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 Sujet du message: Le port
MessagePosté: Mar 10 Mai 2011 18:52 
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Le port de Kers


Le port de Kers est majestueux et, surtout, incroyablement coloré. Les Hafiz semblent en effet avoir une propension aux teintes vives et cela vaut aussi pour la plupart des quelques navires amarrés là. Outre quelques bateaux de pêche, vous verrez surtout de rutilantes barges de plaisance dans ce port tranquille, bien qu'il arrive aussi d'y apercevoir quelques navires marchands Sindel. Néanmoins le commerce est minime, Kers important ses denrées alimentaires de ses colonies, principalement. Par ailleurs, tout comme les Sindeldi, les Hafiz préfèrent voyager en cynore ou en aynore plutôt qu'à bord de navires, si bien que l'animation de ce port est des plus réduites et presque exclusivement liée aux activités de pêche et de loisir.

Signalons encore qu'il s'y déroule chaque matin, juste après l'aube, un événement très particulier: Olo Troumont, l'un des plus grands cuisiniers de Yuimen, vient religieusement se fournir en fruits de mer extra frais. C'est tout un spectacle de le voir examiner, humer, palper, goûter parfois, les fruits de mer tout juste sortis de l'eau. Selon les cas il froncera les sourcils et tétanisera le pêcheur d'un regard noir, d'autres fois au contraire son sombre visage s'éclairera d'un sourire épanoui et d'un doigt impérieux ordonnera à ses acolytes de charger caisses et futailles sur les trois chariots qui le suivent immanquablement. Derrière ces chariots, toute une cohue de ménagères se presse, attentive aux choix du maître. Ces braves dames se chamailleront aimablement dès le départ d'Olo pour être les premières au stand sélectionné par le gourmet, étal qu'elles dévaliseront en quelques instants. Malheur à celui qui l'aura mécontenté car ses ventes du jour s'en ressentiront lourdement.

A noter que la navigation n'est possible qu'entre les différents ports du Naora, la barrière de corail entourant tout l'archipel empêche en effet les navires de fort tonnage d'en sortir.

Faites vos RP ici jusqu'à embarquement dans un bateau

Bateaux à la vente :

Pour plus de renseignements, se reporter à la règle spécifique sur les bateaux.

Bateau à vitesse standard (x1, 6km/h) : Gratuit (Yus non débités de la fiche mais l'achat sera à jouer en RP)
Bateau à vitesse avancée (x2, 12km/h) : 400yus
Bateau à vitesse rapide (x3, 18km/h) : 1000yus
(Il est toujours possible de faire améliorer son bateau par la suite en payant la différence !)

Un nouveau sujet sera ouvert dans la partie trajet et voyage, pour que puissent s'y faire les RP à bord du bateau acheté. Pour que le GM puisse le faire, lorsque vous voulez faire l'achat, mettez dans la demande ceci complété (Ce sera ce qui apparaîtra dans le sujet) :
Citation:
Titre : Le nom du bateau et entre parenthèse, à qui ou quelle guilde il appartient
Une image (Facultative)
Dans la présentation : Le type de bateau (Voilier, navire, galion,...) ainsi qu'une description : à quoi il ressemble, son capitaine, ses matelots et leur nombre approximatif.
Sa vitesse (Vitesse standard (x1) / avancée (x2) / rapide (x3) )

Les bateaux sont rachetés à 1/4 de leur prix.

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(((Si vous voulez être servi dans des temps raisonnables, n'oubliez pas de demander aux GM dans le SUJET DES INTERVENTIONS GMIQUES de s'occuper de valider vos achats en jouant le commerçant. Nous ne faisons pas le tour des boutiques... merci de votre compréhension )))

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Ven 8 Avr 2016 13:54 
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Sans trouver de réponse à ma question, je laisse mes pensées s’étioler alors qu’Aliéron pose une main confiante sur mon épaule. Je redresse deux yeux voilés de doutes sur lui, qui me sourit d’un air confiant, sourire aux lèvres. Il m’affirme avec certitude que sa volonté est de retrouver Sihlaar en ma compagnie, invoquant pour toute raison l’honneur de sa parole donnée, qui n’est guère une promesse à prendre à la légère, chez ce peuple dont je ne connais rien. Je ne peux empêcher un petit froncement de sourcils à ces paroles. Mon peuple non plus ne donne pas sa parole sans que le sens soit fondé. Pourtant, nombre de jouvenceaux, mon frère le premier, l’ont donnée à une belle, avec la promesse de la combler toute une vie durant en la couvrant de trésors et d’attentions. De belles dindes naïves que celles-là, qui se retrouvaient seules et abandonnées dès le lendemain, après une nuit de plaisirs passée dans les bras virils de ces bonimenteurs achalandés. Je n’ai jamais été de celles-là, de ces cruches croyant les promesses d’un homme juste parce qu’il est séduisant. Et pourtant, aujourd’hui, je me pose la question : Aliéron est-il vraiment différent ? Beau, il l’est, indéniablement. Et nul doute qu’il sait se servir de ses charmes pour séduire la gueuse des bourgs. Mais dans sa promesse, il n’y a aucune mention licencieuse. Elle semble pure.

