L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Les ruines de la cour des armes
MessagePosté: Mar 11 Nov 2008 14:17 
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Les ruines de la cour des armes


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Autrefois s'étendait là une immense cour pavée encadrée de haut murs, pour y entrer il n'y avait qu'un accès : une unique ouverture surdimensionnée, montée d'énormes blocs de granit. Au-dessus de l'entrée sans portes trônait le flamboyant blason de l'Université ; c'est ici que venaient élèves, disciples et maîtres pour enseigner l'art du combat et s'exercer à de nombreuses maîtrises, y compris celle la magie.

Depuis longtemps les lieux ont été abandonnés, la nature a repris ses droits et, là où les murs abritaient les arbrisseaux, où le vent faiblissait et où le temps était plus doux, s'est dressé un bosquet, puis une forêt. Peu étendue mais très dense, et sombre. Les immenses bouleaux et les rares chênes rendent la futaie étouffante. Quelques cris d'oiseaux affolés brisent parfois le silence, mais le sol tapissé d'une étrange mousse grisâtre absorbe le son des pas, ou d'un lièvre qui détale, on n'en devine que le trajet dans les hautes et décharnées fougères.

Seules restent de la cour des armes, les ancestrales et époustouflantes vigiles de pierre aux allures menaçantes qui donnaient à la cour sa magnificence. Gargouilles ou dragons, lions et griffons, veillent sur les ruines.

(Ce sont ces même bois que l'ont peut atteindre par l'arrière de la taverne du Tigre des glaces)

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
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Je suis aussi Lothindil, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha


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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Mer 13 Juil 2011 22:48 
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Sa tête éberluée à la vue des quelques pièces en plus le sonna plusieurs secondes. Méfiant, il observa que personne ne le vit empocher l'or supplémentaire, toujours rare en temps de guerre. Une fois le boc plein d'une bière âcre et rappeuse et d'une mousse débordante, il me la tend en se baissant vers moi.

« Des bois, des bois, et au-delà, des ruines. On les dit maudites, personne ne va là-bas. Jamais. »

Ses yeux graves me lançaient un regard entendu. Il cherchait évidemment à me dire quelque chose et peu de possibilités m'apparaissaient. Soit personne n'y allait car quelqu'un – ou quelqu'une d'ailleurs – l'avait formellement interdit ; ou bien était-ce simplement car personne n'en revenait. Ni l'une ni l'autre ne me plaisait. Mais restait la possibilité que personne ne s'y aventurait car elle leur faisait peur. Un bois abandonné aux abords d'une telle cité donnait effectivement à propager les plus sombres légendes. Restait ce dernier mot que mon esprit mâchait et se répétait. Cherchait-il à m'indiquer réellement la route vers la rune tant convoitée ? Connaissait-il même son existence ? Pourquoi finir, à ce moment précis, à cette personne précise, sa phrase par « jamais » ? L'atterrissage d'un verre sale dans la bassine de vaisselle me tira de mon silence gênant.

« Mais t’en pose des questions, t’es pas d’là ? »

« Campement Est. Un gars m'a dit que tu faisais la meilleure bière de cette cité de merde. Il s'était pas trompé. »

Je vidai alors d'un trait l'alcool infect et déposait ma pinte accompagné de quelques pièces de surplus avant de me dirigé vers la porte de derrière. Derrière moi, le tavernier m'observait de ses yeux ensanglanté par les nombreuses nuits sans sommeil. Je n'espérai alors qu'une chose, qu'il se tut pensant avoir gagner un bon client. Un sillon tracé dès le pas de la porte menait à une sorte de fosse où le tenancier devait entreposer et brûler les clients réfractaires à leur condition d'usager. Les restes putréfier d'un humain dépouillé de tout vêtement, ainsi que de sa tête, baignaient dans des cendres ensanglantées. À proximité se situait une large réserve de bois tandis que s'éloignait, devant moi, une longue étendue de hautes herbes vierge depuis longtemps de toute trace de passage.

Je me faufilai dans les herbes avec l'habileté de ceux de ma race. Marchant précautionneusement entre les plus grandes mottes et sans tracer une allée nette, je m'assurai ainsi de ne pas éveillé trop de soupçons et de laisser inviolée aux yeux de tous les regards inattentifs cette terre. Je ne pouvais cependant m'empêcher de penser que si quelqu'un me cherchait, il n'aurait que peu de difficulté à suivre mon chemin. Qu'importe, je me sentais plus proche que jamais de l'objet de vos désirs. Cette fois-ci, je n'essuierais aucun revers. Cette fois-ci, je vous comblerais. Grandes furent vos attentes envers moi. Tout autant que votre confiance à vrai dire. Et pour cela, je vous étais reconnaissant car vos paroles traînaient dans ma tête alors que je m'avançais vers un sanctuaire sombre.

