Milice de Pohélis

Gérée par les forces d'Oaxaca, c'est une sorte de police mauvaise formée d'Orques et de Gobelins, ainsi que de nouvelles races venues d'autres mondes. Elle est aussi et surtout une milice d'occupation qui n'hésite pas à assassiner tout ce qui ressemble à des espions ou traîtres. C'est une milice qui fait tout ce qu'il y a de plus mauvais.


Comment s'engager ?

En jeu, vous devez contacter un milicien gradé qui vous inscrira sur une liste secrète. Il vous fournira si besoin du matériel (cf point IV /) aux couleurs de la ville et si possible un premier ordre de mission. La réponse du milicien sera faite par un GM !

HRP: N'OUBLIEZ PAS de demandez dans le SOS GM qu'un GM s'occupant de la milice s'occupe de votre inscription

Comment faire sa mission ?

Une mission vous sera envoyée sur votre fiche de milice et elle se remplit par rp. Ça sera donc à vous de la gérer, en imaginant des péripéties et des aventures mouvementées, des rebondissements et surprises, avec combat si possible. Plus la mission sera complexe, meilleures seront vos récompenses !

Rappel : Les règles de milices

Elle ouvrit la porte avec fracas. La plupart des miliciens ne firent pas attention à sa présence, aussi, elle s'avança vers un garzok doué d'écriture qui remplissait un parchemin à la lumière d'une chandelle.

" Toi. Je dois rendre mon rapport urgent à ton maître. On m'a dit qu'il attendait ma venue. "

Le garzok leva ses yeux puis souffla et les reposa sur son parchemin. Visiblement, son air était encore plus misérable qu'elle ne l'imaginait. Ses yeux étaient rougis par le manque de sommeil, ses doigts usés aux ongles sales, la robe couverte de crasse et les pansements gorgés de sang.

" Humph... " Exprima-t-elle, contrariée et tira sa dague de sa robe pour couper sa plume d'un mouvement fluide de la main gauche.
" Je suis certes blessée, mais si tu ne réponds pas à ma demande... "

Elle rapprocha son visage de celui de l'orque et plongea ses yeux dans les siens avant de déclarer : " Je suis assez pressée et à bout de nerfs... "

Le greffier ne semble pas plus que ça impressionné par le comportement de Hrist et lui répond avec une voix lourde, rauque et posée :

"Calme, la pucelle, ou j'achève de te tuer. C'est quoi ton nom ? Et tu dois voir qui ? Le capitaine ou le fauconnier ? Si c'est le capitaine, troisième porte à droite. Si c'est le fauconnier, premier étage. Quoiqu'une visite à Aerq collerait vachement mieux à ton état."

Sa plaisanterie avait au moins le don de faire rire d'un rire gras les miliciens du couloirs.

Face à la sinistre remarque de l'orque et au rire collectif des miliciens, Hrist serra les poings et se souvint combien ils étaient douloureux. Roulant les yeux en l'air, elle soupira et recula du bureau, suivant les indications malgré l'outrageante insulte. " Hrist. Instructrice et assassin d'Omyre. Je vais voir Maître Xenair à l'étage. Crétin... "

Hrist franchit le couloir se faisant bousculer encore une fois par un orque, mais elle n'avait même plus l'envie de râler tant l'adrénaline montait en sa poitrine. A mesure qu'elle grimpait les marches, son cœur s'agitait et elle répétait dans sa tête comment elle pourrait expliquer pourquoi la mission a tourné au désastre.

" ... Adèle, Nael. Tous deux sont liés mais seul Nael est le traître, il a profité de son savoir faire. Non. De son expérience et de ses connaissances. Mouais. Cette saloperie d'Adèle, j'aurai mieux fait de ramener sa tête. "

Devant le petit couloir auquel elle venait d'accéder il n'y avait qu'une petite porte dont de la lumière se glissait sous le pas. Aucun bruit mis à part son doigt qui toqua sur le pan pour annoncer sa présence.
" Hrist. Je viens rendre mon rapport. "

La porte s'ouvre, sur une salle qui ressemble plus à une volière qu'à un bureau de milice. Sans doute la présence de nombreux oiseaux sur les poutres y sont pour quelque chose, ainsi que les fenêtres ouvertes malgré le froid polaire.

Trois hommes se dressent dans la salle, le premier est vêtu à la mode des nomades du désert, avec son turban rouge et or. Il porte sur le dos une cape de plumes rouges et or, tellement semblables à des plumes de phénix telles que les légendes les présentent.



Le second homme est large, épais, et sa cape de fourrure ne fait qu'amplifier l'effet. Il porte une immense épée sur le dos, et un arc accroché à son fourreau. A coté d'eux deux, un homme, assez puissant, mais à genoux, maintenu par le cou dans cette position par le guerrier. Tu peux l'entendre geindre et supplier pour sa vie.



"L'affaire est réglé. Vous savez comment me joindre !"

L'homme à la fourrure te fait enfin face tandis qu'il lâche son prisonnier, il fait deux pas vers toi et la porte. Le troisième homme tente quant à lui de se relever, profitant de ton intrusion.

"De ton coté aussi, l'affaire est réglé !"

