L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Vos écrits
MessagePosté: Ven 7 Aoû 2015 03:37 
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Salut à tous !

Alors, il y a déjà un sujet nommé "Vos poésies" dans cette partie du forum.
Néanmoins, j'aimerais donner plus de possibilités et je trouverais déplacé de le faire sur l'autre sujet. J'en ouvre donc un spécialement pour ça.

J'écris moi-même beaucoup de proses, de maximes, de "mini nouvelles" et d'un peu de tout en fait. Je me dis donc que si d'autres font de même, il serait intéressant de pouvoir les exposer sur Yuimen. :)

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 Sujet du message: Re: Vos écrits
MessagePosté: Ven 7 Aoû 2015 05:22 
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Inscription: Lun 12 Oct 2009 22:23
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Localisation: Le Hollan... La Rascasse Volante !
Bonne idée ça tiens. [:bonnard:]

Du coup je vais en profiter pour sortir des poussières de l'oubli de mes documents words deux petites nouvelles très différentes que j'ai pondu il y a deux ans en arrière et les soumettre à l'inquisition publique pour la toute première fois ici :

Citation:
Le Poète


Il est dit de moi que je suis un poète, et que de la vie je suis esthète.

Un contemplateur du monde et un amoureux des femmes, certes.

Mais il me semble que, si je n’avais pas eu ce talent qui rend à la folie de l’artiste que je suis une auréole de génie suscitant l’admiration des pauvres hères trop raisonnables pour être doués de leurs plumes, l’on m’aurait plutôt traité de pervers.

Les formes féminines, rebondies et bondissantes, qui m’inspirent à leur céder le passage au détour d’un escalier montant et à faire chuter par quelques fausses maladresses des objets que je leur saurais ramasser, investissent en moi une obsession et une admiration des plus honnêtes.

Est-ce en mon nom qu’elles se retrouvent prêtes à se défaire de leurs hardes coquettes et que je me retrouve à conter dans quelques vers la gracieuseté de ces muses parfaites ?

Est-ce au nom de l’art ou d’une vie éphémère dans laquelle elles courent après les plaisirs peu chastes qu’un romantique comme moi sait leur faire monter à la tête ?

A vrai dire, la réponse ne m’importe guère pour moi et pour mes congénères qui ne se plaindront de cet étalage de chair que les esprits étroits traitent de vulgaire.

Et à l’heure où je ne désire que goûter encore et toujours plus aux plaisirs que procurent ces dames parfois adultères, Mère Destinée décide de m’emporter, au travers d’une sombre histoire d’ancienne amante retrouvée au fin fond de la mer et maintenant six pieds sous terre, dans un lieu où un sensible tel que moi perd ses repères.

Il n’y a ici que voleurs, tueurs et bandits compères qui n’ont quant à eux plus à la bouche qu’un goût amer les poussant à trouver en leurs semblables ce qui pourrait leur plaire.

Et l’artiste en moi, cheveux longs, peau préservée et sans la force de m’en défaire, je me retrouve fréquemment plaqué, obligé et souillé dans un calvaire dont je ne suis pas fier.


Citation:
Cendres


D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fumé.

Des cigarettes en chocolat d’abord, que l’on m’offrait de manière récurrente à chaque anniversaire. Sans doute ce que je devrais appeler le bon vieux temps. Mais ça ne l’était pas.

Mes parents, mes frères et moi vivions alors dans un appartement miteux d’une cité industrielle. On était à cinq là-dedans et je devais alors faire chambre commune avec mes deux grands frères qui transformaient la chambre en un bocal de brouillard gris et malodorant, semant des cendres et imprégnant mes oreillers d’une odeur de tabac qui m’empêchait de trouver le sommeil la nuit et qui me permettait malgré moi de surprendre l’un de mes frères en train de se purger de ses pulsions pubères à l’aide d’un de ces magasines pour adultes qu’ils cachaient sous leurs matelas. Mes parents n’étaient pas en reste, et mon père, du haut de ses deux paquets par jour, aspirant la douce nicotine en regardant par la fenêtre les deux grandes cheminées fumantes de son lieu de travail se préoccupait davantage du loyer à payer à la fin du mois que de mes poumons et de mes notes d’écoles.

En étant élevé ainsi dans un brouillard persistant de tabac brûlé, que voulez-vous, je n’ai pas non plus mis longtemps pour m’y mettre et mes lèvres ont ainsi plus tôt embrassé le goût de la nicotine que celui sucré d’un béguin féminin. Et, quand celui-ci fut arrivé, la saveur de mes baisers était, selon elle, celle d’un cendrier mouillé.

Dans le malaise de ces années adolescentes, où les états d’âmes les plus noirs étaient légions, je réconfortais mon mal-être dans quelques douleurs physiques, m’enfonçant les mégots encore brûlant de mes cigarettes dans la peau. Marques qui me restent dans leurs pâleurs et leurs rondeurs me permettant amèrement de déclarer que j’ai le tabac dans le sang.

L’annonce du cancer de mon père ne m’avait alors pas secoué outre-mesure. On s’attendait tous à ce que ça finisse plus ou moins comme ça après les interminables quintes de toux dont il nous abreuvait jour et nuit. Et cette nouvelle, logique, était arrivée à un moment où la mort, noire et obscure, m’obsédait. Qu’elle le rappelle à l’état de cendres était une idée pour laquelle je m’étais préparé.