En effet, une fois passée les herbes hautes, le soleil commençait grandement à décliner. De toute façon, il aurait été peu nécessaire à travers le plafond que formaient les hautes branches des arbres. Mais l'avantage est que l'accès se dégageait. À l'ombre des mastodontes végétaux, rien de poussait. Un épais tapis de feuilles et d'épines en décomposition nourrissait sans aucun doute une légion d'insectes. De ce fait, je pus apercevoir lors de ma progression la lune remplacer, ô combien plus efficacement à mon goût, le soleil couchant. Et, au plus noir de la nuit, les yeux calmes et inquisiteurs d'une chouette me donnait l'impression de pénétrer un territoire interdit. Impassible, elle ne fut nullement inquiétée par mon arrivée. Seulement dérangée. Peut-être me prendrez-vous pour un fou mais l'espace d'un instant, je crus l'entendre soupirer. Je vous écris bien soupirer. Soupirer d'agacement, comme si ma présence rappelait un temps passé que la forêt entière souhaitait oublier. Le temps des hommes sans doute.

Je m'approchai alors d'elle. Il faut toujours suivre la voie de la sagesse et la chouette en est l'emblème me disais-je alors. Ce ne fut que lorsqu'elle ne se trouvât qu'à quelques mètres de moi qu'elle prit son envol. Ses magnifiques ailes se déployant avec majesté, un vacarme de plume brisa le silence qui maintenait notre relation. Elle hulula une fois en ma direction, yeux dans les yeux. Elle me prévenait que si je m'aventurais plus en avant les soucis me guetteraient. Alors, et seulement alors, je remarquai son perchoir. Sur un bloc de granit recouvert d'une épaisse couche de végétation sèche se paradait une grande gargouille. Sa gueule grimaçante tirait sa langue en pointe de tout son long jusqu'à son cou rétracté dans ses épaules squelettiques. Accroupie sur son piédestal, ses ailes déployées donnaient une réelle impression que ce gardien s'apprêtait à s'envoler vers moi. Aucune rancœur sur son visage déformé, parfaitement froide à mon passage, seuls ses yeux m'indiquaient que je n'étais pas le bienvenu. Deux saphirs étonnamment encore en place ressortaient partiellement des orbites de la statue. Toujours là alors que si peu de distance les séparaient d'une masse de mercenaires, ces gemmes n'affirmaient sans doute pas que personne n'avaient essayer de les enlever mais que personne n'y était parvenu. Vu la grande proportion de voleurs dans l'armée de la Sorcière, comment ne pas penser au pire.

Vous savez mon admiration pour Fracevolt. Sa capacité à instiller chez le lecteur la plus grande des peurs sans même en décrire la source. Tout est question d'atmosphère me disiez-vous fréquemment lorsque je l'avais découvert. Une goutte de sueur perlant sur mon front, je m'attaquais avec tant de plaisir que d'appréhension à la lecture d'un autre de ses romans. Depuis lors, je me disais que rien de ce que je verrais ne pourrait me faire aussi peur que l'ambiance que le monstrueux auteur parvenait à créer. Je me mentais à moi-même. Une rangée disparate de gargouilles formait une allée jusqu'à une terrible porte. Chacune différait de l'autre. Et je ne vous parle pas ici d'une grimace différente. Au delà d'un certain classicisme sur la première des gargouilles, un hall des difformités se construisait à chacun de mes pas. Là une hyène à tête d'ours, plus loin un corps d'homme formé uniquement de serpents entrelacés. Menaçante ou fière, en colère ou en attente, chacune vivait pour ainsi dire par l'émotion particulière et unique que le sculpteur créa dans un temps si reculé qu'il ne veut plus rien dire à mes yeux.

