et offert.

Nos échanges reprirent et je notai que Ranan avait gardé mon pendentif en main. Elle me laissait l’assaillir de coup sans rien dire. Quand j’accélérai la cadence et que les coups devinrent plus forts, je vis qu’elle dut contracter ses muscles. Peut-être n’étais-je pas si mauvais ? Je frappai principalement aux mêmes endroits que plus tôt dans la matinée et tentai parfois de la frapper ailleurs. Le calme revenu sous le soleil à son zénith elle me dit :

« - Quels sont les points sensibles d’un homme ? »

Continuant à m’entraîner sur elle comme si elle avait été un épouvantail d’entrainement, je lui répondis que c’étaient les parties, la gorge, les aisselles et les chevilles. Elle ne dit rien et me demanda quels étaient ceux des femmes. J’eus plus de mal à répondre à cette question, ne me voyant tout bonnement pas me battre contre une fille. Néanmoins je dis :

« - Les poignets, l’intimité, les aisselles et … je n’osai pas le dire … Les cheveux ? »

Elle acquiesça avec un air de déshonorée et ajouta même :

« - N’oublie pas la poitrine. C’est vilain, certes, mais ça ne marche que trop bien dans les cas critiques. Dieu merci tu n’y as pas pensé. »

Je rougis, moi aussi heureux que cela ne m’ait pas effleuré l’esprit. Nous fîmes une pause, soucieux de prendre une pause. Je faillis même m’endormir, étant extrêmement fatigué. Je n’avais pas dormi de la nuit et m’entrainer sous un soleil de plomb avait été exténuant. Sous cette chaleur les fleurs dégageaient des effluves bien différents les unes des autres et il était fort gai d’être allongé parmi elles. L’après-midi était déjà bien entamée quand Ranan proposa que je lui montre ce que j’avais appris tout au long de cette journée.

« - Attaque-moi, je resterais passive. Frappe mes organes, frappe aux points faibles. »
C’est ainsi que j’enchainais plusieurs séries de coups que je tentais de ne pas porter trop forts.
« - Concentre-toi. »
Estomac, bas-ventre, genoux, parfois même aisselles et poitrine, je me donnais à fond et réussissait manifestement à viser avec précision puisque, poursuivant, elle finit par étouffer quelques manifestations de douleur et contractais, je le voyais, de plus en plus fort son corps pour ne pas trop souffrir de mes assauts. Je finis par arrêter, lassé de répéter les mêmes gestes et de lui faire mal bien qu’elle ne devait pas vraiment souffrir.

« - Qu’en penses-tu Odomar ? Pour moi, il a compris ce qu’il fallait faire. Il maîtrise le kata.
- Je pense bien que oui. »

Se retournant vers moi, Ranan me congratula d’un :

« - Félicitations. Tu maitrises l’attaque Kata du Tigre. Es-tu satisfait ?
- Oui.
- Bien, nous allons devoir te laisser alors. Ce n’est pas que ta compagnie m’importune, quoi que presque, mais Odomar et moi avons chose à faire avant que la nuit ne tombe et je pense que tu as besoin d’un bon bain n’est-ce pas ?
- Si, bien sûr. Merci. »

Ranan ne nota même pas mon témoignage et ramassa ses affaires. Alors qu’elle me serrait la main, Odomar lui dit :

« - Rend à ce pauvre garçon son anneau. Je suis désolé que ta chaîne soit cassée. ajouta-t-il d’un ton compatissant.
- Ce que vous venez de m’enseigner vaut bien plus que toutes les chaînes et je vous remercie pour votre attention.
- Je me sentais le besoin de te proposer notre aide. Tu ne me rappelle que trop cette jeune Hobbit que j’ai rencontré il y a des années, Rose. Peut-être n’as-tu aucun lien de parenté avec elle mais il fallait que je le fasse. Avec ce que Ranan vient de t’apprendre, tu vas vite progresser et tu peux désormais te défendre. Excuse sa fureur de tout à l’heure, mais tu as fait ressurgir en elle de mauvais souvenirs datant de son enfance. Ne t’en veux pas pour ça, grand bien lui en fasse, elle sera moins impulsive la prochaine fois.
- Où pourrais-je vous retrouver ? Questionnais-je Odomar qui renfilait son manteau.
- Si besoin est et que je ne suis pas moi-même à la taverne, demande à Peter Rhel, le tavernier. C’est un bon ami, je le considère comme un proche cousin et il pourrait t’aider. Ce sera un plaisir de te revoir petit Hobbit ! Que puis-je te souhaiter pour la suite de tes aventures ?
- Vous pourriez me souhaiter que les poils de mes pieds ne tombent jamais ! souriai-je.
- Que les poils de tes pieds ne tombent jamais petit ! »