L'homme se fige tout juste debout, il tremble. La voix de Xenair, l'homme des sables est à la fois chaude où on sent le soleil dans son accent et son timbre et terriblement froid en même temps, comme si la mort venait de susurrer à son oreille. Il tire une plume de sa cape et dans le même mouvement la lance vers le prisonnier. Celui-ci s'effondre devant tes yeux, la plume quand à elle vient frôler le guerrier à fourrure et se plante dans le mur, comme le ferait une fléchette lancée par une sarbacane ou même carrément par un arc.

"Laissez-moi faire."

Le guerrier à la carrure de barbare se penche, ramasse l'homme comme s'il ne pesait rien et va le déposer sur la fenêtre ouverte, pendant à moitié vers l'extérieur. Dans un dernier salut, il te rejoint et te fait signe d'entrer, lui-même désirant sortir.

La pièce était lumineuse et une bouffée d'air cinglant vint gifler le visage de la femme. Le sol était couvert de plusieurs plumes duveteuses qui tourbillonnaient à mesure que l'ouverture de la porte créait des courants d'air. Quelques croassements et des gazouillis aigus et des plaintes, celles-ci venaient du trio en face d'elle.

Xenair fut le premier qu'elle croisa du regard. Un être totalement dissimulé sous un apparat exotique qu'elle voyait de temps à autre lorsqu'elle vivait encore à Tulorim. Sauf que celui-ci était plus riche, les couleurs plus nobles et la profondeur de la matière semblait laisser croire que sa parure était semblable à celle d'un de ces oiseaux au plumage coloré. L'autre homme était mieux paré pour le climat, un homme massif enveloppé dans une fourrure brune. De sa main puissante, il retenait le cou d'un autre humain qui était fermement maintenu à genoux. Hrist n'était pas dupe, à en juger ses suppliques, l'homme subissait le courroux du Lieutenant.

" Je me demande bien ce que ce gars a commis pour s'attirer une tornade d'emmerdes de la sorte. "

Hrist fit un pas timide et silencieux mais le soldat en fourrure se tourna et avança vers elle. Derrière lui, dans un mouvement désespéré, l'homme se releva et supplia de nouveau. Xenair prononça quelques mots, les derniers et d'un geste vif et fluide, signa la dernière heure de ce triste soldat qui tomba raide, les yeux rivés vers le plafond, déjà embués d'une mort nouvelle. Les traits de son visage étaient serrés et paniqués. L'arme continua sa course, siffla dans l'air et alla mourir dans le bois situé juste à côté de Hrist, à peine à quelques centimètres de la tueuse.

Le colosse en fourrure s'amusa de la situation, un rictus morbide aux lèvres, il se baissa doucement et ramassa le cadavre par dessous les épaules avant de le porter comme un père le ferait avec son enfant pour le conduire à la fenêtre ouverte.

Hrist frissonnait, non pas à cause de la scène mais parce qu'elle n'avait plus rien de chaud à se mettre sur les épaules.

Une fois le cadavre au bord de la fenêtre, le guerrier sembla prendre congé. Un oiseau sombre, peut-être un corbeau glissa de sa poutre jusqu'au sol dans un vol plané et avança d'un pas déglingué vers Xenair en piaillant grossièrement.
La tueuse respira un grand coup et malgré son aspect pour le moins misérable, elle s'avança jusqu'à Xenair, le cœur tambourinant dans sa cage thoracique et l'adrénaline lui fit presque tourner la tête.

Elle tira sa seule et unique arme et la prit entre ses deux mains, s'agenouillant devant le Lieutenant, elle déposa la Vieille Rengaine entre lui et elle. Le plus humblement possible, elle articula :

" Maître, je suis l'envoyée d'Omyre pour répondre à la menace qui planait sur vos hommes à Lebher. Comme vous l'aviez senti, il y avait effectivement une taupe, un traître mais je crois que la situation est plus grave. J'ai été dépêchée trop tard sur les lieux. Le traître n'était pas à Lebher même, c'était un de vos anciens soldats. Un humain dénommé Nael. Il a utilisé des faucons pour s'emparer des oiseaux messagers et ainsi lire les ordres émanant de vous. C'est ainsi qu'il avait toujours une longueur d'avance. Il avait une complice, je tiens mes informations de sa bouche, toutefois, je n'ai pas pu l'atteindre. J'ai pu utiliser sa complice comme monnaie d'échange pour quitter ce nid de frelons et vous rejoindre pour vous rapporter la menace. "

Elle ouvrit un peu mieux les yeux et vit quelques gouttes de sang à terre, là où le dernier à lui avoir rapporté une mauvaise nouvelle a perdu la vie. Elle ajouta d'une voix étranglée, sans avoir repris son souffle après son monologue !

" Nael se targue d'être un repenti. Il profite de ses connaissances pour former des unités à Kendra Kâr et à Lebher pour contrecarrer nos plans. Maintenant que je connais son visage, je peux y mettre fin, lui et Adèle sa complice. "

Elle attendit, grelottant autant de froid que de malaise.

Alors que tu déposes ton arme au sol, Xenair a les yeux qui s'éclairent sous son turban. Il n'y a aucun doute possible : il a reconnu la relique. Tandis que tu parles, il t'écoute, non sans prendre la lame dans les mains et commencer à la tester, sans dire un mot, sans t'interrompre.