Alors que je m'étonnais de la présence désormais de chênes malgré la présence de l'océan si près de la forêt – sans doute afin de ne pas m'attarder sur les créatures de pierres qui rendait mon pas tremblant – j'arrivai finalement à la dernière des sculptures. Assis sur ses pattes arrières puissantes singeant un lion aux proportions ahurissantes, s'enroulait autour du bloc de granit sur lequel se reposait la créature un serpent lui servant de queue. Me reculant et levant la tête pour la voir en entier, je compris alors qu'il s'agissait d'un gigantesque griffon. Le buste félin se paraît peu à peu de plumes minutieusement taillées et donnait sur un bec colossal, grand ouvert, criant à la lune. Je fis le tour afin d'observer le travail fait pour les ailes. Déployées droites et parallèles, leurs contours géométriques et leurs angles aigus donnaient à cet enchevêtrement d'écailles finement dessinées un air aussi puissant qu'agressif.

Le mythique monstre se trouvait juste en face d'un arc immense. La porte de l'endroit où je me rendais, évidemment. Dans un style parfaitement militaire, perçant un mur d'enceinte recouvert de lierre, un immense trou béant m'invitait à entrer. Pourquoi abandonner un tel lieu ? Quel mystère avait poussé les hommes à abandonner cet endroit ? Quel danger, sans doute, serait plus juste. Aux pieds de l'arc et jusqu'à perte de vue s'étendait une mousse épaisse et confortable d'un gris sale et inquiétant. Ma quête finirait ici, j'en avais le pressentiment. Non, j'en avais la conviction.

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Mer 20 Juil 2011 10:38 
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Et devant l’arche de l’entrée, sous l’immense statue qui gardait le lieu, trois plus petites, figées sur leur socle. L’une d’elle était un griffon, la seconde un sphinx, et la troisième un hippogriffe. Trois créatures mythique, qui semblaient surveiller les lieux.

Chaque socle était muni d’une phrase, sous la mousse. Il te faut la dégager avant de décrypter ce qui y est inscrit, encore très nettement :

La phrase du griffon indique :
« On peut la voir venir, mais jamais repartir.
Chaque homme, un jour, lui donne ce qu’il a de plus cher.
C’est un cadeau qui attriste ceux qui ne l’ont pas reçu »


Celle du sphinx est tout aussi obscure :
« Cette chose toute chose dévore :
Oiseaux, bêtes, arbres fleurs,
Elle ronge le fer, mord l’acier,
Réduit les dures pierres en poudre,
Met à mort les rois, détruit les villes,
Et rabat les hautes montagnes. »


La troisième n’est guère plus claire :
« Sans voix, il crie,
Sans ailes, il voltige,
Sans dents, il mord,
Sans bouche, il murmure. »


Des énigmes sur des gardiens.

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Mer 20 Juil 2011 23:31 
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Trois dernières gargouilles m'attendaient au devant de l'entrée des ruines. Trois derniers gardiens. La première ressemblait à une reproduction sage de l'immense griffon. D'une taille bien plus raisonnable mais à la physionomie identique, son visage pointait, comme ses deux autres congénères, vers l'intérieur de la bâtisse. Des topazes violacées rendaient son visage pensif tandis que son corps mimait l'attente. Chacun de ses muscles avait été sculpté au repos et ses belles ailes écaillées se repliaient en formant une carapace inouïe autour de ses épaules. La mousse grise attaquait le piédestal jusqu'aux griffes félines de la créature en une couche épaisse et agressive.

À ses côtés se tenaient donc deux autres sculptures. La première représentait un sphinx inquisiteur. La majeure partie de son corps empruntait aux traits d'un lion rachitique. Accroupi sur ses pattes arrières, celles de devant peinaient à toucher le bloc de granit recouvert de la sale végétation des alentours, tendues à leur maximum, m'obligeant à lever haut ma tête pour observer la sienne. Son visage grave possédait cette étrange capacité ont les vieillards à vous montrer qu'ils connaissent tous les mystères du monde et de la vie tout en gardant un rictus moqueur vous incitant à les découvrir vous même. Orné d'un épais mais assez court collier de barbe et d'un diadème en or cintrant ses cheveux d'ébène, il observait calmement le lointain de ses rubis pourpres. Ses ailes déployées aux plumes d'un blanc immaculé jurait avec la crasse noyant les pourtours des statues.

