Une brusque accélération... et ce fut fini. Ils émergèrent sous un soleil ardent, quoique supportable au milieu d'un sol desséché ponctué d'herbes jaunies et de quelques arbres secs. C'était la première fois qu'Azra voyait un paysage aussi chaud et désolé. C'était à croire que cet endroit n'avait jamais rien connu d'autre que l'été et la sècheresse. Il y avait eu un été brûlant, une fois, à la ferme. Tout était jaune et racornie, et il avait pensé que Gaïa, déesse du soleil, était bien plus malveillante qu'elle n'y paraissait si elle pouvait brûler à ce point toute vie. Il semblait que le sol avait atteint la mort absolue, mais il voyait maintenant que cela pouvait être pire encore...

Plus loin, un groupe de huttes, guère que cinq ou six... on était loin des grandes cités ! Finalement, il semblait que les bannis n'étaient pas si nombreux, même à l'origine...

Karin était nerveux :

« Jesuir, patrie de ceux qui sont morts. Ça a l’air pire ici que dans toutes les légendes connues de l’Homme. Le peuple des Maudits semble avoir été totalement décimé. »

Azra sourit tout en chargeant le filet sur le dos d'Ombos :

« Quelque chose me dit que, loin du fleuve, de ses monstres, de ses poissons et de ses libellules, les homme-pâles ne se sentent pas à leur aise... »

Il monta sur le dos de son loup et entreprit de se diriger vers le village. Bon sang, ça faisait du bien de se reposer un peu les jambes. Avec un peu de chance, ils pourraient dormir dans une de ces huttes. Au moins, le voyage leur permettrait de prendre une pause tranquille, s'il n'y avait personne !

« Il ne semble pas y avoir de danger, mais restons prudent... si tu me racontais ces légendes ? »

Mais Karin affirma être plus soucieux des habitants et n'avoir guère de temps de raconter ses légendes, et en effet, voilà que surgit un véritable colosse à la peau sombre qui demanda qui ils étaient et ce qu'ils faisaient ici.

(Bon, ça se présente bien. Pas de spectres affamés nous sautant dessus, pas d'armée d'Oaxaca ayant déjà pris le contrôle des lieux mais un individu qui a l'air disposé à discuter... j'en viendrais presque à croire que cette histoire pourrait ne pas mal tourner...)

(Rendrak2 déteint sur toi...) gloussa Arek.

Voyant Karin rester en retrait, Azra leva la main en signe de salut.

« Je suis Azra, le nécromancien, et je viens voir les Ol'Toga... il paraît que certains ont des pouvoirs semblables aux miens. Il paraît aussi qu'ils ont tous disparu, mais fort heureusement, il semble que ça ne soit pas le cas ! »

Le colosse ne semblait guère heureux de les voir, menaçant quiconque chercherait à piller les tombes et le savoir de son peuple... ainsi les Ol'Toga étaient bien toujours vivants... Azra allait répondre quand un cheval ailé se matérialisa. Karin fut immédiatement sur ses gardes. Un homme en descendit, roux, masqué... un port de noble, pour ne pas dire de dandy, malgré sa tenue défraichie. Il avait l'air plutôt beau gosse, ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose :

(Tient, un gars que je déteste.)

(Laisse-lui une chance...) gloussa Arek.

(C'est un abruti, qui cache sa laideur derrière un masque. Il est prétentieux et...)

(Oulà !)

(Il est comme ça parce que JE l'ai décidé ! Bon, je lui laisse une chance de me prouver qu'il n'est pas un serviteur d'Oaxaca, c'est déjà gentil, hein ? Bon sang, j'ai pas filé pour tomber sur un deuxième Mathis !)

Puis, il se tourna vers le guerrier à peau sombre :

« Si j'étais venu piller quelque chose, je ne me serais pas présenté aussi ouvertement. Puisque votre peuple existe toujours, j'aimerais vous parler. Vous me révélerez ce que bon vous semblera de votre... savoir. »

Puis, il se tourna pour foudroyer du regard le bellâtre arrogant qui avait sans nul doute passé son enfance à arracher des pattes d'insectes pour s'amuser comme tous les petits abrutis :

« Quand à votre deuxième question, je me la pose aussi... Qui êtes-vous ? Et répondez sans omissions si vous ne voulez pas finir en hachis. »

Le temps, l'espace et l'orientation semblaient des notions tout à fait abstraites pour l'incroyable monture que le ménestrel chevauchait. Il ne sentit ni le vent, ni la lumière, ni même la température varier et de ce fait lorsqu'il quitta l'ombre fraiche des couloirs du palais de Fan Ming, il n'était pas prêt à affronter le soleil brulant et l'aridité du lieu où il allait atterrir.

