Sur la demande d'Ezak, je ferme la porte et m'appuie sur cette dernière pour que personne ne puisse entrer aisément. L'ynorien me fait son récit non sans mal. Il me narre la terrible qu'il a vécu avec l'elfe emmerdeur qui est dans le couloir. La façon dont ils ont lutté contre un terrible nécromancien, la perte de ses compagnons, la possibilité que ce Dragon Mauve soit de retour. Il me dit tout, enfin, et j'apprécie grandement cette marque de confiance, mais voir Ezak dans un tel état pendant son discours m'étonne. Lui qui m'a déjà par deux fois ouvert les yeux, lui qui m'a permis d'avancer, de changer un peu, de devenir...un homme. J'ai du mal à supporter de le voir comme ça et maintenant, je comprends. Je comprends ce qu'il a ressenti à la taverne, après notre retour de l'île volante. Je comprends la colère qui l'a animé à ce moment. Je comprends la dureté de ses mots lourds de sens. Ca ne ressemble pas à Ezak, c'est à mon tour, à mon tour de l'aider, de le faire réagir. Je ne vais pas employer les même méthodes, mais le message sera bien là.
"Et bien! T'as le chic pour te foutre dans des situations de folie toi. Un nécromant surpuissant, une île volante pleine de dingues et maintenant une étrange prison. Mais dis toi une chose, tu t'en es toujours sorti. Tu as réussi à te débarrasser, peut-être temporairement du Dragon Mauve, on a réussi à détruire le gardien de l'île soi disant invincible. Je ne vois pas pourquoi on ne s'en sortirai pas ici aussi non ? Tu m'as aidé Ezak, j'ai réussi à vaincre mes peurs, pour tout te dire, avant de me réveiller ici, j'ai eu à faire à quelques uns de mes poursuivants, et je m'en suis débarrassé. Tu es fort Ezak et je pense l'être devenu aussi. Alors à nous deux, on va aller botter le cul de l'enfoiré qui nous a ramené ici. Dragon Mauve ou pas, il va se prendre la dérouillée de sa vie...ou plutôt de sa mort hahahaha!"
Je termine mon discours sur une petite note d'humour pour alléger l'atmosphère qui commence à être pesant dans cette cellule, et même plus généralement, dans cette prison. Ezak et moi formons un duo invincible, j'en suis persuadé et personne ne pourra se mettre en travers de notre route. Je retrouverai le bracelet de ma sort, on fera la peau à notre bourreau et on sortira d'ici vivant et encore plus fort. Mais alors que je m'apprête à continuer, ou plutôt conclure mon discours, la créature blanche et immense caresse délicatement la joue de mon ami le maitre d'arme avant de se tourner vers moi, de poser une de ses long doigts effilés sous mon menton et de lever délicatement ma tête. Je ne sais pas trop quoi penser. Cette chose agit d'une manière tendre, tout le contraire de son immonde apparence, et je ne sais pas dire si c'est une bonne chose ou non, si elle est docile ou pas. Rien, non, rien ne peut me guider pour répondre à ma question, car les yeux, miroirs de l'âme, ne sont plus. Les orbites de la créature sont obstrués par une couche de peau, comme un linceul, un "voile de mort" empêchant quiconque regarde cette bestiole de comprendre ses pensées.
"Euh...Ezak, c'est normal ça ?!"
Je ne peux demander qu'à Ezak, qui est dans cette cellule depuis un certain temps déjà. A dire vrai, je ne sais même pas si cette créature comprend notre langue, mais dans le doute...
"Bah euh...enchanté, je suis Karz"
J'ai l'impression de passer pour un fou en parlant à une telle chose, mais j'ai vu tellement de phénomènes étranges maintenant, que tente bien souvent des truc loufoques. Mais j'oublie le lupin, Ezak m'a dit que ce dernier avait un étrange pouvoir, qu'il avait des visions. Un pouvoir utile et dangereux.
"Et le lupin! Je ne sais pas de quoi tu as discuté avec Ezak, ni ce qu'il t'a dit, mais je tiens à te prévenir. Tu as un pouvoir étrange apparemment, alors si tu as vu quoi que ce soit concernant Ezak ou me concernant, n'en parle à personne, d'autres que nous. Sinon, je peux t'assurer que les souffrances que tu as pu endurer ici n'auront rien à voir avec ce que je vais te faire subir, c'est compris ?! Tu as un pouvoir incroyable, mais aussi relativement dangereux, alors fait attention, car je n'hésiterai pas si ma vie est menacée, tu es prévenu."
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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare
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