Quand il parle... c'est pour te parler de ton arme, qu'il n'a pas lâché des yeux :
"C'est la vieille rengaine n'est-ce pas ? C'est une fort bonne arme, que j'ai déjà eu l'occasion d'utiliser et plus qu'à mon tour. Elle me rappelle tellement de souvenirs et des bons, des mauvais aussi."

Tu pourrais entendre dans sa voix un sourire nostalgique.

"Vous avez fait de votre mieux et je me suis fourvoyé en pensant que la taupe était dans le groupe. Levez-vous, instructrice, je ne suis point Oaxaca. Et si je suis connu pour ma cruauté parmi mes hommes, je suis aussi connu pour mon sens aigu de la justice. L'homme que j'ai tué n'était point un corbeau de mauvaise augure, mais il était un fuyard et je ne tolère ni la lâcheté, ni la peur chez mes assassins."

Il t'aide à te relever, sa main, étrangement chaude bien que non-gantée, sous ton menton. Il te regarde dans les yeux, te jaugeant, ta lame dans son autre main.

"Cette lame, vous l'avez sans doute mérité. Mais vous allez devoir prouver que vous en êtes digne vis-à-vis de moi. Je vais vous proposer un défi, libre à vous de le refuser. Tuez Adèle, trouvez Nael, faites-le souffrir, au moins autant d'heures que d'hommes à moi qu'il a sacrifié puis tuez-le. Je vous laisse un mois pour y arriver. La pleine lune est ce soir. A la prochaine pleine lune, je vous reverrais ici, avec sa tête et vous me conterez ses tourments. Mais sachez que si vous échouez, je vous tuerais, où que vous soyez, même sur un autre monde; réussissez et je vous offre une place parmi mes soldats. Vous pouvez refuser et retourner travailler à la milice, mais dans ce cas, je garderais la vieille rengaine."

Il ne s'est pas écarté de toi, toute sa proposition, il te l'a quasiment murmuré à l'oreille, comme un pacte secret et, rien qu'à travers sa main nue tu peux sentir sa puissance, sa force et la maîtrise du moindre des muscles de ses doigts.

Xenair ramassa son arme. Hrist fut parcourue d'un frisson. Elle n'appréciait pas que l'on touche à son équipement, persuadée qu'au fur et à mesure, la main se faisait au manche d'une dague et qu'il était difficile de passer à un autre modèle par la suite. Mais c'était Xenair... Que pouvait-elle ? L'homme confessa alors l'avoir déjà possédée, Hrist s'étonna qu'il n'ai pas souhaité conserver une arme aussi efficace mais, se souvenant de sa dextérité meurtrière ne serait-ce qu'avec une plume, elle comprit qu'il n'avait même plus besoin d'un métal acéré pour tuer ses victimes.

Il lui demanda de se redresser, plongeant son regard dans le sien et les yeux de l'homme avaient quelque chose d'exotique, d'hypnotique, un charme à la fois funèbre et animal. Elle savait que derrière ces pupilles dorées gisait un instinct de tueur sans pareil et le fait qu'il reconnut que son travail n'avait pas été un échec la rassura. Elle respira de nouveau, ayant contracté si fort ses muscles qu'elle avait oublié d'inspirer.

Xenair lui offrit alors un pacte, en échange d'un poste à son service, elle irait chercher la tête d'Adèle et de Nael. Cette histoire qui aurait pu rester une vengeance personnelle entre Hrist et Nael, se tourna finalement en ordre direct. Si elle refusait, Xenair garderait son arme, déshonorant ainsi la tueuse. Si elle venait à échouer, il la tuerait de ses mains.

Les hommes d'Omyre ne font pas de compromis. Hrist hocha la tête. Elle accepta la mission.

" Il en sera fait ainsi. Nael connaîtra une mort aussi infâme que douloureuse, et pour vous prouver que je suis digne, je le ferais sans lame. J'arracherai sa peau, s'il le faut de mes dents. "

Elle s'inclina légèrement et recula d'un pas. La tiédeur de l'homme s'estompa pour laisser le froid ambiant caresser de nouveau son visage et sa peau. Animée par un désir ardent, comme si l'homme des sables avait de nouveau fait naitre un brasier dans la colère de Hrist, la femme descendit les marches de la milice en silence. Elle ne prêta pas attention aux orques, ces derniers lui jetèrent un oeil distrait avant de reprendre leurs activités. Hrist visualisait déjà le moment. Le moment divin où elle irait cueillir le dernier souffle de Nael en penchant son oreille à sa bouche pour entendre l'âme expirer une dernière fois.

La porte claqua. Hrist mettait un certain entrain dans sa démarche et se dirigeait rapidement vers les sous sols gardés par deux soldats. Il n'était pas difficile de savoir où se trouvaient les prisonniers, elle prêta l'oreille et les cris de Nael suffirent à la conduire jusqu'à eux.

Dans une salle sombre et moite, les deux humains avaient été débarrassés de leurs liens, échangés contre de lourdes chaînes de fer qui cliquetaient dans le noir. Au milieu de la pièce trônait une chaise de bois brut étonnamment haute dont l'assise était bombée de façon à ce que l'inconfort n'en soit que plus pénible. Nael gisait à terre, la lèvre fendue et ensanglantée. Il jurait et insultait la femme qui venait à peine de passer la porte. Adèle était plus docile, malmenée, elle avait contracté une sale fièvre qui entravait sans doute son attitude rebelle. La femme perlait de sueur et s'était recroquevillée dans un coin sombre comme le ferait un petit rongeur cherchant à échapper à un serpent.