L'effet fut stupéfiant, le barde venait d'apparaitre en un clin d'oeil dans un paysage désespérément vide, lumineux, chaud et sec. Tout indiquais une région du sud et le rouquin mit un certain temps à s'habituer à la luminosité. Quelques masures lui apparaissaient en plissant les yeux, disséminées en cercle dans la savane. Elles marquaient le fait qu'une civilisation était bien installé ici, ou l'avait été. Serpent était arrivé à bon port, du moins il l'espérait. Difficilement il descendit de la monture magique qui s'effaça aussi rapidement qu'elle était venue.

Un bruit d'acier que l'on dégaine et un mouvement vif, força le Kendran à tourner la tête derrière lui, anxieux, sont cœur battait la chamade. Les yeux encore plissés, une main devant son visage, il s'efforçait de distinguer la menace. Un homme dont le visage était dissimulé dans une sorte de turban ou de masque braquais sur lui un regard aussi acéré que la lame qu'il brandissait. Il était accompagné d'un petit homme habillé d'une bure noire et portant un drôle de casque osseux qui ne dissimulait pas ses traits amaigris, son teint pâle et son physique Kendran. On aurait dit un adolescent.

« Qui sont-ils ? » Tonna une voix de stentor, qui fit faire à Serpent un volte face complet. Un géant d'ébène l'observait d'un air tout ce qu'il y a de moins amical. La massive massue appuyant sa question, le ménestrel allait , dans le feu de l'action, bredouiller une réponse évasive, surpris qu'il était par la situation. Quand le Kendran sombre renchérit.

« Si j'étais venu piller quelque chose, je ne me serais pas présenté aussi ouvertement. Puisque votre peuple existe toujours, j'aimerais vous parler. Vous me révélerez ce que bon vous semblera de votre... savoir. Quand à votre deuxième question, je me la pose aussi... Qui êtes-vous ? Et répondez sans omissions si vous ne voulez pas finir en hachis. »

Cette injonction permis au ménestrel de retrouver un peu de contenance, vexé qu'il était par cette attitude inamicale de la part d'un de ses pairs. Il réajusta sa cape qui continua pourtant de flotter alors qu'aucun vent ne balayait ses steppes, tira un peu sur les manches de sa chemise élimée et répondit sur un ton calme.

«  Je suis Serpent et ce que j'ajouterais à cette réponse dépendra de la nature des sentiments que vous nourrissez à l'égard de la déesse sombre. Quand à vos menaces Sir, je ne doute pas un seul instant de vos capacités a les mettre en œuvre... » Le regard du ménestrel, enfin adapté à la luminosité ambiante, pris le temps de bien observer ses adversaires. « … Cependant, je ne désire pas me battre. Sauf si je n'en ai pas le choix ou que vous soyez des êtres sous servitude maléfique et dans ce cas je risquerais de vous donner quelques raisons supplémentaires de transpirer. » Il croisa les bras, son regard évaluait la situation comme un joueur d'échec examine un plateau de jeu. Le bâton de son interlocuteur n'inspirait pas bon augure au ménestrel.

Il tenta tout de même d'apaiser les tensions sitôt sa condition posée.

«  je ne vous veux pas de mal, à vrai dire je recherche quelques informations d'ordre pratiques qui ne vous engagerons à rien. Par ailleurs, vos nom me serait agréable à entendre. » Il sourit.

Le yuiménien se présenta sous le nom de Serpent et déclara avec politesse qu'il ne se battrait que s'ils étaient serviteurs du mal. Au moins il ne jugeait pas Azra sur ses apparences. Il rajusta sa cape, visiblement magique vu comme elle semblait flotter dans un vent inexistant, et affirma être seulement en quête de renseignements.

Difficile de crier contre quelqu'un d'aussi posé, aussi le nécromancien s'adoucit, mais ne put retenir un commentaire narquois :

« Serpent ? Ce n'est pas votre vrai nom. Pour vous je serais donc uniquement... »

(Euh... Masque de mort ?)

(Approprié à ton casque, mais j'ai peine à croire que quiconque puisse vouloir se donner un nom si ridicule.)

(Bon d'accord...)