Il me salua de la main, hocha la tête en guise d’au-revoir et s’éloigna vers l’est où le soleil tombait déjà. J’étais heureux de ma rencontre et malgré les courbatures et mes muscles tout tendus sous l’effort, je me sentais plus fort que jamais. Quand les deux compagnons ne furent plus qu’une tâche à l’horizon, je tournai les talons et partait vers le Nord, en direction du lac de Hynim, désireux de me séparer de la croute épaisse de sueur qui avait recouvert mon dos.


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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Ven 18 Mai 2012 15:41 
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Prologue - Une découverte salvatrice


( Il faut courir, courir ou mourir ! Il faut courir, pour ne pas mourir ! ) Se répétait frénétiquement Zniitch, totalement paniqué.

Le gobelin filait à toutes jambes à travers une plaine qu'on lui avait présenté sous le nom de "champs des calices roses" dans le passé, un nom qui venait des innombrables fleurs qui les parsemaient.
Mais à présent, ces grandes fleurs ainsi que les hautes herbes, qui recouvraient tout l'endroit et qui lui arrivaient jusqu'à la taille, le ralentissait considérablement et le rapprochait toujours plus de l’effrayante menace qui courait derrière lui.

Il jeta un bref regard paniqué dans son dos, juste assez longtemps pour apercevoir la végétation qui s'agitait bruyamment dans son sillage, accompagnée d'une série de cris aigus et bestiaux. La bête n'était plus bien loin. La mort, elle, était proche, très proche. Trop proche pour Zniitch qui avait toujours aspiré à devenir un gobelin reconnu, riche et glorieux, tout en haut de la chaîne alimentaire.
( Nom d'un garzok, pas comme ça ! )

Sentant la fin approcher, les petits yeux du gobelins étaient survoltés : regardant dans toutes les directions, ils tentaient désespérément de trouver une échappatoire à la situation dans laquelle il s'était fourré. Une quelconque porte de sortie, un potentiel allié, ou même un miracle ! ... n'importe quoi qui lui aurait permit de garder la vie sauve.

Mais il n'en eut pas le temps. Alors qu'il détallait à toute vitesse, il sentit un violent choc au niveau de sa cheville gauche, si violent qu'il trébucha et tomba au sol dans un tintement métallique. Il se retourna alors précipitamment, certain d'avoir été saisit par la créature qui allait le dévorer ... Mais il n'en était rien : il avait simplement trébuché sur un curieux objet qui dépassait du sol terreux. Cependant, son pourchassant n'était plus qu'à quelques mètres de sa position, une distance qu'il franchirait aisément en une poignée de secondes. Si Zniitch ne se dépêchait pas, cette chute allait lui être fatale.
Et pourtant, en tant que bon gobelin, il prit le risque de s'attarder sur l'objet qui l'avait fait tomber et qui avait produit ce bruit de ferraille. De forme allongée, il dépassait d'une trentaine de centimètres du sol et était empêtré de tiges et de racines. A genoux, Zniitch tendit alors sa main et s'en saisit, se rendant compte que cette chose était fine et marquée de multiples gravures sur toute sa surface apparente.

Le coupant dans son élan, les tiges qui lui faisaient face se mirent à bouger. Elles allaient s'écarter d'un moment à l'autre, laissant apparaitre la terrifiante bête.
Renforçant alors sa poigne sur ce qu'il avait attrapé, Zniitch tira de toutes ses forces. A sa grande surprise, sa prise céda sans mal et dans un sublime sifflement éclatant.