Hrist ne pu résister à l'envie d'envoyer un coup de botte au visage de Nael dont la tête rebondit sur le sol de pierre gras et sombre. La lumière faisait défaut et elle doutait que ces deux victimes puissent voir dans l'obscurité. Après une courte réflexion, elle estima qu'il était inutile de tourmenter par le fer ces deux là tandis qu'ils gisaient à terre, il lui fallait plus d'équipement.

S'approchant de la porte, elle héla les gardes et ordonna que l'on attache les deux fermement, l'un à la chaise de torture et l'autre aux fers qui se trouvaient sur les quatre murs de la pièce. Adèle fut soulevée par un soldat orque en armure qui la laissa retomber lourdement sur son séant, lui arrachant un profond cri de douleur étouffé par un sanglot inconsolable.

Nael fut plus coriace, il se débattait et essayait de mordre le cuir des gants qui essayaient de se saisir de lui, ce n'est qu'après une violente dérouillée qu'il se montra plus docile. Une fois qu'il fut attaché solidement, poignets et chevilles, Hrist congédia les deux soldats et commença son office. A terre, dans une serviette de cuir tâché, se trouvait comme promis les instruments récupérés par Gral dans la forge.

Elle l'ouvrit et y trouva une petite pince de fer, une longue et fine corde tressée, des hameçons qui remplaceraient les aiguilles absentes ainsi qu'un marteau de fer pas plus grand qu'une main mais dont le bout était solide et poli par de nombreux chocs.

" Je sens que nous allons bien nous amuser. Vous allez voir, ça sera très simple. Je vais commencer par torturer la petite Adèle... Lorsqu'elle me le demandera, je passerai à toi. " Dit-elle en désignant du marteau Nael qui pendait au mur.
" Et vice-versa. Lorsque tu en auras assez, tu me demandera d'arrêter et je retournerai voir la petite Adèle."

La jeune humaine semblait endormie, mais ses yeux ne mentaient pas, elle clignait et plissait les paupières comme pour se cacher à un terrible cauchemar qui venait la hanter. A petit pas, la tueuse s'approcha de la femme, les yeux chargés de menace et le tout baignant dans une atmosphère glauque et terriblement sombre.

Les corps brisés de deux humains portaient de nombreux bleus, tous deux avaient la mine délavée mais Adèle avait un état encore plus misérable. Sa peau déjà blanche était devenue cireuse et ses yeux fixes et peu réactifs tremblaient par spasme, accompagnant ses lèvres sombres et croûtées qui balbutiaient des mots inaudibles.

Hrist souleva le menton de la jeune femme du bout du marteau et observa avec attention ce corps, se demandant par quoi elle pourrait commencer.

En dehors des respirations lourdes et régulières, pas un des trois ne dit un mot.

Le corps de la jeune femme semblait pencher sur le côté, son poids mort et sa fièvre l'empêchait de lutter contre l'inconfort et elle n'avait pas plus de teneur qu'une poupée de chiffon. Hrist vit un de ses doigts bouger sur l'accoudoir où ses poignets étaient entravés par des liens de cuir et ne pu résister davantage. Elle abattit le marteau sur le petit doigt de la femme qui reprit vite ses esprits et cria sans s'arrêter pendant quelques secondes. Hrist regardait sa réaction avec extase et la jeune femme devenue tremblante suait davantage, la bouche ouverte émettant un petit cri rendu faible par ses cordes fatiguées et irritées.

Sur l'accoudoir de bois brut, gisait son petit doigt dont l'ongle éclaté avait quitté la peau et pendait sur le côté dans une petite flaque de sang et d'os brisé. La peau déchirée était brillante et le sang qui perlait et coulait entre ses doigts faisait ressortir davantage la blancheur de cygne de ses mains.

" Allons allons, c'est ce que vous avez voulu me faire subir... "

Elle frappa encore, deux fois sur le reste de son petit doigt qui, tartiné sur l'accoudoir, n'était plus attaché au reste de sa main tremblant de spasmes. Tant elle gémissait que la bave lui coulait aux lèvres. Elle essaya d'articuler.
" Ass... A"

Hrist rapprocha son oreille, curieuse et entendit la supplique.
" Tu entends ? "

Dit-elle en se tournant vers Nael suspendu. " Elle abandonne déjà ? Je la croyais plus ... Comment dire. Plus solide pour une fille de ferme. A peine le petit doigt en confiture qu'elle te jette son tourment au visage. "

Elle s'approcha de Nael, laissant tomber le marteau à terre et saisit à son tour, le petit doigt de l'homme qu'elle tira en arrière jusqu'à ce que le cartilage ne soutienne plus la pression et ne se disloque. Nael grimaçait mais se retenait de crier. Ses yeux larmoyants fixaient ceux de la femme qui en prenait beaucoup de plaisir. Voir son adversaire torturé, le visage las, les lèvres aux coins coupés et irrités par la corde qui entravait ses cris plus tôt. La vision était jouissive.

Elle continua, sous ses petits doigts elle sentait ceux de Nael, solides et robustes lui résister mais toujours, la sensation que quelque chose bougeait et se brisait sous la peau apparut.