« … le corbeau. Et puisque vous n'êtes visiblement pas aussi atrophié du bulbe qui n'y paraît, je vais même vous préciser que je suis aussi ennemi d'Oaxaca. »

Le guerrier Ol'Toga se calma à son tour. Il se présenta sous le nom de Bakal et les invita à rentrer dans une hutte pour discuter. Azra se tourna vers Karin pour demander s'il voulait les suivre, mais ce dernier assura préférer rester en retrait.

« Très bien, si tu y tiens... je te laisse la garde d'Ombos. Mais trouve un endroit à l'ombre, le soleil frappe dur, ici ! »

Puis, il suivit Bakal à l'intérieur de la hutte. Trois autres Ol'Toga se tenaient ici. Leur peau était aussi brune et bizarrement scarifiée. L'un ressemblait à Bakal mais plus vieux. Un autre, imposant, vêtu et armé d'ossements, se tenait contre le mur. Pas à dire, ces gens savaient imposer le respect ! Comme pour appuyer cette pensée, Chandakar murmura :

(Ils n'en ont peut-être pas conscience, mais ils sont tous nécromanciens jusque dans leur âme...)

Mais la confirmation la plus éclatante venait de la troisième personne présente. Une femme aux traits fins et aux riches parures, semblable à un genre de chaman qui semblait en transe et jouait de ses mains griffues avec des crânes de ténèbres. Azra resta un moment immobile à regarder cette extraordinaire danse macabre. C'était tout simplement magnifique...

Puis, se rappelant qu'il avait des hôtes, il se tourna vers les deux autres hommes et les salua :

« Merci de m'accueillir ici. Je suis Azra le corbeau, un nécromancien venu du monde de Yuimen. »

La situation se désamorça, laissant place à de brèves présentations. Le jeune homme en noir se présenta comme « le corbeau ». Prétextant que « Serpent » n’était pas un nom. Il n’avait pas tort mais souhaitant conserver mon anonymat, Le ménestrel n’allait pas donner plus d’éléments et accepta le surnom qu’il lui donna.

L’homme dont le visage était dissimulé ne dit mot, visiblement toujours suspicieux, se contentant de ranger sa lame. Le colosse, enfin détendu, invita les étrangers à le suivre dans l’une des cases de son village.

La chaleur extérieure ne s’atténuait pas sous le toit de terre, au contraire elle semblait plus moite et une odeur de sueur marquait la présence de 3 personnes, visiblement cachées ici depuis un moment. Deux guerriers, au vu de leur musculature et de leur apparence peu engageante ainsi que ce qui s’apparentait le plus à une sorcière des folklores du sud.

Cette dernière manipulait d’étranges crânes humains composés d’ombres, elle ne nous accordât pas un regard à l’inverse des deux autres mastodontes.

Le corbeau se présenta finalement comme « Azra », il ne semblait pas perturbé plus que ça par le sombre rituel qui se déroulait ici, à l’inverse de serpent qui se sentait très mal à l’aise face à ce genre d’ésotérisme morbide. L’ambiance oppressante de la case était encore alourdie par l’origine de la magie de ce peuple. Difficilement il articula :

« Salutation, Je suis Serpent » dit-il concisément, complémenté d’un signe de tête en guide de présentation aux habitants de la case. Après un instant de réflexion, il observa le guerrier aux yeux clair, un instant perturbé par la force animale qui se dégageait de son imposante stature et poursuivit. « Je suis à la recherche de force, de pouvoir et de connaissance pour poursuivre ma guerre contre Oaxaca. C’est une quête qui est malheureusement limitée dans le temps, c’est pourquoi je me permets d’être aussi direct. » Il s’en excusa, la main sur le cœur.

« Je suis également émissaire de la citée de Fan-Ming et si vous souhaitez la fin du règne de la déesse noire, nous pouvons également travaillez ensemble. Joindre les forces des peuples libres de ce monde. Oaxaca mise sur la division, sur une guerre intestine. Une guerre fratricide entre les enfants d’Alièanon… ne lui donnons pas ce plaisir.»

Il déplaça son regard émeraude sur les habitant de Jesuir, conservant son air calculateur « Vous semblez peu nombreux… mais assez rusé pour avoir survécu aussi près de la forteresse ennemie dans des conditions extrêmes. Ce qui confirme ma théorie selon laquelle vous possédez quelques chose qui pourrait m’aider… qui pourrait tous nous aidez… »

Il ne put réprimer un frisson plus longtemps, devant le mysticisme mortuaire de la sorcière. Des souvenirs de son combat contre le nécromage de Darhàm remontèrent le long de sa colonne vertébrale jusqu’à sa mémoire. Il se permit de demander :
« C’est… c’est de la magie obscure ? Celle qui réveille les morts ?»