Le dernier des trois gardiens semblait plus jeune, plus fougueux. Cabré, son long corps de cheval dépassait ainsi d'un mètre ses deux camarades aux statures plus posées. Ses deux membres avant, hybrides d'une jambe de cheval et de griffes d'aigle, boxaient l'air avec frénésie. Des plumes naissantes, semblables à de nombreuses et fines écailles, recouvraient ses courtes ailes qui, dans une pure impression de mouvement, fendaient l'air ardemment. Sa tête de rapace perçant le plan le plus reculé de ses saphirs jaunes s'avançait, le bec ouvert et la langue tirée. À première vue, sa tête était dépourvue de plume. Il me fallut escalader son reposoir pour distinguer les fines lignes qui formaient un fin duvet tiré en arrière par un souffle imperceptible.

En redescendant, je trébuchai et ripai sur la mousse en en arrachant une longue ligne. Des lettres formant sans doute une antique mise en garde, pensai-je alors, apparurent sous les végétaux. À l'aide de ma dague, je m'empressai de tout lire. L'hippogriffe m'adressait en fait une énigme, sans doute pour les anciens initiés. À ce moment, il ne faisait pour moi aucun doute qu'il me fallait y répondre pour passer, de peur qu'il ne se réveillasse énervé par mon passage. Cela disait ceci :

« Sans voix, il crie,
Sans ailes, il voltige,
Sans dents, il mord,
Sans bouche, il murmure. »

Les poètes, bien que le représentant fort bien, n'utilisaient en fait que de simples métaphores pour parler de ce qui fut commun. La réponse demandée, assurément, devait être le vent. En effet, les cris de celui-ci ne demande pas de voix, son vol aucune aile, sa morsure aucune dent, ses murmures aucune langue. Mais comment devais-je m'y prendre pour donner le mot de passe ? Je m'essayai à l'exprimer à haute voix, de la plus simple de manière.

« La réponse à ta question est le vent. »

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Jeu 28 Juil 2011 18:16 
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Sans prévenir, la statue de l’hippogriffe s’anima. Une fine bise se mit à souffler, ôtant l’air figé de ce sanctuaire ruiné. Son regard s’illumina d’une leur bleutée, et l’animal mythique de pierre s’inclina sur son promontoire, genou en terre et tête baissée, en signe de respect.

Les deux autres statues n’avaient, quant à elles, pas bougé.

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Lun 1 Aoû 2011 01:53 
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Ce fut alors que la créature prit vie pour un instant. Dans un crissement mécanique, l'un de ses genoux se plia sur le bloc de granit. Sa fougue disparue alors pour laisser place à un profond respect. Sa tête s'inclina légèrement vers le bas tandis que ses yeux s'illuminait en un fin faisceau bleuté se projetant sur le mousse grise. Heureux d'une réaction pacifiste, je grattai la mousse sous la statue du sphinx. Voilà l'énigme qu'il me posait :

« Cette chose toute chose dévore :
Oiseaux, bêtes, arbres fleurs,
Elle ronge le fer, mord l’acier,
Réduit les dures pierres en poudre,
Met à mort les rois, détruit les villes,
Et rabat les hautes montagnes. »

Voilà qui était bienvenue dans ma recherche éperdue d'un temps qui ne n'arrivera pas ! Parler du temps qui passe est souvent synonyme d'une discussion longue et inintéressante, mais le poète a le courage de la rendre belle. Je m'empressai de lui répondre.

« Quant à la tienne, il s'agit du temps. »

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Mer 3 Aoû 2011 13:17 
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A son tour, le sphynx s'anima lentement, et inclina la tête en signe de respect... Ainsi positionné, il redevint de marbre, sans bouger. Il ne restait qu'une énigme...

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Jeu 4 Aoû 2011 19:12 
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Le rachitique mais néanmoins mythique vieillard eut la même réaction que son voisin. Dans un doux vacarme, il s'inclina, preuve de ma réussite. Il ne me restait alors qu'un seul gardien. Je m'efforçai de faire apparaître la dernière question, laissant un petit tas de mousse à terre qui s'en allait recouvrir mes bottes. Des écritures dorées apparurent alors doucement, dernier pas avant les ruines.

« On peut la voir venir, mais jamais repartir.
Chaque homme, un jour, lui donne ce qu’il a de plus cher.
C’est un cadeau qui attriste ceux qui ne l’ont pas reçu. »

Quelle belle combinaison. Le vent et le temps, deux dangers, deux bénédictions, menant droit à un mur inexorablement atteint. La mort.