« Par Ter Zignok ... » Laissa tomber le gobelin, à voix haute, alors que ses yeux s'étaient écarquillés devant ce qu'il tenait en main.

L'objet qui l'avait fait trébucher n'était autre qu'un fourreau. Et ce qu'il en avait tiré était le katana qu'il renfermait. Une splendide arme, longue et fine, légèrement courbée à sa pointe et dont la lame étincelait à la lueur du soleil.

Mais Zniitch n'eut pas le loisir de la contempler plus longtemps, ni de se poser de quelconques questions à son sujet, que le monstre à sa poursuite apparut soudainement, déchiquetant les tiges sur son passage. Ses quatre pattes griffues se stoppèrent à moins d'un mètre du gobelin, alors que ses yeux rougeâtres lançaient des éclairs et que se gueule garnie de deux longs crocs laissait échapper un filet de bave. Sa longue fourrure d'un blanc immaculé couvrant la totalité de son corps à l'exception de ses longues oreilles pointues et son cou garni de piquants, l'énorme ratissa, cousin du rat, était prêt à bondir, du haut de ses quatre-vingt centimètres de long !

Il y avait plusieurs minutes de cela, le gobelin était affairé à pourchasser, à l'aide de son couteau, de gros rats des champs dans leurs terriers, à l'orée de la forêt du Nord de Kendra Kâr. Il faisait ça à la fois pour se nourrir mais aussi pour s'entrainer, et devenir un jour un combattant hors pairs. Mais le monstrueux rat qui se tenait en face de lui, bien disposé à le dévorer, s'était montré trop puissant pour son simple couteau et il avait été contraint de prendre la fuite.
Cependant, maintenant que Zniitch tenait une véritable arme entre ses mains aux ongles aussi longs que des griffes, l'ordre alimentaire entre les deux rivaux était inversés, à l'avantage du gobelin.

Ainsi, instinctivement, il attrapa le manche de l'arme à deux mains et fendit maladroitement l'air qui le séparait de la bête, qui n'eut d'autre choix que de faire un pas en arrière avant de se ruer sur sa proie. Zniitch repéra alors une faille dans la défense - inexistante, avouons-le - de son assaillant et frappa d'un rapide coup de taille, avant de se jeter au sol pour se mettre à l'abri.
L'attaque toucha le ratissa et la lame effilée tailla aisément dans sa chair, laissant échapper un filet de sang et un couinement strident. L'animal s'écroula aux côtés du gobelin et se releva avec peine, tremblant et chancelant. Il se tourna une dernière fois vers le gobelin, lui adressa un grognement étouffé, puis pris ses pattes à son cou en détalant au milieu des hautes herbes.

Toujours debout, le cœur battant la chamade, Zniitch regarda l'imposant rat blanc s'en aller en boitant pour finalement disparaitre de son champ de vision. Il posa alors son regard sur le sabre à la lame lisse et en parfait état qu'il serrait encore fermement, et sur laquelle dégoulinait un filet de sang crasseux.
Mesurant toutes les implications de sa nouvelle et imprévue acquisition, le gobelin nettoya le tranchant du katana à l'aide d'un pan de sa chemise usée, laissant apparaitre un peu plus la beauté de la lame étincelante.
Il se dirigea ensuite vers le fourreau qu'il avait vu dépasser du sol et usa de toutes ses forces pour l'extraire de la terre, arrachant diverses racines, tiges grimpantes, fleurs et ... ( Une main ?! ) Constata le gobelin avec étonnement en déterrant, agrippé au fourreau de sa nouvelle arme, une main squelettique qui se détacha et tomba au sol dans un craquement immonde.

Le fourreau récupéré, Zniitch put s'occuper de le nettoyer sur le chemin du retour, admirant ainsi les splendides et minutieuses gravures qui ornaient toute sa longueur, sous la terre et les résidus de végétation.
Il entreprit également de se poser des questions quant à l'origine et le passé de ce splendide sabre et de son possesseur qui semblait être mort à même le "champs des calices roses" il y de là bien longtemps ...