Jesuir – Hutte principale.

Le guerrier Ol’Toga aux yeux verts écouta Azra, puis Serpent se présenter et narrer, avec plus ou moins d’emphase, les raisons de leur présence dans ce petit village. Il répondit en posant tour à tour son regard sur les deux étrangers.

« Vous êtes à Jesuir, patrie des Ol’Toga. Vous êtes à Jesuir, je suis Cahlas, et voici Tribar, Bakal et Câafa. »

Il désigna respectivement le guerrier vêtu d’ossements, le garde qui les avait menés là, et la sorcière qui jonglait toujours avec ses crânes d’ombre. Se tournant vers Serpent, il poursuivit sa curieuse litanie.

« Vous êtes à Jesuir, et nous ne connaissons pas l’endroit d’où vous venez, ni cette déesse noire Oaxaca. Vous êtes à Jesuir, face aux derniers représentants vivants de notre clan. Vous êtes à Jesuir, et nulle guerre ne s’étend ici, sur une terre stérile, au sein d’une ville qui ne peut accueillir une armée, ne prétend à aucun pouvoir, et n’obéit à aucune force. Vous êtes à Jesuir, patrie des Morts et des Maudits. Et ici, nous n’avons pas d’ennemi. Vous êtes à Jesuir, et vous devrez rester sages si vous voulez repartir en vie. »

Bakal posa une main franche sur l’épaule de Serpent, indiquant du doigt la sorcière aux crânes.

« Elle jongle en ce moment-même avec nos âmes, nos vies. Les vôtres aussi. Un pas de travers, et vous rejoindrez les Morts et les Maudits. »

Il ôta sa main, et reprit le cours des réponses, plus clairement que l’interlocuteur précédent.

« Nous ne sommes pas en danger, à Jesuir. Nul ne se présente comme un ennemi, ici. Et il n’est de raison pour que les Ol’Toga partent en guerre. Peut-être devriez-vous vous sentir satisfaits que nous vous accordions de vivre après avoir vu ce que vous avez vu ici. »

Pas grand chose, en vérité… à part une sorcière jouant avec leurs propres âmes.

[Azra : XP : 0,5 (post). Mot : 1XP. - plaidoirie.
Serpent : XP : 0,5 (post) + 0,5 (informations quêtées.). Mot : 1XP. - gingembre.]

Serpent se lança dans un long discours qui aurait pu être impressionnant s'il n'ignorait pas aussi manifestement que les gens ici n'avaient sans doute jamais entendu parler d'Oaxaca, ni de la guerre qui sévissait. Il cherchait de l'aide, mais avait l'air un peu inquiet vis-à-vis de la sorcière et de ses pouvoirs...

Le plus vieux, qui devait être le chef et se nommait Cahlas, se lança dans un discours qui aurait pu être un discours de bienvenu :

« Vous êtes à Jesuir, et nous ne connaissons pas l’endroit d’où vous venez, ni cette déesse noire Oaxaca. Vous êtes à Jesuir, face aux derniers représentants vivants de notre clan. Vous êtes à Jesuir, et nulle guerre ne s’étend ici, sur une terre stérile, au sein d’une ville qui ne peut accueillir une armée, ne prétend à aucun pouvoir, et n’obéit à aucune force. Vous êtes à Jesuir, patrie des Morts et des Maudits. Et ici, nous n’avons pas d’ennemi. Vous êtes à Jesuir, et vous devrez rester sages si vous voulez repartir en vie. »

Et Bakal de préciser que la sorcière, Caâfa, jouait avec leurs âmes et pouvait les envoyer rejoindre « les morts et les maudits » en un instant. Selon lui, personne ne pouvait venir les attaquer. Azra soupira intérieurement en pensant à cette histoire de sorcière qui pouvait les tuer instantanément :

(Voilà, je savais bien qu'on était mal...)

(Ils discutent, au moins.) fit remarquer Arek.

(C'est vrai, ça veut dire que dans l'état de menace de mort permanente sur ma vie, je suis un cran en dessous du danger habituel...)