« Et pour finir, je dirais que ta réponse est la mort. »

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Mar 16 Aoû 2011 21:22 
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La troisième statue s’anima à son tour, noble griffon aux serres acérées, qui incline la tête à son tour, en signe de respect et de soumission. Le vent, le temps, la mort. Trois réponses exactes… Et malgré la petite bise fraiche qui s’écoule sous les ruines, les quelques animaux jusqu’ici absents, oiseaux dans les arbres ou insectes entre les dalles de pierre, tout est calme. Et pourtant, l’endroit est changé : la vie renait petit à petit, sous le vent frissonnant. Le temps qui semblait arrêté a repris le dessus.

La Cour des armes s’étend, vestiges d’un temps révolu qui n’a pourtant pas dit son dernier mot.

Plus loin, dans la cour, il y a trois neuf statues. Tous les dieux y sont représentés, en cercle : Phaïtos et Thimoros sont accolé, sur la même statue, terribles et sombres, menaçants. Valyus a les traits d’un fier homme à la barbe drue et au regard d’acier tenant à bout portant un marteau, et dans son dos un large pavois. La statue de Rana est douce et aérienne. Celle de Yuimen est toute en matière, robuste et lourde. Moura est représentée aux côtés d’une fontaine, alors qu’un âtre flamboyant de pierre est l’élément accompagnant Meno. Yuïa est droite, belle et terrible, comme figée. Gaïa tient dans une main un bouclier, et dans l’autre un livre, signe de son érudition. Et au centre de toutes, un dieu sans visage est représenté. Un dieu masqué portant un symbole parlant : un sablier. Zewen.

Derrière chacune des statues, hormis celle de Zewen, puisqu’elle est au centre, des voies pavées partent en étoile. Huit voies. Une seule correcte.

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Sam 20 Aoû 2011 01:29 
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Le sphinx, à son tour, me salua avant de reprendre sa veille immobile. Je m'attendais alors à quelque chose d'exceptionnel, spectaculaire. Il me fallut me retourner pour apercevoir le changement. Au delà de la porte s'étendait la légendaire cour des armes. Je ne l'avais pour le moment pas remarquée. Cela me semblait étrange, comme si auparavant se trouvait là un brouillard opaque mais que je ne remarquais pas mais que, désormais, celui-ci s'était évanoui une fois les réponses données aux gardiens. Quelques ruines entouraient la place principale mais ne consistaient qu'en des annexes, probablement d'anciens vestiaires ou entrepôts d'arme. Au centre, l'ancienne esplanade d'entraînement en pleine air des grands combattants de Pohélis s'étendait. Tout semblait identique que quelques minutes avant et pourtant l'air lui même changeait. Un courant d'air caressait mes joues et je me surpris et remarqué un scolopendre courir le long du mur d'enceinte.

La cour ne devait pas avoir quitter les praticiens plus de quelques heures si on la regardait. La végétation n'avait pas pris le dessus et la terre qui la recouvrait était toujours battue. Peut-être ne fusse que mon imagination mais je jurerais à ce moment là sentir la transpiration des derniers combattants et le sang des derniers vaincus apportés par une bise fraîche. Quelle genre de protection fut-ce ? Quelle puissance gardait ces lieux ? Je n'en avais aucune idée mais mieux ne valait-il pas la provoquer. Je m'avançais ainsi peu à peu sous la grande porte. En retrait se trouvait un cercle de statues. L'histoire impérialiste et guerrière de Pohélis n'avait pas que des mauvais côtés. Ce fut une grande et géniale civilisation qui parvint à faire venir les plus grands artistes. Je pouvais compter neuf sculptures : huit en cercle et une au centre. Majestueuse et recelant la grandeur et la force, elles tournaient le dos aux soldats pour n'avoir d'yeux que pour celle du centre. Contrairement aux chimères précédentes, elles avaient toutes une allure humaine. En les examinant quelque temps, je compris qu'il s'agissait d'une représentation des dieux.

Valyus ressemblait à un roi nain de la grande époque, si ce n'était qu'il paraissait bien plus élancé. Un large bouclier pendant dans son dos, touchant presque le sol tandis que, au dessus de sa tête, ses mains serrait un marteau tellement haut sur le manche qu'elles touchaient la partie contondante. À ses côtés se tenaient Yuïa, raide comme un soldat, froide comme un assassin, ainsi que Phaïstos et Thimoros, représenté sur une seule et même statue, comme si la mort et l'ombre représentait la même puissance. Leurs yeux perçants affichaient une colère de se trouver aux côtés de Gaïa qui posait les siens sur un livre. Malgré les nombreux détails, celle qui représentait Yuimen semblait taillée négligemment d'un bloc brut. Sage et pensif, il dégageait une aura de protection et de stabilité. Moura jouant auprès d'une fontaine ronde et basse souriait à Méno qui alimentait un foyer à ses pieds. Et, enfin, le socle de la dernière statue du cercle qui représentait Rana ne touchait qu'un orteil de la déesse, en position de danseuse, sa robe se balançant dans un vent éternel. Au centre d'elles toutes se tenait Zewen. Son visage était lisse et un sablier écoulait un sable figé par la roche dans ses paumes ouvertes.

