Je rattrapai rapidement Ashar lui emboîtant le pas. Nous fîmes le reste de la route en silence jusqu’à l’entrée de la milice. Le soldat en faction nous laissa entrer et aussitôt nous nous dirigeâmes vers les cellules, du moins je le supposai car je n’avais encore jamais visité ce bâtiment. Le capitaine s’arrêta doucement devant une porte pleine, posant la main sur le verrou.
- « Bien Aenaria, j’imagine que tu sais quoi faire ? »
- « La cuisiner aux petits oignons ? »
- « Sur tous les sujets possibles. Il n’y a aucun garde en faction, la porte sera fermée d’ici. Lorsque tu auras terminé, tu n’auras qu’à toquer trois fois et je saurais. »
Je portai machinalement ma main à mon anneau de l’équilibre. Ashar comprit où je voulais en venir sans verbaliser le nom de la guilde.
- « Tous les sujets. Entre des portes fermées, nous pouvons faire ce que nous voulons. »
- « J’ai une limite de temps ? »
- « Ma patiente est grande, tu as tout temps. »
- « Y a-t-il des choses que je dois savoir à son sujet avant d’entrer dans sa cellule ? »
- « Elle porte des entraves aux mains l’empêchant d’utiliser ses pouvoirs magiques et elles sont attachées dans son dos au cas où. »
- « D’accord. »
J’inspirai et expirai profondément afin de me mettre en condition. Je ne m’étais pas prêtée à ce genre d’exercice depuis ma sortie de l’armée. Dernièrement, j’avais plus été la victime des interrogatoires qu’autre chose. Je n’aurais qu’à chercher dans mes souvenirs pour les méthodes les plus vicieuses pour instiller la douleur dans le corps ou sinon mes pouvoirs magiques.
Faisant un signe de la tête, Ashar m’ouvrit la porte me laissant entrer dans le couloir des cellules. J’avançai doucement le long des cellules jusqu’à tomber sur celle de Tamìa. Je la trouvai tête baissée, les bras derrière une chaise, les chevilles attachées aux pieds avant de la chaise. Sa robe était déchirée en plusieurs endroits, ses cheveux demandaient un bon coup de peigne.
En entendant quelqu’un approcher, elle leva machinalement la tête. En me voyant arriver, les traits de son visage se durcirent.
- « Tu viens m’interroger à ton tour Aenaria ? J’ai déjà dit tout ce que je savais. »
J’ouvris la porte de sa cellule et y entrai, refermant derrière moi. Puis me postant en position de repos face à elle, je commençai notre joute verbale.
- « Oh non, tu n’as pas tout expliqué et je peux te dire que tu n’as vu qu’une toute partie de l’étendue de mes pouvoirs magiques. Si je le souhaitais, je pourrais t’annihiler dans la seconde d’une seule boule de fluide magique. »
- « Je n’y crois pas ! Ce genre de chose est impossible sans avoir rencontré les elfes dorés. »
- « Chaque chose en son temps tu veux bien, mais avant petite question, depuis quand es-tu de mèche avec mon frère ? »
- « Ca fait cinq ans qu’on couche ensemble. »
Pourquoi cela ne me surprenait pas ? Cela correspondait aux cinq années de vagabondages avant le passage à l’âge adulte. J’avais bien passé ces cinq années avec Ehemdim sauf qu’il y avait de l’amour dans nos relations, je savais que mon frère m’aimait, il ne pouvait pas l’aimer elle, appuyons là où ca faisait mal.
- « Est-ce que tu sais que pendant tout ce temps, il m’imaginait à ta place ? »
- « C’est faux ! Aenarion m’aime ! »
- « Te l’a-t-il seulement dit une fois ? »
Il y eut alors un gros blanc de la part de Tamìa qui sembla chercher dans sa mémoire la dernière fois où il le lui avait dit. Ce temps fut d’une longueur, le temps s’étirait et je la voyais se décomposer un peu plus à chaque seconde, j’avais vu juste. Elle sembla ruminer dans sa barbe avant de me cracher dessus.
- « Il ne m’aurait jamais fait l’amour comme il me l’a fait s’il ne m’aimait pas ! »
- « Que tu crois, ce que tu peux être naïve… »
Je laissai cette phrase en suspend dans l’air avant de me mettre à faire le tour de sa chaise, comme un carnassier autour de sa proie blessée, prête à la mettre à mort. Je revins à mon point de départ dans une lenteur calculée. Je n’allais pas reprendre la conversation, c’était à elle de venir vers moi, qu’elle comprenne que j’étais au-dessus d’elle et non pas à ses ordres.