J’ouvre doucement les lèvres pour m’apprêter à répondre, sans savoir même ce que je pourrais dire, mais le hafiz m’en empêche, levant devant mon visage une main préventive sur laquelle je louche subitement, surprise de ce geste. Un bref mouvement de recul plus tard, je l’entends me dire qu’en sus de sa promesse de m’aider, il a bien envie d’aller visiter cette mystérieuse île interdite pour en percer les mystères et mettre à jour les rumeurs sordides la concernant. Un esprit intrépide et aventureux, curieux à l’excès, même quand la raison indique de plutôt écouter ses pairs et aïeux, recommandant de l’éviter autant qu’un prêtre de Thimoros armé et ivre. Un trait de caractère dans lequel je me reconnais bien plus, et qui m’arrache un nouveau léger froncement de sourcils, accompagné cette fois d’un demi-sourire mutin empreint d’une satisfaction tacite. J’apprécie ça, et ne parviens pas à le cacher. Ce jeune homme que la semaine dernière je ne connaissais pas se révèle-t-il être le parfait équilibre des caractères si opposés de ma fratrie ? Bouche à moitié béante, je reste là sans savoir que répondre. Et il n’en est nullement troublé, puisqu’il poursuit ses paroles en indiquant avec raison ce n’est pas dans cette robe et pieds nus que je pourrai affronter les monstres de l’île. Et il le fait non sans sous-entendre un compliment habile qui, malgré moi, m’amène le rose aux pommettes, indiquant que dans ces ravissants atours, j’appâterais ces créatures pour les ensorceler. Le sourire mutin se mue en moue agréablement intimidée. Je me sens cruche : son artifice a fait mouche. Par chance, il n’attend guère de réponse, que toutefois j’aurais été bien incapable de lui fournir, et prend les devants en indiquant qu’il ne sert à rien de se précipiter, et que nous pourrons partir dès demain, à l’aube, en ayant des préparatifs plus sérieux : équipements et embarcation. Avec tout ça, j’en ai presque oublié qu’il s’agit d’une île.

J’opine du chef à ses paroles, et lui emboite le pas vers le port, via des rues que j’ai peut-être déjà parcourues, mais sans m’en rappeler. Tout se ressemble tellement, ici, bâtisses de pierres aux toits colorés. Autant en forêt je pourrais reconnaître le moindre arbre, buisson ou ruisselet, autant dans une ville aussi urbanisée, je m’y perds.

Alors que le soleil descend dans le ciel, illuminant les cieux des chaudes couleurs crépusculaires d’une fin de journée approchant, nous parvenons près du port, sur un belvédère surplombant le quartier marin où les navires mouillent sur les quais ruisselant sous le ressac des vagues d’une marée montante. Aliéron ralentit, sans le vouloir sans doute, la marche pour observer le décor, et je m’abandonne moi-même à une contemplation muette de ce spectacle splendide qu’un coucher de soleil proche sur l’océan reflétant son auguste lumière orangée qui colore tous les bâtiments nous entourant. Alors qu’il prend une fois de plus la parole, intarissable bavard, je plonge mon regard dans ses yeux magnifiques, qui brillent d’une lueur plus magique encore sous cette lumière couchante. Un bleu opalin iridescent si rare chez les hommes que je connais. Je peine presque à me concentrer sur ses paroles, qui narrent un souvenir avec le vieil homme, du temps de leur jeunesse, quand ils venaient lorgner les couchers de soleil en parlant de leurs conquêtes amoureuses et de leurs rêves d’avenir, refaisant le monde selon leurs idéaux. Il note l’incongruité de leurs différences, Héris ayant la peau blanche d’un homme de Nirtim, et Aliéron celle, plus sombre quoique grisée, des hafizs du cru. Mais ce n’est pas sur leurs différences que je m’arrête, n’ayant même pas noté la pâleur de son vieil ami. C’est bien sur l’âge que doit avoir Aliéron, et son aveu tacite de sa nature profonde : fils de sindel et d’humain.