Je songeais de plus en plus à mettre fin à mes jours au fil du temps alors que mon père dépérissait, avec le tic persistant de faire claquer le clapet de mon zippo lorsque je me retrouvais dans un état de nerf conséquent.

Mon père était au travail ce jour-là et devait subir une opération soi-disant décisive trois jours plus tard lorsque j’entendis un grand bruit assourdissant et les hurlements de ma mère. Par la fenêtre à laquelle mon géniteur aimait s’adosser, on ne voyait plus des deux cigares de bétons qu’un nuage de fumée blanche qui arrivait doucement jusqu’à nos fenêtres.

Il a été dit que cela était dû à un incident technique avec la machinerie de refroidissement. Mais tout le monde savait que la structure n’avait jamais été remise aux normes depuis une vingtaine d’années et plusieurs personnes qualifiées alors d’alarmistes avaient déjà prévenues de la menace que représentaient ces deux tubes de la honte.

Après ça, mes frères, tout juste en âge de travailler, durent abandonner les bancs d’écoles pour quelques emplois plus ou moins honnêtes pour permettre à ma mère de pouvoir subvenir à nos besoins. Seul moi, le benjamin, ait eu ce que je ne considérais alors pas comme le privilège d’y rester, à écouter les fumisteries de professeurs voulant apprendre à leurs élèves une vie professionnelle qu’ils n’ont jamais eu ailleurs qu’à l’école.

Je ne me souciais alors toujours pas plus de ma consommation de nicotine qui n’avait fait qu’augmenter avec le temps et qui donnait à mes poumons assez de goudron pour couvrir mes alvéoles d’une nouvelle autoroute. Et surtout, des rêves d’évasion me prenaient.

Les Caraïbes. Le sable chaud réchauffant mes pieds calleux qui n’ont jamais connu que le vent du nord, me prélassant sur une plage paradisiaque un cocktail coco à la main. Ce n’était pas original certes, mais c’était le meilleur que je puisse trouver pour me faire tenir.

Et j’ai tenu. Par un parcours scolaire et professionnel tortueux et plus d’une fois incertain dans lequel je dois avouer avoir aussi eu beaucoup de chances et peu de pitié, j’ai réussi à réunir de quoi partir sur une de ces îles. Au saut de l’aéroport, je me rue vers la plage la plus proche, ma peau se consumant presque sous le brûlant soleil tropical. Je passe devant une poubelle et une pulsion me prend. Je sors mon zippo de la poche, le fait claquer une dernière fois et l’y jette avec les ultimes cigarettes de mon paquet. Et je me jure, pour fêter ça, d’arrêter en l’honneur de ce rêve atteint et de la mémoire de mon père.

Soudain, le sol se met à trembler et le massif derrière moi, lui, se met à fumer avant de cracher violement, dans une dernière explosion, ce qui sera sa dernière colère.


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Playlist de Mercurio

A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !

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Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi


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 Sujet du message: Re: Vos écrits
MessagePosté: Sam 8 Aoû 2015 02:25 
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Inscription: Mer 23 Juin 2010 21:46
Messages: 4612
Localisation: Tulorim
C'est franchement très beau ce que tu écris Mercurio. J'ai même plus envie de poster les miens, tant ils seraient dérisoires face aux tiens.

Je ne posterais donc qu'une ou deux maximes que je juge relativement honnêtes pour ne pas commencer ce qui serait du flood à plus ou moins moyen terme.

Citation:
"La beauté n'est superflue que si l’œil n'est attentif."


Citation:
"Les larmes d'un cœur ne perçoivent pas le bonheur d'un instant."


Citation:
... Et l'homme confia ses vœux à Satan.
"Fais de moi quelqu'un d’exceptionnel."
L'immonde le fixe un instant puis s'exécute.
"Alors quoi ? Qu'ai-je donc de spécial ?"
"Tu es toi-même."


Citation:
Beaucoup de larmes versées... Mais pour quoi ?
Une amie perdue, un amour terminé ?

Ne pleure pas garçon, c'est dans l'ordre des choses.
Au fond, qu'est-ce que le temps face aux sentiments ?
Une amitié devrait-elle durer toute une vie ?
Sans quoi sa présence n'aurait eu aucun sens ?

Un jour, tu quitteras la vie de tous ceux qui t'accompagnent aujourd'hui et tu iras en embellir d'autres.
Que te resteras-t-il alors du passé ?
Des souvenirs, rien que cela. C'est un beau cadeau que t'offre la vie, ne le gâche pas.
Il ne faut pas regretter la perte d'une relation, seulement regretter de ne pas en avoir assez profité.
Alors maintenant, appelle cette personne qui t'est chère et raconte lui ta journée.
Et si demain cela ne t'est plus possible, n'en pleure pas et souviens toi. Juste, souviens toi. Tous ces bons moments sont une offrande qu'elle t'a fait et que tu dois respecter.

Beaucoup s’apitoient sur ce qu'aurait pu être une relation, en oubliant ce qu'elle a été...


Citation:
Prison d'illusion sans nom je te maudis au plus profond de ma raison, poison à foison, jamais de guérison tandis que l'horizon se dérobe à ma vision, laissant pour seul fond, corrosion, lésions et contusions, aucune occasion d'évasion, seulement la division, l'occlusion et la confusion pour seule conclusion...

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