Un picotement se fit sentir dans la poitrine et le ventre de la tueuse qui n'arrivait plus à contenir sa joie. Dans sa précipitation, elle lésa la peau en tordant trop fort un doigt déjà brisé, l'os en morceau coupa la peau de l'intérieur et le sang coula le long du poignet de Nael jusqu'à ce qu'à son tour... Il supplia d'arrêter.

Hrist venait de s'acharner sur la main d'Adèle. La jeune humaine n'arrivait pas à articuler quoique ce soit tant elle souffrait, sa bouche ne pouvant que produire un cri aigu de souffrance. Lorsque les os blancs et brisés comme des arrêtes jonchaient le bois de l'accoudoir, baignant dans une flaque de sang et de chairs lésées, la tueuse s'arrêta et reprit son souffle, surprise de l'entrain avec lequel elle torturait la jeune femme.

Nael de son côté, était étrangement discret, il n'objectait en rien pour la vie de celle que Hrist pensait être sa dulcinée. Elle s'arrêta, laissant tomber le marteau par terre et s'en alla, quittant la pièce, désireuse d'un moment de réflexion.

S'asseyant sur les marches de l'escalier, elle essuya ses mains couvertes de sang, son poignet était encore engourdi des cous ressentis par le marteau. En haut, quelques orques beuglaient et marchaient lourdement. Cette ambiance plaisait à Hrist, mais quelque part, elle se sentait loin d'Omyre et de tout ce qu'elle avait pu connaître. Certes, elle était en milieu ami et pouvait compter sur le soutien des Garzoks comme elle venait de le faire avec Gral pour qui elle avait plus ou moins mis sa vie entre ses mains.

Nael ne se plaignait plus, mis à part quelques suppliques sous la douleur, il n'avait pas ouvert la bouche pour marchander quoique ce soit ou essayer d'obtenir les bonnes grâces de son bourreau comme le ferait n'importe quel supplicié. Comme elle se le disait plus tôt, Nael avait accepté son sort et Hrist commençait à croire qu'il emporterait dans sa tombe de lourds secrets.

Après un moment de silence, elle grimpa les marches pour se rendre au rez-de-chaussée de la milice et s'assit sur une chaise libre, observant le manège des orques en armure qui faisaient trembler le sol en marchant. Quelques scribes attardaient un oeil curieux sur ses mains pleines de sang mais ne dirent rien, c'était une chose courante et les geôles étaient vides, les prisonniers ne faisaient pas long feu.

Devant elle, le bureau était couvert de traces d'encre et de fragments de plumes d'oie. Un encrier en verre luisant d'une encre noire avait été placé non loin d'un tas de parchemin puant le champignon et le cuir humide.

" Je me suis décidée. "
" A quoi donc ? "
" A tuer Adèle. Je pense que Nael ne l'utilise que comme un pion, si elle meurt, il saura que tous les affres seront pour lui. J'ai besoin de savoir si il y en a d'autres. "
" D'autres quoi ? D'autres repentis ? "
" Oui. D'autres déserteurs ou anciens prisonniers qui auraient vendu leurs connaissances et leurs talents au Royaume de Kendra Kâr moyennant la vie sauve. "

Elle descendit les marches, l'encrier à la main et ouvrit brutalement la porte qui alla claquer contre le mur. Sans adresser un regard à Nael, elle ramassa le marteau de sa main libre et frappa Adèle à la mâchoire avec celui-ci. Le visage de la petite humaine tourna, envoyant au sol un jet de sang. Profitant qu'elle en soit étourdie, Hrist lui agrippa la gorge et enfonça l'encrier dans la bouche de la jeune femme qui gémissait et essayait de gesticuler dans tous les sens pour échapper à l'emprise de son bourreau. Derrière elle, le bruit de chaînes qui remuaient trahissait la peur panique de Nael.

Les lèvres rouges de sang et les dents dont l'émaille avait été rendu rosé par l'hémorragie avalèrent difficilement l'encrier dont le bouchon, dans le mouvement, glissa hors de sa bouche.

Hrist se glissa derrière elle et passant son bras sous le menton de la jeune femme, appuyait de tout son poids sur le haut du crâne d'Adèle, créant une solide pression. Elle dû lutter pendant de longues secondes à appuyer tout en bloquant solidement son menton fuyant jusqu'à ce que, cédant à la pression, l'encrier se brisa en petits morceaux dans sa bouche et le choc ressenti au travers de crâne de la jeune femme interrompt alors Hrist dans sa torture. Elle recula. Adèle ne pouvait plus parler, elle essayait d'articuler des bruits qui viraient à l'onomatopée dans une compote de son dans laquelle sang et encre se mêlaient et coulaient de ses lèvres pour glisser sur son menton, le tout sur un visage trempé de larmes et blanc de peur.

Hrist quitta la pièce satisfaite et cria dans la cage d'escalier :
" Appelez un chirurgien ! "

Puis se retourna vers la femme qui d'un coup, bascula la tête en arrière et commença à convulser. Hrist s'approcha alors de Nael et plongeant son regard dans le sien, murmura :
" On dirait que tu vas la perdre. Je te laisse quelques minutes pour réfléchir... Veux-tu que ta mort ressemble à la sienne ? "

Adèle vomissait un torrent d'écume noircie et ses yeux révulsés roulaient sous sa paupière tandis que le sang débordait de son nez, laissant ensuite couler un autre flot d'encre noire. De sa bouche glissait avec l'écume des morceaux de dents et de chairs lardés de petits éclats brillants et tranchants comme des rasoirs.