- « Qu’est-ce que tu veux de moi ? »
Petit sourire de victoire sur mon visage, puis je donnai satisfaction à cette gourgandine de première classe.
- « Des informations, des réponses, bref beaucoup de choses. »
- « Je t’écoute. »
- « C’est trop simple, pourquoi est-ce que tu me facilites autant la tâche ? Tu as un plan d’évasion ? »
- « Et je ferais comment sans avoir accès à mes pouvoirs magiques ?! »
Elle avait raison, je venais de faire preuve d’une monumentale erreur de jugement qui pouvait me coûter cher. Je devais laisser couler et reprendre là où je m’étais arrêtée.
- « Aenarion est ici ? »
- « Je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où il est actuellement. »
- « Tu es absolument sure de ça ? »
- « Certaine. »
Sa voix manqua cruellement de conviction. Je m’approchai de nouveau de sa petite personne et lui glissai une petite phrase dans l’oreille gauche.
- « Est-ce que tu es consciente que j’ai le droit de vie et de mort sur toi ? »
Elle me regarda enfin dans les yeux, glacée d’effroi. Mon coup de bluff avait eu son petit effet. Parfait, elle allait me manger dans la main. Elle avala bruyamment sa salive.
- « Tu n’oserais pas Aenaria, tu vaux mieux que ça. »
- « Tu n’as jamais fait la guerre, tu ne sais pas ce qui est juste ou non, tu n’es pas celle qui a été torturée pendant quatre jours par Liam de Falek, d’ailleurs il t’envoie son bon souvenir depuis l’au-delà ! »
Je me remis face à elle, avançant violement mes bras sur le dossier de la chaise, retrouvant ma tête à quelques centimètres de la sienne.
- « Ne viens pas me faire la moral sur ce qui est bien ou pas ! J’ai vu mourir des amis sous les coups des elfes noirs, d’autres par d’affreux monstres dont tu ne soupçonnes même pas l’existence ! Alors garde tes beaux discours pour les sortir à d’autre qu’à moi ! »
Je reculai tout en poussant la chaise. Je fis une pause afin de reprendre mon souffle et de conserver un minimum de calme en moi.
- « Donc je te pose la question gentiment, où est mon frère Tamia ? »
- « Je n’en sais rien ! »
- « Tu mens, je peux le voir dans tes yeux. Tu as déjà été torturé il me semble et à ce que je vois, on a soigné tes blessures… »
Je dégainai alors mon épée, la pointant sous son menton.
- « Sache que je n’aurais aucun scrupule à les rouvrir. Alors, où est mon frère ? »
- « Je ne sais pas… »
Elle baissa la tête sur ses genoux, pour ne pas que je vois ses larmes. Regardant autour de moi, je cherchai de l’inspiration. J’aimais être créative lors de mes interrogatoires, me servir de mon environnement comme on nous l’avait enseigné à l’armée. Mes yeux tombèrent sur un seau qui était remplie d’eau, cela me donna une idée, une idée terrifiante…
- « Le sang pour le sang, c’est juste de la barbarie… »
Je rengainai mon épée, le bruit du métal la fit à peine ciller. Parfait. J’attrapai le seau d’eau et lui balançait le contenu sur le corps. Elle releva la tête face au choc de la rencontre avec le liquide froid. Son visage dégoulinant était à cet instant très drôle à regarder.
- « Pourquoi tu as fait ça ?! »
- « Histoire de te rafraîchir les idées peut être. »
- « Je te répète que je ne sais pas ! »
- « La torture que tu as subi, elle était physique je suppose, avec des lames qui te tranchaient la peau un peu plus à chaque seconde, laissant la vie s’écouler de toi lentement mais sûrement. »
Au fur et à mesure que mes propos avançaient, ses yeux s’ouvrirent de plus en plus grands.
- « Comment tu peux savoir ça ? »
- « Parce que j’ai subi ce genre de chose durant mon premier mois à l’académie militaire. Je dirais même qu’ils ont fini avec les fouets, ils adorent ça surtout le capitaine de la milice. »
- « Mais … »
- « J’ai subi cela pendant une semaine mais je n’ai pas failli, jamais je n’ai renoncé et pourtant j’ai subi plus d’une fois la torture. Alors pour la dernière fois, où est Aenarion ? »
- « JE NE SAIS PAS !!! »
Je fis monter mes fluides d’éclair dans ma main droite.