Ma bouche s’arrondit de surprise entendue alors que se mettent en place les pièces de ce puzzle étrange qu’il me dressait de lui comme un portrait. Voilà pourquoi il est l’ami proche d’un vieillard : il est lui-même d’un âge avancé, bien que son ascendance elfique le masque à mes yeux. Alors que nous reprenons notre route vers le port, arrivant presque à bord de flots, sur les docks aux parfums iodés, je réponds à ses paroles.

« Ainsi donc tu es un semi-elfe. Mais quel âge as-tu donc ? »

Je me sens un peu bête de l’avoir jusqu’ici considéré comme un hafiz uniquement. Je ne connaissais rien des siens, avant de le rencontrer, sinon qu’il s’agit d’un peuple mythique vivant bien au-delà des mers. Aujourd’hui, c’est chez eux que je me retrouve, sans en connaître davantage. Son âge, sans doute, explique la pureté de ses intentions à mon égard. Peut-être. À moins que je ne me leurre complètement. Je commente brièvement :

« J’ai toujours trouvé… étrange le fait que certaines espèces puissent vieillir plus lentement qu’un humain. J’ai beaucoup de mal à m’imaginer ce qu’ils… ce que vous pouvez ressentir, avec un déclin bien plus lent que le nôtre. »

Sagesse plus grande ? Ou plus tardive, peut-être… Je me pose sans doute trop de questions. Il m’annonce qu’il serait plus pertinent, peut-être, de nous séparer pour trouver une embarcation. J’acquiesce du chef, mais précise néanmoins ses propos.

« Oui, nous serons plus efficaces chacun de notre côté. Mais si ça ne te gène pas, je vais te laisser te charger de trouver un navire. Tu es mieux placé que moi pour savoir où en trouver un, je crois. Je dois rencontrer le capitaine de port, quant à moi, afin de m’assurer du départ réel de Sihlaar vers cette fameuse île interdite. »

Je ne lui laisse pas vraiment le choix, en vérité. Mais assagie par rapport à tout à l’heure, j’attends patiemment ses réponses sans esquisser, cette fois, de mouvement de fuite effrontée. Nous avons le temps, jusqu’à demain. Alors autant le prendre.

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Asterie


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Dim 10 Avr 2016 12:02 
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Je marque un temps d’arrêt lorsqu’Aliéron me donne enfin son âge. Quatre-vingt-neuf ans. Il est quasiment quatre fois plus âgé que moi. Je secoue la tête, comme pour me remettre les idées en place. Il ne les fait tellement pas. Il a l’air aussi jeune que moi, à dire vrai. J’apprends aussi, par ses explications, que les Hafizs plus que les autres peuplades humaines, sont dotées d’une longue vie. Alors forcément, quand on en croise un avec un elfe… Il avoue ne pas savoir plus que moi l’effet de comparaison entre humains et elfes et semi-elfes. Il a rencontré bien peu des siens, au cours de son existence, soulignant leurs différences par rapport à la problématique. Il affirme pourtant un sentiment commun à tous ceux-là : la sensation de n’appartenir ni à un monde, ni à un autre, voyant amis et proches vieillir plus vite qu’eux, ou bien plus lentement. Je reste méditative suite à ces paroles, les mettant en abîme et les gardant à l’esprit pour un futur moment de réflexion personnelle. Pour l’heure, j’ai l’esprit trop remué par la recherche de mon jumeau que pour m’y attarder plus que de raison. Je sais juste qu’en retour de ses propos, j’ai envie de lui répondre :

« Je ne me suis jamais sentie dans mon monde parmi mes semblables, si ça peut te rassurer. Mais toi, tu fais partie de mon monde, maintenant. Plus que n’importe quel humain que je n’aurais croisé qu’une fois, je te sens proche. »

Je lui lance un sourire sincère, tête haute, et conclut néanmoins :

« Bon. Sihlaar ne va pas se retrouver tout seul. Allons-y ! »

Il m’indique alors que nous nous retrouverons chez lui lorsque nous aurons chacun mené notre petite recherche. J’acquiesce d’un signe de tête et, sans plus demander mon reste, je le quitte pour déambuler un peu sur le port, en cette fin de journée. Où donc pourrai-je trouver ce fameux capitaine de port ? Nous en avons un aussi, à Yarthiss, qui gère sur le port fluvial les arrivées des navires marchands en vue de décharger leur contenu sur les docks, ou de la charger pour entamer leur voyage commercial. Ça doit facilement se repérer, puisque c’est la première personne à qui un capitaine, arrivant au port, doit s’adresser.