" Quel dommage, c'était un bien bel encrier."

Dans les escaliers, des bruits de pas annonçaient la venue du chirurgien.

Adèle était morte. Bien que le petit chirurgien au chapeau de cuir démesurément grand auscultait encore son corps, Hrist le savait, elle avait déjà vu assez de cadavre pour comprendre qu'elle s'était étouffée dans ses propres fluides. Elle faisait rebondir le marteau dans le creux de sa main, adossée au mur à côté de Nael qui fixait le sol d'un air lamentable.

" Morte. " Dit simplement le petit garzok, bien moins massif que ses congénères, il transportait avec lui tout un attirail qui cliquait et s'entr'choquait tandis qu'il se penchant devant le cadavre.

" On dirait que la plupart de ses dents ont été extraites. J'en vois même deux qui sont totalement enfoncées. La langue est lacérée de toute part et de même pour sa joue, elle a du le sentir passer. Pourquoi un encrier d'ailleurs ? "

Il redressait sa petite stature et se frotta les deux en se tournant vers Hrist.
" Une fantaisie soudaine. Emporte moi ça et va la donner aux soldats, qu'ils en profitent un peu tant qu'elle est tiède."

Il se renfrogna et croisa les bras.
" C'n'est pas dans mes attributions. Demandez à un... "

Le chirurgien s'interrompt alors, Hrist lui envoya presque à la figure une pièce dorée et il changea d'avis immédiatement après l'avoir glissée sous un des pans de sa veste avec une vitesse qui ferait pâlir de jalousie le plus grand des escamoteurs.

" Une dernière chose, as-tu des lames, je les veux fines. "

Il lui adressa en retour un petit signe de tête et se mit à genoux, déballant au sol un cuir roulé qu'il étala à terre, une quantité étonnante d'objets et d'instruments étaient fourrés dans le cuir, Hrist n'était pas capable d'en reconnaitre la moitié. De ses doigts agiles, il tira deux petites lames brillantes, plates et sans manche.

" J'accepte d'en céder deux. Le reste, j'l'utilise pour les découpes de bidoches et retirer les pointes de flèches coincée sous la peau." Les glissant contre la pierre du sol dans un crissement affreux, il se redressa et rangea son bardas avant de défaire les sangles qui retenaient la carcasse d'Adèle pour la basculer sur son épaule et la remonter en claquant derrière lui la porte.

Hrist envoya en même temps un violent coup de marteau dans l'estomac de Nael qui, sous le choc, vomit une bile épaisse et jaunâtre.

" Je sais que tu adorerais t'étouffer toi aussi. Mais je vais m'arranger pour que tu vives au moins jusqu'au matin. Tu crois en avoir le courage ? "

Il pendait au mur, les poignets torturés sous la pression, la lèvre ouverte et les joues usée et trempée de sueur. La respiration lourde et difficile, il reprit son souffle après quelques instants et Hrist ramassa une lame de rasoir.
Nael devint fébrile, il reculait jusqu'à être totalement acculé au mur. Même en malmenant les chaînes solides, il ne pouvait échapper à la souffrance. Hrist attrapa l'index de la main prisonnière et glissa avec précision et délicatesse la lame entre l'ongle et le doigt du jeune homme. Nael haletait, il serrait la mâchoire et attendait le moment fatidique où la tueuse ferait son office mais il ne comprit pas tout de suite ce qu'elle mijotait.

Ce n'est que lorsqu'elle reprit le marteau et qu'elle enfonça petit à petit la lame comme on le ferait avec un clou qu'il se mit à hurler. Trop maladroite ou alors excitée, elle rata un coup et frappa trop fort, à tel point que la lame dévia et ne s'échappa, emportant avec elle l'ongle ensanglanté et un terrible cri de peur et de souffrance.

Gesticulant malgré tous ses membres entravés, Nael faisait à lui tout seul un terrible boucan et vociféra d'odieuses insultes qui, au mieux, amusèrent la jeune tortionnaire qui ramassait déjà la lame ensanglantée. Cette fois-ci, elle la glissa entre deux orteils du pied gauche et à l'aide du marteau, frappa petit coup par petit coup et s'arrêta une fois qu'elle avait passé dix bons centimètres. Nael vomit de nouveau et des lames brûlaient sa peau altérée.

" Tu vas voir... Tu vas voir. Ce n'est que le début. Tu as voulu me tuer, me corder et me torturer. Maintenant, c'est toi que je veux entendre hurler."

Le soir tombait et Hrist, sans s'en rendre compte venait de passer la journée entière à torturer sa victime. Lassée d'avoir les mains pleines de charcuterie ensanglantée, elle s'assit devant Nael.

Ce dernier avait été installé sur la chaise de torture et la femme avait davantage gagné en violence. L'intensité de cette boucherie avait rendu un orque malade lorsqu'il était venu lui apporter son souper, à la vue de ce que la femme avait infligé à l'humain, le Garzok, pourtant solide guerrier s'était senti mal et avait détourné le regard, posant distraitement la coupelle de soupe à terre et quitta la pièce sans se retourner.