- « T’es-tu déjà posée cette simple question : qu’est-ce qui est le plus douloureux entre l’électrocution ou l’hydrocution ? »
- « De quoi tu parles ? »
Elle avait les yeux ronds comme des billes, complètement apeurée. De nouveau, je m’approchai d’elle, me glissai dans son dos et lui glissai cette petite affirmation à l’oreille.
- « Moi je peux te le dire, c’est l’hydrocution car ton cœur ne tient que deux ou trois décharges à pleine puissance. »
Je me reculai et lançai des éclairs sur la chaise mouillée où se trouvait Tamìa, faisant bien attention de ne pas avoir les pieds en contact avec la zone humide du sol. Les cris de douleurs vrillèrent mes oreilles mais je n’en avais que faire. Je devais obtenir des réponses et j’avais tous les droits sur sa misérable vie, enfin presque mais ça elle n’avait pas besoin de le savoir.
La tête de Tamia chut sur sa poitrine, elle respirait encore mais tout juste. Je m’approchai d’elle, fis monter mes fluides de lumière à mes doigts et lançai un sort de soin afin de la faire revenir à elle. Mon œuvre accomplie, je repassai devant elle et m’agenouillai face à son corps à bout de force.
- « Tu vois, je peux tenir très longtemps à ce petit jeu là, je n’étais pas à pleine puissance encore mais j’aurais seulement de quoi te soigner une fois de plus. Donc, tu te mets à table maintenant ou tu préfères mourir comme la sale traîtresse que tu es ? »
- « Aenaria, je te jure que je ne sais pas où il est, crois-moi ! »
- « Tes paroles ne sont que du poison, voyons si ceci va te délier la langue. »
J’avais les moyens de la faire parler, je le savais alors autant lui montrer une partie de l’étendue de mes pouvoirs magiques. Tranquillement, je fis monter mes fluides de feu et créai une boule de feu au bout de chaque main.
- « Tu n’oserais pas Naria… »
- « Pas de Naria avec moi, tu as perdu le droit de m’appeler ainsi le jour où tu as décidé de participer au meurtre de mes parents et de Gameleb ! »
- « Je t’en supplie, je n’y suis pour rien dans tout ça. Ton frère peut être tellement persuasif lorsqu’il s’y met, je suis entrée dans son jeu bien malgré moi croyant qu’il était amoureux de moi. »
- « Ça ne répond pas à la question ! »
- « Je jure sur Sithi que je ne sais pas où il est. »
- « Toi qui a prêté allégeance à Thimoros, fais-moi rire ! »
- « J’ai fait tout ça pour Aenarion, je n’ai jamais voulu en arriver là ! »
- « Je perds ma patience… »
- « Là, tout de suite, maintenant je ne sais pas où il est mais je peux au moins te dire où il réside habituellement. »
Je fermai aussitôt mes paumes, faisant disparaître les boules de feu.
- « Bien, tu sembles retrouver un minimum de raison. Alors ? »
- « La ville des prisonniers. »
- « Raynna ?! »
C’était le pompom ! Interrogation de Crystallia sur la ville, petit topo de la part d’Aenaria. Qu’est-ce qui a bien pu pousser mon frère à aller se terrer là-bas ?
- « Tu ne me tends pas un piège j’espère ? »
- « Non, je pourrais même te donner l’adresse précise s’il le faut ! »
- « Rien que pour cela, je ferais en sorte que l’on te garde en vie. Si jamais tu m’as menti, je ferais en sorte que ta misérable vie soit écourtée. »
- « Je te jure que c’est la vérité ! »
- « Question suivante… »
- « Attends une seconde, tu ne pourras pas le battre par la force de ta magie actuelle ou toute seule avec ton épée aussi douée sois-tu. »
- « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »
- « Sa maison possède un tunnel menant au souterrain de la ville… »
- « Oh non, tu veux dire que les shaakts de la ville sont à son service ?! »
- « Où crois-tu qu’il a recruté ceux qui sont venus chez toi pour tuer ta famille ? »
Je venais de tomber de haut, cette information était complètement déroutante. Mon frère avait réussi à mettre dans sa poche une armée d’elfes noirs sournois, excités à la vue ou à l’odeur du sang. Mon frère était tombé bien bas pour s’allier à des êtres aussi perfide. Mon cœur saignait un peu plus à chaque révélation de Tamìa.