Pourtant, après plusieurs minutes à tourner en rond dans ce quartier que je ne connais que peu, je ne repère aucune officine de bois telle que je la connais dans ma cité de provenance. Ici, sur les quais, comme partout ailleurs dans la cité, j’ai l’impression que tout se ressemble, et suis bien forcée de constater que je suis bien incapable de différencier une habitation de pêcheur d’un bureau officiel ou d’un bouge mal famé, si tant est que ça existe dans ce monde ostensiblement plus fastueux que ma cité natale. Voyant bien que je suis perdue, je me fais finalement aborder par un marin assis sur une caisse, occupé à repriser à l’aide d’un crochet un vieux filet de pêche.

« Alors beauté, on est perdue ? T’aurais pas b’soin d’aide, par hasard ? »

Son teint est bien plus foncé que celui d’Aliéron. Un hafiz pure souche, à la chevelure longue et nattée sur l’arrière de sa tête. Il me domine d’une tête et, bien qu’avenant, ne me met pas à l’aise. Son regard est fixé sur moi dans l’attente d’une réponse. Un regard fait de deux yeux noisette plus clair que le grain de sa peau, ce qui rend étrangement. Un regard presque hypnotisant. Je recule lentement d’un pas et bute contre un passant qui, bousculé, me jette un regard courroucé avant de partir en grommelant sans demander son reste. Le temps que je détourne le regard un instant pour implorer des yeux la victime de ma maladresse de m’excuser, bien vainement puisqu’il ne m’adresse lui-même pas un regard, le marin au crochet est descendu de sa caisse et s’approche de moi en délaissant son ouvrage.

« Allons, faut pas avoir peur. T’es pas d’ici hein, j’me trompe ? »

Je reste figée, de peur qu’il croie que je le crains. Il s’approche de moi, affable, et range son crochet à sa ceinture pour me tendre la main. Je la regarde, dubitative, sans lui tendre la mienne. Il refoule son geste en haussant les épaules, gardant un air amusé.

« Comme tu vois. Mon nom, c’est Kwasi. »

Il n’a vraiment pas l’air méchant, en vérité. Mais toujours, je me suis méfiée des hommes qui apostrophaient les jeunes femmes dans la rue, leur conférant des idées licencieuses derrière la tête. Et bien souvent, sans me tromper. Lui semble différent. Il garde ses distances, et malgré une familiarité inhérente à sa classe, reste poli et amène.

« Asterie. Et oui, tu peux m’aider. Je suis à la recherche du capitaine de port. »

Son sourire s’accentue, révélant des dents blanches et entretenues. Un aspect rare, chez un marin !

« A la bonne heure. Et qu’est-ce que tu lui veux, au capitaine de port, si c’est pas indiscret ? Suis-moi, il vit au bout de la jetée, je vais te montrer. »

Et sans attendre ma réponse, il s’en va vers la direction qu’il a lui-même pointé du doigt. Je lui emboite le pas, décidée à lui céder un peu de confiance.

« Je cherche quelqu’un, qui serait passé par ici ces derniers jours. »

Tout en marchant, il pouffe et se tourne vers moi.

« Hé bah, j’espère que t’auras une description plus précise que ça à lui fournir, parce que des blancs-becs, y’en a quelques-uns qui transitent par ici. C’est pas les plus nombreux, mais y’en a. »

C’est même plutôt rare, si j’en crois mes observations. Trois jours que je suis là, et je n’ai vu aucun être à la peau aussi pâle que la mienne. Bon, après c’est sûr que même pour les miens, je suis plutôt pâle. Mais là, aucun être de mon ethnie en près de trois jours, si l’on excepte le vieux Héris que m’a présenté Aliéron. Des hafizs principalement, bien sûr, mais aussi des elfes gris, en moindre quantité. Nous sommes sur leur archipel, après tout. Même si les Kersois doivent voir d’un mauvais œil cette catégorisation, alors qu’il leur sont antérieurs, si je ne me rappelle pas trop mal des préceptes d’histoire que mon percepteur tentait vainement de m’inculquer, alors que je lorgnais par la fenêtre, là où Sihlaar buvait ses paroles comme il boirait une pinte de bière, maintenant : avec force délice. Je ne réponds pas plus. Il n’a guère besoin d’en savoir davantage. Je préfère éviter qu’on sache trop mes projets de me rendre sur l’île interdite, si mon frère s’y est bien rendu.

Par chance, nous arrivons bientôt à une petite habitation de pierres en bout de jetée, telle qu’il me l’a présentée. Sans attendre, vu mon mutisme, il frappe à la porte, et de l’intérieur, une voix nous intime d’entrer. Kwasi ouvre la porte à la volée, et à sa suite, je m’engouffre dans le bâtiment pour le voir saluer chaleureusement, d’une accolade, un hafiz plus âgé et un peu ventripotent, qui jette sur moi un regard amusé.

