D’un naturel discret, je sais me fondre dans le paysage à telle point qu’il peut m’arriver de passer quasiment inaperçue. Bien sûr dans certaines situations j’en tire un grand avantage mais cela commence à me peser. Malgré mon éducation exemplaire, je peux me montrer très têtue et mon envie d’indépendance déroute souvent les membres de ma famille. De plus je suis très curieuse.

Physiquement je me différencie de part ma petite taille (du moins c’est ainsi que je vois les choses) puisque je ne mesure qu’un mètre soixante et un. Mon visage est à mon sens harmonieux, le teint verdâtre de ma peau se marie absolument avec ma chevelure brune et mes yeux couleur du soleil (comme me le répète ma mère). Je porte une robe légère assortie à la couleur de mon regard.

Je suis née au sein d’une famille modeste dans les environs de Cuilnen et je suis la deuxième fille à être venue compléter le tableau familiale. Contrairement aux coutumes de mon peuple, mes parents ont décidé de rester ensemble suite à la naissance de ma sœur aînée, Vivià. Ma venue a été saluée par tous, même par ma sœur. Nous avons toujours eu une relation privilégié et je sais que quoi qu’il arrive nous serons toujours présentent l’une pour l’autre.

Notre enfance a été classique mais marquée par la douleur de voir mon père partir, nous laissant seules avec notre mère. Nous avons grandit dans les bois qui bordent la cité de Cuilnen et ma soif de découverte a rapidement été un problème, surtout pour ma mère. Elle avait du mal à me faire entendre raison mais j’ai toujours pu trouvé du réconfort auprès de ma sœur et rapidement un équilibre s’est installé. La journée, nous aidions notre mère et l’écoutions nous parler du fait qu’il était important pour nous autres Taurions, de préserver l’équilibre fragile entre les hommes et la nature. Et le soir, ma sœur et moi nous éclipsions pour aller regarder les étoiles depuis la cime des arbres.

Malheureusement ma sœur ayant dix ans de plus que moi, quitta notre demeure des bois pour assouvir son envie de voyage. Je me retrouvais seule en compagnie de ma mère et c’est à partir de ce moment-là que les choses tout a dérapé. Mon entêtement à vouloir vivre ma vie comme je l’entendais, dépassa rapidement ma mère et elle prit une décision qui modifia ma vie considérablement. Un jour alors que je revenais d’une escapade dans la forêt, je trouvais ma mère m’attendant sereinement. Elle était assise à la table se trouvant dans notre modeste cuisine avec devant elle des dizaines d’ouvrage. Un silence s’installa alors que je m’asseyais à ses côtés.

« J’ai conscience que je ne vais pas pouvoir réprimer éternellement tes envies d’escapades. Seulement, je tiens à te transmettre quelque chose que je pensais enterrer à jamais. »

« Tu commences à me faire peur mère… »

Elle se tourna vers moi avec un sourire tendre et bienveillant.

« Ne sois pas effrayée. Je veux te transmettre l’héritage que je tiens de ma mère. Ici tu trouveras tous les ouvrages de magie qu’elle possédait. Je n’ai jamais eu la patiente d’apprendre cet art si particulier et je pense que toi, tu l’auras. Alors en ce jour je tiens à te les donner. »

Je restais interdite face à ce présent inattendu. Je m’emparais fébrilement de l’un des manuels et commençais à le feuilleter. Je fus littéralement happée dans un nouvel univers, plein de promesse et connaissances. Sur la première page, un mot manuscrit de ma grand-mère que je n’ai pas connu.

"Je lègue cette ouvrage aux filles de ma lignée qui sauront montré des aptitudes pour l’art de la magie de terre. Ce monde regorge de richesses qui méritent d’être découvertes. Je me retire dans la Sororité afin de consacrer mon temps à la diffusion de mes connaissances et à la protection de ce monde.
Je vous aime mes filles et vous embrasse,

Elie."

Ma mère ne m’en dit jamais plus et me laissa me consacrer à l’apprentissage de l’art magique. Pour la remercier de m’avoir compris je réussis à rester tranquille à la maison, vaquant à quelques tâches pour que l’on puisse vivre décemment et elle accepta mes excursions qui pouvaient durer jusqu’à une semaine. Je me rendais régulièrement à Cuilnen afin de perfectionner mes apprentissages, de rechercher le plus de choses possibles sur l’art de la magie et sur cette Sororité dont ma grand-mère parlait dans son grimoire. Ouvrage qui m’apprit aussi bien des choses sur la vie de mon ancêtre me donnant envie de la rencontrer. Mais pour le moment j’étais une novice et je ne voulais pas la rencontrer avant de bien maîtriser mon art.

Le jour de mes quatre-vingt dix ans, ma sœur revint par surprise pour venir me chercher afin que je commence ma découverte du monde. Je pris le nom de Syvià, embrassais tendrement ma mère en lui promettant de revenir de temps en temps et partis avec ma sœur en direction de Cuilnen où elle vivait avec son mari et ce pour ma plus grande surprise.