Pour les arrêter tous autant qu’ils étaient, à part une expédition punitive avec l’armée, la milice ou les sindeldi de la guilde, je ne voyais pas trop quoi faire à part perfectionner mon attaque ultime et la faire sur terrain découvert avec tous ces noirs en face de moi. En parlant de puissance…
- « Qui sont les elfes dorés ? »
- « Pourquoi tu t’intéresses à eux ? »
- « Je dois vraiment te faire un dessin ? »
- « Hors de question pour moi de te mâcher le travail, j’ai mis des jours entiers à apprendre leur existence puis des jours à chercher des informations sur eux à la milice de Tahelta, je ne vais pas cracher le morceau aussi vite. »
- « Je sais pour l’ordalie. Tu as dû la faire pour avoir une telle réserve de fluides d’ombres en toi, je suis capable de les détecter tu sais. »
- « Depuis quand es-tu devenue une paladine ? »
- « Un petit moment, mais j’ai dépassé ce stade maintenant. Je cherche à développer mes dons magiques et une personne bien informée m’a parlé de l’ordalie. »
- « Seules les personnes l’ayant connu ou possédant de très vieux parchemins à ce sujet en connaissance l’existence. »
- « Mon petit doigt lit beaucoup. »
- « Donc tu ne sais rien. »
- « Détrompe-toi, grâce à toi j’en sais suffisamment. L’ordalie doit être selon moi un rite de passage qui permet de débloquer notre magie, comment je l’ignore, il est en lien avec les elfes dorées, une race complètement mythique et nécessite de trouver un objet dont je ne connais pas encore le nom, j’ai bon jusque là ? »
Tamìa resta pantoise devant ce que je venais de lui dire. Ouvrant grand la bouche de surprise, elle finit par reprendre une posture normale.
- « Tu es plus intelligente que je ne le croyais et bien mieux informée aussi. Qui est ton petit doigt ? »
- « Mon frère t’a-t-il expliqué la raison de sa vendetta ? »
- « Il m’a dit qu’il voulait prendre la place de ton père et qu’en plus il voulait mettre une cerise sur le gâteau. »
- « La cerise étant moi… »
- « C’est ce que tu dis. Mais pour le reste, je n’en ai pas la moindre idée. J’ai cru sur le moment qu’il voulait prendre la place de ton père au conseil des 15 mais il n’est pas un soldat, donc je ne voyais pas trop comment il pourrait faire. »
- « Il voulait bien prendre la place de mon père mais pas à ce conseil-ci… »
- « Dans lequel alors ? »
- « Là tu es trop curieuse Tamia. »
- « Tu me dois bien ça après tout ce que je viens de t’apprendre. »
- « Je ne te dois rien du tout, estime-toi heureuse que je sois patiente sinon tu serais déjà morte. »
- « Tu n’y arriveras pas seule Aenaria. »
- « Je ne suis pas seule, j’ai Ehemdim pour m’aider. D’ailleurs comment se fait-il que le sortilège que tu lui as jeté ainsi qu’à sa famille, à ta propre famille et à celle de Gameleb ne soit pas levé ? »
- « Il fallait que je meure pour cela. »
- « Parfait. »
Je dégainai mon épée et pointai la lame sous son cou prête à lui trancher la gorge d’un coup.
- « Ou bien tu me laisses pratiquer le contre-rituel. »
- « Tu tiens tant que cela à la vie ? Tu me crois suffisamment stupide pour te redonner accès à tes pouvoirs magiques ? »
Elle afficha un sourire sadique. Elle avait prévu cette éventualité dans son plan. Je cherche une solution dans ma tête, autant jouer carte sur table.
- « De quoi as-tu besoin ? »
- « Tu vas me laisser faire ? »
Elle afficha un sourire de victoire sur le visage. Elle avait gagné cette bataille, mais je n’avais pas encore perdu la guerre. S’il y avait une possibilité même infime pour lever la malédiction qui planait sur les différentes familles et sur Ehemdim, je devais essayer. De toute façon, il me fallait l’aval du conseil pour tenter quoi que ce soit.
J’étais pratiquement sure que Saraï et les différents représentants des temples de la ville ne seraient pas d’accord avec ce que j’envisageai de faire. La persuasion serait ma meilleure arme face au conseil, je savais d’ores et déjà qu’Ashar me soutiendrait dans ma démarche mais les autres membres, c’était une autre histoire.