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 Sujet du message: Re: Les plaines des calices roses
MessagePosté: Lun 23 Sep 2013 00:05 
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Inscription: Jeu 19 Sep 2013 09:47
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précédemment

Quitter les terres cultivées ne fut pas très long et il était encore tôt quand Samuel pénétra dans les plaines des calices roses. Le temps étant au beau fixe, l’archer s’arrêtait souvent pour respirer les fleurs, faire la sieste ou simplement manger un morceau ; trouver de la nourriture n’était pas très difficile puisqu’il suffisait de tirer une flèche sur les boules de poils bleues à l’air ahuri qui batifolaient dans les hautes herbes et les fleurs.

Le premier jour dans ces contrées s’écoula donc ainsi, ce qui donna à Samuel tout le temps de profiter de sa nouvelle liberté. Il marchait en contemplant une fleur qu’il venait de cueillir quand cette idée frappa réellement sa conscience. Il s’allongea donc dans l’herbe, attacha la petite fleur rouge à sa boutonnière, mit les mains derrière la tête et, son arc posé à côté de lui, se dit, en regardant les nuages rougis par le soleil couchant :

-Libre…et pour la première fois peut-être…pas de responsabilités ou d’obligations…personne ne m’attend…je peux même rêver toute la journée si l’envie m’en prend…Je crois que je pourrais rester ici, sans bouger, pour l’éternité…

Ce qu’il fit. Enfin, pas pour l’éternité, mais jusqu’au lendemain matin, quand il ressentit le froid qui précède l’aube naissante. Toutefois, il y avait autre chose, quelque chose de plus que le froid ; une sorte de malaise qui le força à aller de l’avant. Pourtant, il était sûr d’avoir raison, d’avoir trouvé la liberté et que c’était la seule manière de vivre valable…alors qu’est ce qui clochait ? Pourquoi un tel malaise ? Il se remit en route en se promettant d’y réfléchir ou, au moins, d’en parler à son oncle.

-Mais tout de même…pourquoi ce besoin soudain de partir alors que j’étais si bien ?

Son malaise se dissipa toutefois assez rapidement et Samuel reprit la route en contemplant la nature, le ciel et les animaux quand, traversant un champ de fleurs, il trébucha soudain sur un corps. L’archer s’arrêta pour regarder de plus prêt la victime d’un des nombreux duels qui avaient lieux dans la région:

-Quelle idée de venir s’entretuer dans un endroit aussi beau…

Le corps remua et l’homme fit un effort terrible pour se redresser et s’asseoir. Il portait une armure brisée, une épée gisait non loin et de nombreuses blessures couvraient son corps.

-Je ne suis pas encore mort, mais je ne vois pas de meilleur endroit pour le faire.
-En effet, c’est magnifique…mais pas pour se battre…et puis tu ne vas pas mourir ici.
-Nous verrons.
-Quoi, tu penses que je pourrais abandonner un homme mourant à son sort sans réagir ?
-Je ne sais pas de quoi vous êtes capable, je ne vous connais pas.
-Pas faux l’ami…mais sache que tu es bien tombé, je vais faire mon possible pour t’aider.
-Je ne suis pas sûr que vous en soyez capable.

Samuel examina les blessures du paladin :
-Aucune de tes blessure n’est mortelle. En fait, je pense que tu pourrais même t’en sortir seul.
-Si je l’avais voulu, je l’aurais fait…Mais je vous demande une autre sorte d’aide.
-Dis toujours…
-Achèvez-moi !
-C’est une blague ?
-Non, je veux mourir…en fait, je le dois …

L’archer se gratta la tête :
-Tu es peut-être plus touché que ce que je pensais…tu as du perdre beaucoup de sang et tu n’as plus les idées claires.
-Au contraire…ne m’obligez pas à vous implorer…rendez-moi ce service…
-Pourquoi vouloir mourir alors que tu as la chance d’avoir survécu à ton combat…
-Mon adversaire m’a laissé en vie pour me rabaisser, pour m’ôter la seule chose qui comptait à mes yeux…
-Et c’était ?
-Mon honneur. Nous nous étions engagés…j’ai perdu…il aurait du me tuer...
-Allons l’ami, tu as perdu un combat et après ? Tu n’as qu’à retrouver ton ennemi et le battre…
-Impossible…
-Nul n’est invincible, entraîne-toi et venge toi si cela te perturbe autant…
-Vous ne comprenez pas…ce n’était pas mon ennemi…et je ne veux pas sa mort.
-Décidément, vous autres paladins êtes bien atteints, mais raconte toujours.