Tout de même, cette insistance sur les « Morts et les Maudits » était étrange... Le jeune homme prit la parole :

« Disons que je devrais peut-être clarifier la... hum... brillante plaidoirie de mon compagnon. La guerre sévit sur mon monde et comme notre ennemi, l'autoproclamé demi-déesse Oaxaca, est tenue en échec, elle a décidé d'attaquer par des chemins détournés, autrement dit, en passant par votre monde. Esseroth en quelques jours Esseroth et ses mages ont été balayés, Andel'Ys et les hommes pâles vont bientôt suivre. Il va de soi qu'elle ne se privera pas de réduire tous vos peuples en esclavage. C'est pourquoi nous sommes venu pour défendre ce monde. »

Il prit une inspiration.

« Vous dites que personne ne s'intéresse à vos terres... pourtant, Bakal m'a dit que votre peuple réservait un mauvais sort aux pilleurs de tombes et à ceux qui cherchent votre savoir... J'en déduis que c'est déjà arrivé et que, vérité ou légende, on murmure que votre peuple aurait des trésors et des pouvoirs cachés. Dans ce cas, les troupes d'Oaxaca en entendront parler tôt ou tard, et elles viendront ici pour voir si c'est vrai. Les sbires de la sorcière retourneront tout pour piller vos tombes et si vous parvenez à les tuer, d'autres viendront, ne serait-ce que pour venger les premiers. Les moyens d'Oaxaca sont immenses, tant en armée qu'en magie. Vous ne pourrez résister éternellement. »

(Pas mal... murmura Chandakar. Maintenant écarte les bras en signe d'ouverture et conclu. Je sais que tu as encore plein de choses à dire, mais il faut progresser doucement.)

Voilà qu'il l'aidait ouvertement ! Il n'avait pas été ainsi depuis l'affaire du roi des rats. Il devait vraiment s'intéresser à ces gens... Azra conclut donc :

« Voilà. Je ne suis pas là pour vous demander de risquer les derniers membres de votre peuple dans une guerre qui sonnerait leur glas. Je veux juste que vous compreniez la gravité de la situation, et et vous dire que si vous nous aider, ne serait-ce qu'un peu, cela pourrait vous aider vous-même à l'avenir. »

Il baissa les bras et attendit la réponse.

Serpent mis les mains sur ses hanches, en signe d'écoute mais également d'une frustration quand a la réponse des Jésuiriens.

Un des guerrier, celui qui avait accueillie les trois étrangers et présenté sous le nom de Bakal, posa une main ferme mais dénué d'agressivité sur l'épaule du rouquin et désigna leur "chaman".

Ce qu'il leur révéla alorsc glaça le sang du héros, qui eut presque la sensation de ressentir son âme vibrer en résonance avec les crânes qui flottaient entre les mains de Câafa la sorcière.

" Je vois... je suppose que vous avez un... heu... don pour jouer avec ce genre de chose" le Kendran se sentait vraiment mal à l'aise et se cru obligé d'affirmer encore une fois qu'il venait en paix.

La diatribe du jeune homme pâle allait peut-être changer la donne, mais pour avoir fréquenté des guerriers moins opiniâtre, le ménestrel savait qu'ils resteraient plus ou moins campé sur leurs positions. Aussi après avoir poliment attendu un espace de silence entre deux échanges verbal, il demanda avec insistance:

"Je ne mettrait donc pas vos frères en péril dans ma croisade. Je n'ai pas pour vocation d'être meneur d'un bataillon de guerre. Toutefois, comme le dit ce jeune home pâle, il vous faut vous préparez. je ne sais combien d'âmes votre amie Câafa peut capturer et manipuler en même temps mais face à un escadron complet la donne changera de main. N'avez vous rien ? pas même un conseil pour guider notre croisade ?" Il fixa le guerrier au yeux vert.

Il sentait bien qu'au vu de leur nombre, le clan était bien plus misérable que Fan Ming face aux Hordes des Landes Noires. Il fut pris d'un certains remord à tenter par tous les moyens d'arracher une bribe d'aide à un peuple qui en avait visiblement bien plus besoin qu'eux. Il se ravisa.

"Je vous remercie d'avoir épargner ma vie, prenez cet information comme une aubaine car un Ol’Toga de prévenu et c'est un clan entier de sauver. Je vais vous faire un autre cadeau. Celui là vous sera vital si jamais votre plan initial ne fonctionnerait pas face à l'ennemi."