De chacune de ces sculptures hormis celle du dieu du temps partait un chemin pavé. Le calme emplissait les lieux mais je ne pouvais contenir l'impression qu'une menace planait sur moi à chaque instant. Comme si le code attendait de moi une action précise. J'en trouvais les origines dans l'histoire des trois gardiens précédents sans que cela n'aie la moindre influence sur ce sentiment. Peut-être fut-ce absurde mais ils ne sortaient pas de ma tête. Si on les prenait dans l'ordre de lecture, cela nous donnait vent, temps, mort. Afin d'atteindre le temps et donc Zewen au centre du cercle, il fallait éventuellement passer par le vent, Rana, et sortir par la mort, Thimoros et Phaïstos ? Je m'engageai, suivant mon instinct, le long du chemin qui menait à la statue de Rana.

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Mar 23 Aoû 2011 13:56 
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Tu t’approches du cercle et contourne celui-ci sans aucune entrave, jusqu’à y pénétrer par le chemin donnant sur le dos de Rana. Tu es donc désormais entre la statue de Rana et celle de Zewen…

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Jeu 25 Aoû 2011 00:53 
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Toutes les statues me dominaient de leur majesté et de leur hauteur et m'observaient inflexiblement. Entré dans le cercle, je me trouvai entre le vent et le temps. Je m'approchai de Zewen et posai mes mains sur ses pieds.

« Ô père des dieux, tu m'as amené ici pour retrouver ton écriture. Jamais n'ai-je pensé ne serait-ce qu'une minute que j'étais sur la mauvaise route. Aussi vous demande humblement si mon périple a pris fin. Ce périple, bien entendu. Je sais que, de ma vie, jamais le périple sera absent. »

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Lun 29 Aoû 2011 09:10 
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La statue reste de marbre (littéralement) et ne répond rien à tes suppliques. Zewen n’est pas le plus bavard des divins, à bien des égards…

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Mar 14 Fév 2012 23:44 
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Je m'accroupis au dos de la froide statue de Zewen. Son toucher glacé hérissa mes poils mais le pavé m'accueillait avec grâce. Je ne m'étais pas reposé depuis si longtemps. Je fermai les yeux un instant. Voilà maintenant trois années, je quittai votre demeure et votre service pour accomplir votre gloire, Maître. Nos objectifs dépendaient de ma mission et un sentiment de fierté m'envahissait en me pensant si proche. Je ne sais toujours pas combien de temps je me suis assoupi. Oui, maître, je me reposais de ma quête acharnée au porte du but. Je repensais à Oranan au printemps. La blancheur immaculée des cerisiers en fleur autour de la Résidence. Les toits en voûte et l'espoir d'avoir le mien. Ma servilité accomplie dans la joie. L'autonomie dans l'obligation. Et puis mon départ, la fumée des pipes sur le navire. Le feu qui consume marchands et amis.

Lorsque mes paupières toujours lourdes s'ouvrirent mécaniquement, difficilement, prudemment, la fatigue les plombaient toujours mais l'envie de vous revoir leva mes jambes. Je retournai vers la majestueuse Rana d'un pas pesant mais résolu, plaçai mes mains sur son socle et pointai mes yeux livides sur son regard d'airain.

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 Sujet du message: Re: Les ruines de la Cour des armes
MessagePosté: Mar 10 Avr 2012 11:49 
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La statue resta immobile, comme celles des autres divinités. Apparemment, il n’y avait que les gardiens de ce sanctuaire qui faisaient vibrer la pierre. Dans leur gangue minérale, les divins dormaient, indiquant peut-être la voie à suivre… La route à prendre. L’un des huit chemins. Saric avait évoqué une voie : le vent, le temps, la mort… Et après avoir visité le temps, il se retrouvait seul face à la déesse du vent.

Rien ne bougeait aux alentours. Comme si le lieu entier était mort, dénué de toute vie, et isolé de toute civilisation.

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