« Aah, mon bon Kwasi, ça fait longtemps que tu n’es pas venu. Qu’est-ce que tu vas encore essayé de me refourguer, hein ? Tu le sais, pourtant, que la traite des blanches c’est pas ma tasse de soupe. Même si j’en connais beaucoup qui paieraient cher pour en avoir une aussi charmante. »

Il me salue d’un signe de tête, avant d’éclater de rire, déclenchant à son tour l’hilarité du marin. Circonspecte, je les observe sans rien dire, peu encline à cet humour me faisant passer pour… de la marchandise ? En espérant qu’il s’agisse bien d’humour. Voyant que le compliment amusé ne mord pas, Kwasi s’occupe de me présenter.

« Allons, ne sois pas bête. La demoiselle a quelque chose à te demander. Madame Asterie, voici Alhassan, le capitaine de port. »

Je le salue de la tête, respectueusement, et constate non sans une amertume légère que Kwasi reste dans la bicoque pour écouter mes questions. Soit. Il m’a bien aidée, au final. Je vois mal comment le chasser d’ici, à présent. Ça serait sans doute malvenu. Ainsi, donc, j’expose mes questions sans préambule.

« Bonsoir. Vous pouvez m’aider, effectivement. Je suis à la recherche de mon frère, Sihlaar, et j’ai appris qu’il serait passé ici il y a peu, ces jours-ci, pour monter une expédition en vue de se rendre sur l’île interdite. Il serait assez grand, brun, la peau pâle… »

Je me tâte à poursuivre, vu la tête qu’ils ont tiré quand j’ai évoqué l’île interdite. Est-ce vraiment si effrayant que ça ? Je doute que Sihlaar ait trouvé le courage de s’y rendre, du coup. C’est moi, la bravache des deux, l’imprudente, l’aventurière. Pourtant, le capitaine de port ne tarde pas à répondre, assez sûr de lui.

« Il y a bien ce lascar un peu trop sûr de lui qui est venu avant-hier avec dans l’idée d’aller explorer l’île interdite. Mais je me rappelle pas de son nom : vu le monde qui transite par chez moi, il m’est impossible de tout retenir, quand bien même il me l’aurait donné. Parce que rien n’est moins sûr, déterminé comme il était. Vous voyez, l’Île Interdite elle porte bien son nom. C’est un endroit dangereux qu’il faut éviter par-dessus tout. Et je lui ai dit comme je vous le dis, mais il n’a rien voulu entendre. Je l’ai prévenu qu’il ne trouverait personne de raisonné qui voudrait bien lui emmener, mais il s’est avéré débrouillard : en à peine quelques heures, il avait trouvé une barcasse et un équipage de rebuts de tavernes pour l’y emmener. Des traînes-la-soif désireux de rembourser une ardoise trop longue leur empêchant d’être servi dans les bouges du port, pour la plupart. Ils sont partis sans attendre, et on n’a plus eu de nouvelle depuis. »

Je vois bien mon frangin s’acoquiner de ce type de personnes. Les tavernes des docks, le premier endroit où il serait allé pour trouver ce qu’il cherchait : des fous et des désespérés qui le suivraient dans ses délires sans rechigner. La détermination, un trait que nous partageons tous deux. Mon regard se fait plus acéré, alors que je réponds.

« Je dois m’y rendre, moi aussi. Je dois le retrouver. »

L’homme secoue la tête, las, et me rétorque :

« Alors vous ne trouverez pas plus d’aide ici, si ce n’est ce dernier conseil : n’en faites rien. Si c’est bien votre frère qui s’est rendu là-bas, tout ce que vous y trouverez, c’est son cadavre et votre propre mort. »

Je frémis à cette idée, mais je refuse de le croire. Je refuse de céder à la peur. Prenant une ample inspiration, à la fois pour montrer ma propre résolution et pour me donner du courage, je réponds :

« Alors nos chemins se séparent, messires. Je vous remercie pour ces informations, et pour vos conseils. Dussé-je prendre tous les risques, et ne trouver que son corps, il est de mon devoir de le suivre, car s’il s’est rendu là-bas, c’est un peu de ma faute. Bien le bonsoir. »

Et sans demander mon reste, je tourne les talons et quitte la maison. Bien sûr que c’est de ma faute s’il s’est rendu là-bas. C’est toujours de ma faute. Toujours lui qui paie pour les bêtises que je commets seule. SI je n’avais pas détruit la scierie, attiré le courroux de notre père, rejoint la milice et suivi cet enfant dans cette aventure pour sauver les silnogures, nous n’en serions pas là. Il serait toujours en train de vivre sa vie de pacha, dilapidant la fortune familiale en tournées à la taverne avec ses nombreux amis. Il n’est pas bâti pour les aventures de ce genre, trop prudent, trop intellectuel, trop citadin. Aujourd’hui, c’est à moi de veiller sur lui. Et rien ne m’en empêchera.