Les oreilles devenues délicates à cause des hurlements de l'homme, elle lui avait enfoncé du tissus dans la bouche pour l'empêcher de hurler et par la suite, s'en été donné à cœur joie. Beaucoup de sang avait coulé et la femme avait eu besoin de l'aide d'un chirurgien à trois reprises pour éviter de perdre son précieux prisonnier. Au bout de la troisième fois, le Garzok s'était persuadé que la femme avait définitivement perdu la raison.

Nael essayait de dormir, lorsqu'il commençait à ronfler, Hrist agitait le bouquet d'orties ramenés par un orque, elle frottait les plantes sur ses jambes à vif. Ses orteils avaient été brisés à la pince et le reste, éclaté à coup de marteau. Les deux lames avaient été émoussée tant le travail sur le corps transpirant de Nael avait été long et pénible. La peau découpée sur toute la partie inférieure de son corps n'était plus qu'une entaille béante dont les muscles et une partie des os devenus visibles s'activaient et palpitaient à chacun de ses mouvements. Nael aux yeux gonflés et rouges mâchonnait le tissus jusqu'à ce qu'il ne parvienne à le recracher. L'orque guérisseur venait de quitter la pièce, soignant l'humain pour la dernière fois à l'aide de garrots et de baumes de plantes qui servaient à oxyder le sang et le coaguler plus vite, empêchant l'hémorragie de le tuer.

Cherchant ses mots, il plongea son regard dans celui de la femme assise à même le sol, juste à ses pieds.
"... Jusqu'à quand ? Ton maître n'est-il pas satisfait ? "

Sa voix était étrangement posée et calme, ses cris et ses suppliques répétées n'avaient altéré qu'un rien son timbre mais il parlait avec une telle froideur qu'il aurait été impossible de deviner qu'il sortait d'une salle de torture si on n'en avait pas été soi-même le témoin.

Hrist posa doucement son bouquet d'orties à terre, elle s'était piquée par mégarde avec ces plantes, gratifiant sa peau d'une petite cloque blanche aux contours rougis.
" Sans doute pas autant que moi. Tu as trahis Xenair, tu t'attendais à quoi exactement ? "
" Quand je suis revenu de Lebher pour trouver mes soldats en train de soigner Adèle... Je n'ai pas regretté une seule seconde de t'avoir épargnée. "
Il renifla bruyamment et eu un hoquet douloureux qui souleva toute sa poitrine.
" C'est vrai ? Tu as pourtant lâché ta bête après moi. Elle été à deux doigts d'avoir ma peau, si ça peut te réjouir. "

Un long silence plana.
" Pourquoi avoir trahi Omyre ? "
" J'étais seul. Comme toi. Il me fallait trouver quelque chose, quelqu'un sur lequel je pouvais compter. Sans quoi, la tristesse et la solitude m'aurait rendu fou à lier, seules les personnes comme toi se complaisent dans le chaos, n'est-ce pas ?"
Hrist leva un sourcil interrogateur et dit à voix basse.
" Quand on a cogné ta tête contre le sol tout à l'heure, on y est peut-être allé un peu fort. "

" Tu ne comprends pas. "

" Je comprends juste qu'au final, ça ne t'as pas été d'une grande aide. Tes soldats ont abandonné, personne n'a essayé de te récupérer. Je te croyais à tort, plus important que ça auprès de Kendra Kâr."

Il toussa et cracha un glaviot de sang.
" Comme s'ils allaient risquer leur vie pour un repenti. J'en ai tiré une grande leçon, tous ceux qui vivent dans les ténèbres cherchent la lumière, mais lorsqu'ils posent les yeux sur elle, ils sont aveuglés. Toi aussi, un jour ton regard sera embrasé et tu seras sombré dans les ténèbres. "

Hrist se releva doucement, intriguée par les paroles. Elle s'approcha jusqu'à ce que leurs visages ne se frôlent et, les yeux dans les yeux, murmura :
" Tu as raison, je me complais dans le mal et le chaos. D'ici peu, une aube dont tu n'auras pas conscience va se lever, Nael. "

" Je sais bien que tu mens... Je sais que tu as froid dedans. Ma mort sera comme ta vie, aux lueurs violettes et contrefaites, faites de demi-vie. Puisse la tienne être longue. "

Il effleura du bout du doigt brisé la main de Hrist, venue se poser à côté de la sienne. Elle détourna le regard un instant tandis qu'il baisa son visage pour poser ses lèvres ensanglantées contre celles de la tueuse.

Elle recula le visage et ne dit rien, adressant à l'homme un regard noir et emprunt d'incompréhension.
" J'ai fait quelque chose de rare, embrasser la mort... Ce n'est pas donné à tout le monde."

Il essaya de rire mais un bruit gras vint bloquer sa respiration et alors qu'il toussait bruyamment, vomissant des glaires de sang prisonniers dans de grosses bulles de salive écumeuse, la femme reconnu :

" Tu as peut-être raison. Moi aussi je suis seule, de nos destins croisés ne nait qu'une solitude certaine. De tous mes adversaires, tu as été le plus pitoyable. Alors, ainsi soit ma vie, tant pis pour la tienne. "

Elle contourna doucement la chaise de torture et étira entre ses mains la corde tressée et l'enroula autour du cou de l'homme, serrant d'une étreinte mortelle sa chair déjà tant lésée.