Samuel s’assit en face du blessé qui lui raconta :
- J’ai enfreint le code et fait preuve de présomption, j’ai échoué à défendre les faibles en cédant à la colère. Notre duel devait décider de ma culpabilité, j’ai perdu, je ne mérite plus de servir Gaïa.
-Alors ne la sert plus, vis pour ton compte, profite de la beauté des fleurs, marche, mange, dors, chante, joue, aime!
-Tu es trop jeune pour comprendre…
-Trop jeune ? Qui, de nous deux est le plus fou et le plus idéaliste…
-Ce n’est pas ce que je voulais dire et puis, à t’entendre, nous le sommes autant l’un que l’autre. Rassure-toi, ce n’est pas un mal ; c’est même absolument nécessaire. La différence, c’est que tu ne penses, pour l’instant, qu’à ton propre bien être…
-Quel mal à ça ?
-Aucun…la majorité des hommes s’en contente de la naissance à la mort. Mais toi et moi sommes des rêveurs : il nous faut un but, un rêve…des illusions ? Sans cela, la vie ne vaut pas d’être vécue.
-Je passe beaucoup de temps à rêver !
-Je n’en doute pas, mais dis moi, qui tes rêves concernent-ils, quel est ton but, pour quoi, pour qui fais-tu ce que tu fais ?

Samuel baissa les yeux et fut repris par son sentiment de malaise, ce qui l’empêcha de répondre.
-Pour toi n’est-ce pas ? Et tu ressens parfois un grand vide…je me trompe ?
-Je…
-Je sais tout ça…j’étais comme toi étant jeune. Ne t’inquiète pas, tu finiras par comprendre - si Gaïa le veut. Tu pourras alors accomplir de grandes choses.
-Et finir par pourrir dans un champ ?
-Pas forcément. Je suis ici parce que j’ai dévié de ma route. Ce n’est pas un chemin facile, mais il peut t’apporter du bonheur, de grandes joies, quel que soit le but que tu te fixes.
-Et si je refuse et si j’échoue, si je me trompe de voie ?
-Ha ha ha…aïe !

Le paladin porta la main à l’une de ses blessure :
-Beaucoup de questions pour quelqu’un qui s’en fiche…Mais je ne possède pas les réponses. A l’exception d’une seule : si tu ne trouves pas un but et que tu ne t’y accroche pas mieux que je ne l’ai fait, tu le regretteras, tôt ou tard, que ce soit dans un champ à la suite d’un duel ou sur ton lit de mort : vieux, seul, fatigué et plein de regrets...Pars à présent, cherche ta voie, laisse moi me recueillir, demander pardon à Gaïa et pleurer une dernière fois avant de…
-Vous ne voulez plus que je vous aide ?
-Non, Gaïa t’a mis sur ma route pour une autre raison. Tu ne dois pas débuter ta quête avec ma mort sur la conscience…Bonne chance mon garçon…
-Adieu

Samuel quitta le paladin mourrant avec de nouvelles questions en tête.
-Trouver un but…n’importe lequel…agir pour autre chose que soit même sous peine de mourir d’ennui, voire pire…

Il tourna une dernière fois la tête en direction du guerrier qui s’était allongé de nouveau.
-Oui, un but, mais pas celui-là…pas pour les dieux, ni pour défendre le premier inconnu venu en s’imposant un code aussi stupide…mourir pour l’honneur : quelle folie ! Le paladin aurait pu faire encore beaucoup pour ceux qu’il s’était promis de défendre si il l’avait vraiment voulu…

L’archer marcha rapidement en direction du lac de Hynim, dernier obstacle entre lui et les forêts du nord.


_________________
Personnage : Samuel
Dernières tribulations connues : Des adieux provisoires?
localisation actuelle: Nirtim - Forêt du nord kendran


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