À peine ai-je fait quelques pas sur les quais que Kwasi me rattrape, m’agrippant le bras. Je me dégage de son emprise en me retournant vers lui, l’air courroucé. Il soupire.

« Je déteste ce que je vais dire, mais je ne te laisserai pas te rendre seule sur cette île, ni courir les tavernes pour trouver une bande de soudards qui n’auront qu’une chose en tête : t’attirer sur les côtes lointaines pour profiter de ta croupe. Je t’accompagnerai. »

Un curieux chevalier-servant, pour le coup. Méfiante, je le contredis :

« Je ne serai pas seule. Un ami de Kers sera avec moi. Il cherche en ce moment une embarcation qui pourra nous y mener. »

Kwasi hoche la tête, mais n’en semble pas moins décidé. Ses propos me le confirment bien vite.

« Alors tant mieux. Mais je doute que ton ami ait une aussi bonne connaissance des récifs des côtes de Kers que moi. Je ne me suis jamais approché de l’île, mais je pourrai vous mener à proximité sans que vous preniez de risques inutiles. Quand comptiez-vous partir ? »

Il a l’air aussi borné que moi. Tout ça par noblesse d’âme ? J’ai du mal à le croire. Existe-t-il vraiment des gens bons et désintéressés, dans ce monde ? J’en ai toujours douté. Il a l’air sincère, pourtant, aussi lui laissé-je le bénéfice du doute.

« Demain, aux premières lueurs de l’aube. S’il trouve de quoi nous y emmener. »

Sa bouche se tord.

« Je possède un petit bateau de pêche, avec plusieurs amis. Je préfèrerais éviter de l’emprunter, mais si vraiment il ne trouve rien, on ira avec. Je vous attendrai ici demain à l’aube, alors. »

Cette fois, je ne peux m’empêcher de sourire. Dire que je le craignais. Il semble tout ce qu’il y a de plus honnête, et même carrément chevaleresque. Une noblesse d’âme rare. Très rare. Le doute existe toujours, bien sûr, mais il me donne envie de le croire. Et sur ce dernier sourire, je le salue.

« Alors à demain, Kwasi de Kers. »

Et sans plus un signe, alors qu’il reprend lui-même sa route vers le port, je quitte les lieux pour rejoindre la maison d’Aliéron. Le soleil s’est couché, et je me presse de rentrer avant que l’obscurité ne soit trop grande. Dans cette tenue, j’ai un peu peur d’attirer les problèmes. Je n’ai pas l’habitude de porter des décolletés si profonds, et des robes si féminines, bien que cela m’aille à ravir, si j’en crois Aliéron. Lorsque j’entre, il n’est pas encore revenu. Je m’assois sur un sofa de cuir pour l’attendre, me servant un verre de cidre venant droit de son saloir, pour qu’il reste frais. Mais à peine en ai-je bu la moitié que le sommeil me gagne à grands coups de bâillements. Je finis par m’allonger sur le sofa et, sans le vouloir, à m’y endormir toute vêtue.

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Ven 15 Avr 2016 14:58 
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Le lendemain, alors que les premières lueurs de l’aube percent à peine sur l’horizon lointain et coloré de teintes pastel, nous parvenons au port de Kers, fin prêts pour notre dangereuse expédition de recherche. Je n’ai plus que des bribes de souvenirs de cette nuit, quand Aliéron m’a éveillée pour me signifier qu’il avait réussi sa mission. Ainsi donc, nous avons un navire, vers lequel nous nous dirigeons sans tarder, alors que l’air nocturne n’a pas fini de laisser sa fine chape fraiche sur les coteaux citadins. Un bateau qu’il a dû racheter, par manque de volonté des capitaines de rafiots de louer leurs services pour nous emmener jusqu’à l’île interdite, même sans s’y rendre eux-mêmes. Comme me l’a prédit le capitaine de port lui-même. À croire que les rumeurs insondables et mystérieuses sur les dangers de l’île dépasse jusqu’à la raison des Hafizs. Je me rappelle vaguement entendre Aliéron m’affirmer qu’aider est une habitude chez les siens, soulignant toutefois en un compliment à peine masqué que l’aide vient plus aisément si la femme est jolie. En une phrase, ça peut expliquer son engagement à m’aider tant que celui de Kwasi, le marin rencontré la veille.