Lorsque Nael souffla une dernière fois, Hrist eut l'impression d'entendre un " Merci, Anima Noir..." s'échapper de ses lèvres désormais muettes à jamais.

" Si Xenair n'avait pas exigé ta tête, je t'aurais fait manger tes joues, crevé les yeux et arraché tes dents une à une pour te les enfoncer dans le crâne... "

Hrist quitta la pièce, laissant derrière elle le corps de Nael dépecé, la peau en lambeaux étalés soigneusement sur la pierre rendue glissante par le sang. Les rares endroits où sa peau n'était pas lacérée par la lame ou la pince était couverte d'irritation purulentes à cause des orties. De toutes façons, le chirurgien avait dit qu'il serait inutile pour lui de revenir, la torture était allée trop loin et quoiqu'il puisse faire et en dépit de ses soins précédents, il serait mort dans la nuit.

Après avoir grimpé les marches, elle s'adressa à l'orque qu'elle avait rencontré la première fois à la milice, celui qui l'avait publiquement insultée et l'interpella, plus poliment cette fois. Posant ses deux mains pleines de sang sur la table du Garzok, elle dit :

" Xenair a annoncé son retour à la prochaine pleine lune, et c'est pour ce soir. Est-il déjà arrivé ? J'ai quelqu'un à lui présenter, ou plutôt sa tête. "

Voyant ses mains et le sang salir le bois de la table, elle les retira et, d'un sourire amusé conclut :
" Au moins, le prisonnier va enfin arrêter de gueuler... "

Des pas répondent à ta question, des pas discrets, légers, de ceux qui sont habitués à apparaître où personne ne les attend.

"Par Oaxaca, vous l'avez enfin tué ? Je dois dire qu'il a été bavard cet homme-là. C'est triste de ne plus être capable de conserver un minimum de dignité sous la torture, j'espérais plus d'un de mes anciens hommes. Peut-être devrais-je ajouter un entraînement à la torture pour mes nouvelles recrues ? Pour leurs apprendre à se taire et à mourir comme ils ont vécu : dans la discrétion et le silence."

Xenair est désormais non loin de toi, appuyé sur le bureau où tu as laissé les traces sanglantes de l'éxécution de la mission.

"Vous en pensez quoi, anima noire ?"

Sa question est possiblement rhétorique, à en croire son sourire en coin tandis qu'il regarde la maîtresse en torture.

L'orque ne dit rien. Xenair était déjà derrière elle et d'un pas feutré, s'approcha de l'office et commença à parler d'une voix profonde et posée. C'était comme si dans sa parole, Hrist décela une quelconque surprise de l'avoir vue réussir sa tâcha avec succès. Et contre toute attente, il en savait déjà long sur la séance macabre qui venait de se dérouler au sous-sol.

Comment ?

Hrist oubliait parfois qu'elle avait le Maître Assassin d'Oaxaca devant elle et malgré tout le respect qu'elle pouvait avoir envers ses supérieurs et la confiance inébranlable qu'elle avait en ses treize chefs, elle se senti un rien gênée.

Il marqua une légère interrogation, se demandant avec regret comment Nael avait pu se montrer aussi lamentable sous la pression et la douleur. Hrist ne l'expliquait pas vraiment, et par ailleurs, elle savait que Xenair n'attendait pas une réponse quelconque, il continuait aussitôt en proposant d'ajouter une épreuve à ses recrues, celle de la torture.

Hrist se souvint alors, la torture, l'orque à Omyre qui profitait de sa faiblesse et de ses entraves pour briser ses os et lacérer sa peau. Cette orque qu'on nommait la " Furie " que Hrist avait pu tuer après avoir déclenché un incendie. Elle ne se souvenait plus de ce qu'elle avait pu dire, elle se souvenait juste de ses larmes si brulantes qu'elles auraient creuser des sillons de feu sur ses joues.

Nael avait été moins chanceux, malgré ses doigts brisés, Hrist n'avait rien craché mais son expérience lui avait offert une certaine endurance en matière de douleur et de souffrance.

Lorsque Xenair lui demanda ce qu'elle pensait, elle tendit simplement la main et inclina légèrement le visage, répondant d'une voix humble :

" Maintenant que je me suis montrée digne de porter la Vieille Rengaine, allez-vous me considérer comme une simple recrue, Maître Xenair ? "

"Simple recrue ? Non, pas forcément. Il n'y a pas vraiment d'ordre parmi mes subordonnés, sauf pour des missions spéciales et c'est temporaire. J'ai accroché au fourreau de la Vieille Rengaine une plume de ma cape, ne la perdez pas. Cette plume permet à mes oiseaux de vous trouver et aux membres de l'armée régulière de savoir que vous êtes à moi. Cela ne vous donne aucun pouvoir sur eux, mais devrait vous assurer un certain respect. Partez maintenant, allez vous laver et vous équiper correctement, je vous contacterais, où que vous alliez."

Il lui tend alors la vieille rengaine, attaché au fourreau une plume rouge dorée. L'accepter, c'est reprendre sa dignité d'assassin, mais aussi accepter d'entrer au service de Xenair le fauconnier, le maître assassin...