Il mit la main dans son sac a dos avec des mouvement lent, puis après quelques bruissements, il en sortie une cape elfique de dissimulation, vêtement de bonne facture bien qu'abimé par endroit, ayant un peu vécue. Elle semblait jouer modestement de sa couleur, dans les ombres mouvante, passant allègrement du blanc au gris sale, parfois même à la couleur terre.

"Nous ne nous connaissons pas, membre du clan Ol’Toga, mais je ne souhaite pas votre disparition. Au contraire je souhaite témoigner de mon respect envers votre clan. Ceci est ma première cape, elle a une certaine valeur pour moi et surtout un léger pouvoir de dissimulation. Le moment venue et si rien ne va plus, donner le à un Ol’Toga doué pour se cacher et vous assurerez sa vie. Du moins je vous le souhaite."

Il le tendit à Càhlas avec des gestes prudent. Ses yeux vert fixé sur le guerrier.

Serpent, de son côté, se mit en tête de leur donner une cape... L'idée du siècle... Azra allait lui dire de la fermer quand Cahlas, le vieux guerrier, éleva les mains en annonçant que leur peuple était plus fort dans la mort, et qu'ils ne laisseraient personne piller leurs tombes. Alors une ombre immense s'étendit. Non pas une ombre... d'innombrables ombres ! Dehors, Karin poussa un cri. Le village entier devait être empli d'une armée de spectres ! Tous portaient les marques des étranges tatouages des Ol'Toga. Avait-il donc invoqué tous les guerriers de son peuple depuis l'aube des temps ?

Malgré son habitude des spectacles morbides, Azra sentit un frisson courir le long de son échine. Un frisson de peur, mais il y avait aussi une part de fascination, de respect, et aussi d'envie. Même Chandakar ne savait quoi dire, submergé par le désir de posséder un tel pouvoir.

« C'est incroyable, souffla-t-il. Que ne donnerais-je pas pour être né dans votre tribu ! Cela m'aurait épargné bien des peines s'il avait existé sur Yuimen un lieu de tranquillité pour les nécromanciens, un lieu dans lequel ils puissent se défendre et ne pas avoir à subir la haine des autres... »

C'était vrai. Ici, les nécromanciens avaient de tels pouvoirs qu'ils ne pouvaient être persécutés. Tout le monde avait peur et les laissait vivre leur vie tranquille. Cependant, la tranquillité de ce village risquait d'être mise à mal, même avec de telles défenses. Mais comment leur expliquer ?

« Il y a quelques heures, sur le fleuve Andel, j'ai accompli un tel prodige accidentellement, quoiqu'à moins grande échelle... Cependant, je dois vous avertir. Oaxaca possède ses propres nécromanciens. Qui sait s'ils ne pourraient soumettre vos âmes ? Ou encore les incarner dans un corps d'ossement, comme nous avons l'habitude de faire chez moi ? »

Toujours à moitié subjugué, il se laissa quasiment tomber par terre, se retrouvant assis devant l'homme aux yeux verts. Il se sentait une certaine empathie pour ce village maintenant. Peut-être... peut-être après la guerre aurait-il le droit de rester ici ? Mais encore fallait-il préserver ce lieu, et comme il l'avait dit, il doutait que même leurs grands pouvoirs puissent les protéger complètement de la folie d'Oaxaca.

« Si... - j'ai conscience que cela peut sembler louche – mais si je pouvais en apprendre plus sur vos pouvoirs, nous pourrions savoir si les nécromanciens d'Omyre pourraient vous atteindre. Nous pourrions chasser ces canailles d'Aliaénon, ou au moins les tenir loin d'ici, et... par le corbeau, je sais que j'en demande beaucoup et que j'apporte sans doute peu en échange mais... peut-être pourrais-je rester avec vous... »

(Qu'est-ce que tu racontes ? protesta Arek. Tu as une tâche à accomplir sur Yuimen !)

Mais il ne l'écoutait pas.

« J'envie la paix de votre village, car cela fait bien longtemps que je n'ai rien connu de tel. Je venais pour préserver la paix de mon monde... mais maintenant je m’aperçois que la paix de celui-ci mérite aussi d'être sauvée. »

Il se tut, pendu aux lèvres de l'homme aux yeux verts. Il ne s'attendait pas à une réponse positive. Ce serait contraire à toute l'histoire de sa vie, mais pourtant, pour la première fois depuis qu'il avait quitté sa famille d'adoption à Kendra Kâr, il ne pouvait s'empêcher d'espérer.