Délaissant l’élégante robe au décolleté un peu trop échancré, je revêts mes frusques d’aventurière désormais hémérite : Un surcot de cuir souple, mais robuste, un pantalon de cuir, lui aussi, moulant et proche de la peau pour faciliter les mouvements et empêcher un tissu trop large d’accrocher des branches et feuilles et faire plus de bruit qu’il ne convient pour les activités de silence comme la chasse, que je pratique régulièrement. Mes brassards en écorce fine ne sont pas d’une grande protection, mais je les garde avec plaisir, seul souvenir de mon frangin, avec la hache de bucheron qui me bat. Son arc, sculpté de ses mains, n’est plus : une arme shaakt du désert de Sarnissa la remplace désormais, plus équilibrée et de meilleure qualité. Une capuche vert feuillage est rabattue sur mes épaules, inutile pour le moment, tant que le ciel ne déverse pas mille alluvions déplaisante, ni ne veut roussir davantage ma rouge chevelure, libre et sauvage en mèches épaisses et frisées.

Aliéron, une fois parvenus sur les docks, m’indique sa récente acquisition en affirmant m’y retrouver lorsque je serais partie à la rencontre de Kwasi. J’opine du chef tout en observant le navire en question, une petite barque de pêche dotée de deux mâts, bien frêle esquif coincé sur les quais entre deux galères de commerce, énormes et pimpantes. Il ne paie pas de mine, ainsi, mais au vu de la description des récifs cernant l’endroit où nous allons, nous serons mieux lotis dans une petite embarcation maniable que dans une grosse qui a de la gueule, mais qui sombrerait au moindre choc rocheux. Ainsi, satisfaite de cette vision, je pars de mon côté à la rencontre de Kwasi, qui doit peut-être se trouver près de la masure du Capitaine de port. Assez éloignée, je rejoins ce coin du port d’un pas preste, désireuse de ne pas faire attendre notre départ plus que de raison. Plus vite nous serons partis, plus vite je serai fixée sur ce qui est advenu de Sihlaar.

Je n’ai guère besoin de le chercher longtemps : c’est Kwasi qui finit par m’aborder alors que je le dépasse sans le voir. Se relevant du tonneau sur lequel il était appuyé, il m’apostrophe :

« Asterie ! Je me désole de te voir, aussi rayonnante qu’hier soir. »

Je me tourne vers lui, sourcil relevé dans une expression circonspecte, pour tomber sur le sourire assuré de son visage enjoué. Le même qui m’avait paru si peu naturel, la veille.

« J’aurais nettement préféré que tu décides de ne pas risquer ta vie, et que tu préfères à cette expédition le confort de la ville. »

Je ne peux m’empêcher un sourire railleur. Moi, abandonner? Il me connait mal. Je plonge mes yeux d’émeraude dans les siens pour affirmer, sûre de moi :

« Aucun confort d’aucune ville ne sera me faire passer ma soif d’aventure. Mais si tu ne souhaites plus m’accompagner, rien ne t’y force. »

Il éclate de rire et, sans me répondre, prend lui-même les devants de la marche vers le navire d’Aliéron. Je le rattrape d’un pas pressé, détaillant dans le même temps sa tenue, différente de la veille. Moins insouciante, et plus axée sur un voyage en mer, sans doute. Ses espadrilles ont fait la place à de solides bottes de cuir fauve, et par-dessus sa chemise de lin clair, il porte un gilet de cuir tanné par des années de marinage par le sel et le soleil, et les flots pluvieux des tempêtes, ô romanesque idée de la vie d’un marin. Il porte à la ceinture, en plus de son crochet à repriser les filets, un long coutelas d’une coudée de long, plus un outil qu’une arme, sur un navire, mais qui ne doit cependant pas faire défaut quand il s’agit de se défendre contre quelque agresseur.

Il interrompt ma muette observation en se tournant vers moi dans sa marche, surprenant mon regard sur ses effets, sans le commenter toutefois. Je détourne les yeux, l’air de rien, par un réflexe plus instinctif que réellement troublé.