- « Réponds à la question et nous verrons bien. »
- « Six bougies noires, Six bougies rouges, le cœur d’un animal fraîchement tué ainsi que son sang, un ruban blanc, une craie pour dessiner et une coupe en argent. »
- « C’est tout ? »
- « Oui. »
- « Bien. Je vais récupérer tout ce dont tu as besoin. Je suppose que tu as déjà tout cela quelque part, je me trompe ? »
- « Dans la cave de mes parents, c’est d’ailleurs là que j’avais pratiqué le rituel la première fois. Il me fallait me trouver proche de la plupart des personnes qui allaient être touchés par le maléfice. »
- « Sauf pour Ehemdim. »
- « Il était la cible principale du sort, de près ou de loin j’étais sure de l’atteindre, le reste est une petite cerise sur le gâteau. »
- « J’espère pour toi que tu te souviens de tout le rituel dans les détails et que tu ne m’as pas menti sinon tu le paieras très cher, ça je peux t’en faire la promesse. »
- « Si tu remplis ta part du contrat, je remplirai la mienne. »
- « J’ai tout ce dont j’avais besoin. »
Je me retournai et sorti de la cellule alors que je marchai doucement dans le couloir la voix de Tamìa atteignit mes oreilles.
- « À tout à l’heure Naria ! »
En arrivant devant la porte, je toquai trois coups comme me l’avait demandé Ashar. Il ouvrit la porte et me regarda d’un drôle d’air comme si quelque chose n’allait pas avec moi.
- « Tu es livide Aenaria, est-ce que tout va bien ? »
- « J'ai mon estomac aux portes de ma bouche... Je ressors de là avec plus de questions que de réponses, c’est un bien maigre butin. »
- « J’ai surtout l’impression que tu as appris des choses peu reluisantes… »
- « Elle couche avec mon frère mais cela je m’en fiche un peu. Chose essentielle, elle ne connaît pas la véritable motivation d’Aenarion, donc nous sommes tranquilles de ce côté-là par contre, elle m’a appris où se terrait mon frère et ce n’est pas bon du tout… »
- « C’est si dangereux que cela ? »
- « Quelle ville serait la plus problématique pour y mener une investigation ? »
- « Là, tout de suite, je peux t’en citer plusieurs, Pohélis, Omyre, Caïx, Gwadh. »
- « Et sur notre continent ? »
Quelques secondes de réflexion suffirent au capitaine pour voir où je voulais en venir, aussitôt une expression d'horreur mêlé à de la surprise fit son apparition sur son visage.
- « Ne me dis pas qu’il se cache à Raynna ?! »
- « Selon les dires de Tamìa, il aurait élu domicile là-bas. Il a recruté des mercenaires parmi les shaakts de la ville pour attaquer le manoir. »
- « Cela veut dire qu’il peut entrer et sortir de la ville librement, tout comme les shaakts à son service ? Misère ... »
- « Comme tu dis, il faut en informer le conseil et le prévenir également qu’elle peut lever le maléfice mais j’ai des doutes sur sa sincérité. »
- « Allons-y alors. »
J’acquiesçai de la tête mais je me sentais mal à l’intérieur. J’avais l’estomac noué à cause de toutes ces révélations, la pression de l’entretien me retombait dessus d’un seul coup. À mesure que nous approchions de la sortie, de l’air frais arriva jusqu’à moi ce qui me ragaillardit quelque peu.
Une fois dehors, les rayons du soleil vinrent réchauffer ma peau et mon cœur. La suite de la journée s’annonçait tendue avec ce nouveau passage devant le conseil, je voyais à mon avis beaucoup trop les membres les plus éminents de notre ville.
(Puis-je me permettre un commentaire ?)
(Je t’en prie.)
(As-tu fait attention à la liste des objets demandés par Tamìa ?)
(Des bougies noires et rouges, le cœur d’un animal et son sang, de la craie, un ruban… Si ma mémoire ne me joue pas des tours et tu pourras la rectifier au passage, ces éléments permettent soit de lever un envoûtement, soit d’invoquer des créatures des ténèbres.)
(Oui, tu comptes prévenir le conseil de cette éventualité ?)
(Bien sur, je vais m’entourer de toutes les précautions possibles.)
Tout en discutant avec Crystallia, j’avais suivi Ashar jusqu’au bâtiment hébergeant le conseil des 15. Une nouvelle rencontre arrivait.