« Hé bien, ton ami semble savoir s’entourer des bonnes personnes. »

Ne comprenant pas de quoi il veut parler, mon regard se porte plus loin, sur le pont de la barcasse du semi-elfe, où effectivement, un petit monde s’agite. Il est là, à nous attendre, en compagnie d’un matelot adolescent aux longs membres maladroits et, surtout, d’une jeune femme à la peau aussi noire que l’onyx, et à l’élégance notable. À mesure que nous approchons, je la détaille avec une avidité que je ne comprends pas moi-même. Port assuré d’une femme forte, elle est cependant très féminine, sans se tenir comme une noble. Ainsi donc avais-je vu juste, hier soir : Aliéron se trouvait bien en présence féminine avant de me retrouver chez lui. Dans un silence méditatif, nous grimpons à bord du navire, et le semi-elfe s’empresse de me présenter à notre éclectique équipée. Galant, il nomme avant toute chose la jeune femme, dont les yeux d’or clair se posent sur moi avec curiosité. Kaell. Une amie à lui, me dit-il, à qui il a acheté le navire. Je fronce un instant les sourcils. Elle n’a pas l’air d’une femme des mers, tant dans sa posture que dans ses habits. N’était-elle que la propriétaire de la coquille de noix voilée ? Kwasi dit vrai : il semble savoir bien s’entourer. Je ne parviens pas à détacher mon regard d'elle. Elle est belle, c'est indéniable. Et elle le sait, sans l'ombre d'un doute. Sentiment rare, voire quasiment inconnu chez moi, je ressens un mélange d'amertume et d'admiration à son égard. Mélange incongru qui teinte mon regard d'une lueur envieuse, et me fait redresser la tête et cambrer le bas du dos, afin que ressorte au mieux cette poitrine que d'autres ont déjà pu trouver si aguicheuse, sans avoir pu jamais l'approcher. L’adolescent dégingandé, lui, se nomme Nektanebo. Moussaillon du navire avant sa mise en vente, il nous accompagnera vers l’ïle interdite. J’incline poliment la tête à ces présentations, et me tourne vers les deux inconnus. Je ne laisse cependant que peu mes yeux courir sur lui, les ramenant sur la femme à la peau d'ébène sauvage.

« Ravie de vous rencontrer. Je vous sais gré de votre aide dans notre entreprise. »

Tour à tour, je les regarde avec un air appréciateur avant de poursuivre, à l’attention des trois.

« Et voici Kwasi. Il nous accompagnera également sur l’île. »

Le hafiz m’interrompt à moitié pour s’avancer en une théâtrale révérence :

« Et au-delà, s’il le faut. Dame Kaell, diamant étincelant des nuits de Kers, quel plaisir que vous soyez là pour bénir notre traversée. Serez-vous des nôtres ? »

Une bien naïve question : elle n’est pas du tout apprêtée pour, et ce n’est clairement pas le genre de femme à se pas se préparer à toute éventualité. Aini vêtue, il est clair qu’il n’est pas sans ses projets de nous suivre. Et je conclus donc à une tentative de flatterie de Kwasi, qui semble connaître la belle, au moins de visu. Son appellation, bien que concordant parfaitement avec son apparence à la fois sombre et séduisante, me fait tiquer un instant, alors que je prends Aliéron à parti.

« Sommes-nous prêts pour le départ ? Il me tarde de lever l’ancre, avant que le jour soit trop avancé. »

Mon empressement de partir n'est que trop évidemment lié avec mon désir de voir partir cette jeune femme, sans même savoir pourquoi. Cette façon qu'ont les trois hommes de la reluquer bêtement, comme des bœufs en pleine digestion, yeux bovins et bouche ouverte, bave aux lèvres, doit sans doute m'y pousser. D'autant que la belle, populaire plus que de rigueur à ce qu'il semble, répond non sans un certain jeu de charme à mon marin apprivoisé, appuyant des propos mutins sur ses charmes qui lui manqueraient. Non mais, sérieusement. Pour qui se prend-elle ? Et l'instant d'après, la voilà qui s'approche d'Aliéron pour l'embrasser sur la joue, comme le ferait une mère, ou une amante. Regard en oblique dans sa direction, je la vois se diriger vers le quai, prête à quitter le navire. Séductrice, elle joue de ses charme en roulant du fondement comme une chaloupe ballotterait entre deux vagues, en pleine tempête. J'ai presque envie de grogner, mais vu la tête des trois mâles qui m'accompagneront, regards plongés sur ces formes mouvantes, je doute de la pertinence de l'acte.


Avec le plus grand naturel, Kwasi s’approprie l’embarcation comme si elle était sienne depuis des décennies. Tirant sur une corde pour hisser la voile en haut du mât principal, sans l’ouvrir encore pour le moment, il semble paré à la mise à flots, comptant sans doute sur le moussaillon pour larguer les amarres, lorsque le temps sera venu. Aliéron, lui, une fois Kaell sur les quais, donne l'ordre de larguer les amarres, ce que Nektanebo fait sans tarder, libérant l'embarcation sur les flots du port.

_________________
Asterie


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